mercredi 27 novembre 2024 04:46

L'intégration des immigrés dans les pays d'accueil. Abdellatif Chaouite soulève cette éternelle question encore au cœur des ébats de société en 201 2. Partant d'un travail de terrain, il interpelle sur le devenir des étrangers dans une société française, de plus en plus multiculturelle, mais où l'intégration des immigrés n'est toujours pas à l'ordre du jour…Suite

Un militant du parti catalan d'extrême-droite "Estado Nacional Europeo" (Etat national européen, ENE) a été condamné, jeudi, par un tribunal de Barcelone (nord-est de l'Espagne) à un an de prison ferme pour incitation à la haine raciale et apologie du nazisme, a annoncé une source judiciaire.
Le mis en cause, également directeur de la revue "Intemperie", a été reconnu coupable d'avoir lancé des appels à travers la page web du parti incitant à la "discrimination et à l'élimination de différents groupes raciaux et faisant l'apologie des régimes nazis et fascistes totalitaires", a indiqué la même source.
Le prévenu qui, lors de son procès, a reconnu haïr les juifs et les immigrés, tout se défendant d'être raciste, a été également poursuivi pour la publication sur les colonnes de sa revue d'articles ayant un "contenu raciste et xénophobe incontestable".
La justice catalane a de même ordonné l'interdiction définitive de publication de la revue et la fermeture du site internet du parti.
24/02/2012
Source :  MAPF

La France et la Libye ont renforcé samedi soir à Tripoli leur coopération en matière de défense, qui va notamment porter sur une aide au contrô le des frontières libyennes et sur la formation par la France d'officiers et de spécialistes de l'armée libyenne.
"La coopération entre la Libye et la France est un projet de très longue durée", a déclaré le ministre français de la Défense, Gérard Longuet, au cours d'un point de presse après la signature d'une "lettre d'intention de coopération bilatérale" avec son homologue libyen, Oussama Al Juweilli.
L'accord, qui institue une commission mixte franco-libyenne de défense, porte notamment sur le contrôle des frontières. "La position de la Libye, trait d'union entre l'Afrique et la Méditerranée, en fait un territoire exposé", notamment à l'immigration clandestine, a souligné M. Longuet. "Il est de l'intérêt de tous que le trafic des hommes, des armes ou de la drogue soit neutralisé", a-t-il affirmé.
Un contrôlé renforcé passe notamment par l'utilisation de moyens techniques modernes, avions, satellites, systèmes optiques ou radar, et par la formation de personnels à la maîtrise de ces techniques.
Paris et Tripoli entendent également renforcer leur coopération dans le domaine de la sécurité maritime, des équipes françaises participant depuis plusieurs mois au déminage des ports libyens. Un accord a notamment été conclu pour la formation en France d'environ 70 plongeurs libyens.
La France assurera par ailleurs la remise en état de Mirage F1 de l'armée libyenne, qui possédait une douzaine de ces appareils avant le conflit.
De mars à octobre 2011, la France a participé activement, avec la Grande-Bretagne, aux frappes aériennes sous commandement de l'Otan, qui ont conduit à la chute du régime du colonel Kadhafi.
Interrogé au cours du même point de presse sur la situation dans le sud de la Libye où des affrontements meurtriers ont opposé des tribus rivales ces deux dernières semaines, M. Al Juweilli a déclaré n'avoir "aucune preuve de l'intervention d'éléments étrangers à la Libye" dans cette affaire.
"Le calme est revenu, nous sommes en train d'évacuer les blessés", a-t-il dit. Les autorités libyennes "contrô lent la situation" et sauront selon lui "résoudre ce problème par le dialogue".
M. Longuet s'était rendu auparavant avec son homologue libyen à Zintan, au sud-ouest de Tripoli, haut lieu de l'insurrection contre les forces du colonel Kadhafi, où il a reçu un accueil chaleureux.
M. Al Juweilli a souligné à cette occasion que les jeunes Libyens qui ont participé à l'insurrection contre les forces de Kadhafi et qui n'ont pas encore rejoint l'armée "doivent évacuer les endroits où ils se trouvent et rendre leurs armes" pour permettre la réorganisation de l'armée libyenne.
