mardi 26 novembre 2024 23:18

Offrir davantage de canaux d’immigration légale et faciliter la migration de main-d’œuvre serait un moyen pour l’UE de répondre au vieillissement démographique et de rester compétitive, a plaidé Cécilia Malmström lors d’une conférence organisée le 8 novembre à Bruxelles par le Centre for Eastern Studies. « C’est le travail sur lequel nous nous concentrons aujourd’hui », a souligné la commissaire en charge des Affaires intérieures.

Les chiffres sont parlants. L’Union manquera de quelque 700 000 travailleurs dans le domaine des technologies de l’information en 2015 et de 2 millions de travailleurs dans le domaine de la santé d’ici 2020. « Sans une migration de main-d’œuvre, nous ne serons pas en mesure de conserver notre mode de vie notre système de sécurité sociale. L’Union européenne ne pourra pas répondre à l’objectif de compétitivité inclus dans la stratégie 2020 sans promouvoir une politique migratoire attractive et compétitive », a dit la commissaire.

Depuis une dizaine d’années, la Commission tente tant bien que mal de promouvoir une politique d’immigration légale au niveau européen malgré les fortes oppositions du côté des Etats membres, le domaine étant étroitement liée à la souveraineté nationale. Pour l’heure, quatre textes ont été laborieusement adoptés, textes qui n’harmonisent aucunement les législations nationales mais établissent seulement des normes strictement minimales, selon de nombreux observateurs. Il s’agit des Directive 2004/114/CE relative aux conditions d’admission des étudiants, 2005/71/E portant sur l’admission des chercheurs, 2009/50/CE dite « carte bleue » qui détermine les conditions et les procédures d’entrée des ressortissants de pays tiers hautement qualifiés. Enfin, la Directive 2003/86/CE régit le droit au regroupement familial pour les ressortissants des pays tiers.

La Commission pousse maintenant pour que les négociations progressent rapidement sur deux propositions de directives portant l’une sur la création d’un permis unique de résidence et de travail (visant l’« emploi saisonnier »), l’autre sur un régime applicable aux transferts temporaires, au sein d’une même société, de travailleurs qualifiés ressortissants d’États tiers.

En matière de coopération avec les pays tiers, il est à noter que la Commission publiera une communication le 18 novembre sur l’approche globale des migrations et la mobilité dans laquelle sera évalué le travail de ces cinq dernières années en la matière et proposé une approche renouvelée.

RÉSISTANCE ?

Néanmoins, tout développement en la matière dépend clairement de la volonté politique des Etats membres. Pour la commissaire, « il y a une volonté politique et un engagement » du côté du Conseil suite, notamment, aux révolutions dans le monde arabe. Mais les difficultés demeurent et ont été sérieusement amplifiées par la crise économique. Comment, par exemple, expliquer aux citoyens européens qui perdent leurs emplois, subissent des politiques d’austérités que « nous avons aussi besoin de migration de main-d’œuvre » ?

En outre, la question migratoire doit sortir du prisme sécuritaire. Les agendas des politiques de migration et de l’emploi doivent pleinement être connectés, a souligné Jean Louis De Brouwer, directeur à la DG Emploi, affaires sociales et inclusion de la Commission européenne. C’est la raison pour laquelle, la commissaire Malmström et son collègue en charge de l’emploi et des affaires sociales László Andor ont décidé de lancer le débat en publiant un Livre vert sur le sujet au cours de l’année prochaine.

[TE] La Commission et l’OIM simplifient leur coopération

[PE] Les commissaires Cecilia Malmström et Andris Piebalgs ont signé un accord-cadre avec le directeur général de l’Organisation internationale pour les migrations (OIM), William L. Swing, pour simplifier la procédure des négociations contractuelles entre l’UE et l’OIM, le 8 novembre. Cet accord vise l’ensemble des projets conduits par l’OIM et financés par l’UE.

08/11/ 2011, Manon Malhère

Source : Europolitique

Face aux modèles classiques de l’intégration à la française ou de l’inclusion à l’anglo-saxonne, le sociologue Raphaël Liogier défend l’idée de « participation ». Il interviendra le 19 novembre aux Assises nationales de la diversité culturelle.

TC : Quels sont les principaux modèles proposés pour répondre à la question soulevée par la diversité culturelle ?

