L a persistance de la crise économique n'a pas freiné les migrations et le nombre total de migrants dans le monde n'a pas diminué ces dernières années. Dans son rapport de 2011 sur « L'état de la migration dans le monde », rendu public mardi 6 décembre, l'Organisation internationale pour les migrations (OIM) estime à 214 millions le nombre de migrants internationaux…Suite
Yvan Gastaut, maître de conférences en histoire contemporaine à Nice analyse les relations entre l’opinion publique et l’immigration en France.
Limitation de l’immigration légale, refonte du droit d’asile... Que traduisent les récents propos du ministre de l’Intérieur Claude Guéant ?
Cela dénote deux choses. D’une part, des ambitions électoralistes évidentes. Agiter le spectre de l’immigration est souvent une manière de répondre à une peur, donc d’attirer un vote. Depuis 1983, il y a une véritable stigmatisation et focalisation de cette question sur le plan électoraliste. L’immigration, l’insécurité, l’islam sont des thématiques récurrentes qui ne manquent pas de nourrir le débat public à chaque élection. D’autre part, cela traduit une peur du corps social qui renvoie en temps de crise économique ou morale à l’image de l’étranger qui vient perturber l’ordre de la nation, prendre le travail des Français… Et là, Claude Guéant joue vraiment son rôle. Il représente à la fois le bras armé du gouvernement dans une stratégie électoraliste présupposant que les Français auront plutôt tendance à soutenir un Premier ministre et un président qui seraient très hostiles à l’immigration et aussi la peur de l’entrée des migrants de la part de la société française.
L’immigré a toujours souffert de cette image dans l’histoire de la Ve République ?
On ne peut pas dire toujours. Certains moments comme le contexte électoral favorisent ce type de figure mais celle-ci peut être remplacée par d’autres qui se superposent. D’où la complexité de la question… Il y existe par exemple la figure positive de l’immigré : Zinedine Zidane, le héros sportif, Jamel Debbouze… Cette image de l’immigré intégré qui connaît une réussite sociale montre une certaine France plurielle. Elle fait de ses étrangers de bons Français. C’est une toute petite minorité mais elle est acceptée et acceptable. La Coupe du monde de football 1998 est une figure positive de l’immigration. Cependant, elle ne dure pas.
Alors finalement que retient l’opinion publique ?
Le propre de l’opinion publique est d’être versatile. On peut avoir à un moment un soutien à certaines de ces figures issues de l’immigration qui vont susciter la passion, l’intérêt et la mobilisation. Et dans le même temps, des comportements de fermeture liés à un contexte de crise. Les deux peuvent cohabiter dans l’opinion publique. En 1983 par exemple, la marche des beurs part de Marseille pour Paris dans le but de dire qu’il faut lutter contre le racisme. Les médias s’emparent du sujet. Le temps est peut-être venu de considérer que la France est plurielle, métissée, multiculturelle… Le président François Mitterrand accueille les marcheurs pour l’égalité à l’Elysée en décembre 1983. Au même moment éclate dans la presse l’affaire du meurtre du Bordeaux/Vintimille, qui montre le racisme ordinaire. La montée du FN se fait exactement au même moment.
Vous évoquez les médias. Mais quel rôle jouent-ils ?
Un rôle essentiel par leur manière de rendre compte et parfois d’amplifier les phénomènes. On a vu comment en 2002, les images du visage tuméfié de Paul Voise, ce retraité soi-disant frappé par une bande de jeunes issus de l’immigration avaient suscité une série de discours à la veille de l’élection, ont peut-être influencé certaines personnes à voter pour Jean-Marie Le Pen. Le poids des médias est important. La question de l’immigration est une boîte à fantasmes qui nourrit les médias et qui fait vendre.
Mais alors entre l’image donnée par les pouvoirs publics, les médias et la réalité…
Il y a un fossé mais aussi des liens. Un fossé parce que les médias déforment, grossissent ou minorent parfois certaines réalités. Des populations dont on ne parle jamais peuvent pourtant être dangereuses ou stigmatisées. Je pense aux Chinois ou aux Portugais qui pendant longtemps ont été absents des médias en bien comme en mal d’ailleurs. Tandis que d’autres populations sont omniprésentes.
