vendredi 5 juillet 2024 12:15

Le long-métrage "Larbi: une légende du football" du réalisateur marocain Driss Lamrini participe à la compétition officielle de la première édition du Festival du film arabe de Malmo (Suède) qui sera organisé du 23 au 27 septembre.

Le film "Al Hayat al kasira" (Vie courte) du réalisateur marocain Adil El Fadili participe également à la compétition officielle "Courts-métrages", rapporte le site Internet du festival.

Dans une déclaration à la MAP, Lamrini a indiqué que la participation de son film à cette manifestation culturelle et artistique vise à faire connaitre les grandes figures ayant marqué l'histoire du Maroc et à mettre en relief les compétences que recèle le Royaume dans divers domaines.

Il a également fait savoir que son film participera à Nice (France) au festival d'Alma prévu du 21 au 30 octobre.

15/9/2011

Source : MAP

A près avoir réalisé une hausse de 6,3%, en volume, au premier trimestre 2011, la consommation des ménages s'est accrue de 6,1%, au deuxième trimestre, dans un contexte d'une modération des prix à la consommation (+0,2%) et d'une augmentation de 7,2% des transferts des MRE, à fin mai. Sa contribution à la croissance globale du PIB s'est établie à 3,4 points, contre 3,7 au premier trimestre, selon le HCP.

Le développement du marché local est une aubaine pour les producteurs nationaux et ne doit pas profiter uniquement aux importations.

Les producteurs marocains, dont ceux qui privilégient l'export, ont intérêt à s'intéresser davantage au marché local, d'après les observateurs. Et pour cause, la demande intérieure se développe et est appelée à s'accroître avec un rythme plus soutenu à l'avenir avec l'amélioration du pouvoir d'achat suite aux augmentations de salaires qui sont déjà appliquées ou celles qui sont programmées.
C'est vrai que l'export restera toujours plus rémunérateur que le marché intérieur, mais celui-ci demeure plus sûr et plus accessible, au moment où la demande étrangère est plutôt volatile et parfois imprévisible. Ce qui a été prouvé notamment au cours de la crise économique de 2008.

Le développement du marché local est donc une aubaine pour les producteurs nationaux qu'ils ne doivent pas laisser aux seules importations. En fait, pour le moment, l'amélioration du pouvoir d'achat des Marocains profite beaucoup plus aux producteurs étrangers, dont les exportations vers le Maroc ne font que progresser, qu'aux locaux. Ce qui aggrave le déséquilibre de la balance commerciale.

Ainsi, après avoir réalisé une hausse de 6,3%, en volume, au premier trimestre 2011, la consommation des ménages s'est accrue de 6,1%, au deuxième trimestre, dans un contexte d'une modération des prix à la consommation (+0,2%) et d'une augmentation de 7,2% des transferts des MRE, à fin mai. Sa contribution à la croissance globale du PIB s'est établie à 3,4 points, contre 3,7 au premier trimestre, selon le HCP.

Cette tendance haussière se serait poursuivie au cours du troisième trimestre 2011, puisque la consommation des ménages aurait progressé relativement plus vite qu'au premier semestre (+6,5%), portée par une amélioration du pouvoir d'achat en liaison avec la hausse des salaires et la modération de l'inflation (+0,7%).

Cette hausse de la demande est également observée dans le secteur public, puisque la consommation a bien repris au premier trimestre 2011, sous l'effet d'une progression des dépenses du personnel (+10,9%), avec une hausse de 2,1%, en glissement annuel, contre un repli de 1,2% au quatrième trimestre 2010. La consommation publique aurait, par la suite, marqué une hausse de 3,2% au deuxième trimestre et de 3,7% au troisième trimestre suite au renforcement attendu des dépenses de personnel, interrompant ainsi le mouvement de repli qui a marqué l'année précédente, d'après le HCP.

