Ainsi, la mobilisation se veut de taille pour garantir à cet événement, organisé par le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME), toutes les conditions de succès et lui permettre de déboucher sur une batterie de recommandations nécessaires pour mieux appréhender la question migratoire, ainsi que le rôle joué par la femme marocaine dans ce domaine.

C'est dire que cette rencontre qui sera rehaussée par la participation d'une palette de responsables, d'acteurs sociaux, de chercheurs et de spécialistes dans les domaines juridique, politique et social, servira de plateforme à même de permettre aux participants d'apporter un éclairage scientifique sur l'apport des femmes marocaines dans la migration sud-sud.

De l'avis des organisateurs, ce conclave aura pour mission également de combler les lacunes en termes de connaissances et d'enjeux, dans l'optique d'identifier les actions pertinentes à entreprendre, par le Maroc et les pays de résidence, pour mieux répondre, de manière individuelle ou collective, aux droits fondamentaux des migrantes marocaines.

Cette conférence s'inscrit en droite ligne de la démarche du groupe de travail "approche genre et nouvelles générations" du CCME, prônant le rapprochement des communautés expatriées, à travers l'organisation de rencontres régionales avec les femmes marocaines d'Europe, des Amériques, d'Afrique et des pays arabes, ont-ils expliqué.

C'est dans ce cadre que la rencontre de Dakar devra s'inscrire dans la continuité de la première rencontre régionale organisée les 18 et 19 décembre 2010 à Bruxelles, et la seconde édition des "Marocaines d'ici et d'ailleurs", tenue les 14 et 15 mai 2011 à Montréal (Canada).

Compte tenu du rôle de plus en plus important des femmes dans l'immigration marocaine et face aux problématiques qui leurs sont spécifiques, ce groupe de travail avait initié en 2008 et 2009 à Marrakech, deux rencontres internationales labellisées "Marocaines d'ici et d'ailleurs", qui avaient pour objectifs, entre autres, d'établir de manière scientifique un état des lieux de la migration féminine marocaine, de faciliter l'échange entre les femmes du Maroc et celles issues de l'immigration, et de soulever des problématiques communes (discrimination, inégalités sur le plan juridique) ainsi que des questionnements spécifiques à chaque pays et à chaque région.

Un tel processus riche en débats, en discussions et en enseignements, devra s'achever par l'organisation d'une rencontre des Marocaines d'ici et d'ailleurs dans le monde arabe, poursuivent les organisateurs.

Les relations du Maroc avec l'Afrique sub-saharienne, particulièrement l'Afrique de l'ouest, sont millénaires. Le Sénégal, le Mali et le Soudan ont longtemps été des destinations privilégiées pour des raisons économiques (commerce caravanier) mais aussi religieuses, tiennent à rappeler les organisateurs, faisant observer que cette migration a commencé dès le milieu de 19ème siècle et qu'à partir du 20ème siècle, les destinations ont commencé à se diversifier permettant ainsi aux Marocains(es) de s'installer aussi en Côte d'Ivoire, au Gabon, en Guinée, en Afrique du Sud, etc.

Et d'ajouter que la communauté marocaine s'est diversifiée également en accueillant de nouvelles composantes, dont des femmes, des étudiants, des entrepreneurs.

Cette communauté compte environ 10.000 personnes, soit 0,17 pc de la communauté marocaine du monde, avec un taux de féminisation de 34,66 pc, précise-t-on. Majoritairement originaires des grandes villes du Royaume (Fès, Casablanca, Meknès, Marrakech), ces migrantes sont installées au Sénégal, en Côte d'Ivoire, au Mali, au Cameroun, au Gabon, en Guinée, en Afrique du Sud, au Bénin et au Burkina Faso.

Ces trois dernières décennies, cette population a connu des mutations profondes, dont un enracinement et une féminisation croissante, selon les initiateurs qui déplorent le très peu de travaux scientifiques permettant, jusque-là, d'appréhender ces mutations et de s'intéresser aux migrantes marocaines dans cette zone au moment où les recherches en matière migratoire se sont focalisées sur l'Europe qui accueille près de 80 pc de la communauté marocaine à l'étranger.

Ils constatent que de plus en plus de femmes partent, de manière indépendante, en Afrique sub-saharienne à la recherche de conditions économiques meilleures, certaines réussissent brillamment leur intégration économique, sociale et politique. D'autres femmes se retrouvent dans des situations difficiles où elles ne peuvent pas faire prévaloir leurs droits.

Dans ce sillage, ils estiment que les problématiques de l'immigration féminine marocaine en Afrique subsaharienne diffèrent d'un pays à l'autre en fonction de l'histoire, des contextes socio-culturels, des législations nationales et des coopérations bilatérales lorsque celles-ci existent, notant que des événements tels que le mariage, le divorce, l'héritage, la nationalité soulèvent à cet égard plusieurs difficultés.
Afin de se focaliser sur ces questions et d'autres, les participants auront à débattre de plusieurs thématiques se rapportant, entre autres, aux "migrations marocaines vers l'Afrique subsaharienne", aux "migrations féminines et la place du religieux", à "l'approche genre et nouvelles générations", à "la place des femmes dans les relations entre le Maroc et l'Afrique Subsaharienne", aux "migrations et développement économique en Afrique" et à "la migration marocaine de travail à destination de l'Afrique subsaharienne".

Au menu figurent également deux ateliers thématiques sur l'engagement au féminin et l'accès aux droits, outre une série de témoignages livrés notamment par des marocaines sur leurs expériences personnelles dans le domaine de la migration.

18 sept. 2013

Source : MAP