vendredi 5 juillet 2024 14:16

L'exposition "Le Maroc et l'Europe: six siècles dans le regard de l'autre", qui fait escale au siège de la mairie de Paris du 8 septembre au 8 octobre, apporte "un grand démenti aux défenseurs du choc des civilisations", a estimé le Secrétaire général du Conseil de la Communauté marocaine à l'étranger (CCME), M. Abdellah Boussouf.

"Durant les six siècles derniers, il y avait quelques conflits, mais il y avait énormément d'échanges" entre le Maroc et le Vieux continent, a affirmé M. Boussouf lors du vernissage mercredi soir de cette exposition organisée, sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, par le Conseil de la Culture judéo-marocaine (CCJM), basé à Bruxelles, et le CCME en partenariat avec la Mairie de Paris.

Il a donné l'exemple des quelque "1500 traités de paix et de commerce signés entre le Maroc et des pays européens entre 1212 et 1325". "Cela veut dire que les relations ont été vivantes malgré l'absence de moyens de communication", a-t-il commenté.

"Aujourd'hui plus que jamais, on a besoin de rencontrer l'autre et de ne pas se contenter de notre imaginaire", car il n'y a "pas d'autre alternative si on veut continuer à vivre ensemble que d'approfondir cette connaissance mutuelle dans le cadre du respect", a-t-il relevé devant de nombreuses personnalités marocaines et françaises venues assister vernissage de l'exposition.

M. Boussouf a aussi souligné que "le Marocain résidant en Europe", mis à l'honneur dans le 7ème module de l'exposition, "peut se positionner comme un médiateur culturel, une sorte de passerelle entre les deux rives, pour contrer les manoeuvres de groupuscules qui développent des thèses alarmistes dans les deux camps".

Pour M. Redouane Adghoughi, ministre conseiller de l'ambassade du Maroc en France, l'un des mérites de l'exposition est de "mettre en évidence l'importance de l'imaginaire tant dans la représentation des Européens entrés en contact avec le Maroc que dans les esprits des Marocains à l'égard de l'Europe".

A travers ses sept modules, l'exposition reflète l'évolution des relations maroco-européennes qui se sont établies le plus souvent à partir de représentations, basées sur l'imaginaire, les stéréotypes et les idées reçues, a-t-il constaté.

Un constat qui illustre, au fond, un "décalage optique qui en dit plus long sur ceux qui regardent que sur ceux qui sont observés", a-t-il dit en reprenant une formule d'Hubert Vedrine, ancien ministre français des Affaires étrangères.

Selon lui, "l'identité ne peut être appréhendée qu'inachevée, son devenir étant conditionné par le temps et les métissages nécessaires", d'où la détermination du Maroc de jeter en permanence "des passerelles de l'entente et de la coopération entre les civilisations, en mettant l'accent sur les dénominateurs communs qui les unissent".

M. Pierre Shapira, adjoint au Maire de Paris chargé des relations internationales, a, quant à lui, exprimé l'honneur de sa ville d'accueillir ce "moment extrêmement important", compte tenu de l'importance des liens de coopération qui unissent la capitale française avec plusieurs villes marocaines, notamment Rabat, Casablanca, Marrakech et Tanger.

Il a rappelé que le Maire de Paris, M. Bertrand Delanoë, avait émis le souhait d'accueillir cette exposition lors de sa visite courant 2011 au Maroc.

M. Shapira a relevé que le choix d'accueillir cet événement s'explique par la présence à Paris et en France, en général, d'une importante communauté d'origine marocaine, qu'il a invitée à visiter cette exposition ouverte en accès libre dans les salons de l'hôtel de ville.

L'élu parisien a, par ailleurs, annoncé que le Maroc sera mis à l'honneur une nouvelle fois à la Mairie de Paris en février 2012 à l'occasion de la 18ème édition du "Maghreb des livres", une manifestation littéraire organisée par l'association française "Coup de soleil".

Réunissant environ 600 pièces (peintures, documents d'archives et photographies) provenant pour une grande part d'une collection personnelle de Paul Dahan, président du CCJM et commissaire de l'exposition, celle-ci s'articule autour de sept modules qui explorent l'évolution des interactions entre le Maroc et l'Europe du 16-ème siècle à nos jours.

A travers ses modules, "L'autre, mon meilleur ennemi", "l'autre, un adversaire à maîtriser", "l'autre, une curiosité", "l'autre, une source de richesse", "l'autre, un sujet ambivalent", "l'aliénation maîtrisée" et "l'autre, un sujet comme moi", l'exposition montre notamment l'évolution du regard européen sur le Marocain.

L'étape parisienne de l'exposition est la quatrième après celles de Rabat, de Bruxelles et d'Anvers, en Belgique. Après Paris, elle fera escale notamment à Séville (Espagne), Londres et à New York.

