mercredi 27 novembre 2024 23:32

Une discrète circulaire ne cesse de provoquer des remous. Ce mardi, la région Ile-de-France, dirigée par la gauche, a réclamé dans un communiqué le retrait de la circulaire Guéant qui, en empêchant des étudiants étrangers diplômés de rester travailler en France, les menace d'expulsion.

Lundi, des étudiants étrangers récemment diplômés de grandes écoles (HEC, Polytechnique, Sciences Po), réunis dans le «collectif 31 mai», en avaient déjà réclamé le «retrait».

Une circulaire visant à réduire l'immigration professionnelle

La région demande le retrait de la circulaire Guéant-Bertrand, écrivent Isabelle This Saint-Jean et Abdelhak Kachouri, vice-présidents de la région, chargés respectivement de l'Enseignement supérieur et de la Citoyenneté. La région «apporte son soutien aux étudiants, aux enseignants et aux présidents d'université qui ont mis en garde contre les conséquences graves de cette circulaire», car «la politique du chiffre et des arrière-pensées électoralistes ne justifient pas de détourner de nos universités des étudiants qui contribuent au rayonnement culturel et scientifique de notre pays», ont-ils détaillé.

En raison de cette circulaire des ministres de l'Intérieur, Claude Guéant, et du Travail, Xavier Bertrand, visant à réduire l'immigration professionnelle, de nombreux diplômés étrangers de niveau master ayant eu des propositions d'embauche se sont vu refuser depuis cet été l'autorisation de travailler.

Pécresse inquiète de ce qui «serait donc en train de devenir la règle»

La Conférence des grandes écoles (CGE) et celle des présidents d'universités (CPU) ont déjà vivement critiqué cette circulaire, le président de la CPU, Louis Vogel, la jugeant «très grave». «Si nous ne trouvons pas de solution, nous n'attirerons plus ces étudiants» et «c'est fatal à long terme : les diplômés déçus d'aujourd'hui ne risquent pas d'être les avocats de notre économie quand ils occuperont demain des postes de responsabilité», a écrit lundi dans Le Figaro le directeur de HEC, Bernard Ramanantsoa.
Même la ministre du Budget, Valérie Pécresse, a écrit le 26 septembre à Claude Guéant pour lui demander de l'«informer» des consignes transmises aux préfets, faisant référence à «l'application qui semble faite de la circulaire du 31 mai» aux «étudiants étrangers non ressortissants de l'UE et diplômés de grandes écoles françaises qui souhaitent travailler dans notre pays», et qui se voient délivrer un refus d'autorisation. «Ce qui devrait être en droit l'exception, serait donc en train de devenir la règle», écrit celle qui est diplômée de HEC et était jusqu'en juin dernier ministre de l'Enseignement supérieur. A ce titre, elle avait fixé l'objectif de deux tiers d'étudiants étrangers en master et en doctorat d'ici 2015.

Le 21 septembre dernier, le ministère de l'Intérieur avait précisé que «l'objectif, c'est de ménager un équilibre entre donner une première expérience de travail aux étrangers en France et les faire travailler dans leur pays d'origine, pour le développement solidaire».

4/10/2011, AFP

Source : Le Parisien

"Ce qui, dans le nom de Français, nous appelle à l'universel, doit beaucoup aux étrangers qui, choisissant la France comme terre de prospérité et de liberté, sont venus, depuis des siècles, enrichir notre culture, défendre notre sol et soutenir notre économie. La politique d'intégration n'est donc ni un acte de charité, ni un simple devoir. Elle est l'une des manières pour la France d’être fidèle à elle-même". Cette phrase de Simone Veil résume l'état d'esprit avec lequel le Haut conseil à l'intégration, qu'elle a présidé jusqu'en 1998, sillonne la France pour faire remonter au gouvernement les problématiques de terrain rencontrées dans le processus d'intégration des populations immigrées. De passage à Dijon jeudi 29 septembre 2011, le Haut conseil a ainsi pris le pouls de la situation auprès de vingt associations locales, entre débats sur la scolarisation, les discriminations et le manque de moyens alloués par l'Etat pour mettre en place cette politique...

La France, terre d'immigration

A l'origine était l'immigration. Contrairement à ses voisins, la France a déployé une politique officielle dans ce domaine dès la moitié du XIXe siècle, ayant amorcé sa révolution démographique avant la Révolution française... Pour faire face aux besoins des entreprises au moment de la révolution industrielle, les usines et le monde agricole ont accueilli des travailleurs des pays limitrophes : Belges, Allemands, Suisses, puis Polonais, Italiens et Espagnols... Il s'agissait d'une immigration de travail, à la différence d'autres pays comme le Canada, l'Australie, l'Argentine ou les États-Unis, ayant opté pour une immigration de peuplement afin de développer de vastes espaces insuffisamment peuplés. "Dans les années 1920, la moyenne annuelle des entrées en France est de l’ordre de 300.000 immigrés", selon le rapport La France sait-elle encore intégrer ses immigrés ?, publié le 21 avril 2011 par le Haut conseil à l'intégration à la demande du ministère de l'Immigration, de l'Identité nationale et de l'Intégration .

Après la Seconde guerre mondiale, la planification détermine à nouveau des objectifs en matière d’immigration de travail, confiant le monopole des introductions à l'Office national de l'immigration (ONI). Les objectifs fixés seront atteints avec difficulté, la situation économique et sociale de la France n'étant pas suffisamment attractive. "C'est seulement dans la seconde partie des Trente Glorieuses qu'une nouvelle dynamique des flux sera amorcée, alors même que les planificateurs du VIIe plan (1976-1980) conseillaient de freiner l’immigration de travail qui constituait, selon eux, un obstacle à la modernisation de l’appareil productif, malgré l’opposition du patronat. Ainsi le nombre d’immigrés s'est accru de 31% entre 1968 et 1975 et de 7% de 1975 à 1985", souligne le même rapport.

En 1974, à la suite du premier choc pétrolier et de l'apparition d’un chômage de masse, le gouvernement décide de suspendre l’immigration des travailleurs permanents des pays non européens. Seule la venue des travailleurs saisonniers pour les travaux agricoles restera autorisée, ainsi que celle des cadres de haut niveau. Aujourd’hui, la France compte près de 11,5 millions d'immigrés et d’enfants dont l'un des parents au moins est immigré, soit 19% de la population française, d'après l'article "Être né en France d’un parent immigré", publié en mars 2010 dans le magazine Insee Première, édité par l'Insee et cité dans le rapport du Haut conseil à l'intégration précité.

L'intégration en panne ?

De l'immigration à l'intégration des individus dans la société française, le pas n'est pas toujours évident à franchir... "Plus que la simple insertion matérielle des immigrés dans la société d’accueil - et moins que l'assimilation souvent entendue comme l’abandon de la plupart des spécificités culturelles liées à l’origine - l'intégration reste un concept sinon contesté, du moins mal compris. Il désigne un processus qui demande un effort réciproque à l’immigré et à la société du pays d'accueil, une ouverture à la diversité qui est un enrichissement mais aussi une adhésion et une volonté responsable pour garantir et construire une culture démocratique commune", résume Patrick Gaubert, président du Haut conseil à l'intégration. Et de préciser : "Pour éviter les faux débats, précisons que l'intégration s’adresse pour l’essentiel aux immigrés installés régulièrement en France, soit plus de cinq millions de personnes, dont deux millions sont devenues françaises. Néanmoins, le sort de leurs enfants n’est pas indifférent à la politique d’intégration, ne serait-ce que pour mesurer leur évolution sociale. En outre, leur nombre est loin d’être négligeable puisqu’aujourd’hui les enfants d’immigrés, c’est-à-dire les descendants directs d'un ou de deux immigrés, sont 6,5 millions. En tout, ils représentent 19 % de la population française. Ce dernier chiffre suffit à lui seul à montrer l’importance des sujets relatifs à l'immigration et à l’intégration pour notre pays".

