Une commission américaine indépendante composée d'élus et chargée de veiller à la situation des droits de l'homme en Europe a dénoncé aujourd'hui les expulsions controversées de Roms par la France et l'adoption de la loi sur le voile comme des "manoeuvres politiques".
La commission pour la sécurité et la coopération en Europe, également appelée commission U.S. Helsinki, eu égard à sa vocation à veiller à l'application des accords d'Helsinki, a également critiqué l'adoption de "lois visant les musulmans", après le vote de la loi prohibant le port du voile intégral dans l'espace public.
"Il me semble que de telles mesures constituent des manoeuvres politiques inopportunes, en particulier la politique discriminatoire consistant à cibler les Roms pour les expulser", a déclaré le représentant Alcee L. Hastings (démocrate, Floride), coprésident de la commission.
"Les minorités font partie intégrante de la société et il y a un risque quand ceux qui cherchent à diviser pour obtenir un avantage politique ont la possibilité de prendre les commandes", a-t-il ajouté dans un communiqué, publié à l'occasion d'une table ronde au Congrès sur la situation des minorités en France. "La situation des Roms en Europe ne sera pas résolue en cherchant à les cacher ou à les déplacer", a dit M. Hastings, appelant "la France, et d'autres pays", à "se concentrer sur l'intégration des Roms là où ils se trouvent".
L'ambassadeur français se défend
Présent à la table ronde, l'ambassadeur de France à Washington, Pierre Vimont, a assuré que la politique française ne constituait pas une "action collective" contre les Roms. "La question est de prendre des mesures contre des personnes qui créent un problème lié essentiellement à l'ordre public", a-t-il dit, alors que l'expulsion des Roms par la France a débouché mercredi sur une vive polémique entre Paris et la Commission européenne.
Source : Le Figaro/AFP
Comment nous percevons-nous les uns les autres des deux rives de la Méditerranée ? Nos valeurs et nos tendances culturelles sont-elles trop différentes pour envisager un espace commun de partage et de connaissances mutuelles? Partageons-nous plus que ce que nous croyons? Telles sont les questions à l'origine du rapport de la Fondation Anna Lmdh, présenté hier à Bruxelles…Suite
Les deux co-présidents du groupe Vert au Parlement européen, Daniel Cohn-Bendit et Rebecca Harms, ont dénoncé jeudi les "pressions" exercées, selon eux, par la France sur ses partenaires européens pour saper le rôle de la Commission européenne. "Nous sommes préoccupés par la pression que le gouvernement français met sur les Etats membres de l'UE pour porter atteinte au rôle de la Commission, afin d'éviter les conséquences de ses actions concernant les Roms", ont écrit les deux dirigeants écologistes dans une lettre adressée au président de l'UE Herman Van Rompuy et à la présidence belge de l'Union. Bien que le sujet ne soit pas officiellement à l'ordre du jour de la réunion des dirigeants des 27 Etats de l'UE jeudi à Bruxelles, le président français Nicolas Sarkozy a promis de s'expliquer devant ses pairs sur la politique de son pays à l'égard des Roms alors que la Commission européenne a menacé Paris de poursuites devant la justice européenne. M. Cohn-Bendit et Mme Harms ont demandé à M. Van Rompuy et à la présidence belge de l'UE de "garantir l'indépendance de la Commission" et "de ne pas laisser un gouvernement mettre en danger l'autorité des institutions de l'Union et mépriser les droits fondamentaux énoncés dans les traités que tous les Etats membres et les gouvernements sont tenus de respecter". Le Parlement européen a voté la semaine dernière une résolution non contraignante, notamment à l'initiative des Verts, pour demander à la France de "suspendre immédiatement" les expulsions de citoyens européens d'origine Rom. La commissaire à la Justice, Viviane Reding, a menacé mardi la France de poursuites en justice pour non respect de la législation de l'Union européenne, tirant un parallèle avec les déportations pendant la Seconde guerre mondiale. Mme Reding a depuis exprimé ses "regrets" pour cette comparaison. Le secrétaire d'Etat français aux Affaires européennes, Pierre Lellouche, avait contesté lundi à Bruxelles le rôle de "gardien des traités" de la Commission européenne.
Source : Le Monde/AFP
Le plus célèbre exilé volontaire de la littérature marocaine francophone contemporaine. Une polyvalence exceptionnelle caractérise le parcours scientifique, professionnel et intellectuel de l'écrivain marocain Fouad Laroui. Portrait
«Al Jamaâ», du réalisateur Daoud Oulad Sayed, participe au Festival international du film de. Saint -Sébastien qui se tiendra du 17 au 25 septembre…Suite
« Qu'est-ce que ça veut dire être Musulman, dans la France d'aujourd'hui ? Est-ce croire en Dieu et prier? Avoir des racines de l'autre côté de la Méditerranée? Comment l'Islam est-il devenu en cent ans la 2ème religion de France? Réponse dans‘‘Musulmans de France’’ une série documentaire signée Karim Miské. Première partie : ‘‘Indigènes’’, jeudi 16 septembre à 22h00 ».
Source : Site 2ML’association franco-marocaine Azzeka lance l’opération Doud’AZK pour vendre des jouets pour enfants en France. Ces derniers sont confectionnés par des femmes issues du milieu rural à Ouarzazate des jouets marocains vendus en France.
En vue de promouvoir l’enseignement préscolaire dans le monde rural, l’association Azekka France-Maroc lance, en partenariat avec des associations locales de Ouarzazate, l’opération Doud’AZK. Selon Fabienne Auclair, vice-présidente de l’Association, cette opération vise à vendre en France des jouets traditionnels confectionnés par les femmes de la région. «L’objectif est d’inscrire les familles dans une vraie démarche de partenariat et les impliquer de manière active dans la pré-scolarisation de leurs enfants. Les mamans qui vont confectionner les jouets seront remboursées par l’Association qui va leur financer l’achat des livres d’exercices de maths et de lecture nécessaires à leurs enfants pour l’année scolaire 2010/2011»,explique la vice-présidente de l’Association. Et d’ajouter : «Les jouets seront vendus en France par les membres d’Azekka volontaires et au Maroc dans les hôtels et aux autres endroits qui se déclareront partenaires de l’opération. Les revenus des ventes seront reversés aux associations partenaires du projet qui les distribueront aux éducatrices de manière équitable en complément de la cotisation mensuelle versée par les familles». Ces éducatrices enseignent à plusieurs enfants dans des espaces éducatifs aménagés grâce au projet «Malles éducatives pour les jardins d’enfants». Ce dernier a été lancé, en 2008, par l’association Azekka en collaboration avec plusieurs associations locales de développement.
