vendredi 5 juillet 2024 06:24

Le réalisateur de "Vol spécial" et de "La Forteresse", a pris pour un jour les rênes du quotidien "Le Courrier", édité à Genève. Il est ainsi devenu rédacteur en chef pour l’édition spéciale du 8 octobre qui fait la part belle aux immigrés. Fernand Melgar, qui porte dans son dernier film un regard critique sur la politique suisse de renvoi musclé des sans-papiers, a piloté cette édition spéciale et en a signé l’éditorial.

A cette occasion, le réalisateur romand a demandé à l’équipe de rédaction du Courrier de creuser une idée simple: "Et si l’immigration, celle des étrangers qui viennent chez nous, mais aussi celle des Suisses qui partent vers de nouveaux horizons, perpétuait encore la volonté fondatrice de notre pays de solidarité et d’ouverture sur le monde? "

Le quotidien de gauche présente ainsi des portraits croisés d’immigrés suisses à l’étranger et d’immigrés étrangers en Suisse. …

9/10/2011, Fernand Melgar

Source : Apic

Le gouvernement britannique envisage de mettre en œuvre un paquet de mesures pour durcir davantage les règles sur l’immigration, afin d’atteindre ses objectifs de porter à moins de 100.000, le nombre de migrants à l’horizon 2015.

La nouvelle série de propositions devrait être dévoilée dans quelques semaines par le gouvernement de coalition qui exposera dans le détail la façon dont il vise à faire baisser l'immigration des travailleurs hors UE.

Parmi ces nouvelles mesures «draconiennes» qui seront annoncées, une loi forçant les entreprises à révéler le nombre de travailleurs étrangers qu'elles emploient, selon le Daily Telegraph.

D’autres dispositions entreront en vigueur, notamment celles liées aux mariages blancs. La période exigée pour une personne mariée pour s’installer au Royaume-Uni afin de rejoindre son conjoint sera portée de deux à cinq ans, dans le nouveau règlement, selon la même source.

Il s’agit également de relever le salaire annuel pour les travailleurs hors UE qui veulent s’installer au Royaume-Uni, actuellement fixé à 20.000 livres Sterlings (22.000 euros). La plus radicale de ces propositions pourrait amener des entreprises à publier, pour la première fois, la nationalité de leurs employés.

Les Conservateurs espèrent reprendre l'initiative politique après leur conférence du parti ou ils ont été sévèrement critiqués sur ce volet. Un quota de 21.700 travailleurs migrants par an (hors UE) est autorisé à entrer au Royaume Uni d’ici 2015.

Par ailleurs, selon les derniers chiffres de l’Office national des statistiques (ONS), 97.000 immigrés clandestins ont travaillé au Royaume-Uni pour une période inférieure à douze mois en 2009.

Le nombre d’immigrés entrés au Royaume-Uni qui était de 113.000 en 2004, a culminé à 208.000 en 2006 avec l’arrivée des nouveaux pays membres de l’UE comme la Pologne, la Lituanie, l'Estonie, Slovaquie, Slovénie, Hongrie, République tchèque et la Lettonie.

Des dizaines de milliers de travailleurs étrangers dont la présence est illégale en Grande Bretagne, prennent chaque année, des emplois à court terme, précise le dernier rapport de l’ONS soulignant l’ampleur du phénomène de l’immigration clandestine auquel fait face la Grande Bretagne.

Alp Mehmet, vice-président de Migrationwatch UK, a relevé «le manque de clarté et d’efficacité de la politique d’immigration du gouvernement qui laisse la porte ouverte aux clandestins». Selon lui, ces dernières statistiques montrent que la réalité en matière d’immigration du pays a été cachée par «la fumée et des miroirs».

Pour d’autres spécialistes, la politique de l’immigration a besoin de «recentrage». Le fond du problème, affirment-ils, est que la Grande Bretagne ne considère pas les travailleurs de l’UE comme des migrants alors qu’ils représentent l’écrasante majorité des immigrés entrés au Royaume Uni au cours des dernières années, profitant pleinement, ou «abusant» du système social tandis que l’essentiel de leur épargne est expédié vers le pays d’origine au détriment de l’économie britannique.

