Plus d'un demi-million de migrants sans-papiers établis en Espagne risquent de ne plus bénéficier de la couverture médicale, suite à l'annonce, vendredi dernier par le gouvernement espagnol, de sa volonté de modifier la loi sur les étranges.
Ainsi, quelques 573.712 immigrés clandestins résidant en Espagne pourraient ne plus bénéficier de la couverture médicale au cas où cet amendement est approuvé par le gouvernement et le Parlement espagnols, rapportent, lundi, les médias.
Selon cet amendement, il ne suffira plus aux immigrés clandestins d'être uniquement inscrits sur les registres municipaux pour avoir une carte de santé donnant accès à son titulaire à une couverture médicale totale.
La loi espagnole sur les étrangers, qui a subi plusieurs modifications durant les dernières années, garantit actuellement aux immigrés, en situation régulière ou pas, l'accès aux services de santé à même pied d'égalité que les Espagnols.
La dernière modification de cette loi, opérée en 2009, portait notamment sur l'extension de 40 à 60 jours de la période de rétention par la police des immigrants irréguliers interceptés et sur le durcissement des conditions de regroupement familial.
23 avril 2012
Source : MAP
Un "Réseau Santé des Marocains du monde" (RSMM), visant à valoriser les compétences médicales issues de l'immigration marocaine de par le monde et leur apport à leur pays d'origine, vient de voir le jour en France, a-t-on appris auprès de ses initiateurs.
Créée suite aux recommandations de plus de 200 compétences médicales marocaines du monde réunies à Paris le 25 juin 2011, cette structure associative indépendante regroupe plusieurs dizaines de professionnels de la santé marocains (médecins, chercheurs, pharmaciens, biologistes, bio ingénieurs, kinésithérapeutes et gestionnaires de la santé, ) exerçant dans plusieurs pays.
Parmi les objectifs du réseau figure le transfert de technologie médicale, l'organisation de missions de solidarité et la participation à la formation du personnel de la santé au Maroc. Le réseau permettra aussi de valoriser les compétences et les associations médicales des MRE.
"La création du réseau est une attente forte des collègues marocains installés à l'étranger. Cette force invisible (plusieurs milliers) souhaite se structurer pour participer au développement du système de santé au Maroc. J'appelle tous les collègues qui se reconnaissent dans cette philosophie à nous rejoindre", a déclaré Aziz Amar, président du réseau.
Pour Abdelilah El Hairy, vice-président du réseau, le RSMM s'inscrit dans une puissante volonté de changement vers une large politique de santé délocalisée (villages enclavés), des échanges d'expertises interdisciplinaires, le renforcement des liens avec les pays d'accueil et le soutien aux universités marocaines moteurs du changement par la recherche, ainsi que l'organisation de forums thématiques (prévention, éducation, sensibilisation, respect de l'environnement).
La création de ce réseau de santé confirme bien "la volonté des élites marocaines expatriées au développement du système de santé et de la recherche au Maroc, avec une implication transparente, responsable et durable. Des objectifs clairs permettraient, à terme, l'émergence d'une vraie stratégie de mobilisation des compétences marocaines de l'étranger", souligné, de son côté, Abdelhadi Zahouani, Secrétaire général.
La promotion de la santé passe obligatoirement par la prévention et le dépistage des fléaux sociaux nationaux de santé publique, relève, pour sa part, Khalid Djeriri, chargé de la prévention et des questions liées aux politiques de la santé.
Ce réseau sera l'occasion de fédérer toutes les compétences médicales marocaines à l'étranger pour contribuer au développement humain et pérenniser l'offre sanitaire nomade pour les personnes démunies du Maroc rural.
L'ingénierie pour le développement humain sera un axe de recherche qui pourra créer une synergie de toutes les compétences de nos compatriotes marocains à l'étranger, explique Hassan Zahouani, Chargé de la Recherche et du Transfert de Technologie au sein du réseau.
Le Conseil d'administration du RSMM compte 16 médecins, chercheurs et professionnels de santé exerçant en France, au Canada, aux Etats-Unis et en Espagne. Près de 80 compétences de par le monde ont d'ores et déjà rejoint le réseau.
