vendredi 5 juillet 2024 04:21

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Migrants, une indifférence coupable

Réunis en fin de semaine à Bruxelles lors du Conseil européen, les dirigeants ont préféré ne pas aborder de front la question de l'immigration illégale en Méditerranée. Sept cents personnes ont pourtant encore débarqué à Lampedusa jeudi soir.

La montagne n'a même pas accouché d'une souris. Réunis jeudi et vendredi à Bruxelles pour un Conseil européen, les dirigeants de l'Union devaient s'attaquer au problème de l'immigration illégale en Méditerranée. Las, l'émotion suscitée par la mort de 366 migrants au large de Lampedusa le 3 octobre semble s'être évaporée. Aucune annonce majeure n'est venue ponctuer ce sommet, totalement parasité par le scandale des écoutes de la NSA. Tout juste y a-t-on entériné l'idée que la question migratoire est décidément bien trop sensible sur le plan électoral pour s'en emparer avant le scrutin européen de mai 2014.

Enrico Letta, le président du Conseil italien, avait pourtant réussi à imposer ce thème dans les discussions. Son pays, avec Malte et Chypre, est le plus exposé au problème. Mais c'est tout ce qu'aura pu faire le dirigeant transalpin. Samedi matin, lors d'un passage à Paris, il reconnaissait que les décisions prises à Bruxelles ne valaient rien si elles n'étaient pas suivies d'effets. Ces décisions? Renforcer les moyens de Frontex, l'agence chargée de la surveillance des frontières européennes, dont le budget a été raboté ces dernières années. Aider un peu plus le bureau d'appui en matière d'asile. Autrement dit, rien qui règle le problème sur le fond. Les Vingt-Huit ont aussi expliqué qu'il fallait relancer le dialogue avec les pays d'où partaient les embarcations de migrants, la Libye en tête. Mais la commissaire européenne chargée des Affaires intérieures, Cecilia Malmström, a tout de suite douché les espoirs, en expliquant que la situation politique et sécuritaire à Tripoli est aujourd'hui trop dégradée pour que les autorités locales puissent intervenir.

Pendant deux jours, le manque de solidarité entre pays de l'UE est apparu au grand jour. Jamais, il n'a été question de remettre en cause les accords en matière migratoire. Ceux-ci stipulent que le traitement des demandes d'asile incombe aux pays où arrivent les clandestins. Les traités européens prévoient bien un partage des responsabilités, notamment financières.

"Ils jouent la montre"

Mais, dans les faits, les pays méditerranéens assument quasi seuls - et parfois brutalement - le problème. Angela Merkel l'a par exemple encore répété vendredi : elle exclut toute modification des règles. Dans ces conditions, que faut-il attendre de ce groupe de travail qui s'est réuni jeudi et qui doit rendre un rapport avec des "propositions concrètes" pour la réunion des ministres de l'Intérieur des 5 et 6 décembre? "Les dirigeants européens jouent la montre", a regretté Judith Sunderland, de l'ONG Human Rights Watch.

"Ne nous décevez pas!", avait pourtant lancé avant le sommet aux dirigeants européens la maire de Lampedusa, la petite île italienne débordée par l'afflux de clandestins. Le phénomène ne devrait pas s'interrompre. Vendredi, Francois Hollande a affirmé qu'un possible exode de réfugiés syriens était à craindre avant l'hiver. Enrico Letta, lui, a estimé samedi que l'automne et le mauvais temps n'allaient pas, cette année, dissuader les migrants de tenter la traversée de la Méditerranée. Pour preuve, dans la nuit de jeudi à vendredi, plus de 700 personnes, ont été secourues par la marine italienne dans le détroit de Sicile.

27/10/Z013

Source : JDD

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