En revanche, le gouvernement ferme de plus en plus les portes aux travailleurs issus de pays hors UE - qui sont minoritaires par rapport a ceux des pays de l’Est - bénéficiant difficilement des prestations sociales et qui dans la majorité des cas, contribuent a l’économie en investissant dans des petits projets,notent les analystes appelant le gouvernement a une meilleure approche de la question.

09/10/2011

Source: L”Expression

Préoccupée par les disparités importantes en Europe sur la manière dont sont traités les enfants migrants sans-papiers, l’APCE a recommandé aujourd’hui aux Etats membres de mettre en place une base législative solide et de mettre en œuvre les lois dans la pratique, afin de garantir aux enfants sans-papiers le droit à l’éducation, aux soins de santé et au logement. Suivant les conclusions du rapporteur Pedro Agramunt (Espagne, PPE/DC), l’Assemblée a aussi demandé aux Etats membres de s’abstenir de placer ces enfants en rétention et de lutter contre leur exploitation par le travail.

L’Assemblée a également recommandé au Comité des Ministres d’inviter ses comités intergouvernementaux à élaborer des lignes directrices et des exemples de bonnes pratiques sur les moyens de garantir aux enfants sans-papiers le droit à l’éducation et aux soins de santé.

07.10.2011

Source : Site du Conseil de l’Europe

L’Organisation pour la sécurité et la coopération en Europe (OSCE) a rendu public, le 30 septembre, un rapport sur l’état des discriminations contre les musulmans, les juifs et les Roms en France. L’organisation, qui souhaite faire de la politique de lutte contre les discriminations une priorité, a pourtant réussi à bâcler son rapport. Explications.

A l’issue de la visite en France, fin juin, de l'Ambassadeur Adil Akhmetov, représentant Spécial de la Présidence de l'OSCE sur l'intolérance et la discrimination envers les musulmans, on attendait le rapport sur l’islamophobie  avec impatience.

Il a finalement été publié le 30 septembre. Les principales conclusions retenues par l’Ambassadeur sont que les Arabes – ou ceux qui paraissent l’être - sont indistinctement perçus comme des musulmans, eux-mêmes pressentis comme des menaces potentiels pour une partie de la population, et que les femmes musulmanes sont les plus sujettes aux actes anti-musulmans. Plus encore quand elles portent le voile puisque 40 % des incidents les concernent. « Pour la première fois en 2009, une ligne a été franchie lorsque le premier de ces incidents est devenu physique », indique le rapport.

Celui-ci relève également la proposition de loi interdisant aux mères voilées d’accompagner leurs enfants lors de sorties scolaires sous couvert de « laïcité ». « Les responsables du ministère de l'Éducation devraient s'assurer que les autorités scolaires locales soient prudents dans la mise en œuvre des interdictions du voile afin de ne pas décourager ou empêcher la participation constructive des mères des élèves dans les activités scolaires », recommande l’OSCE. Les représentants politiques et les représentants de la loi doivent aussi être « prudents » face à la propagation des stéréotypes négatifs et les éviter, ajoute l’organisation.
Cependant, de la rencontre de l’Ambassadeur avec des représentants de la société civile musulmane, dont le Conseil français du culte musulman (CFCM), le Collectif contre l’islamophobie en France (CCIF) et la Commission nationale consultative des droits de l’homme (CNCDH), qui a édité une enquête accablante sur la montée des actes anti-musulmans, aurait pu émerger un rapport plus fourni que ce qui nous est présenté. Le résultat en est plutôt maigre.

Les musulmans et l’extrême gauche, nouvelles sources de l’antisémitisme ?

En revanche, le rapport du Rabbin Andrew Baker, Représentant personnel du président en exercice de l'OSCE sur la lutte contre l’antisémitisme, qui a également fait une visite en France fin juin, est nettement plus garni et mieux ficelé. Sauf que certains constats portent à polémique.

Le rapport fait en effet savoir que depuis une décennie, « une augmentation spectaculaire des incidents antisémites (…) découlent principalement de la population arabe et musulmane du pays » et sont moins le fait de l'extrême droite. « L'échec du processus de paix au Moyen Orient et le début de la seconde Intifada, qui s’ajoutent une intense et large couverture médiatique négative d’Israël, a déclenché une vague d'attaques contre des cibles juives françaises, qui s'est poursuivi depuis plusieurs années », lit-on.

