MM. Abdellatif Maroufi, chargé de mission au CCME et Robert de Hartogh, photographe professionnel hollandais et Kacem Achahboune, cinéaste maroco-hollandais ont participé à cette rencontre animée par M. Mhamed El Ouafrassi, membre du CCME.

Lors de sa présentation, M. Ouafrassi a exposé les étapes de la migration marocaine aux Pays-Bas, « qui ont commencé à affluer depuis le Maroc vers la fin des années 60 en tant qu’ouvriers, puis s’installeront plus tard dans le pays. La migration marocaine connait après cette installation un phénomène de féminisation, résultant directement du regroupement familial ».

« Nous assistons actuellement à l’aboutissement de tout ce processus de migration vers une citoyenneté complète réalisée par les deuxième, troisième et quatrième génération de Marocains aux Pays-Bas dont le nombre s’élevait à 391.000 en 2017 avec une parité presque parfaite: 51% d’hommes et 49% de femmes », a-t-il affirmé   

Selon les statistiques hollandaises, « la première génération des Marocains de Hollande constitue 44% de l’ensemble de la communauté et 56% de cette dernière est constituée par les jeunes générations, dynamiques et mieux éduquées que leurs parents ». Les mêmes sources s’attendraient à une hausse de la communauté marocaine établie dans le pays à l’horizon 2030, pour atteindre près de 430.000 personnes.

M. Maroufi s’est quant à lui intéressé à la genèse du livre présenté dans cette table-ronde. « L’idée de ce livre remonte à 1994. Des jeunes Marocains engagés dans l’Association des ouvriers en Hollande s’apprêtaient à célébrer son 20eme anniversaire et ont pensé à se documenter sur l’arrivée de la première génération de Marocains aux Pays-Bas ».

« Nous nous sommes rendus compte que nous avions un trésor documentaire sous les mains et avons pensé à créer un centre de documentation et des études de migration en Hollande en 1997 ». a-t-il poursuivi. « Dix après, nous avions rassemblé 72 mètres d’archives sur la migration marocaine en Hollande ».

L’ouvrage comporte 249 photos et retrace donc l’histoire la migration marocaine du début des années 60 à nos jours. Une migration qui connaitra pendant cinq décennies des mutations profondes sur plusieurs plans : « sur le plan cultuel par exemple, on a fait le constat aujourd’hui que l’Islam est devenue une religion hollandaise ».

La distinction des Marocains du monde se fera ensuite pressentir dans tous les domaines : « la présidente du parlement hollandais est d’origine marocaine ; des bourgmestres des grandes villes sont d’origine marocaine, des sportifs de haut niveau… », a conclu M. Maroufi.

Pour sa part, M. Kacem Achahboune s’est félicité d’avoir « une institution comme le CCME dont la création a constitué une révolution dans le paysage migratoire marocain ».

« Depuis 10 ans, les préjugés vis-à-vis des immigrés marocains ont changé grâce aux activités tenues par le CCME. On fait aujourd’hui référence au marocain devenu médecin, artiste, sportif dans son pays de résidence alors que quelques années plus tôt l’immigré était réduit à un pourvoyeur de devises ».

Enfin, M. Robert de Hartogh a pu juger par son expérience de photographe professionnel témoin de l’arrivée de plusieurs migrations aux Pays-Bas, de la singularité de la migration marocaine.  

« La migration turque par exemple est arrivée aux Pays-Bas bien avant la migration marocaine, mais l’on remarque aujourd’hui que les Marocains, même sils sont restés attachés à leur identité, se sont intégrés dans la société hollandaise et s’y sont même brillamment distingués », a-t-il indiqué.

La rédaction