Raphaël Liogier : En France, on parle d’intégration et parfois même d’assimilation. On a l’impression que l’objectif est de « digérer » un élément extérieur. Dans le monde anglo-saxon, on emploie l’expression d’inclusion qui a au moins un avantage : s’opposer à l’idée d’exclusion. Mais si on inclut des gens dans un tout sans les transformer, on suppose aussi que, pour le reste, ils doivent s’en sortir tout seuls. Dans la tradition française moderne, ré­pu­blicaine, on es­time qu’il existe des iné­galités liées à notre situation so­ciale, à notre naissance, et qu’il convient de les compenser en partie pour que l’égalité entre les citoyens ne soit pas seulement formelle.

Vous proposez l’idée de « participation ».

Je ne suis pas le premier. J’ai retrouvé cette définition de la citoyenneté comme participation chez Sartre, dans ses Réflexions sur la question juive. Pour Sartre, les sociétés européennes reprochent tout simplement aux juifs d’être différents et de ne pas vouloir cesser de l’être. Or, la citoyenneté, ce n’est pas l’uniformité, c’est le fait d’accepter que ceux qui sont là participent. Le seul fait de participer économiquement à la richesse nationale légitime et donne droit à la participation au sens civique et politique.

C’est quelque chose de nouveau à l’échelle de l’histoire de l’humanité. Nous sommes aujourd’hui dans ce qu’on pourrait appeler le « paradigme du repas de famille ». Nous pouvons être tentés de penser que certaines personnes, parce que leurs grands-parents ne sont pas nés en France, parce qu’ils sont musulmans ou pour d’autres raisons, sont des invités au repas de famille et qu’ils doivent donc être particulière­ment polis et bien se tenir à table.

Mais on oublie qu’ils sont à la cuisine comme les autres et qu’ils participent à la fabrication du repas. Il est donc légitime qu’ils participent aussi à l’élaboration des règles communes. Il n’est pas possible de dire : s’ils ne sont pas contents, qu’ils retournent chez eux. De toute façon, les règles du vi­vre-en­sem­ble ne sont pas définies de toute éternité.

On va vous accuser de relativisme ou de postmodernisme…

Ce serait une er­reur. On veut nous faire croire que la modernité équivaudrait au règne de la raison contre des traditions forcément irrationnelles. C’est un peu rapide. La modernité, c’est avant tout la constitution d’un espace juridique, politique et social de coexistence des différents modes d’être. En d’autres termes, c’est précisément l’annonce d’une société multiculturelle.

C’est pour cela que la notion « d’ordre public » a été inventée, parce qu’il fallait gérer et assumer la pluralité au sein d’un espace commun. Ce qu’on nous présente aujourd’hui comme étant la modernité, par exemple à travers un certain type de républicanisme unificateur, est à mon avis une trahison de la modernité.

Pour les 70 ans de TC, venez dire « Oui à une société interculturelle ! », le 19 novembre à Paris

Angela Merkel en Allemagne, David Cameron au Royaume-Uni, Nicolas Sarkozy en France, Silvio Berlusconi en Italie, Pal Shmitt en Hongrie…

À l’heure où la diversité culturelle de nos sociétés est de plus en plus remise en cause voire décriée par les acteurs politiques européens, Témoignage chrétien et son partenaire Salam News lancent le 19 novembre au Centre Sèvres à Paris un mouvement de mobilisation en faveur des« racines interculturelles » de la France.

Une trentaine d’intervenants participeront aux débats et échanges pour montrer la richesse et la force d’une société qui – même s’il n’est pas simple à gagner – fait le pari de l’interculturel, et présenter les actions engagées en sa faveur. Participeront notamment ce jour-là : l’ambassadeur de France Stéphane Hessel, le sociologue Alain Touraine, l’historien et sociologue spécialiste de la laïcité Jean Baubérot, l’historienne et séna­trice Esther Benbassa, l’islamologue Rachid Benzine, l’écrivain Michel Sauquet, le sociologue et philosophe directeur de l’Observatoire du religieux Raphaël Liogier, l’anthropologue spécialiste de la diversité culturelle dans la société française, Dounia Bouzar…

Plus de vingt associations, médias et organisations parmi lesquels le Secours islamique, Emmaüs International, le CCFD, la Cimade, la revue Hommes et migrations, ATD Quart-monde, Habitat et humanisme, le Centre Sèvres, Radio Orient… se sont associés à ce mouvement et signeront l’Appel pour la (re) construction d’une société interculturelle lancé à cette occasion et présenté aux candidats aux élections présidentielle et législative en 2012.