Il y a d’un côté la réalité du racisme, de la xénophobie ou de l’intégration que l’on mesurerait avec des chiffres mais sans être certain d’être dans la vérité absolue et de l’autre les représentations. C’est à dire la manière dont on regarde les migrants. Ces deux aspects doivent être confrontés. Parce que la réalité ne va pas sans sa représentation et la représentation pas sans la réalité qui la sous-tend. Mais quelles sont les distorsions ? Pourquoi à un moment donné, parle-t-on beaucoup plus des Arabes ?
Pour quelles raisons passe-t-on brutalement d’une vision positive à une vision négative ? Pourquoi la question du voile islamique va provoquer une montée de boucliers et dans quel contexte ?
Si on travaille sur l’immigration seulement en terme de chiffres, d’entrées, de sorties et de politiques publiques, il manque un aspect très important qui est la manière dont le pouvoir et les médias gèrent ces sujets. Parce qu’évidemment, dans les cadres structurants de la représentation de l’immigration, il y a forcément le pouvoir médiatique, le pouvoir politique et l’administration.
N’est-ce pas la preuve que la France n’a toujours pas accepté son immigration ?
Elle l’accepte mais avec difficultés. La question de l’intégration met en scène une acceptation mais sur un temps long. Et c’est là tout le problème : une France qui accepte et une France qui n’accepte pas. Rien n’est jamais acquis en fait. Il serait simpliste de déclarer que les Français n’acceptent pas les immigrés. En revanche ce que l’on peut dire, c’est que l’acceptation est un long processus. Dans les années 50 et 60, le sujet de l’immigration n’était pas posé mais cela ne veut pas dire que le racisme n’existait pas dans la société française. Je pense que cette question de l’acceptation doit être posée dans un cadre complexe. L’histoire montre que les vagues d’immigration s’intègrent et donc que finalement il y a acceptation. Mais cela se fait très souvent dans le mode du conflit et surtout cela demande du temps.
Selon vous, la politique menée par le gouvernement aura des conséquences lourdes ?
Oui et non. Certes des mesures ont été prises mais les politiques d’immigration par définition sont des politiques qui justement jouent de ces représentations. Très souvent la politique de Sarkozy est une politique qui s’adresse aux médias avant tout, parfois irréalisable d’ailleurs. Mais qui peut être supplantée par une évolution politique. Alors, oui sans doute, cette politique peut faire mal. Elle aboutit peut-être à des chimères médiatiques qui font que bien souvent ce qui est monté d’une certaine manière par un gouvernement peut être démonté par un autre.
Le danger n’est-il pas d’oublier toutes les richesses que l’immigration peut apporter à la France ?
Aujourd’hui, des voix s’élèvent pour considérer que l’immigration apporte à la France. Prenez la Cité nationale de l’immigration à Paris, ce qui se fait également à Marseille sur un certain nombre de manifestations y compris culturelles … Depuis des décennies, il y a une série de mobilisations sur l’idée de prendre en considération cette France qui s’est construite par les apports multiples etc. Alors, cela a du mal effectivement à passer au sein de la majorité de l’opinion publique... Mais je dirais qu’il y a pas mal de militantisme, d’attentions politiques et médiatiques qui permettent sans doute de prendre en compte y compris chez les enseignants et dans leur enseignement que les migrants ont parfois souffert pour la France. C’est un processus qui est en cours. Il faut probablement le confirmer mais des structures y travaillent.
5/12/2011, Sandrine Guidon
Source : La Marseillaise
Le foulard est de nouveau à l'ordre du jour. Après le jugement d'octobre dernier, validant la décision de la direction de la crèche Babyloup contre une de ses puéricultrices, qui portait un voile, deux autres affaires mettent le hidjab sur le devant de la scène.
