mercredi 3 juillet 2024 10:19

Par M. Abdellah Boussouf, Secrétaire général du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).

Les migrations marocaines à l’étranger n’ont jamais été de mauvais augure ou un point de faiblesse pour le Maroc, ceci depuis les premières migrations en tant que voyageurs explorateurs ou pour le savoir, pour les lieux sacrés, ou pour les voyages diplomatiques, jusqu’aux migrations économiques des débuts du siècle dernier à la recherche des opportunités de travail à l’étranger, surtout en Europe…

Le Maroc a toujours considéré les Marocains du monde ses ambassadeurs à l’étranger, un pilier fondamental du développement durable et une extension de son patrimoine historique et culturel…

La situation spécifique des Marocains du monde et leurs particularités sociales et économiques a fait que le législateur consacre la constitutionalité de plusieurs de leurs droits civiques, dans l’article 16, leurs droits politiques, dans l’article 17 et de la démocratie participative et de la bonne gouvernance, dans l’article 18 …

Mais, loin du langage des chiffres et des articles juridiques, les Marocains du monde constituent, assurément, une partie importante du capital immatériel du Maroc, qui voyage dans les quatre coins du monde …

Les Marocains de la troisième et quatrième générations dans plusieurs pays européens ont donné lieu à une élite hautement qualifiée et encadrée, une élite qui maîtrise les langues des pays d’accueil, ancrée dans les traditions et les civilisations de ces pays et qui a pu occuper des postes d’influence en politique, en économie et finances, en société et dans la formation scientifique et universitaire…

Dans un autre sens, chaque succès réalisé par les Marocains du monde dans leur pays d’accueil est une promotion positive de l’image du Maroc, à nous d’imaginer la valeur ajoutée de toutes ces réussites scientifiques et professionnelles réalisées tous les jours par les Marocains du monde…

Des savants dans les centres de recherche scientifique, des professeurs dans les universités les plus prestigieuses du monde, des médecins aux spécialités complexes, des avocats de renom, des écrivains, des hommes de lettres, des cinéastes, des musiciens, des plasticiens, des sportifs, des journalistes, des influenceurs facebook …

L’élite des Marocains du monde est ce dont le Maroc a besoin pour améliorer son image à l’international. C’est bien pour cela que les chercheurs en sociologie affirment que les Marocains du monde sont le maillon fort de l’équation de l’image de leur pays à l’étranger, capables de représenter l’histoire, la géographie et le patrimoine d’un pays exceptionnel nommé le Maroc …

Les étoiles du Royaume brillent dans les cieux du tourisme et de l’investissement, par les noms des jeunes marocains travaillant dans les centres et agences de l’aéronautique et de l’espace aux Etats-Unis, au Japon et en France, comme Kamal Oudrhiri à l’Agence américaine NASA, Rachid Amrousse à l’Agence d'exploration aérospatiale japonaise Jaxa, Ahmed Bachar au Centre national de la recherche scientifique (CNRS) en France, Nacer Ben Abdeljalil qui a porté le drapeau marocain au sommet de l’Everest dans les montagnes de l'Himalaya, ou encore Merieme Chadid, astronome et première femme arabe à mettre les pieds dans l'Antarctique lors d’une mission scientifique et d’exploration, Asmae Boujibar, la première femme arabe à intégrer la NASA… Sans oublier le chef de file des scientifiques marocains du monde, le chercheur Rachid Yazami, inventeur de l'anode graphite pour les batteries lithium-ion.

Khalid Rahilou, Badr Hari, Mustapha Lakhsem et bien d’autres champions des arts martiaux se sont tous illustrés sur la scène internationale. Pour leurs victoires, l’hymne national a été chanté, comme pour celles d’Abdeslam Radi, champion des courses de fond, ou de la perle noire, Larbi Ben Barek, footballeur hors-norme … des noms marocains dans différents sports qui ont conduit des équipes européennes, américaines et asiatiques sur les podiums, comme Abdellatif Benazzi, capitaine de l’équipe de France de Rugby …

Gad El Maleh, Jamel Debbouze, Said Taghmaoui et Red One sont des étoiles qui ont brillé dans les cieux du septième art, de la musique et de l’humour et qui ont marqué leurs noms d’une pierre blanche dans plusieurs festivals mondiaux et scènes artistiques internationales …

