mardi 19 novembre 2024 02:24

Un haut responsable du ministère libyen de l'Intérieur a déploré jeudi une "reprise" des flux d'immigrants vers la Libye, appelant l'Union européenne à aider le pays à sécuriser ses frontières sud.

"Le phénomène (de l'immigration) a commencé à reprendre et il faut que l'UE intervienne", notamment pour aider à la surveillance des vastes frontières sahariennes du sud du pays, a indiqué à l'AFP le général Abdelmonem al-Tounsi.

"Les migrants en provenance de Syrie et de pays voisins sont des milliers. Ils entrent par le terminal de Msaad", frontalier de l'Egypte, au nord-est du pays, a-t-il précisé.

"Des centaines de migrants arrivent aussi par les frontières sud, du Nigéria notamment", a-t-il ajouté.

Il a indiqué que le 10 janvier, 260 migrants avaient été interceptés, en compagnie de trois Libyens armés de kalachnikovs et en possession de 3,5 kg de haschich.

M. al-Tounsi a expliqué la reprise du phénomène par les lacunes dans la protection des frontières depuis le conflit armé qui a opposé durant plusieurs mois la rébellion aux forces de l'ancien dirigeant Mouammar Kadhafi.

Depuis plusieurs années, la Libye est une destination et un pays de transit vers les côtes européennes pour des centaines de milliers d'immigrants africains.

En ouvrant et fermant le robinet des départs, l'ancien régime utilisait l'immigration comme un moyen de pression sur l'Europe. Il y a un an, il avait réclamé à nouveau cinq milliards d'euros par an à l'UE pour la stopper.

19/01/2012

Source : AFPF

Le déficit commercial s'est aggravé de 25,2 pc passant de 148,3 milliards de dirhams (MMDH) en 2010 à 185,7 MMDH en 2011, selon des chiffres provisoires publiés dernièrement par l'Office des changes.

Le taux de couverture de la balance commerciale s'est dégradé à 47,7 pc à fin 2011, contre 50,2 pc une année auparavant.

L'aggravation du déficit commercial est due notamment au poids des importations énergétiques qui ont bondi en 2011 de 32,7 pc à 90,86 MMDH (68,5 MMDH en 2010) .

Ces statistiques laissent présager un déficit de la balance des transactions courantes en 2011 de 54 MMDH, l'équivalent de 6 pc du PIB.

Selon l'Office des changes, les transferts des MRE ont progressé en 2011 de 7,3 pc pour atteindre près de 58,37 MMDH. 19/01/2012

Source : MAP

Les Marocains occupaient en 2011 le premier rang des travailleurs extra-communautaires affiliés à la sécurité sociale en Espagne, selon des statistiques officielles, publiées jeudi à Madrid.

Avec 208.712 affiliés à la sécurité sociale à fin décembre 2011, les Marocains constituaient ainsi la première force de travail non-communautaire en Espagne, souligne un communiqué du ministère espagnol de l'Emploi et de la Sécurité sociale.

Les travailleurs originaires de l'Equateur venaient en deuxième position avec 128.300 affiliés à la sécurité sociale, suivis des Colombiens (91.811) et des Chinois (87.196).

Les Roumains constituaient, quant à eux, le premier collectif travailleur communautaire en Espagne avec 276.741 affiliés à fin décembre 2011, selon la même source.

Le ministère espagnol fait savoir, en outre, que le total des travailleurs étrangers affiliés au régime de sécurité sociale s'était établi à 1.738.922 personnes en 2011, en baisse de 76.056 travailleurs par rapport à l'année précédente.

Selon la même source, les travailleurs étrangers représentent près de 11 pc de l'ensemble des affiliés à la sécurité sociale en Espagne.

L'Espagne connait une crise économique profonde, dont l'une des principales conséquences directes est la hausse du taux de chômage qui dépasse 21 pc de la population active.