La première affaire est la décision du tribunal administratif de Montreuil, rejetant le recours d'une mère du collectif Mamans toutes égales, qui réunit des personnes de toutes convictions, contre la modification du règlement intérieur de l'école Paul-Lafargue de Montreuil. Cette modification impose aux parents accompagnateurs des élèves en sortie scolaire de ne pas porter de signes religieux.
Les attendus de cette décision valent leur pesant de moutarde. En effet, le tribunal administratif, pour être juridiquement correct, énonce deux perles.
La première perle est que le règlement intérieur, ainsi modifié, «ne (porte) pas une atteinte excessive à la liberté de pensée, de conscience et de religion». L'excès en tout étant un défaut, nous voilà bien soulagés! Sauf qu'il faudra veiller à mettre l'ensemble de nos lois et notre Constitution en conformité avec une aussi belle décision.
Deux mesures urgentes doivent immédiatement être prises. La première concerne la loi de 1905. Aristide Briand, quel étourdi!, a laissé passer un fâcheux Article Ier qui affirme: «la République assure la liberté de conscience». Or c'est complètement ringard. Désormais, il faut remplacer cette malencontreuse affirmation par une formulation beaucoup plus laïque: «La République ne porte pas une atteinte excessive à la liberté de conscience».
Autre mesure nécessaire: en 1958, un autre étourdi, Charles de Gaulle, a laissé passer un tout aussi fâcheux Article I, dans la Constitution de la Vème république: «La France est une république indivisible, laïque, démocratique et sociale (...) Elle respecte toutes les croyances». Aller, ouste, supprimons cette dernière phrase pour la remplacer par cette magnifique affirmation: «La France est une République (...) laïque (...). Elle ne porte d'atteinte excessive à aucune croyance.». Et il en est ainsi de toutes les libertés: les fadettes ne constituent pas, bien sûr, une atteinte excessive à la liberté d'information!
La seconde perle énoncée par le tribunal est la suivante: rien dans la loi ne déclare que le règlement Intérieur d'une école «soit tenu de respecter ou de contribuer à la cohésion sociale». Alors là, bravo, bravissimo! D'ailleurs, le Haut conseil à l'Intégration a applaudi des deux mains. Ou irait-on, en effet, si l'école laïque et républicaine se fixait parmi ses objectifs de contribuer, ou même (seulement) de respecter la cohésion sociale, voire de favoriser le vivre-ensemble, et même, horreur, de lutter contre les discriminations? Je vous le dit tout net: la République ne tarderait à être en grand danger. Pire, au bout d'un certain temps, le Haut Conseil à l'Intégration risquerait même d'être devenu inutile. Quel cauchemar!
Par des conférences et des cours, j'ai parlé de la laïcité dans 40 pays de tous les continents. Bien souvent, les personnes des Ambassades de France que je rencontre trouvent que la «laïcité française est mal comprise». Et si, au contraire, les habitants de la planète qui ne disposent pas du merveilleux privilège d'être Français, comprenaient néanmoins très bien les déformations que certaines autorités de notre pays font subir à la laïcité? Si c'était ce type de décision qui fait obstacle à la compréhension de la laïcité, dont la France se targe souvent d'être la propriétaire?
Seconde affaire: les propositions de loi concernant les crèches et centres de loisirs déposées au Sénat, où la gauche est maintenant majoritaire. Françoise Laborde, sénatrice PRG de Haute Garonne, voulait interdire le port de signes religieux à tous les professionnels de la petite enfance, publics ou privés. Elle suivait une réclamation du Haut Conseil à l'Intégration qui prétend les interdire à «toutes les structures privées des secteurs social, médico-social ou de la petite enfance». Les chevènementistes ont abondé dans ce sens. Cependant, une telle loi pourrait être retoquée par la Cour européenne comme contraire aux «droits de l'homme et libertés fondamentales».
