vendredi 5 juillet 2024 04:21

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Ouatik Ahlrchid, le Marocain du Grand Bazar d'Istanbul (portrait)

Dans les dédales du Grand Bazar, ce mythique marché couvert d'Istanbul, les visiteurs ne cachent pas leur surprise et leur admiration quand ils passent devant cette boutique de bijoux, qui porte le nom de "Fasli", marocain en Turc, se demandant comment un Marocain a réussi à s'implanter dans ce haut lieu du commerce chargé d'histoire, qui défie le temps depuis plus de six siècles.

Ouatik Ahlrchid, le Marocain du Grand Bazar, le seul d'ailleurs, est un maalem-artisan spécialisé dans la conception et la fabrication de bijoux et d'accessoires pour femmes. Il a réussi, par son talent, son sérieux et sa persévérance, à se faire une place dans la société turque et à percer dans un domaine autrefois l'apanage des seuls Turcs et s'installer dans le plus grand Bazar d'Istanbul, de Turquie et du monde, qui constitue une des plus importantes attractions touristiques de la mégalopole turque.

La pancarte où il est écrit "Marocain", en turc et en arabe, arborée allégrement au-dessus de la porte d'entrée de la boutique, ne laisse pas indifférents les visiteurs à la recherche de perles rares, notamment les plus avertis d'entre eux, qui reconnaissent dans le travail d'Ouatik certaines particularités, qu'ils ne trouvent pas forcément dans d'autres boutiques du marché, et peut-être dans toutes les shops de bijoux ottomans du pays.

Issu d'une famille marrakchie modeste de cinq frères et sœurs, Ouatik, l'ainé, a quitté le Maroc en 2003 mené de son seul bâton de pèlerin pour entamer une nouvelle aventure et affronter la vie, combien difficile, à Istanbul, la grande métropole de plus de 15 millions d'âmes.

Ouatik Ahlrchid ne s'attendait pas à voir son "art" et son savoir-faire apprécier à leur juste valeur, à des milliers de kilomètres de sa ville natale, par les Turcs mais également par les touristes de différentes nationalités, qui visitent la ville d'Istanbul par millions chaque année.

Il a commencé en 2005 par un petit atelier dans un quartier résidentiel d'Istanbul, avant que son commerce ne s'agrandit petit à petit pour déménager à la fin au Grand-Bazar, où il a loué un atelier et une boutique pour exposer à la vente ses bijoux, constitués essentiellement de bagues, de colliers, de boucles et d'autres accessoires pour femmes, conçus selon le style ottoman, mais surtout avec une touche marocaine.

"J'ai créé ma propre entreprise en 2009 et je lui ai donné le nom de +Fasli+. Actuellement j'emploie entre 5 et 8 apprentis selon les saisons, tous des Turcs, dont plusieurs ont bien appris le métier et volent désormais de leurs propres ailles", a confié à MAP-Istanbul ce papa de deux petites filles, Ibtissam et Merjane.

Et comme chaque début est difficile, les premières années de Ouatik à Istanbul n'étaient pas du tout une "lune de miel", mais avec "beaucoup d'espoir et de persévérance, j'ai réussi à apprendre la langue turque (sur le tas), chose qui m'a ouvert beaucoup de portes dans cette ville monstrueuse", a-t-il dit.

"Il m'a fallu plus d'une année pour commencer à parler le turc, une langue qui paraissait inaccessible au début", a-t-il précisé, soulignant qu'il a été bien accueilli par les Turcs, spécialement dans son milieu de travail, qui l'ont encouragé et parfois aidé afin qu'il puisse monter son entreprise et réussir là où beaucoup ont tout simplement échoué.

Maintenant, Ouatik s'enorgueillit d'avoir appris et de continuer à apprendre aux Turcs le métier de dessein sur les métaux et le travail des pierres précieuses pour fabriquer de beaux bijoux, que lui-même a appris au Maroc dans l'ancienne médina de Marrakech.

Dans le Grand-Bazar, Ouatik le Marocain est devenu très connu notamment parmi les commerçants, qui à chaque fois viennent se procurer chez lui des pièces rares pour répondre aux besoins des clients exigeants, à la recherche des perles rares.

Nombre des commerçants et artisans du Grand-Bazar, qui côtoient Ouatik Ahlrchid, ont déclaré à la MAP que ce Maalem-artisan marrakchi donne une "image très positive" sur le Maroc et les Marocains, qu'ils ont découvert à travers lui.

"Pour moi, Marocain rime avec rigueur, assiduité, gentillesse et hospitalité, des qualités que j'ai trouvé chez Ouatik", a déclaré un des voisins du Marocain du Grand Bazar, désormais un symbole d'intégration réussie des marocains en Turquie.

Sa réussite dans le pays d'Ataturk ne l'a pas fait oublier toutefois son pays d'origine et sa ville natale. Il a confié à la MAP qu'il tient à se rendre au Maroc chaque année afin que ses petites filles puissent s'abreuver de la culture marocaine et garder le contact avec leurs parents là-bas.

"L'année dernière, je ne pouvais pas se rendre au bled. J'ai alors envoyé ma petite fille d'une dizaine d'année toute seule au Maroc, pour passer les vacances d'été à Marrakech avec mes parents", a affirmé avec fierté le Marocain du Grand Bazar.

Ouvrir un commerce au Grand Bazar est un luxe qui n'est pas donné à tout le monde et une occasion d'inscrire son nom parmi ceux qui ont animé au fil des temps ce site riche en histoire, désormais connu mondialement.
Bâti en 1455 sur ordre du Sultan Ottoman Mehmet II à la place d'un ancien marché et élargi par Souleymane le Magnifique durant le XVI-ème siècle, le Grand Bazar, "Kapaliçarsi" en turc, reste toujours le plus grand marché couvert au monde avec ses 220.000 m2 de superficie et ses 4.000 boutiques situées le long de 58 ruelles intérieures accessibles à travers 18 portes.

Comme tous les bazars, le Kapaliçarsi est organisé par quartiers regroupant chacun un type d'artisanat, comme les bijoux, les tapis, les textiles, les mosaïques, argenterie...etc.

19 nov. 2013, Mohammed Réda

Source : MAP

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