dimanche 17 novembre 2024 20:16

Le Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), organise, les 15 et 16 juillet courant à Al Hoceima, un colloque international sur le thème: "Patrimoine culturel du Rif : quelle muséographie ?".

Le Conseil a indiqué dans un communiqué que ce colloque, qui sera placé sous le Haut patronage de Sa Majesté le Roi Mohamed VI, s'inscrit dans le cadre de la mise en oeuvre des recommandations de l'Instance Equité et Réconciliation (IER) en matière d'archives, d'histoire et de mémoire.

Ce colloque rassemblera plus de quarante chercheurs marocains et étrangers en provenance d'Espagne, d'Italie, du Royaume-Uni, de France et d'Allemagne, spécialistes de l'histoire et du patrimoine culturel matériel et immatériel du Rif et de la muséographie.

Plusieurs établissements publics (institutions du patrimoine, agences de développement, etc.) et de nombreux responsables de la société civile participent également à cette rencontre afin d'enrichir, par leurs interventions et suggestions, le projet de création du Musée du Rif.

Le colloque vise la mise à disposition, dans une approche multidisciplinaire, des travaux les plus récents sur l'histoire du Rif, son patrimoine matériel et immatériel en s'interrogeant sur les formes les plus pertinentes à travers lesquelles le futur Musée du Rif pourrait refléter les moments d'une histoire riche et passionnante, ajoute le communiqué.

Les contributions scientifiques porteront ainsi sur des thèmes aussi divers que les sources et les archives de l'histoire du Rif, aux origines de l'Homme, patrimoine antique du Rif, patrimoine médiéval et moderne, patrimoine anthropologique et ethnographique, histoire du temps présent et patrimoine vivant et enfin, atouts et perspectives de muséalisation de la mémoire historique du Rif.

Le Musée du Rif, dont ce colloque est la première grande étape, constitue un des grands axes du programme de mis en Œuvre des recommandations de l'IER en matière d'histoire, d'archives et de mémoire, indique le conseil.

Ce colloque sera organisé en partenariat avec la ville d'Al-Hoceïma et le Conseil Régional Taza-Taouanate- Al-Hoceïma et le concours du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME), de l'Institut royal de la culture amazighe (IRCAM) et de l'Institut national des sciences de l'archéologie et du patrimoine (INSAP).

12/07/11

Source : MAP

Une troupe théâtrale dédiée à la communauté marocaine aux Etats-Unis a été créée récemment dans la Grande région de Washington, à l'initiative de l'Association Forsee, avec pour objectif de permettre aux Marocains installés dans ce pays de rester en contact avec leur culture d'origine.

"La compagnie Forsee vise à permettre aux Marocains des USA de maintenir le contact avec un pan de leur culture, sachant que le théâtre inclut plusieurs formes d'expression", a déclaré à la MAP, Brahim Nechikh, fondateur de la troupe et également président de l'association AMANA (American Moroccan Association of North America).

"Pour que les Marocains restent connectés avec leur culture d'origine et soient au fait de l'évolution des arts dans le pays, nous avons mis sur pied cette compagnie théâtrale", explique Nechikh.

Selon l'artisan de cette initiative qui a déjà mis en scène plusieurs pièces de théâtre au Maroc, avant son départ aux Etats-Unis où il a élu domicile il y a presque deux décennies, Forsee ambitionne également de "mettre en avant la culture marocaine, dans une société multiculturelle et multiethnique".

Brahim Nechikh devrait se baser sur des textes écrits en dialecte marocain ou en arabe classique qui posent des "problématiques et sujets liés aux Marocains", avec la possibilité de travailler sur des oeuvres américaines.

Forsee ambitionne aussi d'être "un trait d'union entre deux cultures, marocaine et américaine", souligne Nechikh, ajoutant qu'il s'agit de travailler sur des textes écrits en anglais pour les présenter au Maroc ou sur des textes en arabe qui seront traduits et mis en scène en anglais.

"L'idée de créer un théâtre germait depuis quelques années, mais on attendait que la communauté marocaine, jeune par rapport aux autres communautés arabes, puisse s'organiser", explique-t-il.

Pour le lancement de cette expérience pionnière dans la région de Washington, ForeSee proposera au public maroco-américain "Sidna Qdar" de Mohamed Kaouti, une adaptation du chef d'oeuvre mondial "En attendant Godot" de Samuel Beckett.

La mission de ForeSee consiste "à stimuler, célébrer et renforcer la compréhension de soi et des autres à travers l'expérience partagée du théâtre et la production de nouvelles pièces et des classiques de dramaturges marocains et américains", souligne Brahim Nechikh.

12/07/11

Source : MAP

Comme en 2007, le parti de Nicolas Sarkozy compte bien ne pas laisser le sujet de l’immigration être l’apanage de l’extrême droite.

Et l’Europe ne sera pas absente de ce jeu. Dans son projet pour 2012, dont les premières propositions ont été présentées le 7 juillet, l’UMP estime qu’en matière d’immigration, l’Europe "doit mieux assumer ses responsabilités".

"Muscler l'espace Schengen"

Avec, en ligne de mire, la révision et l’évaluation de l’un des fondements de l’Union européenne : le principe de libre circulation des personnes mis en musique par la Convention Schengen.

L’UMP veut "muscler" l’espace Schengen qui compte aujourd’hui 25 pays d’Europe. Cette proposition est dans la lignée de ce que demandent la France et l’Italie depuis le mois de février et l’arrivée de près de 25 000 migrants sur l’île de Lampedusa (Italie).

Au mois de mai, la Commission européenne a annoncé qu’elle proposerait, prochainement, de modifier les critères qui permettent à un Etat de fermer temporairement ses frontières en cas de crise. De leur côté, les pays de l’UE ont pris des gants et précisé que le rétablissement des contrôles aux frontières intérieures de l’UE devrait avoir lieu "à titre exceptionnel", "dans des situations véritablement critiques".

Exclusion

Le sujet est tellement sensible qu’un accord sera très difficile à trouver. Or, l’UMP va beaucoup plus loin que les dirigeants européens. Elle propose l'exclusion temporaire de l'espace Schengen pour tout Etat qui ne remplirait pas ses engagements.