Par ailleurs, d'après les économistes, cette hausse de la demande intérieure devra s'accentuer davantage pour les mois à venir, quand les augmentations de salaires accordées il y a quelques mois auront produit pleinement leur effet. Il est à rappeler à ce sujet que le gouvernement a concédé une augmentation de salaires générale de 600 DH pour les fonctionnaires qui est entrée en vigueur depuis mai dernier.

De même, on a décidé de relever le seuil minimum des pensions de retraite à 1.000 DH et le salaire minimum interprofessionnel garanti (SMIG) va être augmenté de 15% sur deux tranches, une première de 10% applicable à partir de juillet dernier et une deuxième de 5% en janvier 2012.

L'amélioration de la consommation des ménages est également due à la maîtrise de l'évolution des prix à la consommation (+0,8%), au bon comportement des crédits à la consommation et au maintien du taux de chômage en dessous de 9%, avec les bons résultats de la campagne agricole en plus de la bonne tenue des recettes des MRE qui ont augmenté de 7,4%.

Détente des prix à la consommation

Au deuxième trimestre 2011, l'inflation a marqué un net repli, se situant à 0,2%, contre 1,6% un trimestre plus tôt. C'est ainsi que les prix à la consommation ont baissé, en variations trimestrielles et en données corrigées des variations saisonnières, de 1,2%, après avoir augmenté de 0,4% un trimestre auparavant. Ce repli a résulté, essentiellement, de la baisse de 2,8% des prix des produits alimentaires, en particulier ceux des produits frais.

L'inflation sous-jacente a évolué suivant la même tendance que l'inflation globale (+0,2% au deuxième trimestre 2011, au lieu de +0,7% au premier).

16/9/2011 , Lahcen OUDOUD

Source : Le Matin

La Commission européenne propose vendredi d'encadrer strictement le rétablissement des contrôles aux frontières de l'espace Schengen sans passeport, s'attirant déjà les foudres des Etats qui aujourd'hui en décident à leur guise et refusent une mainmise de Bruxelles.

D'un côté, l'exécutif européen a dû céder à la pression de pays comme la France qui réclamaient que le champ de possibilités offert pour rétablir des contrôles aux frontières nationales soit élargi.

Actuellement, les pays de l'espace Schengen, créé en 1995, peuvent le faire, de leur propre chef, en cas de menaces terroristes ou de grands événements comme un sommet de chefs d'Etat ou une compétition sportive.

A l'avenir, cela sera aussi possible en cas d'un "afflux inattendu" et important d'immigrants ou lorsqu'un Etat est jugé défaillant dans la surveillance de ses frontières, selon les propositions de la Commission dont le contenu a déjà largement filtré depuis deux semaines.

Ce mécanisme, de facto une clause d'exclusion temporaire, vise sans les nommer des pays comme la Grèce: sa frontière avec la Turquie, longue de quelque 150 km est devenue le principal point de passage des clandestins vers l'UE, avec près de la moitié des entrées illégales enregistrées en Europe.

Le débat a aussi été alimenté par le bras de fer au printemps entre l'Italie et la France au sujet de plusieurs milliers de migrants tunisiens que Rome avait laissé se rendre chez son voisin après la "Révolution du jasmin".

Furieux, le gouvernement français avait organisé des contrôles ciblés dans les trains à sa frontière pour stopper ceux qui n'étaient pas en règle.

Mais en contrepartie, Bruxelles veut "européaniser" les décisions de rétablissements de contrôle.

Plus question pour les Etats d'agir à leur guise. Ils devront demander une autorisation à la Commission, qui refuse des "initiatives nationales unilatérales", et justifier dans le détail leurs requêtes.

Dans des "situations d'urgence", les gouvernements pourront encore rétablir les contrôles sans feu vert préalable de Bruxelles, mais pendant une période limitée à 5 jours. "C'est inacceptable, une situation d'urgence dure par définition plus que cinq jours", proteste un diplomate européen.

La France, l'Allemagne et l'Espagne mènent déjà la fronde contre ces propositions, qui devront encore recevoir l'aval des pays de l'UE et du Parlement européen et seront donc sans doute amendées au final.

