L’immobilier marocain été à l’honneur à Bruxelles, du 4 au 6 février 2012. Très prisé par la diaspora marocaine ainsi que les étrangers surtout les seniors belges et ceux ou celles mariés à des MRE, il a attiré un nombre important de visiteurs, lors de la 6e édition du Salon de l’immobilier marocain à Bruxelles (SMABXL) qui s’est tenu dans la salle d’exposition « Tours & Taxi ». Durant les trois jours d’exposition, malgré la neige et le froid (jusqu’à moins 10°), près de 40.000 personnes se sont déplacées pour s’enquérir de l’offre proposée par une vingtaine de promoteurs représentant 22 villes, qui englobe des logements haut de gamme dont les prix peuvent atteindre jusqu’à 7 millions de dirhams, de l’habitat intermédiaire et du logement social.
Une fois encore les logements
sociaux plafonnés à 250.000 DH/HT raflent la mise. Une grosse demande a été exprimée pour ce segment très porteur. Rappelons à cet effet, que le nouveau gouvernement avait annoncé qu’un quota sera réservé aux Marocains du monde au niveau de tous les projets immobiliers publics, en l’occurrence ceux réalisés par Al Omrane et Dyar Al Mansour (filiale de la CDG).
Et ce n’est pas pour rien que le groupe Al Omrane a volé la vedette, lors de cette édition. Le stand n’a pas désempli durant les trois jours. Une longue file d’attente a été observée durant les deux premiers jours surtout (samedi et dimanche). Les personnes intéressées ont dû attendre jusqu’à 1h15 avant d’être reçues par les commerciaux du groupe public. « Les clients veulent acquérir des logements sociaux surtout et des logements moyen standing avec une préférence pour les villes de Casablanca et Oujda. Concernant les villas, nous avons recensé quelques demandes », nous a confié Mohamed Kaidi, commercial. Côté budget, la plupart cherchaient des unités ne dépassant pas 300.000 DH, crise oblige. Une offre quasi-inexistante sur le marché national actuellement. « Nous voulons acheter un logement économique à Casablanca ou à El-Jadida, mais nous n’arrivons pas à trouver ce que nous recherchons. À part le logement social, situé dans les quartiers périphériques, aucune offre n’est proposée », déclare Mohamed, un quadragénaire accompagné de son épouse et de ses enfants.
D’autres sont contents de l’offre proposée. « Vu la crise, nous préférons rester vigilants, d’où notre décision d’acquérir un logement à 250.000 DH soit à Tanger où à Fnideq », affirme Mohamed.
Du côté des étrangers, ils étaient un peu plus nombreux que l’édition 2011. Ce sont surtout les seniors qui veulent acheter une résidence au Maroc pour profiter du soleil et passer de bons moments au Royaume. «Nous sommes venus au SMABXL car nous sommes intéressés par l’acquisition d’un pied-à-terre au Maroc. Les offres exposées sont tellement fort intéressantes que nous comptons venir dans les prochaines semaines sur place pour concrétiser l’achat », a souligné un couple belge âgé de 66 ans. D’autres Belges ou Européens mariés à des MRE étaient également de la partie.
Ils recherchent une résidence secondaire de haut standing voire même de moyen standing pour y passer les vacances.
Côté réalisations, des exposants ont même finalisé des transactions et sont partis avec des commandes fermes. D’autres ont établi le premier contact et attendent que ces clients repartent au Maroc pour concrétiser leur achat.
« Nous sommes satisfaits du SMABXL qui a su drainer suffisamment de Marocains résidents à l’étranger qui sont intéressés par l’investissement. Généralement, la plupart des demandes convergent vers un segment de marché orienté social et vers l’investissement dans le lotissement à vocation sociale », a affirmé Rachid M’ghari, directeur général de City Cap. Et d’ajouter : « Tous les exposants ont fait de bonnes affaires et ont eu des prescripteurs qui ont concrétisé un certain nombre d’achats ». À noter que ce jeune groupe immobilier, qui propose des logements sociaux à Meknès et des lots à Fès, a établi plus d’une centaine de contacts avec des acheteurs potentiels.
