vendredi 5 juillet 2024 18:21

Il est important de préciser les méthodologies utilisées pour mesurer les effets de l'immigration sur le marché du travail des pays d'accueil. D'abord il faut décomposer la structure par qualification des immigrés, en plus de la structure par âge pour comprendre leur impact sur les finances publiques. Ensuite il faut vérifier si les immigrés sont en concurrence ou en complémentarité sur les emplois qu'ils occupent par rapport aux autochtones. Enfin, l'immigration affecte aussi la consommation, la productivité... qui à leur tour affectent l'emploi et les salaires sur le marché du travail.

Plusieurs méthodes sont utilisées. On peut d'abord estimer l'effet sur le salaire (ou/et sur l'emploi) de la présence d'immigrés sur des marchés locaux du travail (ville, bassin d'emploi, région...) bien sûr en tenant compte des caractéristiques des travailleurs comme le niveau d'éducation, l'expérience, l'âge... Que ce soit aux Etats- Unis ou en Europe, les résultats de ces travaux concluent que l'effet négatif de l'immigration sur les salaires des natifs est extrêmement faible.

L'effet est encore plus faible en Europe qu'aux Etats-Unis. Bien sûr, cette méthode peut comporter des biais : on peut supposer que les immigrés se localisent plutôt dans les régions où les salaires sont les plus élevés (en Ile-de-France, par exemple). Certaines études recourent à des « expériences naturelles » : on place de manière plus ou moins indépendante de leurs choix les migrants et on observe ce qui se passe lors d'afflux massifs de migrants. Résultats : là aussi les effets sont marginaux sur les salaires ou l'emploi.

Une autre précaution à prendre pour ne pas sous-estimer ces effets est de corriger la possibilité que des travailleurs partent de la région où arrivent les migrants vers d'autres régions (migrations internes), ce qui pourrait compenser l'effet des immigrants nouvellement arrivés. Des études récentes utilisant cette méthode aboutissent avec cette même approche de « proportion de facteurs » a un impact modéré et positif sur le salaire des natifs aux Etats-Unis.

Ce résultat a été confirmé pour un panel plus large de pays de l'OCDE et pour la France par Javier Ortega et Gregory Verdugo, de la Banque de France, en 2011. Dans ce dernier travail, une augmentation de l'immigration de 10 % accroît le salaire des natifs de 3 %. Au total, la très grande majorité des travaux conclut à un effet relativement modéré, plutôt négatif dans les travaux plus anciens et plutôt positif dans les travaux récents.

Un autre résultat obtenu est que les immigrants ont en revanche un impact sur les rémunérations de ceux avec lesquels ils sont directement en concurrence, les travailleurs souvent issus d'une vague antérieure d'immigration.

14.05.2012

Source : : LE MONDE

C’est une longue et minutieuse chronique que livre Ha Jin. Elle se dessine en minces chapitres qui sont autant d’épisodes de la vie du couple formé par Nan Wu et son épouse Pingping, immigrés aux Etats-Unis, avec leur fils Taotao.

La narration, linéaire, colle au quotidien des Wu, au plus près de leur lutte pour "s’enraciner" ; par le travail bien sûr, par la scolarité de leur enfant aussi. C’est là une priorité, et les parents redoublent d’efforts pour qu’il n’intègre pas une classe réservée aux étrangers. Ha Jin décrit la rupture avec le pays d’origine, les distances maintenues avec les représentants de la communauté chinoise, le regard critique, amusé, sceptique, conquis sur la société américaine. La part aussi des frustrations et les transformations visibles, et intimes.