23 avril 2012
Source : MAP
Lancé à la conquête des suffrages de l’extrême droite, le chef de l’Etat français Nicolas Sarkozy va presser jeudi ses partenaires de l’UE d’accepter la fermeture des frontières nationales en cas de forte pression migratoire, mais cette requête suscite beaucoup de réserves.
«Les Français ne veulent plus d’une Europe passoire. C’est le message que j’ai entendu», a-t-il affirmé lundi, au lendemain du premier tour marqué par un score très élevé de la candidate de l’extrême droite, Marine Le Pen
«Si l’Europe ne peut pas défendre ses frontières, la France le fera», a-t-il martelé. «L'Europe qui ne maîtrise pas ses flux migratoires, c’est fini», a-t-il lancé au cours d’une réunion électorale.
Le ministre de l’Intérieur, Claude Guéant, va défendre cette position jeudi lors d’une réunion avec ses homologues de l’UE à Luxembourg.
Il va réclamer la possibilité de rétablir des contrôles aux frontières nationales pendant un mois en cas de défaillance à une frontière extérieure de l’espace Schengen et de prolonger cette mesure si nécessaire.
L’Allemagne soutient cette demande exprimée dans une lettre commune cosignée par le ministre allemand de l’Intérieur, Hans-Peter Friedrich.
Une proposition qui «sent très mauvais»
Les Français reconnaissent qu’ils n’obtiendront rien de concret jeudi. Le point n’est pas inscrit à l’ordre du jour, et aucun débat sur l’espace Schengen n’est prévu avant la prochaine réunion des ministres de l’Intérieur le 26 mai, soit vingt jours après le second tour de l'élection présidentielle en France, soulignent la présidence danoise de l’UE et la Commission.
Aucun responsable européen ne souhaite prendre position sur une question aussi sensible politiquement en France avant la fin de l'élection, a souligné l’un d’eux sous couvert de l’anonymat.
Ils ont en effet compris que le score réalisé par le Front National - près de 18% des voix - lors du premier tour de l'élection présidentielle dimanche allait enflammer les thèmes liés à l’immigration durant la campagne du second tour en France.
La volonté affichée par Nicolas Sarkozy de forcer ses partenaires à accepter ses demandes a toutefois raidi certains d’entre eux et les premières réactions pourraient être assez négatives jeudi à Luxembourg.
La proposition franco-allemande sur Schengen «sent très mauvais», a ainsi estimé le chef de la diplomatie du Luxembourg, Jean Asselborn, dans un entretien à l’hebdomadaire allemand Der Spiegel.
«Les dirigeants européens devraient faire preuve de leadership au lieu de chercher à flatter ces forces d’extrême droite», répète pour sa part la commissaire chargée des Affaires intérieures, Cecilia Malmström.
La frontière «n'est pas tenue»
La demande franco-allemande n’est pas nouvelle. Le débat sur la réforme de Schengen a commencé en mars 2011, à l’initiative de la France. «La Commission a présenté des propositions, qui jusqu'à présent étaient rejetées par le gouvernement français», souligne l’exécutif bruxellois.
L’initiative franco-allemande vise à «accélérer la cadence», assurent les négociateurs français.
Mais elle va loin, car elle vise à «exclure temporairement» les Etats membres de Schengen dont les confins sont devenus des frontières extérieures, lorsqu’ils ne sont pas en mesure de les contrôler.
Nicolas Sarkozy a été très clair : «la frontière entre la Grèce et la Turquie n’est pas défendue», «n’est pas contrôlée, n’est pas tenue».
Athènes se dit en mesure d’assumer ses obligations, si la Turquie agit pour tarir le flux des clandestins venus par son territoire. Mais Ankara veut en contrepartie des facilités de visa pour ses ressortissants dans l’UE, ce que l’Allemagne bloque. Ce point n’est pas abordé dans la lettre franco-allemande.
24/4/2012
Source : Libéaration/AFP
Plusieurs responsables ont manifesté, lundi, leur préoccupation et ont imputé le haut score du FN à la politique de Nicolas Sarkozy.