Rachida Dati, Najat Belkacem, Myriam El Khomri, Ahmed Boutaleb, Samira El Aouni, Fatima Houda-Pépin, Mounir El Mahjoubi et tous ces députés, conseillers des ministres, des maires des villes européennes, des institutions internationales, des think tank, des instituts de sondages …

Toutes ces compétences, ces cerveaux marocains dans le monde que nous ne pouvons pas compter sont l’image lumineuse du Maroc à l’étranger, et l’on s’arrête pour rendre hommage à deux enfants de l’immigration marocaine, deux brillantes compétences victimes du terrorisme et de la haine, l’architecte Mohamed Amine Benmbarek, décédé dans les attentats à Paris en 2015, et l’artiste-photographe Leila Alaoui, tuée à Ouagadougou en 2016.

Une énorme richesse et un capital immatériel exceptionnel dont le Maroc dispose à travers des figures médiatiques et des écrivains de renom, qui contribuent tous les jours au développement et à l’évolution du monde et à propager les valeurs du vivre-ensemble… ces visages qui représentent l’interface du Maroc à l’étranger, son image dans le monde … En l'occurrence quand il s'agit de défendre, dans le cadre de la "diplomatie parallèle", les questions nationales complexes, comme celles de la souveraineté nationale. Ils seront à même de plaider pour l'unité territoriale et d'élaborer une nouvelle vision de l'interface associative du Maroc, puisque bon nombre des Marocains du monde sont militants au sein des instances et des organisations non gouvernementales, ce qui fait de la diaspora marocaine, en effet, "le maillon fort et gagnant" de l'équation de la promotion de l'image du Royaume a l'étranger...

« Le racisme n’est pas une opinion, c’est un délit». Pourtant, il n’est actuellement pas une campagne électorale dans les pays les plus democratiques de la planète où les discours ne sont pas ouvertement racistes envers une partie de leur population. L’immigration et plus précisément la musulmane est devenue une question de « survie politique ».

L’écrasante majorité des candidats ayant une chance actuellement d’accéder au pouvoir en Europe -les Etats-Unis ayant déjà tranché avec l’élection d’un président qui a fait de la guerre contre l’immigration en général et les musulmans en particulier, son cheval de bataille- tiennent des discours très souvent ouvertement racistes envers ces immigrés musulmans dont la présence constituerait un danger pour « la culture Occidentale ».

En cette année 2017, où de nombreux pays de cette Union Européenne née justement après une guerre hideuse où fascisme et nazisme avaient commis des dégâts irréparables, la parole raciste semble à nouveau libérée…contre ces millions de musulmans très souvent européens, soudainement considérés comme la cause quasi mathématique de l’échec des politiques économiques, sociales, culturelles, scolaires et sécuritaires. Faute de pensée et de raison politique l’on crie au loup, qui aujourd’hui est défini comme l’immigré et le réfugié musulman.

Ces discours qui constituent une atteinte flagrante aux droits de l’Homme dans la partie du monde qui a sacralisé les Droits de l’Homme sont une démonstration de la défaite de la pensée politique. Celle qui cède à la facilité, au populisme le plus vil envers une minorité dont le seul tort est d’être musulmane. Et de ce fait condamnée à être « coupable » de crimes commis au nom de cette religion par une terreur, qui dans les faits, frappe plus les musulmans que les autres confessions.

L’Europe de l’après guerre a pourtant connu des périodes difficiles marquées par un terrorisme confessionnel notamment en Irlande du Nord avec l’IRA, politique en Allemagne avec la Bande à Baader, sans pour autant piétiner les valeurs inhérentes aux Droits de l’Homme.

La démagogie politique à laquelle l’on assiste en Europe et aux Etats-Unis marque un tournant dans l’Histoire (des idées) politiques. Avec le racisme - qui semble plus juste que le terme « islamophobie » (peur de l’islam) - contre les personnes de confession musulmane, une partie du monde « occidental » est peu à peu en train de plonger le monde dans une aventure périlleuse.

CCME

Dans le cadre de sa participation au symposium international sur le climat, M. Philippe FREYSSINET, ancien directeur général adjoint de l’Agence Nationale de la Recherche (ANR) en France et directeur technique « énergie et environnement » et chercheur sénior à la Qatar Fundation, a accordé cette entrevue au site web du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).