Le sénateur socialiste du Val d'Oise, Alain Richard, a refreiné quelque peu les ardeurs de sa collègue. Il propose d'étendre aux crèches et centres de loisir la notion de «caractère propre» provenant de la loi Debré de 1959, sur l'enseignement privé sous contrat, loi considérée à l'époque par les socialistes, comme anti-laïque par excellence! Mais ainsi, l'atteinte à la liberté de conscience ne serait pas «excessive»! Finalement, la stratégie de l'UMP et de Guéant qui ont dissocié la «liberté religieuse» de la laïcité, pour faire de la première un renouveau des liens entre la religion et l'Etat, et de la seconde le synonyme d'un contrôle de la religion des individus serait ainsi avalisée par le PS! Un tel projet aurait, sans doute, les voix de l'UMP qui pourrait alors déclarer que son fameux débat d'avril dernier était précurseur.
Il y aurait désormais, officiellement deux structures, une avec interdiction de porter des signes religieux ou d'avoir chez soi des objets religieux, quand on accueille des enfants à domicile, et l'autre (recevant également des fonds publics) considérée comme ayant un caractère confessionnel où cette obligation ne s'imposerait pas. Alors que la loi Debré tenait compte du fait de l'existence d'un enseignement confessionnel, cette mesure va développer un secteur confessionnel là où il n'existe que de façon marginale. Très vite, ce secteur pourra ne pas se limiter aux signes et objets religieux. Quand au secteur «laïque», ainsi atrophié, s'il peut faire regarder par nos chers bambins, des heures durant, des émissions de télévision plus ou moins débiles et pleines d'encarts publicitaires afin de remplir leur «espace de cerveau disponible», ce sera «Cachez ce signe et cet objet religieux qu'ils ne sauraient voir», bien que cela les indiffèrent comme l'an quarante. Ils voient bien d'autres choses beaucoup plus agressives et perturbantes!
Rappelons qu'après la loi de 1905, les municipalités ont accordé des subventions à des œuvres catholiques et à des patronages paroissiaux. La pratique se généralisant, certains ont alors protesté. Une déclaration de Pierre Bourdan, Ministre de la Jeunesse dans le gouvernement du socialiste Paul Ramadier, en 1947, un an après que la laïcité ait été inscrite dans la Constitution, a mis fin au débat. Lorsqu'un mouvement à un but «principalement éducatif», a-t-il déclaré, peu importe qu'il soit «teinté de confessionnalisme»: si «dans le domaine éducatif, les services rendus sont évidents, j'estime que ce mouvement a droit à une subvention». En ce temps-là, la laïcité se préoccupait de liberté de conscience et de cohésion sociale. C'est notamment pourquoi, d'ailleurs, l'extrême droite ne pouvait s'en réclamer.
A première vue, c'est quand même extraordinaire que, quand la gauche redevient majoritaire au Sénat, une de ses fortes priorités soit de faire la chasse aux femmes qui portent un foulard, de les exclure le plus possible du marché du travail, alors que l'on sait très bien que pouvoir travailler est, pour une femme, un facteur essentiel d'autonomie. Tout est fait pour les désocialiser et les mettre sous la dépendance de leur mari. Et le pire c'est qu'au bout du compte, les mesures répressives et excluantes qui sont ainsi concoctées ont plus de ‘chance' d'être appliquées que le droit de vote des étrangers aux élections municipales.
Le parti socialiste se veut l'hériter de Jaurès. Avec cette proposition de loi, il se montre plutôt le successeur d'un Guy Mollet. Rappelons que Jaurès, en son temps, s'est fait traiter de «socialiste papalin», et accusé de vouloir le «recul» de la laïcité, par une loi qui «consacre l'asservissement des prêtres et des fidèles catholiques au joug romain» (La Dépêche du Midi, 26 avril 1905). Cela, parce qu'il défendait une loi de séparation conciliante à l'égard du catholicisme. Mais dans le même quotidien, il avait expliqué ses raisons: la loi de séparation doit se montrer accommodante, créer une laïcité acceptable par tous, pour que la «démocratie puisse se donner toute entière à l'œuvre immense et difficile de réforme sociale et de solidarité humaine que le prolétariat exige» (La Dépêche du Midi, 15 août 1904). Jaurès prônait une stratégie à long terme, où les catholiques seraient progressivement gagnés par des «impressions de laïcité» (21 avril 1905). Cela a mis un bon demi-siècle (Vatican Ii a commencé en 1962). Jaurès ne se servait pas de la laïcité comme un masque pour cacher son impuissance à résoudre les problèmes sociaux. C'est ainsi qu'il a aidé Briand à construire une œuvre durable, irréversible.