« Les dirigeants français de l'époque ont cherché à minimiser ou même à nier la nature antisémite de ces incidents. » Face à « l'ampleur et la gravité du problème », les juifs de France, qui ont « des liens étroits avec Israël » en sont arrivés à se demander, « pour la première fois depuis des décennies », s’il y avait « un avenir pour eux » sur le territoire, où se compte 4 à 6 millions de musulmans et 15 à 20 % de la population proche de « l’extrême gauche ». Car l’antisionisme de ces deux groupes, selon les représentants de la communauté juive cités par Andrew Baker, alimente l’antisémitisme. La « stigmatisation » d’Israël, à travers des pamphlets comme Indignez-vous, est devenue « une manière commune d'exprimer l'antisémitisme », ajoutent-ils.

Les antisionistes devenus antisémites

Pour en arriver à ces conclusions, la Licra ou encore le CRIF, qui avait fait annuler, en janvier dernier, une conférence de Stéphane Hessel à l'ENS ont bien été consultés. Bien que ces derniers reconnaissent « les efforts (…) pour développer des outils éducatifs afin de lutter contre le racisme et l'intolérance », ils « tournent court lorsque la source principale des incidents antisémites provient en grande partie d'une autre minorité qui est en soi victime de discrimination. » Pour appuyer cette analyse, on cite le cas « d’étudiants juifs harcelés par des camarades de classe musulmans et encouragés ensuite par les responsables de l’école d’être transférés » ailleurs « lorsqu’ils se plaignent ».

Ces constats sur les musulmans inquiètent les musulmans mêmes et décrédibilisent quelque peu le court rapport - ou disons plutôt les 20 lignes - de M. Akhmetov, présenté trois pages plus loin. A considérer les antisionistes comme des antisémites devient une rhétorique de plus en plus répandue mais surtout très dangereuse. L’OSCE, qui veut se battre contre les préjugés, en répand un sans même se rendre compte.  (Pour lire le rapport (en anglais) de l’OSCE sur les discriminations),

7 Octobre 2011, Hanan Ben Rhouma

Source : Saphir News

Le Sénat américain s'est excusé pour des lois discriminatoires ciblant les immigrés chinois adoptées à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, et un représentant de la communauté sino-américaine a indiqué que cela apportait un sentiment de "clôture" et de "justice" à sa communauté.

Le Sénat a adopté la résolution à l'unanimité jeudi soir. Il a reconnu les contributions faites par les immigrés chinois à la croissance économique américaine à la fin du XIXe siècle et au début du XXe siècle, et a rappelé les injustices, dont les lois d'exclusion des Chinois, commises envers la communauté chinoise.

Les lois d'exclusion des Chinois, qui furent adoptées par le Congrès entre 1870 et 1904, étaient des lois explicitement discriminatoires à l'égard des personnes d'origine chinoise. En 1882, le Congrès a adopté la Loi d'exclusion des Chinois, qui imposait un moratoire de 10 ans sur l'immigration et la naturalisation des ressortissants chinois. La loi a ensuite été étendue à plusieurs reprises pour toucher toutes les personnes d'origine chinoise, imposant à chaque fois des restrictions plus sévères en matière d'immigration et de naturalisation.

La résolution, présentée par les sénateurs Dianne Feinstein, Scott Brown et d'autres, reconnaît que les lois contre les Chinois sont incompatibles avec le principe figurant dans la Déclaration d'indépendance selon lequel tous les êtres humains naissent égaux, et avec l'esprit de la Constitution des Etats-Unis. La résolution "regrette profondément" l'adoption de ces lois et les torts commis à l'égard des Chinois et des citoyens américains d'origine chinoise qui ont souffert de ces lois discriminatoires, et s'est engagée à préserver les mêmes droits civils et les protections constitutionnelles pour les Chinois et les autres personnes d'origine asiatique vivant aux Etats-Unis.

La résolution "ne peut pas effacer le mal causé par les discriminations passées contre les immigrés chinois, mais il est important que nous reconnaissions les torts qui ont été commis il y a de nombreuses années", a déclaré le sénateur Brown dans un communiqué.

Mme Feinstein a dit vendredi qu'elle souhaitait que la résolution puisse "éclairer ceux qui pourraient ne pas connaître ce chapitre regrettable" de l'histoire des Etats-Unis.