Le ministre français s'est entretenu pour sa part avec plusieurs de ces jeunes combattants. "Nous n'accepterons aucune forme de corruption. Les révolutionnaires ont libéré la Libye, ils peuvent la diriger et la reconstruire", lui a notamment déclaré Ibrahim El Madani, le fils de l'un des leaders locaux de l'insurrection tué durant les combats.
Gérard Longuet doit se rendre dimanche à Misrata et à Benghazi, dans l'est du pays, dernières étapes de sa visite de trois jours en Libye, à l'occasion du premier anniversaire de l'insurrection libyenne.
25/02/2012
Source : AFPF

Quand les migrants âgés vont renouveler leur carte de séjour de dix ans, on leur propose une "carte retraité" qui leur permet de voyager sans limite de durée. Mais ils perdent la plupart de leurs droits sociaux, dont la couverture sociale, et ne pourront avoir des soins sur le sol français qu’en situation d’urgence. Les associations de soutien aux travailleurs immigrés (GISTI, FASTI) nous encouragent à les alerter.
La carte « retraité » et les droits sociaux : un piège pour les vieux migrants
La carte de retraité, créée par la loi du 11 mai 1998, partait d’une bonne idée : permettre aux vieux migrants d’effectuer plus facilement des aller-retour entre la France et d’autres pays. Cette carte est réservée uniquement aux (anciens) titulaires d’une carte de résident (10 ans) [et à son conjoint s’il a résidé en France]. En fait, deux catégories de migrants sont concernées : ceux qui ont encore leur carte de résident (considéré comme résident en France) et qui désirent repartir définitivement dans leur pays d’origine ; ceux qui n’ont plus cette carte de résident depuis longtemps car ils sont déjà retournés au pays et ont perdu tout droit au séjour en France.
Le seul intérêt de cette carte est de permettre d’entrer en France à tout moment, pour des séjours d’une durée maximum d’un an, sans avoir à demander un visa. Cette carte n’est pas une véritable carte de séjour mais une sorte de visa permanent. Mais un vieux migrant a vraiment beaucoup à perdre lorsqu’il échange sa carte de résident contre une carte retraité.
1. Il perd son droit au séjour de manière définitive. S’il vient à changer d’avis, même s’il a vécu et travaillé de nombreuses années en France, il n’a plus aucun droit au séjour et donc aux droits qui sont associés avec le statut de résident (cf. plus loin).
2. Il perd l’essentiel des droits à l’assurance maladie (alors même que des cotisations continuent à être prélevées sur sa retraite !). Deux situations peuvent se présenter :
1) Le titulaire de la carte retraité justifie d’une durée d’assurance au titre de la retraite inférieure à 15 ans : lui et son conjoint perdent tout droit à l’assurance maladie.
2) Le titulaire de la carte retraité justifie d’une durée d’assurance au titre de la retraite supérieure ou égale à 15 ans : le titulaire de la carte de retraité et son conjoint n’auront droit aux prestations en nature de l’assurance maladie du régime de retraite dont ils relevaient au moment de leur départ de France, lors de séjours en France et dans les DOM, uniquement “si leur état de santé vient à nécessiter des soins immédiats ” (= une grippe, une fracture du bras). Il n’est plus possible de demander une prise en charge lorsqu’on vient se faire soigner en France pour des maladies déclarées avant l’arrivée en France. Par exemple, une personne âgée ayant opté pour la carte de retraité ne peut être prise en charge en France pour des soins pour une maladie longue (cancer, asthme, diabète, etc.).
Il semble que jusqu’il y a peu, les caisses de sécurité sociale ne faisaient pas toujours attention (il y avait encore très peu de cartes de retraité délivrées). Certains titulaires d’une carte de retraité, en France depuis plus de trois mois, ont ainsi pu parfois bénéficier quand même d’une ouverture de droits à l’assurance maladie française au titre de l’affiliation à l’assurance maladie sur critère de résidence (dite « CMU de base »).
