92 % des demandes de régularisation des migrants seront approuvées: tel est le verdict émis lors de la 4e réunion tenue lundi par la Commission nationale de suivi et de recours, au siège du Conseil national des droits de l’Homme (CNDH) à Rabat.
Le Ramed pour tous
Outre l’accélération de la procédure de régularisation, qui donne droit à un permis de travail et à l'accès à la formation, une convention entre le ministère de la Santé et l’institution présidée par Driss Yazami a également été signée lors de cette réunion.
Objectif? Garantir aux immigrés réguliers et réfugiés politiques une couverture médicale de base et l’accès aux soins de santé, en l’occurrence le Régime d’assistance médicale (Ramed).
Assouplir les critères de régularisation
Malgré la volonté du Maroc d’intégrer les immigrés dans une logique respectueuse des droits humains, des décalages entre attentes et réalisations subsistent.
Des complications dans les procédures sont souvent pointées du doigt par des ONG, notamment la Fédération internationale des droits de l'homme (FIDH) et le Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et des migrants (Gadem).
Pour pallier les insuffisances des procédures de régularisation, la Commission présidée par le CNDH a préconisé d’assouplir les critères de régularisation pour les étrangers atteints de maladies graves, ceux pouvant justifier d’une activité professionnelle mais démunis de contrats de travail, les conjoint(e)s de Marocain(e)s et les conjoint(e)s d’étranger(e)s en situation régulière, les étrangers ayant affirmé résider au Maroc depuis plus de 5 ans mais n’ayant pu le prouver et ceux ayant un niveau d’instruction équivalent ou supérieur au brevet. Il a enfin demandé au gouvernement de prendre en compte la situation des mineurs non accompagnés, ceux-ci ne pouvant être renvoyés dans leur pays.
En septembre 2013, le Maroc lançait une nouvelle politique migratoire, fondée sur un rapport du CNDH. Tout au long de l’année 2014, une opération de régularisation avait permis de recueillir 27.643 demandes de régularisation, dont 18.694 avaient déjà reçu une réponse positive de la part des 83 commissions locales provinciales. De pays de transit, le Maroc tend à devenir un pays d’accueil des migrants.
"Un progrès considérable"
"Alors que jusqu’à présent le Maroc a manqué de savoir-faire en terme de gestion des migrants, surtout face à l’ampleur et la soudaineté du phénomène, il vient de faire un progrès considérable", souligne Mehdi Alioua, sociologue et président du Groupe antiraciste d'accompagnement et de défense des étrangers et migrants (GADEM), joint par le HuffPost Maroc.
"Aucun autre pays dans une telle situation a adopté des mesures semblables", ajoute-t-il, faisant référence au dernier rapport sur le développement humain dans le monde publié par le Programme des Nations unies pour le développement (Pnud), dans lequel le royaume était classé 129e sur 187 pays.
De l’avis de Mehdi Alioua, des clichés subsistent à l’égard des migrants, parmi lesquels celui qui consiste à croire qu'ils sont nécessairement issus de pays africains ou en guerre. Des poncifs que le sociologue balaye d’un revers de mail: "la plupart des migrants ne sont pas nécessairement issus de pays africains en guerre. Au Maroc, les premiers migrants sont les Français, suivis des Sénégalais et des Algériens (…) Au total, pas moins de 112 nationalités se côtoient au sein du Royaume".
28/10/2015
Source : huffpostmaghreb.com