Un scénario qui semble irréaliste. "Politiquement, demander l’exclusion va très loin, explique Yves Pascouau chercheur à l’European policy center à Bruxelles. Et juridiquement, c’est impossible. Il faudrait modifier les traités, ce qui n’est pas du tout gagné. L’UMP est dans une logique de marketing politique très forte".

" Il faut en permanence suivre l’application des accords de Schengen", précise également le texte de la majorité. Mais le projet, sur la table des pays de l’UE depuis l’automne 2010, n’avance pas. Actuellement, l’évaluation des performances nationales en matière de surveillance des frontières est menée par les Etats eux-mêmes. Les pays contrôlés sont prévenus à l’avance par leurs partenaires et les inspections inopinées sont interdites.

La Commission européenne a bien proposé de faire intervenir des experts indépendants et d’autoriser les contrôles surprises. Mais les Etats, peu enclins à ce que l’on vienne fouiller dans leurs affaires, traînent les pieds.

Un commissaire à l'immigration

Au-delà de l’évaluation, l’UMP se plaint également du manque de pilotage politique de l’espace Schengen. La Commission se prononcera en septembre prochain à ce sujet. Mais il est peu probable que les points de vue convergent. La commissaire en charge du dossier, Cécilia Malmström, n'a eu de cesse de rappeler que la gestion de l'espace Schengen ne devait pas être livrée aux décisions unilatérales des Etats.

Tenter à Bruxelles ce qui a échoué en France? C’est ce que semble également vouloir faire la droite en proposant qu’un commissaire soit uniquement en charge de l’immigration, du co-développement et de l’intégration. Créé en 2007 par Nicolas Sarkozy, le ministère de l’Immigration et de l’identité nationale a pourtant été déboulonné, laissant au ministère de l'Intérieur le soin de s'occuper de ces sujets.

Actuellement, c’est la commissaire en charge des Affaires intérieures, Cécilia Malmström, qui gère, entre autres, le dossier migratoire. "Je ne vois pas la nécessité de créer un poste spécifique", estime Yves Pascouau.

Aide au développement et immigration

La volonté de lier l’aide au développement aux pays voisins à l’action de ces Etats en matière d’immigration irrégulière explique peut-être en partie cette proposition.

Et dans ce domaine là, l’UMP passe un cap que la France avait toujours refusé de franchir. "La politique de reconduite à la frontière pourrait être plus efficace grâce à un conditionnement – au niveau européen – de l’aide au développement et de la délivrance de visas en fonction des pays d’origine", précise le parti.

Aujourd’hui, le principe de conditionnalité ne porte que sur un échange de bons procédés sur l’immigration. En d’autres termes, les pays de l’UE sont d’accord pour faciliter l’octroi de visas, si le pays partenaire s’engage à lutter contre l’immigration irrégulière.

Lors d’un sommet européen à Séville en 2002, l’Espagne et le Royaume-Uni avaient déjà essayé de changer la donne. Or, à l’époque, le président Jacques Chirac avait tapé du poing sur la table en déclarant qu’il n’était pas question de lier aide au développement et immigration. "C’est faire une erreur fondamentale de demander à un pays qui ne dispose pas de moyens élevés d’avoir des actions fortes en matière d’immigration irrégulière", estime Yves Pascouau.

Reste que c’est la ligne défendue par Nicolas Sarkozy à Bruxelles. Et le lobbying français semble avoir payé puisque la communication du 4 mai de la Commission intègre l'idée. Mais, pour le moment, les dirigeants de l’UE n’ont pas repris le concept.

Limiter les recours

Certaines propositions faites par l’UMP sont déjà sur la table. A titre d’exemple, le renforcement des moyens de l’agence Frontex, qui coordonne les actions des Etats aux frontières extérieures de l’UE, est acté. Mais tout le problème est de déterminer un montant. Or, pour le moment aucune somme ne circule.

L’UMP appuie également la création d’une "agence européenne de l’espace Schengen", qui permettrait d'éviter le "visa shopping". C'est-à-dire la possibilité pour un étranger de faire des demandes de visas dans plusieurs pays de l'UE pour augmenter ses chances d'en obtenir un.

Cette nouvelle agence, dont la création a été actée, n'a pas l'ambition d'une agence européenne de l'espace Schengen, mais elle a pour but d'améliorer la coordination entre les différents systèmes informatiques sur les demandes de visa dans l'UE (SIS II, Eurodac et VIS). Elle devrait être mise en place à l'été 2012. Son siège sera à Tallinn (Estonie).

En matière d'asile, l'UMP demande également la simplification des procédures. Mais aussi la limitation des recours. Une proposition qui pourrait aller à l'encontre d'un droit fondamental, reconnu par la convention de Genève de 1951.

Le programme du parti majoritaire sera soumis au futur candidat de l'UMP pour la présidentielle de 2012 à l'automne. A lui de choisir celles qu'il souhaite retenir. Si Nicolas Sarkozy se représente, les mesures ne devraient pas être fondamentalement modifiées.

12/7/2011, Clémentine Forissier

Source : Euractiv

En voilà une au moins qui ne va pas faire baisser le niveau des (bons) petits Français ! Kheira Brahim, 18 ans, vient de décrocher son bac S avec mention Très bien. La preuve par les faits que "les enfants d'immigrés" ne sont pas aussi nuls que le clameClaude Guéant en malmenant les statistiques.

Elève au lycée Voltaire, dans le 11ème arrondissement de Paris, Kheira est la seule de sa classe à avoir obtenu la mention TB. "Peut-être qu'il y en a aussi dans les autres classes", précise-t-elle, modeste.

Elève brillante, la seule en S à avoir poursuivi le grec jusqu'en terminale, Kheira a été acceptée à la rentrée dans une prépa bio au au lycée Saint Louis. "J'aime tout ce qui est science, je me verrais bien dans la recherche", dit-elle. C'est aussi une passionnée de dessin. Sans avoir jamais pris de cours, elle passe des heures à dessiner, surtout des des mangas, et a même un projet de BD.

"Bien sûr que mes parents sont contents": pour fêter son bac ainsi que le brevet de son frère, sa mère a préparé un énorme couscous pour manger à l'école où son père est animateur de centre de loisirs. Les deux parents sont nés en Algérie, et Kheira est l'aînée des six enfants.