De nombreuses voix se sont élevées lundi en Europe pour s'inquiéter de la progression de l'extrême droite eurosceptique française, qui a réalisé un score historique au premier tour de l'élection présidentielle et a confirmé une tendance lourde dans l'UE avec la crise. La chancelière allemande Angela Merkel juge que "ce haut score est préoccupant", a déclaré un porte-parole du gouvernement à Berlin.
À Luxembourg, où se tenait une réunion des ministres européens des Affaires étrangères, les commentaires ont été nombreux. Le chef de la diplomatie luxembourgeoise, Jean Asselborn, a accusé le chef de l'État français Nicolas Sarkozy d'être en partie responsable du succès de la candidate du Front national (FN). "Si on répète tous les jours qu'on doit changer Schengen, qu'on doit avoir une politique d'immigration forte, qu'on doit parler de l'exception française" pour les entreprises, "tout cela, c'est de l'eau au moulin du FN", a estimé Jean Asselborn, qui est socialiste.
Mises en garde
Et alors que Nicolas Sarkozy est parti en campagne pour le deuxième tour en courtisant les électeurs du FN, leur promettant d'apporter "une réponse" au vote de l'extrême droite, la Commission européenne lui a lancé une mise en garde implicite. Les responsables européens ne doivent "pas céder à la tentation des discours populistes" et "faire attention à la menace populiste, à la propagation de ses idées parce qu'elles sont fondamentalement contraires aux idéaux portés par la construction européenne", a indiqué un de ses porte-parole, Olivier Bailly.
Le gouvernement français compte profiter d'une réunion, jeudi à Bruxelles, des ministres de l'Intérieur de l'UE, intervenant au beau milieu de la campagne électorale, pour continuer à marteler sa demande concernant l'espace sans passeport Schengen : pouvoir rétablir des contrôles nationaux pendant un mois en cas de défaillance à une frontière extérieure et d'immigration incontrôlée. "Je suis inquiet de ce sentiment que nous constatons contre des sociétés ouvertes, une Europe ouverte. Cela me préoccupe, et pas seulement en France", a estimé lundi le ministre suédois des Affaires étrangères, Carl Bildt.
Aux Pays-Bas, le parti d'extrême droite islamophobe de Geert Wilders a fait tomber le gouvernement Mark Rutte en s'opposant au "diktat" de Bruxelles sur la réduction du déficit public dans le pays. La droite extrême ou populiste est aussi très forte en Autriche, en Finlande, en Suède, au Danemark, en Suisse ou encore en Hongrie. Elle en forte progression dans la région de Flandre en Belgique. Le chef de la diplomatie belge, Didier Reynders, a jugé qu'il fallait être "très attentif" à ces poussées, tandis que son homologue autrichien, Michael Spindelegger, a estimé que le résultat "très impressionnant" de Marine Le Pen "d(evait) tous nous faire réfléchir".
Critiques
Selon les résultats définitifs, la candidate de l'extrême droite se classe au troisième rang du premier tour, avec 17,9 %. Avec près de 6,5 millions de voix, elle réalise un résultat sans précédent pour sa formation, très critique de l'Union européenne. Le FN, qui aura un rôle d'arbitre au deuxième tour, prône un référendum sur une sortie de l'euro et veut replacer les nations au-dessus de l'Europe. Son euroscepticisme est en partie partagé par la gauche radicale de Jean-Luc Mélenchon, qui a obtenu 11,11 %.
Quel que soit le vainqueur du scrutin le 6 mai, les institutions européennes et de nombreux pays espèrent en privé que la rhétorique de la campagne électorale française, souvent très critique à l'égard de l'UE, baissera d'un cran. Qu'il s'agisse du fonctionnement de Schengen ou de la politique commerciale chez Nicolas Sarkozy, du pacte budgétaire et de la discipline en matière de déficits chez François Hollande ou du statut de la BCE pour les deux candidats. "L'Europe a encore une fois été le bouc émissaire", déplore un fonctionnaire.
23/4/2012
Source : Le Point/AFP
La Cour suprême et l'administration Obama s'apprêtent à entamer un nouveau bras de fer. La plus haute juridiction du pays doit examiner à partir de mercredi 25 avril une affaire très controversée qui divise la société américaine : le renforcement de la répression contre les immigrés illégaux dans l'Arizona. La Cour suprême doit déterminer si la loi votée par cet Etat est constitutionnelle.