3. Il perd la plupart des autres droits sociaux (et le droit de travailler). Comme le titulaire de la carte de retraité n’est plus considéré comme résident en France, il perd toute possibilité d’obtenir ultérieurement les droits sociaux conditionnés par une résidence en France, c’est-à-dire la quasi-totalité des droits sociaux (aide sociale, sécurité sociale…) à l’exception, évidemment, de la retraite contributive. Mais il n’a plus droit ni aux prestations non contributives (« minimum vieillesse », RMI), ni aux aides au logement, ni aux prestations familiales, ni aux diverses prestations d’aide sociale (pour personnes âgées ou handicapées…), ni à l’allocation personnalisée autonomie, etc.
En fait, le seul cas dans laquelle cette carte n’est pas une régression est celui d’une personne, déjà retournée au pays et ayant perdu tout droit au séjour en France, qui désire y revenir pour des séjours relativement courts, sans avoir à demander un visa à chaque fois. Mais, il semble que dans ce cas la carte retraité soit très difficile à obtenir en pratique, notamment dans certains pays.
26/2/2012
Source : Site Cahiers de la médecine utopique

Jamais les questions d'immigration, d'identité nationale et de compatibilité de l'islam avec la République n'auront été autant agitées que sous l'ère Sarkozy. Auteurs de «l'Invention de la France», Hervé Le Bras et Emmanuel Todd en débattent avec Jean Daniel, qui rassemble ses écrits sur le sujet dans «Comment peut-on être français ?».
Cité dans le livre de Jean Daniel, François Mitterrand s'y risquait encore en 1986 : « J'affirme que pour la France hospitalière les immigrés sont chez nous chez eux. » Quel candidat oserait aujourd'hui prononcer une telle phrase ?
Terrifiée à l'idée de passer pour angéliste, laxiste, voire « immigrationniste », selon l'anathème aujourd'hui en vigueur sur tous les sites extrémistes, la gauche rivalise de prudence pour défendre les derniers entrants contre une xénophobie d'Etat de moins en moins refoulée.
De discours de Grenoble en référendum de la dernière heure sur le droit de vote des étrangers, le quinquennat de Sarkozy aura été une période de régression impressionnante pour la cohésion nationale. Une ère de dramatique ethnicisation de la France, selon le titre du récent livre de l'anthropologue Jean-Loup Amselle (éd. Lignes). On ne s'étonnera donc pas de voir aujourd'hui toute une moisson d'essais évoquer ces thèmes sulfureux.
Outre celui de Pascal Marchand et Pierre Ratineau, Etre français aujourd'hui, on retiendra celui du fondateur du Nouvel Observateur, recueil de quarante ans de réflexions souvent inattendues sur l'immigration et l'identité française. A ce dernier nous avons choisi de confronter aujourd'hui les démographes Hervé Le Bras et Emmanuel Todd, auteurs de l'Invention de la France, initialement parue en 1981, réactualisée et augmentée de nouveaux chapitres sur la géographie et l'histoire du vote FN.
Véritable carrefour ethnique, la France, ni celte ni latine ni germanique, offre un « mauvais terrain pour le racisme », écrivent les deux auteurs. On aimerait les croire. Que l'homogénéité française soit un mythe n'a jamais empêché certains de fantasmer sur une identité perdue, souillée, avec l'appui désormais plus que subliminal d'une partie de la droite gouvernementale. C'est peu de dire que le « moment Sarkozy » aura laissé une profonde empreinte.
Débat autour de l'identité française
Marianne : A chaque échéance électorale, on nous ressort désormais le spectre d'un danger pesant sur l'identité française, d'une pathologie, d'une menace liée à la présence immigrée.
Est-ce qu'il y a réellement un ressenti de cet ordre dans la population, ou est-ce finalement le seul levier dont une certaine classe politique croit encore pouvoir disposer quand il s'agit de s'adresser au peuple ?
Jean Daniel : Ces peurs-là, on peut les orchestrer, les instrumentaliser, preuve par les manœuvres de Claude Guéant. Mais je ne crois pas qu'on puisse les inventer.