Et aujourd'hui, on aurait pu espérer que la victoire de la gauche au Sénat relancerait la lutte contre les discriminations. Dix des vingt-six mesures préconisées par la Commission Stasi, en 2003, concernent cette lutte. Et la Commission écrit: «S'il est nécessaire de promouvoir la laïcité, celle-ci ne retrouvera sa légitimité que si les pouvoirs publics et l'ensemble de la société luttent contre les pratiques discriminatoires et conduisent une politique en faveur de l'égalité des chances». Chirac avait au moins créé la HALDE, qui a contenu la loi du 15 mars 2004 dans les limites dans laquelle elle a été votée. Pour la droite sarkoziste, mais aussi pour une fausse gauche, ce travail de la HALDE était blasphématoire. La HALDE a été normalisée, avant de se trouver supprimée et intégrée à un ensemble où «qui trop embrasse, mal étreint». Si la gauche veut être fidèle à Jaurès, il faut qu'elle relie promotion de la laïcité (bien en panne au niveau de l'Etat) et lutte contre les discriminations.
06/12/2011, Jean Baubérot
Source : Médiapart
Les deuxièmes rencontres de la laïcité, organisées ce mardi à l'Assemblée nationale à l'initiave du Groupe socialiste, ont été l’occasion pour le candidat François Hollande d’apporter ses réponses aux questions que rencontre l’application des principes laïques : construction et rénovation de lieux de culte, mixité, repas à l’école, crèches, contestation des programmes scolaires, prières dans la rue…Pour le candidat socialiste à la présidentielle, « les principes de la loi de 1905 ne sont pas négociables ».
François Hollande propose des les inscrire dans la Constitution et de les mettre "strictement" mais « sereinement » en pratique. Pas de financement public des lieux de culte et de prières dans la rue mais à la condition que l’Etat et les collectivités locales « s’assurent qu’aucun obstacle n’en freine l’ouverture ».
Même position sur le maintien de l’interdiction du voile intégral dans l’espace public, sur la neutralité des crèches qui doivent rester à « l’abri de tout prosélytisme », sur les cantines scolaires où « les menus ne doivent pas être prétextes à des tables séparés » , sur les règles communes dans les entreprises et les commerces qui ne peuvent être « prétextes à discrimination ».
Une conception de la laïcité qu’il veut « apaisée et fraternelle ». Pour appuyer cette démarche, un guide pratique de la laïcité a été conçu par la Fondation Jean Jaurès, sous la direction de Jean Glavany, à destination des élus locaux pour les aider à résoudre les questions liées au quotidien auxquels ils sont appelés à répondre..
Un « Guide pratique de la laïcité pour les élus de la République », rédigé sous la direction du député socialiste Jean Glavany,a été présenté à cette occasion. Basé sur un travail de terrain mené par Dounia Bouzar, anthropologue, ce guide a pour objectif "d’aider les élus locaux confrontés à des difficultés concrètes, sensibles et quotidiennes dans la gestion de collectivités locales", selon la fiche de présentation de ce guide.
LE GUIDE PRATIQUE DE LA LAÏCITÉ
"Ce guide pratique de la laïcité pour les élus de la République veut satisfaire un double objectif : d’une part aider les élus, confrontés fréquemment dans leurs responsabilités et leur gestion quotidienne à des situations qui heurtent davantage que dans le passé des habitudes séculaires ; d’autre part opposer à la confusion créée et entretenue autour du principe fondamental de laïcité une nécessaire et urgente clarification, la clarification par le concret", précise l'introduction, soulignant
qu"On avance quelquefois que la laïcité doit tenir compte de la diversité des pensées, traditions, options spirituelles,
comme si elle ne s’en était pas souciée. Faut-il rappeler que la laïcité, si elle respecte cette diversité, oblige à la dépasser
par des principes de vie commune ?".