"Le respect de la souveraineté nationale est primordial pour les Etats membres" de l'UE, ont prévenu cette semaine les ministres de l'Intérieur des trois pays, Claude Guéant, Hans-Peter Friedrich et Antonio Camacho, ajoutant qu'"ils n'approuvent pas le souhait de la Commission européenne d'assumer la responsabilité de prendre des décisions sur des mesures opérationnelles dans le domaine de la sécurité".

"C'est aux Etats de maintenir l'ordre public et d'assurer leur sécurité intérieure" et pas à Bruxelles, ont-il martelé.

La proposition de la Commission, qui devait à l'origine être présentée mardi, a été reportée semble-t-il à dessein à vendredi, pour intervenir au lendemain des élections législatives au Danemark où la question des contrôles aux frontières est politiquement très sensible.

Sous pression de l'extrême droite, le pays a récemment réinstauré des contrôles douaniers, une décision vivement critiquée par Bruxelles et d'autres pays de l'UE, notamment l'Allemagne.

16/9/2011

Source :AFP

Le ministre de l'Intérieur Claude Guéant a annoncé que les prières dans les rues de Paris seront interdites à compter de jeudi soir, à minuit. Une ancienne caserne de pompiers a été affrétée comme lieu de prière. Mais cette solution ne semble pas convenir à tout le monde.

Claude Guéant l'avait indiqué dès sa prise de fonctions : « La prière dans la rue devait cesser car elle heurte la sensibilité de nombre de nos compatriotes, choqués par l'occupation de l'espace public par une pratique religieuse » . L'interdiction des prières de rue entrera en vigueur dès vendredi. Le ministre de l'Intérieur réaffirme que prier dans la rue « n'est pas digne d'une pratique religieuse et contrevient au principe de laïcité ».

Ce dernier met également en garde en affirmant envisager « l'emploi de la force si nécessaire » et « si d'aventure il y a des récalcitrants nous y mettrons fin ». « Ma vigilance sera sans faille pour que la loi soit appliquée » , a-t-il prévenu.

Nouveau lieu de culte

Le principal quartier ciblé est celui de la Goutte d'or dans le XVIIIe arrondissement de Paris. Chaque vendredi à 14 heures, des centaines de fidèles prient devant les mosquées des rues Myrha et Polonceau. Pour faire cesser cette pratique, Claude Guéant a proposé aux musulmans une ancienne caserne de pompiers désaffectée située boulevard Ney (XVIIIe). « Au terme de plusieurs semaines de négociations, nous avons trouvé une solution pour que les fidèles qui priaient rues Myrha et Polonceau pratiquent désormais leur culte dans des locaux disponibles et situés à proximité », se félicite le ministre. Désormais, conclut Claude Guéant, « les fidèles n'auront plus intérêt à prier dans la rue ».

"Nous ne sommes pas du bétail"

Cette interdiction risque de poser problème dès le premier jour de sa mise en vigueur. Si des locaux d'une surface de 2.000m2 ont été mis à disposition des fidèles des rues Myrha et Polonceau, la loi ne sera pas forcément observée par tous.
En effet, tous les musulmans ne semblent pas disposés à se délocaliser. « Nous ne sommes pas du bétail » , répond l'imam Hamza, selon lequel « les travaux ont pris du retard » et les revendications des fidèles musulmans ne sont « pas entièrement satisfaites ». Il cite la pose de la moquette, la mise en place d'une salle d'ablutions pour les femmes ainsi que le loyer (30.000 euros par an) et le temps d'utilisation du lieu. « Je suis dans une position inconfortable, je crains un climat d'anarchie », se plaint-il, « convaincu » que les fidèles viendront encore en nombre à la Goutte d'or. En bref, cette histoire n'a pas fini de faire couler de l'encre.

15/9/2011

Source : France Soir

Les manuels scolaires européens véhiculent des stéréotypes sur l'Islam et les musulmans. C'est la conclusion d'une étude allemande réalisée dans cinq pays d'Europe et présentée jeudi 15 septembre à Berlin.