Il y a bel et bien un problème dans le pays. Soyons clairs. Le populisme islamophobe, je n'ai attendu personne pour le dénoncer. Mon livre est d'ailleurs destiné à montrer qu'on pouvait en prévoir l'émergence et qu'il aurait fallu s'y préparer. Mais ni Marine Le Pen ni Guéant ne m'empêcheront de partager la peur de l'islamisme avec tous les musulmans qui en sont les premières victimes dans le monde.
Nous sommes nombreux à avoir été enthousiasmés par le printemps arabe. Mon exaltation a été totale. J'ai rajeuni. J'ai du reste écrit que j'étais content d'avoir vécu jusqu'ici pour deux raisons : Obama et les révolutions arabes. Puis les choses ont évolué, et je crois bien être le seul à avoir reconnu que je m'étais trompé. Tout le monde a écrit que l'islam radical, c'était terminé ; or, il est partout aujourd'hui. On ne peut négliger la façon dont ses convulsions se répercutent dans notre opinion.
Hervé Le Bras : Les différentes vagues d'immigration ont toujours suscité des craintes, et le rejet a pu même être parfois encore plus violent par le passé. Le cas des Polonais est très intéressant. La presse des années 30 leur reprochait leur intégrisme religieux. Ils venaient avec des curés et on était dans une époque où l'Eglise était alors encore considérée à juste titre comme une menace pour la République. A l'époque, la grande terreur, c'était le vagabondage des ouvriers célibataires... [Rires.]
Plus sérieusement, la thèse de notre livre, tout sauf angéliste, c'est qu'il y a bel et bien une angoisse identitaire en France, preuve par le succès du nationalisme simpliste du FN. Mais il est vain d'en chercher l'explication dans la présence des Maghrébins. L'hystérisation autour de ces minorités-là en est au contraire la conséquence. Comme nous le montrons, cartes géographiques en main, le vote frontiste exprime avant tout une grave déstabilisation des liens sociaux. Il concerne toute une population qui, déchristianisée, isolée, frappée d'anomie, a perdu ses repères humains, et les politiques exploitent ce filon de façon éhontée.
J.D. : Moi aussi, je sais ce que Léon Daudet disait des Italiens, et qui était au moins aussi grave que ce qui se dit aujourd'hui des musulmans... Je connais ces classiques de la haine. Il reste qu'une réalité ne cesse pas d'être une réalité parce qu'on l'exploite vicieusement.
Emmanuel Todd : La réalité, pour moi, c'est que la droite sarkozyste, en ramenant systématiquement la question de l'islam sur le tapis à chaque élection, va continuer à se prendre gamelle sur gamelle... Tout simplement parce que ça n'intéresse pas les gens. Les thématiques qui montent, ce sont les problèmes socio-économiques, le reste est une fuite hors du réel. Les régionales ont été un désastre, tout le pouvoir local est désormais aux mains du PS, le Sénat est à gauche pour la première fois de notre histoire, et Sarkozy continue à matraquer les enfants d'immigrés. Cela dit, une telle obstination dans l'échec dénote sans doute une forme de sincérité. On parle toujours des angoisses identitaires du vulgum pecus, des « pauvres ouvriers » abandonnés par la globalisation...
Mais ce sont les classes dirigeantes françaises, la bourgeoisie et l'UMP, qui ont, semble-t-il, un sévère problème d'identité nationale. Elles se sentent petites, elles n'arrivent plus à rien gérer. Toutes les enquêtes montrent qu'elles parlent mal anglais. Totalement égarée, la droite française est en train de mettre la France à la remorque de l'Allemagne, renonçant ainsi à ses fonctions élémentaires de direction. Comme par hasard, c'est elle qui cherche à se rassurer en tapant sur les Arabes. Face au monde maghrébin, les dirigeants français se réinstallent en effet dans un rapport de domination. Avec les Allemands, c'est le complexe inverse.