 19/01/2012

Source : MAP

Dans son deuxième roman, "Mariage mixte", publié récemment aux Editions La Porte, Ahmed Hijaouy s'attaque à une thématique qui ne lui est pas étrangère. Qui serait mieux placé que ce colonel major qui a poursuivi ses études militaires au Maroc, en France et en Allemagne avant de faire carrière aux Etats-Unis, et qui a été témoin de l'indépendance du Royaume, pour nous plonger dans une rétrospective spatio-temporelle, au c¿ur du Maroc post-colonial, tel que vu et vécu par les Français? C'est à Paris des années 60 que l'histoire, étalée sur 207 pages de format moyen et 23 chapitres, prend racine. Lucie Durand, une jolie Parisienne, maman célibataire, travaille comme barmaid pour subvenir aux besoins de son bébé.

Convoitée par tous mais demeurant toujours inaccessible, elle se lie d'amitié avec le seul homme "poli et gentil" de ce milieu malsain, le Marocain à la peau noire Moha Assou, employé du bar et étudiant aux Ponts et Chaussées, venu du fin fond d'un patelin "hors du temps" du Sahara et de "lieux maudits par Dieu et par les hommes".

L'amitié entre Lucie et Moha se transforme en amour, qui se couronne vite par le mariage. Les évènements se déplacent alors au Maroc, où Moha, une fois son diplôme en poche, revient chercher du travail, laissant son petit ménage (Lucie et sa fillette) à Paris. Les cadres étant une denrée rare dans le Maroc fraîchement indépendant, le jeune ingénieur accède, immédiatement et sans coup férir, au très convoité poste de chef d'arrondissement au ministère des Travaux publics.

Avec sa petite famille qu'il rappelle aussitôt auprès de lui, il mène une vie aisée à Marrakech, où les contrastes sont criants entre la misère des quartiers populaires et le luxe des quartiers européens. Lucie s'accommode, bon gré mal gré, de son nouveau train de vie qui lui offre tous les agréments auxquels peut aspirer un ménage aisé dans une société conservatrice.

Elle trouve consolation de son exil auprès de compatriotes françaises, orgueilleuses épouses de Marocains de haut parage, qui lui témoignent une amitié fallacieuse et une jalousie mal dissimulée.

Brillante ascension, corruption et décadence morale

Enivré par sa gloire, Moha, quant à lui, coupe définitivement le cordon ombilical avec son bled et sa famille déshéritée (qui lui inspirent désormais honte et répugnance), après une visite impromptue de son père fellah qui finit dramatiquement. Le père Assou, Indigné par l'ingratitude de son fils, son reniement de ses origines et son mariage tenu secret, avec une "nasrania" de surcroît, jette la malédiction sur lui et sur sa famille.

D'abord témoin passif des pratiques d'abus de pouvoir, de malversations et d'enrichissement illicite qui sévissent dans l'administration, le jeune cadre ambitieux finit par " rentrer à son insu, du moins les premiers temps, dans un cercle vicieux dont il était difficile de sortir ". Contaminé par la corruption et la débauche ambiantes, il cède, une fois pour toutes, à l'appel de l'argent sale et se procure une maîtresse.

Lucie, crédule et insouciante, se laisse facilement convaincre que l'amélioration subite du niveau de vie de son ménage est due à l'habileté et au savoir-faire de Moha. De même, elle impute son absence, de plus en plus prolongée du foyer, à la lourdeur des charges professionnelles dont il est investi. Après avoir placé sa fille, devenue adolescente, dans une université parisienne, elle se donne à cœur joie aux jouissances que lui permet sa vie opulente au Maroc.

Vingt ans se sont écoulés depuis l'installation de la famille Assou à Marrakech, au cours desquels le fossé s'est creusé chaque jour davantage entre le couple. Age et surpoids aidant, Lucie a perdu son charme d'antan et ne réussit plus à retenir son homme, qui, usant de son argent et de son pouvoir, part à son insu de conquête en conquête. Sa dernière en date, Halima, séduisante jeune fille d'une famille bourgeoise ruinée, se sert de lui comme courte échelle pour retrouver le niveau de vie auquel elle s'était habituée.