Concernant la gestion des lieux de culte, le guide note que:
"Certains voudraient remettre la loi de 1905 en question sous prétexte que les musulmans ont besoin d’aide financière pour construire leurs mosquées. Le retour de terrain prouve que ce débat est infondé. En fait, lorsque les musulmans ont rassemblé la somme suffisante pour construire leurs lieux de culte, ce sont de nombreux élus conservateurs qui abusent de leur droit de préemption et refusent la cession de terrains. A tel point que le ministère de l’Intérieur a dû délivrer plusieurs rappels, dont celui de la note écrite du 14 février 2005: "la construction et l’aménagement des lieux de culte ne sont soumis à aucune formalité ou autorisation autre que celles prévues d’une façon générale par le code de l’urbanisme ». L’étude de l’obtention du permis de construire doit être effectuée "sans esprit d’exclusion ou de rejet ».
"Que dit la loi ? Dans son article 2, la loi de 1905 explicite la séparation des pouvoirs entre l’Etat et les Eglises : l’Etat ne finance aucun culte. « Financer un culte » signifie verser des subventions, directes ou indirectes2 à une association ou pour l’édification d’un lieu de culte. Depuis la loi, ce financement incombe aux communautés religieuses. Pour s’organiser, celles-ci peuvent se constituer en associations relevant de la loi de 1901 ou de la loi de 1905. La loi du 1er juillet 1901, "relative à la liberté d’association", constitue le droit commun. L’association doit avoir un objet social limité à un but précis ; elle admet ses membres par délibération. Une association "loi 1901" peut être subventionnée par l’Etat si son objet n’est pas cultuel. Mais une association « à tendance confessionnelle » peut aussi être placée sous le statut de la loi de 1901 sachant qu’elle ne bénéficiera d’aucune subvention publique ni d’avantage fiscal. La loi du 9 décembre 1905, "concernant la séparation des Eglises et de l’Etat », accorde un statut aux associations cultuelles, c’est-à-dire aux structures dont l’objet exclusif est de subvenir aux frais, à l’entretien et à l’exercice d’un culte. Tout en respectant le principe de non-financement, l’Etat peut faciliter la construction de nouveaux lieux de cultes par l’intermédiaire de ces associations dont l’objet et les règles de fonctionnement sont stipulés aux articles 18 et 19 de la loi".
6/12/2011
Source : Atlas info
L'OIM dénonce un débat sur la migration "tendancieux, polarisé et négatif"
L'OIM (Organisation internationale des Migrations) a dénoncé dans son rapport annuel publié mardi un débat sur la migration "excessivement tendancieux, polarisé et négatif".
"La migration demeure un phénomène encore largement incompris à notre époque, pourtant caractérisée par une mobilité humaine sans précédent", indique l'organisation internationale dans son rapport 2011, "Etat de la migration dans le monde: bien communiquer sur la migration".
"Il est clair que la migration est souvent invoquée pour masquer les peurs et les incertitudes de la population face aux problèmes du chômage, du logement et de la cohésion sociale dans les pays d'accueil", a affirmé le directeur général de l'OIM William Lacy Swing.
Un discours faussé sur la migration, poursuit le rapport de l'OIM, contribue "à la propagation de sentiments anti-migrants, qui ont ressurgi depuis peu dans de nombreuses régions du monde".
Le rapport cite des enquêtes montrant que la taille de la population migrante est souvent exagérée. En Italie, le pourcentage de migrants se situait autour de 7% en 2010, alors que la population évaluait ce pourcentage à 25% selon des sondages d'opinion.
En Espagne, le pourcentage réel était de 14% contre 21% pour le pourcentage supposé.
L'écart est encore plus grand aux Etats-Unis: le public estime à 39% le pourcentage de migrants, contre 14% en réalité.