M. : Quand on lit votre recueil de textes, Jean Daniel, on se rend compte en effet du durcissement constant du discours politique sur l'islam. Au début des années 90, Jean-Marie Le Pen était le seul à insinuer une « incompatibilité entre les lois de l'islam et les lois de la République ». Ce n'est plus le cas aujourd'hui, alors qu'une sorte d'islamophobie laïco-chrétienne essaime du côté de l'UMP et même de celui d'une gauche républicaine autoproclamée...
J.D. : Je suis tout de même assez stupéfait que vous teniez tous pour négligeables les événements du monde, leurs répercussions dans l'inconscient. Depuis le 11 septembre 2001, il s'est passé quelque chose, c'est ainsi. Le monde s'est senti menacé par l'islamisme. Et je ne suis pas d'accord, Emmanuel Todd, avec votre présentation du sentiment de domination. Cela me paraît aussi anachronique que l'occidentalo-centrisme.
Tous les palaces de Paris sont désormais achetés par les Arabes, tous les gens se prosternent devant le veau d'or des émirats, et les Français, quand ils se sentent colonisateurs, se sentent coupables. Le monde arabe est dominé non par l'islamophobie mais par l'islamisme. Désolé, mais c'est moi qui vous demande de rajeunir vos analyses...
E.T. : Comment peut-on refuser de voir que sur le plan géopolitique le monde arabe est dominé et secondaire ?
La vérité, c'est qu'il n'y a pas de bases musulmanes en Europe, alors qu'il y a des bases américaines dans une large partie du monde arabe. J'y insiste : la réalité des problèmes concrets de la France, ce n'est pas les immigrés d'origine musulmane, c'est que depuis l'euro, l'industrie allemande tente de foutre en l'air notre industrie. La réalité, c'est que désormais la Grèce est un protectorat allemand. Et cette réalité-là, les gens qui ont construit l'euro n'ont pas le courage de l'affronter.
H.L.B. : Ce qui est quand même étrange en effet, c'est qu'on a les yeux fixés sur ce petit monde arabe alors que les grandes choses actuellement se passent du côté de la Chine, de l'Inde, du Brésil. Ce sont eux qui prennent désormais nos marchés. Par ailleurs, l'immigration qui s'est le plus rapidement développée en France ces temps-ci, c'est l'immigration chinoise. Et ça va continuer, car ils ont le profil rêvé des immigrants. On est donc vraiment en retard d'une guerre...
M. : Une idée qui divise profondément vos deux livres, c'est celle, attribuée à Claude Lévi-Strauss, selon laquelle, concernant l'immigration, il y aurait des « seuils de tolérance » à ne pas franchir sous peine de voir apparaître des tensions graves.
Emmanuel Todd et Hervé Le Bras, vous rejetez cette vision, tandis que Jean Daniel la revendique...
E.T. : Trente ans après la première parution de l'Invention de la France, en 1981, je suis heureux de voir que nous avions amené une clé d'interprétation du délire avant même qu'il n'apparaisse. Que montrons-nous dans ce livre en effet ? Qu'il n'existe pas de culture française homogène que la population immigrée viendrait bousiller. La France a toujours eu une extraordinaire diversité anthropologique, les Bretons, les Provençaux, les Alsaciens, les Bourguignons, les Tourangeaux, ce n'est pas la même chose.
Les identitaires complètement crispés qui rêvent d'un retour à l'homogénéité sont donc des gens qui ne comprennent rien à l'histoire de France. L'assimilation des gosses d'origine maghrébine s'est faite infiniment plus vite que celle des juifs de l'Est dont je suis en partie issu. Dans ma famille, il n'y a pas eu un mariage mixte jusqu'à l'entre-deux-guerres. Pas un seul. La dureté dont on fait preuve à l'égard de ces gamins de banlieue devient insupportable. C'est en ce sens que ce que dit Guéant est, pour moi, répugnant.