Ces stéréotypes "participent d'un racisme culturel", estiment les chercheurs du Georg Eckert Institut qui ont passé au crible vingt-sept ouvrages utilisés en 2010 dans les salles de classe en Allemagne, en Autriche, en Espagne, en France et en Grande-Bretagne. Leur rapport se veut le premier du genre en Europe.

PRÉSENTATION SIMPLIFIÉE ET OBSOLÈTE

"L'Islam est toujours présenté comme un système de règles obsolète qui depuis son âge d'or n'évolue plus" par opposition à une Europe moderne, regrette Susanne Kröhnert-Othman, directrice du projet, au cours d'une conférence de presse.

Ainsi, un ouvrage espagnol décrit "l'Islam comme une société patriarcale et autoritaire, composée de paysans et de bergers, qui fait face à d'importants problèmes d'adaptation à la modernité". Ce type de représentation "ne permet pas de lutter contre un populisme islamophobe", souligne Mme Kröhnert-Othman.

L'Islam est fréquemment représenté de manière simplifiée, comme une unité homogène, sans refléter sa diversité selon les régions du monde considérées, estiment aussi ces experts, qui n'ont pas relevé de différences notables entre les cinq pays européens étudiés.

INCLURE LES PROCESSUS DE MODERNISATION

Les chercheurs recommandent d'inclure dans les outils scolaires des informations sur les réformes musulmanes menées par les religieux et les intellectuels, et les processus de modernisation.

Ils réclament aussi une révision des chapitres consacrés aux migrations. "Les musulmans ne doivent plus être classés comme un groupe à part composé d'immigrés non-européens dont les traditions empêchent une intégration", estiment les chercheurs.

15/9/2011

Source : Le Monde/AFP

Amine Benalia-Brouch, visé par les propos du ministre, voit dans cette relaxe "les limites de la justice en France."

"Je suis choqué et surpris, je ne m'y attendais pas" confie jeudi 15 septembre au "Nouvel Observateur" l'ex jeune militant UMP Amine Benalia-Brouch, ajoutant "ça me démontre les limites de la justice en France."

Un peu plus tôt jeudi, la cour d'appel de Paris a relaxé l'ex-ministre de l'Intérieur Brice Hortefeux, condamné en première instance, du délit d'injure raciale après des propos adressés à ce jeune homme en septembre 2009 lors de l'université d'été de l'UMP.

La cour d'appel a jugé irrecevable la constitution de partie civile du Mrap (mouvement contre le racisme et pour l'amitié entre les peuples), à l'origine des poursuites, entraînant de facto la relaxe de Brice Hortefeux qui avait écopé en juin 2010 d'une peine de 750 euros d'amende devant le tribunal correctionnel pour des propos jugés outrageants envers le jeune homme né de père algérien.

Le Mrap va se pourvoir en cassation

L'avocat du Mrap, Pierre Mairat, a annoncé aussitôt après que l'association allait se pourvoir en cassation. "La cour dit que l'injure raciste est constituée, mais prive une association antiraciste de poursuites, ce que nous allons contester en cassation", a déclaré à l'AFP Me Mairat après consultation de l'arrêt.

"Pourquoi M. Hortefeux n'a-t-il pas été condamné ?" s'interroge Amine Benalia-Brouch. "Quand un ministre est poursuivi, il n'est pas condamné. Quand des internautes sont poursuivis, ils sont condamnés, alors qu'ils étaient moins virulents que M. Hortefeux" poursuit-il, faisant référence aux cinq internautes reconnus coupables lundi d'injures à caractère raciale envers le jeune homme.

15-09-11

Source : Le Nouvel Observateur / AFP

Vendredi 16 septembre, la Commission européenne doit présenter son projet de réforme de l'espace Schengen. Contrairement à la demande de la France, elle souhaite limiter la possibilité de réintroduire des contrôles temporaires aux frontières en cas d'immigration massive. D'un autre côté, constate Delphine Perrin, chercheuse à l'Institut universitaire européen de Florence, l'Union européenne a géré les conséquences migratoires des révoltes arabes avec un réel cynisme, en contradiction avec le droit européen. Bilan et perspectives de la politique commune de l'immigration et de l'asile.