«On est également en contact avec la délégation du ministère de l’Education nationale à Ouarzazate. Une convention de partenariat devrait être signée prochainement dans le cadre de ce projet», précise Fabienne Auclair. Celle-ci a indiqué que la mise en œuvre du projet s’articule autour de quatre axes, dont le premier vise l’aide à l’équipement des jardins d’enfants en matériel éducatif (fournitures scolaires, jeux, jouets, livres etc). «Cette année encore, on a pu doter les jardins d’enfants de nouveaux livres en arabe, des jeux, des jouets, des lecteurs CD et des fournitures scolaires. On a pu compter sur des voyageurs solidaires qui n’ont pas hésité à acheminer un peu de matériel au Maroc»,se réjouit la vice-présidente d’Azekka.
Le deuxième volet du projet porte sur l’aide à l’aménagement des espaces par l’acquisition de mobilier scolaire, la réfection et l’entretien des locaux. «Chaque jardin d’enfants participant au projet a désormais une salle réservée à l’usage des enfants. Cette année, on a poursuivi l’aménagement de ces locaux afin qu’ils soient mieux adaptés aux besoins des jeunes enfants», ajoute Fabienne Auclair.
Troisième axe du projet : la formation des éducatrices. «Cinq éducatrices à S’koura ont suivi une session de formation de plusieurs jours, animée par la responsable du préscolaire dans la région de Ouarzazate. On espère que cette première session pourra être suivie par d’autres», souhaite la vice-présidente de l’Association.
Dernier champ d’intervention du projet : la communication et la sensibilisation du grand public sur l’importance de l’enseignement préscolaire. «En février 2009, on a participé à la réalisation d’un film sur le jardin d’enfants Danaé-Le Défi. Il a été réalisé par la fondation d’Arfeuille et a pour objectif d’être diffusé auprès des responsables d’associations marocaines pour les inciter à créer des jardins d’enfants modernes et dynamiques», indique Fabienne Auclair.
Le projet ciblera lors de cette rentrée huit jardins d’enfants dont six à S’koura et deux à Erfoud. «On a déjà travaillé dans cinq jardins d’enfants en 2008. On espère pouvoir intégrer 1 ou 2 nouveaux jardins d’enfants, courant 2011. Cela dépendra de plusieurs facteurs notamment la motivation et le sérieux des partenaires pouvant intégrer le projet et surtout l’obtention de subventions pour poursuivre nos actions», précise la vice-présidente de l’Association avant de poursuivre «L’Association mène ce projet de grande envergure grâce aux relations de confiance qu’elle a établies avec la fondation d’Arfeuille qui finance la majeure partie du projet des Malles éducatives. En 2009, le budget s’est élevé à 7000 euros. Le même budget est prévu pour 2010». Notons que la fondation d’Arfeuille développe de nombreux projets en faveur des enfants du Maroc. Elle assure notamment l’équipement et la rénovation d’écoles. Elle mène également des opérations autour de la lecture et du livre. Ces actions se situent sur les secteurs de S’koura, Casablanca, Berkane et Erfoud.
Source : Le Soir Echos
La Fondation du Haut Atlas organise, le 29 et 3à octobre à New York, le premier Festival du film marocain aux États-Unis…Suite
Mohammed Arkoun, intellectuel franco-algérien, philosophe et historien de l'islam, est décédé mardi soir à Paris, à l'age de 82 ans,. Il sera inhumé au Maroc à Casablanca.
Grande ffigure de l'islamologie et véritable "passeur" entre les cultures, Mohammed Arkoun est un des professeurs les plus influents dans l'étude islamique contemporaine. Il était professeur émérite d’histoire de la pensée islamique à la Sorbonne (Paris III), et avait enseigné l’« islamologie appliquée », discipline qu'il a développée, dans diverses universités européennes et américaines, en référence à l'anthropologie appliquée de Roger Bastide. Parmi ses sujets de prédilection, l’impensé dans l’islam classique et contemporain.
Mohamed Arkoun est né en 1928 à Taourit-Mimoun, petit village de Kabylie, dans un milieu très modeste. Il a fait ses études secondaires chez les Pères Blancs. Ensuite, il a étudié la littérature arabe, le droit, la philosophie et la géographie à l'Université d'Alger. Grâce à l'intervention du Professeur Louis Massignon, il a pu préparer l'agrégation en langue et littérature arabes à l'Université de la Sorbonne.
Sa curiosité d'esprit l'a alors poussé à s'intéresser à l'humanisme arabe du X ème siècle, particulièrement la pensée de Miskawayh. Il en a fait son sujet de thèse.
Mohamed Arkoun était convaincu que l'évènement historique de "la parole coranique devenue texte" n'avait pas bénéficié de l'intérêt scientifique qu'il méritait, et que d'immenses chantiers restaient à ouvrir. Pour lui, les "trois définitions de la révélation": la définition juive, la définition chrétienne et la définition musulmane ne pouvaient pas être dissociées, et leur étude apportait à chacune des éclairages salutaires.
Mohammed Arkoun se situe dans la branche critiqu du réformisme musulman. Prônant le modernisme et l'humanisme islamique, il a développé une critique de la modernité dans la pensée islamique, et plaide pour un islam repensé dans le monde contemporain. Il y a consacré de très nombreux ouvrages dont La Pensée arabe (Paris, 1975), Lectures du Coran (Paris, 1982), Penser l'islam aujourd'hui (Alger, 1993), ou encore The Unthought in Contemporary Islamic Thought (Londres, 2002).
