vendredi 5 juillet 2024 00:21

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Khammar Mrabit, un expert en nucléaire à la tête de la direction de la Sûreté et de la Sécurité Nucléaire de l'AIEA (Portrait)

Affable, modeste, la cinquantaine passée, l'expert marocain en nucléaire, Khammar Mrabit, assure depuis avril 2011 les fonctions de directeur de la Sûreté et de la Sécurité Nucléaires à l'Agence Internationale de l'Energie Atomique (AIEA), basée à Vienne.

Dès son jeune âge, raconte-t-il à la MAP, Mrabit originaire de Taounate où il a fait ses études primaires et secondaires avant de rejoindre Fès où il décroche son baccalauréat Es-sciences, rêvait de la science et plus particulièrement de la physique nucléaire. Le bac en poche, il s'inscrit à l'Université de Besançon (Est de la France) où il va s'épanouir, deux ans durant, au sein de sa section préférée, la physique, avant de s'inscrire à l'Université de Strasbourg où il décroche en 1982, le diplôme d'Ingénieur en physique nucléaire à l'Ecole nationale d'ingénieurs en physique puis, en 1984, il soutient avec brio une thèse de Doctorat d'ingénieur en énergie nucléaire. Cette thèse préparée dans le Service Etudes et Projets Thermiques et Nucléaires (SEPTEN) d'EDF (électricité gaz de France) et soutenue à l'Université Louis Pasteur de Strasbourg, lui ouvre la porte d'un domaine qui lui tenait à cœur dès son jeune âge.

Partagé entre deux choix, après la fin de ses études: Rester en France ou regagner le Maroc, Mrabit aura tenté les deux: Il cumule d'abord une expérience enrichissante de deux ans au sein du Service d'Etudes et de Projets Thermiques et Nucléaires à EDF (électricité gaz de France) à Paris et ensuite au Maroc où il rejoint le Service nucléaire du ministère de l'Energie et des Mines et l'Office National de l'Electricité à Casablanca.
Après 14 mois passés au Maroc et à l'initiative du ministère de l'Energie et des mines, il effectue un stage à l'AIEA à Vienne en 1986. Au regard de ses compétences prometteuses, l'agence le recrute et tout commence pour lui au sein de cet organisme international où il va gravir les échelons pour devenir un expert renommé dans la sureté et la sécurité nucléaire. Maniant quatre langues tel un jongleur de ballon passant avec aisance de l'anglais à l'allemand, au français et à l'arabe, il est aujourd'hui cité par la hiérarchie de l'AIEA comme étant l'un des meilleurs experts de l'agence.

Ayant la fibre de l'ingénierie dans le sang, il est aujourd'hui responsable du programme international de sécurité nucléaire de l'AIEA avec un budget annuel d'environ 30 millions d'Euros. Dans ce cadre, il a pour mission de s'assurer que la direction de la sécurité nucléaire fournit les réponses programmatiques aux priorités des 160 Etats membres de l'AIEA en matière de sécurité nucléaire et de contribuer à la promotion des synergies et de l'intégration entre les activités de sûreté et de sécurité nucléaire dans le but d'une amélioration continue du régime de sécurité nucléaire mondial.
Adepte de l'énergie nucléaire à des fins pacifiques, cet homme qui vous met à l'aise dès le premier abord, était parmi le premier groupe, composé de trois experts, à fouler le sol de la centrale nucléaire de Fukushima au Japon frappée par une catastrophe le 11 mars 2011. Dépêché sur les lieux par l'AIEA, le groupe a réalisé une expertise sur cette catastrophe.

"Aujourd'hui, la situation est stabilisée, mais un travail colossal reste à fournir pour la démanteler et décontaminer les environs", a-t-il fait observer.

Globe-trotters de par ses fonctions, il effectue en moyenne cinq voyages par mois. Il a effectué plus de 200 missions en équipes et en solo auprès des Etats membres de l'AIEA.
De plus en plus de pays sollicitent l'AIEA pour une vérification du système de sûreté et de sécurité des centrales nucléaires, a-t-il affirmé. "A leur demande, les Etats-Unis et la Grande Bretagne, entre autres, se sont déjà vus vérifier leurs installations nucléaires, et l'AIEA encourage les pays membres à le faire pour une meilleure sécurité. J'encourage tous les pays à le faire notamment les Etats émergents d'autant plus que l'AIEA prend en charge cette opération", suggère-t-il.

M. Mrabit a contribué activement, en tant que premier responsable des projets modèles de l'AIEA, à la mise à niveau des infrastructures de protection contre les rayonnements dans plus de 90 Etats membres en développement. Grâce à la mise en place et la mise en œuvre de cette stratégie, il a créé un partenariat solide, acquis des connaissances considérables et cumulé une vaste expérience dans le domaine des infrastructures de sûreté et de sécurité, ainsi que des besoins et des priorités de tous les Etats membres bénéficiaires de l'aide de l'AIEA.

Expert très passionné et endurant, Khammar Mrabit travaille déjà sur le sommet sur la sécurité nucléaire, qui aura lieu les 24 et 25 mars à La Haye avec la participation de 50 pays et qui sera consacré à la prévention du terrorisme nucléaire.

Une cinquantaine de chefs d'Etat, dont le président américain, prendront part à ce sommet. Mrabit y sera présent en tant que membre de la délégation de l'AIEA qui sera conduite par son directeur général, Yukiya Amano. Il sera le seul marocain au sein de la délégation de l'AIEA et devra faire une communication sur la sureté et la sécurité nucléaire.
"Je travaille déjà sur ce sommet et je me rends souvent à La Haye pour la préparation de cette grand-messe du nucléaire que l'AIEA compte réussir à tous les niveaux", s'est-il réjoui.

Quand on lui demande ce qu'il fera après la fin de sa mission au sein de l'AIEA. La réponse est toute trouvée: "Mettre mon expérience au service de mon pays en participant à la formation de cadres marocains mais tout compte fait, à la fin de ma carrière, j'élirai domicile dans la ville de Taounate. L'air de la montagne et la verdure avoisinante n'ont pas de prix et m'ont toujours manqué", a-t-il ponctué.

Vienne, 19 mars 2014, Abdellah AKDIM-

Source : MAP

 

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