Touteleurope.eu : Comment le système migratoire et d'asile européen a-t-il géré les conséquences des révoltes arabes ?

Delphine Perrin : La réponse de l'Union européenne est loin d'avoir été satisfaisante, surtout en matière d'asile. On peut regretter que l'ensemble des révoltes arabes et les crises, en particulier en Libye, n'aient pas fourni l'occasion aux Etats européens de montrer leur engagement en matière d'asile et de politique commune.

Le droit d'asile commun existant devrait être respecté. Or nombre de droits fondamentaux ont été violés ces derniers mois par des pays européens, en particulier le principe de non-refoulement. Les dysfonctionnements inhérents aux règles actuelles, notamment le système de Dublin qui sous-tend la sur-responsabilisation des pays du Sud de l’Europe, ont été dévoilés au grand jour et aucune réponse n'y a été apportée autrement qu’en renforçant les frontières extérieures et intérieures.

La directive instituant un mécanisme de protection temporaire a été adoptée en 2001. Elle tire les enseignements de la guerre

On peut déplorer également que la protection temporaire, qui a été élaborée en 2001 juste après la guerre au Kosovo, n'ait jamais été activée, alors que nous avions une occasion unique de montrer à quoi elle servait. Celle-ci permettait justement une réponse rapide et collective, initiée par la Commission. Et la guerre en Libye offrait justement toutes les conditions pour que cette protection soit activée. La Tunisie et l'Egypte ont été surchargées de personnes qui ont fui la Libye, il aurait été normale que l'Europe participe, territorialement et non pas seulement financièrement, à la protection des réfugiés. Or la Commission, qui par ailleurs dispose désormais d'un droit d'initiative en matière d'asile, n'a pas activé cette protection, malgré les recommandations du Parlement européen et du Haut Commissariat des nations unies pour les réfugiés.

Pour quel résultat ? On a laissé les individus fuir seuls la Libye, sur des embarcations à bord desquelles ils ont risqué leur vie, ils ont été refoulés en mer ou non sauvés par les navires européens et de l'OTAN (contre qui le Gisti a d'ailleurs menacé de déposer une plainte). On assiste également à une désolidarisation vis-à-vis des pays du Sud de l'Europe : Italie, Malte… qui du coup se sentent injustement surchargés d'un accueil de réfugiés destinés à l'ensemble de l'UE.

On peut regretter, enfin, le manque d’engagement des pays européens en matière de réinstallation des réfugiés ayant trouvé un "premier asile" dans les pays du pourtour de la Libye sans perspective de pouvoir y rester.

Touteleurope.eu : Pouvait-on s'attendre à une telle réaction des Etats ?

D.P. : On pouvait s'y attendre, mais il est important de ne pas s'habituer au cynisme européen et au total manque de solidarité vis-à-vis du Sud de la Méditerranée. Au contraire, réclamons des institutions européennes qu'elles aillent à l'encontre des replis populistes des Etats membres. Presque tous les Etats européens utilisent aujourd'hui cette supposée pression de l'étranger à des fins politiciennes. A quoi bon des institutions européennes si elles ne font que les suivre, et sont incapables de rappeler l'existence du droit communautaire ?

La Commission est dans une situation difficile, on ne peut pas le nier : même si elle avait initié la protection temporaire, les Etats membres auraient certainement refusé de la valider. Mais pourquoi est-elle à ce point incapable de rappeler les pays membres à leurs obligations ? Vis-à-vis de toutes les violations du droit d'asile, et notamment de l'interdiction fondamentale de refouler des individus vers des pays en guerre où ils risquent leur vie, la Commission a fait également preuve d'un silence assourdissant, et ça ne date pas des révoltes arabes.