15 Septembre 2010
Source : Atlas info
"Les peuples frères" sont "divisés sur les immigrés", titre le Jyllands-Posten, à la une duquel la Suédoise Fifi Brindacier tend la main à un étranger basané, tandis que "Mère Danemark" le regarde horrifiée. Le quotidien danois résume ainsi une étude sur l’attitude des Danois et des Suédois face aux étrangers et à l’immigration. Selon cette enquête – la première conjointe de ce genre – 65% des Suédois portent un jugement positif sur l’immigration des dernières décennies, contre 50% des Danois ; 20% des Suédois perçoivent l’immigration (bien plus importante en Suède qu’au Danemark) comme un phénomène négatif, contre plus du double de leurs voisins. Enfin, 47% des Suédois ne perçoivent pas l’islam comme un problème, contre 20% des Danois. Cette différence de perceptions viendrait du fait que "les Suédois estiment que toutes les personnes ont la même valeur" et qu’ils "refusent de discuter des problèmes des minorités", conclut le quotidien.
15.09.2010
Source : Courrier International
L’Opération Transit 2010 a pris fin hier. Il est maintenant l’heure pour les autorités marocaines de tirer un bilan. Et celui établi par le ministère chargé de la Communauté Marocaine Résidant à l’Etranger est plus que positif; et cela malgré la coïncidence du Ramadan avec la période estivale.
- Yabiladi : Qu’en est-il des chiffres des arrivées des MRE, cet été ?
- Mohamed Ameur : Du 5 juin au 6 septembre 2010, le nombre des marocains du monde qui ont passé leurs vacances d’été au Maroc s’est élevé à 2.025.017. A la même période de 2009, ils n’étaient que 1.970.805. Cette année a enregistré donc une évolution de 2,75% par rapport à l’année dernière.
- Pourtant, il semblerait que les MRE ne soient pas venus en masse pour passer le Ramadan au Maroc ?
- Rien ne peut prouver cette assertion. Les chiffres dont nous disposons, outre ceux des arrivées dont je viens de parler, disent que les sorties enregistrées aux postes de frontière, à quelques jours de la fin du mois sacré, marquent une régression de 18,48% par rapport à l’année dernière. En chiffres, cela donne 872.583 sorties cette année contre 1.066.891, en 2009. En clair, ceux qui ont séjourné au Maroc durant cette période étaient plus nombreux que ceux de l’année dernière.
- Que retenez-vous de cette saison estivale ?
- La constance de l’évolution positive des indicateurs d’affluence de nos concitoyens expatriés, confirmée encore une fois cette année avec les 2,75 % de plus, indique le fort attachement des marocains du Monde à leur pays d’origine. C’est un vrai pèlerinage aux sources qu’ils effectuent désormais chaque année. Peu de pays connaissent pareil engouement de la part de leurs communautés à l’étranger. Nous ne pouvons qu’en être fiers. Cela est dû à la sollicitude de Sa Majesté le Roi Mohammed VI envers cette partie de ses sujets, sollicitude si fortement exprimée dès l’accession de Sa Majesté au Trône de ses glorieux ancêtres et qui n’a cessé de grandir depuis, traduite dans les faits par des gestes, des initiatives et des mesures tendant à améliorer constamment les conditions de transit et de séjour de nos concitoyens résident à ’étranger.
- Y a t-il des enseignements à retenir pour les années futures ?
- Vous savez, la recherche du mieux est notre devise. Dans notre domaine, servir le bien de notre communauté à l’étranger ne se limite pas à une saison au détriment des autres. Nous œuvrons à longueur d’année, chaque action tirant les enseignements de sa précédente, pour que notre approche soit en amélioration constante. Ce que je peux vous dire, c’est que tous les intervenants concernés, qu’ils soient pouvoirs publics ou secteur privé, savent qu’il est de l’intérêt de notre pays que ses relations avec ses expatriés se pérennisent. Cette pérennisation passe forcément et en premier lieu par un accueil irréprochable. Donc, vous pouvez être sûr que les années à venir connaîtront des progrès considérables dans l’organisation de l’opération Transit, comme du reste dans tous les autres domaines s’intéressant directement ou indirectement aux Marocains du monde.
Source : Yabiladi
Le Professeur Mohamed Arkoun est décédé dans la soirée de ce mardi 14 septembre 2010 à Paris, à l'age de 82 ans. Avec lui disparait une grande figure de l'islamologie et un véritable "passeur" entre les cultures. Intellectuel musulman, il était plein d'empathie pour le christianisme et plein d'amitié pour les chrétiens, sa route lui ayant permis de tisser de grandes amitiés avec plusieurs.
Un nouveau plan d’assistance aux Marocains résidant à l’étranger (MRE) vient d’être adopté par leur ministère de tutelle. Ledit plan comporte un volet juridique, et un volet social. 10 millions de dirhams auraient été nécessaires à la mise en œuvre de la première partie de ce plan, selon un communiqué du ministère chargé de la communauté marocaine résidant à l’étranger (MCMRE).
Le MCRME annonce ainsi su son site que le nouveau plan de soutien, a pour principal objectif d’assister les MRE fragilisés économiquement. L’essentiel du programme se décline en deux axes, l’un juridique, et l’autre social.
Le premier aspect consistera à apporter une assistance juridique et judiciaire aux ressortissants marocains établis dans 22 pays d’Europe, d’Afrique subsaharienne, d'Asie, et du Monde arabe, selon les termes du communiqué.
Concrètement, il s’agira de signer des conventions avec des cabinets d’avocats dans les pays concernés pour fournir l’encadrement juridique des MRE de ces pays. En outre le MCMRE a également prévu d’engager des avocats pour défendre les Marocains établis dans des pays où il n’existe pas d’assistance judiciaire gratuite. Le communiqué précise que le dispositif sera supervisé dans 12 ambassades et 48 consulats du Royaume.
Le 2e aspect du programme quant à lui, consiste en la mise en place d’un fond d’aide sociale, au niveau des représentations diplomatiques et consulaires des pays concernés. L’objectif principal de cette mesure est : «d’apporter le soutien nécessaire aux catégories et personnes en détresse et répondre à leurs besoins les plus urgents ».