En quelques années, Nan accomplira "le parcours qui prenait une vie entière à la plupart des immigrés". Entre le "struggle for life" et le rêve américain, les Nan feront leur "trou" comme dit Marcel Detienne. Entre Boston, New York et enfin Atlanta, de petits boulots en petits boulots, d’emprunts en sacrifices, de capacités d’adaptation en illusions perdus, ils réussiront à ouvrir un petit restaurant (le Gold Wok) et acheter une maison en Géorgie. Nan, l’ancien étudiant a du abandonner la science politique et une improbable carrière universitaire pour les fourneaux, ce qui laisse d’heureuses odeurs de cuisine s’exhaler de page en page.
Sans être un réfugié politique, Nan n’a pas voulu retourner en Chine après ses études. Très vite, il s’est efforcé de "se délester du bagage de la Chine pour voyager plus léger, (…) devenir un homme indépendant". Nan largue les amarres, refuse de vivre dans le passé, de moisir dans sa communauté d’appartenance : "Il lui fallait trouver sa voie dans ce pays, vivre non pas tant en tant qu’expatrié ou exilé mais en tant qu’immigré". Autrement dit devenir citoyen de cette société américaine où le racisme se manifeste ici ou là, où l’argent est un "dieu", cette société obsédée par "les deux S" : "le Soi et le Sexe", intraitable pour les faibles, les "losers", une société multiculturelle et multireligieuse où la diversité s’expose aussi sous la forme des conversions et des bricolages identitaires.

Nan assistera à des rencontres, des colloques sur la Chine, il côtoiera, toujours sur la réserve, quelques cercles communautaires malgré les recommandations de Pingping. Il n’est dupe de rien des comportements des uns et des autres, des intellectuels dissidents, des artistes et autre vulgum pecus chinois. Sans illusions, il se tient à l’égard des représentants chinois, des associations relais et autres taupes. Intraitable, Nan n’est pas un homme de compromis et encore moins de compromissions. Et surtout, qu’on ne lui serve pas de vieilles lunes patriotiques : "La Chine n’est plus mon pays. Je lui crache dessus, à la Chine ! Elle traite ses citoyens comme des enfants crédules et les empêche constamment de grandir, de devenir des individus à part entière. Elle ne veut qu’une chose la soumission. Pour moi la loyauté ça marche dans les deux sens. La Chine m’a trahi, alors je refuse de rester plus longtemps son sujet. (…) Je me suis arraché la Chine du cœur."

Pourtant aux JO d’Atlanta, il se montre attentif aux performances des athlètes chinois, "il comprit qu’il ne parvenait pas à se couper affectivement de tous ces gens". Nan se situe au point de rencontre des deux pays, aussi, "pour voir clair dans ses émotions", il s’imagine la Chine comme étant "sa mère" et les USA "sa bien aimée" : si un conflit devait survenir, il devra "les aider à se comprendre, sans pour autant espérer qu’elles partagent un jour les mêmes opinions". C’est Camus chez les sino-américains.
Nan aime Pingping, mais sans passion. Bon père et bon mari, son cœur est tout entier à Beina, un amour platonique de jeunesse qui lui en fit voir de toutes les couleurs pourtant. Ainsi va la vie ! L’amour fantasmé est plus difficile à chasser de son esprit qu’un échec sans rappel ni retour. Entre les époux, l’ombre de Beina toujours s’insinue. Il recherche cette passion, convaincu qu’elle serait le moteur de sa force créatrice et poétique. Car gagner de l’argent n’intéresse pas Nan. Sa seule vraie passion est la poésie.

Tirailler entre ses responsabilités d’époux, de père et sa vocation, il doit apprendre à se débarrasser de ses "peurs" comme dit Faulkner, de ses doutes sur son travail. "Je ne dois pas vivre dans la passé, mais me concentrer sur le présent et sur l’avenir". Après bien des hésitations, il décide d’écrire en anglais malgré les avis contraires et définitifs d’une rédactrice en chef d’une revue de poésie. Il évoque la xénophobie et oppose le fait que "la vitalité de l’anglais résulte en partie de sa capacité à absorber toutes sortes d’énergies étrangères." Ces pages sur le cheminement créatif de Nan constituent aussi le sel de ce roman. Le livre se referme sur quelques uns de ses poèmes.