Égalité hommes/femmes, laïcité... La question de l'intégration fait régulièrement surface dans les médias lorsqu'elle touche aux principes fondamentaux de la République. Points d'orgue de ces débats : la question du voile islamique à l'école publique jusqu'au vote de la loi du 15 mars 2004 ou, plus récemment, la question du port du voile intégral dans les espaces publics. "Rien de plus normal, puisque l'intégration a pour objet de valoriser ce qui unit les Français et ceux qui ont vocation à l'être. Le Haut conseil à l'intégration observe toutefois que la focalisation sur les principes républicains, aussi importante soit-elle, a pour effet de différer la satisfaction des besoins d'intégration au quotidien des immigrés et de leurs enfants dans notre pays", précise le Haut conseil dans son rapport d'avril 2011.

Mais, malgré le fait que "l'acceptation des personnes d’une autre religion, d’une autre nationalité, d’une autre culture, continue de progresser dans l’Hexagone" selon Patrick Gaubert, "notre pays, comme d’autres démocraties européennes qui ont une longue tradition de tolérance, est aujourd’hui traversé par des tensions identitaires autour de la question de l'immigration, et plus particulièrement de l'islam". Une enquête d’opinion réalisée en janvier 2011 par le German Marshall Fund et citée par le rapport du Haut conseil est, à cet égard, éclairante. "Certes en 2010, 58 % des Français voient toujours dans l’immigration un enrichissement pour la culture de leur pays. Ils étaient cependant 68 % à le penser en 2009. Enfin, face aux revendications identitaires et communautaires, à la montée du populisme en Europe, et aux peurs sourdes qui s’y développent depuis le 11 septembre 2001, confortés par la crise économique et financière de fin 2008, les Français sont parmi les plus sceptiques sur les bienfaits de l’immigration. Selon l’enquête, seulement 38 % des personnes interrogées considèrent que l’immigration est une chance pour la France alors qu'ils étaient 50 % en 2009". Si la politique d'intégration "désigne un processus qui demande un effort réciproque à l’immigré et à la société du pays d'accueil", comme le notait Patrick Gaubert, le vent semble tourner aujourd'hui vers un "repli communautaire", alors même que "les acteurs de l'intégration tels que les partis, les syndicats, les églises, sont affaiblis des instruments comme le service national, qui a disparu".

L'école et les associations, derniers remparts d'une politique en déréliction

Que reste-t-il aux immigrés pour s'intégrer ? "L'école et les associations", résume Patrick Gaubert. Et pour ces deux instances, la situation est loin d'être idyllique. Le Programme de réussite éducative, lancé en 2005 auprès des populations immigrées et prolongé en 2010, dispose par exemple d'un budget annuel de 90 millions d'euros. "C'est considérable. Mais le Haut conseil s’interroge sur l’ampleur des moyens engagés au regard de la relative faiblesse des résultats obtenus, notamment lorsque l'on constate le retard scolaire à l’entrée en sixième", souligne Patrick Gaubert. Même constat au sujet de dispositifs ciblés vers la suite de la scolarité, tels que les internats d'excellence et les mesures d'accompagnement aux classes préparatoires. "Dans un rapport publié en janvier 2010, nous avons recommandé que l'effort soit porté vers le début de la scolarité. Il y a beaucoup de choses qui sont faites en fin de scolarité mais ce sont des palliatifs aux problèmes. Si l'on ne veut pas être obligés de monter des structures en fin de scolarité, il faudrait peut-être mettre un effort beaucoup plus conséquent au début, quasiment à la maternelle. Nous avons recommandé que la maternelle soit obligatoire à partir de trois ans pour ne pas avoir de retard à rattraper plus tard. C'est là, au début, que tout se joue en terme de sociabilité et d'apprentissage de la langue. C'est là également que les inégalités sociales pénalisent le plus", note le président du Haut conseil. A Dijon, des structures telles que le Cesam ou la Cimade accompagnent par ailleurs les adultes dans l'apprentissage de la langue française.

Dans la capitale des Ducs de Bourgogne, le tissu associatif est effectivement dense en ce qui concerne l'intégration des populations immigrées, de l'association de quartier "Grésilles nouveau souffle", qui œuvre à regrouper les différentes communautés du quartier dijonnais, à la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), en passant par la Cimade ou la Maison de la Méditerranée, dont la mission principale est de susciter des rencontres entre les populations autour de thèmes appartenant à la mémoire collective. "Les associations font ce que l'Etat ne fait plus", résume Patrick Gaubert. "Désormais, la politique française d’intégration prend en charge à titre principal les nouveaux arrivants, et à titre très accessoire, les immigrés plus anciennement établis, voire leurs descendants. Ce choix nous paraît gravement faire l’impasse sur les deux millions et demi d’étrangers résidant en France, qui n’ont pas bénéficié d’une politique d’accueil et d’intégration et sur les descendants d’immigrés devenus Français. En outre, au plan budgétaire, cette décision s’est traduite par une restriction drastique des crédits de l’État consacrés à la politique d’intégration qui sont passés de 183,9 millions d’euros en 2008 à 73,1 millions en 2009, avec un transfert de quarante millions vers la politique de la ville". Ce jeudi 29 septembre, à la MJC des Grésilles, l'écho renvoyé à ce constat par les associations était unanime : elles aussi manquent de moyens, face à une demande d'aide à l'intégration toujours plus forte.

4/10/2011, Benjamin Hutter

Source : Dijonscope

Une semaine après la mort de 6 migrants Nord-Africains dans l'incendie d'un squat de Pantin, les associations de soutien aux immigrés sans papiers dénoncent les incohérences de la politique dite d'Aide au retour volontaire.

“Des démarches systématiques de proposition d'aides au retour aux personnes déboutées du droit d'asile devront être mises en oeuvre”: par cette note adressée à l’Office français de l’immigraion et de l’intégration (Ofii) le 1er septembre, le ministre de l’intérieur Claude Guéant affirmait vouloir augmenter le nombre de reconduites volontaires des migrants dans leur pays d'origine. Un mois plus tard, dans un squat insalubre de Pantin, six immigrés venant d'Egypte et de Tunisie trouvaient la mort à cause d’une bougie mal éteinte. Au-delà du manque de places en hébergements d’urgence, ce drame pose le problème de l'incohérence de la politique dite d’Aide au retour volontaire (ARV).

"Personne ne risque sa vie pour 2000 €"

Imaginée dès 1977, élargie et augmentée par Nicolas Sarkozy alors qu’il était ministre de l’intérieur, l’aide au retour des migrants en situation irrégulière doit contribuer au développement du pays d’origine grâce à un pécule personnel, versé par le gouvernement français. Il s’agit donc d’une d’apporter une vue à plus long terme au problème des flux migratoires, tout en débarassant aux yeux de l'opinion publique les expulsions d’une partie de leur inhumanité. Mais cette aide, d’un montant de 2000€ pour une personne seule ou 3500€ pour un couple, n’est pas proposée spontanément, et doit être demandée auprès de l’Ofii.
Une démarche qui prend du temps, trop pour certains des squatteurs de Pantin. “Quelques-uns avaient entrepris des démarches”, confie un membre du Refuge, association d’aide au migrants basée deux pas du squat.“Un Egyptien, qui voulait rentrer, nous avait confié son dossier, il était complet. Il est mort maintenant.” Le total de ces pensionnaires de fortune se montait à vingt-quatre, et six ont disparu ce matin-là: quatre Tunisiens et deux Egyptiens. Tous n’étaient pas dans la même situation: l’un d’eux avait une carte de séjour valide, plusieurs voulaient rentrer. D’autres, parmi les Tunisiens, avaient refusé l’offre de retour volontaire. La peur sans doute de rentrer au pays, mais surtout l'effet d'une douche froide: la baisse drastique du montant de l’ARV vers la Tunisie, passée en juin de 2000 à tout juste 300€.

