Mettre en place une « réelle coopération » entre les pays pour lutter contre les réseaux criminels au coeur de l’immigration clandestine: c’est l’enjeu d’un Forum opérationnel d’Interpol/Europol organisé jeudi et vendredi à Lyon.
Pendant deux jours au siège de l’organisation internationale de coopération policière, plus de 120 participants venus de 50 pays touchés par l’immigration clandestine (pays d’origine, de transit ou de destination de migrants), ainsi que des représentants d’organisations internationales, régionales et du secteur privé, doivent partager expériences et analyses.
L’objectif de ce « Forum opérationnel sur la lutte contre les réseaux de trafic de migrants » est de « mettre en place une plateforme internationale d’informations sur les groupes de trafiquants connus, pour renforcer notre réponse », a expliqué le secrétaire général d’Interpol, Jürgen Stock, dans son discours introductif.
« L’Europe est confrontée à des flux migratoires sans précédent depuis la Deuxième guerre mondiale », a-t-il souligné, rappelant que, selon les Nations Unies, près de 60 millions de personnes étaient « déplacées de force » dans le monde pour échapper à la pauvreté ou aux conflits.
« C’est une crise humanitaire qui a des conséquences sur la sécurité », a ajouté le secrétaire général, appelant à « renforcer les contacts entre experts, pour instaurer un climat de confiance et déployer des relations constructives et pérennes ».
« Il faut lutter contre les réseaux de trafiquants. Leur motivation est le profit, utilisé pour alimenter la corruption, le blanchiment d’argent et d’autres activités criminelles », a-t-il dit en évoquant des « milliards de dollars » en jeu.
« On doit proposer une boîte à outils pour lutter contre ces trafiquants et établir des passerelles entre les différentes régions du monde concernées », a encore dit M. Stock, expliquant qu’Interpol mettait à disposition « une plateforme mondiale permettant d’échanger en temps réel des informations, des données et des modes opératoires à travers le globe ».
« C’est important car ce business criminel est très dynamique. Les trafiquants changent constamment de routes et de modes opératoires et les groupes criminels font un usage intensif des technologies modernes de communication », a-t-il détaillé par la suite devant la presse.
Interpol et ses 190 pays membres sont d’ailleurs « en contact avec les fournisseurs de médias sociaux » pour « tenter de trouver de nouveaux moyens d’en limiter l’usage à des fins criminelles », a-t-il souligné.
« Ce défi va au-delà des frontières de l’Europe et le partenariat entre Europol et Interpol, basé sur une coopération étroite et une confiance mutuelle, est crucial », a déclaré pour sa part le directeur opérationnel délégué d’Europol, Wil Van Gemert.
Il a ainsi souligné que +Jot Mare+ (pour « joint operation team »), l’équipe d’experts chargés de combattre les groupes criminels oeuvrant derrière l’immigration clandestine, allait être renforcée.
15 octobre 2015, AFP
Source : respectmag.com