vendredi 5 juillet 2024 00:24

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«Travailleurs marocains, soyez les bienvenus en Belgique»

« Il y a 50 ans mon papa est venu du Maroc pour offrir un meilleur avenir à ses enfants. 50 ans plus tard, je suis prête avec un plaisir énorme à rendre la pareille. » C'est ce SMS que, jeudi soir, Yamila Idrissi a adressé à son réseau.

Cette jeune femme belge d'origine marocaine venait d'apprendre que le SP.A venait de la désigner comme tête de liste de son parti pour le Parlement flamand à Bruxelles. Il y a dans ce « texto », tout le chemin rapidement et fabuleusement parcouru par les descendants directs des immigrés marocains, venus dans notre pays chercher du travail en Belgique. De main-d'œuvre basique, souvent analphabète ou en tout cas sans diplôme, ils sont pour nombre d'entre eux, devenus des membres importants de la société belge. Car à Yamila Idrissi, il faut ajouter d'autres hommes et femmes politiques, les présentatrices du JT emblématique du soir sur les deux chaînes, RTBF et RTL, des réalisateurs, des professeurs, des artistes.

Cette liste des « VIP » marocains n'est pas citée pour enjoliver le tableau de cette vague d'immigration la plus forte depuis l'Italienne. Reconnaître la présence active de nombreux talents d'origine marocaine, dans tous les secteurs de notre société, n'est pas pour autant nier les difficultés qui demeurent, et dont les solutions viendront principalement de l'enseignement et de l'emploi.

Elles naîtront aussi d'une information correcte sur la réalité actuelle de cette immigration marocaine. Le sujet de l'« étranger » et de l'intégration est ultrasensible dans les opinions européennes – le récent vote suisse en témoigne. Et l'unique façon de s'adresser à elles, est de ne pas être angélique et d'établir les réalités, sans les édulcorer. Les études le prouvent : « Les gens informés changent de perception quand on leur explique. » C'est le but de ce cahier spécial : passer les « non-dits » sur le « Marocain » à l'épreuve des faits, pour ne plus nourrir des idées toutes faites, mais des faits. Et valider par l'enquête, cette conclusion d'un expert : « La Belgique est le pays où le sentiment négatif face aux immigrés est le plus grand, alors que c'est le pays où cela se passe le mieux. »

Terminons par un peu d'histoire et cet extrait de la campagne de recrutement de 1964 au Maroc, qui nous rappelle que c'est à notre invitation pressante et rassurante que les immigrés d'alors sont venus en Belgique : « Travailleurs, soyez les bienvenus. Vous songez à venir travailler en Belgique ? Vous avez peut-être déjà pris la grande décision ? Nous, Belges, sommes heureux que vous apportiez le concours de votre force et de votre intelligence. » Les préjugés se combattent par le contact intime avec l'autre et la découverte de sa culture. Il y a là aussi une piste à investir par l'école, car la connaissance de l'autre et de son histoire, si elle n'empêche pas les difficultés, crée un axe de communication et de compréhension. Et donc, la possibilité d'une relation.

15 février 2014, L'édito de Béatrice Delvaux

Source : lesoir.be

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