Selon le communiqué du MCMRE, la première phase de ce nouveau programme, qui a nécessité 10 millions de dirhams, a été lancée depuis le début du mois de septembre courant. La liste des pays concernés par ces mesures n’a pour l’instant pas été communiquée.
Source : Yabiladi
La controverse sur le renvoi de Roms a plongé les relations entre la France et l’UE dans une phase de turbulences d’une rare intensité et particulièrement malvenue pour Nicolas Sarkozy au moment où il entend souder les Européens derrière sa présidence du G20
«La France, en termes d’image, voire sur le plan juridique, va avoir à en pâtir», estime Jean-Dominique Giuliani, président de la Fondation Schuman spécialisée sur les questions européennes. Les renvois de Roms roumains ou bulgares «sont dans l’Europe d’aujourd’hui des mesures qu’on ne peut plus prendre tout seul dans le cadre national, sinon ce sont les valeurs européennes de base qui seront bientôt mises en cause», ajoute-t-il.
La crise couvait depuis le mois d’août. Elle a éclaté cette semaine suite aux révélations sur l’existence d’une circulaire des autorités françaises ciblant spécifiquement les Roms pour les renvois, en contradiction d’engagements donnés par Paris à Bruxelles.
La Commission européenne a tapé mardi du poing sur la table. Elle a menacé la France de poursuites en justice pour non-respect de la législation de l’UE, qualifiant de «honte» l’attitude de Paris et tirant un parallèle avec les déportations de la Deuxième guerre mondiale.
Des termes particulièrement vigoureux à l’aune de l’histoire mouvementée des rapports entre Paris et Bruxelles, où les contentieux ne furent pas rares dans le passé, sur les déficits publics, le protectionnisme économique ou la politique industrielle.
En retour, les critiques fusent du côté français, où dans les rangs du parti de droite du chef de l’Etat (UMP) la parole contre l’Europe se libère.
Le secrétaire d’Etat aux Affaires européennes Pierre Lellouche conteste à Bruxelles le droit de s’ingérer dans les affaires de la France, pays «souverain», le chef des députés UMP, Jean-François Copé, accuse l’Europe de mener «un procès d’intention systématique» contre Paris avec «une arrière pensée politique».
Pendant ce temps, au Parlement européen la réputation de la France se retrouve particulièrement dégradée chez une majorité d’élus de gauche et du camp libéral, qui ont sèchement rappelé à l’ordre Paris sur les Roms la semaine dernière.
Et parmi les pays de l’UE, même si la plupart se retranchent sur le sujet derrière un silence tout diplomatique, la Roumanie n’est plus la seule à émettre des critiques. Le président autrichien a émis mardi des réserves face à l’attitude de la France.
Source : Le Temps.ch/AFP
La 26ème édition du Festival du cinéma méditerranéen d'Alexandrie s'est ouverte, mardi en nocturne, avec la participation de plusieurs pays, dont le Maroc.
Le Maroc, l'Egypte, la France, l'Italie, l'Espagne, la Grèce, la Turquie, le Liban, le Maroc, l'Algérie, la Syrie et la Croatie prennent part à la compétition officielle.
Représenté par «Les oubliés de l'Histoire» de Hassan Benjelloun, le cinéma marocain a choisi de concurrencer cette année avec une œuvre puisée dans la réalité marocaine, en évoquant le phénomène de l'immigration et sa face cachée.
Le film de Benjelloun tente de jeter la lumière sur la problématique de l'immigration, notamment l'immigration clandestine, tout en exposant la condition sociale des jeunes immigrés.
«Les oubliés de l'Histoire» avait déjà remporté deux prix lors du 11ème Festival du film de Tanger, celui du premier rôle masculin décerné à l'acteur Amin Naji et le prix du scénario dédié au réalisateur.
Parmi les films retenus à la compétition officielle de cette édition, qui se poursuivra jusqu'au 19 septembre, figurent également les longs-métrages «Le voyageur» de l'Egyptien Ahmad Maher, «Harragas» de l'Algérien Merzak Allouach, «Chaque jour est une fête» de la Libanaise Dima Al-Horr et «La porte du paradis» du Syrien Maher Kedo.
L'ouverture de cette édition a été marquée par un hommage à une panoplie de comédiens et cinéastes, dont le réalisateur Ali BadraKhan, l'artiste Laila Elwi, le scénariste Moustapha Moharram, le directeur de la photo Mahmoud Abdel-Samie et les critiques Iris Nadmi et Hosn Chah.
Parmi les honorés étrangers figurent l'écrivain français Robert Solé, la réalisatrice tunisienne Moufida Tlatli et le directeur italien de la photo Vittorio Storaro.
Le jury, présidé par la réalisatrice tunisienne Moufida Tlatli, regroupe les comédiens égyptiens Hicham Sélim et Nelly Karim, le directeur général du Centre du cinéma grec Giorgos Papalios, le compositeur musical français Eric Serra et la photographe indienne Sabina.
Au menu de cette édition figurent plusieurs tables rondes, dont celle portant sur «le cinéma numérique entre le financement et la liberté d'expression» et qui ouvre le débat sur les divers défis qu'affronte le cinéma numérique dans les pays méditerranéens avec la participation des scénaristes Rafiq Al-Sabbane, Mariam Naoum et le réalisateur Chérif Al-Bendari.
Cette édition sera marquée, de même, par l'organisation de plusieurs panoramas et sections parallèlement à la compétition officielle, dont un panorama pour les films français et un autre pour les films de femmes, regroupant une dizaine d'œuvres signées par des femmes ou portant sur le monde au féminin en Méditerranée.
Source : MAP
La pose de la première pierre de l'Université internationale de Rabat par le Souverain est un acte de confiance qui interpelle les acteurs et promoteurs du projet. Ce projet, celui d'un campus intégré aux normes internationales avec une résidence universitaire, un complexe sportif, des lieux de vie et de services, une bibliothèque qui dépasse celui d'une simple « université ". Ses enjeux se retrouvent, avait déclaré Driss Yazami lors d'une rencontre de présentation, « à la jonction de deux dynamiques de fond: les mutations, au sein de la communauté marocaine à l'étranger et les mutations en cours du Maroc avec les trois grandes questions stratégiques, la prise en compte du pluralisme avec la création de l'IRCAM, de l'égalité par la réforme de la Moudouawana, de la réconciliation avec l'IER ".