"Une mesure irresponsable", pour l’association France-Terre d’Asile, qui s’occupe du droit des migrants arrivés dans l’hexagone. Selon son Directeur Général Pierre Henry, il s’agit non seulement d’une décision illégale, mais aussi totalement contre-productive: “Le gouvernement a justifié cette mesure par les réductions budgétaires, mais aussi le risque d’appel d’air, qui entrainerait l’arrivée de nouveaux migrants venus de Tunisie. C’est ridicule! Personne ne vend ce qu’il possède et risque sa vie pour si peu d'argent.” A 300€, la prime au retour devient presque dérisoire au regard de la rançon versée à un passeur pour traverser la méditerranée: entre 1000 et 1200€.

Un exil temporaire

Dès le mois de juillet, la mairie de Paris a réagi en complétant l’aide de l’Ofii par une enveloppe de 700 euros, versée à chaque Tunisien bénéficiaire de l’aide au retour. Mais l’offre, limitée à une centaine de dossier, est rapidement épuisée. Ceux qui restent sont dans l’impasse. “Même si le calcul est difficile, on peut estimer que sur les vingt-trois mille arrivés à Lampedusa, huit mille sont passés en France, dont la moitié sont en région parisienne. Et je pense qu’il sont entre un quart et un tiers à vouloir rentrer immédiatement, si on compense les frais de leur voyage ”, selon Pierre Henry. Mille personnes, peut-être un peu plus: un chiffre à comparer aux quatre mille retours volontaires accordés par l’Ofii en 2010, principalement à des Afghans et des Irakiens.
L’autre face du drame de Pantin réside dans ces chiffres : on a privé les réfugiés tunisiens d’une aide au retour de plein droit, alors qu’ils sont arrivés en grande majorité en avril-mai, dans la peur de l’après-révolution. Un exil temporaire, comme le confirme l'association Le Refuge:”Chez les anciens du squat, presque tous veulent repartir, même les Tunisiens.” Aujourd’hui logés dans le stade de Pantin par la mairie, les seize rescapés du squat attendent que l’Ofii s’occupe de leur dossier en priorité. En militant pour un meilleur fonctionnement de l’ARV, France-Terre d’Asile est parfois critiquée par les autres associations d’aide aux migrants, qui y voient une manière pour le gouvenement de gonfler les chiffres des expulsions.

Un argument insuffisant, pour Pierre Henry:”Je n’ai pas de problème avec l’aide au retour. Alors on me dit parfois que je suis l’idiot utile. Vaut-il mieux être l’idiot ou le criminel? Le maintien dans la précarité de ces gens, sans solutions de retour, c’est une erreur dramatique et dangereuse du ministère de l’intérieur. Il faut à la fois un dispositif d’accueil temporaire digne, et une aide au retour volontaire efficace.” Le squat de Pantin est l’expression de ces deux manques.

04/10/2011, Matthieu Balu

Source : La Vie.be

Voilà un constat qui va déranger. Dans les tours de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), les deux villes emblématiques de la crise des banlieues depuis les émeutes de l'automne 2005, la République, ce principe collectif censé organiser la vie sociale, est un concept lointain. Ce qui "fait société" ? L'islam d'abord. Un islam du quotidien, familial, banal le plus souvent, qui fournit repères collectifs, morale individuelle, lien social, là où la République a multiplié les promesses sans les tenir.

La croyance religieuse plus structurante que la croyance républicaine, donc. Vingt-cinq ans après avoir publié une enquête référence sur la naissance de l'islam en France - intitulée Les Banlieues de l'islam (Seuil) -, le politologue Gilles Kepel, accompagné de cinq chercheurs, est retourné dans les cités populaires de Seine-Saint-Denis pour comprendre la crise des quartiers. Six ans après les émeutes causées par la mort de deux adolescents, en octobre 2005, son équipe a partagé le thé dans les appartements des deux villes, accompagné les mères de famille à la sortie des écoles, rencontré les chefs d'entreprise, les enseignants, les élus, pour raconter le destin de cette "Banlieue de la République" - c'est le titre de l'enquête, complexe et passionnante, publiée par l'Institut Montaigne.

Le sentiment de mise à l'écart a favorisé une "intensification" des pratiques religieuses, constate Gilles Kepel. Les indices en sont multiples. Une fréquentation des mosquées beaucoup plus régulière - les deux villes (60 000 habitants au total) comptent une dizaine de mosquées, aux profils extrêmement variés, pouvant accueillir jusqu'à 12 000 fidèles. Une pratique du ramadan presque systématique pour les hommes. Une conception extensible du halal, enfin, qui instaure une frontière morale entre ce qui est interdit et ce qui est autorisé, ligne de fracture valable pour les choix les plus intimes jusqu'à la vie sociale.

Les chercheurs prennent l'exemple des cantines scolaires, très peu fréquentées à Clichy en particulier. Un problème de coût évidemment pour les familles les plus pauvres. Mais la raison fondamentale tient au respect du halal. Les premières générations d'immigrés y avaient inscrit leurs enfants, leur demandant simplement de ne pas manger de porc. Une partie de leurs enfants, devenus parents à leur tour, préfère éviter les cantines pour leur propre

descendance parce que celles-ci ne proposent pas de halal. Un facteur d'éloignement préoccupant pour Gilles Kepel : "Apprendre à manger, ensemble, à la table de l'école est l'un des modes d'apprentissage de la convivialité future à la table de la République."

Car le mouvement de "réislamisation culturelle" de la fin des années 1990 a été particulièrement marqué à Clichy et à Montfermeil. Sur les ruines causées par les trafics de drogue dure, dans un contexte d'effondrement du communisme municipal, face à la multiplication des incivilités et des violences, les missionnaires du Tabligh (le plus important mouvement piétiste de l'islam), en particulier, ont contribué à redonner un cadre collectif. Et participé à la lutte contre l'héroïne, dans les années 1990, là où la police avait échoué. Ce combat contre les drogues dures - remplacées en partie par les trafics de cannabis - a offert une "légitimité sociale, spirituelle et rédemptrice" à l'islam - même si la victoire contre l'héroïne est, en réalité, largement venue des politiques sanitaires.

L'islam a aussi et surtout fourni une "compensation" au sentiment d'indignité sociale, politique et économique. C'est la thèse centrale de Gilles Kepel, convaincu que cette "piété exacerbée" est un symptôme de la crise des banlieues, pas sa cause. Comme si l'islam s'était développé en l'absence de la République, plus qu'en opposition. Comme si les valeurs de l'islam avaient rempli le vide laissé par les valeurs républicaines. Comment croire encore, en effet, en la République ? Plus qu'une recherche sur l'islam, l'étude de Gilles Kepel est une plongée dans les interstices et les failles des politiques publiques en direction des quartiers sensibles... Avec un bilan médiocre : le territoire souffre toujours d'une mise à l'écart durable, illustrée ces dernières semaines par l'épidémie de tuberculose, maladie d'un autre siècle, dans le quartier du Chêne-Pointu, à Clichy, ghetto de pauvres et d'immigrés face auquel les pouvoirs publics restent désarmés (Le Monde du 29 septembre). Illustrée depuis des années par un taux de chômage très élevé, un niveau de pauvreté sans équivalent en Ile-de-France et un échec scolaire massif.

Clichy-Montfermeil forme une société fragile, fragmentée, déstructurée. Où l'on compte des réussites individuelles parfois brillantes et des parcours de résilience exemplaires, mais où l'échec scolaire et l'orientation précoce vers l'enseignement professionnel sont la norme. "Porteuse d'espoirs immenses, l'école est pourtant aussi l'objet des ressentiments les plus profonds", constatent les chercheurs. Au point que "la figure la plus détestée par bon nombre de jeunes est celle de la conseillère d'orientation à la fin du collège - loin devant les policiers".

Et pourtant, les pouvoirs publics n'ont pas ménagé leurs efforts. Des centaines de millions d'euros investis dans la rénovation urbaine pour détruire les tours les plus anciennes et reconstruire des quartiers entiers. Depuis deux ans, les grues ont poussé un peu partout et les chantiers se sont multipliés - invalidant les discours trop faciles sur l'abandon de l'Etat. Ici, une école reconstruite, là, un immeuble dégradé transformé en résidence. Un commissariat neuf, aussi, dont la construction a été plébiscitée par les habitants - parce qu'il incarnait l'espoir d'une politique de sécurité de proximité.