Professeur à l’université de Boston, Ha Jin émaille son texte de références à des poètes américains, à Faulkner et à Pasternak. La Liberté de vivre est son cinquième roman et le quatrième à être traduit en langue française (au Seuil) après La Longue Attente (2002), La Démence du sage (2004) et La Mare, (2004). La Liberté de vivre (paru en 2007 aux USA) est le premier récit de l’auteur à se situer hors de Chine et à plonger au cœur de l’immigration chinoise aux Etats-Unis.

14/5/2012, Mustapha Harzoune

Source : Cité nationale de l’histoire de l’immigration

Une vidéo de brutalité policière fait, en ce moment, le tour des réseaux sociaux grecs. On y voit des policiers casqués, assistés de badauds en survêtement, qui passent à tabac un immigré d’origine asiatique. Une scène qui rappelle davantage une agression de voyous qu’une intervention policière.

L’incident s’est déroulé dans la nuit du 3 au 4 janvier dernier, place Amerikis, dans le centre d’Athènes, mais l'information n'est sortie que récemment à la faveur de la publication d'une vidéo sur Internet. On y voit un homme qui se fait tabasser par des policiers casqués (membres de la brigade motorisée), aidés par des voisins. On voit ensuite des policiers accompagner l’homme vers leur voiture, toujours en le rouant de coups. Le tout sous le regard de quelques badauds...

La Grèce est l’une des principales portes d’entrée de l’Union européenne pour les migrants d’Afrique et d’Asie. Avec la crise et la montée du chômage, les ONG de défense des droits de l’Homme dénoncent une recrudescence des agressions subies par les migrants, afghans et pakistanais notamment, pris pour cible - entre autres - par des groupuscules d’extrême droite qui les accusent de voler le travail des Grecs.

Le parti ouvertement xénophobe Aube dorée, qui dit vouloir mettre tous les étrangers hors du pays, a remporté 21 sièges lors des élections législatives du 6 mai dernier.

"J’ai reçu des messages d’insultes de la part de sympathisants d'Aube dorée"

Nikos Soulis, réalisateur de films et documentaires, a filmé cette vidéo en janvier, mais il ne l’a publiée sur Internet qu’en avril.

« J’étais chez moi quand j’ai entendu des gens crier dehors. Depuis trois ans, je suis témoin de scènes de violences dans mon quartier. Alors, cette fois, j’ai décidé de prendre ma caméra, d’autant plus que je travaillais sur le sujet des réfugiés à cette époque.

Il s’agissait d’un homme d’origine asiatique que la police était en train d’arrêter… avec l’aide des voisins. Le type essayait de mettre le feu à une poubelle. Mais même après l’avoir menotté, ils continuaient à le frapper. "Ils", ce sont les policiers et les voisins, ensemble.

Je suis allé au commissariat pour témoigner de ce que j’avais vu. Les policiers m’ont dit que leurs collègues allaient être identifiés et qu’ils seraient rapidement punis [à la suite de la publication de cette vidéo en avril dernier, la police a affirmé qu'elle allait ouvrir une enquête administrative, NDLR].

Quand j’ai publié la vidéo, j’ai reçu plein de messages d’insultes sur mon blog. La plupart de la part de sympathisants du parti Aube dorée. Des personnes ont même tenté de rentrer chez moi en se faisant passer pour des policiers, pour me faire peur. Je suis retourné au commissariat pour demander à être protégé. Mais je soupçonne les policiers de voter à 50 % pour Aube dorée... Aujourd’hui, je fais profil bas dans mon quartier et je ne rentre jamais seul chez moi.

14/5/2012

Source : France 24

Si l’outil est utile, il est également suspecté de vouloir freiner le flux migratoire, en présentant la Flandre comme un territoire peu avenant.