Avec, pourrait-on ajouter, l'autre question incontournable, hautement stratégique, l'importance de l'éducation. Le projet de l'UIR est en fait un véritable pari sur l'avenir tant il cristallise d'énormes ambitions d'innovation, de bonne gouvernance, de coopération réussie entre les deux rives de la Méditerranée, d'adéquation entre l'offre et la demande au niveau du marché de l'emploi au point, à ne pas en douter, qu'il sera particu1ièrementsuivi par les pouvoirs publics. Ces enjeux nous en avions eu, le 25 avril 2009, un premier avant-goût à la Bibliothèque nationale du Royaume qui abritait une rencontre placée sous le thème de la « contribution de la diaspora marocaine à la recherche et à l'enseignement supérieur ». C'était l'occasion pour Noureddine Mouaddib, président de l'UIR, lui-même issu de la diaspora scientifique, qui veut, dit-il, « capitaliser sur ses expériences son savoir-faire et ses réseaux », de présenter le projet de l'Université internationale de Rabat devant un « prestigieux » parterre de ministres, de présidents d'universités marocaines et étrangères de patrons de groupes industriels, d'universitaires de la diaspora, d'une délégation de l'université américaine de Yale, du directeur du Mac Milan center for international affairs, des représentants du groupe Thalès et de l'Ecole nationale supérieure des mines de Paris, qui signent des conventions de partenariat.
«Mobiliser les compétences expatriées pour développer le Maroc»
C'est le ministre de l'Education nationale, de l'enseignement supérieur, de la formation des cadres et de la recherche scientifique qui a résumé, en premier, le contexte de la création de l'UIR qui voit, dit-il, le jour à un moment précis de l'évolution de notre pays qui constitue un point d'inflexion. Quel est ce point d'inflexion ? A travers des programmes tel que le pacte national pour l'industrie, le Plan Maroc vert, les stratégies nationales pour l'énergie et l'eau, le programme Mascir, déclare le ministre, la vision du potentiel de développement et des leviers sur lesquels il faut agir est plus précise comme le sont nos besoins en compétences et ressources qui définissent les contours du programme d'urgence 2009-2012, qui s'articule autour du « renforcement de l'autonomie des universités, la mise à niveau des cadres du travail et des équipements, de la modernisation des modes de gouvernance et du soutien volontariste de l'immense potentiel de recherche et d'innovation que recèle le secteur.
Pour M. Akhchichine, l'UIR s'intègre dans la logique de cette dynamique et dans la logique de l'innovation. Innovation à travers le montage et les partenariats avec l'Université de Nantes, Sciences Po de Grenoble, de Sup Aero, de l'Ecole des mines de Paris, de Yale university ou avec des fleurons de l'industrie et de la technologie auxquels le projet est adossé.
Innovation dans le choix des filières et des formations dédiées aux transports, aux études pétrolières et aux énergies renouvelables, innovation dans l’investissement en direction de l’immense potentiel que représente la communauté des enseignants chercheurs des Marocains du monde. Une idée qui sera au cœur de l'intervention du ministre chargé des MRE, qui souligne le rôle incontournable de ces derniers dans la dynamique du développement. Il ne s'agit pas des transferts de fonds mais du transfert de matière grise. M. Ameur fait état de deux études, l'une lancée avec l'appui de l'Organisation internationale pour les migrations, qui porte sur la contribution des MRE au développement national. Un des indicateurs majeurs de la transformation des MRE c'est leur présence plus marquée dans les catégories professionnelles supérieures dans leurs pays d'accueil. Désormais, souligne M. Ameur, les professions scientifiques intellectuelles et managériales très qualifiées occupent 17% des MRE actifs, tandis que 54% s’activent dans des domaines tel que l'enseignement, la santé, la communication, la gestion et le commerce. Les postes à basse qualification ne représentent que 28% des effectifs. D'après cette étude, dit-il encore, les compétences scientifiques expatriées participent fortement ces dernières années aux transferts inverses au profit du Maroc dans les domaines de la formation et de la recherche.
C'est pour mieux mobiliser cet investissement qu'une seconde étude a été lancée sur les modalités de mobilisation des compétences expatriées et leur implication en tant qu'acteurs d'une économie solidaire. La mobilisation des compétences expatriées est devenue l'alpha et l'oméga de la politique de M. Ameur qui a multiplié les rencontres, les séminaires avec l'élite de notre communauté installée à l'étranger et qui considèrent les MRE non pas comme de simples pourvoyeurs de fonds mais comme de véritables acteurs de développement du Maroc et de ses régions. C'est dans cette même veine que se situe l'appel de Mme Amina Benkhadra, qui déclare que « la diaspora marocaine, qui compte parmi ses membres des ingénieurs, des chercheurs dans les laboratoires et les universités les plus renommés, des professeurs, des médecins, des dirigeants d'entreprises, est aujourd'hui appelée à participer à ce nouvel essor du pays natal auquel elle reste profondément attachée. Plus que le transfert de revenus, le Maroc a besoin, dit elle, de transfert de technologies, d'apport d'expertises et d'expériences de promoteurs et développeurs de projets comme dans le domaine de l'énergie qui est une discipline retenue par l'UIR.
Ce ne sera pas le seul domaine puisque, selon le président de l'UIR, on trouve également des pôles de formations et de recherches tels que les technologies de l'information et de la communication, l'architecture et le design, les énergies renouvelables et les études pétrolières, l'aéronautique spatiale, l'automobile, le naval et le ferroviaire. Sans oublier que le cursus universitaire est basé à la fois sur le schéma licence, Master, Doctorat et celui des écoles d'ingénieur ". Mais ce n'est pas là que se situe le pari de demain sur lequel seront sans doute jugés les porteurs de ce projet. C'est au niveau de l'apport de cette entité financée à 99% d'investissement public dans le paysage de l'éducation.
M. Mouaddib avait en effet affirmé vouloir créer « une synergie avec les universités publiques et privées marocaines, pour relever les défis scientifiques et atteindre la masse critique permettant une visibilité internationale Le positionnement de l'UIR est celui de la recherche appliquée qui requiert, dit-il, une recherche fondamentale en amont performante.
