Une vidéo de policiers espagnols frappant à coups de matraque un immigrant africain avant de le ramener, apparemment inconscient, en territoire marocain a fait scandale vendredi en Espagne.
La victime avait tenté mercredi avec une centaine d'autres immigrants de franchir la triple clôture de 6 mètres de haut qui sépare le Maroc de l'enclave espagnole de Melilla.
L'organisation locale de défense des droits de l'Homme Prodein, qui a filmé la vidéo, l'a identifié comme un Camerounais de 23 ans appelé Danny.
Dans la séquence, un membre de la Guardia Civil le frappe avec une matraque alors qu'il est accroché à la clôture du côté espagnol.
Danny lache prise et tombe au milieu d'un groupe de Gardes civils, restant au sol sans bouger. Les policiers le portent ensuite par les bras et les jambes pour le ramener du côté marocain par une grille dans la clôture.
Jose Palazon, le directeur de Prodein qui a filmé lui même cette scène, a accusé les policiers d'avoir usé "d'une grande violence". Selon lui cet immigrant "aurait dû recevoir une assistance médicale".
"Tout ça est totalement illégal. Ca se fait au mépris de la loi, de la morale et de l'éthique", a-t-il déclaré à l'AFP.
Un porte-parole de la représentation du gouvernement à Melilla, Irene Flores, a affirmé que l'immigrant n'était pas blessé mais opposait simplement une "résistance passive" aux policiers.
Le gouvernement conteste que le fait que les migrants qui s'accrochent à la clôture aient déjà pénétré en Espagne, estimant avoir le droit de les renvoyer au Maroc.
"La Garde civile a respecté scrupuleusement la loi", a déclaré Flores à l'AFP. "Nous ne considérons pas ça comme des expulsions mais comme des renvois à la frontière".
Le 6 février dernier, une quinzaine d'immigrants se sont noyés dans les eaux territoriales marocaines en tentant de nager vers Ceuta, l'autre enclave espagnole au Maroc.
Des témoins ont accusé les forces de l'ordre espagnoles d'avoir tiré des balles en caoutchouc sur eux. Le gouvernement a reconnu l'usage de balles en caoutchouc mais démenti que ses hommes aient visé directement les nageurs venus d'une plage marocaine.
Le parti conservateur au pouvoir a été critiqué pour l'incident de mercredi par l'opposition qui l'accuse de ne pas donner d'instructions claires au garde-frontières.
"C'est un nouvel exemple du comportement absolument intolérable des forces de l'ordre et de traitements inhumains", a déclaré Joan Coscubiela, porte-parole du parti de gauche Izquierda Unida.
17 oct. 2014
Source : AFP