De son côté, Kenza Zerrou, responsable commerciale du pôle touristique et balnéaire de Novalys, filiale de Onapar Holding affiche sa satisfaction. « Durant ces trois jours, nous avons reçu la visite de clients intéressants et fort intéressés pour acquérir un logement de luxe au Maroc.
Ce sont surtout des couples belges, mais également des Marocains résidant en Belgique ».
Même son de cloche auprès de Mohamed Saoud, dont le groupe fait la promotion de la troisième tranche de son projet haut standing à Larache « Cœur de ville » qui a changé le centre de cette ville. « Nous sommes satisfaits de ce Salon. Nos objectifs ont été atteints et nous avons enregistré plusieurs demandes ».
In fine, ce Salon profite de la dynamique que connaît le secteur de l’immobilier et surtout de l’engouement de la diaspora marocaine pour l’acquisition d’un logement au Maroc dont la stabilité économique et politique a fait l’exception. Résultat : des jeunes, des seniors, des couples répondent toujours présents lors de ces événements. Les promoteurs immobiliers se frottent déjà les mains en attendant l’arrivée des Marocains du monde durant l’été.
Le Nord à l’honneur
Les provinces du Sud ont été à l’honneur au SMABXL 2012. Les visiteurs étaient nombreux à s’enquérir des opportunités d’investissement dans la région auprès du stand de l’Agence de développement des provinces du Nord (APDN). Les représentants de cet organisme public ont joué le rôle de conseiller auprès de la diaspora et des étrangers intéressés par l’investissement dans la région mettant en avant le Nord en tant que modèle de développement régional durable et de locomotive économique nationale. Le but est de donner une visibilité sur cette partie du Royaume et de promouvoir les potentialités de cette dernière. L’APDN, créée en 1996, est la première agence nationale de développement à vocation territoriale. Elle couvre deux régions du Nord (Tanger-Tétouan et Taza-Al Hoceima-Taounate) regroupant 11 provinces et préfectures. Elle compte 5 millions d’habitants et s’étale sur une superficie de 35.973 km2, dont 400 km2 de littoral.
Avis du spécialiste
Brahim Abouyoub, directeur de Banque Chaabi du Maroc
«La préférence des clients est orientée vers le logement social»
Quel bilan faites-vous de la participation de Banque Chaabi du Maroc aux Salons immobiliers marocains à l’étranger ?
Nous participons à cinq à Salons par an, en l’occurrence ceux de Paris, Bruxelles, Marseille, Barcelone, Milan et Lyon. Nous sommes satisfaits des résultats obtenus jusqu’à présent.
Dans le cadre de ces Salons, nous essayons d’assurer le maximum de services. Naturellement, nous proposons le financement des projets immobiliers, qui est l’activité principale lors de ces manifestations et accessoirement nous vendons d’autres services, crédits à la consommation pour financer les investissements, des ouvertures de compte, etc. Nous effectuons également des simulations sur place et nous conseillons notre clientèle.
Quels sont les segments prisés par la diaspora marocaine ?
La préférence des clients est orientée vers le logement social et à moindre mesure économique. Le haut standing étant hors de la portée de la majorité de la diaspora vu les effets de la crise économique sur l’Europe.
De notre côté, pour encourager la clientèle, nous lui proposons un taux promotionnel de 6,5% HT, lors des Salons dédiés à l’immobilier.
L’artisanat mis en exergue
Durant les trois jours de l’exposition, l’animation a battu son plein. C’est grâce aux efforts consentis par la « Maison de l’artisan » qui a occupé un pavillon de 300 m2 regroupant des artisans (sculpteurs sur bois, sculpteurs sur marbre et spécialistes de zellige) en plus de commerçants venant faire la promotion des produits de l’artisanat marocain. Ce stand commun met en avant le savoir-faire millénaire et l’excellence des artisans et décorateurs marocains, le tout dans une ambiance musicale typiquement marocaine. À noter que la « Maison de l’artisan » prend en charge 80 % du coût des stands et les exposants les 20 % restants. « Nous sommes contents de notre participation pour la deuxième fois au SMABXL.