L'UIR proposera aux laboratoires d'universités marocaines de travailler dans une logique de complémentarité qui sera formalisée par des contrats de recherche avec des partenaires internationaux et industriels.
Aujourd'hui, dit-il encore, le Maroc a une carte à jouer dans l'économie de la connaissance par son potentiel et son ouverture au
Sud. La diaspora est bien armée pour jouer un rôle dans cette compétition internationale. Ce qu'il faut comprendre, nous confiait M.MouaddIb, c'est que nous ne sommes pas des investisseurs au sens marchand du terme. Nous sommes une quarantaine de Marocains qui allons travailler sur un projet académique. Nous avons tous une expérience d'enseignement d'une vingtaine d'années dans les grandes universités américaines comme Harvard, d'universités françaises de renom et nous travaillons depuis 5 ans sur ce projet de création de l'UlR. Nous voulons que cette université soit compétitive au niveau international pour donner de la visibilité au Maroc.
Cela ne peut se faire sans fédérer les synergies pour avoir des masses critiques pour une qualité d'enseignement et de recherche,
Les formations de l'UIR concernent surtout les technologies de pointe: énergies, aéronautique, industrie automobile, nouvelles technologies d'information et de communication. L'université développe également des laboratoires de recherche consacrés à la recherche appliquée. Tout cela nécessite des investissements en équipements pédagogiques qui sont très lourds, d'où notre partenariat avec des institutions publiques.
M. Mouaddib apporte d'autres précisions. Le Souverain, dit-il, met à la disposition du projet un terrain de 20 hectares, situé sur le site de Technopolis pour l'édification de l'UIR. L'investissement est de 1,2 milliard de DH. Nous avons sélectionné les investisseurs et nous n'avons pas voulu aller avec les fonds d'investissement.
Nous avons préféré l'investissement d'institutionnels comme la CDG, qui joue un rôle de fédérateur, des banques, des assurances, l'AFD pour que cela ne soit pas l'université d'un tel ou d'un tel. C'est une université institutionnelle qui pérennise dans le temps. Les rôles sont d'autre part bien séparés entre ce qui est du ressort des investissements, et qui est fait par des investisseurs, et la partie opérationnelle de l'université.
Et c'est de cette manière que le Maroc peut devenir une destination régionale dans le cadre de l'économie de la connaissance.
Nous y croyons et nous nous donnons les moyens pour cela ".
Rendez-vous est pris pour évaluer dans quelques années ce pari d'avenir et ce pari sur l'avenir. Il
Farida Moha
Source: Le Matin du 15 septembre 2010
La machine législative est lancée. Eric Besson, ministre de l’Immigration, a rendu public hier l’amendement gouvernemental sur la déchéance de la nationalité pour les Français meurtriers de policiers et gendarmes, naturalisés depuis moins de dix ans. Cette disposition sera incluse dans le projet de loi relatif à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité qu’Eric Besson présentera au Parlement, à partir du 27 septembre, et déjà dénoncé par les associations de défense des droits de l’homme.
L’extension des possibilités de déchéance de nationalité
Aujourd’hui, l’article 25 du code civil prévoit que «l’individu qui a acquis la qualité de Français peut, par décret pris après avis conforme du Conseil d’Etat, être déchu de la nationalité française, sauf si la déchéance a pour résultat de le rendre apatride». Les motifs de dénaturalisation sont «l’atteinte aux intérêts fondamentaux de la nation», le terrorisme, et les actes «préjudiciables aux intérêts de la France».C’est le gouvernement Juppé, par la loi du 22 juillet 1996, qui avait inclus le motif de terrorisme. Le Conseil constitutionnel avait jugé cette disposition légale. Tout en posant le principe selon lequel «au regard du droit de la nationalité, les personnes ayant acquis la nationalité française et celles auxquelles la nationalité française a été attribuée à leur naissance sont dans la même situation», il avait jugé que cet amendement «au regard de l’objectif recherché par le législateur, soit le renforcement de la lutte contre le terrorisme», n’était pas «contraire au principe d’égalité».
Aujourd’hui, un fonctionnaire ou un élu peut également perdre sa nationalité s’il est convaincu de concussion (malversation), corruption et trafic d’influence ou espionnage. La loi Guigou de 1998 a maintenu ces possibilités, tout en stipulant que la déchéance ne peut être prononcée si elle rend un individu apatride. Seuls les binationaux sont concernés. D’après le ministère de l’Immigration, il n’y en a pas eu depuis 2006. Et pas plus d’une trentaine depuis le début de la décennie.
la Stigmatisation des Roms et des gens du voyage
La polémique a démarré lorsque Nicolas Sarkozy a annoncé le 21 juillet la convocation, la semaine suivante, d’une réunion «sur les problèmes que posent les comportements de certains parmi les gens du voyage et les Roms». Dans cette déclaration, le Président promettait «les expulsions de tous les campements en situation irrégulière». Ont suivi les démantèlements de camps et des expulsions de ressortissants roumains et bulgares, les Roms n’étant pas les seuls visés. Depuis, la controverse n’a pas cessé. Fin août, le Comité de l’ONU pour l’élimination de la discrimination raciale (Cerd) accusait la France de pratiquer les renvois «collectifs» de ressortissants roumains et bulgares. Or, le droit européen n’autorise que les expulsions «individuelles». «Ce ne sont pas des reconduites collectives, mais des reconduites individuelles», a répondu Besson. La France a également été accusée de faire pression sur les Roms pour qu’ils acceptent de rentrer chez eux «volontairement», en échange d’un petit pécule : 300 euros par adulte, 100 par enfant. Plus de 8 300 Roms ont été renvoyés entre le 1er janvier et la fin août. D’après Brice Hortefeux, ministre de l’Intérieur, «88 camps ont été démantelés».
le Recul des droits des étrangers
Besson l’avait annoncé : son projet de loi comprendra des amendements sanctionnant «l’abus du droit au court séjour». En théorie, les ressortissants de l’UE peuvent séjourner trois mois dans tous les Etats sans formalité. Mais le ministre de l’Immigration accuse les Roms de «faire une noria pour échapper à la législation sur les courts séjours». En clair, de multiplier les allers et retours entre leur pays et la France. Un autre amendement, a-t-il annoncé hier, permettra la reconduite dans leur pays d’origine de ceux «qui représentent une charge déraisonnable pour notre système d’assistance sociale». Un troisième amendement visera les «auteurs d’actes répétés de vols ou de mendicité agressive».
