Un collectif d'ONG's algériennes a interpellé les autorités concernant le déni de dépôt de plainte auquel sont confrontées certaines migrantes subsahariennes, victimes de viol en Algérie.
Dans leur pétition, plusieurs ONG's ont appelé les ministères de l'Intérieur et de la Justice à veiller au respect de la procédure de dépôt de plainte afin que la justice, fondée sur les principes de légalité et d'égalité, soit accessible à tous conformément à l'article 140 de la constitution algérienne, "sans privilège ni discrimination".
Les ONG's citent le cas d'une jeune camerounaise, après avoir été violée par plusieurs personnes à Oran (ouest), début octobre dernier, s'est vue refuser le droit de déposer une plainte dans un premier temps.
Se dirigeant vers la brigade de la Gendarmerie algérienne accompagnée par son mari pour porter plainte, elle en est ressortie bredouille après qu'on lui ait signifié que sa plainte ne pouvait être enregistrée dès lors qu'elle séjournait illégalement en Algérie.
Le cas de cette ressortissante camerounaise a suscité l'indignation générale sur la Toile et au sein de la société civile.
La semaine dernière, la présidente du Parti des travailleurs, Louisa Hanoune, s'est dite "choquée par le cas de cette jeune camerounaise" et "outrée" par le silence des autorités algériennes, les accusant de "complicité".
Pour sa part, le Mouvement démocratique et social a invité les pouvoirs publics à se démarquer des "attitudes xénophobes, voire scélérates et déshonorantes".
Ce parti a même fait un lien entre cette affaire et le blocage à l'Assemblée parlementaire nationale du projet de loi sur les violences faites aux femmes.
En janvier 2014, une autre jeune camerounaise, victime d'un viol dans la même ville, avait été confrontée au même problème. Un gendarme de permanence lui avait expliqué qu'elle ne pouvait déposer plainte car elle n'avait pas de papiers.
"Dans un Etat de droit, la procédure de plainte doit être à la portée de toute personne s'estimant victime. Que cette personne soit une ressortissante ou se trouvant sur le territoire national. Cette démarche doit lui être accordée sans privilège ni discrimination", rappellent les organisations.
27 oct. 2015
Source : MAP