Les propos (erronés) du ministre de l'Intérieur Claude Guéant le 22 mai sur Europe 1- sur les enfants d'immigrés qui seraient aux deux tiers responsables de l'échec scolaire ... - l'ont choquée. "Ca m'a un peu révoltée, explique-t-elle, ce n'est pas juste de cataloguer les gens de cette manière surtout lorsqu'on ne les connaît pas. Il ne leur laisse pas la chance de montrer ce dont ils sont capables. Je trouve que ce n'est pas très glorieux de la part d'un ministre".

Pour être complet, à l'attention de Claude Guéant, il faudrait aussi mentionner de beaux exemples de succès de lycéens étrangers sans papier. Sans statut, craignant à tout moment d'être contrôlés, ils ont passé le bac envers et contre tout .

Marina, moldave, 18 ans, vient de décrocher son bac techno "Arts appliqués" avecmention Assez bien. Arrivée de Moldavie en décembre 2006, elle ne parlait pas un mot de français. Après trois mois dans une classe d'accueil pour non francophones, elle a rejoint une troisième normale. Et aujourd'hui elle parle sans accent.

A la rentrée, Marina a été admise en BTS  Design d'espace à la prestigieuse école Boulle. Malgré les incertitudes, elle a des projets pleins la tête: "après, je voudrais faire une école d'architecture, arriver au master, puis décrocher une "habilitation à la maîtrise d'ouvrage en son nom propre" pour pouvoir signer des projets moi-même. Dans l'idéal, j'aimerais avoir ma boîte d'architecte".

Mais Marina n'a aucun papier. En tant que jeune majeure, elle vient de déposer une demande de régularisation pour avoir un titre de séjour "VPF" (vie privée familiale). "A la préfecture, on m'a dit que la réponse pouvait arriver dans 2 semaines, 2 mois, 6 mois... ".

A la maison, seul son père, ouvrier dans le bâtiment, a eu pour la seconde année consécutive un titre d'un an. Il a demandé la régularisation de sa femme et de ses deux enfants au nom du regroupement familial. Mais on lui a refusé, expliquant que la famille devait d'abord repartir en Moldavie, qu'il devait ensuite faire la demande, puis que tous devaient attendre... "Mon père a dit non car on risquait de ne pas pouvoir revenir", dit Marina.

"Ca n'est pas facile de vivre comme ça, poursuit-elle, je ne peux pas faire de petit boulot saisonnier, et surtout cela m'inquiète pour les stages que je devrai faire lors de mes études".

Weysel Yigit, 22 ans, kurde de Turquie, vient, lui, d'avoir son bac pro "Aménagement et finition" avec mention Bien au lycée Hector Guimard à Paris. Après six ans de bataille, lui aussi soutenu par RESF (réseau éducation sans frontières), il a obtenu en février un titre de séjour "VPF". Il a décidé de travailler cette année pour pouvoir ensuite reprendre un BTS filière du bâtiment.

"Pourquoi est-ce qu'on nous met ainsi des batons dans les roues ?, s'interroge Marina,on a peur de marcher dans le  métro, ça nous stresse, ça n'est pas facile de se concentrer sur le travail".

Marina reconnaît aussi qu'elle "a du mal à assumer d'être sans papier" et qu'elle ne le dit pas à ses camarades de lycée. Mais le bac en poche, à la veille de se lancer dans des études, elle vit avec "l'espoir que tout ira bien".

12/7/2011

Source : Libération

Les migrations internationales ont baissé en 2009, traduisant le recul de la demande de travailleurs dans les pays de l’OCDE pour la deuxième année consécutive après une décennie de progression, selon un nouveau rapport de l’OCDE.

D’après l’édition 2011 des Perspectives des migrations internationales, les migrations dans les pays de l’OCDE ont diminué de 7 % environ, tombant à 4.3 millions d’individus, chiffre en baisse par rapport à 2008 où il atteignait un peu plus de 4.5 millions. Par ailleurs, d’après les premières données nationales disponibles, un nouveau recul des migrations est probable en 2010.

Cette baisse est particulièrement marquée dans les pays asiatiques de l’OCDE ainsi que dans la plupart des pays d’Europe, notamment l’Espagne, l’Irlande, l’Italie, la République tchèque et la Suisse. En Europe, les mouvements entre les États membres de l’UE ont diminué de 22 % en 2009. En revanche, les migrations à caractère permanent vers l’Australie, le Canada et les États-Unis ont légèrement augmenté la même année. Particulièrement sensible à l’évolution de la demande, la migration temporaire de travail a baissé de 17 % en 2009.

12/07/2011

Source : Site de l’OCDE

Fille des frontières (aux éditions Philppe Rey) est un ouvrage tonique et sympathique, si l'on fait l'impasse sur les premières pages alourdies par le récit complaisant d'une crise d'angoisse au prétexte que…Suite

La Ville de Paris va accorder une aide d'insertion de 700 euros aux migrants tunisiens qui repartent chez eux au titre du retour volontaire, destinée à compléter les 300 euros d'aide versée par l'OFII, a annoncé Pascale Boistard, adjointe chargée de l’intégration et des étrangers non communautaires.

Elle répondait à une question de Jean-François Lamour, président du groupe UMP et apparentés au Conseil de Paris, sur le dispositif d'aide aux migrants tunisiens. Ce dispositif d'urgence, qui se traduit pas des subventions aux associations qui s'occupent de leur hébergement, de leur nourriture et de leur accompagnement sanitaire et administratif, va prendre fin au 31 août, a dit Mme Boistard.

L'aide au retour volontaire des Tunisiens versée par l'OFII (Office français d'immigration et d'intégration), a-t-elle expliqué, a été limitée à 300 euros (montant habituel de l'aide au retour humanitaire), au lieu de 2.000 euros (montant maximum de l'aide au départ volontaire). La Ville de Paris a donc décidé de compléter l'aide au retour par une aide à l'insertion.

Actuellement, il y a en France entre 600 et 900 migrants Tunisiens, jeunes pour la plupart. 330 d'entre eux bénéficient des hébergements financés par la mairie de Paris. Selon Mme Boistard, environ un tiers de ces derniers voudraient actuellement repartir chez eux, voire la moitié. Dans ce cas, le montant global de l'aide d'insertion (700 euros par personne) serait comprise entre 77.000 et 100.000 euros. A ce jour, 250 migrants sont repartis avec les 300 euros d'aide au retour, a-t-elle encore indiqué.