« Cette brochure vous permettra de faire connaissance avec votre nouvel environnement » annonce d’emblée le kit d’intégration émis par le Communauté flamande . Mais une fois passée l’introduction, déboule, sur une trentaine de pages une succession de clichés, non seulement sur les citoyens flamands mais aussi, en filigranes, sur les pays d’origine dont sont issus les familles immigrantes, faisant passer au deuxième plan l’aspect ‘service’ de l’initiative. On reconnaitra d’emblée l’objectif respectable : éviter le repli sur soi de ces communautés en proposant un parcours d’intégration civique. Il y est fait référence aux nombreuses institutions qui se partagent l’aide aux nouveaux arrivants. La montagne de démarche à effectuer étant parfois kafkaïenne, les informations données à propos de Kind&Gezin, du VDAB ou autre Actiris, ne sont pas inutiles. Mais de là à prendre les gens pour des billes, il y a des limites...

Les témoignages des Flamands destinés à faire mieux connaître l’état d’esprit de la région sont grotesques. Au-delà d’un kit d’intégration, il s’agit d’un véritable « guide des bonnes manières » rappelant à qui veut l’entendre que le respect de l’autre, c’est bien, que « faire du mal à quelqu’un est punissable ». Et les exemples sont légion tout au long des 30 pages du fascicule : «Il est conseillé de faire connaissance avec vos voisins. Vous pouvez les aborder personnellement, ou les rencontrer lors d’une fête de quartier », «Les Flamands ne vivent pas dans la rue. Ils vivent principalement dans leur maison », «Les gens ne se rendent pas visite sans prévenir », etc. L’objectif est-il de dégouter les potentiels migrants vers la Flandre ? Une polémique qui donne l’occasion de se pencher sur la question des guides d’intégration en Belgique, et de tenter de faire émerger, de cette polémique stérile, une réflexion autour de la question de l’intégration en Belgique.

Agir dès l’étranger pour faciliter les démarches ou décourager les candidats?

La Flandre n’est pas la seule à tenter d’informer en amont : aux Pays-Bas et en Allemagne, des tests de langue, avec obligation de résultat, doivent être passés avant l’arrivée. En France, un test de maîtrise de la langue est organisé préalablement, dans le cas du regroupement familial. En cas d’échec, le candidat peut rejoindre le territoire français mais doit s’engager à continuer sa formation. Au Québec, le plan global d’intégration prévoit d’ « agir dès l’étranger » via des séances d’informations sur les valeurs communes à respecter au moment de l’arrivée au Canada, basées sur trois grands principes : le français est notre langue officielle, les femmes et les hommes ont les mêmes droits, les pouvoirs politiques et religieux sont séparés.

Chez nous, en Belgique francophone, pas de travail en amont : la brochure « Vivre en Belgique » a vocation à être diffusée auprès des migrants, à leur arrivée en Belgique. Par les communes, les bureaux d’accueil, les centres d’intégration ou les associations, alors que le document de la communauté flamande est distribué en amont, avant l’arrivée dans le potentiel pays d’accueil. Résultat : si l’outil est utile, il est également suspecté de vouloir freiner le flux migratoire, en présentant la Flandre comme un territoire peu avenant : il pleut, il faut travailler dur pour offrir une vie décente à sa famille, le contact humain est codifié, etc.

Officiellement, un seul et même objectif des deux côtés de la frontière linguistique : accompagner les premiers pas des migrants vers une participation à la société en temps que membre à part entière. Mais les deux approches diffèrent. Et l’association de l’initiative flamande à un cabinet NV-A pollue le débat. « La N-VA est pour une politique d’assimilation dans l’espoir de pouvoir construire une Flandre romantique homogène» expliquait ce week-end dans La Libre Belgique Ico Maly qui prépare actuellement une thèse de doctorat sur la rhétorique de la N-VA à l’Université de Tilburg. «Il n’y a pas beaucoup d’issues à cette impasse : ou on les décourage à s’intégrer, ou on les accepte quand même mais, dans ce cas, dit la N-VA, ils doivent devenir comme nous. » 

La Communauté française se veut ‘moins polémique et plus efficace’

Le Ciré (Coordination et Initiatives pour Réfugiés et Etrangers) estime que les approches flamande et francophone de l’intégration sont fondamentalement différentes : la première centrée sur l’idée de parcours multidimensionnel et d’engagement réciproque, l’autre axée davantage sur la mise à disposition de services. L’intégration ‘à la flamande’ serait donc marquée par une démarche d’accueil plus globale.