Cette affaire a pris une dimension nationale. "C'est un énorme cas", a déclaré au Mercury News Andrew I. Schoenholtz, professeur de droit à l'Université de Georgetown. "Cela peut être une des plus importantes décisions concernant l'immigration des vingt ou trente dernières années", a dit Dean Kevin Johnson, de l'Université de droit de Californie dans USA Today.
Une loi qui fait de l'immigration un délit
Cette mesure, intitulée SB 1070, est la plus répressive jamais envisagée contre les immigrés dans un des cinquante Etats américains. Votée le 23 avril 2010, elle est entrée en vigueur en juillet 2010 mais a été purgée de ses dispositions les plus controversées par la justice à la demande de l'administration Obama. Après avoir été déboutée de ses recours en première instance et en appel, la gouverneure de l'Arizona, Jan Brewer, a décidé de porter l'affaire devant la Cour suprême.
Cette mesure fait de l'immigration clandestine un délit, passible de six mois de prison. Son volet le plus controversé permet aux policiers d'arrêter les immigrants sans mandat ou de leur demander de se justifier en cas de "délit présumé" si l'agent a un "soupçon raisonnable" quant à la légalité de la présence d'un individu sur le territoire.
Une incitation au délit de faciès qui pousse à la stigmatisation, selon ses détracteurs. Dans une tribune publiée dans le Washington Post le 23 avril, Arthur Hunter Jr., juge en Louisiane, s'interroge : "Comment saurez-vous qu'un conducteur blanc, noir, un asiatique, un indien, quelqu'un du Moyen-Orient, est un étranger en situation irrégulière ?" "Ces lois désignent comme responsables de l'application de la loi un pouvoir discrétionnaire illimité qui est sujet à des abus des agents sur la détention des immigrants sans papiers", ajoute-t-il.
De son côté, le Centre pour le progrès américain en matière d'immigration évoque trois raisons pour lesquelles cette mesure ne solutionnera pas les problèmes d'immigration des Etats-Unis : les immigrants clandestins ressemblent à n'importe qui, les Etats n'ont pas les pouvoirs pour les renvoyer aux frontières, et ils ne quittent pas le pays même si des lois anti-immigration sont votées.
Une forte immigration illégale
Les Etats-Unis comptent près de douze millions de clandestins, selon les chiffres officiels. La moitié d'entre eux sont d'origine mexicaine, entrés en traversant le Rio Grande qui sépare les deux pays. Cette mesure intervient alors que l'Arizona, Etat frontalier du Mexique, connaît une des plus fortes vagues d'immigration depuis quelques années et rencontre de plus en plus de difficultés à contrôler ses frontières. Un tiers des 6,6 millions d'habitants de l'Arizona ne sont pas nés aux Etats-Unis et quelque 460 000 personnes, selon les estimations, sont en situation irrégulière.
"Alors que personne ne peut nier que l'Arizona porte le fardeau de l'impact de l'immigration clandestine, le gouvernement fédéral a largement ignoré les appels au secours de l'Arizona et ses demandes de ressources supplémentaires", souligne l'Etat de l'Arizona dans son recours devant la Cour suprême, expliquant que 17 % des détenus de l'Arizona étaient des clandestins.
Cette loi se veut une réponse à l'immobilité du gouvernement Obama en matière d'aide à la sécurisation des frontières. Dans le même temps, l'Arizona est devenu le principal corridor du trafic du drogue, ses immenses étendues désertiques rendant la protection de la frontière plus compliquée.
Un bras de fer entre le gouvernement fédéral et les états
L'Alabama, la Géorgie, la Caroline du Sud, l'Indiana et l'Utah ont également adopté des mesures strictes sur l'immigration. Estimant que la Constitution ne permet pas "le développement d'une mosaïque de politiques d'immigration locales" et que ces lois empiètent sur les prérogatives de l'Etat fédéral en matière d'immigration, l'administration Obama a déposé des recours devant les tribunaux. Les juges locaux ont bloqué la plupart de leurs dispositions, en attendant une décision de la haute cour.