8/09/11

Source : MAP

Rien ne va plus pour Julia Gillard, la première femme premier ministre en Australie. Mise en difficulté après un jugement de la Cour Constitutionnelle sur un projet de loi controversé, elle court désormais le risque d'être évincée du gouvernement.

Tout commence le 31 août, lorsque la High Court (équivalent du Conseil constitutionnel) dénonce le projet gouvernemental d'un échange entre immigrants clandestins arrivant en Australie et réfugiés Malaisiens.

Fidèle à sa tradition migratoire très stricte, le parti travailliste australien a signé ce « deal » le 26 juillet avec le gouvernement Malaisien, prévoyant que les 800 prochains immigrants arrivant par bateaux seront transférés en Malaisie. En échange, l'Australie acceptera 4 000 réfugiés en provenance du pays voisin.

La solution Pacifique au coeur du conflit juridique

Ce procédé « d'off-shore processing » est une des solutions adoptées par la classe politique australienne depuis le début des années 2000, sous le nom de « solution Pacifique ».

A l'origine signé avec les îles de Nauru ou de Papouasie Nouvelle Guinée par John Howard (Conservateur), cet accord provoqua des contestations tant de la part des associations de protection des migrants que des pays récepteurs eux-mêmes.

Ce fut d'ailleurs l'une des raisons pour lesquelles le gouvernement du travailliste Kevin Rudd fut contraint à la démission par l'autre aile du parti travailliste, il y a un peu plus d'un an, en juillet 2010. La solution, loin d'être abandonnée, devint même une des priorités pour Julia Gillard, première femme élue au poste de premier ministre.

Emmenée par le Chief Justice French, la décision de la High Court de décréter ce projet de loi illégal est un nouveau coup sur la tête de Gillard, déjà attaquée pour son projet de taxe carbone et de refonte des taxes minières. La cour a jugé que la non-ratification de la convention des Nations Unies sur les réfugiés par la Malaisie rendait de fait impossible tout transfert.

Le leader de l'opposition, Tony Abbott, a profité de l'occasion pour déclarer que le gouvernement actuel « est en train de mourir de honte de sa propre incompétence », tandis que de nombreux députés de la majorité commencent à douter de son leadership.

Cependant, rien n'est joué, car Gillard a un atout : elle n'a pas de remplaçant crédible. De fait, comme a pu le souligner Peter Hartcher, analyste politique au quotidien Sydney Morning Herald qui compare le gouvernement à une maison en feu, « cette fois, il n'y a pas d'autre maison où aller ».

Une classe politique unie sur la question

Et la résistance s'organise. Contre-attaquant le jugement de la Cour Constitutionnelle, Gillard est actuellement en pourparlers avec Abbott, qui a ravalé ses critiques, pour élaborer une autre loi contournant la décision et faire éventuellement renaitre la solution Pacifique.

Si conservateurs et travaillistes régalent les journaux de piques continuelles, les désaccords affichés ne sont que de façade. De fait, ni les uns ni les autres ne remettent en cause l » « off-shore processing », symbole de l'Australie comme « un sanctuaire » selon les mots de Julia Gillard.

Cette décision pourrait malgré tout s'étendre aux accords précédents passés avec Manus ou Nauru et mis en silence depuis 2009, comme l'espère David Manne, l'avocat qui a amené la High Court à juger le projet de loi.

La gauche plus extrême que la droite ?

Le plus perturbant pour un regard français sur cette question est de voir le parti travailliste comme étant le plus volontaire sur ces questions. Si l'on ne peut pas établir de comparaisons aussi simples et directes entre des pays aussi différent que la France et l'Australie, des tentatives d'explications peuvent tout de même être menées.

Ainsi, cette attitude résulte d'un contexte historique et politique, qui a fait du parti travailliste l'un des premiers soutiens à la White Australia Policy, politique d'exclusion raciale instituée dès 1901 et abrogée seulement dans les années 1960-1970, suivie d'un nationalisme renouvelé mené notamment par Paul Keating dans les années 1990.

Le contexte insulaire de l'Australie, qui a toujours été prégnant tant dans l'esprit des dirigeants politiques que de la population, ne fait que rajouter à cet état de fait.

Et si Chantal Brunel était australienne en fin de compte ?

8/9/2011, Etienne Combier

Source : Rue 89

Le "Prix P.A.P.O.N" (prix attribué pour obéissance notoire), décerné au préfet ayant "procédé au plus grand nombre d'expulsions de sans papiers", a été accordé à ceux de Mayotte et du Pas-de-Calais, ont annoncé jeudi à Toulouse des associations de défense des droits des l'homme.

