Les travaux de la 2e réunion des Hauts fonctionnaires préparatoire au Sommet de la Valette sur la migration se sont ouverts, mercredi à Rabat, avec la participation de représentants de plusieurs pays africains et européens et d'organisations régionales et internationales.
Dans une allocution à cette occasion, le secrétaire général du ministère des Affaires étrangères et de la coopération, Nasser Bourita, a souligné que le Sommet de la Valette, dont la tenue est prévue dans moins d'un mois, intervient à un moment important au regard de l'actualité chaque jour plus émouvante de la migration qui interpelle l'opinion publique de part et d'autre de la Méditerranée, ajoutant que ce sommet intervient également à un moment où de nouvelles dynamiques migratoires se développent entre d'une part, l'Afrique et le Moyen Orient, et d'autre part, le continent européen.
La migration constitue un élément structurant de l'agenda diplomatique international au regard des importants défis qu'elle impose aux pays du point de vue sécuritaire (migration illégale, traite des êtres humains et constitution de réseaux criminels) et du fait que le phénomène fait partie des débats liés à l'identité nationale de certains pays d'accueil, a relevé M. Bourita.
Le Sommet de la Valette ne doit pas être perçu comme une réunion de crise ou comme un point de rupture, mais plutôt comme le prolongement naturel et la suite logique d'un dialogue initié il y a presque dix ans entre l'Europe et l'Afrique à l'occasion de la conférence de Rabat, tenue en juillet 2006, et le processus de Rabat qui s'en est suivi, et qui avaient anticipé toutes les problématiques et défis liés à la migration entre les deux continent en préconisant une approche solidaire, inclusive et multidimensionnelle, a-t-il ajouté.
Cette conférence avait jeté les fondements d'une coopération touchant à la fois à la mobilité, à l'intégration des migrants, mais aussi à la lutte contre l'immigration irrégulière et au renforcement du lien entre la migration et le développement, a rappelé M. Bourita, notant que la pertinence du processus de Rabat, son ancrage géographique et les modes opératoires qu'il a développés habilitent le Maroc à prendre en charge l'opérationnalisation et la mise en oeuvre des recommandations qui seront issues du Sommet de la Valette.
Une maîtrise crédible et pérenne du phénomène migratoire entre l'Afrique et l'Europe doit être fixée dans un système de gouvernance mieux articulé, qui établisse les responsabilités complémentaires, des responsabilités partagées et des responsabilités équitables entre les pays d'origine, de transit et de destination, a-t-il observé.
A partir d'une perspective africaine, il est fondamental que toute action visant la maîtrise des mouvements migratoires doit accorder une place de choix à la dimension co-développement, a estimé le responsable marocain, précisant que celle-ci passe par la mise en oeuvre d'une réelle stratégie de développement économique des pays africains.
Il a en outre relevé que le Maroc assume pleinement sa responsabilité dans le domaine de la migration comme il joue un rôle majeur dans le rapprochement des approches migratoires des pays d'origine, de transit et de destination, soulignant que la nouvelle politique migratoire que le Royaume a lancée, sur Hautes instruction de SM le Roi Mohammed VI, permet aux migrants et aux réfugiés de jouir de la plénitude de leurs droits et d'accéder à toutes les prestations de logement, de santé et d'éducation, sur un pied d'égalité avec les citoyens marocains.
Cette politique a permis, a-t-il ajouté, une vaste opération de régularisation des migrants irréguliers et des demandeurs d'asile, ainsi que la mise en place d'un dispositif pour l'assistance humanitaire d'urgence en faveur des migrants en situation de vulnérabilité, ajoutant que cette politique porte aussi sur la lutte contre les réseaux de trafic à travers notamment la coopération judiciaire, le renseignement, la surveillance des frontières et des littoraux ainsi que les poursuites judiciaires dissuasives.
De son côté, l'envoyé spécial de l'Union européenne pour le sommet de la Valette sur la migration, Pierre Vimont, a appelé les participants à s'engager dans une discussion "approfondie" sur le projet de plan d'action à adopter en vue de trouver des solutions communes aux défis imposés par le phénomène migratoire, notant qu'à moins d'un mois du sommet de la Valette et de deux réunions de haut niveau, les parties devront accélérer leurs efforts et tirer profit des synergies existantes.
Et M. Vimont de souligner que les parties concernées aussi bien du côté de l'Afrique comme de l'UE ont multiplié les réunions pour préparer au mieux le sommet de la Valette, prévu les 11 et 12 novembre prochain à Malte, et qui s'appuiera sur les processus de coopération existant entre l'Europe et l'Afrique, en particulier les processus de Rabat et de Khartoum sur les migrations, et sur le dialogue UE-Afrique sur la migration et la mobilité.
Rappelant les réunions tenues sur le plan régional, le diplomate européen a indiqué que ces rencontres devraient alimenter ce processus et contribuer à atteindre un consensus sur le plan d'action avant le sommet de la Valette, qui se veut, selon lui, un projet opérationnel, global et équilibré, faisant savoir qu'il s'agit d'une "responsabilité partagée qui doit être assumée par toutes les parties".
Il s'est par la même occasion félicité des efforts consentis dans le cadre du processus de Rabat, celui de Khartoum et de la CEDEAO en vue de dépasser les divergences et aller de l'avant dans ce processus .
14 oct. 2015
Source : MAP