Pour lui faire abandonner la "nasrania" de sa femme, elle n'hésite pas à recourir, sur suggestion de sa mère, à la magie noire. Ayant réussi à soudoyer le jardinier de la maison Assou, les deux femmes font avaler à Lucie une matière extrêmement nocive destinée à lui donner la folie, mais qui finit par causer sa mort par empoisonnement. Le roman se clôt sur le verdict rendu par le tribunal, après une enquête enclenchée sous la pression de l'ambassade française, lequel inculpe les deux femmes et met en cause la négligence de Moha.

Les contrastes de la société marocaine d'après l'indépendance mis à nu

Plus qu'un mariage mixte entre deux personnes de différentes nationalités, le roman décrit ce mariage, plutôt malheureux, entre deux cultures, modes de vie, voire deux univers aux antipodes. Les "indigènes" ne voyaient dans les Français que d'anciens colons et des mécréants et, dans les Françaises tout particulièrement, des voleuses d'hommes qui dérobent leurs fils de leurs familles.

Celles-ci, pour leur part, regardaient de haut le peuple, évitaient autant que possible de s'en mêler, et vivaient en cercle fermé. Optant pour un style limpide, sans détours, des phrases laconiques et percutantes et un minimum de description, Ahmed Hijaouy jette, au passage, un regard panoramique sur le Maroc de l'après-indépendance, où les valeurs authentiques d'attachement à la terre, de générosité, sacrifice, cohésion familiale (incarnées par la famille et les gens du douar de Moha) restent de mise dans le monde rural malgré la précarité et l'ignorance.

Par contre, la plume acerbe de l'écrivain, critique impitoyablement les m¿urs de la haute société citadine qui récolte avec rapacité les fruits de la modernité et s'enrichit aux dépens du peuple, abandonné à la misère. C'est le portrait d'une bourgeoisie hypocrite, déracinée, qui vit à l'occidentale, aveuglée par l'argent facile et le modernisme européen, que Hajiouy brosse dans ce roman. Moha, petit à petit perverti, finit par en faire partie et c'est cela, à juste titre, qui le conduit à sa perte.

19/1/2012

Source : Aufait/MAP

Du 1er au 24 février, le Cabaret Sauvage présente Barbès Café, un spectacle musical par créé par Méziane Azaïche et Naïma Yahi, qui a pour thème l'immigration maghrébine en France, racontée à travers l'histoire de ses artistes, de ses musiques et de sa culture.

"Dès les années 1930, les cafés-hôtels deviennent des lieux de vie et de mémoire. On y prend des nouvelles du "bled", on y écoute de la musique, on y cherche du travail, on y fait sa prière du vendredi. Le sentiment national va naître de l'exil. Loin de sa terre, on découvre l'entre-soi, une connivence avec d'autres exilés."(Benjamin Stora)

Barbès Café plonge le spectateur dans l'atmosphère de ces cafés et cabarets mythiques où la musique et les récits de vies se rencontrent. A partir d'un travail mêlant comédie et images, en une dizaine de tableaux, nous suivons des années 50 à nos jours des histoires, des époques, nous revivons les évènements marquants avec pour fil d'Ariane, le parcours de ces musiciens qui ont marqué la musique arabe en France et ailleurs. Des origines, marquées par le blues de l’exil chanté dans les bars de Barbès, à aujourd’hui, où le leg des anciens est défendu par une nouvelle génération d’artistes comme faisant partie du patrimoine
musical français.

Pendant la période de création, en marge des répétitions, une série d’actions culturelles est organisée dans les quartiers du nord est de la métropole. Vous trouverez les dates et lieux de ces évènements dans le dossier de presse.

19/1/2012

Source : Générique

Les Marocains résidant à l’étranger (MRE) demeurent au cœur des priorités de l’action gouvernementale, à travers la défense de leurs droits, la préservation de leurs intérêts et le renforcement de leurs liens avec la mère-patrie, a affirmé le Chef de gouvernement, M. Abdelilah Benkirane.

Présentant, jeudi, la déclaration gouvernementale devant le Parlement, M. Benkirane a précisé qu’il sera procédé dans ce cadre à la mise en Œuvre d’une politique publique intégrée et cohérente visant à réaliser la complémentarité d’action entre les différents intervenants dans la gestion des affaires des Marocains résidant à l’étranger.