Cette affaire ouvre un nouveau chapitre dans la bataille partisane sur les droits des Etats et l'étendue des pouvoirs du gouvernement fédéral, comme l'explique le Seattle Times. "C'est un cas qui traite de fédéralisme. Ce n'est pas qu'une question d'immigration. Cela concerne les relations entre le gouvernement fédéral et l'Etat. C'est la norme d'avoir des fonctionnaires des Etats qui appliquent le droit fédéral", a indiqué à Reuters Paul Clement, avocat qui défend l'Arizona. L'Etat attend que la haute cour reconnaisse que la Constitution lui donne davantage de pouvoirs pour traiter des dossiers nationaux.
Une décision très politique
"La peur est un mobilisateur remarquable", a expliqué Gary Segura, professeur de science politique de l'Université Stanford, à Reuters. Alors que la décision de la Cour suprême doit intervenir en juin, à cinq mois des élections présidentielles américaines, l'affrontement entre républicains et démocrates devrait en partie se jouer sur la question de l'immigration illégale. L'année dernière, près de 400 000 personnes ont été ramenées à la frontière par l'administration américaine. Un niveau record.
Une décision pro-Arizona serait un revers juridique et moral pour le président-candidat Obama, mais pas forcément politique pour celui qui a dénoncé l'amalgame entre les immigrés clandestins et des millions d'Hispaniques qui ont la citoyenneté américaine et qui ont soutenu le président démocrate à l'élection présidentielle de 2008.
A l'inverse, une décision contre l'Arizona porterait un coup à Mitt Romney. Le Wall Street Journal rappelle que le candidat républicain soutient cette loi et a promis que, s'il était élu président, il abandonnerait ces poursuites dès le premier jour de son mandat. Mais pour Karthick Ramakrishnan, professeur agrégé de science politique à l'Université de Californie, indépendamment de la décision de la Cour,"il va être difficile [à Mitt Romney] de gagner des partisans latino-américains". La population hispanique pourrait donc être une des clés du scrutin.
23/4/2012, Anna Benjamin
Source : Le Monde
Des sites de délation contre les travailleurs roumains, bulgares ou polonais mis en ligne en Belgique et aux Pays-Bas. La Suisse qui a décidé de fermer la porte aux Européens de l’Est à partir du 1er mai en soumettant les travailleurs de huit pays (Estonie, Hongrie, Lettonie, Lituanie, Pologne, Slovaquie et République tchèque) à des quotas. La France et l’Allemagne qui demandent de pouvoir rétablir leurs frontières internes pendant un mois en cas de défaillance à une frontière extérieure. Difficile pour les Européens de l’Est de ne pas voir dans toutes ces mesures l’expression d’un ostracisme à leur égard. Et de ne pas réagir...
Illustration de Chapatte publié dans le Temps de Genève
Comme toujours en période de crise, le simplisme menace. Entre la position euro-béate qui vit dans le déni des problèmes frontaliers, et l’humeur nationaliste résurgente de tous ceux qui voudraient casser l’édifice européen et restaurer les frontières nationales, il y a non seulement une réalité plus complexe, mais des options beaucoup plus nuancées à prendre.
Tous les pays de l’Union européenne ne sont pas exposés de la même manière aux flux migratoires, pour des raisons économiques mais souvent essentiellement géographiques. L’Espagne, l’Italie, la Grèce ou la Pologne sont aux premières loges. La Roumanie et la Bulgarie encore davantage et on peut légitimement douter de leur degré de préparation au moment de leur adhésion à l’UE.
La police des frontières au niveau européen n’a pas, à l’évidence, rempli la fonction que l’on est en droit d’en attendre. Mais la responsabilité en incombe pour une bonne part aux ténors du Conseil Européen, car en déployant une rhétorique anti Commission européenne et en ne dotant pas les instances communautaires des moyens nécessaires à l’accomplissement de cette tâche, ils ont laissé se détériorer la situation. Sur un sujet, le contrôle de l’immigration, qu’aucun Etat au monde n’est en mesure de juguler avec l’efficacité proclamée, comme l’exemple de la frontière entre le Mexique et les Etats-Unis le montre.
