vendredi 5 juillet 2024 04:26

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Lampedusa : Révolté, un député italien d'origine marocaine s'enferme dans le centre d'accueil

Depuis dimanche, un député italien d'origine marocaine s'est enfermé au centre d'accueil de Lampedusa, pour dénoncer la non-application de la loi dans les délais de rétention des immigrés, ainsi que leurs conditions de vie. Il est décidé à y rester jusqu'à ce que des mesures soient prises et appelle les autres politiques à l'action. Détails.

« Je ne bouge pas d'ici tant que la CPA (centre de premier accueil) ne retourne pas au rôle qui lui est assigné par les traités internationaux: un centre de transit, où le séjour ne peut excéder 96 heures », déclare à l'Agence de presse ANSA Khalid Chaouki, 30 ans, député du Parti Démocrate d'origine marocaine.

Depuis dimanche en effet, ce journaliste de formation s'est enfermé dans le centre d'accueil de Lampedusa pour protester contre les conditions de détention des migrants qui y sont retenus. M. Chaouki a expliqué qu'il a pris cette décision après avoir rencontré - lors d'une visite au centre de Lampedusa – les sept rescapés du naufrage du 3 octobre dernier. C'est également sa manière de réagir à la vidéo publiée en début de semaine dernière montrant des migrants se faire asperger, nus et dans le froid, un traitement contre la gale, à Lampedusa. Une vidéo qui a scandalisé un grand nombre en Italie (politiques, organisations des droits de l'homme, ...).

Non-respect de la loi

Dans une lettre expédiée au quotidien La Stampa lundi matin, le député raconte sa première nuit au centre de Lampedusa, passée dans un dortoir de réfugiés syriens. M. Chaouki se dit choqué par la réalité des immigrés qui y sont retenus. Il rapporte le cas d'un Syriens de 50 ans, qui est venu en Italie dans l'espérance de trouver un abri pour sa femme et leur nouveau-né. « Mais avec ce qu'il vit aujourd'hui, il préfère même rentrer dans son pays pour affronter la misère », indique le député.

« Ici, d'après la loi, les gens peuvent être retenus pendant un maximum de 96 heures et non un, deux ou même trois mois [comme c'est le cas pour un grand nombre d'immigrés, ndlr]. Une situation d'anarchie complète », déplore ce natif de Casablanca. En outre, le député regrette également qu'un centre qui devait être un simple lieu de soins primaires pour les migrants s'est transformé en « centre de détention ». « Pour que cette confusion inacceptable soit corrigée, j'ai décidé de rester ici », affirme-t-il.

Interviewé par le site TGCom24, il s'est attardé sur les conditions de « détention » des migrants qu'il juge « inacceptables ». Le député raconte qu'il y a des fuites d'eau dans toutes les salles de bains. Du coup, les dortoirs sont complètement inondés. « Je doute que quelqu'un puisse laisser vivre ainsi, même juste pour une journée, son chien ou son chat », affirme-t-il. En, plus de cela, relève M. Chaouki, l'inexistence d'une cantine fait que les migrants n'ont aucun autre endroit que leurs lits pour manger. Ce qui favorise l'insalubrité.

Appel aux politiques

Khalid Chaouki appelle les autres politiques à faire également une visite au centre d'accueil de Lampedusa, car dit-il, il serait « impossible, après une telle expérience, de ne pas ressentir le besoin de changer les choses ». D'après lui, il faut que les choses changent. D'autant plus que la médiatisation, ces derniers temps, de la mauvaise gestion de l'immigration en Italie, ternit l'image du pays.

Il faut dire que le Parti démocrate, duquel est issu le député d'origine marocaine, est très engagé pour le respect des droits des immigrés. D'ailleurs, le président, John Cuperlo, a réagi aux conditions de détention d'immigrés au centre d'identification et d'expulsion (CIE) de Ponte Galeria (sud-ouest de Rome) où Marocains et Tunisiens se sont cousus les lèvres, samedi dernier, en signe de protestation. Après s'être rendu sur les lieux, le M. Cuperlo, a déclaré – choqué – que ce type d'endroit « ne devrait pas exister dans un pays civilisé ».

Actuellement, de nombreuses voix s'élèvent pour condamner les conditions de vie des immigrés dans les centres d'accueil et les CIE (centre d'identification et d'expulsion), mais pour l'instant, le sujet fait simplement l'objet d'une polémique. Reste plus qu'à espérer que le geste de Khalid Chaouki pousse les autorités à l'action.

23.12.2013, Ristel Tchounand

Source : Yabiladi

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