11/07/2011

Source : Le Figaro/AFP

 

Depuis le 5 juillet, Copenhague contrôle plusieurs points d’entrée de son territoire. La question est de savoir si le principe de libre circulation des personnes prévu par les accords de Schengen est respecté.

Les automobilistes ont désormais intérêt à ralentir à l’approche du poste frontière de Froeslev, entre l’Allemagne et le Danemark. Depuis le 5_juillet, une trentaine de douaniers danois exercent un contrôle aléatoire des véhicules. Un scénario identique se déroule au bout du pont qui relie le Danemark à la Suède,

ainsi qu’au port de Gedser, où débarquent les ferrys venus d’Allemagne.

Ces nouvelles formalités n’irritent pas que les conducteurs pressés. Le porte-parole de la commissaire européenne aux a aires intérieures,

Cecilia Malmström, dit «suivre très strictement» les méthodes danoises. L’objectif est de vérifier si elles n’enfreignent pas un principe cardinal de l’Union européenne, inscrit dans la convention de Schengen: la libre circulation des personnes. Le texte abolit les contrôles aux frontières intérieures de l’UE et ne prévoit leur rétablissement, temporaire, que «si l’ordre public ou la sécurité nationale» l’exigent. Signataire, le Danemark n’enfreint-il pas désormais la règle?

La Commission est vigilante. Elle n’a pas dépêché d’équipe aux frontières danoises, mais envoyé à la

«_représentation permanente_» (l’équivalent d’une ambassade) du Danemark auprès de l’UE une lettre contenant une série de questions, portant sur la fréquence des contrôles, leurs critères, leurs méthodes…

Les réponses sont actuellement analysées. Il n’est donc pas exclu que le Danemark soit contraint de faire marche arrière.

Copenhague, qui assure avoir l’intention de respecter ses engagements, se défend en soutenant que les contrôles visent les marchandises et non les personnes. La nuance peut être néanmoins ténue. «Ce qui inquiète la Commission, c’est que cela soit contraire à la libre circulation des personnes et des marchandises, ou l’une des deux», dit Tove Ernst, au bureau de Cecilia Malmström.

Malgré un objectif affiché de lutter contre les importations illégales, la décision du gouvernement danois, prise en mai, vise un objectif politique.C’est une réponse à une demande de l’extrême droite, alliée de

l’équipe au pouvoir. La Norvège (signataire de Schengen mais n’appartenant pas à l’UE), dont le ministre

de la justice a annoncé, le 6_juillet, avoir «établi des contrôles très solides _» à proximité de la frontière suédoise, est plus explicite: «Cela combat la criminalité et permet d’attraper les demandeurs d’asile clandestins », a déclaré le ministre Knut Storberget. Déployer une présence policière aux abords des frontières n’est pas interdit par Schengen.

En vogue depuis que la France et l’Italie ont, en avril, soulevé le problème de la libre circulation lorsqu’un État fait face à un afflux de migrants, le sujet du contrôle des frontières inquiète certains États membres. Interrogé à Paris lors d’une conférence de presse, l’ambassadeur de Pologne en France – dont le pays

préside l’Union depuis le 1er_juillet , a réagi en ces termes: «Pour un pays qui a connu les murs, les barbelés, les sentinelles comme la Pologne, avoir la libre circulation des personnes peut être une valeur un peu plus grande que pour vous qui avez la libre circulation depuis des décennies.»

12/7/2011, MARIANNE MEUNIER

Source : La Croix

Dix élus franciliens d’origine maghrébine vont puiser aux Etats-Unis des idées exportables.

La conquête de l’Amérique avant celle du pouvoir ? Dix élus franciliens se présentant comme issus de la diversité participent à un voyage aux Etats-Unis du 11 au 18 juillet. Au programme, des rencontres avec les maires de Washington et de Baltimore, deux des plus grandes villes américaines dirigées par des Noirs américains, ainsi qu’avec le conseiller de Barack Obama en charge des questions de communauté. Les élus français, pour la plupart conseillers municipaux, doivent également s’entretenir avec des chercheurs et des acteurs socio-économiques.

Ils analyseront les programmes mis en place par les entreprises et les pouvoirs publics favorisant l’ascension sociale de personnes issues des minorités afro-américaines ou latinos.

Il s’agit de «s’inspirer des bonnes pratiques pour faire avancer la question de la diversité en France», explique Kamel Hamza, conseiller municipal UMP à La Courneuve et président fondateur de l’Association nationale des élus locaux de la diversité (Aneld), dont sont membres les participants au séjour. Créée en 2009, dans la foulée de l’élection de Barack Obama, l’Aneld, forte de 200 adhérents, entend faire changer les mentalités françaises en améliorant la représentation des élus d’origine étrangère. C’est le second voyage de cette association au pays de l’oncle Sam après une première virée pédagogique en 2009, financée par l’ambassade américaine. Cette fois, c’est la French-American Foundation, oeuvrant au rapprochement transatlantique, qui a pris en charge une partie du séjour et contribué au programme, chaque élu complétant à hauteur de 1 000 euros.

«Aveugle». «Il y a soixante ans entre Rosa Park [grande figure du mouvement des droits civiques, ndlr] et Obama. Les accords d’Evian ont été signés il y a cinquante ans et un Algérien est toujours soupçonné de cacher un moudjahidin. En France, la diversité reste un gros mot, on a peur du communautarisme», s’agace Kamel Hamza. Eric Keslassy, sociologue qui a consacré plusieurs ouvrages à la diversité partage ce constat d’un modèle français républicain, «aveugle aux couleurs». Quand on fait remarquer au président de l’Aneld que les dix participants au voyage d’étude sont exclusivement d’origine maghrébine, il assure le regretter et fait part de «difficultés à créer une union des

communautés».