Le débat devrait donc être celui du contrôle légitime des frontières et des moyens, fatalement communs aux pays membres de l’UE, pour l’assurer. La politisation, le plus souvent démagogique, de ce sujet est aussi évidente qu’inefficace. Sans parler de l’instrumentalisation à laquelle nous avons assisté l’an passé lorsque, tandis que les forces de l’Otan (notamment françaises et italiennes) bombardaient le territoire libyen, 20 000 Tunisiens en perdition à Vintimille ont été traité comme des envahisseurs par les ministres italien et français de l’intérieur, pour de purs calculs électoraux. Ce qui n’aide ni au diagnostic de la réalité du problème ni à la recherche de solutions.
Concernant l'initiative franco-allemande, à signaler dans la presse allemande les critiques avancées par la Süddeutsche Zeitung. Ce projet est dangereux, écrit ce quotidien, à quoi bon des frontières ouvertes si cette ouverture est soumise à condition? A quoi bon une liberté de circulation européenne si les gouvernements peuvent en disposer comme bon leur semble? Pour le quotidien de Munich, cette décision fait surtout le jeu des partis antieuropéens.
http://www.dw.de/dw/article/0,,15900004,00.html
→ Concernant la décision suisse, il faut rappeler que c’est le 1er mai 2011, il y a donc à peine un an, que la Confédération helvétique avait supprimé les quotas et autorisé les ressortissants des huit pays concernés à travailler sans restriction, tout en se réservant le droit de les rétablir unilatéralement jusqu’en 2014. A partir du 1er mai prochain, seules 2000 autorisations seront délivrées. Il est difficile d’évaluer le réel impact de cette mesure en période de récession. Le signal politique, à l’origine de la décision, est en revanche clair. Il s’agit pour le Conseil fédéral à Berne de donner l’image d’un pays qui tient ses frontières, alors que les forces populistes qui ont fait de l’immigration leur thème favori connaissent un essor à chaque élection.
"Discriminatoire" pour Schulz. Colère polonaise
→ Le Président du Parlement européen, Martin Schulz, a exprimé son regret et qualifié la décision suisse de "discriminatoire", allant "à l'encontre de l'esprit et des termes que la Suisse a déjà signés". La presse polonaise vit mal, on le comprend, cette nouvelle. Pour le quotidien de Varsovie, Gazeta Wyborcza, estime que "dans notre partie d'Europe, le verrouillage du marché du travail suisse fait l'effet d'une gifle..." Le ministre polonais des affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a invité les Polonais à boycotter les stations thermales suisses. Rappelons que la Pologne est le seul pays de l'UE à avoir évité la récession en 2009 et à capter encore aujourd'hui une part de croissance dont rêverait l'Europe occidentale.
"Discriminatoire" pour Schulz. Colère polonaise
→ Le Président du Parlement européen, Martin Schulz, a exprimé son regret et qualifié la décision suisse de "discriminatoire", allant "à l'encontre de l'esprit et des termes que la Suisse a déjà signés". La presse polonaise vit mal, on le comprend, cette nouvelle. Pour le quotidien de Varsovie, Gazeta Wyborcza, estime que "dans notre partie d'Europe, le verrouillage du marché du travail suisse fait l'effet d'une gifle..." Le ministre polonais des affaires étrangères, Radoslaw Sikorski, a invité les Polonais à boycotter les stations thermales suisses. Rappelons que la Pologne est le seul pays de l'UE à avoir évité la récession en 2009 et à capter encore aujourd'hui une part de croissance dont rêverait l'Europe occidentale.
* Les pays du Groupe de Visegrad (République Tchèque, Slovaquie, Pologne, Hongrie) ont vivement réagi à la décision de la Suisse. Voir le communiqué que nous a transmis l’ambassade tchèque à Paris :
Les ministres des Affaires étrangères tchèque, slovaque, polonais et hongrois, se sont opposés, ce jeudi à Bruxelles, à la décision de la Suisse de rétablir des quotas pour les travailleurs d’Europe centrale et orientale. Le conseil fédéral a invoqué une «clause de sauvegarde» dans son accord avec l'UE sur la libre circulation des personnes pour rétablir ces quotas abolis un an plus tôt. La Confédération a ainsi annoncé qu'à partir du 1er mai, elle n'accorderait plus que 2.000 permis de travail aux ressortissants des pays baltes, de Pologne, de Slovaquie, de République tchèque et de Hongrie, contre 6.000 l'an dernier. Les ministres des Affaires étrangères des quatre pays composant le groupe de Visegrad, réunis ce jeudi à Bruxelles sur l’initiative du chef de la diplomatie tchèque Karel Schwarzenberg, ont exprimé leur « profonde tristesse suite à la décision du gouvernement suisse ». Celle-ci est, d’après les ministres, « en contradiction avec l’image traditionnelle de la Suisse en tant que pays ouvert et accueillant vis-à-vis des ressortissants étrangers».