Cette année nous avons pris un pavillon de 300 m2 et nous comptons l’année prochaine renforcer notre présence à ce Salon professionnel qui est incontournable », a affirmé Abdellah Aadnani, directeur général de la « Maison de l’artisan », organisme
public en charge de la promotion de l’artisanat au Maroc et à l’étranger.
Avis du spécialiste
Lotfi Chelbat, directeur général de Smabxl
«Le bilan est très positif»
Quel est le premier bilan du salon ?
La 6e édition du Smabxl a très bien marché. Nous avons enregistré quasiment 40.000 visiteurs. Côté exposants, nous avons réuni trente-cinq exposants représentant 22 villes. Nous sommes contents de recevoir autant de monde malgré les conditions climatiques qui étaient sévères. Cette année, la plupart des exposants m’ont affirmé leur intention de participer à la prochaine édition de 2013. Nous avions eu des promoteurs qui proposent des logements entre 5 et 7 millions de DH et qui en ont vendu trois unités. Des ventes exceptionnelles malgré la crise. Il y a eu beaucoup de demandes sur le social. Les promoteurs issus des provinces du Nord ont également cartonné. Pour moi, le bilan est très positif.
Quelles sont les raisons du report de l’édition de Rotterdam ?
Nous venons à peine de boucler le Smabxl 2012. Nous préférons donner plus de temps aux promoteurs pour pouvoir nous organiser et souffler avant d’entamer un deuxième périple. Pour le moment aucune date n’est fixée, mais la première édition du Smabxl à Rotterdam sera tenue courant 2012.
8/2/ 2012,Nadia DREF
Source : LE MATIN
Dans le cadre de la dix-huitième édition du Salon international de l’édition et du livre (SIEL) de Casablanca, qui se tiendra du 10 au 19 février 2012, le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME) tient cette année un stand avec d'autres partenaires, dont notamment le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), l’Instance Centrale de Prévention de la Corruption (ICPC) et le Conseil de la Concurrence. Consulter le catalogue.
Dissimulée par le jargon économique envahissant la campagne présidentielle depuis le début, la question des banlieues populaires et du développement de l'islam de France a soudain fait irruption avec les propos du ministre de l'intérieur. Selon lui, " toutes les civilisations, toutes les pratiques, toutes les cultures, au regard de nos principes républicains, ne se valent pas''• Et de l'illustrer de deux exemples se rapportant au port du voile intégral ou niqab, prôné par les salafi stes, et aux prières de rue le vendredi que Marine Le Pen avait comparées à l'invasion nazie…Suite
Des Ong françaises se sont élevées mardi contre l'enfermement des enfants étrangers dans des centres de rétention administrative (CRA) au "seul motif" que leurs parents sont des sans-papiers.
L'Observatoire de l'enfermement des étrangers et le Réseau 201, Education Sans Frontières regrettent dans une déclaration conjointe qu'en dépit des textes internationaux qui garantissent leur protection, les enfants "ne sont en effet pas épargnés par la politique + du chiffre + en matière d'immigration et d'enfermement des étrangers, et se trouvent privés de liberté au motif que leurs parents sont sans papiers".
Ils rappellent que pour la seule année 2010, 356 enfants ont été retenus dans les CRA en France, dont 80% âgés de moins de 10 ans , et 518 ont été maintenus dans les zones d'attente, les enfants de 13 à 18 ans étant généralement enfermés dans les mêmes locaux que les adultes.
Pour les Ong contestatrices, l'enfermement des enfants et des mineurs étrangers, seuls ou avec leurs parents, heurte les principes protégés par des textes internationaux dont la Convention Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) et la Convention Internationale des Droits de l'Enfant (CIDE).
La France avait ouvert, en août 2011, 40 places pour les familles et installé des structures d'accueil et aires de jeux dans le nouveau CRA du Mesnil-Amelot, en Ile-de-France. Des mesures interprétées par des Ong comme le signal d'une augmentation de l'enfermement des enfants programmée par le ministère de l'Intérieur.