L'Association pour l'art et l'expression libres (AAEL), avec le soutien d'un collectif réunissant entre autres la Cimade ou le Réseau Education sans frontières 31, est à l'origine de ce prix évoquant la personne de Maurice Papon, ex-secrétaire général de la préfecture de Gironde sous l'Occupation, condamné pour complicité de crimes contre l'humanité en 1998.

Notant que "le gouvernement a, ces dernières années, engagé une chasse sans merci contre des hommes, femmes et enfants", l'AAEL veut ainsi "rendre l'hommage qu'ils méritent" aux "fonctionnaires de la République (qui), n'écoutant que les ordres de la voix de leur maître, contribuent, par leur servilité et leur zèle, à cette politique inqualifiable".

Hubert Derache, préfet de Mayotte jusqu'en juillet 2011, a été couronné pour "avoir augmenté d'un tiers les expulsions pendant son mandat".

Pierre de Bousquet, préfet du Pas-de-Calais, département où se pressent de nombreux sans papiers candidats à l'immigration en Grande-Bretagne, est récompensé pour avoir "mis en oeuvre des tactiques combinées qui devraient faire école : l'exercice de la violence directe, le harcèlement journalier, la destruction des moyens de survie".

Un prix de l'innovation a également été décerné à Patrick Stéfanini, préfet de Gironde, un de ces "fonctionnaires hardis qui savent être à l'avant-garde afin de compenser l'inertie des autres et réaliser les objectis annuels de 30.000 reconduites à la frontière".
Quelque 200 personnes, selon les organisateurs, une centaine, selon la police, ont participé à la cérémonie devant le monument à la gloire de la résistance de Toulouse.

8/9/2011

Source : Le Parisien/AFP

France terre d’asile demande au Premier Ministre la convocation en urgence d’une table ronde sur les mineurs isolés étrangers

Depuis le 1er septembre 2011, le Président du Conseil général de Seine-Saint-Denis a décidé de ne plus accueillir les mineurs isolés étrangers dans les structures de l’aide sociale à l’enfance.

Cette décision est selon lui justifiée par l’attitude de l’État, qui refuse notamment de participer au financement de leur accueil. Isabelle Debré (sénatrice UMP des Hauts-de-Seine), auteur d’un rapport sur le sujet, dit à demi-mot comprendre la réaction du Conseil général du 93.

France terre d’asile s’inquiète de cette situation, dont les premières victimes sont des adolescents auxquels la France s’est engagée à apporter protection et à veiller à leur intérêt supérieur, en signant la Convention internationale des droits de l’enfant il y a plus de vingt ans.

Nous rappelons une nouvelle fois ici que l’arrivée de mineurs isolés étrangers sur le territoire français est d’ampleur limitée et n’a pas connu d’accroissement considérable ces dernières années. Ils seraient environ 6000 sur le territoire métropolitain.

Cependant les arrivées se concentrent prioritairement et massivement sur certains départements (Paris, Seine-Saint-Denis, Pas-de-Calais…).

Il est vrai que l’État est aux abonnés absents sur ce dossier et qu’il n’a rien entrepris de significatif depuis la mise en place du dispositif Versini en 2004. Là où le département de Paris (avec lequel nous venons d’ouvrir de nouveaux dispositifs) verse annuellement 70 millions d’euros pour la prise en charge des mineurs isolés étrangers, l’État verse 2 millions ; là où le département de Seine-Saint-Denis verse 35 millions, l’État ne verse rien…

Afin de sortir de cette impasse et d’apporter une protection satisfaisante à ces jeunes adolescents, France terre d’asile demande au Premier Ministre la convocation urgente d’une table ronde réunissant État, collectivités territoriales et acteurs associatifs sur ce dossier complexe qui recouvre des réalités sociales et juridiques diverses.

08/9/ 2011

Source : Site de France terre d’asile

«Non!», la migration n'est plus seulement une histoire d'hommes. Elle demeure en tout cas un parcours, qui se complexifie au fil des années et emboîte le pas des modulations qui se mêlent aux relations hommes-femmes.

Ernest Ravenstein, à la fin du XIXe siècle, est l'un des premiers à avoir proposé une série de lois décrivant les migrations humaines. Parmi elles, on relèvera que tout flux migratoire génère un contre-flux ou flux de retour, que la majorité des migrants migrent sur de courtes distances, ou encore que les familles ont moins tendance à migrer internationalement que les jeunes adultes, et que les femmes sont plus représentées dans les flux de courte durée.

Surtout, au sein de ces premières études et de celles qui suivront, la question des migrations s'attache à la description de biographies masculines. L'émergence d'une réflexion portant sur les migrantes se fera attendre jusque dans les années 1970. Les femmes migrantes seront alors essentiellement considérées pour leur rôle de «pont» entre les cultures ou de gardiennes d'une culture d'origine, avant que la question de l'émancipation ne devienne un élément central d'une réflexion prenant enfin pleinement en compte son versant féminin.