Haipei Shue, un partisan de la résolution, a dit à Xinhua vendredi qu'il souhaitait que la version de la résolution présentée à la Chambre des représentants par les députés Judy Chu, Judy Biggert, Mike Coffman et d'autres, puisse être adoptée d'ici mai 2012.

2011-10-08

Source : Radio Chine internationale

L'administration Obama a fait vendredi appel d'une loi des plus strictes contre l'immigration, promulguée fin septembre en Alabama (sud), estimant qu'elle allait aggraver au quotidien la discrimination envers les immigrés en situation régulière.

Dans son recours devant la cour d'appel du 11e circuit à Atlanta, le ministère de la Justice demande d'annuler la loi et d'en suspendre l'application dans l'attente de sa décision.

Le texte, déjà en application, transforme en délit le fait de travailler sans papiers et prévoit notamment le contrôle du statut migratoire des enfants dans les écoles.

"Il est très vraisemblable que ce projet radical expose les personnes en situation régulière aux Etats-Unis, y compris les enfants, à de nouvelles difficultés dans leurs relations courantes avec des personnes privées et avec l'Etat", souligne le gouvernement dans cette plainte.

La loi "crée une panoplie de nouvelles infractions qui, entre autres, transforment en délit l'échec d'un étranger à se conformer aux exigences fédérales d'immatriculation (...), les tentatives d'un étranger de rechercher ou d'exercer un emploi et les tentatives d'un étranger (...) de communiquer avec le gouvernement", ajoute la plainte.

Le ministère ajoute que ces mesures "empiètent sur l'autorité exclusive du gouvernement fédéral en matière d'immigration".

Tony West, ministre adjoint de la Justice, estime, dans le document, que cette loi "incite à la discrimination" contre les citoyens étrangers, y compris en situation régulière, en interdisant à un propriétaire de louer un logement à un étranger en situation irrégulière.
En Alabama, où le gouverneur républicain Robert Bentley a qualifié la loi de "victoire pour l'Alabama", la police est désormais autorisée à procéder à des contrôles d'identité aléatoire, à vérifier le statut migratoire de toute personne interpellée, à placer en garde à vue un clandestin sans possibilité de caution.

Des responsables religieux, des associations de défense des étrangers et des droits civils ont formé des recours.

Après l'Arizona, c'est la seconde fois que le gouvernement Obama essaye de bloquer la loi migratoire d'un Etat, estimant que ces dispositions sont inconstitutionnelles. Certains articles de lois migratoires ont été également retoqués dans l'Utah (ouest) et en Géorgie (sud).

Barack Obama est partisan d'une solution fédérale, en renforçant les frontières tout en permettant aux clandestins d'accéder sous condition à la nationalité américaine.

07/10/2011

Source : AFPF

Le commerce des services du Maroc avec le reste du monde a dégagé à fin août dernier un excédent de plus de 33,18 milliards de dirhams (MMDH) contre 29,1 MMDH une année auparavant, selon l'Office des Changes.

Les recettes au titre des services, qui portent sur les voyages, le transport, les communications et les centres d'appels, ont atteint près de 74,5 MMDH contre 69,5 MMDH, soit une hausse de 7,2 pc, alors que les dépenses se sont élevées à 41,3 MMDH contre 40,4 MMDH (+ 2,4 pc), indique l'Office qui vient de publier les indicateurs mensuels des échanges extérieurs.

Les recettes voyages se sont chiffrées à 40,2 MMDH à fin août dernier contre 37,7 MMDH pendant la même période de l'année précédente, s'inscrivant en hausse de 6,5 pc.

Pour leur part, les dépenses voyages se sont inscrites en baisse de 1,2 pc (6,4 MMDH contre 6,5 MMDH), précise le rapport, faisant ainsi ressortir un excédent de 33,8 MMDH de la balance voyages, en amélioration de 8,1 pc.

Les recettes générées par les services de transport, de communication et de centres d'appel se sont situées respectivement autour de 13,6 MMDH (+9,7 pc), 3,7 MMDH (+2,9 pc), 2,8 MMDH (+3,2 pc).