Cette politique se décline en cinq axes principaux portant sur les volets religieux, culturel et éducationnel, administratif et consulaire, social, économique et de la participation à la vie nationale, a-t-il expliqué.

Concernant l’aspect religieux et culturel, M. Benkirane a indiqué, qu’en réponse aux demandes croissantes des MRE, le gouvernement œuvrera, dans le cadre d’une approche participative et intégrée, à développer et à diversifier les programmes d’éducation, d’encadrement religieux et d’enseignement des langues arabe et amazighe.

S’agissant du volet administratif et consulaire, a-t-il poursuivi, le gouvernement s’attèlera à l’amélioration des services administratifs destinés aux MRE, l’objectif étant de préserver leurs droits et intérêts, à travers la généralisation de la consultation juridique, judiciaire et administrative, la simplification et l’activation des procédures de traitement des plaintes et de règlement des litiges administratifs, la mise en place de programmes d’orientation et le renforcement du réseau de centres consulaires et la modernisation de leurs services et de leurs prestations pour leur permettre de répondre aux attentes des MRE.

Pour ce qui est du volet social, le gouvernement œuvrera à la consolidation du dialogue et à la diversification des canaux de communication et de coopération avec les gouvernements des pays d’accueil, ainsi qu’à la révision et l’élargissement des accords bilatéraux dans le domaine social, a ajouté M. Benkirane, indiquant qu’il sera de même procédé au renforcement des services sociaux au niveau des consulats, et des partenariats avec la société civile des pays d’accueil.

Au volet économique, le gouvernement élaborera un plan d’action intégré à travers la mobilisation des moyens nécessaires pour favoriser l’émergence d’une nouvelle génération des investissements des Marocains de l’étranger, notamment la création d’une banque d’investissements, la mise en place de mécanismes de motivation, de financement et d’accompagnement, outre la réservation de tranches spéciales MRE dans les grands projets nationaux d'habitat.

Le chef de gouvernement a, d'autre part, indiqué qu’en réponse aux aspirations légitimes des MRE à la participation fructueuse aux différents aspects de la vie nationale, le gouvernement veillera à la mise en Œuvre appropriée des dispositions de la nouvelle constitution les concernant (articles 16, 17, 18 et 163), en vue, notamment, de renforcer et de préserver les liens avec les nouvelles générations de MRE et de créer le climat propice à la communication avec ces générations.

19/01/2012

Source : MAP

Plus de 140 ONG de défense des droits de l'Homme et organisations politiques et syndicales espagnoles ont appelé, mercredi, à la fermeture des Centres d'internement des étrangers en Espagne (CIE), des "lieux opaques où les droits fondamentaux des personnes sont bafoués".

L'appel, qui figure dans un manifeste publié à Barcelone (nord-est de l'Espagne), intervient au lendemain de la mort subite d'un ressortissant de nationalité guinéenne dans le Centre d'internement des étrangers de la capitale catalane.

Selon la version de la police espagnole, qui a cité un rapport des médecins légistes, le décès du jeune guinéen (21 ans), survenu le 5 janvier, serait dû à une crise cardiaque.

S'exprimant lors d'une conférence de presse, au nom de l'Observatoire du système pénal et des droits humains de l'Université de Barcelone, Cristina Fernandez a qualifié les CIE d'"espaces d'impunité où les principes démocratiques et les droits sont constamment violés", ajoutant que les plaintes ne sont jamais instruites car les pensionnaires qui désirent témoigner des abus commis dans ces établissements sont souvent expulsés.

Elle a également estimé "illégal de priver des personnes de leur liberté pour la simple raison que leur situation administrative n'est pas régularisée", affirmant que le fait de ne pas disposer de papiers en règle ne peut être considéré comme un "délit", mais plutôt comme une "faute administrative".

Pour sa part, l'avocat de l'Association catalane des droits de l'Homme, José Javier Ordonez a critiqué le refus du gouvernement espagnol de dévoiler le nombre d'étrangers retenus dans ces centres, destinés à héberger les sans-papiers dans l'attente de leur expulsion vers leur pays d'origine.

Citant des chiffres non officiels publiés par des ONG, M. Ordonez a indiqué que les centres d'internement des étrangers accueillent chaque année 16.000 personnes, dont seuls 49 pc sont expulsées vers leur pays.

