De coutume émetteur de l'immigration vers l'Europe de l'Ouest, les pays d'Europe Centrale et de l'Est ont dressé des barrières devant l'afflux de migrants et de réfugiés venant essentiellement du Proche Orient qui transitent par les Etats de la région dans l'espoir de gagner l'Allemagne.
Des pays de la région ont érigé des barbelés à leurs frontières pour éviter que leur territoire ne soit utilisé pour s'établir dans le pays au lieu de se rendre en Allemagne.
C'est la Hongrie qui a ouvert cette brèche en fermant ses frontières avec la Serbie avant d'y installer des barbelés en un temps record avec l'appui de l'armée. Le premier ministre hongrois Victor Orba, surfant sur la migration, est allé jusqu'à brandir la menace d'invasion de l'Orient à son pays, insistant sur le morcellement du territoire hongrois et le déplacement force de ses populations entre les deux grandes guerres dont a souffert lourdement la Hongrie.
Même réaction de la Croatie qui, débordée par l'arrivée massive des réfugiés, a fermé sa frontière avant d'ériger des barbelés pour stopper les réfugiés. Ces derniers ont été une nouvelle fois dirigés vers la petite Slovénie (deux millions d'habitants) qui, à son tour, menace de dresser des barbelés à ses frontières si l'UE ne lui octroie pas une aide d'urgence pour faire face à la crise migratoire.
Les autorités slovènes craignent de se trouver face à une situation ingérable au point d'être dans l'incapacité à assurer la sécurité de la population locale.
Depuis que la Hongrie avait fermé mi-octobre aux migrants une deuxième de ses frontières, celle avec la Croatie, désormais barrée d'une clôture de barbelés, les réfugiés sont dirigés vers la Slovénie. Au total, 90.000 migrants ont transité en Slovénie depuis le 17 octobre dernier.
Enfin, l'Autriche est montée mercredi au créneau en annonçant qu'elle va édifier une barrière le long de sa frontière avec la Slovénie dans le but de mieux contrôler le flux de migrants.
"Il s'agit d'assurer une entrée ordonnée, contrôlée dans notre pays, et non pas de fermer la frontière", a déclaré à la télévision la ministre autrichienne de l'intérieur Johanna Mikl-Leitner, expliquant sa décision par le fait que des groupes de migrants se sont montrés, ces derniers jours, "plus impatients, agressifs et émotifs" et "il s'agit de prendre toutes les précautions".
Cette décision a provoqué l'ire de l'Allemagne pour qui la crise des réfugiés qui secoue l'Europe, ne peut pas être résolue par l'installation "de barrières ou de murs".
"Nous ne croyons pas que le problème actuel des réfugiés qui concerne tout le monde en Europe, puisse être résolu par la construction de barrières ou de murs", a affirmé le porte-parole du gouvernement allemand Steffen.
Depuis janvier, plus de 500.000 personnes sont arrivées en Allemagne, et le nombre pourrait doubler encore d'ici la fin 2015, selon les autorités allemandes.
D'autres pays de l'Europe Orientale sont hostiles à l'accueil des réfugiés tels que la Slovaquie, la République tchèque et la Pologne. Ces trois pays n'ont pas toutefois érigé des barbelés à leurs frontières respectives, mais ont pris des mesures pour ne pas subir l'afflux des migrants. La République Tchèque est critiquée par des ONG de défense des droits de l'Homme pour son traitement dégradant à l'égard des réfugiés installés dans des camps.
La crise migratoire a fait resurgir le retour des frontières au sein de l'UE faut d'une entente entre les 28 Etats membres pour juguler cette crise. Faute de réponse commune, les 28 font selon leurs moyens et leur volonté, à leur échelon national.
L'Allemagne plaide, depuis des mois, pour une répartition équitable des réfugiés entre les 28 Etats membres, pour que chacun prenne sa part dans la crise. Berlin menace désormais de couper les aides européennes (fonds structurels) à ceux qui refusent d'assumer la charge des migrants.
29 oct. 2015
Source : MAP