vendredi 5 juillet 2024 02:21

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La surenchère de pays de l'Union pour offrir un titre de séjour aux riches étrangers

Plusieurs pays européens sont en train de mettre en place une forme nouvelle d'immigration choisie. A partir du 1er octobre, les étrangers non communautaires désireux de s'installer aux Pays-Bas se verront octroyer automatiquement un permis de séjour à une condition : qu'ils apportent dans leurs bagages au moins 1,25 million d'euros et qu'ils l'investissent dans l'économie locale. Un an plus tard, le ministère des affaires économiques vérifiera que la promesse a été tenue avant d'autoriser une prolongation du titre de séjour.

Dévoilé le 20 septembre, le projet de Fred Teeven, secrétaire d'Etat libéral à la sécurité et la justice, fait des vagues dans un pays où les questions liées à l'immigration restent très sensibles. Au cours des derniers mois, la coalition libérale-travailliste, dirigée par Mark Rutte, et diverses grandes villes du pays, dont Amsterdam, étaient parties en croisade contre les directives européennes autorisant la libre circulation des travailleurs des pays de l'Est européen. Ils dénonçaient l'afflux massif de travailleurs bulgares, roumains et polonais en évoquant une déstabilisation du marché de l'emploi et des problèmes de "surcharge" liés à la concentration de ces ressortissants.

Des partis d'opposition dénoncent aujourd'hui la mise en place d'une "citoyenneté de classe" : le pays maintient des critères très rigoureux pour des personnes issues notamment de zones de conflit mais se prépare à accepter des immigrants riches, soulignent-ils. Pour les services de M. Teeven, les règles pour les investisseurs potentiels seront simplement "clarifiées" grâce au projet. Le ministère de l'économie prévoit que "quelques centaines" de personnes seulement seront concernées.

LUXUEUSES RÉSIDENCES

Visiblement irrité par les critiques, le premier ministre a nié toute discrimination et jugé "parfaitement logique" que le pays tente d'attirer des personnes pouvant contribuer au développement de l'économie. A défaut, a expliqué M. Rutte, des investissements risquent de profiter à d'autres.

Car les Pays-Bas ne sont pas les seuls en Europe à avoir imaginé un mécanisme pour attirer des étrangers fortunés. D'autres Etats ont organisé une nouvelle forme de concurrence intra-européenne. Il faut ainsi 250 000 euros pour séjourner en Hongrie et 500 000 en Irlande, si l'on décide d'y investir dans un projet culturel, sportif ou éducatif.

Depuis juillet 2010, la Lettonie octroie aux extra-Européens un permis de résidence valable cinq ans dès qu'ils investissent dans une entreprise, le secteur financier ou un bien immobilier. Ces étrangers peuvent ainsi circuler librement dans l'espace Schengen. De nombreux Russes ont afflué, les plus fortunés bâtissant de luxueuses résidences dans la ville côtière de Jurmala, haut lieu des vacances estivales à l'époque soviétique.

FAVORISER LES INVESTISSEMENTS

En Espagne, le Parlement a approuvé, le 19 septembre, une loi concédant aux étrangers qui achètent un bien immobilier de plus de 500 000 euros, ou pour 2 millions d'euros de dette publique, un permis de séjour provisoire pouvant devenir définitif si le bien n'est pas vendu dans un délai de cinq ans. Le but : favoriser les investissements et liquider l'énorme stock de logements vides.

Au Portugal, un permis de séjour est accordé depuis octobre 2012 à ceux qui investissent au moins 1 million ou créent au minimum 30 emplois. Le gouvernement grec a annoncé, le 23 septembre, que vingt investisseurs étrangers (principalement des Russes et des Ukrainiens, mais aussi des Américains, des Canadiens et un Chinois) avaient obtenu un permis de séjour de cinq ans après avoir acheté une résidence d'un montant supérieur à 250 000 euros.

Chypre met la barre plus haut pour attirer les oligarques russes. Un étranger peut acquérir la nationalité – et donc un passeport européen – s'il possède 15 millions d'euros sur son compte dans l'île depuis cinq ans. Même facilité pour les entrepreneurs qui investissent au moins 10 millions. Conditions : avoir plus de 30 ans, un casier judiciaire vierge et posséder une résidence d'au moins 500 000 euros à Chypre. Ces mesures ont attiré des Russes et, plus récemment, des Chinois. En nombre limité cependant : 30 personnes ont obtenu la nationalité en 2011 et 48 en 2012. Malte a mis fin aux avantages octroyés, estimant que la capacité d'accueil du pays était dépassée.

26.09.2013, Jean-Pierre Stroobants

Source : LE MONDE

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