Us et coutumes migratoires

À partir des années 1990, le fait d'être sédentaire est de moins en moins considéré comme une normalité. La migration n'est plus nécessairement associée à un passage difficile, mais à une façon possible de vivre le monde actuel. Le nombre de migrants augmente et les migrations sont aujourd´hui de plus en plus étudiées en dehors du cadre du genre. Statut, religion, niveau d'études, âge, région d'origine deviennent des indicateurs pertinents pour répondre à la question que soulèvent désormais ces mouvements: «Pourquoi déménage-t-on?»

Face à l'ampleur du phénomène migratoire, la recherche abandonne une orientation normative unique pour se pencher sur une réalité complexe, qui modifie la structuration des sociétés. Ainsi, en 2009, au Luxembourg, le nombre de non-Luxembourgeois âgés de 0 à 9 ans et de 25 à 44 ans est plus élevé que le nombre de Luxembourgeois (1). Lorsque l'on considère le pourcentage d'activité salariale des hommes et des femmes, on relève en outre que les femmes luxembourgeoises sont dans ce domaine moins représentées que les femmes portugaises. 54,5% des femmes luxembourgeoises ont une activité salariale, contre 70,8% des femmes portugaises vivant au Luxembourg (2). Une comparaison qui s'attache au domaine scolaire montre quant à elle, en 2008, une nette surreprésentation des élèves non luxembourgeois dans l'enseignement spécialisé, tandis que les Luxembourgeois sont surreprésentés au sein de l'enseignement secondaire classique (3); des chiffres dramatiques et des écarts qui ne cessent d'augmenter, comme le soulignera Christel Baltes-Löhr.

Migrations au féminin

Trois recherches conduites par Christel Baltes-Löhr offrent un éclairage circonstancié du phénomène migratoire féminin et de l'évolution de la perception des rapports hommes-femmes au sein de la société luxembourgeoise. Dans le cadre de la première recherche ici considérée, 28 femmes d'origine portugaise vivant au Luxembourg ont été interrogées au cours d'entretiens qualitatifs.

Moteurs

Deux critères présidaient à leur sélection: le fait de ne pas être née au Luxembourg et leur appartenance à des milieux sociaux différents. Ces femmes exposèrent des expériences migratoires très diversifiées, comportant beaucoup d'étapes intermédiaires, de nombreux allers et retours ou encore des déplacements s'effectuant à l'intérieur même du territoire luxembourgeois.
Les moteurs de la migration s'avérèrent, de la même façon, très hétérogènes. Il fut ainsi intéressant de relever que les femmes prennent, comme les hommes, la décision de migrer seules et pas uniquement pour des raisons économiques, ou encore qu'elles ne considèrent pas la migration comme supérieure à la sédentarisation. Ces biographies migratoires ne semblent donc pas répondre à des règles définies et combinent des facteurs «pull» et «push» complexes et variés.

L'étude a en outre permis d'insister sur le fait que les migrations féminines sont le plus souvent jugées à l'aune de critères d'émancipation occidentaux, parmi lesquels l'activité rémunérée est considérée comme un facteur décisif. Or, pour les femmes portugaises, le travail salarié fait partie d'une normalité, contrairement à ce qui semble relever d'une pensée féminine européenne. Le caractère progressiste des femmes luxembourgeoises est lié pour elles à d'autres caractéristiques. Les femmes portugaises ont en effet mentionné les aspects suivants comme critères émancipatoires: se maquiller, porter les vêtements de son choix, conserver son nom après le mariage, se rendre dans des cafés, sortir seule, fumer, porter les cheveux courts, pouvoir divorcer… Pour les femmes portugaises, le travail rémunéré est aussi important, car il permet l'indépendance économique sans laquelle elles ont du mal à concevoir un bonheur ou une satisfaction entiers.

Cette même étude, publiée en 2006, a permis de dégager 11 formes différentes de relations vécues entre les sexes, évoluant entre un modèle traditionnel de relations au travail et aux tâches domestiques et un partage des tâches et responsabilités. Parmi ces différentes formes, on peut relever les combinaisons suivantes:

les femmes qui ne sont plus femmes au foyer et voient comme un élément d'émancipation le fait de partager tâches ménagères et éducation des enfants avec l'homme; les femmes qui travaillent et s'occupent dans le même temps des tâches ménagères et des enfants, et se sentent fières de remplir ces tâches; les femmes qui exercent un emploi et prennent en charge le travail domestique. Pour elles, la tâche est lourde et elles souffrent de cette situation; les femmes qui répartissent les différentes tâches entre elles et leur mari. Dans ce cas, elles ont en général la responsabilité de désigner les tâches à accomplir, ce qui est source de conflits; les femmes qui recherchent l'égalité entre elles et leur mari et partagent toutes les tâches et responsabilités…
Pour rappel, il existe une typologie développée par Christel Baltes-Löhr (2006) des cadres référentiels du système de sexe/genre au sein de laquelle on différencie les modèles:

genre – classique: il s'agit d'un modèle traditionnel au sein duquel la famille doit répondre à certains critères, se fondre dans certains comportements considérés comme typiquement féminins (tâches ménagères, éducation des enfants...) et masculins (subvenir aux besoins matériels de la famille…);

genre – déficitaire: au sein de ce modèle, les femmes sont considérées comme déficitaires et veulent se comporter comme les hommes;
genre – différence: les femmes sont ici meilleures que les hommes, très émotionnelles par exemple, elles ont un avantage sur ces derniers, ce trait de caractère primant sur le rationnel;

genre – échange: les rôles sont inversés et l'homme s'occupe du foyer tandis que la femme poursuit une carrière professionnelle;
genre - différences: les différences ne concernent plus uniquement les hommes vs les femmes, mais embrassent également les différences entre femmes et les différences entre hommes;

genre - intersection: il s'agit ici de dédramatiser la différence entre les sexes, d'autres aspects tel que l'âge, le statut économique… sont considérés comme plus importants.

Émancipation

Il fut difficile pour les chercheurs de classer les femmes interrogées au sein de ces catégories. Six s'avéraient plutôt orientées vers le modèle traditionnel et 19 se montraient appartenant à différents modèles à la fois. Si la référence au modèle classique est apparue 16 fois, des références à d'autres modèles étaient toujours conjointement en présence.

Ainsi, si certains clichés demeurent fortement ancrés dans les consciences, le traditionalisme va aujourd'hui de pair avec des éléments émancipatoires. Âge, éducation, amour, peur de la séparation, envie d'être égalitaire, besoin de s'adapter au rythme du pays d'accueil… sont autant de raisons qui amènent les relations hommes-femmes à changer.

Il est en tout cas notable que les femmes ayant vécu la migration et des expériences étrangères pendant la petite enfance ne s'orientent généralement plus d'après le cadre traditionnel de la relation des sexes. Leur orientation est davantage celle de l'entre-deux, du double, d'une moitié-moitié. Elles ne se sentent plus à 100% dans un rôle ou dans un autre et jouent avec les chiffres pour expliquer leur position.

Le lien entre le lieu de naissance, le sentiment d'appartenance et l'identité se présente comme plus friable, moins fixe. L'espace, le temps, des considérations personnelles, le lieu influencent désormais ce sentiment d'appartenance. Quoi qu'il en soit, au moins cinq dimensions sont à considérer dans les orientations régissant les rapports hommes-femmes: le sexe, l'âge, la nationalité, la situation socio-économique et l'orientation ethnique, sachant que ces axes s´influenceront mutuellement.

L'unité de recherche IPSE (identités, politiques, sociétés, espaces) a également mis en œuvre, entre 2007 et 2010, le projet interdisciplinaire Ident– Identités socioculturelles et constructions identitaires au Luxembourg. Dans ce cadre, 30 entretiens auprès de 15 hommes et 15 femmes ont donné lieu à 290 séquences d'interview débouchant sur le positionnement des répondants vis-à-vis de différents modèles de relations homme-femme.

Pour référence, dans le modèle A, le modèle traditionnel, l'homme travaille à temps plein et la femme n'occupe pas d'emploi mais est chargée des tâches ménagères et de l'éducation des enfants. Dans le modèle B, l'homme travaille à plein temps et la femme travaille à mi-temps et s'occupe du foyer, ainsi astreinte à une double charge. Dans le modèle C, le modèle égalitaire, homme et femme travaillent à plein temps et partagent tâches ménagères et éducation des enfants. Dans le modèle D, la femme travaille à temps plein et l'homme à mi-temps et s'occupe du foyer, astreint à une double charge. Dans le modèle E, la femme travaille à temps plein et l'homme s'occupe du foyer.

Parmi les personnes interrogées, 70% ont choisi le modèle égalitaire (modèle C), 17% le modèle B et seulement 0,5 et 0,6% les modèles E et D. Les répondants âgés de 20 à 29 ans, célibataires et universitaires, avaient tendance à se montrer en faveur du modèle C, tandis que les personnes plus âgées ou les veufs se positionnaient plutôt en désaccord avec ce modèle.
Ce sont les femmes luxembourgeoises qui se montrèrent davantage en faveur du modèle A. De manière générale, l'étude a permis de souligner de grandes similitudes dans les réponses des hommes et des femmes. Elle a également mis en évidence que les répondantes et répondants sans enfants étaient en faveur de l'égalité des rôles, tandis que les parents avaient tendance à retomber dans une conception plus traditionnelle du rôle de l'homme et de la femme.

