Le président sud-africain Jacob Zuma a présenté mercredi aux Mozambicains des excuses pour les violences xénophobes qui ont secoué son pays ces derniers mois, visant essentiellement des immigrés africains
"Il est important pour nous de présenter des excuses au nom de la minorité de Sud-Africains qui se sont mal comportés", a déclaré le président sud-africain, au premier jour d'une visite d'Etat à Maputo, visant officiellement à renforcer les relations économiques entre les deux pays voisins.
"Les Mozambicains sont nos frères et nos soeurs. En réalité, il s'agit plus d'un problème de famille", a ajouté le président sud-africain s'adressant à son homologue mozambicain, Filipe Nyusi, à la fin d'une réunion de travail élargie à d'autres membres des deux gouvernements.
Des images terribles d'un Mozambicain poignardé en pleine rue dans un township de Johannesburg sont devenues le symbole de cette vague de violence xénophobe qui a fait au moins sept morts en avril.
M. Zuma avait été fortement critiqué au Mozambique pour les propos à connotation anti-immigrés tenus par l'un de ses fils, Edward, et pour la lenteur de la réaction gouvernementale.
Il avait aussi été pris à témoin par le poète mozambicain Mia Couto qui avait rappelé la dette de l'Afrique du Sud envers son pays, rappelant également comment M. Zuma a pu trouver refuge et survivre en exil à Maputo durant la lutte anti-apartheid.
"Le Mozambique a payé un prix élevé pour son soutien à la libération de l'Afrique du Sud, peut-être plus qu'aucun autre pays voisin", l'avait interpellé l'écrivain.
"La fragile économie du Mozambique a été ruinée, notre pays envahi et bombardé, des Mozambicains sont morts pour défendre leurs frères de l'autre côté de la frontière. Pour nous, Monsieur le président, il n'y avait ni frontière, ni nationalité".
'plus de rapatriement forcé de Mozambicains'
L'Afrique du Sud abrite une importante diaspora mozambicaine estimée à 1,5 million de personnes, essentiellement de jeunes gens issus des zones rurales qui traversent la frontière souvent illégalement à la recherche de meilleures conditions de vies.
"Zuma aussi a été un immigrant illégal au Mozambique", avaient alors rappelé des manifestants lors de marches pacifiques organisées à Maputo.
Cette visite de M. Zuma intervient quelques jours après l'arrestation en Afrique du Sud d'un millier de Mozambicains en situation illégale. Près de 420 ont été expulsés vendredi dernier, et un nouveau groupe est attendu dans les prochains jours.
L'opération a pris la diplomatie mozambicaine par surprise, et bien que le ministre mozambicain des Affaires étrangères, Oldemiro Baloi, ait assuré vendredi que les relations entre les deux pays demeuraient intactes, la venue de M. Zuma au Mozambique a tout d'un rattrapage diplomatique.
"Il n'y aura plus de rapatriement forcé de Mozambicains ou de n'importe quel autre citoyen étranger", a affirmé la ministre sud-africaine des Affaires étrangères Maite Nkoana-Mashabane, lors d'un point presse avec son homologue mozambicain.
"La question principale est celle d'une meilleure communication entre les deux pays", a quant à lui rappelé M. Baloi, admettant que chacun des deux pays avait ses propres problèmes d'immigration illégale.
Alors que l'agenda de la visite était placé sous le signe d'un renforcement des activités économiques bilatérales, aucun nouvel accord n'a été signé par les gouvernements, les deux chefs d'Etat insistant plutôt sur la nécessité de mettre en oeuvre et de renforcer la soixantaine d'accords existants.
Le Mozambique est le premier partenaire commercial africain de l'Afrique du Sud avec des échanges de 3,7 milliards de dollars en 2014, et Pretoria est le également le premier importateur d'électricité et de gaz mozambicain.
Les deux partis au pouvoir, l'ANC et le Frelimo, partagent une histoire commune de lutte contre la colonisation et l'apartheid.
20 mai 2015,Adrien BARBIER
Source : AFP