Pour elles, priver de liberté des dizaines de milliers d'étrangers - parfois jusqu'à 45 jours - pour des raisons administratives est "l'affichage le plus visible de la politique du gouvernement en matière d'immigration et de ses objectifs chiffrés".
Le Comité des droits de l'enfant des Nations unies rappelle régulièrement mais en vain la France à l'ordre au sujet de l'enfermement des enfants étrangers.
Le 19 janvier 2012, la Cour Européenne des Droits de l'Homme (CEDH) l'a condamnée pour les traitements, considérés comme inhumains et dégradants, infligés à de jeunes enfants placés en rétention.
07/02/2012
Source : APS
Des figurants utilisés dans une cérémonie pour la citoyenneté canadienne (presse) Haut du formulaire
Six fonctionnaires fédéraux se sont fait passer pour des "Néo-Canadiens" lors d'une cérémonie spéciale de réaffirmation de la citoyenneté canadienne, organisée dans les studios de la chaîne de télévision Sun News, à Toronto, rapportent des médias locaux.
Comme seules trois des 10 personnes dont la présence avait été confirmée par le ministère canadien de l'Immigration se sont véritablement présentées, en octobre dernier, aux studios de Sun News, des fonctionnaires "figurants" ont joué les immigrants nouvellement reçus, explique-t-on.
"Mais avant de choisir cette option très controversée, le ministère (de l'Immigration) avait téléphoné à des centaines de "vrais" nouveaux citoyens pour tenter de les convaincre de prendre part à la cérémonie", selon le journal La Presse. "Mais l'événement ayant été préparé à la hâte, seulement trois Néo-Canadiens se sont présentés. Ainsi, pour que la cérémonie ait des allures plus sérieuses, on a demandé à six fonctionnaires de jouer les nouveaux citoyens. Ils ont même été interrogés par les animateurs de Sun News à titre de Néo-Canadiens, notamment pour raconter comment ils s'étaient sentis en interprétant l'hymne national", écrit la publication.
Le Nouveau Parti démocratique (gauche) n'a pas tardé à s'emparer de l'affaire et à déposer une plainte devant le Commissariat à la protection de la vie privée du Canada, selon la même source.
08/02/2012
Source : MAP
Le Conseil des Oulémas pour la communauté marocaine en Europe constitue désormais, grâce aux actions menées depuis sa création, un support en matière d'encadrement et d'orientation de la communauté marocaine à l'étranger, ce qui lui ouvre la voie pour renforcer sa référence religieuse au niveau européen, a affirmé le président du conseil, Taher Tijkani.
M. Tijkani, qui intervenait lors de la 5ème session ordinaire du conseil, mardi à Rabat, a appelé à déployer davantage d'efforts en particulier dans l'encadrement des jeunes marocains en Europe pour les prémunir contre l'extrémisme et la déviation, ajoutant que la crise de l'identité religieuse et culturelle que vivent ces jeunes nécessite la qualification des interlocuteurs de cette catégorie notamment les oulémas, les prêcheurs, les enseignants et les acteurs associatifs.
Le Conseil est en mesure d'atteindre cet objectif et de créer un lien entre ces jeunes et leur culture, leur religion et leur identité nationale, a-t-il dit, ajoutant que la communication avec cette catégorie implique l'élaboration d'un discours adapté et être à leur écoute pour gagner leur confiance et les aider à suivre le chemin du juste milieu, de l'ouverture et du dialogue.
De son cô té, le secrétaire général du Conseil supérieur des oulémas, Mohamed Yessef, a rappelé que la tenue de cette session coïncide avec la célébration de Aid Al-Mawlid Annabaoui, ajoutant que les Marocains ont été depuis toujours les premiers à préserver les coutumes liées à la célébration de cet anniversaire.