"L'internement n'est plus une mesure préventive. Il est devenu une sanction, un châtiment contraire aux règles juridiques", a-t-il dénoncé.

Les signataires du manifeste ont, par ailleurs, appelé à l'ouverture d'une enquête objective sur la mort du jeune guinéen, "décédé dans des circonstances confuses", à protéger les témoins de ce drame et à autoriser les avocats et les militants des organisations humanitaires à accéder à cet établissement.

Ils ont de même convenu d'organiser une manifestation vendredi devant les locaux de la Délégation du gouvernement espagnol à Barcelone au cours de laquelle ils devront remettre une copie de leur manifeste à la représentante de l'exécutif central.

De son côté, le médiateur de la Catalogne, Rafael Ribo avait annoncé, la semaine dernière, l'ouverture d'une enquête sur le décès du jeune ressortissant guinéen.

L'Espagne dispose d'une dizaine de centres d'internement des étrangers, en instance d'expulsion, dont le nombre n'est jamais communiqué.

18/01/2012

Source : MAP

 Le premier ministre italien, Mario Monti, a plaidé mercredi pour la moralisation du débat public sur les immigrés, en allusion aux écrits de presse qui font l'amalgame entre la sécurité et l'immigration.

"Il y a nécessité de tempérer le langage dans le débat public traitant de la question de l'immigration et des immigrants", a indiqué Monti dans des déclarations de presse.

"La dignité des personnes et la sécurité peuvent et doivent être réalisées ensemble, et ceci n'est pas pour concilier des valeurs contradictoires, mais pour relier des questions totalement légitimes et dont nous sommes tous conscients", a-t-il expliqué.

Des médias italiens mènent campagne contre les immigrés depuis la double agression mortelle perpétrée contre un ressortissant chinois et sa fille, le 4 janvier, à Rome et qui a été suivie d'une descente policière dans un quartier d'immigrés donnant lieu des centaines d'interpellations.

Dans cette affaire, la police est toujours à la recherche de deux ressortissants marocains soupçonnés d'être les auteurs de ce double crime motivé par le vol.

"Il n'y a pas de sécurité sans respect, mais l'on ne peut pas forcer les gens à adopter une bonne conduite, mais on doit les en convaincre", a souligné Monti.

Le Premier ministre italien a appelé à cet égard, au rejet "des excès et des abus de langage qui ont contaminé le débat général", sur les sujet de l'immigration, soulignant que "certaines expressions sortent de notre contrôle, et nous ne savons pas précisément où elles conduisent", en allusion à la xénophobie.

"Ce langage a constitué et constitue toujours, dans de nombreux cas, malheureusement, le moyen pour les gens d'aborder des sujets liés aux questions d'immigration et d'intégration", a-t-il déploré.

Monti est le premier chef du gouvernement italien à avoir créé un ministère en charge de l'immigration et de l'intégration. (APS)
18/01/2012

Source : Agence algérienne (APS)

Le chef du nouveau gouvernement marocain Abdelilah Benkirane, leader du parti islamique Justice et développement (PJD), a fait ses premiers pas sur la scène internationale en recevant mercredi son homologue de droite l'Espagnol Mariano Rajoy, qui vient lui aussi d'arriver au pouvoir.

Le déplacement de M. Rajoy qui vise à donner un nouvel élan aux relations bilatérales entre les deux voisins survient alors que le Maroc et l'Espagne sont tout deux empêtrés dans des problèmes socio-économiques sur fond de chômage, et doivent régler des dossiers épineux au niveau bilatéral.

S'exprimant devant la presse espagnole, Mariano Rajo a évoqué les réformes démocratiques menées par le roi Mohammed VI en affirmant que le Maroc "est un exemple à suivre pour beaucoup d'autres pays".

L'Espagne "sera aux côtés du Maroc pour contribuer à la réussite de ce pays voisin parce qu'il n'y a pas dans le monde de pays plus intéressé que l'Espagne par le fait de pouvoir compter sur un Maroc démocratique, prospère et stable".