Vous aussi, vous êtes invités à signer cet appel et à participer à cette première journée pour dire haut et fort « Non la société multiculturelle n’est pas un échec, oui, elle est une force et notre richesse ! ». Plus nous serons nombreux, plus notre voix sera entendue !

Paris, le 19 novembre, de 9 h à 18 h, au Centre Sèvres, 75006 Paris.

13/11/2011, Jérôme Anciberro

Source : Témoignage chrétien

Pas de convention " nationalité " pour la Droite populaire. Lionnel Luca, co-fondateur du collectif de parlementaires, avait pourtant cru obtenir de Jean-François Copé, en juin, l'organisation de l'une des grandes réunions thématiques du parti présidentiel. Mais le patron de l'UMP a réduit , jeudi 10 novembre, le grand raout espéré par la droite de l'UMP à un simple "atelier" sur la nation. Le parti n'a réuni que quelques parlementaires et intervenants dans une annexe du Parlement. Le maire de Meaux l'avait déclaré le 8 juin : "Il est hors de question de revenir sur la binationalité."

L'atelier de la Droite populaire a néanmoins été l'occasion, jeudi 10 novembre, pour la majorité présidentielle, d'un tir de barrage contre l'une des mesures phares du projet socialiste pour 2012 : le droit de vote des étrangers aux élections locales. "Le droit de vote sans la nationalité française est inacceptable, a déclaré Jean-François Copé, lors d'un passage éclair à la tribune,Ce n'est pas parce qu'on paie des impôts en France, que cela ouvre le droit à la citoyenneté française. Nous ne sommes pas dans un système censitaire " a-t-il poursuivi. La patron de l'UMP souligne ainsi le clivage entre la majorité présidentielle et la gauche sur l'une des thématiques électoralement les plus rentables.

En effet, le projet PS prévoit "l'instauration du droit de vote et d'éligibilité aux élections locales pour les étrangers en situation régulière résidant dans notre pays depuis au moins cinq ans." Selon les socialistes, le droit de vote est un accélérateur d'intégration; il "favorisera la reconnaissance politique et sociale, ainsi que la responsabilité qui l'accompagne."

"LES IMMIGRÉS SONT LA NOUVELLE CIBLE ÉLECTORALE DU PS"

Selon Thierry Mariani, ministre des transports et co-fondateur de la Droite populaire, la volonté du parti socialiste est dictée par une "seule motivation électorale". "Le nombre d'ouvriers étant en baisse, les immigrés sont la nouvelle cible électorale du PS avec en ligne de mire les élections municipales", scande le ministre. "Le droit de vote pour les immigrés sera l'objectif de tous les communautarismes et ce genre de mesures est irréversible", menace encore, alarmiste,Thierry Mariani.

Une inquiétude du leader de la Droite populaire relayée par Jean-François Copé : "J'ai demandé en bureau national l'engagement du parti dans la bagarre sans concession qui nous opposera au parti socialiste sur ce thème " a-t-il déclaré, soulignant l'une des thématiques sur laquelle l'UMP reviendra en force lors de la campagne présidentielle.

11/11/2011, Eric Nunès

Source : Le Monde

"La carte d'identité, elle n'est souvent que la carte bancaire, voire la carte Vitale pour certains", vient de déclarer le député Lionnel Luca (Droite populaire/UMP)

« La carte nationale d'identité n'est pas la Carte Orange », écrivait Jean-Marie Le Pen, qui siégeait à l''Assemblée Nationale entre 1986 et 1988, dans l'exposé des motifs de sa proposition de loi n° 82 « tendant à modifier le code de la nationalité française ».

L'UMP s'est prononcée, jeudi 10 novembre, pour un retour à la loi Pasqua de 1993 sur l'acquisition de la nationalité. Le parti majoritaire entend aussi mener, lors de la campagne présidentielle, une "bagarre sans concession" contre le projet du PS d'accorder le droit de vote aux étrangers non communautaires pour les élections locales.

Actuellement, en vertu du droit du sol, - et de la loi Guigou de 1998 réformant la loi Pasqua de 1993 - tout enfant né en France de parents étrangers en séjour régulier devient, sauf refus de sa part, automatiquement français à sa majorité s'il vit en France ou a vécu en France pendant cinq ans depuis ses 11 ans. Désormais, il devrait, à 18 ans, "en faire la demande" écrite.