Pour ce qui est des recettes MRE, elles se sont établies à 38,8 MMDH durant les huit premiers mois de 2011 contre 36 MMDH un an auparavant, en progression de 7,8 pc, note la même source.

Par ailleurs, les recettes au titre des investissements et prêts privés étrangers se sont chiffrées à 14,8 MMDH à fin août 2011 contre 16,2 MMDH une année auparavant, en recul de 8,3 pc.

La répartition des recettes au titre des investissements et prêts privés étrangers, par nature d'opération, demeure prédominée par les investissements directs avec 82,4 pc du total des recettes, suivis des investissements de portefeuille (10,2 pc) et des prêts privés étrangers (7,4 pc).

7/10/2011

Source : MAP

Longtemps pays d'émigration, les succès économiques de la Pologne la transforment en terre d'accueil. Derrière le duel électoral de ce dimanche entre les deux grands partis, se cache le débat autour de l'avenir de l'identité polonaise

Quelques jours avant le scrutin des législatives du 9 octobre, Jaroslaw Kaczynski, leader du parti nationaliste et conservateur Droit et Justice (Prawo i Sprawiedliwość, PiS) a publié un livre au titre évocateur, «La Pologne de nos rêves». Il y développe sa pensée et en particulier son opinion sur l'Allemagne de la chancelière Angela Merkel. Il n'y va pas de main morte. Il considère qu'elle cherche «la soumission de la Pologne».

Ancien Premier ministre et frère du défunt président Lech Kaczynski, il est connu pour son euroscepticisme et sa vision extrêmement conservatrice de la société polonaise. A ses yeux, elle se doit d'être catholique et uniforme. Après 25 ans de réformes libérales, le pays est pourtant en pleine mutation.

Pour l'historien Paweł Machcewicz, «l'idéologie du PiS est une réaction à ce processus de modernisation de l'identité polonaise et qui cherche à défendre les symboles les plus évidents qui sont basés sur les luttes nationales contre les Russes, les Allemands et les communistes. Le conflit entre le PiS et PO (ndla: Plateforme Civique, le parti du Premier ministre, Donald Tusk, de centre droit) peut être interprété comme un clash entre une vision traditionaliste et une approche plus pragmatique qui cherche le rapprochement et la coopération avec l'Europe».

Dans le contexte de la campagne électorale, ce coup d'éclat de Kaczynski, largement relayé dans la presse nationale, est encore rentable auprès d'une partie de l'électorat. Kaja Skowronska, doctorante au CERI-Sciences Po, écrit que «le clivage oppose ceux qui voient l'évolution actuelle de la société polonaise comme une opportunité à ceux qui la considèrent comme une menace ». D'où le repli sur les valeurs traditionnelles, celles qui sont censées avoir fait la grandeur de la Pologne. Et le poids du parti de Kaczynski, le deuxième du pays, crédité d'environ 20% des voix.

Retour du régionalisme

Pourtant, l'Histoire chaotique de cette partie de l'Europe a malmené le concept d'identité. Ce n'est qu'en 1945 que pour la première fois les Polonais ont été regroupés au sein d'un État ethniquement quasi-uniforme. Dans la Pologne des années 30, ils ne représentaient qu'entre 65 et 70% de la population.

Alors qu'en France la notion de nation se confond avec celle de citoyenneté, en Pologne, elle s'entrechoque avec celle de peuple. Sur la carte d'identité polonaise de l'époque d'entre deux guerres, il était inscrit «citoyen» de la République mais la nationalité pouvait varier d'une personne à une autre: ukrainienne, biélorusse, lituanienne, etc. Et encore aujourd'hui, des minorités polonaises vivent en dehors des frontières de l'État, comme en Lituanie ou en Biélorussie où elles représentent entre 5 et 10% de la population. La défense de leur culture est parfois l'objet de disputes diplomatiques.

Des identités régionales existent aussi en parallèle. Par exemple, le Premier ministre sortant, Donald Tusk est originaire de la minorité des cachoubesqui vit au nord du pays dans la région autour de Gdansk. Durant l'époque communiste, les impératifs d'égalité et d'uniformité du régime ont poussé à les combattre, à les nier.

