La Birmanie devait répondre jeudi aux pressions internationales, notamment de Washington qui a dépêché un secrétaire d'Etat adjoint sur place, concernant sa gestion de la crise des milliers de migrants musulmans fuyant son territoire, alors que la Malaisie a lancé une opération pour secourir les migrants en mer.
Antony Blinken devait rencontrer dans la journée des représentants des autorités à Nayipidaw, la capitale administrative birmane.
Les ministres des Affaires étrangères de Malaisie, Anifah Aman, et d'Indonésie, Retno Marsudi, étaient eux aussi attendus à Naypyidaw au lendemain de leur annonce surprise qu'ils ne refouleraient plus les bateaux de migrants fuyant la misère et les persécutions.
Jeudi, la Malaisie est même allée plus loin en annonçant la mobilisation de la marine et des garde-côtes pour localiser et secourir les migrants.
Le secrétaire d'Etat adjoint américain a indiqué qu'il évoquerait la question, taboue en Birmanie, des discriminations subies par la minorité rohingya, considérée par l'ONU comme l'une des plus persécutées au monde. Cette communauté, estimée à 1,3 million, vit principalement en Etat Rakhine, région du nord-ouest de la Birmanie frontalière du Bangladesh.
"Nous allons parler directement au gouvernement birman de sa responsabilité dans l'amélioration des conditions en Etat Rakhine, afin que les gens n'aient pas le sentiment qu'ils n'ont pas d'autre choix que de mettre leur vie en danger en prenant la mer", a déclaré M. Blinken lors d'une étape mercredi à Djakarta.
Pendant ce temps, à Sittwe, grande ville de l'Etat Rakhine, quelques dizaines de migrants ont réussi à regagner la terre ferme après avoir été retenus des semaines sur les bateaux. Des milliers de migrants sont toujours retenus par les passeurs.
Les trafiquants n'osent plus faire le voyage en raison de la crise régionale provoquée par la récente désorganisation des filières de passeurs, après un renforcement des contrôles en Thaïlande, par où ils transitaient jusqu'ici.
"Il y avait beaucoup de bateaux en mer. Trois bateaux avec environ 400, 500 ou 600 personnes attendent toujours" de pouvoir partir, explique à l'AFP à Sittwe Mahmoud Yasien, revenu après 40 jours coincé en mer.
A l'approche des discussions, le gouvernement birman campe sur son refus de reconnaître les rohingyas comme groupe ethnique, les considérant comme des immmigrés illégaux du Bangladesh voisin même s'ils sont installés pour certains en Birmanie depuis des générations. Ils n'ont pas de papiers, pas d'accès aux systèmes scolaire et sanitaire ni au marché du travail.
"S'ils s'apprêtent à parler des Rohingyas, comme nous l'avons déjà dit, nous n'accepterons pas ce terme", a mis en garde Zaw Htay, porte-parole de la présidence birmane.
La Thaïlande, l'Indonésie et la Malaisie ont accueilli environ 3.000 naufragés en quelques jours.
21 mai 2015
Source : AFP