Le problème, montre Gilles Kepel, c'est que l'Etat bâtisseur ne suffit pas. Les tours ont été rasées pour certaines, rénovées pour d'autres, mais l'Etat social, lui, reste insuffisant. La politique de l'emploi, incohérente, ne permet pas de raccrocher les wagons de chômeurs. Les transports publics restent notoirement insuffisants et empêchent la jeunesse des deux villes de profiter de la dynamique économique du reste de la Seine-Saint-Denis. Plus délicat encore, la prise en charge des jeunes enfants n'est pas adaptée, en particulier pour les familles débarquant d'Afrique subsaharienne et élevés avec des modèles culturels très éloignés des pratiques occidentales.

Que faire alors ? Réorienter les politiques publiques vers l'éducation, la petite enfance, d'abord, pour donner à la jeunesse de quoi s'intégrer économiquement et socialement. Faire confiance, ensuite, aux élites locales de la diversité en leur permettant d'accéder aux responsabilités pour avoir, demain, des maires, des députés, des hauts fonctionnaires musulmans et républicains. Car, dans ce tableau sombre, le chercheur perçoit l'éveil d'une classe moyenne, de chefs d'entreprise, de jeunes diplômés, de militants associatifs, désireuse de peser dans la vie publique, soucieuse de concilier identité musulmane et appartenance républicaine.

| 04.10.11 |, Luc Bronner

Source : Le Monde

Bon nombre d’Africains ont rêvé de la France, ce « merveilleux » pays de cocagne où il suffit juste de se baisser pour ramasser des billets de banque. Une contrée où le bonheur se rencontre à tous les coins de rue, où « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », où les policiers vous sourient pour un oui ou pour un non.

NAMUR (Belgique) - La France est-elle toujours cet Etat respectueux des droits de l’Homme où aucun agent de sécurité n’ose lever la main sur un étranger, lui mettre des menottes aux poings et l’envoyer dans le premier charter en partance pour l’Afrique ? De nombreux Africains, partis chercher une vie meilleure à Paris ou dans les villes de province, se posent cette question. Et à l’arrivée, ils ont vite déchanté.

La France n’est plus… la France. Le temps y est gris, les gens renfrognés, les clochards dorment dans les couloirs du métro et tendent la main à des passants qui, tels des zombies, les dépassent sans vraiment les voir. C’est ce rêve brisé vécu par de nombreux immigrants que la jeune réalisatrice burkinabé, Eléonore Yaméogo, a voulu raconter dans son documentaire « Paris mon paradis » présenté dans la section « Regards du présent » à la 26e édition du Festival international du film francophone de Namur (Fiff).

Primé au Fespaco 2011, ce film de 69 minutes est une plongée dans le monde plein de contrastes des Africains de Paris.
La réalisatrice a délibérément choisi de filmer ceux dont les rêves se sont brisés. Il y a Chaba, jeune peintre en bâtiment venu de sa lointaine Casamance et qui essaie de refiler sa camelote à des touristes pressés, devant la cathédrale Notre Dame de Paris ou aux abords de la Tour Eiffel. Ou Bintou, comédienne burkinabé qui a fait défection à sa troupe théâtrale après une tournée en France, espérant « faire son trou » à Paris. Il y a aussi Traoré, vieux malien retraité de la Fonction publique française, qui vit ici depuis l’époque du général De Gaulle et qui finit sa vie en dormant sur un matelas pourri dans une ruelle d’un quartier sordide, attendant les indemnités d’un accident de travail que l’Etat refuse de lui payer.

« J’en ai marre de cette vie»

Une galerie de portraits de naufragés de l’immigration, échoués quelque part dans l’Hexagone, brisant leurs rêves sur les côtes du désespoir. On les voit déambuler à la Goutte d’Or, à Barbès, essayant de mener un semblant de vie dans un pays qui les a exclus, marginalisés. « J’en ai marre de cette vie. Si l’Etat me paie mes indemnités, je ne reste pas 24 heures de plus en France », lâche avec amertume le vieux Traoré qui symbolise toute la détresse de ceux qui sont partis, qui ont quitté leur pays et qui risquent de ne jamais revoir leur famille.

Les images du film sont parfois accompagnées d’une voix off, celle de la réalisatrice, qui fait part aux spectateurs de sa vision de l’immigration. Elle-même a fait face à des refus de visa, avant de rejoindre finalement Paris où elle vit et travaille depuis quelques années. « Je ne décourage pas ceux qui veulent venir en Europe, mais j’ai voulu lancer un message aux Africains en leur disant de bien préparer leur voyage et de ne pas partir tête baissée. La vie est très dure en Occident, surtout lorsqu’on est sans papiers et sans travail », nous a expliqué Eléonore Yaméogo, dimanche soir à la fin de la projection de son documentaire à la salle Caméo 5 de Namur.

J’avais honte de rentrer bredouille

Des scènes poignantes, tirées d’un document vidéo de Mediapart, ont été intégrées dans son film pour mieux montrer la cruauté avec laquelle les policiers français traitent les sans-papiers ou les sans-logis africains. On y voit une femme dont le bébé qu’elle porte sur le dos est traîné sur l’asphalte, ou une autre, enceinte, que les Crs malmènent malgré son état.
Tout cela donne la nausée et l’on se surprend à se demander comment l’Etat français peut permettre de telles attitudes envers des êtres humains. Mais on se demande également pourquoi les Africains persistent à rester en France où ils sont plongés dans une déchéance et une misère qu’ils ne vivraient certainement pas chez eux.

« J’avais honte de rentrer bredouille et de supporter le regard des autres », répond la comédienne burkinabé Bintou qui, finalement, a obtenu des papiers en règle après avoir eu… une fille. Son retour au pays pour des vacances l’a quand même quelque peu déçue, car elle avait l’impression que sa famille n’en voulait que pour ses euros.

La jeune réalisatrice Eléonore Yaméogo n’a certes pas innové en parlant d’un sujet déjà traité dans le cinéma africain. Son audace est d’avoir campé sa caméra dans des lieux parfois hostiles et d’avoir fait témoigné, à visage découvert, des Africains happés dans le piège infernal de l’immigration et qui peinent à sortir la tête de l’eau.

04 Octobre 2011

Source : Le Soleil

Ils sont posés là, hagards, sous la grande verrière du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). La mine juvénile, tristoune, de ceux qui ne comprennent pas bien pourquoi. Népalais, Indiens, Pakistanais, Maliens, l’administration française les appellent «mineurs étrangers isolés» (MEI). Agés de 15 à 17 ans, certains ont voyagé plusieurs mois entre ciel et terre, dormi dans des conteneurs, et passé un nombre ahurissant de frontières pour arriver dans «un pays ami», où faire des études «est à la portée de tous», affirme l’un d’entre eux.

