vendredi 5 juillet 2024 00:23

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Les portes du Royaume-Uni s’ouvrent aux plus offrants

A vendre : offre limitée de cent visas britanniques ; mise aux enchères à un prix minimum de 2,5 millions de livres (3 millions d’euros) ; propositions à remettre dans une enveloppe cachetée. Il ne s’agit pas d’une arnaque à l’immigration, mais d’une idée très sérieuse, suggérée par le Comité de conseil sur la migration, un organisme britannique semi-public qui a publié ses recommandations le 25 février.

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Le comité s’est penché, à la demande de Downing Street, sur la catégorie des visas pour riches étrangers. Depuis vingt ans, le Royaume-Uni propose des permis de résidence à condition d’investir au moins un million de livres (1,2 million d’euros) dans des bons du Trésor. Ce statut, qui débouche sur la nationalité britannique au bout de cinq à six ans, est relativement peu utilisé : il a été accordé à 2 731 personnes et à leurs familles depuis 2008. Un tiers d’entre eux habitaient déjà le Royaume-Uni. Pour les autres, près de la moitié sont des Chinois et des Russes, même si on trouve aussi dans la liste de riches personnalités des Etats-Unis, du Kazakhstan ou encore d’Iran…

Mais le gouvernement britannique s’interroge : un investissement d’un million de livres n’est-il pas trop faible ? Si, a répondu le Comité de conseil sur la migration, qui calcule que l’argent de ces visas ne couvre que deux jours du déficit de l’Etat. Surtout, il ne s’agit pas d’un don, mais d’un investissement dont bénéficieront à terme les candidats à l’immigration.

Le Comité propose donc de relever le seuil minimal d’investissement à 2 millions de livres (2,4 millions d’euros), pour indexer sur l’inflation ce montant qui n’a pas été remis à jour depuis sa création, en 1994. Et, en parallèle, il suggère une nouvelle approche : la mise aux enchères d’une catégorie de visas « premium ». Seuls 100 d’entre eux seraient mis en jeu, avec un minimum de 2,5 millions d’euros. En échange, les heureux gagnants auraient le droit de n’habiter que trois mois par an au Royaume-Uni, contre un minimum de six mois actuellement ; et ils obtiendraient un permis de résidence permanente – qui ouvre presque automatiquement le chemin de la naturalisation – au bout de deux ans au lieu de cinq.

CONCURRENCE INTERNATIONALE

Choquante, cette offre au plus offrant ? Cela risque de créer une « culture eBay », affirme au Financial Times Nick Rollason, du cabinet d’avocats Kingsley Napley : « Ça va laisser un mauvais arrière-goût dans la bouche des Britanniques. » David Metcalf, qui dirige le comité, réplique : « Des gens disent : “N’est-ce pas horrible de vendre des visas ?” Eh bien n’est-ce pas mieux que de les donner gratuitement, ce que nous faisons actuellement ? »

Son rapport souligne aussi un autre phénomène : la concurrence internationale pour accorder des visas aux riches s’intensifie. Malte a récemment suggéré de vendre des passeports pour 650 000 euros. Le Portugal propose des visas pour 500 000 euros et seulement sept jours de résidence dans le pays ; la Grèce et la Hongrie ont fixé le seuil à 250 000 euros ; et la Lettonie à seulement 720 00 euros (à condition d’investir dans de l’immobilier hors des grandes villes). Quant à la France, elle a le niveau le plus élevé d’Europe, avec une « contribution économique » de 10 millions d’euros.

01.03.201, Eric Albert

Source : LE MONDE

 

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