La proposition avait été initiée dès l'an dernier par la Droite populaire, qui a obtenu la tenue de cette rencontre baptisée « atelier », organisée par l'UMP. La réunion a été marquée par une protestation de Jeannette Bougrab. En "fille de harki", la secrétaire d'Etat à la jeunesse s'est élevée, contre "certains mots qui blessent". Elle visait l'historien Dimitri Casali et Malika Sorel-Sutter, connus pour leur hostilité aux personnes d'origine musulmane, orateurs invités de cette réunion, qui ont dénoncé une ghettoïsation des immigrés plus "voulue" que "subie".

Arno Klarsfeld, président de l'Office français de l'immigration et de l'intégration, a du lui aussi mettre en garde contre le risque de "faire des jeunes qui ont toutes leurs attaches en France des CDD de la nationalité française".

L'UMP, sous la houlette de Copé et de la Droite Populaire, veut-elle relancer la guerre du Code de nationalité et tenter de remettre en cause le "droit du sol", dont bénéficient chaque année 30 000 jeunes nés ici de parents étrangers ?

C'est ce que suggérait déjà le contenu du fameux discours de Sarkozy à Grenoble le 30 juillet 2010 sur les « déchéances de nationalité » et ce passage ; « ... Il est quand même invraisemblable que des jeunes gens de la deuxième, voire de la troisième génération, se sentent moins Français que leurs parents ou leurs grands-parents ... ».

L'insistance personnalisée sur ce terme infamant de « déchéance » laissait alors penser que Sarkozy s'apprêtait à reprendre le « chantier » emblématique du code de nationalité entamé en son temps par son maître Pasqua et sur lequel celui-ci dû reculer dans des circonstances particulières.

Ce faisant, Sarkozy, Copé et la Droite Populaire recycleront -une fois de plus- les théories du Front National, installées dans la panoplie de la droite dans les années 1980, par l'intermédiaire du Club de l'Horloge.

Ce club, qui se positionnait comme une passerelle idéologique entre le FN et la droite, écrivait dès 1984 : « Aujourd'hui le code de la nationalité est une machine à fabriquer des "Français de papier", qui n'ont ni assimilé notre culture ni affirmé leur attachement à la patrie. Pour maintenir notre identité nationale, il est urgent de réformer cette législation. Le Club de l'Horloge, qui a lancé ce débat dans l'opinion, décrit ici la réforme qu'il faudra réaliser tôt ou tard... »

La mise en pratique de ces théories fut concrétisée par Chirac et Pasqua, en 1986, lors du retour de la droite aux affaires.

Elle fut symbolisée par la tentative de supprimer le traditionnel droit du sol et le droit à la nationalité française pour les enfants nés en France et issus de parents étrangers. "Être Français, ça se mérite" disait déjà Pasqua. Dans cette bataille du code de nationalité, le gouvernement Chirac-Pasqua, qui pensait remporter une victoire décisive, fut contraint de reculer fin 1986, en raison des grandes mobilisations étudiantes contre la loi Devaquet et les « facs-Tapie ». L'épisode tragique de la mort du jeune Malik Oussekine, battu à mort par la police le 6 décembre de cette même année symbolisa la violence contenue dans les projets gouvernementaux .

En 1993, la droite reprit son offensive et imposa notamment une "déclaration de volonté" des jeunes nés de parents étrangers; l'absence de cette déclaration avant 18 ans supprimait leur accession automatique à la nationalité.

La remise en cause du code de nationalité est dans notre pays, un marqueur historique de la convergence-concurrence de la droite avec le Front National. Elle est aussi au cœur de l'obsession de l' « envahissement », distillée depuis des décennies.

En effet, la droite entretient depuis 30 ans des rapports ambigus avec le FN, depuis que l'UMP de l'époque s'est alliée avec le Front National lors de l'élection municipale de Dreux en Septembre 1983. Depuis le début de sa carrière politique, Sarkozy applique le principe de son inspirateur, Pasqua. Celui-ci a résumé sa doctrine, à la veille de la présidentielle de 1988, dans le magazine Valeurs actuelles du 2 mai 1988: « Sur l'essentiel, le Front national se réclame des mêmes préoccupations, des mêmes valeurs que la majorité »

Mais au-delà du calcul électoral, le jeu avec le FN sert de paravent à une entreprise plus profonde et plus dangereuse, car venant du cœur du système de domination politique. L'enjeu stratégique porté par Sarkozy inclut toujours l'unification de la droite autour du thème de la défense de l'« identité nationale » menacée, thème récurrent et éternel de la droite nationaliste dans notre pays.