Du côté de la Communauté française, le kit d’intégration réalisé en janvier 2012 est signé Fadila Laanan, Eliane Tilieux et Charles Picqué. Trois socialistes qui font face à l’initiative de Geert Bourgeois, ministre flamand des Affaires intérieures (N-VA), qui propose son « Migrer en Flandre ». Objectif commun : aider le nouveau venu à connaître la réalité qui l’entoure. Le chapitre consacré à l’Enseignement précise, par exemple, dans les deux fascicules, que l’école est obligatoire à partir de 6 ans mais que la présence en maternelle, dès 2 ans et demi, facilitera l’intégration de l’enfant dans son nouveau pays. La brochure de la Communauté française se contente de le ‘conseiller vivement’ et de donner les informations factuelles y afférant. La brochure de la Communauté flamande se fend d’inutiles ‘conseils’ du genre : « Les enfants doivent toujours être à l’heure à l’école ».

Au cabinet de Fadila Laanan, ministre de l’Egalité des chances de la Fédération Wallonie-Bruxelles, on défend la démarche initiée côté francophone: « Le document ‘Vivre en Belgique’ est rédigé pour être lu par les primo-arrivants et leur entourage (en « français facile ») et leur être utile, et non pour faire de l’affichage et adresser un message sur une « identité nationale » qu’il serait caricatural de figer dans quelques lignes. Notre ambition est de développer complémentairement des modules de formation à la citoyenneté dans lesquels les valeurs et les normes sont abordées de front. Cette approche est moins polémique et plus efficace ».

Le politiquement trop correct peut-il étouffer le débat ?

Mais la polémique entourant la distribution de ce fascicule ne fait-elle pas passer au second plan l’aspect utilitaire de l’initiative ? Si l’on part du principe que celui-vise à amener les uns et les autres à mieux se connaître et à faciliter, par la suite, la compréhension des immigrés dans leur pays d’accueil, l’ensemble du document n’est sans doute pas à balancer aux ordures (qui sont ramassées une à deux fois par semaine selon un calendrier que vous pourrez obtenir dans la commune de résidence, précise le kit). L’aspect ‘normes & valeurs’ pose question mais est trop limitatif par rapport à l’ensemble du document. Le problème, ici, est l’association malheureuse entre normes sociales et normes juridiques. Si le tapage nocturne est juridiquement punissable et se doit d’être respecté, il est dommageable qu’il soit abordé sous l’angle : le Flamand aime le calme. Une dérive que la Communauté française a voulu éviter : « Nous avons voulu être informatifs plus que normatifs pour éviter toute forme de caricature, lorsque l’on sait que notre société est caractérisée par sa diversité» explique-t-on au cabinet de Fadila Laanan.

Au lieu de focaliser l’ensemble de l’attention médiatique sur les informations non-pertinentes reprises dans le fascicule, ne devrait-on pas en garder les éléments relevant, en oubliant, le temps de la critique, le fait que le ministre en charge soit un membre de la NV-A, peu connu pour ses valeurs humanistes ? La question du ‘vivre ensemble’ est réelle dans notre monde ultra-mondialisé où les chocs culturels sont permanents. Ces questions doivent être mises à plat. Le débat autour des questions d’immigration est rarement serein. Cette polémique n’échappe pas à la règle.