M. Yessef a indiqué, par ailleurs, que le chantier de développement que connait le Maroc sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI touche deux aspects : celui du développement traduit par les différents projets ouverts dans les différents domaines et celui se rapportant à la sécurité spirituelle des Marocains.
C'est dans ce cadre qu'intervient la création du conseil des Oulémas pour la communauté marocaine en Europe, dont le but est d'assurer la sécurité spirituelle des Marocains d'Europe, de défendre les constantes de la Nation et de promouvoir le modèle marocain réputé pour sa modération et son ouverture sur l'autre.
Au menu de la 5ème session ordinaire du conseil, l'approbation du programme d'actions du conseil au cours de 2012 et l'examen des moyens de promouvoir le rô le de cette institution en Europe.
Le Conseil envisage ainsi l'organisation d'une série de rencontres scientifiques dans plusieurs pays européens, notamment en Belgique et en France, outre des sessions de formation sur les jeunes en Europe sous le thème "la jeunesse musulmane en Europe et la culture de la mondialisation". Il prévoit également des concours de psalmodie du Saint Coran et des rencontres de communication au niveau européen en faveur des oulémas, des présidents des associations, des cadres marocains, des femmes et des instances scientifiques, religieuses, politiques et sociales.
Le Conseil des Oulémas pour la communauté marocaine d'Europe, créé en octobre 2008, Âœuvre en faveur d'un dialogue entre toutes les religions et les croyances et de l'ouverture sur les différentes cultures de la société européenne, avec pour objectif fondamental la réalisation de la sécurité spirituelle des musulmans, outre la prémunition des jeunes contre l'extrémisme et la déviation.
Le Conseil se donne également pour objectif d'appuyer les jeunes à appréhender et assimiler les objectifs et les finalités réelles de l'Islam, en adéquation avec le concept de la citoyenneté et de renforcer la prise de conscience des musulmans établis en Europe quant aux valeurs de tolérance, de modération, de solidarité, de paix et d'amitié, prô nées par l'Islam.
07/02/2012
Source : MAP
Depuis trente ans, la santé des immigrés se dégrade. C’est un constat partagé à la fois par de nombreux chercheurs qui étudient les évolutions de l’immigration étrangère depuis les années 70 (1). C’est aussi celui des responsables associatifs mobilisés au quotidien auprès des plus pauvres, qui observent les difficultés croissantes d’accès aux soins des étrangers qui ont moins recours aux médecins généralistes et encore moins aux spécialistes; sans parler des barrières linguistiques, administratives et financières qui jalonnent leur parcours médical.
On apprend ainsi que 35% des immigrés étrangers et 20% des personnes naturalisées ne bénéficieraient pas de complémentaire santé, contre 7% des Français. Par ailleurs, un tiers des bénéficiaires de l’Aide Médicale d’Etat (AME) (2), dispositif de protection sociale spécifique aux personnes en situation irrégulière (entre 150.000 et 300.000 suivant les estimations (3)), déclare avoir été confronté à un refus de soin de la part de professionnels de santé.
Présentés par certains responsables politiques comme des «assistés profitant du système», ils se retrouvent, notamment pour des raisons électorales, stigmatisés et pointés du doigt, dans un contexte sécuritaire qui accroît leur exclusion, en contradiction, jusqu’à l’absurde, avec la mise en œuvre rationnelle des politiques de santé publique (4).
Autrement dit, comme un miroir de notre société, si la dégradation de l’accès aux soins concerne tout le monde, elle frappe particulièrement les plus pauvres, les plus exclus et marginalisés, dont «l’étranger».
Situation absurde
Devant cet état de fait, le Conseil national des politiques de lutte contre la pauvreté et l’exclusion sociale (CNLE) (5) proposait en juillet 2011 la levée des conditions d’accès à l’AME, soumise depuis l’an dernier à un droit d’entrée fixé à 30 euros par le gouvernement de Nicolas Sarkozy sous couvert notamment de lutte contre les fraudes; autant dire une nouvelle barrière quasi infranchissable pour les plus pauvres. De façon pragmatique, il proposait logiquement de simplifier les démarches des patients en fusionnant l’AME avec la couverture médicale universelle (CMU), ouverte aux personnes résidant en France de manière stable et régulière. Des mesures soutenues par Médecins du Monde. Seront-elles mises soutenues par les candidats à la prochaine élection présidentielle ? Rien n’est moins sûr.