C'est la reprise du cri traditionnel de la droite nationaliste des années 1930 : Dehors les métèques !

Juifs dans les années 30, Musulmans et Roms aujourd'hui, pour eux, il s'agit toujours de désigner un ennemi national contre lequel se rassembler.

13/11/2011, Albert Herszkowicz

Source : Médiapart

Au départ, pays de transit pour les Subsahariens en partance pour l’Europe, le Maroc devient un pays d’immigration. Puisque le royaume ne respecte par leurs droits, ils s’unissent pour les défendre.

Nous voulons que l’on nous donne les mêmes droits qu’ont les Marocains résidant à l’étranger dans leurs pays d’accueil. » Cette revendication est celle de Yene Fabien Didier, président du Collectif des Communautés Subsahariennes au Maroc (CCSM), créé au lendemain du Forum Social Mondial 2011, tenu à Dakar, en février. Le collectif se charge de défendre les droits des Subsahariens au Maroc.

Sa requête renseigne fort sur l’évolution de la migration subsaharienne dans le royaume. D’un pays de transit, le Maroc tend progressivement à devenir un pays d’immigration pour les Africains au sud du Sahara. Difficile toutefois d’estimer précisément leur nombre, le ministère de l’Intérieur est resté sourd à nos sollicitations.

35 000 Subsahariens

La direction de la migration et de surveillance des frontières de ce même ministère les estimait à environ 10 000 personnes en janvier 2006. Mais ce chiffre est bien en deçà de la réalité. Yene Fabien Didier évoque plutôt le chiffre de 35 000 migrants voire au-delà. Plus de 7 000 d’entre eux sont étudiants, à côté de la « creative class », qui regroupe ceux qui sont régulièrement établis et qui exercent dans divers domaines - médecine, ingénierie, communication, journalisme... ; des immigrants clandestins qui voyagent en direction de l’Europe.

A l’instar de ces derniers, la majorité des « Africains » au Maroc, (comme ils sont communément appelés) n’était pas venue pour s’installer : « ils restent tout en ayant l’intention de continuer ailleurs [en Europe] mais cette idée se perd dans le temps », constate Houria Alami M’Chichi, présidente de l’Association Marocaine d’Etudes et de Recherches sur les Migrations (AMERM).

Son constat corrobore la conclusion d’une étude sociologique publiée en 2010 par le Centre Jacques Berque de Rabat : le Maroc est passé d’un pays de transit à un pays d’immigration. « Depuis quelques années, les migrants ne sont pas en transit. Ils travaillent dans des secteurs très variés », indiquait Michel Peraldi, alors directeur du Centre. Toutefois, « il s’agit encore d’un processus qui n’est pas encore très clair », tempère Mme Alami M’Chichi car, estime-t-elle, l’installation définitive n’est pas la dernière option.

Arracher sa liberté

Elle n’est pas l’ultime option, mais les autorités du royaume peinent déjà à gérer les « transitaires/ résidents » car le Maroc se trouve confronté à une situation qu’il n’a pas prévue », explique la présidente de l’AMERM. Conséquences : « il y a une ignorance de leurs droits fondamentaux », fustige Saïd Tbel de l’Association Marocaine des Droits Humains (AMDH).

Une situation qui s’explique en partie, selon lui, par le fait que « les autorités appliquent sur eux [les migrants] ce qui est décidé ailleurs »; à savoir les directives de l’Union européenne qui sous traite sa politique migratoire aux pays d’Afrique du Nord, notamment au Maroc. Un rôle de gendarme qui ne cesse de dégrader l’image du royaume auprès de ses partenaires du continent noir mais aussi auprès des institutions internationales, d’autant plus que le Maroc est signataire de la Convention internationale sur la protection des droits des migrants.

Ces atteintes continues aux droits des migrants, qui se manifestent par les rafles, les détentions et les expulsions, sont régulièrement rapportées par la presse et dénoncées par les ONG nationales et internationales. Par conséquent, « il faut arracher sa liberté », fait savoir le Collectif des migrants subsahariens.

