vendredi 5 juillet 2024 02:18

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Melilla vit en état de siège permanent

Les files d'attente des véhicules sont interminables, les entrées pour piétons tout aussi encombrées. Comme chaque jour, ce mercredi 25 septembre, le poste-frontière qui mène à Melilla, une ville espagnole enclavée sur la côte orientale du Maroc, est saturé. La cité, accessible aux habitants du Rif sans visa, tire une bonne partie de ses ressources du commerce transfrontalier, légal ou de contrebande. Mais ce ne sont pas les contenus des lourds fardeaux, parfois portés par les femmes sur leur dos, qui intéressent la police espagnole mais bien davantage l'arrière des fourgonnettes. Un double-fond aménagé à l'emplacement du réservoir d'essence, réduit au minimum, abrite parfois un ou deux clandestins. Melilla vit en état de siège permanent.

Les patrouilles de l'armée et de la Guardia Civil sont innombrables sur ce petit bout de territoire espagnol d'à peine 12 km2 entouré aux trois quarts d'une triple enceinte de grillages – la troisième a été installée en 2006. Jalonnées de postes de garde et de miradors, ces barrières métalliques descendent jusqu'à la mer. Elles n'ont pas empêché des centaines de migrants de franchir l'obstacle à trois reprises depuis le début de l'année. Leur but est de rejoindre le Centre d'accueil temporaire des migrants, qui dépend du ministère de l'emploi et de la sécurité sociale espagnole.

"CHAQUE ANNÉE, LE NOMBRE DE MIGRANTS AUGMENTE"

D'une capacité de 480 places, il abrite 933 personnes en situation irrégulière, dont 102 femmes et 88 mineurs. Les Maliens sont les plus nombreux (292), devant les Guinéens (72) et les Bissau-Guinéens (45), du moins le suppose-t-on. "Comme il existe un accord de rapatriement avec le Cameroun, par exemple, beaucoup de ressortissants de ce pays se réclament d'une autre nationalité, estime Carlos Montero Diaz, directeur du centre. Chaque année, le nombre de migrants augmente." La pauvreté, les conflits mais aussi des réseaux de passeurs de plus en plus structurés expliquent ce phénomène.

A Melilla, les migrants patientent parfois un an avant de connaître leur sort. "On les envoie vers la "grande Espagne", comme ils disent, afin d'être reconduits dans leur pays, mais quand aucun consulat ne veut les reconnaître, ils sont remis en liberté", décrit M. Montero Diaz. Les résidents du centre, munis d'un badge, sont autorisés à se déplacer à l'extérieur entre 7 heures et 23 h 30. Faute d'argent et à cause de l'éloignement du centre-ville, ils ne se mélangent guère à la population de Melilla, où l'on envisage de construire de nouveaux grillages au maillage plus serré pour empêcher les clandestins de s'y accrocher.

26.09.2013 r Isabelle Mandraud

Source : LE MONDE

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