vendredi 5 juillet 2024 02:18

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Expulser les Roms ? Bruxelles rappelle Paris à l'ordre (PAPIER

La France a été une nouvelle fois rappelée à l'ordre mercredi par la Commission européenne après les propos du ministre socialiste de l'Intérieur, Manuel Valls, sur leur impossible insertion et l'inévitable expulsion de la plupart d'entre eux.

 

"La majorité (des Roms) doit être reconduite à la frontière", a insisté mercredi Manuel Valls sur le groupe de radio-télévision RMC/BFMTV. "Il est illusoire de penser qu'on règlera le problème à travers uniquement l'insertion", avait déjà dit la veille le ministre, évoquant leurs "modes de vie extrêmement différents des nôtres et qui sont évidemment en confrontation".

"C'est en Roumanie, et en Bulgarie dans une moindre mesure, que les projets d'insertion doivent être menés", a-t-il martelé mercredi.

En réaction, la Commission européenne a rappelé que les Roms, citoyens européens, avaient le droit de circuler librement dans tous les Etats membres de l'UE.

"Si ces principes inscrits dans les Traités ne sont pas respectés, la Commission utilisera tous les moyens à sa disposition", a averti son porte-parole Olivier Bailly, en réponse à une question sur d'éventuelles sanctions.
"La France est respectueuse de toutes les conventions européennes", a rétorqué mercredi après-midi Manuel Valls.

La Commission européenne a la possibilité d'ouvrir une procédure d'infraction à l'encontre d'un Etat membre si elle estime que ce pays ne respecte pas les droits fondamentaux en vigueur dans l'Union.

La Commission a déploré une confusion "volontaire ou involontaire" dans les règles et les principes européens faite selon elle par les responsables politiques en France.

"Il y a de l'élection en l'air en France", a résumé Viviane Reding, la vice-présidente de la Commission chargée de la Justice, dans une allusion aux municipales de mars 2014.

Il y a trois ans, sous la présidence de Nicolas Sarkozy, Viviane Reding avait déjà usé de la menace contre la France pour stopper les expulsions de Roms.

Mercredi, elle a évoqué les "50 milliards d'euros" que l'UE a mis à la disposition des Etats membres pour l'insertion des Roms. "Or, l'argent n'arrive pas là où il devait être, dans les communes, chez les maires, là où il y a des installations illégales qui doivent être démantelées", a-t-elle dit.

Le commissaire aux droits de l'homme du Conseil de l'Europe, Nils Muiznieks, s'est de son côté dit "très inquiet" de la "rhétorique antiroms" en France, jugeant qu'elle risquait de "prendre un virage dangereux avec les prochaines élections municipales et européennes".

Record de Roms expulsés

Selon un rapport d'Amnesty International rendu public mercredi, le nombre des Roms expulsés de France est "en augmentation et des records ont été atteints pour l'année 2012 et l'été 2013".

"En 2012, 11.982 migrants roms ont été chassés des squats et bidonvilles où ils habitaient", un chiffre qui "a très fortement augmenté pendant les deux premiers trimestres 2013, atteignant 10.174 personnes, un nombre jamais atteint depuis le début des recensements en 2010", souligne Amnesty.

Ces chiffres semblent indiquer que l'arrivée de la gauche au pouvoir n'a pas modifié la situation de précarité dans laquelle vivent les Roms en France.

Le gouvernement français "a mis en place une nouvelle approche sur la situation des populations Rom", a fait valoir mercredi le ministre aux Affaires européennes, Thierry Repentin. "La volonté d'action des autorités roumaines auprès de la population Rom a été suivie de premiers effets, grâce à des projets concrets d'insertion" financés avec le concours de l'Union européenne, a-t-il ajouté auprès de la presse.

Les propos de Manuel Valls ont cependant suscité des remous dans son propre camp, son collègue Arnaud Montebourg (chargé de l'Industrie) les jugeant "excessifs". Le premier secrétaire du Parti socialiste Harlem Désir a quant à lui dit ne pas croire "aux théories selon lesquelles certaines populations ne pourraient pas être intégrées".

L'Europe compte entre 10 et 12 millions de Roms et la plupart sont des citoyens de l'UE.

25 sept 2013, Amer OUALI

Source : AFP

 

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