«Système D». Faute de moyens d’accueil, ils vivent, entre les salles d’audience, de la générosité du personnel administratif de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et des greffières du tribunal pour enfants. Sur leurs deniers propres, et parce qu’ils sont presque tous «des papas et des mamans», ils achètent «aux petits» de quoi boire, manger, et se couvrir. Car, le soir venu, lorsque le tribunal baisse le rideau, les mineurs étrangers regagnent la rue. Ils dorment dans des parcs, tentent d’attraper au vol des maraudes, ou poussent la porte des mosquées, des églises, ou des temples sikhs. Deux ont eu la chance d’être recueillis bénévolement par un conseiller municipal de Montreuil…

Réunie vendredi après-midi, l’intersyndicale SNPES-PJJ-FSU, CFDT et CGT a voulu «pousser un coup de gueule monumental pour que la France se montre un peu digne et honnête. Ce système D immonde doit cesser ! Il n’est donc pas possible de trouver des fonds pour payer des nuits d’hôtel à ces mômes ? La vérité, c’est qu’ils sont instrumentalisés à des fins politiques, et c’est dégueulasse», s’emporte le délégué SNPES Thomas Danglot. Effectivement, depuis plusieurs années, un bras de fer oppose le conseil général PS de Seine-Saint-Denis à l’Etat au sujet de la prise en charge de ces mineurs isolés. Ils sont environ 6 000 en France, mais se concentrent dans six départements : Paris, Nord, Pas-de-Calais, Mayotte, Guyane, et donc la Seine-Saint-Denis. Ce qui met sous tension les dispositifs d’accueil dans ces territoires, d’autant que le nombre de mineurs sans papiers croît avec les désordres planétaires : famines, persécutions, pauvreté, guerres… Ils arrivent par l’aéroport de Roissy, mais surtout par voie terrestre, la Seine-Saint-Denis étant limitrophe de Paris, «Ville lumière», vers laquelle beaucoup convergent. Leur accueil se fait en vertu de la convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par le gouvernement français. Elle dit, en substance, que tout mineur a droit à protection et assistance là où il se trouve. Oui mais, voilà. L’Etat français a signé, mais il se défausse sur quelques collectivités territoriales…

En 2010, la Seine-Saint-Denis a dépensé 35 millions d’euros pour accueillir 943 jeunes (contre 14 millions en 2007). Une somme considérable pour ce territoire, en butte à des difficultés budgétaires et habité par une population pauvre : c’est le département qui a le plus gros pourcentage de logements sociaux. Ces dernières années, Claude Bartolone, président du conseil général, a écrit à tous les ministres concernés par le dossier : Affaires sociales, Intérieur, Affaires étrangères, Justice, ainsi qu’à François Fillon. Pour leur expliquer que la Seine-Saint-Denis ne pouvait pas assumer seule «au nom de la France». Pas de réponse.

En juillet, le rapport de forces s’est sacrément durci. Dans un entretien à Libération, Bartolone annonçait qu’il ne prendrait plus en charge «un seul mineur isolé étranger de plus à compter du 1er septembre» si l’Etat ne manifestait pas, enfin, sa solidarité. Ce qui est advenu, puisque les nouveaux arrivants ont été systématiquement aiguillés vers la PJJ (organe de l’Etat), créant le chaos constaté au tribunal de Bobigny.

«Volonté». Mardi, une réunion s’est tenue entre le conseil général et les services de l’Etat : préfet, procureur de la République, police aux frontières (PAF), Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). En réponse aux demandes de Bartolone, il a été décidé «une répartition plus équitable et homogène» des mineurs entre tous les départements du territoire français. Peut-être la fin du tunnel. Mais, sur les terres du député PS, on reste sur ses gardes. Pour être mise en œuvre, cette solution doit être consolidée juridiquement : le parquet de Seine-Saint-Denis devra se dessaisir au profit du parquet du département dans lequel sera envoyé l’enfant. Pour que ça marche vraiment, il faut «un mode d’emploi clair. Une vraie volonté de tous. J’attends de voir», dit Claude Bartolone.

Hier à 8 heures du matin, il y avait encore trois mineurs emmitouflés dans des couvertures orangequi tapaient à la porte du tribunal de Bobigny.

3/10/2011, TONINO SERAFINI, WILLY LE DEVIN

Source : Libération

Après Bruxelles, Anvers et Rabat, le Maroc a fait escale à Paris avec une exposition- 6oo peintures, documents d'archives et photographies, pour la plupart inédits - , dont le titre même invite à une nouvelle lecture de l'Histoire et des liens noués entre le Maroc et l'Europe du XVI" siècle à nos jours…Suite

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C'est pour le travail que la majorité des personnes issues de l'immigration se tournent vers la Suisse ; et pour cette même raison qu'ils repartent. Une étude de comparis.ch, menée auprès de plus de 1000 immigrants, a démontré que la majorité d'entre eux ne souhaite s'établir que de manière provisoire et, la plupart du temps, pour cinq ans au maximum. D'après les résultats de cette enquête, les débats houleux autour des 1,8 million (1) d'étrangers en Suisse ne laissent pas de marbre : une personne sur deux exprime de la compréhension pour les arguments et presque autant souhaiteraient participer au processus politique.

Trop d'immigrants en Suisse ? Profitent-ils du système social ? Ne seraient-ils pas au contraire l'un des moteurs de notre économie ? Les débats politiques autour de telles questions ne cessent de faire rage, à droite comme à gauche. Et ce thème est fréquemment mis en avant dans le cadre des élections de 2011. Souvent, les politiciens manient habilement les chiffres de l'immigration : on en oublierait presque qu'une grande partie quitte aussi la Suisse. Plus précisément, si en 2009, plus de 140 000 personnes se sont établies en Suisse, nombre d'entre elles sont reparties. Ainsi, le taux net d'immigration s'élève en fin de compte à peine à 80 000 personnes (2).

Les immigrants ont bon dos, mais il est très rare qu'ils aient eux aussi la possibilité de s'exprimer. C'est pourquoi, comparis.ch, le comparateur sur Internet, leur a donné la parole au moyen d'un sondage. Les questions tournaient autour de la durée de séjour prévue, de leurs sentiments face aux débats politiques les concernant ainsi que des motifs qui les poussaient à rester en Suisse ou à repartir. En septembre 2011, 1085 immigrants vivant en Suisse depuis 2006 au plus tôt ont pris part à cette enquête, alors disponible en ligne dans la section sur mesure « S'installer en Suisse ». 85 % des personnes interrogées sont originaires des pays européens bénéficiant de l'accord de libre circulation avec la Suisse (UE-17/AELE) depuis le 1er juin 2007. 56 % sont allemands, 7 % sont italiens et 7 % français. 91 % exercent une activité lucrative ; 82 % travaillent à temps plein.

La plupart veulent repartir, et ce après cinq ans au maximum

L'enquête montre clairement que les immigrants n'envisagent qu'un séjour à court terme en Suisse. Seul 19 % désirent y rester pour toujours. 51 % affirment au contraire ne souhaiter y résider que pour une durée limitée. En ce qui concerne, les 29 % restant, ils n'ont pas encore de projets. Les étrangers souhaitant repartir veulent le faire ces prochaines années. Près d'un immigrant sur trois affirme avoir dans l'idée de quitter la Suisse dans cinq ans au plus tard.

Une analyse de ces données par rapport au temps que les ressortissants étrangers ont déjà passé en Helvétie confirme qu'ils prévoient plutôt des séjours de courte durée. Toutefois, leurs plans changent dès qu'ils y ont vécu quelques années. Les étrangers résidant en Suisse depuis longtemps déjà souhaitent également y rester à plus long terme. Parmi les personnes ayant immigré en 2010 et en 2011, 32 % indiquent qu'ils repartiront dans les cinq prochaines années. Par contre, il ne sont plus que 24 % parmi ceux étant arrivés en 2006 et en 2007. À l'inverse, la part de ceux qui aspirent à rester en Suisse à long terme, voire pour toujours, augmente proportionnellement à la durée de leur séjour.

Au fil du temps, les immigrés semblent apprécier de plus en plus leur nouveau chez-eux. Richard Eisler, CEO de comparis.ch, à ce sujet : « Plus les résidents étrangers apprennent à connaître les gens et le pays, plus il leur est difficile de dire aurevoir. » L'intégration (professionnelle et sociale) jouerait ici un rôle considérable.

Une personne sur deux dit comprendre les arguments des débats

La volonté d'intégration des immigrants interrogés est également illustrée par le fait que les débats politiques parfois houleux ne les laissent pas de marbre. Seul 8 % affirment que ces discussions leur sont égales. À l'inverse, 50 % des personnes sondées comprennent les arguments. 44 % trou-vent dommage de ne pas pouvoir prendre part au processus politique. 34 % ressentent ces débats comme pénibles et désagréables. Le nombre d'immigrants qui se sentent personnellement concernés se révèle également considérable : 27 % se sentent blessés dans leur personne et même 18 % se sentent menacés.

