vendredi 5 juillet 2024 02:23

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La Bulgarie en difficulté face à l'afflux de réfugiés syriens (REPORTAGE)

"Liberté!", "Aidez-nous à sortir!": des réfugiés syriens appellent à l'aide derrière les barreaux des fenêtres du centre de rétention de Lubimets en Bulgarie, près de la frontière turque, où ils ont été placés faute d'infrastructures adaptées.

"Je suis Syrien, sociologue, je suis retenu prisonnier depuis 67 jours avec ma famille", crie depuis sa fenêtre un homme de 37 ans, Bashar Selim, à des journalistes en visite mercredi au centre de Lubimets.

D'autres co-détenus profitent aussi de leur présence pour exprimer leur désespoir. Ils se pressent derrière les barreaux de leurs fenêtres, montrant leurs enfants qui crient "liberté!".

Membre le plus pauvre de l'Union européenne (UE), la Bulgarie a du mal à faire face à l'afflux d'immigrants: environ 3.100 sont entrés clandestinement dans le pays depuis le début de l'année, 50% de plus qu'en 2012.

Plus de la moitié sont des Syriens arrivant de Turquie.

L'espace autour du principal poste-frontière de Kapitan-Andréevo est protégé par des équipements sophistiqués de surveillance financés par l'UE, explique Boris Tchechirkov du Haut commissariat de l'ONU pour les réfugiés (UNHCR).

En conséquence,"les immigrants clandestins préfèrent braver les pentes abruptes du mont Strandja (sud-est) au niveau d'Elhovo et Boliarovo où ils se perdent dans les épaisses forêts", abandonnés par leurs passeurs turcs, raconte-t-il. La police avait fait état l'hiver dernier de deux clandestins syriens - un homme et une femme - morts gelés dans ces forêts.

Plus de 1.670 Syriens fuyant la guerre civile sont arrivés en Bulgarie depuis le début de l'année, contre environ 200 pour la même période de 2012, selon la police frontalière.

Les trois centres d'immigration du pays, dont les résidents peuvent aller et venir librement, ont une capacité totale de quelque 1.100 lits. Ils sont actuellement pleins à craquer.

Les autorités placent donc les nouveaux venus dans deux centres --à Lubimets et à Bousmantsi près de Sofia--, destinés aux immigrants clandestins devant être déportés ou expulsés.

Les conditions y sont "similaires à celles d'une prison", affirme M. Tchechirkov.

"Plusieurs grèves de la faim ont été signalées ces dernières semaines à Bousmantsi", témoigne Krassimir Kanev, président de l'ONG des droits de l'Homme Helsinki Committee, pour qui "la détention de demandeurs d'asile constitue une violation de la législation européenne et nationale".

"A bout de nerfs"

Aidez-nous à sortir!", supplie Janda Hussein, 29 ans, en direction des journalistes. Avec sa fille de deux ans et son mari, elle dit partager une pièce à Lubimets avec sept autres familles depuis 48 jours.

Fuyant la guerre, les Hussein avaient quitté Damas pour se rendre en Turquie, mais n'ayant pas trouvé d'emploi pendant deux mois, ils ont continué vers la Bulgarie, payant à des passeurs 500 euros par adulte et 250 euros pour leur enfant.

"Ils sont à bout de nerfs. Et la cohabitation dans un espace étroit de personnes de diverses nationalités crée de la tension", admet Iskra Kacheva, psychologue à Lubimets.

"Nous assurons un logement et de la nourriture, nous n'avons renvoyé aucun immigrant syrien depuis le début de la crise", se défend Mariana Marinova, directrice-adjointe du service de migration du ministère de l'Intérieur.

Une partie des immigrants illégaux ne revendiquent pas un statut humanitaire en Bulgarie car ils visent probablement un autre pays de l'UE, estime-t-elle.

Ceux qui ont déposé une demande de protection peuvent de leur côté espérer une réponse des autorités dans un délai de 3 à 12 mois, ajoute-t-elle.

S'ils obtiennent un statut humanitaire, ils profiteront des droits de résidents permanents en Bulgarie, précise M. Tchechirkov.

Le conseil de sécurité auprès du gouvernement bulgare doit débattre vendredi de mesures visant à élargir les capacités des centres d'accueil de réfugiés et à placer certaines familles chez l'habitant.

Le ministre des Affaires étrangères Kristian Viguenin a affirmé récemment qu'une vague de réfugiés de grande ampleur en Bulgarie était "improbable".

30 août 2013 Vessela SERGUEVA

Source : AFP

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