"Les migrants sont souvent concentrés dans le centre des villes et sont donc plus visibles", selon l'un des auteurs du rapport Gervais Appave.
En outre, il y a souvent confusion entre les catégories d'étrangers: demandeurs d'asile, migrants irréguliers, réfugiés, travailleurs, touristes, étudiants, a-t-il dit.
Les migrants doivent avoir la possibilité de s'exprimer dans ce débat, notamment en utilisant les réseaux sociaux, préconise l'OIM.
Le nombre de migrants internationaux n'a pas beaucoup évolué ces dernières années, selon l'OIM.
En 2010, 214 millions de personnes étaient considérés comme des migrants internationaux, contre 191 millions en 2005, soit toujours environ 3% de la population mondiale.
Les flux migratoires ont néanmoins ralenti: par exemple, aux Etats-Unis, le nombre d'étrangers entrant sur le territoire est passé de 1,13 million en 2009 à 1,04 million en 2010. Au Royaume-Uni, il a baissé de 505.000 en 2008 à 470.000 en 2009, en Espagne à 469.000, contre 700.000.
6/12/2011
Source :AFP
L'UMP et le FN se livrent une rude concurrence pour dénoncer le projet PS d'élargir aux étrangers hors-UE le droit de vote aux élections locales, répétant une bataille déjà engagée en 2007 sur le thème de l'immigration, qui avait alors profité à Nicolas Sarkozy.
De l'interview accordée le 19 octobre à l'hebdomadaire d'extrême droite Minute par le ministre et co-fondateur du collectif UMP «la Droite populaire», Thierry Mariani, à la venue symbolique jeudi de Marine Le Pen devant les portes du Sénat, les deux camps n'auront pas ménagé leurs efforts pour condamner cette mesure qui n'a aucune chance d'être adoptée dans l'immédiat.
Signe de l'importance accordée par la majorité à cette question, c'est le Premier ministre, François Fillon, qui défendra la position du gouvernement jeudi au Sénat. Nicolas Sarkozy a qualifié d'«hasardeuse» la proposition de loi du PS, alors qu'il s'était montré plus ouvert sur le sujet dans le passé.
Dès la victoire de la gauche au Sénat, fin septembre, la Droite populaire s'était emparée des choses, multipliant les attaques jusqu'au lancement médiatisé d'une pétition, qui aurait recueilli depuis le 19 octobre près de 28.000 signatures, selon le collectif.
Une nouvelle pétition a vu le jour dix jours plus tard... sur le site du Front national, qui revendique lui 47.000 signatures. Et ce mardi, à deux jours du vote au Sénat, le parti d'extrême droite a lancé sa propre campagne, avec un «dépliant-pétition» imprimé à 1,4 million d'exemplaires et 120.000 affiches.
Le tract reprend la position ancienne du chef de l'Etat pour affirmer qu'«Hollande et Sarkozy sont pour» le droit de vote des étrangers et que seule Marine Le Pen s'y oppose.
«C'est profondément malhonnête, la position de Nicolas Sarkozy et de l'UMP est claire. Mais ils se réveillent un peu tard. On a tiré plus vite sur ce coup-là», se félicite auprès de l'AFP, Thierry Mariani.
«Stratégie de neutralisation préventive»
«Ils n'ont aucune légitimité sur le sujet», répond Nicolas Bay, conseiller à l'immigration de Marine Le Pen, qui parle d'une «fausse droite» sarkozyste et qualifie la Droite populaire d'«agence de communication frauduleuse».
Le FN prend néanmoins la question au sérieux. «On est obligé de faire du désenfumage. Le FN était un peu en roue libre sur ces questions en 2007. A l'époque, il a été pensé que la méthode de Sarkozy ne fonctionnerait pas. Or, elle a fonctionné en partie», convient M. Bay.
Avec 10,4% à la présidentielle, et moins de 5% aux législatives, le FN a gardé un souvenir cauchemardesque des scrutins de 2007, qui l'ont laissé sur la paille financièrement. Le parti d'extrême droite n'avait relevé la tête qu'aux régionales de mars 2010.