Ainsi, la plupart des immigrants s'intéressent aux débats les concernant. Toutefois, seul une minorité a peur que ces discussions ne viennent durcir les conditions de leur droit de séjour. 74 % ne craignent pas que leur droit de séjour soit supprimé pour de bon à l'avenir.

Emploi déterminant ou : la caravane du nomade moderne

Dans le cadre de ce sondage, les immigrants se sont également exprimés quant aux motifs qui les poussent à rester en Suisse ou à repartir. Puis, ils ont évalué l'importance qu'ils apportent à chacune de ces raisons. Les perspectives professionnelles, les loisirs et l'environnement social pèsent tous presque autant lourd dans la balance. La compagne ou le compagnon ainsi que la famille ne jouent ici qu'un rôle secondaire. Richard Eisler explique que « la plupart du temps, les étrangers viennent en Suisse pour des raisons professionnelles mais repartent exactement pour les mêmes motifs. Évidemment, ils veulent aussi se sentir bien. »

D'après l'enquête (voir graphique 1), neuf immigrants sur dix citent d'excellentes perspectives pro-fessionnelles comme raison importante les poussant à rester en Suisse. Aucun autre facteur n'a fait l'objet d'un tel engouement. Arrive en deuxième position l'offre de loisirs (lacs, montagnes, ski, offre culturelle). La médaille de chocolat revient à l'énonciation suivante : « J'apprécie mon entourage social, j'ai trouvé des amis ici ».

Un tableau similaire se profile au niveau des arguments poussant ces mêmes personnes à quitter la Suisse (voir graphique 2). 62 % considèrent le chômage comme une raison de taille pour repartir de la Suisse ; 57 % invoquent de meilleures perspectives professionnelles dans un autre pays. Richard Eisler constate que « si les nomades modernes ne trouvent plus de travail en Suisse ou reçoivent une offre plus intéressante ailleurs, ils repartent. La caravane met le cap vers un nouvel emploi. » Partant, d'après l'étude de comparis.ch, c'est bel et bien triplement que la Suisse profite de cette situation : aucune formation à payer, les immigrants cotisent à l'assurance-chômage et, lorsqu'ils se retrouvent sans emploi, ils ne demandent aucune indemnité. Les facteurs tels que « pas trouvé d'amis » ou « difficultés au niveau culturel » constituent également des motifs de grande importance lorsqu'il s'agit de repartir. Ainsi, outre le travail, l'aspect culturel compte aussi.

Chocolat et situation géographique

En dehors de ces raisons rationnelles, le côté émotionnel joue évidemment aussi un rôle. Ainsi, dans les champs libres, certains ont noté des formules simples et claires, telles que « I love Switzerland » ou, encore plus précis, « I love Swiss chocolate ». Une ressortissante d'Allemagne a finalement mentionné parmi les avantages de la Suisse « la proximité avec l'Allemagne ».

4/10/2011

Source : ne.presseportale

 

Nassreddine Dchar, un jeune comédien néerlandais d'origine marocaine, talentueux et prometteur, a été sacré meilleur acteur lors du Festival du film néerlandais, vendredi 30 septembre à Amsterdam. Lors de la cérémonie de remise des prix, il a fait part de sa fierté d’être d’origine marocaine et de confession musulmane, en réponse au discours radical de la droite néerlandaise, dont des membres font partie du gouvernement néerlandais. Il s’est adressé en ces termes au premier Ministre néerlandais : "Monsieur Verhagen, et avec vous Geert Wilders et tous ceux qui vous soutiennent, je suis un Néerlandais et je suis très fier de mon sang marocain (origines). Je suis un musulman et je suis debout ici, et j’ai entre mes mains le "veau" d’or, le prix du meilleur acteur de l'année".

Nassreddine Dchar a été récompensé pour son interprétation dans le film Rabat, un long métrage qui relate les péripéties de voyage de trois jeunes néerlandais d'origine marocaine, entre Amsterdam et Rabat. Le film sera distribué dans 7 pays ... parmi eux le Maroc !


30/9/2011

 Source : You Tube

La population active devrait augmenter en France métropolitaine de 6,5 % entre 2010 et 2030, passant de 29,4 millions à 31,4 millions, la hausse étant particulièrement vive dans des régions du Sud et de l'Ouest, selon une étude de l'Insee.

L'essentiel de l'augmentation de la population active – qui comprend les personnes en emploi et les chômeurs – aurait lieu entre 2010 et 2025, du fait notamment de la hausse du taux d'activité des seniors sous l'effet des réformes des retraites de 1993, 2003 et 2010.

Après 2025, sous l'effet conjugué du retrait du marché du travail de ces seniors et l'arrivée aux âges de forte activité des générations creuses nées pendant les années 1980-1990, la population active se stabiliserait pendant une décennie. Elle progresserait de nouveau après 2035 avec l'entrée dans la vie active des générations nombreuses nées après 2000.

Dès lors, jusqu'au début des années 2020, la population active vieillirait dans toutes les régions et l'âge moyen des actifs passerait de 39,6 ans en 2010, à 40,6 ans en 2022. En 2030, un rajeunissement sera amorcé (40,5 ans).

ÉVOLUTION DIFFÉRENTE SELON LES RÉGIONS

L'évolution serait différente d'une région à l'autre du fait notamment des comportements d'activité et des migrations interrégionales, signale l'étude dont le scénario s'appuie sur un maintien du taux de fécondité au niveau de 2007 dans chaque région et un solde migratoire de 100 000 personnes par an. Ainsi, la population active progresserait vivement de plus de 15 % en Languedoc-Roussillon et Midi-Pyrénées pendant les deux prochaines décennies. En Aquitaine, Pays de la Loire, Bretagne et Rhône-Alpes, la hausse serait autour de 10 à 12 %.

Mais, alors qu'en Languedoc-Roussillon et en Midi-Pyrénées la tranche d'âge la plus active (entre 30 et 49 ans) sera dynamique, du fait des migrations préalables de jeunes à l'âge des études, dans l'Ouest cette tranche stagnerait.
En Corse et en Provence-Alpes-Côte d'Azur (PACA), la population active progressera de 8 % à 10 % en vingt ans et en Poitou-Charente de 6 %. Dans la moitié nord, en Ile-de-France, elle augmenterait significativement (6 %).

Dans d'autres régions principalement situées dans le Nord, dans le centre et dans l'Est, la population active évoluerait de façon plus atone, amorçant même une période de baisse durable avant 2030. Déjà engagée en Champagne-Ardenne, cette baisse pourrait intervenir dès 2013 en Lorraine et vers 2025 pour les autres.

Dans ces territoires, "déficit migratoire chez les jeunes et vieillissement de la population active actuelle se cumuleraient", souligne l'Insee.

Ces écarts de croissance entre la population active et la population âgée, en nette progression partout, pourraient accentuer des déséquilibres locaux entre les besoins des populations et la main-d'œuvre disponible, estime l'étude, pour laquelle des "tensions sur l'emploi dans certains secteurs, tels que les services aux particuliers, pourraient survenir".

4/10/2011

Source : Le Monde/AFP

Alors que nous éprouvons toujours des difficultés à nous accepter comme un continent d'immigration, voilà qu'il nous faut à nouveau nous penser comme un continent d'émigration.

La crise financière et économique et sa traduction en termes de précarité et d’inégalités sociales génèrent dans la population des incertitudes et des préoccupations multiples quant au présent et à l’avenir. Dans ce contexte, l’immigration et la présence des immigrés (et de leurs descendants) sont souvent présentées comme des problèmes et des dangers. Les discours et les politiques d’immigration deviennent de plus en plus durs, voire carrément hostiles aux boucs-émissaires que redeviennent les migrants au gré des nécessités de la politique interne aux pays européens. Les politiques d’intégration des migrants deviennent de plus en plus des outils de mise en conformité sociale et culturelle des nouveaux migrants. Comment sélectionner et intégrer les heureux élus parmi la multitude des immigrants potentiels non désirés ? Comment se débarrasser de ces derniers ? Des formations politiques inspirées par le nationalisme et un certain populisme se sont emparées de ces débats en donnant des réponses simplistes à des questions migratoires complexes qui divisent par ailleurs tant la gauche que la droite.

