L'ouvrage collectif "Ce qui nous somme", réunissant les "réactions à chaud" d'une trentaine d'intellectuels marocains à l'attentat, en janvier dernier, contre le siège de l'hebdomadaire français "Charlie Hebdo", a remporté le Prix international Citta di Castello.
Ce Prix a été remis, vendredi, à l'écrivaine marocaine, Bouthaina Azami, co-auteur du livre, lors d'une cérémonie officielle organisée en marge d'un séminaire initié, sous le haut patronage du Président de la République italienne, dans cette ville toscane, sous l'intitulé "La Méditerranée aujourd'hui : de la géopolitique au patrimoine commun de culture et de traditions".
Le livre, paru aux éditions "La Croisée des chemins", rassemble les réflexions et opinions diverses de plusieurs intellectuels marocains et d'"adoption marocaine" sur le phénomène du terrorisme, tout en mettant en garde à la fois contre l'obscurantisme et l'amalgame générateur d'islamophobie, a déclaré à la MAP Mme Azami qui s'est dite "très heureuse" qu'une telle œuvre suscite tant d'intérêt au-delà des frontières et notamment en Italie.
Les auteurs de cet ouvrage ont, en même temps, exprimé leurs points de vue au sujet d'un certain nombre d'amalgames qui se développent parfois et qui résultent souvent d'une méconnaissance de l'autre et de sa culture, a-t-elle noté, relevant que le livre met en relief la nécessité impérative de la cohabitation, d'un vivre-ensemble, et d'un dialogue permanent entre les cultures et les religions.
Après avoir expliqué que la liberté d'expression est "d'abord une réflexion sur soi" et qu'elle doit "permettre de dialoguer", Mme Azami, qui a reçu un hommage spécial à cette occasion pour sa "brillante carrière d'écrivaine ayant abordé différents thèmes en relation notamment avec le dialogue interculturel", a estimé que "si elle est poussée trop loin et que l'autre n'est pas respecté, cette liberté devient vraiment problématique".
Tout en rappelant que les auteurs du livre ont exprimé la condamnation totale et sans ambiguïté des attentats terroristes de Paris invitant, par la même, à éviter les amalgames qui se développent et qui résultent souvent d'une méconnaissance de la culture de l'autre, Mme Azami s'est réjouie de l'idée des organisateurs de cette 9è édition du Prix de Citta di Castello de traduire cet ouvrage en langue italienne ainsi que des échos favorables des intellectuels italiens à son égard.
Lors de cette cérémonie, le diplomate Claudio Pacifico, Président de l'"Institut Euro-Méditerranéen et pour le Monde arabe" a souligné que l'ouvrage primé a permis de "mieux appréhender et de mieux présenter le Maroc, un pays en plein mutation à tous les niveaux et qui s'est doté d'une nouvelle constitution qui en dit beaucoup sur ses ambitions".
Pour le fondateur de l'ONG italienne "InBit-Events and Education", Pietro Infante, le travail collectif des 30 intellectuels marocains est d'une "extrême importance" en tant qu'outil pour "faire prévaloir le dialogue interculturel et combattre toute forme de violence".
De leur côté, le doyen de l'université pour les étrangers de Pérouse, Giovanni Paciullo, et la Directrice du Forum international "Pour une nouvelle euro-méditerranée", Elena Bitoni, ont estimé que le Maroc, à travers ces intellectuels, "a condamné le crime odieux commis par des assassins qui ne peuvent prétendre parler au nom de l'Islam".
"Riche par son histoire millénaire, le Maroc s'est toujours opposé avec fermeté à l'extrémisme, défendu un Islam modéré et favorisé la paix et la concorde entre les peuples", ont-ils ajouté.
Lors de son intervention au séminaire "La Méditerranée aujourd'hui : de la géopolitique au patrimoine commun de culture et de traditions", l'ambassadeur du Maroc en Italie, Hassan Abouyoub, a longuement traité des défis confrontés par les pays de la rive sud et nord de la Méditerranée, citant dans ce sens notamment la question démographique (multiplication des naissances au sud et baisse des natalités au nord), l'eau, la croissance économique, le chômage et la sécurité.
Selon M. Abouyoub, l'échange équitable ainsi que le dialogue entre les civilisations, les cultures et les peuples, basés sur le respect mutuels sont la condition sine qua non de la construction de la cohésion sociale, de la réconciliation entre les peuples et de la paix ente les pays des deux rives de la Méditerranée en phase de connaître de profondes mutations notamment sociales et économiques au cours des prochaines années.
Il a, en outre, appelé à privilégier, dans le cadre de tout dialogue interculturel, de bonnes pratiques favorisant le pluralisme culturel aux niveaux local, national et régional et des initiatives régionales ou sous régionales visant à décourager toutes les manifestations d'extrémisme et de fanatisme et mettant en évidence les valeurs et les principes qui rapprochent les peuples des deux rives.
Pour sa part, le Secrétaire général du Centre culturel islamique de Rome, Abdellah Redouane, s'est attardé sur les mutations qu'ont connues les pays arabes depuis l'indépendance et les effets néfastes de la politique israélienne sur toute la région.
Il a, en outre, expliqué que la diversité culturelle engendre souvent la peur et le rejet de l'autre, appelant à bannir les stéréotypes, la xénophobie, l'intolérance, la discrimination et la violence, qui peuvent menacer la paix et la stabilité.
Selon lui, "il y a beaucoup d'informations, mais moins de connaissances", ce qui favorise le fanatisme, l'extrémisme et le racisme.
Ce séminaire a porté sur trois principaux axes, en l'occurrence "La Méditerranée : opportunité pour les jeunes générations", "la sécurité et gestion des crises. Le rôle de la coopération et de la solidarité" et "Focus sur le pays du livre primé : le Maroc"
244 oct. 2015
Source : MAP