Si le but de la visite est de trouver de nouveaux outils, Kamel Hamza a déjà une idée précise de ce qui marche. «Il faut autoriser les statistiques ethniques et mettre en place des quotas expérimentaux au moins à titre provisoire.» Y compris et peut-être même d’abord en politique. «On a essayé les symboles mais ce n’est pas suffisant. On ne peut plus se contenter de quelques exceptions qui servent de cautions», lance-t-il. A ses yeux, la discrimination positive n’entrave en rien le modèle républicain : «On peut être Français d’origine maghrébine ou Français et musulman. L’essentiel est de pouvoir assumer ce que l’on est. Aujourd’hui, dans les quartiers, on se retrouve avec des jeunes qui se sentent apatrides. L’opinion française doit arrêter de considérer les enfants de la diversité comme une menace.»

désir. La radicalité du discours peut sembler en porte-à-faux avec sa fonction d’attaché parlementaire du très droitier Eric Raoult, thuriféraire de l’identité nationale. Kamel Hamza rétorque que la délégation comprend des élus de gauche comme de droite. «Tous les partis sont prêts à signer des chartes mais pas à placer quelqu’un issu de la diversité en tête de liste», analyse celui qui confesse son désir de devenir un jour maire ou député. Il estime aussi qu’«en matière de diversité, la droite a beaucoup plus agi qu’une gauche convaincue que c’est déjà acquis».

élections. Eric Keslassy nuance : «En 2007, la droite a promu des cas individuels selon une logique libérale et méritocratique mais elle semble avoir renoncé. De son côté, la gauche privilégie une logique de groupe en soutenant notamment un non-cumul des mandats mais cela se traduit très peu sur le plan national»,analyse-t-il. Le sociologue note par ailleurs une différence entre les élections locales, où l’on observe une progression lente mais continue, et les élections nationales, où la représentation des minorités reste infime. Un tel voyage d’étude peut-il contribuer à faire évoluer la situation ? Eric Keslassy en doute : «Ça peut faire prendre conscience des différences entre les deux pays mais les modèles n’ont rien à voir et ne sont pas transposables.» Selon lui, «ce qui est notable, c’est que les Américains s’intéressent à un domaine laissé vacant par les pouvoirs publics français».

12/7/2011, Marwan Chahine

Source : Libération

L’Association de Solidarité Franco-Marocaine (ASFM) de l’Ain et son homologue de l’Isère ont équipé une ambulance qui portera des soins gratuits aux habitants du village Benabdellah, dans la province de Salé, durant une semaine à partir d'aujourd'hui. L’ASFM prévoit également d’organiser, du 21 au 25 juillet, une campagne de circoncision à Troch, dans la commune de Smaala.

Cette campagne aura lieu en marge d'une rencontre de MRE originaires de la région de Smaala, qui aura notamment l’objectif de créer un réseau d’entraide, une association à même de mener des actions sociales et culturelles, indique un communiqué de l’ASFM. Crée en 2004, l’Association de solidarité franco-marocaine de l’Ain, organisme à but non lucratif, œuvre principalement pour le développement du monde rural marocain.

11/7/2011

Source : Yabiladi

Le 28 juin, deux responsables régionaux de l'enseigne hard-discount Lidl ont été déférés au parquet de Senlis, dans l'Oise. Le motif : une ex-employée les accuse de discrimination.

Titulaire d'une carte de séjour délivrée au titre du regroupement familial, portant mention « vie privée et familiale », la plaignante n'avait pas été gardée à l'issue de son contrat à durée determinée. Une décision qu'elle met sur le compte de son titre de séjour temporaire, pourtant renouvable, et qui autorise ses détenteurs à travailler en France.

« Etrangers, votre CV ira à la broyeuse »

Fatiha Hiraki, chef de magasin à Clichy dans les Hauts-de-Seine, et déléguée syndicale à l'Unsa, n'est pas étonnée par la plainte. Si elle ne cautionne pas les propos de ceux qui taxent l'enseigne de racisme, elle est néanmoins sans équivoque sur cette affaire :

« Ce n'est pas un cas isolé. Depuis fin 2009, les consignes sont claires : il ne faut plus embaucher les personnes avec ce titre de séjour. D'ailleurs, quand elles viennent postuler, je leur dis d'emblée la vérité : leur CV ira à la broyeuse. C'est de la discrimination pure et simple. »

Elle renchérit, dévoilant le modus operandi de ce qu'elle appelle le « système Lidl » :

« Au siège, lors des formations des cadres, on diffuse les bonnes pratiques de recrutement. Certains disent même qu'une diapositive montre une carte de séjour “vie privée et familiale” barrée en rouge. C'est donc très clair. »

Jointe par Rue89, la direction n'a pas souhaité s'exprimer, si ce n'est par la voix de son avocat, en charge de la défense des deux prévenus. Pour Me Olivier Gutkes, ces accusations sont insensées :

« Nous contestons formellement ces accusations et nous saurons apporter les preuves de notre innocence. Pour l'instant, nous avons subi sans pouvoir nous défendre. Connaissez-vous une enseigne qui compte plus d'un tiers d'étrangers dans ses effectifs ? »

« Des centaines d'employés à Lidl avec ce titre de séjour »

Selon le Bondyblog, le responsable de la plaignante souhaitait la maintenir en poste, à l'issue de son CDD. Elle donnait satisfaction et il y avait un besoin de personnel dans le magasin.

Néanmoins, les directives de sa hiérarchie étaient claires. Toujours selon le média, qui cite un des témoins, Lidl ne recrute plus d'étrangers titulaires de carte de séjour « vie privée et familiale ». L'employée a alors décidé de saisir la justice, et de déposer plainte.

Selon Me Gutkes, le souci est tout autre :

« Une personne peut légitimement se sentir déçue quand elle ne décroche pas un emploi. Ce n'est pas pour autant de la discrimination. »

L'avocat s'étonne des rumeurs autour de l'affaire, qui éloignent le dossier des véritables faits :

« Le 18 août [la date du procès, ndlr], j'apporterai le dossier de centaines d'employés qui travaillent chez Lidl avec des cartes de séjours “vie privée et familiale, et, encore mieux, avec des cartes étudiants, encore plus précaires et provisoires. Franchement, quel serait l'intérêt de les empêcher de travailler ? ”

Fatiha Hiraki lui répond, indirectement :

“Le processus de renouvellement de cette carte de séjour nécessite parfois des aménagements de plannings, voire le financement de certains frais par l'employeur. Et ça, Lidl n'en veut pas. Ça entrave la productivité.”