Par ailleurs, les dossiers sensibles entre les deux pays concernent notamment la pêche, la sécurité, l'immigration clandestine ainsi que la question du Sahara occidental.

"Nous avons besoin d'un dialogue long et patient pour régler toutes les questions sur lesquelles nous ne sommes pas d'accord", a déclaré à l'AFP le ministre marocain des Affaires étrangères Saad Eddine Othmani, avant cette visite.

M. Rajoy devrait aborder avec ses hôtes le blocage, par le parlement européen en décembre, d'un accord de pêche entre l'UE et le Maroc qui a poussé l'Espagne à exiger une compensation pour sa flotte.

L'Espagne, un pays très gros consommateur de poisson, est le principal bénéficiaire de cet accord qu'il cherche à renégocier "le plus rapidement possible" pour sauver sa pêche.

Pour sa part, le Maroc veut la ratification de l'accord avec l'UE sur les échanges de produits agricoles, ce que freine Madrid qui ne souhaite pas un raz-de-marée sur son marché.

Du poisson contre des tomates

Outre ce dossier "poissons contre tomates", l'immigration clandestine, la sécurité et le Sahara occidental devraient être au menu des discussions.

"Pour lutter contre l'immigration clandestine, il faut investir dans le sud, et les entreprises espagnoles sont les bienvenues au Maroc", a déclaré M. Othmani, soulignant que quelque "500 à 600 entreprises espagnoles" opèrent dans le royaume.

En raison de sa brève durée, la visite de M. Rajoy reste avant tout une occasion pour les deux nouveaux chefs de gouvernements de faire connaissance, après les élections législatives de novembre au Maroc qui ont amené l'islamiste Benkirane et en Espagne le chef de la droite espagnole au pouvoir.

De fait, selon M. Othmani, toutes les questions "épineuses" devront être discutées au niveau bilatéral entre les ministres concernés avant d'être portées devant la commission mixte présidée par les deux Premiers ministres.

En attendant, la "priorité doit être donnée aux questions économiques car la situation est difficile pour toute la région".

Dans ce domaine les deux partenaires peuvent s'entraider. Souffrant de la crise économique, les PME espagnoles peuvent s'implanter au Maroc, un pays qui a enregistré une croissance d'environ 5% en 2011, où la main d'oeuvre est relativement bon marché.
Et le Maroc, qui subit lui aussi les effets de la crise financière de l'UE son principal partenaire, souhaite attirer des investissements qui commencent à manquer.

Malgré un solde des échanges commerciaux déficitaire pour le Maroc, les exportations vers l'Espagne ont enregistré une hausse de 27,37% en 2011 au moment où les importations ont augmenté de 12%.

Mais les investissements de l'Espagne au Maroc ont chuté l'an dernier, même si Madrid y reste le deuxième investisseur après la France.
Environ 800.000 Marocains travaillent au Maroc, et durant la dernière décennie 51.750 Marocains ont obtenus la nationalité espagnole, au moment où ce chiffre ne dépassait guère 780 cas en 1995, selon le conseil consultatif de la communauté marocaine à l'étranger (CCME).

18/01/2012, Henri MAMARBACHI

Source : AFP

France/étudiants étrangers: le Sénat vote contre la circulaire Guéant

Le Sénat à majorité de gauche a adopté mercredi une proposition de résolution socialiste, qui dénonce "les ravages" pour la France de la circulaire du ministre de l'Intérieur Claude Guéant sur les étudiants étrangers.

La proposition de résolution, qui a seulement valeur d'interpellation politique du gouvernement, a été votée par 174 voix contre 139.
"Voici une circulaire dont les seules conséquences sont qualifiées de +stupides+, +aberrantes+, +infamantes+ par tous les acteurs concernés. Tous dénoncent les ravages portés à nos écoles, l'université, la francophonie et à l'économie", a lancé la sénatrice socialiste de Paris Bariza Khiari, auteur de la résolution.

"Un malentendu s'est créé, s'est amplifié" mais "une nouvelle circulaire" a été prise pour "dissiper définitivement les malentendus", lui a répondu le ministre de l'Intérieur.

Avec les nouvelles dispositions, "le malentendu est levé et la proposition de résolution est devenue sans objet", a-t-il ajouté.