Le CCSM dérange

Le CCSM entend réaliser un plaidoyer pour « défendre le droit des migrants et jouer un rôle de médiateur entre les migrants et les autorités marocaines » afin de faciliter « les négociations, l’obtention de titres de séjour, la régularisation des migrants et l’arrêt des emprisonnements abusifs et arbitraires ». Tel est l’un de ses principaux objectifs, en plus de « fédérer » les migrants subsahariens qui tardaient encore à joindre leurs forces. Cet éparpillement risque de rendre la tâche ardue, mais il n’est pas le seul défi du Collectif.

Juste après la mise en place du bureau exécutif du CCSM, « la DST [les services de renseignements] m’a appelé pour me dire que je dérange. Un autre service de la police marocaine m’a également convoqué à quelques jours d’intervalle », confie l’un des membres fondateurs du CCSM. C’est dire si les autorités restent encore allergiques à toute revendication des citoyens de « pays frères » du Maroc. « Je pense plutôt qu’elles ont intérêt à reconnaitre de telles associations, réagit Houria Alami M’Chichi. Cela permettrait de clarifier les choses sur la situation de ces migrants et sur beaucoup de non-dits ». Pour Saïd Tbel de l’AMDH, le « combat » doit être mené pour arriver à « une reconnaissance de ces migrants » équivalente aux droits des MRE da,ns leurs pays d’accueil.

Les MRE aux côtés des Subsahariens du Maroc

« Migrants de tous les pays, unissez-vous! » Les associations regroupant des Marocains résidant à l’étranger et le Conseil de la Communauté Marocaine à l'Etranger (CCME) ne sont pas insensibles au sort de leurs frères africains dans leur royaume d’origine et les soutiennent. Certaines contribuent financièrement aux manifestations culturelles organisées par les migrants subsahariens au Maroc, notamment l’Association des Travailleurs Maghrébins de France (ATMF). « Nous ne comprenons pas qu’on réclame la régularisation de centaines de milliers de Marocains à l’étranger alors que le Maroc ne veut même pas le faire pour quelques milliers d’immigrants subsahariens », s’indigne Ali El Baz, coordinateur national de l’ATMF. « La seule manière de nous soutenir, lance-t-il aux autorités et à la société civile marocaines, c’est le soutien que vous apportez aux Subsahariens au Maroc. » Car en Europe, poursuit Ali El Baz, les migrants marocains bénéficient du soutien de la société civile.

11/11/2012 , Oumar Baldé

Source : Yabiladi

Un quart des requérants d'asile qui ont été refoulés depuis 2006 vers leur pays ou vers un état tiers, sont revenus en Suisse depuis lors, selon l'Office fédéral des migrations. Sur les 40'000 personnes renvoyées, 10'000 sont de nouveau en Suisse.

Selon des des chiffres de l'Office fédéral des migrations (ODM) rendus publics jeudi soir dans l'émission "10vor10" de la télévision alémanique SF, jusqu'à 2400 requérants arrivant chaque année en Suisse ont déjà demandé l'asile à plusieurs reprises.

Avec 10'000 retours pour 40'000 départs, cela constitue en moyenne un retour pour quatre expulsions.

Simonetta Sommaruga relativise

Cette année, 7813 requérants avaient été expulsés de Suisse jusqu'à fin octobre. Dans le même temps, 2417 requérants précédemment refoulées ont déposé une nouvelle demande d'asile.

Lors de l'émission, la ministre de la Justice Simonetta Sommaruga a relativisé la situation. Une partie de ces demandes réitérées s'expliquent par le fait que la situation du requérant a changé. L'autre partie constitue un "abus" devant être condamné.

Hausse des demandes d'asile

Les demandes d'asile ont continué à augmenter le mois dernier. Au total, 2142 requêtes ont été déposées, soit une hausse de 4,9% par rapport au mois de septembre, selon les chiffres publiés de l'Office fédéral de la migration.

Comme le mois précédent, les principaux pays de provenance sont la Tunisie, l'Erythrée et le Nigéria. En octobre dernier, 276 ressortissants Tunisiens ont déposé une demande d'asile, c'est-à-dire 90 ou 48,4% de plus qu'au cours du mois précédent. Quant aux ressortissants Erythréens, ils étaient 248 (-0,8, et les Nigérians 216 (+27,1%).