Il y a eu aussi des déclarations malheureuses de représentants européens, notamment la commissaire aux Affaires intérieures Cecilia Malmström qui a affirmé, après le début de l'insurrection en Libye, ne pas constater d'urgence en matière d'accueil de réfugiés puisqu'aucun "immigrant" n’était encore arrivé de Libye sur le continent européen ! C'est une aberration : la plupart des personnes fuyant les côtes libyennes sont des réfugiés venant de Somalie ou d'Erythrée, et par ailleurs la frontière méditerranéenne est désormais infranchissable, l'opération Frontex venant d'être renforcée pour empêcher les individus d'arriver… c'est d'un cynisme incroyable.

Touteleurope.eu : Quelles leçons l'Union européenne a-t-elle tiré de cette crise ?

D. P. : Malheureusement, je crois qu'elle n'en a tirée aucune. Il y aurait pourtant de quoi réfléchir, mais nous sommes actuellement confrontés à deux forces contraires : d'une part la Commission européenne a entamé depuis plusieurs mois une révision de l'ensemble des directives sur le droit d'asile, afin de renforcer la protection des réfugiés à l'échelle européenne ; parallèlement, les textes récemment adoptés en réaction aux révoltes arabes prévoient un renforcement de l'externalisation de la protection des personnes en Méditerranée. Parmi les mesures à court-terme, le Conseil Justice et Affaires intérieures du 11 avril avait prévu de renforcer la coopération avec les pays nord-africains pour qu'ils préviennent les flux migratoires illégaux, qu'ils gèrent davantage leurs frontières et facilitent les retours et réadmissions. C'est ce qu'on a demandé à des pays en pleine transition, dont les régimes sont provisoires et dont les forces policières et militaires ont sans doute autre chose à faire que de contrôler les sorties vers l'Europe... Mais surtout, à quoi bon renforcer la protection sur le territoire européen si personne ne peut y accéder ?

A plus long terme, la Commission européenne veut engager de nouveaux partenariats et réviser sa politique de voisinage. On pourrait imaginer qu'elle tienne compte de la démocratisation dans les pays du Sud, or en matière migratoire c'est le contraire : elle ne veut pas simplement poursuivre mais renforcer la pression sur les pays extérieurs. Désormais on peut officiellement parler de "conditionnalité migratoire à la coopération" : il est prévu que le degré de coopération sera lié aux efforts des Etats en matière de contrôle des frontières et de gestion des personnes sur leur territoire, sans envisager la possibilité que ces Etats, susceptibles d’être davantage à l’écoute de leurs populations, se refuseront dès lors à bloquer la sortie de leurs ressortissants notamment.
Les documents de la Commission et du Conseil mentionnent également le développement des programmes régionaux de protection dans les pays du Sud, afin que la protection des réfugiés soit prise en charge de l'autre côté de la Méditerranée. Elle confirme ainsi la politique qu'elle a menée depuis les révolutions arabes, mais aussi auparavant : déresponsabilisation vis-à-vis de la protection des réfugiés et financement de cette protection dans les pays-tiers. Une orientation qui va à l'encontre d'une véritable politique européenne de l'asile et d’un partage du "fardeau" des réfugiés.

Touteleurope.eu : A la demande de la France notamment, la Commission s'apprête à publier sa proposition de réforme de l'espace Schengen. Au vu de son probable contenu, peut-on s'attendre à un bras de fer avec les Etats membres ?

D.P. : Sur ce point, on peut saluer le rôle et les efforts de la Commission européenne ces dernières semaines. Le bras de fer a déjà été engagé, la Commission a tenu bon : elle a profité de l'occasion offerte par les Etats qui souhaitaient remettre en question l'espace Schengen, pour essayer de le communautariser davantage. Elle se positionne dès lors comme une véritable institution européenne, en cohérence avec une politique migratoire et d'asile commune. Et si elle le fait, c'est qu'elle pense avoir des chances d'obtenir un accord.

La Commission européenne doit annoncer mardi 13 septembre sa proposition de réforme de l'espace Schengen. D'après le texte, les Etats pourront toujours, en cas d'événement imprévus, y compris une immigration soudaine et massive, décider de réintroduire des contrôles, mais pendant une durée cette fois limitée à cinq jours. Au-delà, ils devront faire une demande justifiée à la Commission, et cette requête sera soumise à la majorité qualifiée des Etats de l'UE.

