Depuis le début de la crise des migrants, les dirigeants européens ne savent plus où donner de la tête pour gérer le problème des réfugiés qui affluent massivement, et de manière ininterrompue, vers le vieux contient fuyant les guerres civiles qui déchirent leurs pays.
La dernière tentative en date pour juguler ce flux fût le mini-sommet qui a réuni, dimanche, dix Etats membres de l'Union ainsi que la Serbie, la Macédoine et l'Albanie (la route des Balkans).
Les responsables européens se sont engagés, lors de ce sommet, à mettre en œuvre un plan visant à "restaurer l'ordre" aux frontières de l'UE et à "ralentir le flux incontrôlé des personnes".
Le plan prévoit notamment le renforcement de l'échange d'informations, la création de 100.000 places d'accueil pour les réfugiés en Grèce et dans les Balkans, le renforcement de la concertation avec les agences de l'UE, l'intensification des efforts nationaux pour le retour des migrants qui n'ont pas besoin d'une protection internationale, la mise en œuvre du plan d'action UE-Turquie pour la gestion des frontières et la surveillance des passages frontaliers.
Quelque 400 policiers seront envoyés pour assister la Slovénie, débordée par le flux des réfugiés, pour un enregistrement plus systématique des migrants aux frontières extérieures et des échanges quotidiens d'informations entre pays voisins. Les dirigeants européens présents à cette rencontre ont également décidé d'intensifier les actions contre le trafic de migrants et la traite des êtres humains.
A signaler que la Turquie, qui accueille près de 2 millions de réfugiés, n'a pas été associée à cette rencontre bien qu'elle soit concernée à plus d'un titre.
Le 22 septembre dernier, un accord avait été trouvé non sans difficultés à Bruxelles, entre les ministres de l'intérieur de l'Union européenne au sujet de l'accueil de 120.000 migrants.
L'accord a nécessité le recours au vote à la majorité pour faire passer le plan de la Commission européenne. La Slovaquie, la Roumanie, la Hongrie et la République tchèque ont voté contre le mécanisme. La Finlande s'est abstenue, tandis que la Pologne s'est ralliée à la position de la France, de l'Allemagne et de la présidence luxembourgeoise de l'Union.
Depuis le début de la crise, les 28 Etats membres de l'UE ont réagi de manière chaotique et en rangs dispersés à l'arrivée massive des réfugiés qui affluent sur le continent, chacun gérant à sa manière ce problème selon qu'il soit ou non touché.
Face à des milliers de femmes, d'enfants, de personnes âgées et d'hommes affamés, assoiffés et exténués, l'Allemagne s'est dite prête à accueillir jusqu'à 800.000 réfugiés mais a été vite dépassée par les flux incontrôlables des migrants.
D'autres pays se sont montrés, le moins que l'on puisse dire, frileux et ont carrément fermé leurs frontières face à ces réfugiés, refusant l'installation sur leur sol à une population étrangère, à fortiori musulmane. Parmi ces pays, certains ont préféré accueillir des réfugiés de confession chrétienne.
D'autres, comme les pays de l'Europe balkanique et centrale ont fermé leurs frontières pour empêcher les passages des migrants.
La crise des réfugiés a aussi permis aux partis de l'extrême droite européenne d'avoir le vent en poupe et d'occuper la place publique brandissant le spectre de la peur de l'autre.
Bien que l'Europe ait infléchi quelque peu sa position, du moins au niveau des intentions, sous la pression d'une opinion publique attendrie par l'image du petit garçon syrien retrouvé mort sur une plage turque, laquelle image a donné la mesure de l'ampleur du drame humain, sa contribution au règlement de cette crise humanitaire, la plus grave depuis la deuxième guerre mondiale, demeure en deçà des moyens colossaux dont elle dispose.
L'Union européenne est en effet la première zone économique mondiale avec un PIB estimé en 2014 à 13 920,541 milliards d'euros.
Au plan politique, l'Europe brille également par son apathie et n'arrive pas à peser de tout son poids pour régler la crise des réfugiés à la source, permettant aux Etats-Unis et à la Russie d'avoir les coudées franches pour transformer le champs syrien en une nouvelle arène de la guerre froide.
A l'approche de l'hiver et alors que l'on est en quête de soi-disant solutions ici et là à cette crise humanitaire, les migrants, eux, sont exposés à des conditions de vie des plus rudes sur le continent européen en dépit des efforts du HCR, qui vient d'annoncer le début de la distribution d'imperméables, de couvertures et d'autres articles de secours à des dizaines de milliers de réfugiés confrontés aux premières tempêtes hivernales ainsi que des températures glaciales ayant déjà frappé de nombreuses régions d'Europe centrale et du Sud-Est.
Jusqu'à présent c'est la Turquie qui accueille le plus grand nombre de réfugiés, avec près de 2 millions de personnes, suivie du Liban -aux moyens très limités- où se sont réfugiés 1,1 million de Syriens, pour seulement quatre fois plus d'habitants dans le pays et de la Jordanie.
27 oct. 2015,Taoussi Rahal
Source : MAP