Nul besoin de long discours pour comprendre l’absurdité de la situation, comme le rappelle le Docteur Jean Nau, responsable bénévole du Centre d’Accueil, de Soins et d’Orientation (CASO) de Médecins du Monde à Paris (Parmentier) qui décrit les obstacles quotidiens que doivent franchir ses patients au risque de renoncer à se faire soigner.
«Désiré, malien de 28 ans, vit en France depuis 2 ans. Plutôt mal d’ailleurs: pas de logement stable, quelques petits boulots de temps en temps. Comme lui, de plus en plus de patients s’adressent au CASO de Médecins du Monde de Paris: migrants, demandeurs d’asile, mais aussi assurés en situation de précarité ne pouvant assumer le «reste à charge» d’une consultation ou des médicaments à acheter. Pour se soigner, il devrait pouvoir bénéficier de l’Aide Médicale d’Etat (AME). L’AME permet depuis 1999 aux étrangers démunis résidant en France depuis plus de 3 mois de bénéficier d’une couverture maladie. C’est un droit fondamental pour mon malade, mais c’est aussi une avancée en santé publique: des maladies soignées à temps évitent la diffusion des maladies transmissibles et le recours à des soins hospitaliers beaucoup plus coûteux.
Il y a le droit … et les réalités. Les domiciliations (en l’absence d’adresse personnelle) sont de plus en plus difficiles à obtenir ; pour prouver ses 3 mois de présence, le justificatif accepté est variable selon les Caisses Maladie et d’un mois à l’autre; les centres d’accueil pour le dépôt des dossiers se raréfient (deux seulement pour tout Paris où se concentrent plus de la moitié des demandes, soit 65.000 demandes d’AME par an).
Si son dossier n’est pas rejeté, et s’il a 30 euros ce jour-là, Désiré ira chercher sa carte d’AME dans 3 mois, au mieux … ou dans 6 mois.
AME ou CMU, ce n’est pas une garantie pour accéder aux soins. En Ile-de-France, et à Paris en particulier, les médecins généralistes sont rares dans certains quartiers, particulièrement là où la précarité est la plus grande. De plus, les dépassements d’honoraires, surtout chez les médecins spécialistes, sont fréquents. Autant d’obstacles à l’accès effectif aux soins. Il ne faut donc pas s’étonner qu’un nombre de plus en plus grand de personnes en situation précaire renoncent à des soins pourtant indispensables ».
Dans le contexte actuel de crise, il est difficile de penser que la santé des immigrés s’améliore prochainement. L’Observatoire du Droit à la Santé des Etrangers (ODSE) vient de publier un communiqué de presse (6) dénonçant cette fois-ci la Caisse Primaire d’Assurance Maladie de Paris qui «sacrifie les sans-papiers». Sous couvert de réduction des coûts et de rationalisation des dossiers d’ouverture de droits à l’AME, la CPAM interdit depuis 2 mois les dépôts des demandes dans les centres de sécurité sociale de quartier, en les concentrant dans deux centres uniquement, désormais interdits au reste de la population, et transformés en agences spécialisées pour sans-papiers… Deux mois après la mise en place de ce dispositif, l’ODSE dénonce la stigmatisation que cela induit sur les étrangers, la paralysie du dispositif (files d’attente interminables dès le milieu de la nuit, accueil sous tension, traitement anarchique des dossiers, absurdité du système…) mais aussi la délégation de fait de la gestion de l’AME aux associations.
L’alerte est sérieuse alors que les besoins des plus pauvres augmentent et que de nombreuses associations se retrouvent en difficultés (afflux des demandes, réduction des financements, démission de l’Etat…etc.).
7/2/2012, Olivier Bernard et Pierre Salignon, avec Docteur Jean Nau
Source : Libération