Une comparaison par nationalité a également dégagé certaines tendances. Le modèle A était privilégié par les Luxembourgeois, le modèle B par les Italiens, le modèle C par les Anglais, le modèle D par les Français, et six Allemands et Italiens se sont montrés en faveur du modèle E. Les facteurs différenciateurs seraient donc à chercher dans l'âge, l'origine culturelle, la position professionnelle, l'orientation sexuelle, le sexe et la religion.

La sociologue Christel Baltes-Löhr mentionnera encore une dernière étude se rapportant à la situation scolaire. 9.000 questionnaires ont été envoyés aux enseignants du Luxembourg, tous types d´enseignement confondus. Un taux de réponse de 25,72%, représentant 2.315 questionnaires, a permis une représentativité de tous les niveaux d'études, 71,8% des répondants étant de sexe féminin.

À l'issue de ce sondage, très peu de différences ont été relevées entre les réponses masculines et les réponses féminines.
De façon générale, peu de répondants ont manifesté leur accord avec les normes traditionnelles. De plus en plus d'hommes et de femmes se montrent en effet d'avis qu'une répartition égalitaire des tâches entre les sexes doit aujourd'hui s'opérer. Ainsi, les rôles de l'homme et de la femme sont à considérer dans le contexte d'autres dimensions, comme l'âge, la position professionnelle, l'orientation sexuelle et l'origine culturelle.


8/9/2011, Karine Bouton

Source : Le Jeudi

Après Bruxelles, Rabat et Anvers, l’exposition « Le Maroc et l’Europe : six siècles dans le regard de l’autre » est arrivée à Paris, accueillie dans les salons « des prévôts et des tapisseries » de la mairie où elle va se tenir du 8 septembre au 8 octobre 2011.

Deux psychanalystes sont à l’origine de cette manifestation qui met en lumière les liens historiques du Maroc et de l’Europe. Le premier, Paul Dahan, membre du « Conseil de la communauté marocaine à l'étranger » (CCME) et fondateur du « Centre de la Culture Judéo-Marocaine (CCJM) est basé à Bruxelles. Depuis une vingtaine d’années, il s’emploie à collecter documents et objets qui racontent l’évolution historique du Maroc. En parallèle à ce formidable travail d’accumulation, il mène une réflexion approfondie sur la communauté juive du pays. Quant à la scénariste de l’exposition, Sylvie Lausberg, elle est historienne et productrice de documentaires.

L’autre, un « sujet comme moi ».

Réunissant près de 600 pièces (peintures, documents d’archives et photographies), l’exposition explore l’évolution des relations entre le Maroc et l’Europe du 16e siècle à nos jours. A travers leur histoire, faite d’approches, de tractations, de conflits et d’accords nourris par une fascination réciproque, elle raconte l’importance de l’imaginaire dans la représentation de l’autre.

Construite en sept temps, cette manifestation court du XVIe siècle portugais au XXIe siècle. Invitant à réfléchir sur la notion d’autrui, cette manifestation culturelle a été pensée pour casser les clichés ambiants et encourager le dialogue entre les deux rives de la Méditerranée. L’histoire du Maroc s’y donne à lire à travers le prisme des relations avec les autres peuples. Le visiteur prend connaissance de leur richesse, l’histoire de ces rapports étant trop souvent réduite à l’entrée en lice de la France au Maroc à compter du XIX siècle. Ainsi, outre l’ancienne puissance coloniale, l’accent est-il mis sur les relations entretenues avec l’Espagne, l’Angleterre ou encore la Hollande.

L’autre, mon « meilleur ennemi » ou « mon adversaire à maîtriser » ? Une « curiosité » ou plutôt une « source de richesse ». Et si cet autre, qui peut paraître si différent n’était qu’ « un sujet comme moi » ? C’est ce type d’interrogations que cette exposition s’emploie à éveiller en chaque visiteur. La mise en scène des objets présentés contribue à nourrir la réflexion et à rendre le regard plus lucide. Sont exposés des fac-similés de documents anciens, des documents postaux originaux, des notes diplomatiques, des manuscrits anciens, des récits de voyage illustrés, des cartes géographiques, autant d’éléments qui détaillent et donnent une texture concrète à ces relations marocco-européennes.

L’exposition offre l’occasion de s’arrêter sur des moments insolites tels, par exemple, l’étrange « projet » de mariage entre le sultan Moulay Ismaël et la fille de Louis XIV, la richesse du premier n’ayant alors d’égale que le faste de la cour du second. Ou encore, de se remémorer des épisodes décisifs comme « la bataille des trois rois » près de Oued al-Makhazin qui signe le coup d’arrêt aux visées expansionnistes des Portugais sur le territoire marocain.