Les autres pays de provenance significatifs pour le mois dernier sont l'Afghanistan (112 demandes), la Serbie (107 demandes) et la Syrie (101 demandes). Au cours du mois sous revue, 351 personnes (392 en septembre) ont pu être remises à un autre Etat Dublin, dont 247 à l'Italie.

11/11/2011

Source : TSR.ch

La communauté marocaine en Espagne, forte de 830.000 personnes (85% du total de la communauté musulmane), célébrera, lundi, la fête du sacrifice (Al-Adha ou Aid Al-Kebir) avec énormément de joie mais également de tristesse pour les particulières circonstances que traversent certains de ses membres fortement affectés par les dures conditions de vie à cause du chômage. C’est une fête reconnue officiellement et respectée par la société. Elle est également acceptée par la population autochtone comme preuve de la nouvelle réalité d’une Espagne multiculturelle. Toutefois, la célébration de cette fête invite à une réflexion multiple dans une société occidentale.

D’abord, il n’existe aucune norme d’ordre national ou municipal qui interdit les musulmans de sacrifier des moutons en cette fête. De même, elle est reconnue officiellement comme jour férié, depuis 2009, pour l’ensemble de la population des villes occupées de Sebta et Melilla. D’ailleurs, ces deux villes célèbrent pour la deuxième année consécutive la fête du sacrifice le même jour, coïncidant ainsi avec le calendrier marocain (7 novembre). Enfin, des cérémonies religieuses sont organisées dans l’ensemble du territoire espagnol sans nulle restriction, telle la prière collective de l’Aïd dans la matinée.

Dans différents entretiens à bâtons rompus, des immigrés marocains et gérants de Boucheries Halal à Madrid ont indiqué à Al Bayane, que la fête d’Al-Adha revêt un aspect particulier cette année comme conséquence de la crise économique et le chômage qui touche plus de 220.000 marocains en quête d’un emploi. D’autant plus que dans une boucherie Halal au quartier de Vallecas, le prix moyen par tête de mouton varie entre 160 et 200 euros, un montant qui donne à réfléchir pour de nombreux foyers de marocains dont tous les membres sont en chômage. Pourtant, a ajouté la même source, chaque boucherie Halal à Madrid a eu un carnet de commande de 200 à 250 têtes de mouton, une moyenne qui n’a guère varié par rapport à d’autres années. En l’absence de statistiques officielles et fiables, certaines associations musulmanes ont signalé à Al Bayane que près de 400.000 moutons seront sacrifiés cette année en Espagne, un chiffre qui serait proche de celui de l’année précédente. Selon une association d’immigrés, nombreux sont les marocains qui effectuent le déplacement au Maroc à cette occasion alors que ceux, en chômage chronique, préfèrent célébrer cette fête en compagnie d’autres compatriotes.
Comment sont-ils sacrifiés les moutons? Les autorités municipales interdisent le sacrifice d’animaux par les particuliers ou dans les foyers. Les normes sanitaires sont très strictes en cette matière. C’est la boucherie Halal qui s’en charge en utilisant les abattoirs municipaux de manière que le mouton sacrifié soit livré au client prêt à consommer. Dans ce contexte, les associations de voisins ont la pleine compétence de la gestion de l’ensemble résidentiel et tout usage des installations communes est réglementé selon la législation municipale. En général, les marocains préfèrent passer par la boucherie Halal pour éviter toute éventuelle altercation avec leurs voisins.

Les villes occupées de Sebta et Melilla sont les seules qui jouissent d’un traitement de faveur en Espagne dans la mesure où la fête du sacrifice est un jour férié. C’est aussi les seules villes où il est possible de recenser avec exactitude le nombre de moutons à sacrifier à cette occasion. Selon des statistiques d’associations musulmanes parvenues à Al Bayane, entre 11.000 et 12.000 têtes de mouton ont été introduites dans les deux villes, dont près de 6.000 à travers le poste frontalier de Nador-Melilla. Par contre, les autorités de Sebta interdisent l’importation d’animaux du Maroc. Les moutons sont en général achetés dans la région d’Estrémadure, connue pour une race de mouton similaire à Sardi marocain, et acheminés à travers le Détroit de Gibraltar à Sebta.

Dans l’ensemble du territoire espagnol, la fête d’Al - Adha commence généralement par la prière collective aux mosquées ou dans des aires spécialement aménagées sur autorisation préalable des autorités municipales.

