jeudi 4 juillet 2024 18:19

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Les Marocains résidant à l'étranger changent de nom

Appelés jadis RME, puis MRE, les Marocains du monde s’appellent désormais Marocains de l’extérieur.

Qu’en est-il de la communauté marocaine de l’extérieur ? Comment évolue-t-elle notamment dans un contexte de crise ? Quels sont ses caractères sociologiques et quel sera son avenir ? Les Marocains continuent à migrer malgré les restrictions mises en place par les pays européens.  Ils sont aujourd’hui plus de 4 millions de personnes contre 3,3 millions en 2003. Un flux nourri essentiellement par le regroupement familial, les étudiants et secondairement par des entrées irrégulières. C’est ce qui ressort de la dernière publication de la Fondation Hassan II: «Marocains de l’extérieur», un ouvrage collectif destiné à cerner les changements et les évolutions que ces Marocains vivent partout dans le monde.  

Pourtant, cette croissance apparente dissimule, selon les auteurs de cet ouvrage, une baisse régulière et continue des effectifs des Marocains dans les pays d’accueil. C’est le cas par exemple en France où le nombre de Marocains est passé de 504.111 en 1999 à 436.846 en 2008, soit une perte d’environ 13,3% en dix ans.  Un paradoxe qui n’a rien d’extraordinaire puisque deux raisons bien simple l’expliquent. D’abord, il y a les opérations de naturalisation qui ont permis l’acquisition de la nationalité des pays d’accueil. Ensuite, il y a la définition de l’immigré qui, dans certains pays, n’englobe pas les étrangers nés dans les pays d’accueil.  Un phénomène largement observé surtout dans les pays européens où la migration est en majorité familiale. 

Les Marocains de l’extérieur sont présents aujourd’hui sur tous les continents, y compris les plus lointains comme les Amériques et l’Australie. Une présence fortement dispersée et qui fait la spécificité de cette migration comparée à celles des pays voisins. 

Elle est en quelque sorte l’aboutissement des différentes vagues d’émigrations, expliquent les auteurs de l’ouvrage. 

Une présence marquée également par une forte concentration notamment en Europe (France, Espagne et Italie) qui s’accompagne dans certains pays de quelques dispersions.

Cette communauté marocaine vivant à l’étranger se caractérise aujourd’hui par une différenciation pour ne pas dire opposition, de plus en plus nette entre les différentes générations sur le plan identitaire et celui des comportements religieux, culturels et politiques.

De nouvelles générations émergent et qui ne sont pas uniquement les descendants des primo-migrants nés sur place.  Ce sont aussi des jeunes venus pour des études et qui ont décidé d’y rester ou des jeunes appartenant aux générations suivantes et qui, en raison de la crise de 2008, ont migré vers des pays peu touchés par cette crise. 

Pour ces nouvelles générations, les pays de l’immigration ne sont plus des «pays d’accueil» comme pour leurs parents, mais des terres natales et des espaces d’exercice de la citoyenneté. Les jeunes Marocains ou descendants des Marocains se sentent plus chez eux et s’engagent fortement dans les débats sur les questions qui affectent leur vie quotidienne, alors que l’ancienne génération pense toujours sa présence dans les pays européens comme temporaire, et elle est considérée comme ayant fait peu d’efforts d’adaptation culturelle pour vivre dans les pays d’accueil.

En conclusion, les auteurs de l’ouvrage ont constaté que le profil de l’immigré marocain de la première génération n’est plus l’unique en présence. D’autres profils ont surgi comme c’est le cas d’hommes d’affaires, de jeunes cadres et de femmes seules. A noter que les chemins de ces nouveaux profils ne croisent pas ceux des anciens, car les deux groupes se tournent le dos, évoluent de façon séparée et ne fréquentent pas les mêmes lieux. 

28 Juin 2014, Hassan Bentaleb.

Source : Libération

 

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