«Le FN sent à nouveau venir le danger, notamment en raison de la tonalité actuelle qu'a donnée Claude Guéant à la pré-campagne» présidentielle, souligne le politologue et spécialiste de l'extrême droite, Jean-Yves Camus.
«La campagne de l'UMP en 2007 avait consisté à couper l'herbe sous le pied du FN dans la surenchère rhétorique sur l'immigration», ajoute-t-il. En d'autres termes, selon lui, une «stratégie de neutralisation préventive».
Depuis des mois, les cadres frontistes répètent à l'unisson que «cette fois, Sarkozy ne refera pas le coup».
«En 2010, lorsque quelques membres de la droite classique ont essayé d'aborder le sujet de l'identité nationale, ils se sont cassé les dents lors du scrutin des régionales», en veut pour preuve le secrétaire général du FN, Steeve Briois.
6/12/2011
Source : Libération/AFP
Un étranger en situation irrégulière ne peut être emprisonné au seul motif qu'il est sans papiers, a affirmé, mardi 6 décembre, la Cour européenne de justice. L'institution a toutefois reconnu qu'un Etat peut placer un clandestin dans un centre de rétention en attendant son expulsion.
Le droit européen "s'oppose à une législation nationale qui impose une peine d'emprisonnement à un ressortissant d'un pays tiers en séjour irrégulier au cours de la procédure de retour", a indiqué la Cour de Luxembourg dans son arrêt. Cette dernière était appelée à se prononcer dans un différend opposant le gouvernement français à un citoyen arménien, Alexandre Achughbabian, entré clandestinement en France en 2008. Refusant de se soumettre à un ordre d'expulsion, il avait été placé en garde à vue puis en rétention pour séjour irrégulier sur le territoire français.
La législation française punit d'une peine d'emprisonnement d'un an et d'une amende de 3 750 euros, le ressortissant d'un pays tiers qui séjourne irrégulièrement en France, au-delà de trois mois, non muni des documents et visas exigés, notamment de la carte de séjour.
DIRECTIVE RETOUR
Nuance : le droit européen "ne s'oppose pas à une réglementation nationale qui qualifie le séjour irrégulier d'un ressortissant d'un pays tiers de délit et prévoit des sanctions pénales, y compris une peine d'emprisonnement", a précisé la Cour. Elle ne s'oppose pas non plus à un placement en détention en vue de déterminer le caractère régulier ou non du séjour d'un migrant.
Mais, a souligné la Cour, les autorités nationales sont tenues d'agir "avec diligence et de prendre position dans les plus brefs délais". Une fois l'irrégularité du séjour constatée, ces autorités doivent, en principe, adopter une "décision de retour". Cette ultime procédure ouvre une période de retour volontaire, suivie, si nécessaire de mesures d'éloignement forcé. Or, a contesté la Cour, la législation française est susceptible de conduire à un emprisonnement pendant la procédure de retour, ce qui va à l'encontre du droit européen.
La législation européenne sur les conditions d'éloignement des étrangers, dite "directive retour" entrée en vigueur en janvier 2009, prévoit que lorsqu'il est décidé de renvoyer un sans-papiers, ce dernier a entre 7 à 30 jours pour partir de lui-même. S'il ne s'y conforme pas, les gouvernements peuvent utiliser "en dernier ressort" des mesures coercitives "proportionnées", c'est à dire un placement en rétention, "aussi bref que possible", dit la loi européenne. Ce n'est qu'en cas de refus d'embarquer qu'il est possible d'envisager des mesures pénales.
A Paris, dans un communiqué commun, Claude Guéant, ministre de l'intérieur et Michel Mercier, garde des sceaux, ont "pris connaissance avec satisfaction de l'arrêt" car il "ne fait nullement obstacle à ce que les étrangers en situation irrégulière puissent être placés en garde à vue le temps nécessaire pour procéder aux vérifications propres à établir si l'intéressé doit faire l'objet d'une procédure d'éloignement du territoire ou de procédures judiciaires".
6/12/2011
Source : Le Monde/AFP