En dépit des dures conditions de vie et les impératifs de la conjoncture économique, le marocain, en bon fidèle, célèbre l’Aïd - Al Adha comme manifestation de son attachement à sa confession, à sa culture et à ses convictions dans une société occidentale. Les médias espagnols ont salué cet esprit avec des chroniques sur la manière dont les musulmans célèbrent la fête du sacrifice.

12/11/2011

Source : AL Bayane

Issus de l'immigration, ils soulignent l'intérêt portés par l'émirat aux minorités françaises, et veulent l'encourager à faire appel à elles.

Dix élus issus de l'immigration s'envolent samedi pour le Qatar dans l'espoir de nouer des liens économiques entre le riche émirat et les quartiers populaires, où des entrepreneurs se disent victimes de discrimination et bloqués par un "plafond de verre".

"Vivre dans les quartiers, c'est pas facile, mais c'est une super expérience. (...) Au-delà de tout ça, il y a un plafond de verre, d'où l'importance d'aller à l'étranger pour se développer", lâche Kamel Hamza, conseiller UMP de La Courneuve. Ces mots, il les a adressés jeudi à des entrepreneurs, eux aussi issus de l'immigration et des quartiers populaires, à deux jours de son départ pour le Qatar.

«On va être vos porte-paroles» au Qatar

Dix élus de tous bords vont passer cinq jours dans l'émirat, pour une visite "surtout économique". Ce voyage n'est pas une première pour eux: ils étaient aux Etats-Unis en juillet, sur invitation de la French-american foundation, pour parler diversité.

Jeudi, ils avaient invité ces entrepreneurs à Aubervilliers (Seine-Saint-Denis), afin d'écouter leurs questions et besoins, et de les relayer dans le pays du Golfe.

"Le Qatar investit de plus en plus en France, en aucun cas ça doit se faire sans vous. On va être vos porte-paroles", dit Fouad Sari, conseiller municipal Europe écologie-Les Verts (EELV) de Vigneux-sur-Seine (Essonne).

Les entrepreneurs, agent immobilier, directeurs de PME , etc. se sont plaints "de barrières" dressées devant eux, d'être "stigmatisés". En banlieue, "il y a des gens bourrés d'énergie, auxquels les banques n'ouvrent pas les portes facilement", critique Hadj Cherif, expert-comptable.

«Un lien identitaire avec le Qatar»

Pourquoi le Qatar? "De plus en plus de gens venaient nous voir pour nous en parler, voir si on pouvait s'y installer", rapporte Kamel Hamza, également président de l'Association Nationale des Elus Locaux pour la Diversité (Aneld).

L'émirat, partenaire politique, économique, financier et militaire privilégié de la France, a gagné en popularité dans les quartiers grâce au foot. Il a obtenu d'organiser la coupe du monde en 2022, après avoir vu sa candidature soutenue par Zinedine Zidane. Et il a racheté en juin le Paris Saint-Germain, aujourd'hui leader du championnat de la Ligue 1 de football, par le biais de Qatar Sports Investments (QSI).

"C'est un pays ouvert sur le monde et fidèle à ses traditions. (...) Il y a un lien identitaire avec le Qatar, il suffit de regarder nos prénoms!", dit Kamel Hamza, avant d'expliquer que l'émirat a créé un prix "Richesse de la diversité", qui récompense principalement des personnes issues de l'immigration.

Traités «comme des députés»

Au Qatar, "ils sont sensibles à la question de la diversité"en France, selon M. Hamza. Le voyage et le séjour des élus est d'ailleurs pris en charge par l'émirat. "Ils nous ont dit: on va vous traiter comme des députés", s'étonne encore Fouad Sari. Contactée par l'AFP, l'ambassade du Qatar en France n'a pas souhaité s'exprimer sur cette visite.

Dans l'émirat, les élus émettront l'idée d'un fonds d'investissement pour aider les minorités à se lancer en France. Ils veulent "faire du réseau", "trouver des marchés", "sensibiliser sur les talents des quartiers", et inciter les Qataris investissant dans l'Hexagone à faire appel aux Français issus de l'immigration...

Des messages qui commencent peut-être à être entendus. Pour François Touazi, conseiller du groupe AXA pour le monde arabe et promoteur du cercle de réflexion Cap Mena (Middle east north Africa), contacté par l'AFP,"les entreprises françaises doivent faire appel aux personnes issues de la diversité pour conquérir dans le monde arabe des marchés réputés difficiles".

12/11/2011

Source : Source/AFP

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