Mais une question est complètement ignorée dans les débats sur les migrations en Europe : celle des effets de la crise mondiale et de ses avatars en Europe sur les mouvements migratoires à partir de ce continent. En d’autres mots, alors que l’Europe se préoccupe de l’immigration, ne devient-elle pas à nouveau un continent d’émigration ? Ne voit-on pas déjà les premiers signes d’un nouvel exode européen comme réponse à la crise économique qui touche l’Europe et à ses conséquences sociales et politiques pour une jeunesse européenne de plus en plus privée d’opportunités d’insertion sur un marché de l’emploi très tendu ?

Prenons quelques exemples pour illustrer ce propos. Lors d’un récent voyage à Dublin, je me suis par hasard retrouvé en plein milieu d’une manifestation devant le Parlement irlandais. A ma grande surprise, les slogans étaient "Stop Emigration", "Keep our Youth Home" ("Garder notre jeunesse à la maison"). En effet, depuis que le tigre celtique est redevenu un petit chaton, de nombreux jeunes Irlandais, souvent avec un haut niveau d’éducation et d’excellentes compétences professionnelles, quittent le pays en lequel ils ne croient plus. L’Australie et le Canada notamment sont pour eux des destinations de choix.

Plus au sud, la Grèce. De nombreux jeunes Grecs envisagent à terme de ne pas rester dans un pays à la dérive. Eduqués ou pas, issus des classes populaires ou des classes moyennes et même supérieures, femmes et hommes, insulaires ou continentaux, ils se considèrent comme des migrants potentiels. Certes, tous n’auront pas les ressources nécessaires pour partir, mais nombreux sont ceux qui le font déjà. D’aucuns vont rejoindre la diaspora grecque en Australie. D’autres se lancent vers des destinations improbables comme le Liban. En Italie, les jeunes diplômés italiens n’en sont plus à la phase des projets migratoires. Ils partent, qui vers le nord de l’Europe, qui vers les pays émergents comme le Brésil, l’Inde et la Chine. Chez nous, les candidats italiens sont de plus en plus nombreux pour les postes universitaires et les postes de recherche. "Vous êtes notre Lampedusa" aurait dit un de ces candidats à l’émigration scientifique à un de mes collègues !

Les jeunes Portugais redécouvrent quant à eux des pays comme l’Angola, le Cap-Vert, mais aussi le Brésil. Au Portugal aussi, l’avenir semble bouché. Ces jeunes ne sont pas les "heróis do mar" du XXIe siècle, ni des néocolons, mais tout simplement des personnes souvent très bien éduquées qui ont perdu l’espoir de pouvoir se construire un avenir chez eux. Les Français aussi semblent de plus en plus tentés par l’émigration. Entre 2006 et 2010, le nombre de Français dans le monde est passé de 1 340 000 à 1 470 000.

Chez nous, plusieurs centaines de Belges quittent chaque année le pays. Au-delà de la crise financière et économique, la laborieuse transition politique qui s’éternise est aussi de nature à éveiller des vocations à l’émigration, surtout chez les Belges les plus qualifiés. C’est notamment le cas de chercheurs universitaires, d’artistes et d’hommes d’affaires. Aujourd’hui déjà plus de 300 000 Belges ont décidé de vivre à l’étranger.

Certes, ces faits n’ont pas comme tels de valeur scientifique. Ils devraient toutefois nous encourager à examiner de manière plus globale les multiples facettes de la question migratoire. Nous avons encore du mal à nous accepter comme un continent d’immigration, voilà qu’il nous faut à nouveau nous penser comme un continent d’émigration. La chose est difficile mais elle est pourtant indispensable. Elle devrait aussi nous engager à mieux réfléchir à nos politiques publiques dans le domaine de l’immigration et de l’intégration dont certaines pourraient se retourner un jour contre nos futurs émigrants européens. Que diraient les Européens si la Chine adoptait un jour des politiques d’intégration des nouveaux migrants Européens aussi rigides que celles qui se développent en Europe pour les candidats à l’immigration en provenance de pays du Sud ? Que dirions-nous si les pays émergents avaient des exigences à l’égard des émigrants européens analogues à celles que nous avons des candidats à l’immigration en Europe ? Que penserions-nous s’il fallait prouver une maîtrise la langue et de la culture chinoise et des institutions du pays avant de pouvoir y travailler en tant qu’Européen, même qualifié ? Il faut y réfléchir et ne pas oublier, lorsque nous construisons des politiques d’immigration et d’intégration, que peut-être un jour beaucoup d’entre nous Européens seront à nouveau des migrants. En effet, les flux migratoires sont de plus en plus multidirectionnels à l’ère de la mondialisation. A une économie dérégulée correspond une mobilité humaine de plus en plus dérégulée malgré nos politiques migratoires restrictives. La plupart des pays sont à la fois des pays d’immigration, d’émigration et souvent de transit. L’Europe reçoit des migrants plus ou moins qualifiés et éduqués du monde entier. Mais elle perd une partie de sa jeunesse souvent très qualifiée pour d’autres contrées où l’avenir semble plus prometteur. Or, cette question de la nouvelle émigration européenne n’est jamais discutée. Elle est totalement ignorée. D’une part, nous éprouvons encore d’énormes difficultés à nous accepter comme un continent d’immigration.

D’autre part, nous refusons de voir que l’émigration au départ de l’Europe est une réalité non négligeable qui est destinée à croître si nous ne sortons pas du marasme économique et politique actuel par le haut en construisant une Europe économique et politique plus forte, unie et solidaire avec les autres grandes régions du monde. Plus que jamais, une approche globale des migrations (immigration-émigration-transit-intégration, etc.) mise en relation avec les grands déséquilibres du monde est nécessaire.

30/9/2011

Source : Lalibre.be

Nous sommes en 2008. Nicolas Sarkozy est à l'Elysée, Michèle Alliot-Marie est Place Beauvau. Dans une circulaire non publiée que Le Monde a pu consulter, la ministre de l'intérieur adresse aux préfets et aux directeurs de la police et de la gendarmerie nationale, le 4 mars, les "objectifs 2008 en matière de sécurité intérieure", les premiers de la présidence Sarkozy. Ce texte, et les notes de service qui en découlent à chaque échelon hiérarchique, illustre concrètement la "culture de la performance" qui doit s'instaurer dans les forces de l'ordre.

Les objectifs de Mme Alliot-Marie sont chiffrés mais généraux : - 3 % pour la délinquance générale, - 5 % pour la délinquance de proximité. Et le taux d'élucidation (36,11 % en 2007) doit atteindre 40 %. Suit une série de priorités : les violences aux personnes, le terrorisme, les violences urbaines et la criminalité organisée (notamment le trafic de drogue).

Dix jours plus tard, le directeur central de la sécurité publique envoie aux directeurs départementaux et aux préfets "la déclinaison des objectifs" fixés par la ministre. Il reprend les thèmes de la circulaire, demande pour cela un accroissement de 5 % de la présence sur la voie publique.

Puis il va au-delà, dans la catégorie "Divers". Apparaissent ainsi le développement de "contrôles afin de rechercher les individus en situation irrégulière", et la poursuite de l'effort sur les trafics, mais aussi les usages de stupéfiants, là où la ministre défendait l'"action en profondeur engagée contre les réseaux et les filières". Objectifs fixés : "Une progression de 5 % des IRAS (infractions révélées par l'action des services) dans ces catégories".

Les IRAS sont l'un des quatre grands ensembles qui constituent les chiffres de la délinquance. Pour moitié, il s'agit d'"ILS" (infractions à la législation sur les stupéfiants) et pour un quart d'"ILE" (infractions à la législation des étrangers). Des flagrants délits qui présentent l'avantage statistique d'afficher 100 % de taux d'élucidation. C'est le "dada du président", explique un directeur départemental de la sécurité publique. Mardi 27 septembre, devant la commission des lois, le ministre de l'intérieur, Claude Guéant, s'est félicité que les "actions d'initiatives se poursuivent à un niveau élevé" (+17 % entre 2004 et 2010).