Mais la tâche ne sera pas simple, sachant qu'un deuxième point devrait entraîner une bataille : la révision du système de Dublin, qui implique une sur-responsabilisation des pays situés aux frontières extérieures de l'UE. Sur ce point, la Commission n'a pas encore fait de proposition, même si c'est quelque chose qui est réclamé depuis longtemps : en avril, les 5 Etats du Sud ont fait une déclaration commune réitérant cette demande. Soyons optimistes : tout le monde commence à réaliser qu'une petite compensation doit désormais être offerte à ces derniers.

15/9/2011

Source : Touteleurope.eu

Le multiculturalisme, en tant qu'il est fondé sur la reconnaissance des identités singulières de race et de culture, a échoué en France et en Europe. Non pas, comme le prétendent Angela Merkel, David Cameron et Nicolas Sarkozy, parce qu'il n'est pas parvenu à "intégrer" les "immigrés". Mais en raison de la fragmentation du corps social opérée partout où ce principe est appliqué ou promu par des organisations politiques.

La mise en oeuvre du multiculturalisme a, en effet, conduit à dresser l'un contre l'autre deux segments de la population : l'identité majoritaire et les identités minoritaires. Par une sorte d'effet boomerang, l'apparition au sein de l'espace public de minorités ethno-culturelles et raciales a provoqué, dans chaque cas, le renforcement d'une identité "blanche" et chrétienne. Il est d'ailleurs symptomatique que le Front national et les Indigènes de la République se soient référés tous deux, lors de l'affirmation de ce modèle, à des expressions proches pour désigner l'identité majoritaire : les "Français de souche" dans un cas, les "souchiens" dans l'autre.

A la différence d'autres pays comme les Etats-Unis, où les différentes "communautés" semblent pouvoir vivre les unes à côté des autres, l'essor du multiculturalisme en France se traduit donc par une montée tangible du racisme appliqué au discours public ou dans le discours public.

Ce racisme revêt deux formes : l'affirmation forcenée d'une identité majoritaire "blanche" et même catholique par la droite et l'extrême droite et l'affirmation, par la gauche multiculturelle et postcoloniale, d'identités minoritaires ethno-culturelles - " black" et "beur" notamment - qui constituent autant de "communautés de souffrance". Celles-ci s'estiment en effet fondées à être reconnues comme telles et à demander "réparations" pour les préjudices subis par leurs ancêtres lors de la colonisation et l'esclavage notamment, rapprochant en cela le multiculturalisme d'autres courants d'idées dans leur traduction civique comme le postcolonialisme désormais très présent sur la scène politique et médiatique.

Mais qu'en est-il de ces "communautés" ? L'énonciation de leur identité procède-t-elle des acteurs de base ou des porte-parole qui s'expriment en leur nom ? On peut se demander si l'expression racisée des identités postcoloniales est le produit d'un contre-racisme venu "d'en bas", émanant du "peuple", ou de certaines de ses composantes ou si, à l'inverse, elle est l'oeuvre des représentants communautaires issus de cette politique même de la diversité, prompts à accoler des spécificités ethno-culturelles ou raciales intangibles à des individus dont l'homogénéité ne va pas de soi.

De sorte qu'il n'est pas illégitime de mettre en doute l'existence, en France, des communautés "noire", "juive", "musulmane" ou "maghrébine", autrement que dans les discours de porte-parole parfois nommés ou encore autoproclamés qui s'expriment "au nom" de ces communautés en prenant en quelque sorte leurs "membres" en otages. L'autodéfinition, à certaines périodes de son existence, d'un individu quelconque comme "juif", "noir", "maghrébin" ou "breton" n'implique pas ipso facto son appartenance pérenne à des "communautés" associées à ces différents labels identitaires.