La culture est assez présente à travers la partie consacrée à l’histoire coloniale. L’exposition réserve un mur à Eugène Delacroix qui peigna en particulier les femmes et les scènes de la vie quotidienne juive. Une place importante est d’ailleurs consacrée à cette communauté qui a deux mille ans d’existence au Maroc.

L’exposition s’achève sur la période contemporaine. Dans un espace intimiste, une sélection de belles photos en noir et blanc, de Jacques Belin et Jean Besancenot. Le premier, photographe de la Résidence générale a laissé un fond d’environ 100 000 photographies réalisées entre 1920 et 1961. Le deuxième, arrivé au Maroc en 1934, est l’artiste peintre emblématique du vieux Maroc dont il a dessiné les costumes et les femmes qui les portent, donnant à ses collections une valeur ethnographique.

Placée sous le Haut Patronage de Sa Majesté le Roi Mohammed VI, l’exposition « Le Maroc et l’Europe » organisée par le « CCJM » et le « CCME » sera présentée à Séville, Londres et Amsterdam avant de traverser l’Atlantique pour s’offrir au regard de New York.

9/9/2011, Fouzia Benyoub,

Source : Portail des Marocains du monde

L’immigration en Libye d’Africains au Sud du Sahara constitue un dossier des plus complexes sur la scène politique et sociale libyenne au cours des quatre dernières décennies et le restera pour une longue période encore, en raison notamment des liens matrimoniaux entre les tribus libyennes et celles de certains pays voisins, tels les Touaregs du Niger et du Mali et les Toubous du Tchad, souvent originaires des régions frontalières où fourmillent, de longues dates, des réseaux de contrebandiers, de rebelles, ainsi que de groupes terroristes.

Si la position géographique de la Libye, avec ses 2.000 km de côte sur la rive sud de la Méditerranée, fait de ce pays une large porte africaine sur l'Europe, ses immenses frontières pour la plupart en bordure du désert, peu ou prou contrôlables, avec six pays d'Afrique que sont la Tunisie, l’Algérie et l’Egypte, mais également le Niger, le Tchad et le Soudan, offrent d’immenses opportunités aux convois d’immigrés africains.

Ce flux incessant d’immigrés africains concerne, non seulement les Africains en quête de travail rémunérateur en Libye, mais aussi et surtout des milliers de clandestins que le mirage de l’eldorado européen ne cesse d’attirer, et qui se servent généralement de la Libye comme d’une terre de transit.

La complexité du dossier de l’immigration en Libye procède du triple rôle que la situation géographique du pays l’assigne à jouer à la croisée des flux migratoires, servant aussi bien de havre d’accueil des travailleurs, de terre de transit aux migrants vers l’Europe, mais également de centre de recueil des migrants refoulés aux frontières européennes.

Les périples de sensibilisation entrepris à travers l’Afrique par l’ex-guide libyen Mouammar Kadhafi, pour obtenir l’adhésion des populations son combat pour l’accélération de la mise en œuvre de l’instauration des Etats-Unis d’Afrique ont contribué à conforter chez les jeunes sans emploi une perméabilité de fait des frontières de la Libye, ultime recours en terme d’emplois plus rémunérateurs.
Un tel écheveau, quoique difficile à démêler, avait contribué, à une certaine période, à décliner en faveur de la politique extérieure libyenne le rapport de force entre Tripoli et les capitales européennes, principalement de la rive Nord de la Méditerranée, en quête d’alliances sur le continent africain pouvant aider à résoudre définitivement l’épineux problème de l’immigration clandestine.

La réponse libyenne, déconcertante à priori, rappelait aux Européens que l’obstination des jeunes Africains à se faire une place sous le soleil européen était dictée, à raison, par le besoin de « récupérer », sans doute sous forme de salaires, « les richesses dont l’Europe coloniale avait spolié les pays africains sous domination ». Le discours a ensuite évolué, réclamant de l’Europe le financement des initiatives de création d’emplois en Afrique, dans le but de contribuer à estomper les flux migratoires vers l’Ancien monde.

Les menaces qui pèseraient sur la vie des ressortissants africains en Libye, depuis l’insurrection déclenchée contre le régime de Mouammar Kadhafi par les rebelles seraient bien réelles, vues sous l’angle d’une possible confusion entre des Noirs africains fuyant les théâtres de la crise libyenne et des mercenaires à la solde des troupes de Kadhafi, dont l’existence n’est plus à démontrer.
On comprend pourquoi, l’Union européenne, consciente du partage des responsabilités du meilleur autant que du pire des retombées de la crise libyenne, inscrit parmi les priorités de son Bureau de Coordination de l'Aide humanitaire nouvellement installé à Tripoli, « la protection des populations civiles, en particulier des ressortissants de l'Afrique sub-saharienne exposés à des exactions, parce qu'assimilés à des mercenaires recrutés par le régime de Kadhafi ».