Quelles sont les actions concrètes à attendre de la COP22 ? Comment peut-on fédérer les acteurs africains autour d’un projet commun ? Comment peut-on sensibiliser les pays d’accueil à considérer la dimension humaine de l’immigration ? Comment peut-on mobiliser la diaspora en faveur de la coopération sud-sud ?

Les explications dans cet entretien :

Dans le cadre de sa participation au symposium international sur le climat, M. Badreddine FILALI BABA, membre du forum des compétences canado-marocaines, a accordé cette entrevue au site web du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).

Quelles sont les actions concrètes à attendre de la COP22 ? Comment peut-on fédérer les acteurs africains autour d’un projet commun ? Comment peut-on sensibiliser les pays d’accueil à considérer la dimension humaine de l’immigration ? Comment peut-on mobiliser la diaspora en faveur de la coopération sud-sud ?

Les explications dans cet entretien :

Dans le cadre de sa participation au symposium international sur le climat, M. Isidore KWANDJA NGEMBO, analyste politique et chercheur indépendant au Canada, a accordé cette entrevue au site web du Conseil de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).

Quelles sont les actions concrètes à attendre de la COP22 ? Comment peut-on fédérer les acteurs africains autour d’un projet commun ? Comment peut-on sensibiliser les pays d’accueil à considérer la dimension humaine de l’immigration ? Comment peut-on mobiliser la diaspora en faveur de la coopération sud-sud ?

Les explications dans cet entretien :

Les immigrés, les apatrides, les doubles-nationaux sont devenus l’une des « questions » qui divise le plus le monde occidental. Une division qui aboutit à la montée des populismes et la renaissance d’un racisme que l’Europe, notamment, avait vaincu avec l’aide des centaines de milliers d’immigrés venus essentiellement des colonies du continent africain. 

Si Albert Einstein né allemand, puis devenu apatride, ensuite suisse et enfin de double nationalité helvético-allemande, était né au XXIème siècle, peut-être n’aurait-il pas eu cette reconnaissance unanime de l’humanité pour son génie. Il se peut qu’en restant dans une Allemagne où le Mein Kampf commençait a devenir un programme politique, empêche l’un des plus grands génies de l’Histoire contemporaine de s’épanouir. Il en est de même pour Sigmund Freud, Bertold Brecht, Marie Curie, Milan Kundera et tant d’autres personnages essentiels de l’histoire commune de l’humanité.

Les siècles des lumières en Allemagne, en France et des siècles auparavant en Andalousie où chrétiens, musulmans, juifs vivaient en harmonie et où "le seul programme politique" était celui de la connaissance, du savoir, de l’échange, semblent oubliés, enterrés en ce XXIème siècle où le repli sur soi semble avoir remplacé ce qui fut, il n’y a pas si longtemps encore appelé la mondialisation heureuse.

L’étranger, le musulman plus particulièrement, est depuis le début du XXIème siècle, perçu comme une menace. Il figure dans les programmes politiques de femmes et d’hommes qui se présentent à des élections dans des Etats de Droit(s). En deux ans, 2015/2016, la cote des discours les plus rétrogrades, racistes, ouvertement anti-musulmans est à son plus haut niveau. 

Avec la vague de réfugiés syriens n’ayant d’autre choix que de fuir une guerre devenue civile et dont ils ne sont pas les instigateurs, l’identité chrétienne de l’Europe a soudainement (re)surgi. Des mouvements identitaires, anti réfugiés et anti immigration musulmane se sont transformés en partis politiques dans une Europe où le racisme institutionnalisé était jusque-là considéré comme un délit. 

La chaine Britannique BBC world news a diffusé en cette année qui se termine tristement pour l'image de l'immigration en Europe, un reportage troublant sur une famille syrienne, dont le fils avait été accusé d’avoir agressé une jeune fille allemande de 14 ans, lors du nouvel an (2016). Après 4 mois de prison, le jeune homme fut libéré, car il avait été démontré que la jeune femme avait menti. Le drame de cette famille fut la langue. Le jeune homme ne parlant que l’arabe, a été dans l’incapacité de se défendre. La chaine britannique qui avait suivi la famille lorsqu’elle vivait encore en Syrie, montre une famille dévastée, ne rêvant que de rentrer au pays. 

Alors que les politiques, les mouvements populistes accusent et montrent du doigt ces apatrides venus les "envahir", mettre "en danger leur mode de vie", ceci est un contre-exemple saisissant des discours de la haine en vogue.

CCME

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