“Coupable mais pas raciste”

Un employé de l'une des enseignes du hard-discounter dans le Val-d'Oise est content que quelqu'un brise la loi du silence. Pour cet homme d'origine africaine, Lidl n'en est qu'au début de ses déboires. Si lui non plus ne croit pas la hiérarchie “raciste”, il reste convaincu de sa culpabilité :

“On prend des étrangers parce qu'ils ont beaucoup plus peur de perdre leur emploi et supportent mieux des conditions de travail parfois difficiles. Mais ceux qui ont une carte vie privée et familiale posent trop de problèmes administratifs. Ça ne m'étonne pas qu'ils n'en veulent pas. Pour eux, tout doit être lisse.”

Il tient à garder l'anonymat. Selon lui, la peur du harcèlement rend les employés, à commencer par lui, réticents à témoigner, même quand ils assistent à des scènes “très très limites” :

“Ici c'est la loi du silence. Alors, on s'habitude à ne rien dire. Je n'ai pas envie d'avoir mes responsables sur le dos toute la journée, et de me faire licencier pour un motif bidon.”

En 2007, Fatiha Hiraki affirme avoir été victime de violences. Un responsable l'aurait bousculée dans la réserve. L'affaire a été classée sans suite, faute de preuves.

“C'était ma parole contre la sienne. La plainte n'a rien donné, mais désormais, avec moi, ils savent à quoi s'en tenir. Beaucoup d'autres ont peur de perdre leur job : c'est le salaire de la peur”.

11/7/2011

Source : rue 89

Les immigrants résidant dans la municipalité de Salt (Catalogne) sont dans le collimateur du tout nouveau maire de la ville. A peine installé, Jaume Torramadé, de la coalition nationaliste catalane promet de réduire le nombre d’immigrés dans sa ville. Parmi ses mesures phares, privilégier les autochtones dans l’octroi de logements dans ville de Salt.

Environ 45% des 31 000 habitants de la ville de Salt sont des immigrés. Cette forte présence étrangère n’est pas du goût d’une partie des habitants, qui n’hésitent pas à sortir dans la rue pour exiger « plus de sécurité face à l’immigration ». En mars dernier, des affrontements avaient éclatés dans la ville lors de manifestations d’anti-immigrés. Le tout nouveau maire de la ville, Jaume Torramadé, de la coalition nationaliste catalane (CIU), semble faire de la question liée à l’immigration une des priorités de son mandat.

L’édile du CIU, juge « trop élevé »  le pourcentage d’immigrés dans sa ville par rapport à la moyenne nationale qui tourne autour des 16%. Une situation qu’il se propose de changer en réduisant le nombre des étrangers. Ainsi, il propose différentes mesures, à commencer par la préférence pour les autochtones, lors de la vente ou de location de logement dans la ville de Salt.

Autre proposition du nouvel élu, la construction de logements subventionnés dans les zones industriels des municipalités voisines où partent travailler les immigrés. L’objectif étant de les faire partir de Salt, mais aussi de permettre à cette ville d’alléger les différentes charges sociales qu’implique la présence des immigrés.

Sur le plan éducatif, le maire de la coalition nationaliste catalane tend également la main aux municipalités voisines pour accueillir une partie des enfants des immigrés qui peinent à s’en sortir dans leurs études. Dans sa municipalité, ces cas dépassent parfois les 20% des effectifs des élèves. Ce qui nécessite, selon lui le transfert de ces élèves dans les écoles des municipalités voisines, souffrant moins de cette situation.

Apparemment  décidé à mettre en œuvre ses mesures, Jaume Torramadé, qui aura forcément besoin du soutien d’autres municipalités et du gouvernement espagnol, envisage de créer une association de « municipalités à forte présence d’immigrés issus de zones pauvres ». Une manière selon de « faire face aux problèmes [liés à l’immigration] » et de ne pas uniquement compter sur le gouvernement.

Par Oumar Baldé

10/7/2011

Source : Yabiladi

« Les Mohamed », de Jérôme Ruillier paru cette année adapte sous forme de roman graphique les témoignages, parfois terribles, rarement plaintifs, recueillis par Yamina Benguigui dans son documentaire « Mémoires d’immigrés », diffusé en 1997. L’ouvrage aux dessins poétiques et doux fait revivre l'histoire d’hommes et de femmes venus du Maghreb en France après la seconde guerre mondiale.

 En sujet grave, des personnages bien vivants, un dessin naïf et poétique, un ton neutre presque didactique. « Les Mohamed » de Jérôme Ruillier est paru en 2011 aux éditions Sarbacanes. Il est l’adaptation en bande dessinée du documentaire « Mémoires d’immigrés » de Yamina Benguigui, diffusé en 1997. Il exploite toutes les dimensions de la bande dessinée, traditionnellement dévolue au divertissement des enfants, mais aussi support de véritables romans graphiques, pour porter les paroles de ces pères et de ces mères, venus d’outre Méditerranée pour trouver un travail en France.

Jérôme Ruillier a choisi de présenter son ouvrage en emboîtant les récits. Chaque immigré raconte son histoire, l’auteur met en scène le moment du témoignage, de sorte que le lecteur a l’impression que chaque « Mohamed » s’adresse directement à lui. Enfin, il place ces histoires dans le cadre de sa propre vie : il fait se rencontrer son quotidien contemporain et l’histoire de ces hommes et femmes, en France depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Avec l’histoire de ces immigrés, l’auteur rapporte un pan de l’histoire de France que personne n’apprend à l’école. Dans le préface, Yamina Benguigui écrit « parce que j’ai conscience de l’impact pédagogique de la bande dessinée [...] j’espère du fond du coeur que ce projet ira sur les bancs de l’école. » La naïveté du dessin – noir et blanc, traits ou aplat, personnages stylisés aux oreilles arrondies comme des ours en peluches qui auraient grandi - tend aussi à rapprocher « Les Mohamed » d’une bande dessinée classique destinée à la jeunesse.

Pédagogique, candide, le lecteur ne doit pas s’y tromper, l’ouvrage de Jérôme Ruillier est aussi un roman graphique. Le livre est dense, sa portée longue. La succession d’histoires, parfois drôles, souvent douloureuses, quelques fois d’une tristesse infinie contraste avec la simplicité du dessin et du langage employé. « C’est le ratage, oui ! Le RA-TA-GE ! La vie je ne l’ai pas vu passer, elle est passée à côté de moi », dit Mamoud qui résume en quelques mots une vie de labeur et de sacrifices jamais récompensés. Jérôme Ruillier le présente sous les traits d’un vieil homme, le visage mangé par la barbe, un pyjama rayé, soufflant quand il marche accompagné du bruit de sa canne.