J.D. : Concernant Guéant, voilà au moins un point d'accord. Mais je crains que les capacités d'intégration actuelle de la France aient beaucoup diminué. Pourquoi ne peut-on pas comparer l'assimilation des musulmans aujourd'hui à ce que fut celle des Polonais ou des Italiens au début du siècle dernier ? Tout simplement parce que nos mécanismes d'intégration sont grippés. L'école bien sûr, les syndicats, et l'armée aussi, qui fut un incroyable creuset de proximité, de mixité, de brassage des Corses, des Basques ou des Algériens.
Que les choses soient claires : pour moi, la présence de la jeunesse maghrébine est un bien. Je voudrais simplement qu'on affronte tous ces enjeux de façon réaliste. Quant à Lévi-Strauss, en effet, je suis comme lui convaincu qu'il y a dans chaque société un « optimum de diversité », et que la pénétration d'une population différente, à la fois massive et homogène, peut créer des déséquilibres. Pour autant, cela ne l'empêchait pas d'affirmer que toutes les sociétés se valent, qu'aucune civilisation n'est supérieure à une autre, et que, comme l'écrivait son maître Montaigne, « chaque homme porte en soi la forme entière de l'humaine condition ».
H.L.B. : Ce que je voudrais corriger, c'est l'idée de pénétration massive. Elle est tout simplement fantasmatique. Comme le montre la dernière étude de l'Insee, le solde moyen d'immigration par an est de 65 000 personnes. Sur un pays qui compte environ 65 millions d'habitants, c'est peu. Pourtant, depuis une cinquantaine d'années, l'intégration semble de plus en plus mise en doute. On a d'abord dit qu'il fallait une génération, ensuite on est monté à deux, un ancien président du conseil d'administration de l'Ined, Jean-Claude Barreau, qui avait été le curé des loubards, a même été jusqu'à écrire qu'il fallait cinq générations !
Je pense que, derrière tout cela, la crainte de certains Français porte désormais sur la question de la loyauté. Les étudiants venus du Maghreb parlent un français parfait, ont des connaissances pointues, mais on sent bien qu'un doute pèse sur eux. Cela nous ramène d'ailleurs au début du XXe siècle où le démographe Jacques Bertillon (1851-1922) disait des naturalisés : il faut se méfier, ce sont des «faux nez français», en cas de guerre, ils pourraient revenir à leur allégeance originelle.
E.T. : C'est bien la preuve que le discours islamophobe actuel est en train de revenir insensiblement vers les catégories traditionnelles de l'antisémitisme... Conceptuellement, nous y sommes déjà. Ce que j'aimerais voir poser, moi, c'est plutôt la question de la loyauté des classes dirigeantes à l'égard de la France.
M. : Et vous-même, qu'est-ce qui vous fait tous les trois vous sentir français ?
J.D. : Je me sens français parce que je ne pourrais pas être quelque chose d'autre. Comme le disait Mauriac, je suis l'un des êtres les plus monoglottes au monde. Je baragouine l'anglais et l'espagnol, mais, si on me prive de la langue française, je suis perdu. Je me sens français aussi parce que c'est la langue de mes amis musulmans, qui vivent dans le Maghreb. Je me sens français parce que les résonances des paysages et de la langue qu'il y a dans chaque mot du français m'émeuvent. Voilà.
H.L.B. : Mes raisons sont assez proches de celles de Jean Daniel, pourtant j'ai l'impression d'avoir plusieurs facettes. Tout d'abord je me sens de la rive gauche. Si, si, je vous assure... Dans ma famille, un jour, il y a eu un mariage avec quelqu'un de la rive droite, et ça s'est fini par un divorce. Ensuite je me sens parisien, mais je me sens breton aussi. Cela dépend très nettement de mes interlocuteurs. Quand je suis dans un environnement scientifique, je me sens mondialisé. C'est vrai que la France joue un rôle important, mais j'ai toujours eu plusieurs identités, non pas concurrentes mais emboîtées, et à tel ou tel moment de ma vie, je suis plus imbriqué dans telle ou telle.
E.T. : D'abord, c'est le plus beau pays du monde, faut quand même pas déconner ! [Rires.] Non, sérieusement, je suis un bon patriote français, je crois d'ailleurs avoir été l'un des premiers à gauche, dans l'Illusion économique (1998), à appeler à un retour de la nation. L'attachement à un pays me paraît sain. Les globalisateurs fous, les gens de la nation dépassée, je les soupçonne de n'aimer personne, en fait.
