Le bateau où une trentaine de cadavres de migrants ont été découverts dimanche, est arrivé mardi dans le sud de la Sicile tandis que les premiers témoignages de rescapés faisaient état de scènes d'horreur pendant la traversée.
"Nous étions trop nombreux. Ils nous ont forcés à monter sur le bateau même s'il n'y avait plus de place. Ceux qui étaient enfermés dans les cales sont morts", a raconté un jeune Syrien au journal Corriere della Sera.
Selon les récits recueillis par le quotidien, "quand ils ont essayé de sortir, pour échapper à la chaleur, au manque d'oxygène et aux émanations toxiques, les trafiquants par peur que le bateau ne chavire, les ont fait enfermer en bloquant la cale" où est stocké normalement le poisson sur les bateaux de pêche.
Une partie des rescapés sont arrivés dès lundi, le reste, soit quelque 566 personnes ont été ramenés à terre par le navire de la marine militaire, le San Giorgio, qui transportait les corps.
La Marine militaire a indiqué, comme causes probables des décès, l'asphyxie et la noyade. L'embarcation, partie de Libye, a pu prendre l'eau, ce qui expliquerait pourquoi certains réfugiés seraient morts noyés.
Des migrants en larmes ont expliqué aux sauveteurs avoir tenté de secourir leurs amis et proches mais les trafiquants ont refusé d'ouvrir la porte et même de revenir en arrière tandis que la cale se remplissait des gaz d'échappement du moteur.
"Nous avons essayé de les sauver quand nous avons compris ce qu'il se passait. Nous avons tout tenté mais c'était trop tard, ils avaient l'air de dormir", a raconté un des rescapés au journal Repubblica.
Un autre a accusé les passeurs de les avoir "empilés comme des animaux. Nous leur avons demandé de retourner en arrière, ils ont dit qu'il était trop tard".
Mardi deux des rescapés ont été placés en état d'arrestation sous le soupçon d'avoir en réalité fait partie du groupe de passeurs, selon les médias italiens.
Stefano Frumento, capitaine d'une frégate qui a participé au sauvetage, a décrit la vision tragique de femmes enceintes, enfants et hommes, agitant les mains en signe de détresse.
"Je n'avais jamais vu autant de gens entassés comme ça, 600 personnes sur une longueur de 20 mètres", a-t-il dit à La Stampa.
Les sauveteurs ont eu du mal à dégager les corps des migrants originaires de Syrie, Erythrée, Somalie et Cameroun. Des pompiers équipés de tronçonneuses ont dû découper la carcasse du navire autour de la porte de la cale qui ne mesurait qu'un mètre carré tandis qu'un prêtre local bénissait les corps débarqués à terre.
"Ce trou avec des dizaines de corps entassés les uns sur les autres c'était comme une fosse commune, c'est le nouvel Auschwitz de la Méditerranée", a réagi le policier Nico Ciavola.
Toutes les victimes étaient des hommes alors que parmi les rescapés on comptait 52 enfants dont un de quelques mois et trois femmes proches de l'accouchement.
"J'ai la mort dans le coeur, c'est comme si on m'avait donné un coup dans le ventre", a commenté le maire de Pozzallo Luigi Ammatuna, en regardant les cadavres transportés dans des cercueils.
Près de 5.500 réfugiés ont été secourus pendant le week-end par la marine militaire et deux cargos.
Depuis le début de l'année, selon les autorités, plus de 65.000 migrants et réfugiés, en incluant les 5.000 de ce week-end, fuyant les guerres ou la pauvreté, ont débarqué en Italie.
01 juil. 2014
Source : AFP