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Les Britanniques, l'immigration et l'europhobie

La Grande-Bretagne n'est pas le seul pays d'Europe où monte la peur de l'immigration, mais son cas est particulier. D'abord parce qu'elle rompt avec une vieille tradition d'ouverture. Et aussi parce que les sentiments anti-immigration et anti-européens y sont étroitement liés, dans un climat de fébrilité attisé par l'approche d'élections décisives.

Ruse de l'histoire : les dirigeants britanniques avaient vigoureusement plaidé en faveur de l'élargissement de l'Union aux pays de l'Est, notamment parce qu'ils y voyaient le moyen de combattre les avancées vers le fédéralisme. Aujourd'hui, c'est le retour de boomerang : ces pays dont Londres avait favorisé l'adhésion lui apparaissent comme de dangereux réservoirs d'immigrants potentiels et des portes d'entrée pour des migrants extra-européens.

La faute à qui ? A l'Europe, bien sûr. Pour bien enfoncer le clou, David Cameron affirme que la remise en question unilatérale par le Royaume-Uni de la liberté de circulation des personnes au sein de l'Union figurera au menu de la « renégociation » qu'il a promis d'engager avec ses partenaires européens. Et décide de limiter les droits aux indemnités de chômage pour les immigrants, même originaires de l'Union.

Ce mouvement de repli est propulsé par deux puissants moteurs. D'abord, la droitisation de l'opinion à propos de l'immigration, sur laquelle le discours des leaders travaillistes n'est pas très différent de celui des torys. Ensuite, la situation difficile des conservateurs, grignotés sur leur droite par la montée de l'Ukip (le parti qui exige la sortie de l'Union) et sur leur gauche par l'effondrement de leurs alliés libéraux-démocrates au profit des travaillistes. Avec un système électoral qui favorise les changements brutaux de majorité, les prochaines élections législatives risquent d'être catastrophiques pour les torys. Autant de raisons qui poussent Cameron à durcir un discours où la peur de l'immigration alimente l'europhobie. Et dont la conclusion pourrait bien être fournie par le référendum, promis au plus tard pour 2017, sur le maintien du Royaume-Uni dans l'Union.

22/1/2014

Source : Les Echos

 

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