Ce que j'aime le plus en France ? En tant qu'anthropologue, les rapports entre hommes et femmes me paraissent exceptionnellement bons. L'ouverture à l'égard des étrangers, au-delà des apparences du discours, a toujours été grande aussi et les mariages mixtes ont toujours été nombreux, si on compare notre situation à l'Allemagne, par exemple. Il est vrai que la droite sarko-lepéniste veut changer cette France-là, comme Vichy l'avait déjà tenté. C'est la raison pour laquelle l'élection à venir sera effectivement un choix de civilisation. La présidentielle apportera au fond la réponse à notre débat.
25/2/2012 , Aude Lancelin
Source : Marianne

Envoyer de l'argent à sa famille restée au pays occasionne des frais pouvant aller jusqu'à 20 % de la somme transmise. La France réfléchit aux moyens de les ramener à 5 % du montant envoyé, d'ici à 2014.
Les migrants de France sont les premiers contributeurs au développement de leur pays, devant les aides de l'État. En 2010, les transferts d'argent formels représentaient 2,87 milliards d'euros, selon les
données de la Banque de France.
Les pays du Maghreb arrivent aux premiers rangs des bénéficiaires avec 612 millions pour le Maroc,
devant la Tunisie (140,5 millions) et l'Algérie (119 millions). Les pays d'Afrique subsaharienne
arrivent derrière, avec 115 millions d'euros pour le Sénégal, 99 millions pour la Côte d'Ivoire et 60,5 millions pour le Cameroun. Selon les estimations, environ 80 % des sommes en provenance de France sont dépensés en consommation courante (nourriture, frais de transports, santé, éducation). Les 20 % restants sont investis dans le logement, et dans une moindre mesure dans l'économie locale.
Ces données, toutefois, ne font apparaître qu'une partie des envois. Selon les experts, au moins le double transiterait de façon informelle (sommes en liquide ou transmises par des commerçants ou de la famille).
Car passer par le canal des banques coûte encore beaucoup trop cher. Selon la Banque mondiale, le coût moyen du transfert depuis la France s'élevait en décembre 2011 à 11,63 % de la somme envoyée (1), contre 7,7 % au Royaume-Uni ou 8 % en Italie. « Ces frais représentent un sérieux manque à gagner pour les migrants, c'est autant d'argent qui ne parvient pas aux familles », a souligné la semaine dernière le ministre à la coopération, Henri de Raincourt, à l'occasion d'un colloque consacré à ce sujet. La France et l'ensemble des pays du G20 voudraient ainsi que, d'ici à 2014, ces coûts ne dépassent pas 5 % de l'aide envoyée.
Plusieurs pistes sont envisagées pour réduire les commissions des transferts en liquide. Une étude menée par l'association Épargne sans frontières préconise notamment de libérer la concurrence dans les pays d'origine. « Le marché est trusté par deux ou trois sociétés qui font signer à leur correspondant bancaire sur place des clauses d'exclusivité. Le Maroc et le Sénégal ont déjà réussi à les faire sauter, et sept autres pays pourraient également le faire dans le Maghreb et la zone franc », souligne le directeur de l'organisation, Saïd Bourjij. Il s'agirait également d'encourager la « bi-bancarisation », c'est-à-dire de faire en sorte que les migrants aient un accès aux banques à la fois en France et dans le pays d'origine. Ils pourraient ainsi transférer l'argent de compte à compte à frais réduits. L'espoir repose enfin dans le commerce bancaire par Internet et sur téléphone portable, dont les coûts sont encore inférieurs.