Ce texte, le deuxième depuis l’élection de Sarkozy, réduit aussi les droits des étrangers en situation irrégulière : à l’avenir, une personne placée en centre de rétention devra attendre cinq jours, au lieu de quarante-huit heures aujourd’hui, avant de comparaître devant le juge des libertés et de la détention, dont le rôle est essentiel puisqu’il se prononce sur la légalité des conditions d’interpellation. Pendant ces cinq jours, le juge administratif aura le temps de statuer sur la légalité de la mesure d’expulsion, voire de la mettre à exécution.
Les associations s’insurgent contre ce qu’ils qualifient de «bannissement» des sans-papiers expulsés : ceux-ci peuvent se voir interdire de déposer une demande de visa pour entrer, légalement cette fois, dans l’espace Schengen, pendant deux à cinq ans. Autre point litigieux : Besson propose la création de zones d’attente virtuelles, comme celles existant dans les aéroports. Cet artifice permettrait de considérer que ces personnes, bien que se trouvant en France, n’y ont pas encore mis les pieds. Or les règles de protection des étrangers cueillis à la descente de l’avion sont moins strictes que celles s’appliquant aux personnes interpellées sur le territoire national.
Source : Libération
Voilà des idées qu’on ne peut pas se contenter de discuter, de critiquer ou de réfuter. On doit les combattre.
Si Libération a choisi, à dessein, de soutenir un slogan «national», «Touche pas à ma nation», c’est en vertu d’une urgence : il est temps de mettre fin au détournement de nation entrepris par l’UMP depuis le début de l’année. Du débat sur l’identité nationale en janvier à la déchéance de la nationalité proposée en cette rentrée, en passant par maintes déclarations des hussards du sarkozysme, Hortefeux en tête, un basculement politique et culturel est à l’œuvre, qui voit la droite républicaine se rallier à une idée de la France… qui n’est pas républicaine.
Trois gestes traduisent ce tournant : la manière forte utilisée contre les Roms, accompagnée par la mise à l’index de toute une catégorie humaine, comme le confirme la honteuse circulaire du ministère de l’Intérieur rendue publique depuis deux jours, orientation condamnée successivement par la gauche, le centre, une partie de la droite, le pape et les instances européennes ; la multiplication des lois de répression, qui masque une impuissance croissante à faire appliquer celles qui existent, comme le montre l’échec de la politique de sécurité menée depuis huit ans ; l’extension à de nouveaux délits de la déchéance de nationalité, restreinte aujourd’hui aux cas de désertion, de trahison et d’espionnage.
Cette dernière mesure mérite un sort particulier. Elle n’a évidemment rien à voir avec une quelconque préoccupation «sécuritaire». Les assassinats de policiers sont déjà punis de la peine maximale. L’adjonction d’une menace purement morale (la déchéance) aux trente années de détention prévues par le code n’aura aucune valeur dissuasive supplémentaire. Aussi bien, elle s’appliquera à un nombre minuscule d’individus : les assassins de policiers qui ont acquis récemment la nationalité française et qui ont gardé celle de leur origine (sinon, la condamnation les rendrait apatrides, ce qui est proscrit par les traités ratifiés par la France). Enfin, on se demande bien pourquoi l’assassinat d’un policier serait moins grave s’il était commis par un Français «de souche» plutôt que par un autre. Absurde distinction. La motivation de la loi est tout autre. Elle annonce, par un geste spectaculaire, le ralliement officiel de la droite française à cette idée qui était jusqu’ici l’apanage du Front national : oui, pour nous aussi, dit l’UMP, la France est une nation ethnique et non universaliste.
La déchéance de nationalité était jusqu’ici fondée sur des considérations de défense nationale, héritées des périodes de guerre. En un mot, il s’agissait de déchoir les traîtres ; de facto, elle était tombée en désuétude. Etendue soudain à d’autres crimes, elle change de sens. Elle introduit dans le droit positif l’idée qu’il y a deux catégories de Français : les Français de sang, qui le resteront quoi qu’il arrive ; les Français de papier, à l’origine suspecte et à l’avenir incertain. Ainsi, on établit soudain, entre les ressortissants d’une même nation, une hiérarchie fondée sur l’origine. On dira que cela touchera très peu de monde. Certes, mais alors pourquoi le fait-on ? Pourquoi prend-on le risque d’attenter à un principe fondamental pour un bénéfice pratique évidemment nul ?
La réponse est simple : on a changé de conception de la nation. A la vision républicaine de la France, qui ne distingue pas les origines de ses citoyens, vision partagée par toutes les nuances de l’arc républicain, des communistes aux gaullistes, on substitue discrètement une idée ancienne et dangereuse, fondée sur le droit du sang et l’origine ethnique, qui est celle du Front national.
Le plus étrange, c’est que c’est un président de la République d’origine hongroise, marié à une Italienne, qui propose cette réforme. Il contredit ainsi la tradition qui a permis à son père de devenir français. Il est probable que sa décision est affaire d’opportunité et non de conviction. Nicolas Sarkozy, qui n’a évidemment rien de raciste, veut siphonner les électeurs du FN : il agite les symboles qui sont censés leur plaire. Pourtant, son calcul tactique recoupe une évolution plus profonde.
Depuis la création du ministère de l’Identité nationale, plusieurs signaux sont passés au rouge. Signaux ténus : on voit Eric Zemmour, journaliste naguère gaulliste, reprendre aux heures de grande écoute des thèses lepénistes à peine pasteurisées ; on voit Elisabeth Lévy, elle aussi ennemie du «politiquement correct», accueillir dans sa revue un chroniqueur qui confesse volontiers voter FN ; un peu partout, la dénonciation de la «bien-pensance», encore servie par Xavier Bertrand en défense de la circulaire anti-Rom, sert de paravent à l’introduction des raisonnements frontistes dans la rhétorique gouvernementale.