Le dessin est aussi simple que le langage des immigrés. « Il m’avait cassé la marmite », conclut Djamila pour expliquer son premier viol conjugal. Reproduireles mot exacts des immigrés dans un souci de vérité ? Sans doute, mais aussi, en montrant la légèreté avec laquelle des histoires terribles sont racontées, Jérôme Ruillier montre la force de ces êtres et épargne à son lecteur pathos et larmoiements.

 Par Julie Chaudier

11/7/2011

Source : Yabiladi

Une famille de Marocains résidant à Béziers, (Hérault, Sud de la France) vit sous la menace permanente d’une expulsion. La sous préfecture refuse de leur accorder la carte de séjour, sous prétexte qu’ils n’ont pas fourni de preuves suffisantes de leur présence en France, alors qu'ils y résident depuis 10 ans et que 4 enfants y sont scolarisés. La Cimade, qui soutient la famille, propose de saisir la justice.

Abdelkader et Hanane Azizi vivent à Béziers avec leurs cinq enfants à Béziers. Mais leur séjour n’est pas du tout empreint de quiétude. Et pour cause, la sous préfecture de Béziers, pour la troisième fois, en dix ans, refuse de leur accorder les papiers nécessaires à leur séjour dans l’Hexagone. Ils vivent ainsi dans l’irrégularité et n’osent même pas se promener en ville.

« Sans carte de séjour, je ne peux pas prétendre à un emploi », se désole Abdelkader, qui vit avec sa famille chez ses beaux-parents. En 2003, Hanane, son épouse, avait obtenu sa carte de séjour, mais à présent, elle semble dépassée et s’interroge sur son avenir: « Nous ne comprenons pas ce qui se passe. Toute ma famille vit en France depuis des années. Je n’ai plus de famille au Maroc si je suis expulsée ».

Du côté des autorités, on justifie ces rejets de délivrance des papiers par l’absence de preuves suffisantes sur la présence de la famille Azizi en France et sur leur totale volonté d’intégration. Peu de temps après le dépôt de leur première demande, les époux s’étaient séparés avant de se ressouder à nouveau. Ce qui expliquerait également le blocus de leur dossier, rapporte Midi Libre.

Recours judiciaire

La Cimade de Béziers, qui soutient ce couple, conseille pour sa part de porter l’affaire devant le tribunal administratif. « Le refus doit au moins être contesté », selon Jean Turpin, militant de la Cimade, joint par Yabiladi. « Leur dossier ne manque pas d’éléments : c’est une famille qui réside ici depuis longtemps et vit avec ses enfants, (dont quatre sont scolarisés, ndlr) », ajoute le militant de la Cimade, qui précise qu’il est très rare de voir une famille reconduite avec ses enfants.

Ce secours à la justice est peut-être l’un des rares espoirs pour cette famille marocaine, car l’actuel sous préfet de Béziers est réputé être très stricte sur les questions liées au séjour des immigrés. « Depuis sa venue ici, il y a deux ans, on n'a jamais obtenu quelque chose de lui », précise-t-on à la Cimade. A Béziers, la famille Azizi, n’est pas l’unique cas confronté à cette situation. De nombreux autres dossiers connaissent le même sort.

Par Oumar Baldé

11/7/2011

Source : Yabiladi

Reportage : Dans le Nord-Pas-de-Calais, un collectif d’associations pédale d’un camp de fortune à l’autre pour «défendre le droit des exilés».

Des migrants afghans dans un terrain vague de Calais le 30 septembre 2009. (© AFP Denis Charlet)

 «C’est l’arrivée du Tour de France d’Angres !» Fin d’après-midi, lundi 4 juillet, devant la mairie d’Angres (Pas-de-Calais). Ils sont une vingtaine à attendre le «Jungle Tour», 400 kilomètres à vélo en huit étapes, de Bailleul à Bruxelles, «pour les droits des exilés», migrants sans abri de France et de Belgique. Plusieurs nationalités vivent dans des campements de fortune dans les bosquets près des aires d’autoroute. Etape finale : la Commission européenne, où les militants déposeront les témoignages des associations sur les conditions de vie des migrants.

Angres, Départ du «Jungle tour», à la bonne franquette

Ambiance potache en attendant les cyclistes. Sylvie, secrétaire, Bruno, commercial, Thérèse, assistante maternelle. Enfants, partie de foot, bises. Avec eux, une demi-douzaine de Vietnamiens. A Angres, c’est un promeneur qui les a découverts, frigorifiés, dans un bois près de l’A26, à l’hiver 2008. Originaires d’une région pauvre du Vietnam, ils se glissent la nuit dans les camions, sur l’aire d’autoroute voisine, en espérant se réveiller à Douvres. Depuis, une poignée d’habitants s’organisent, pour des douches, des vivres, des soins. Pas simple de trouver un lieu pour les sortir du bois insalubre.«Quand ils ont su où on voulait s’installer, des agriculteurs ont déversé trois tas de fumier sur le terrain.» La maire communiste, Maryse Roger-Coupin, offre un terrain municipal, avec tentes prêtées par Médecins du monde et palettes au sol. Les bénévoles se relaient tous les jours. «Nous, on est la bande du jeudi», dit Bruno. Il ne dit pas «les Vietnamiens», mais «les copains». C’est à la bonne franquette. Sur les longues tables, thon-mayo, mirabelles, taboulé, bière. Voilà le peloton. Parmi les cyclistes, Julie, conteuse, Nicole Loriau, infirmière, Parviz Lak, artiste «Iranien de souche», Claudine Kaiser, enseignante pour jeunes sourds. Il y a aussi Wouter, travailleur social belge, Sorcha, anarchiste nord-irlandaise, réparatrice de vélos à Londres, et des Angrois, comme Franck, électricien. Philippe, chef de rayon chez Leroy Merlin : «Au début, on leur apportait une marmite de soupe chaude tous les jours. On est encore là.»Jeunes Français et Vietnamiens se lancent dans une pyramide humaine à trois étages. Au micro de Fréquence Paris Plurielle, un Vietnamien chante une chanson d’amour sur une fille et un garçon séparés par une rivière sans pont.