15/05/2012, Caroline Grimberghs

Source : Lalibre.be

Le mépris du peuple, comme des élites, pour les Noirs est une constante de la société marocaine. Une réalité trop souvent tue ou minorée. Alors, nous avons demandé à Bassirou de raconter son quotidien, des situations vues, parfois vécues, des humiliations subies, des violences sans fin. C'est un témoignage brut, sans fioritures qui nous renvoie une image guère flatteuse mais qu'il faut néanmoins regarder en face. Oui, de nombreux Marocains sont racistes. Le sujet est tabou. Mais le débat doit s'ouvrir...Suite

La vie des étudiants subsahariens au Maroc est de plus en plus précaire et alarmante. Ces derniers butent sur d'énormes difficultés financières allant du loyer, assez souvent élevé pour ceux ne logeant pas dans des cités universitaires, aux problèmes relatifs au transport pour ceux ne pouvant loger à proximité de leurs établissements…Suite

Le gouvernement autonome de Catalogne envisage de mettre en place un "mécanisme administratif" en vue de permettre aux immigrés sans-papiers de continuer à bénéficier gratuitement des soins médicaux, après la récente décision de Madrid de priver les étrangers en situation illégale de la Carte sanitaire.

La Catalogne "a la ferme volonté de faire en sorte que les immigrés qui n'auront plus droit à la Carte sanitaire, puissent bénéficier des soins médicaux qui leur ont été prodigués jusqu'à présent", a déclaré le conseiller catalan de la Santé, Boi Ruiz.

"Nous devons trouver un mécanisme administratif, alternatif à la Carte sanitaire", a souligné M. Boi lors d'une visite à un hôpital près de Barcelone (nord-est de l'Espagne), mettant l'accent sur la nécessité de faire preuve de "solidarité" à l'égard des immigrés en situation illégale.

Le responsable catalan a également précisé qu'il est en contact permanent avec la ministre espagnole de la Santé, Ana Mato, pour la convaincre d'introduire des modifications au décret interdisant l'octroi de la Carte sanitaire aux sans-papiers avant son adoption par le Congrès des députés.

Engagé dans une politiqué d'austérité sans précédent, le gouvernement espagnol du conservateur Mariano Rajoy avait annoncé, en avril, que les sans-papiers n'auront plus le droit d'accéder aux prestations médicales gratuites en vertu d'un amendement de la Loi sur les étrangers qui sera présenté prochainement au Congrès des députés.

Le gouvernement catalan avait "déploré" cette décision "unilatérale" de l'exécutif central. Madrid "aurait dû prendre en compte les points de vue des communautés autonomes avant de prendre cette décision car ce sont elles qui accordent les soins médicaux", avait déclaré le conseiller catalan au Bien-être et à la famille, Josep Lluis Cleries.

Selon les médias espagnols, plus d'un demi-million de sans-papiers se verraient privés de la Carte sanitaire à laquelle tous les immigrés, justifiant d'un certificat de résidence municipale, pouvaient prétendre. En vertu de cet amendement, l'accès aux soins de cette catégorie d'étrangers, hors pays de l'Union européenne, sera limitée aux seuls cas d'urgence médicale (accident etc.), d'accouchement et du suivi des enfants en bas âge.

Les familles des immigrés, légalement établis en Espagne, n'ayant pas encore obtenu leurs papiers devront se contenter, elles aussi, de ce service minimum.

11 mai 2012

Source : MAP

La Conférence sur les Droits des migrants : Femmes migrantes et travailleurs domestiques, qui se tient dans la capitale kenyane avec la participation du Maroc, a le mérite de montrer que la dimension des droits humains dans les migrations contemporaines bénéficie de plus de considération de la part des principaux acteurs, notamment les décideurs politiques, les chercheurs et les militants des ONG, ont déclaré des participants à la MAP.

Initiée dans le cadre du Partenariat Afrique-Union européenne Migration, Mobilité, Emploi (MME), cette rencontre en tant que cadre de discussion des politiques des Etats membres offre l'occasion de réfléchir aux réponses politiques et aux meilleures pratiques de protection des droits des migrants.