Fin mars 2008. Un peu plus de dix jours après avoir reçu leurs instructions du directeur central, c'est au tour des directeurs départementaux d'adresser aux responsables locaux leurs objectifs. Exemple en Seine-et-Marne. Dans sa note de service, la directrice de la sécurité publique rentre, à l'unité près, dans le détail. Un tableau résume, par infraction, les objectifs. 1633 sans-papiers mis en cause en 2007 ? La hausse doit être de +4 %, et la responsable réclame donc "1 698" interpellations. Pour l'aide au séjour, les policiers doivent passer de 21 infractions en 2007 à 24 en 2008, pour respecter l'objectif national de + 12,5 %.

Concernant les stupéfiants, le texte reconnaît que la progression de 1,5 % entre 2006 et 2007 est "largement alimentée par l'activité en matière d'usage simple" (les interpellations de consommateurs). Les mises en cause pour reventes ou pour trafic ont baissé, elles, de 27 %. La directrice recommande donc de redresser la barre et de passer de 283 à 297 affaires. Sur les routes, elle fixe un objectif de 51 tués contre 52 en 2007 dans le département, et de 6 tués (contre 12 en 2007) dans le massif de Fontainebleau. "Une hérésie", pour l'un de ses confrères.

Ce degré de détail est-il l'apanage de la Seine-et-Marne ? Un autre directeur affirme qu'il n'a "pas besoin de ça pour que les équipes travaillent" mais précise aussi : "Mes chefs de service savent que le ministre veut que les IRAS augmentent." Il défend toutefois les interpellations pour usage de stupéfiant : "On "signalise" le mis en cause, on prend ses empreintes et, parfois, on découvre des types qui ont commis d'autres faits. Ou, plus tard, on les connaît s'ils commettent d'autres faits."

Un échelon plus bas, la circonscription de sécurité publique, c'est-à-dire le commissariat. Dans l'une d'elles, en Seine-et-Marne, le chef répercute les consignes de sa hiérarchie. Pour les sans-papiers, écrit-il dans une note de service, "il conviendra de maintenir le niveau obtenu en 2007", c'est-à-dire 67 interpellations (contre 29 en 2006). La méthode : les "contrôles en gare", qui "seront effectués sur le même rythme qu'en 2007". Côté drogues, "au-delà des objectifs fixés" au niveau départemental, il souhaite "au moins 2 faits de trafic, 8 faits d'usage-revente et 160 faits d'usage".

Un gardien de la paix du département, qui a accepté de témoigner sous couvert de l'anonymat, et dont le témoignage est corroboré par un officier, confirme que, depuis dix ans, les attentes de la hiérarchie n'ont fait que croître. En Seine-et-Marne, depuis 2002, les ILS ont doublé et les ILE presque quintuplé. "Chaque mois, il faut un peu plus de ci, un peu plus de ça : ILS, ILE, etc.", explique-t-il. C'est même chaque semaine que les commissariats sont tenus de faire remonter leurs statistiques.

La méthode de base, pour ces infractions, c'est le contrôle d'identité. Les services de police demandent donc de plus en plus de réquisitions aux procureurs, base juridique indispensable. Ce qui exaspère le parquet de Meaux, qui dénonce, dans une note au préfet, en 2007, la "lourde charge" que cette explosion des demandes fait peser sur ses services en réclamant que les demandes soient "motivées". Le parquet rappelle que ces requêtes sont passées de 7 000 à 15 000, dans le ressort de Meaux, entre 2005 et 2006...

En l'absence de réquisition, pour atteindre les objectifs, notamment sur les stupéfiants, il y a une autre méthode : selon le policier de Seine-et-Marne, certaines équipes multiplient les contrôles et les palpations "sans raison" et les fouilles de véhicules "illégales" à l'issue des contrôles routiers. "Une fois au commissariat, on trouve un motif. On met "a tenté de dissimuler", mais c'est faux." Et pour les sans-papiers, le "travail en gare" est "ciblé"...

03.10.11 , Laurent Borredon

Source : Le Monde

Les transferts des Marocains résidant à l’étranger ont atteint 26,8 milliards de dirhams durant le premier semestre de l'année 2011, en hausse de 7,4%...Suite

Depuis 2007 où elle s'est fait remarquer du côté du Qébec en battant campagne pour le candidat Sarkozy,Khadija Doukali est restée en retrait de la vie publique marocaine. Elle qui, à la tête de la société de pêche familiale et dans les différentes associations et fédérations, a déroulé son parcours devant les caméras, les micros et les plumes, a depuis lors, préféré l'ombre…Suite

C'est dans un bâtiment faisant partie du patrimoine historique de Bruxelles que la culture marocaine s'est invitée en territoire belge…Suite

Les Marocains qui ont étudié à l'étranger sont de plus en plus nombreux à rentrer au pays. Ils semblent satisfaits de leur retour malgré le fameux« choc social»…Suite

A Burgos (nord de l’Espagne), un collège a fermé ses portes à l’une de ses élèves, une Marocaine âgée de 12 ans, parce qu’elle portait le voile. La jeune fille doit désormais se résigner à aller en cours sans son voile, ou trouver une place dans un autre centre, mission quasi impossible en cette fin de mois de septembre. Le directeur du centre dit suivre à la lettre un règlement intérieur qui interdit aux élèves de se couvrir la tête et le visage.

La situation des musulmanes voilées d’Europe se complique de jour en jour. Et la polémique a désormais envahi le milieu scolaire. Déjà en juin, une jeune collégienne marocaine avait été expulsée d'un collège de la ville d'Arteixo (Galice, nord-ouest de l'Espagne), à cause de son voile. Depuis le 23 septembre dernier, une autre personne a connu le même sort, dans la ville de Burgos, au nord.

Ibrahim Isslal, père de la jeune fille, âgée de 12 ans, assure que personne ne l’a obligée à se voiler. Il lui aurait également conseillé de ne porter son voile que dans la cour de l’école, et de le retirer dans sa salle de classe. La jeune fille s’y serait opposée. Elle a donc pour seules alternatives, de retirer son voile pour assister aux cours ou de se trouver une place dans un établissement ou ses habitudes vestimentaires sont tolérées. Problème, en cette fin de septembre, il ne reste plus de places disponibles. La jeune fille n’est donc plus scolarisée depuis une semaine.

Se trouvant à un âge où la scolarité est obligatoire en Espagne, Ibrahim Isslal a estimé que sa fille devrait avoir l’autorisation d’assister aux cours, malgré son voile. Ce à quoi le directeur du centre s’est opposé.

Appliquer le règlement à la lettre

Le directeur du centre, Eusebio López, a déclaré aux médias espagnols qu’il ne faisait que suivre à la lettre les dispositions du règlement intérieur de l’établissement. Ledit règlement stipule que « les élèves ne pourront pas se couvrir la tête dans les salles de l’établissement, sauf sur prescription. En aucun moment, ils ne pourront se vêtir de manière à cacher le visage totalement ou partiellement ».

« Depuis des années, nous combattons les casquettes, les visières et les cagoules. Dans ce cas, c’est pareil » s’est défendu López. Selon lui, le cas se serait déjà présenté pour une autre jeune musulmane, qui portait le voile. Informé des dispositions du règlement, la jeune fille se rend en cours, depuis lors, sans son voile.

Alors qu’Ibrahim Isslal, estime que le règlement va à l’encontre de la liberté de religion, Eusebio López, lui, considère que la restriction appliquée, n’est pas à caractère religieux. « Nous n’entrons pas dans les questions religieuses (…) nous demandons juste que l’élève se plie au règlement », a-t-il ajouté.

30/9/2011, Yann Ngomo

Source : Yabiladi

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