27/2/2012, Jean-Baptiste François
Source : La Croix

Claude Guéant aura marqué l’année 2011 d’une pierre noire. Il s’attelle avec un soin méticuleux à un défi que personne encore n’avait envisagé de relever : renvoyer chez eux, manu militari si besoin, les étudiants étrangers fraîchement diplômés et embauchés en France. Ces derniers ont découvert qu’une circulaire datée du 31 mai 2011 allait considérablement leur compliquer l’accès au marché du travail et les forcer à reconsidérer leur projet professionnel. Autre victime de cette circulaire : le monde universitaire qui bataille depuis des années pour attirer les étudiants les plus brillants. Enfin, il faut croire que les concepteurs de cette politique n'avaient pas imaginé que les entreprises pouvaient aussi avoir besoin de ces compétences et de ces qualifications, introuvables sur le marché du travail français.
Aujourd'hui, le gouvernement invoque pour sa décharge les excuses du « malentendu » et de « l'excès de zèle ». A en croire les dires de Guéant, la nouvelle circulaire du 12 janvier devrait apaiser les esprits et rétablir la situation.
Nous, diplômés étrangers et membres du Collectif du 31 mai, savons que, s'il rappelle quelques points législatifs qui ont été occultés par la précédente circulaire, le nouveau texte ne change rien dans la pratique.
Nous patientons toujours pour recevoir une décision qui était habituellement formée et communiquée en quelques semaines. Nous devons, une fois encore, quitter nos emplois, car notre titre de séjour arrive à expiration. Nous sommes toujours sujets à des refus d'autorisations de travail arbitraires fondés sur des motifs injustifiés. Nous nous retrouvons toujours sans papiers alors même que nous venons d'être embauchés.
La législation actuelle prévoit que si un étranger détient un master et une promesse d'embauche, il est autorisé à exercer une activité professionnelle. L'entreprise doit justifier de recherches préalables sur le marché du travail mais sans nécessairement y apposer le cachet de Pôle Emploi. Avec cette nouvelle circulaire, la loi n'est plus respectée.
De concert avec l'ensemble des femmes et hommes politiques, universitaires, chefs d'entreprises et personnalités des arts et de la culture qui nous soutiennent, nous souhaitons que la situation des diplômés étrangers s'améliore.
Nous souhaitons que le traitement des dossiers ne dépasse pas les deux mois et que les demandeurs de changement de statut puissent travailler pendant cette procédure, afin de ne pas pénaliser leurs employeurs.
Les entreprises se détournent déjà des diplômés étrangers et ont instauré, malgré elles, le jeu de la préférence nationale. Avec ce texte, aucun signal positif n'aura été envoyé aux étudiants du monde qui envisagent de poursuivre leurs études en France.
Nous demandons ainsi solennellement au gouvernement, et notamment à ceux de ses membres qui ont pris acte de la situation des diplômés étrangers, de choisir sa voie : faire appliquer la loi, ou la modifier.
27/2/2012, collectif du 31 mai
Source : Libération

Les Marocains résidant à l’Etranger, que l'on appelle désormais Marocains du Monde, sont peu bancarisés. A peine la moitié des 3,5 millions de MDM disposent d’un compte bancaire.
«1,6 millions de MDM possèdent un compte bancaire. Le taux de bancarisation de cette clientèle n’excède pas 50% », a déclaré Laidi El Wardi, Directeur général de la Banque de détail et des Marocains du Monde à la Banque Populaire lors de la rencontre organisée par BM Magazine et le Centre d’Etudes et de Recherches sur l’Immigration et la citoyenneté, mercredi 22 février. C’est là une des grandes problématiques auxquelles sont heurtées les banques marocaines qui s’intéressent à cette niche. Selon El Wardi, deux banques marocaines détiennent 90% du marché MRE. La bancarisation des familles bénéficiaires apparaît aussi comme une nécessité pour développer le marché. «C’est une des priorités si l’on souhaite agrandir les parts de march », a expliqué Driss Maghraoui, Directeur du marché des particuliers professionnels et MRE à Attijariwafabank. C’est une des raisons pour lesquelles la banque s’est lancée sur le segment de la « banque économique » et élargit de plus en plus son réseau d’agences pour disposer d’une plus grande proximité.
Le thème de la rencontre portait sur « la crise économique et les MDM : impact sur les transferts et les investissements ».
24/2/2012
Source : Bled.ma

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