Tel "immigré africain", expression contestable, tout comme le sont celles de "première" ou de "deuxième génération", même s'il est assigné d'autorité, lui ou ses parents, à "sa" culture d'origine, "noire", d'Afrique de l'Ouest soudano-sahélienne, peut se définir, au contraire, en fonction de différents contextes, comme soninké, sénégalais, français, habitant du quartier du Val-Fourré à Mantes, etc.

La culture, qu'on reproche à certains chercheurs en sciences sociales de minorer ou de nier, n'est pas seulement un héritage du passé, mais un élément qui se, qu'on se construit. La culture est en effet la somme d'actes d'identification accomplis par un individu au cours de son existence, somme dont on ne peut rendre compte qu'après sa disparition. On ne devient pas ce que l'on est, on est ce que l'on devient.

Nous entrons sur ce point en désaccord avec une démarche qui prétend enfermer les individus dans des mono-appartenances identitaires afin de défendre des intérêts particuliers. Transmuter le social en culturel, abandonner le terrain des luttes économiques au profit de l'affirmation d'identités ethniques et raciales, semble donc être une caractéristique majeure d'une gauche multiculturelle et postcoloniale qui risque à ce jeu d'occuper une position symétrique et inverse de la droite et de l'extrême droite "républicaine".

De façon paradoxale, en effet, cette droite et cette extrême droite, en défendant la République et la laïcité sur des bases islamophobes défend par contrecoup des valeurs culturelles tout aussi ethnicisées, mais "bien de chez nous". La gauche et l'extrême gauche multiculturelle et postcoloniale, en abandonnant la défense de l'universalisme républicain à la droite et à l'extrême droite s'engagent dans la voie d'un choc des cultures qui fait les affaires de son adversaire.

L'universalisme, contrairement à ce que prétendent les tenants des idées multiculturalistes et postcoloniales, ne se réduit en effet ni à la défense de la suprématie "blanche" ni à l'assimilation vue comme une sorte de rouleau compresseur nivelant les identités et les cultures. En ce sens, il ne s'agit pas, en reprenant l'expression de Dipesh Chakrabarty, autre auteur-phare des études postcoloniales, de "provincialiser l'Europe", en mettant en exergue sa spécificité culturelle pour mieux en montrer ses limites.

Car provincialiser l'Europe revient à diviser le monde en autant d'"aires culturelles" étanches, et donc à enfermer les continents géographiques et intellectuels dans des spécificités irréductibles. Pas plus que l'Europe des Lumières ne saurait être caractérisée par la "raison" (c'est aussi le siècle des "passions"), les autres continents ne sauraient être réduits à des caractéristiques culturelles intangibles (l'Afrique des "ethnies", l'Inde des "castes", le Moyen-Orient musulman "fondamentaliste", etc.), voyant ainsi déniée leur historicité propre. Construire du lien social, c'est passer à travers les continents géographiques et culturels, c'est postuler une universalité première et principielle entre les hommes et les femmes, pour réserver aux "cultures" le statut d'une production résultant d'un processus de singularisation.

Postuler l'humanité de l'homme et de la femme, ce n'est pas vouloir assurer la domination de l'Occident sur le reste du monde, c'est affirmer la possibilité de communiquer avec les autres. Les "révolutions démocratiques" en cours en Tunisie, en Egypte, en Libye, et celles à venir, montrent que les droits de l'homme, loin d'être un carcan imposé par l'Occident au reste du monde, peuvent aussi être réappropriés par des peuples arabo-musulmans, en dépit de, ou grâce à, "leur" culture.

En définissant a priori la culture d'un peuple, ou son identité, a fortiori en la racisant, on prend le risque d'être démenti par l'historicité de cette culture, c'est-à-dire par sa capacité à intégrer une multitude d'éléments dont on avait postulé, par principe, qu'ils ne lui appartenaient pas.

Culturaliser, ethniciser ou raciser les identités est le meilleur moyen, notamment, d'enfermer les jeunes des banlieues dans des ghettos, la meilleure façon de les maintenir sous la chape du pouvoir.

16/9/2011, Jean-Loup Amselle

Source : Le Monde

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