Mais pour certains observateurs de la vie politique africaine, méfiants des ravages que pourraient entraîner les guerres de communiqués ainsi que la manipulation des médias, l’évocation du problème des immigrés africains en Libye pourrait être agitée ou provoquée par des milieux hostiles au rapprochement entre la Libye de Kadhafi et les pays africains, dans le but de brouiller les relations entre l’Union africaine et les insurgés du CNT, pour la plupart issus de la région cyrénaïque que d’aucuns estiment plutôt favorable aux relations avec le monde arabe.

Certes, les investissements de la Libye en Afrique, étudiés à l’aune d’une volonté de l’ex-leader libyen de contribuer à l’indépendance économique des Etats africains vis-à-vis des investisseurs occidentaux, ne sauraient être exclus des motivations d’une prétendue agitation du spectre des menaces sur les immigré africains.

La nouvelle Libye aura besoin de main-d’œuvre et ne pourrait se passer aisément des 3 millions d’Africains qui offraient la force de leurs bras aux grands travaux entrepris en Libye. De même, l’Afrique a besoin de la Nouvelle Libye qui ne saurait être extraite de l’intégration économique continentale entreprise depuis l’instauration de l’Union africaine.

Il ne reste plus qu’à tempérer les différentes ardeurs, remettre sur pieds la nouvelle Libye démocratique, sans toutefois qu’elle perde son indépendance également capitale parmi les droits humains réclamés et conquis depuis le déclenchement des soulèvements de fevrier dernier.

09/09/2011

Source : Afrique en ligne/ Pana

Après son ouverture en fanfare, avec George Clooney, et un fiévreux premier week-end non moins glamour, le 68e Festival de Venise a fait place à de beaux films, souvent empreints de gravité et tournés vers quelques-uns des enjeux les plus sensibles de nos sociétés.

À commencer par le sort réservé aux migrants clandestins, sujet trouvant un écho particulier en Italie. Rien d’étonnant, donc, à ce que le cinéma transalpin s’empare avec force de la question, notamment à travers le débat, causé depuis quelques années dans le pays par le durcissement de certaines lois.

Terraferma, ou les damnés de la mer

Avec Terraferma, en compétition officielle, le réalisateur Emanuele Crialese, auteur des remarquables Respiro (2002) et Golden Door (2006), met en scène le surgissement, au sein d’une petite communauté insulaire, d’illégaux retrouvés épuisés sur un bateau en perdition, à quelques encablures des côtes. Dans un univers presque obsolète, où vivre des produits de la mer semble relever chaque jour davantage d’un pari insensé, l’échouage de ces damnés contrarie tous les esprits et polarise les réactions.

À ceux qui y voient une mauvaise publicité de nature à anéantir le développement touristique et se contentent d’obéir à une loi interdisant de venir en aide aux infortunés sous peine de graves poursuites, certains opposent un choix de conscience, invoquant d’autres principes, ceux de la mer, profondément ancrées dans l’esprit des vieux marins. Rehaussé par une très belle mise en scène, ce film généreux adresse des hommages plus ou moins discrets au néoréalisme, comme pour une audacieuse mise en perspective de la misère, et a été accueilli avec chaleur par les festivaliers.

La désobéissance civile au cœur de la Mostra

Aux lois de la mer, l’octogénaire Ermanno Olmi adjoint celles de Dieu, en filmant dans Il villagio di cartone (hors compétition) l’acte de résistance d’un prêtre (Michael Lonsdale) ouvrant son Église à un groupe de clandestins africains traqués par la police. Là encore, la question de la désobéissance civile est au cœur de cette œuvre filmée en huis clos, traversée de questions essentielles mais lestée par une symbolique très appuyée.

Dans un autre registre, Ann Hui, cinéaste chinoise de Hong Kong âgée de 64 ans, a également fait très bonne impression, lundi, en présentant en compétition A Simple Life. Histoire douce au lent déploiement, évoquant l’entrée dans une maison de retraite d’une vieille employée de maison sans famille, très liée à l’homme dont elle avait eu la charge dès l’enfance. Faite de petits riens mais inscrite dans une très belle humanité, capable de légèreté comme de beaucoup de profondeur, l’œuvre d’Ann Hui a touché au cœur.

Tout comme le dernier film, en costumes, de cette autre réalisatrice, Andrea Arnold, grand espoir du cinéma britannique (Red Road en 2006, Fish Tank en 2009), qui étonne en adaptant le roman d’Emily Brontë dans Wuthering Heights. Ou les amours impossibles d’un jeune métis et de la fille d’une famille modeste et croyante, revisitant le romantisme anglais avec une audace et une rugosité stupéfiantes.

7/9/2011, ARNAUD SCHWARTZ

 Source : La Croix

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