Cette revue de presse ne prétend pas à l'exhaustivité et ne reflète que des commentaires ou analyses parus dans la presse marocaine, internationale et autres publications, qui n'engagent en rien le CCME.La revue Migrance, spécialisée dans le traitementdes questions de l immigration a consacré son dernier numéro à la célébrationdu 30éme anniversaire de la Marche pour l égalité et contre le racisme, organiséeen 1983 en France.
L ensemble de la population de jeunes immigrés algériens avaient alorspris part à cette Marche pour dénoncer les inégalités, violences socialeset policières dont elle était victime et qui constitua un marqueur décisif dansl évolution des mouvements antiracistes et de l antiracisme en France, en général.
A la faveur de la sortie de ce numéro spécial, une rencontre a étéorganisée mardi soir à Paris, en présence des membres historiques de cetteMarche, tels que Toumi Djaîdja, Marilaure Mahé ou encore Daniel Duchemin,venus apporter leurs témoignages respectifs sur ce mouvement pacifique et fondateur de lutte pour les droits politiques, civiques et sociaux desimmigrés et de leurs descendants (la seconde génération).
Cette Marche, qui partit de Marseille le 15 octobre 1983 et se terminaà Paris le 3 décembre de la même année, a constitué un évènement marquant del histoire sociale et politique française.
Née à Lyon à l initiative de quelques jeunes maghrébins, notammentalgériens, et de militants des droits humains français, issus du quartier desMinguettes à Vénissieux, la Marche, qui rassemblait à son arrivée à Paris plusde 100 000 personnes, a mis l immigration maghrébine, essentiellement algérienne,sur le devant de la scène politique et médiatique.
Le contexte social, politique et économique qui prévalait en Franceen 1983 est primordial afin de saisir les facteurs et enjeux de la Marche.
Les attaques et crimes racistes contre les immigrés, les violents affrontementsentre forces de l ordre et jeunes des quartiers populaires, la banalisationdes discours racistes, de même que la montée dans le paysage politique françaisde l extrême droite ont eu des répercussions sur les motivations des marcheursqui avaient obtenu, entre autre, à l issue de leur rencontre avec le présidentFrançois Mitterrand, à l Elysée, le 3 décembre, au terme de cette Marche, l instaurationde la "carte de séjour de 10 ans" (loi de juillet 1984).
Toumi Djaîda, présent à la rencontre de présentation du numéro Migranceconsacré à cette Marche, est revenu longuement sur les raisons qui ont conduitdes milliers de jeunes Algériens soutenus par des associations françaises à initier cette Marche.
Le 20 juin 1983, Toumi Djaîda, ce jeune algérien dont la famille arriveen France dans les années 60 et s installe dans le quartier au Minguettes(Lyon) en 1971 est blessé d une balle dans le ventre par un policier. Quelques jours plus tard c est depuis lit d hôpital entourés de ses amis qu estlancée l idée d une grande Marche pour l égalité à l image des grandes marchespacifiques de Martin Luther King et de Gandhi."La Marche, l aboutissement de quelque chose de pénible ."
"Cette Marche est l aboutissement de quelque chose de pénible", dira-ildans son témoignage, ajoutant qu elle était avant tout "le cri de révolte,non violent du mal-être d une partie de la jeunesse maghrébine vivant dansdes banlieues minées par les inégalités, le chômage et la précarité et le racisme".
Marilaure Mahé qui, à l époque avait vingt ans, et participa à la Marche,fera pour sa part état de son "bouleversement" lorsqu on juillet 1983, TaoufikOuanas, un gamin de 9 ans meurt sous les balles d un policier à la Courneuveà Marseille. "Ce qui me remua surtout c était de comprendre que ce crimen était qu un parmi les dizaines de crimes racistes visant les jeunes descités, perpétrés dans des conditions comparables partout en France depuis lesannées 1970".
Ce numéro spécial de Migrance qui s est attaché à donner la paroleaux acteurs majeurs de la Marches, est également penché sur l histoire desmarches comme mode d action collective au XXème siècle, les liens entre la Marcheet les associations et ses enjeux citoyens, sociaux et identitaires.
D éminents sociologues, politologues, militants des droits de l homme,historiens, et universitaires, ont par ailleurs apporté leurs contributionsà ce numéro composé de huit chapitres.
Le trentième anniversaire de la Marche pour l'égalité et contre le racismefait et va faire l objet de multiples commémorations publiques au cours del année 2013, telles que des œuvres cinématographiques, des documentairestélévisés, des reportages radiophoniques, des numéros de revues et de colloques,ainsi que des ouvrages de témoignages, de réunions publiques et d'expositions.
2 Octobre 2013
Source : APS