Signaux plus visibles : c’est un conseiller de l’Elysée aux thèses musclées sur l’immigration et soucieux d’identité française, Maxime Tandonnet, qui rédige en partie le discours de Grenoble de Nicolas Sarkozy, comme l’a révélé Hervé Algalarrondo dans le Nouvel Observateur ; et quand Brice Hortefeux veut justifier sa politique anti-Rom, il utilise une citation de Charles Maurras («la France n’est pas un terrain vague»), lequel Maurras est désormais un auteur admis et prisé dans certains cercles de la droite intellectuelle.
Bref, la droitisation de la droite, officiellement dirigée contre le FN, se traduit… par la progression des idées FN. A la République rigoureuse mais accueillante, on substitue une nation méfiante et enracinée dans une francité mythique, que l’étranger, rom, africain ou maghrébin, risque de corrompre. On sait où mènent ces raisonnements. Déjà un directeur de cabinet de la République ordonne la répression d’une catégorie entière, et si Eric Besson prend ses distances, le chœur des aboyeurs de l’UMP la justifie avec virulence. Voilà pourquoi notre journal s’est associé à SOS Racisme et à la Règle du jeu pour défendre une certaine idée de la France, qui est, ou qui devrait être, celle de tous les républicains.
Source : Libération
Historien, directeur de recherche au CNRS, Patrick Weil, auteur de Qu’est-ce qu’un Français ? Histoire de la nationalité française depuis la Révolution (Gallimard, 2002), répond aux questions de Libération.
Comment réagissez-vous au discours de Grenoble et aux expulsions de Roms ?
En distinguant dans ce discours solennel les Français d’origine étrangère de ceux qui ne le sont pas, le Président a remis en cause l’un des fondements de notre République : l’égalité des citoyens devant la loi. Depuis son élection, il a cherché en fait à délégitimer certains de nos principes fondateurs, l’égalité mais aussi la laïcité. Sans autre résultat, pour l’instant, face aux résistances de la société française, que d’accroître des tensions qu’il ne cesse d’exacerber.
A Grenoble, Nicolas Sarkozy a évoqué «les conséquences de cinquante années d’immigration insuffisamment régulée qui ont abouti à un échec de l’intégration»…
S’il attaque ainsi De Gaulle, Pompidou, VGE, Chirac, c’est qu’il veut d’abord signifier aux électeurs du FN que, comme eux, il pense que l’immigration d’Afrique était indésirable. L’immigration des années 60 était choisie et régulée, c’est son origine qui déplaît à Nicolas Sarkozy. Ce faisant, il jette l’opprobre sur certains de nos compatriotes eu égard à leur origine, il instille l’illégitimité de leur présence. Il semble ne cesser de leur dire : «Vous êtes là, je ne peux plus rien contre, mais j’aurais préféré que vous ne soyez pas là.» Il parle ainsi comme vient de le faire en Allemagne un membre démissionnaire du conseil de la Bundesbank [Thilo Sarrazin, accusé de racisme, ndlr], mais il le fait en langage codé.
S’agit-il seulement d’une stratégie électoraliste ?
Nicolas Sarkozy cherche à reconstituer une majorité derrière lui contre les criminels, les multirécidivistes, les Roms, les Français d’origine africaine ou les porteuses de burqa, majorité qu’il ne convainc pas sur les principaux sujets d’actualité, la réforme des retraites ou l’affaire Woerth-Bettencourt. Mais cette stratégie n’est pas conjoncturelle, elle date de 2005. Elle s’est traduite par la création du ministère de l’Immigration et de l’Identité nationale ou le refus d’inaugurer la cité nationale consacrée à l’histoire de l’immigration.
Une circulaire a été envoyée aux préfets leur demandant de démanteler en priorité les campements roms. Qu’en pensez-vous ?
Il s’agit d’un ciblage discriminatoire. Les Roms, qui pour la plupart sont français, sont en outre soumis à des règles spécifiques, comme le carnet de circulation. Le communautarisme, ce n’est pas le fait de vivre en communauté, avec des gens qui vivent comme vous, pratiquent la même religion, ou sont de la même origine nationale. C’est lorsque la loi du groupe l’emporte sur celle de la République.
L’Elysée veut élargir les conditions de déchéance de la nationalité aux auteurs de crimes contre les policiers et gendarmes. Est-ce possible ?
Le chef de l’Etat a pris ses précautions pour éviter une censure du Conseil constitutionnel. La déchéance ou la perte de nationalité visent aujourd’hui des situations exceptionnelles, principalement des doubles nationaux qui se comportent comme des agents d’un Etat ou d’un groupe étranger. Telle que proposée, la peine de déchéance pourra concerner une personne de 27 ans ayant commis un grave crime - tuer un policier -, mais une personne née et éduquée en France, n’ayant plus aucun lien effectif avec un Etat étranger. Sous cette dimension, sa proposition me semble inconstitutionnelle.
Cette politique ne risque-t-elle pas de renforcer un sentiment d’exclusion ?
Certains de nos concitoyens doivent en permanence se justifier : non, ils ne sont ni intégristes ni islamistes, ils n’aiment pas la burqa. Il est inédit et inacceptable qu’un président cible une population donnée pour son avantage politique réel ou supposé. Tout ceci relève de calculs politiques sordides et indignes. Mais ils doivent savoir qu’au cours de son histoire, la France a toujours été divisée sur ces questions de nationalité, d’intégration des minorités, etc. La conception égalitaire et républicaine de la nation ne l’a emporté, à chaque fois, qu’au terme d’un long combat.
L’idée de nation risque-t-elle d’être altérée en profondeur ?
L’appel que vous publiez, les réactions négatives au discours de Grenoble, y compris au sein du camp présidentiel, démontrent l’ampleur des résistances et des solidarités, et la force des principes universels qui fondent la nation. Mais la résistance peut s’user. Il ne s’agit pas juste de témoigner ou de s’indigner, mais, dans le combat d’aujourd’hui, de l’emporter.
Source : Libération.fr
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