La Suisse a également essuyé les critiques de plusieurs responsables européens : « Cette mesure n'est ni économiquement justifiée par la situation sur le marché du travail ni par le nombre de ressortissants de l'UE qui cherchent à résider en Suisse», a estimé Catherine Ashton, la porte-parole de la politique extérieure de l'Union. La Suisse, où le taux de chômage n'est que de 3%, a enregistré l'arrivée de nombreux travailleurs de l'UE en quête d'emploi ces dernières années.
21 avril 2012
Source : Ouest France
M. Driss Yazami, président du Conseil national des droits de l'homme (CNDH) a tenu, vendredi à Rome, une série de rencontres avec plusieurs responsables italiens qui ont porté notamment sur les questions de l'immigration marocaine en Italie, de la promotion des droits de l'homme et de la lutte contre la discrimination.
Au cours de ses entretiens avec MM. Steffan De Mistura, secrétaire d'Etat au ministère italien des affaires étrangères, et Diego Brasioli, ministre plénipotentiaire et président du comité international pour les droits de l'homme, M. Yazami a relevé l'intérêt particulier accordé par la partie italienne à l'évolution particulière que connaît le Maroc en matière de réformes.
Cette évolution, qui se fait par étapes, est aujourd'hui très avancée grâce notamment à la réforme constitutionnelle, a affirmé le président du CNDH dans une déclaration à la MAP.
M. Yazami a indiqué que les deux responsables ont fait part à cette occasion de la création, dès l'automne prochain, en Italie d'une commission nationale des droits de l'homme, à l'image du CNDH, ce qui permettra aux deux parties de travailler ensemble sur les thématiques d'intérêt commun.
Le CNDH a été invité également à participer à un certain nombre d'activités et de réflexions prévues à Rome en prévision de la création prochaine par le ministère italien des affaires étrangères, avec le soutien de la mairie de Rome, de l'Observatoire de la liberté des religions.
M. Yazami, qui était accompagné lors de ces rencontres de M. Hassan Abouyoub, ambassadeur du Maroc en Italie, a de son côté invité les deux responsables à participer au colloque international que le CNDH organise, les 2 et 3 octobre prochain, sur les questions de l'universalité et des spécificités en matière des droits humains.
Evoquant avec ses interlocuteurs la question de la peine de mort, qui suscite un intérêt particulier auprès du gouvernement italien, M. Yazami a rappelé que le Maroc observe un moratoire de fait puisqu'il n'y a pas eu d'exécution capitale depuis plus de 18 ans maintenant.
Auparavant, le président du CNDH a rencontré le représentant du haut commissaire des Nations Unies pour les réfugiés dans le sud de l'Europe et des responsables de la section italienne d'Amnesty international et de la Fondation humanitaire Caritas, qui dispose d'un des principaux centres de recherches scientifiques sur les questions de l'immigration et de la lutte contre la discrimination.
Les échanges ont été axés sur les questions liées à la gestion de l'immigration marocaine en Italie, notamment les centres de rétention et les rapatriements.
Jeudi, le président du CNDH était intervenu devant la commission des droits de l'homme du sénat italien.
Plusieurs sénateurs ont salué, à cette occasion, le processus de réformes engagé par le Maroc ainsi que l'expérience nationale en matière de promotion des droits de l'homme et de démocratie participative.
Ils se sont félicités également du travail colossal et des énormes avancées réalisées par le Royaume en la matière, se réjouissant de la volonté du Maroc de persévérer sur la voie de la consolidation de l'Etat de droit et de la pratique démocratique.
23 avril 2012
Source : MAP