C'est que les cadres de discussion, de dialogues et d'échange d'expériences ne peuvent que renforcer le soutien à la protection des droits des migrants dans l'élaboration des politiques de migration.

Dans cette optique et pour assurer une meilleure protection des femmes migrantes, les analystes relèvent un nombre de domaines importants où les législation sur le travail et la protection sociale pourraient être améliorées aussi bien dans les pays de destination que dans ceux d'origine.

Des suggestions ont été faites à ce sujet, afin d'améliorer le sort des femmes migrantes, telles que l'introduction de la protection légale et sociale pour les travailleurs domestiques et la libéralisation des règles d'entrée et de sortie des migrants, dans le cadre de la migration pour travail temporaire.

Pour de nombreux participants, la question de la migration des femmes mérite une analyse approfondie et des réponses politiques adaptées à la complexité du phénomène et des questions spécifiques soulevées. Pour preuve, notent-ils, plusieurs violations des droits des migrants sont, en effet, signalées par le Rapporteur spécial des Nations Unies sur les droits humains des migrants.

Ces violations sont perpétrées partout dans le monde et portent sur la criminalisation de la migration illégale, l'expulsion, la déportation, la traite humaine, la privation de liberté et le non accès aux soins de santé.

Une attention particulière devra donc être accordée aux femmes migrantes et aux travailleurs domestiques, car leur nombre va crescendo. En 2010, les estimations ont montré que 46,8 pour cent des 19,2 millions de migrants internationaux en Afrique étaient des femmes.

Engagées dans les services domestiques, les travailleuses migrantes restent le groupe le plus vulnérable parmi les travailleurs migrants et sont victimes de discrimination et d'abus sexuels et physiques commis par des agents et des accompagnateurs durant leur transit, soulignent des intervenants.

Ils font observer que dans les pays hôtes, beaucoup de femmes migrantes occupent des emplois relativement peu spécialisés dans les industries manufacturières, les travaux domestiques ou les secteurs des loisirs et souvent sans statut légal avec un accès limité aux services de santé.

Ces femmes et ces filles n'ont pas souvent connaissance de leurs droits, ce qui augmente ainsi leur vulnérabilité du fait de l'absence de mécanismes juridiques nationaux qui reconnaissent et protègent leurs droits , déplorent-ils.

Toutefois, les analystes reconnaissent qu'en réponse aux nombreuses allégations, les gouvernements ont déployé des efforts considérables pour une meilleure protection des droits des migrants, car étant convaincus que la majorité de la population migrante a été obligée de quitter le foyer natal du fait des conditions politiques, économiques et sociales difficiles. C'est dire que les droits des migrants restent toujours une préoccupation et un sujet de débat pour la communauté internationale.

C'est dire aussi que la rencontre de Nairobi a permis de renforcer la coopération entre l'Afrique et l'UE pour la protection des droits légaux, économiques, sociaux et culturels des femmes migrantes et du travail décent des travailleurs domestiques, en vue de l'autonomisation de leur contribution au développement dans le cadre du Partenariat MME.

La Conférence a entamé ses travaux, jeudi à Nairobi, avec la participation du Maroc qui y est représenté par M. Mohammed Baallal, responsable de la Coopération au Ministère de l'Emploi.

Elle réunit des représentants de l'Union africaine, l'Union européenne, des Communautés Economiques Régionales Africaines (CER) et des ONG et Organisations Internationales qui plaident pour les droits des migrants, ainsi que certains acteurs privés.

Deux jours durant, les participants ont eu un regard plus profond sur les droits des migrants, le cadre juridique et institutionnel régional et international, l'autonomisation économique des femmes migrantes et des travailleurs domestiques et les meilleures pratiques et les leçons apprises en Afrique et en Europe.

11/5/2012, Hamid Aqerrout

Source : MAP

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