Aujourd'hui elles revivent petit à petit. En particulier en Silésie, région habitée par de nombreux Allemands jusqu'en 1945, date de leur expulsion vers l'intérieur des nouvelles frontières de l'Allemagne. En mars dernier, alors que certains habitants de Silésie demandaient la reconnaissance de la «citoyenneté silésienne», Jaroslaw Kaczynski les a comparé à des traitres, y voyant un sous marin allemand. Les réactions furent vives mais l'homme maintient le cap.

Responsable du think tank Instytut Obywatelski, proche du parti du Premier ministre, Jarosław Makowski considère que «le débat sur l'identité est virulent. Avec l'intégration européenne, elle change. Vous pouvez ainsi vous définir comme Silésien, Polonais et Européen, à la façon de poupées russes. La Pologne expérimente le concept moderne de la société et elle s'y habitue petit à petit. Avec les bons et les mauvais côtés».

Fin de l'homme blanc

Avec un développement économique qui fait pâlir bien des pays d'Europe de l'Ouest, les mutations qui attendent la société polonaise sont bien plus grandes que ces quelques revendications régionales. Un taux de croissance à 4% attire de plus en plus d'immigrés vers la Rzeczpospolita Polska.

Le phénomène reste encore marginal mais il n'est plus très difficile de trouver dans les grandes villes comme Varsovie ou Cracovie, des personnes d'origines d’Afrique du Nord, d’Asie et parfois d’Amérique du Sud. Symbole que les temps changent, en décembre dernier, le premier député noir a été élu à l'Assemblée nationale, la Sejm. John Godson, 40 ans est né au Nigéria et vit en Pologne depuis 1993.

Jarosław Makowski n'a remarqué «aucune réaction négative à cette élection, même en provenance de PiS. Quand il est apparu au Parlement, tout le monde en parlait. C'était comme pour un star ». Les conservateurs savaient qu'ils devaient être prudents car «après la victoire d'Obama, certains ont déclaré que c'était la fin de l'homme blanc».

Arrivée de l'Islam

A l'avenir, la Pologne pourra-t-elle faire l'impasse sur l'immigration? Sur l'expérience de l'altérité? Le taux de natalité du pays est dramatiquement bas. 1,35 enfant par femme, bien loin des 2,1 nécessaires pour le renouvellement des générations. Traditionnellement, ce sont les Polonais qui ont émigré. Que les rôles soient maintenant inversés posent les mêmes enjeux qu'aux sociétés espagnoles ou portugaises lors de développement économique des années 80, 90 et 2000.

Ce qui ne se fait pas sans accrocs. En mars 2010, les réactions ont été vives dans le pays lors de la construction d'une des premières mosquées du pays, à Varsovie, pour une communauté qui compterait dans tout le pays, 30.000 fidèles. Selon les sondages réalisés à l'époque, les Polonais sont divisés. 48% accepteraient une mosquée dans leur quartier, 42% affirment le contraire.

Premier journaliste noir

Cette expérience de l'altérité, Brian Scoot la connait bien. Originaire de Guyana, il est le «premier journaliste noir polonais».Arrivé en Pologne en 1985, il a acquis la nationalité en 1997. «Je n'ai pas abandonné pour autant ma nationalité guyanaise mais je suis aussi d'avoir heureux d'avoir obtenu la polonaise pour services rendus à la société».

Aujourd'hui père de deux «petits polonais», il reconnaît que les débuts furent difficiles. «Quand j'étais étudiant, avec d'autres amis “de couleur”, nous étions sans cesse visés aussi bien verbalement que physiquement. Le plus blessant était aussi l'attitude des institutions qui étaient censées être là pour nous protéger. Certains politiciens n'hésitaient pas à employer dans leurs discours des expressions du type “cette loi est faite pour les latinos ou les nègres”».

26 ans après, les choses ont-elles changé ?

«La Pologne tente encore de rattraper son retard en terme d'éthique morale et de normes modernes. Elle est un pays rempli de personnes intelligentes, mais en tant qu'entité collective, il y a encore du chemin à parcourir en particulier avec ce mélange malsain de rhétorique politique et religieuse». Ce qui n'empêche pas Brian Scott de se définir comme «vivant à l'intersection de deux cultures. Je ne suis peut-être pas Polonais mais je suis assurément un Guyanais cracovien».

8/10/2011,  Jean-Sébastien Lefebvre

Source : States.fr

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