Sur la route, deux Vietnamiens «à bicyclette»

Mardi matin. Petit-déjeuner au soleil à Angres. C’est parti pour 42 km. Le Tour démarre au son de A bicyclette, chanté par Montand, une bande-son spéciale vélo ramenée par Tim, de Londres. Coquelicots, blés mûrs, collines. Deux Vietnamiens font l’étape. Ils pédalent vite, s’amusent, sans les mains. On aperçoit Marles-les-Mines, qui a inspiré Germinal à Zola. Camions, corons, pavillons. Dans un troquet, à la télé, c’est le Tour de France. Il pleut sur l’étape Lorient-Mûr-de-Bretagne. Bruno se marre : «Bien fait pour vous, c’est ici qu’il fait beau.» Sur la route, des gens sur les pas-de-porte, Christophe distribue des flyers. On l’écoute poliment, parfois on l’approuve. Une fois, on lui refuse le tract, au prétexte qu’il y a déjà «trop d’étrangers».Une dame glisse qu’elle donne du savon et du shampooing à l’asso Terre d’errance, quand elle peut. Douche à Ham-en-Artois. La mairie prête les équipements du stade en plein air, tous les mardis aux Erythréens, Soudanais et Ethiopiens. Les migrants se lavent en premier, l’un d’eux porte un tee-shirt «Le Nord avec Sarkozy». Ça le fait rire.

À NORRENT-FONTES, avec les «mamas» et «docteur guitou»

A quelques kilomètres, dans un chemin creux à l’écart du village, entre les champs de maïs, le campement, soudain envahi par les cyclistes. L’aire d’autoroute est invisible de là. Trois cabanes en palettes, la chambre des femmes, celle des hommes, et un lieu de vie de deux pièces, au plafond assez haut pour y tenir debout. Des canapés défoncés, des tables en bobines de récup, un réchaud. Au mur, les tours de vaisselle et de ménage. Ils parlent peu, maintiennent une distance polie, servent un délicieux café. Sorcha s’installe sous un arbre pour discuter avec un Ethiopien. Elle l’invite au dîner du soir, tous ensemble. Il répond qu’il craint la police.

Dans la cabane, Monique, célèbre pour avoir fait de la garde à vue après avoir rechargé des téléphones portables de migrants, et Louise. Elles viennent tous les jours, juste pour être là, discutent, rapportent des courses, «qu’est-ce qu’ils mangent comme oignons !» Les migrants les appellent «Mama Monica» et «Mama Louise». Gaëtan Blard, infirmier, devenu «Docteur Guitou» à force de soigner, en a revu certains à Londres. Ce qui l’inquiète le plus : la santé psychologique de ces migrants, qui errent souvent des années avant de se poser, refoulés vers le premier pays d’Europe qui a relevé leurs empreintes digitales, suivant le règlement Dublin II.

Certains se brûlent les doigts, en vain. Et puis la prison. Lily Boillet explique : «A la station d’essence, les policiers filment la nuit. Si quelqu’un a le malheur d’être filmé en train de fermer la porte d’un camion, ils cherchent pas à comprendre. Ici, on en est à la onzième arrestation en six mois.» Elle fait la différence entre les passeurs et ceux qui ferment les portes des camions, «par solidarité».«Des gens qui ont vocation à faire des études, trouver un travail, qui se retrouvent errants en Europe, brisés.» A Norrent-Fontes, une demi-douzaine a demandé l’asile. Mardi soir, sous les noyers de la salle polyvalente, on mange érythréen, bœuf à l’oseille et poulet au piment rouge. Marc Boulnois, maire Europe Ecologie-les Verts, est là. Une vingtaine d’Erythréens est venue. Les deux Vietnamiens sont restés.

À CALAIS, «si tu t’enfuis, la police frappe»

Jeudi après-midi dans un square de Calais. Voilà les cyclistes. Un Afghan s’inquiète : «Ceux-là vont nous attirer la police.» Où qu’il se pose, le migrant peut être attrapé, contrôlé, détenu, libéré, re-arrêté. Parfois juste réveillé plusieurs fois par nuit. «Tu dors, ils passent, ils klaxonnent.» Parfois pire. Une semaine plus tôt à Calais, on a croisé Hassan (1), Iranien, alors que la police venait de déloger la plupart des migrants réfugiés sous les auvents de l’aire de distribution des repas après la fermeture d’un squat. Il montre son œil au beurre noir : «Un policier. Je toussais trop dans le centre de rétention, ça l’a agacé.» Un Erythréen : «La police, si tu ne cours pas, elle ne frappe pas. Si tu t’enfuis, si.».

Les militants No Border du collectif Calais Migrant Solidarity ont remis au Défenseur des droits un rapport sur les violences (Libération du 23 juin 2011). Alertée par des associations en février, la sous-préfecture de Calais n’a relevé «aucun manquement à la déontologie des forces de police et des CRS». Médecins du Monde a entendu cette phrase du préfet du Pas-de-Calais, Pierre de Bousquet : «Mon objectif n’est pas de rendre la vie des migrants agréable.» Objectif atteint. Au prix d’un «effondrement du droit», résume Philippe Wannesson, de la Marmite aux idées.

Un bénévole du réseau No Border : «Les couvertures confisquées, les tentes détruites, ce n’est pas exceptionnel, c’est une logique. Tout est fait pour qu’ils craquent et demandent un retour volontaire.» Les militants No Border avaient l’habitude de vivre dans les squats avec les migrants, ils ne le font plus, «sauf dans ceux connus de la police», pour ne pas faire repérer les nouveaux. Les organisations estiment qu’il y a 150 migrants rien qu’à Calais, dont presque la moitié sont des demandeurs d’asile. «Eux aussi vivent dehors, comme les autres. On appelle tous les jours le 115, mais il n’y a pas de place, dit Sylvie Copyans, de l’association Salam. Et eux aussi se prennent les lacrymogènes. Ça commence à bien faire.» La caravane de cyclistes était à Ostende, en Belgique, hier. Arrivée à Bruxelles mercredi.

Par HAYDÉE SABERAN Envoyée spéciale dans le Pas-de-Calais

11/7/2011

Source : Libération

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