vendredi 5 juillet 2024 02:20

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Droits des migrants au Maroc : Le rapport du CNDH vu par les concernés

Le Conseil National des Droits de l'Homme a remis lundi un rapport au Roi pour la mise en place d'une politique de protection des droits des migrants au Maroc. Régularisation de la situation des réfugiés, demandeurs d'asile et des étrangers en situation administrative irrégulière, regroupement familial et vote des étrangers sont entre autres recommandations du rapport. Qu'en pensent les migrants ? Points de vue.

Ce n'est encore qu'un rapport avec des recommandations soumis à l'appréciation du Roi, mais sa mise en œuvre est très attendue par les migrants (subsahariens) au Maroc.

La politique publique de protection des droits des migrants et des réfugiés au Maroc, qu'appelle de tous ses vœux le Conseil National des Droits de l'Homme, veut en effet régulariser la situation de ces derniers et assurer leur insertion.

Elle veut aussi permettre aux migrants travailleurs, dans une situation administrative régulière au Maroc, de pouvoir accéder aux postes d'administration et de direction des syndicats professionnels.

Le rapport du CNDH recommande aussi d'accorder le droit de vote aux élections locales aux ressortissants étrangers résidant au Maroc. Sans oublier la lutte contre la traite des personnes.

Appréciations diverses

Comment ce rapport a-t-il été accueilli par les migrants ? Ceux que la rédaction d'aufait a pu joindre l'apprécient positivement, non sans souligner d'autres problématiques.

"C'est une bonne chose que le CNDH ait produit ce rapport sur les droits des migrants. C'est aussi une excellente chose que le Conseil ait associé un certain nombre d'associations de migrants pour avoir leur avis sur le sujet. Nous avons été consultés sur la situation des Sénégalais au Maroc, les problèmes qu'ils vivent, les violations des droits de l'Homme qui sont relevées..." explique Abdou Diop, le président de l'Association des ressortissants sénégalais résidant au Maroc (Arserem).

Idem pour Marcel Amiyeto, le secrétaire général de la section des migrants à l'Organisation démocratique du travail (ODT-migrants). "Les recommandations du CNDH arrivent à temps. Elles reprennent les revendications de l'ODT-migrants depuis sa création", a-t-il souligné.

Travailleurs mais irréguliers

Pour ce dernier, en permettant aux migrants d'accéder aux postes de direction des syndicats professionnels, cela leur donnera la possibilité de défendre les droits sociaux et économiques des travailleurs migrants. "Ce n'est qu'ainsi que l'on pourra défendre les nombreux migrants qui travaillent dans l'irrégularité, qui sont sans couverture sociale, à qui on refuse l'octroi de la carte de séjour", affirme Marcel Amiyeto.

Si pour M. Amiyeto, dont la section s'occupe de travailleurs dans une situation irrégulière, souvent en proie à la précarité, cet aspect syndical du rapport du CNDH est d'une importance capitale, pour Abdou Diop, ce n'est pas une priorité.

"Il y a, à mon avis, d'autres aspects beaucoup plus importants: l'application de la loi sur le séjour des étrangers qui sont installés là depuis plusieurs années et qui n'ont pas une carte de résidence 'longue durée'. Pourtant la loi existe mais elle n'est pas appliquée (pour les Sénégalais)", tonne-t-il.

"C'est aussi valable pour les conditions d'obtention de la carte de séjour. Il faut un allègement parce que des gens se retrouvent en situation irrégulière à cause de la complexité des documents demandés, alors que certains documents ne sont pas forcément nécessaires. Le rapport a pointé du doigt de réels problèmes mais il y a d'autres sujets qu'il faut aussi aborder."

Abdou Diop, président de l'Arserem.

Autre problème non abordé par le rapport du CNDH, "l'accès aux professions institutionnelles et libérales". Abdou Diop d'expliquer par exemple, que dans l'Ordre des avocats, "les migrants peuvent être inscrits mais pas être membres des bureaux de l'Ordre". Cela concerne les migrants installés régulièrement.

Pour ceux en situation irrégulière, M. Diop évoque "le cas des femmes de ménage qui aurait pu être abordé de manière spécifique". Pour lui, nombre d'entre elles sont en situation irrégulière, "faute de texte".

Régularisation massive

Réagissant à la question du droit de vote des ressortissants étrangers résidant au Maroc, le président de l'Arserem soutient qu'"accorder le droit de vote aux migrants peut être un signe de tolérance et d'intégration mais au-delà du symbole, je ne vois pas l'intérêt".

Toutefois, Abdou Diop juge que "vu la situation des migrants aujourd'hui au Maroc, il est nécessaire de procéder à une régularisation massive, sous des conditions allégées pour que ces gens repartent d'un nouveau pied". Une requête prise en compte dans le rapport du CNDH.

Quant à Marcel Amiyeto, il "exhorte le gouvernement à vite mettre en place les recommandations du CNDH", car dit-il, "j'ose croire que nous aurons un lendemain meilleur au Maroc".

Et un premier pas pour y arriver serait que les recommandations soient transformées en actes concrets!

Le rapport du CNDH salué

Saluant la publication du rapport du CNDH, les agences des Nations Unies au Maroc ont réitéré mardi aux autorités marocaines, leur disponibilité pour accompagner les efforts visant à assurer aux réfugiés, demandeurs d'asile et migrants, un accueil répondant aux exigences du cadre juridique national et international.
L'Organisation marocaine des droits humains (OMDH) a aussi indiqué, lundi, qu'elle approuve positivement la teneur du rapport élaboré par le CNDH.

10/9/2013, Kisito Ndour

Source : Aufait

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