La circulaire Guéant du 31 mai 2011 restreignant la possibilité pour des diplômés étrangers d'obtenir un statut de salarié après leurs études a provoqué une levée de bouclier notamment dans les université mais aussi des réserve au sein du gouvernement et du patronat.

Le texte contesté demande aux préfets d'instruire "avec rigueur" les demandes d'autorisation de travail des étudiants et d'exercer un "contrôle approfondi" des demandes de changement de statut des étudiants étrangers.

Après sa publication, de nombreux diplômés étrangers, dont certains très qualifiés, qui avaient été recrutés dans des entreprises françaises, n'ont pas pu obtenir un changement de statut (d'étudiant à salarié).

A la suite d'une mobilisation grandissante contre cette circulaire, M. Guéant a annoncé vendredi dernier une nouvelle circulaire qui, selon Mme Khiari, ne "lève pas toutes les ambiguïtés".

18/01/2012

Source : AFP

Une trentaine de films seront projetés, du 8 au 11 février prochain, lors du Festival Cinéma et Migrations d'Agadir qui rendra un hommage à l'artiste marocain Younes Migri et à la star égyptienne Hassan Hosni.

Le festival présidé cette année par l'écrivain Tahar Benjelloun, donnera aux amoureux du 7ème Art l'occasion de découvrir quelques films nouveaux portant sur le phénomène migratoire, signés par des réalisateurs marocains et étrangers.

Il s'agit, entre autres, de "Notre étrangère" de Sarah Bouain, "Illégal" de Olivier Masset-Depasse, "Andalousie Mon amour !" de Mohamed Nadif, "Beur sur la ville" de Djamel Bensalah ou encore "Route vers Kaboul" de Brahim Chkiri.

En partenariat avec l'Institut culturel italien, cette 9ème édition propose quelques films italiens à succès traitant de la même thématique comme "L'Orchestra" de Agostino Ferrente, "The Golden Door" du réalisateur Emanuele Crialese, "Lamerica" de Gianni Amelio, ainsi qu'un documentaire sur la situation des jeunes émigrants marocains, sur un récit de Tahar Benjelloun.

Dans la catégorie des courts-métrages, le public suivra, au Cinéma Rialto et dans d'autres espaces de la ville, une panoplie de productions, dont "Rocky doit mourir" de Abdellah Nihrane, "6h15 min" de Mouna Karimi, "Au secours Africa" de Zaynab Toubali, "Mariage mixte" de Salma Eddlimi, "Ensemble" de Mohamed Fekrane, "Sur la route du paradis" de Uda Benyamina et "Chlamydia" de Ben Younes Bahkani.

Artistes au sommet de leur art

Dans le chapitre des hommages, l'Association "Mobadara Takafia" qui organise l'évènement, en partenariat avec le Centre cinématographique marocain, a porté son choix cette sur deux artistes au parcours très riche et qui sont aujourd'hui au sommet de leur art. Il s'agit du chanteur-compositeur et acteur marocain Younes Migri et Hassan Hosni, incontestablement l'une des figures qui a le plus duré au cinéma égyptien.

Natif d'Oujda en 1951 dans une famille d'artistes, Migri s'est lancé, dès son jeune âge, dans le monde de la musique. Certains de ses tubes ont fait le tour du monde.

Il a ensuite embrassé une carrière d'acteur et compositeur de musique de films pour devenir l'un des artistes les plus productifs ces dernières années.

Hassan Hosni, de son côté, compte à son actif une riche filmographie qui traduit un immense talent et une grande capacité de travail malgré ses 74 ans passés. Il continue encore de travailler avec la même vigueur aujourd'hui aux cotés de jeunes stars de la comédie égyptienne.

Pour Omar Halli, président de l'Université Ibn Zohr, et membre de l'Association " Al Moubadara Attakafia ", à l'origine du festival, cet évènement artistique a réussi à gagner, au fil des ans, en maturité, dont témoigne une "programmation qui allie projections de films, ateliers artistiques et débats".

"Je ne peux que me féliciter de la maturité acquise par cet évènement et son succès auprès du public tout comme son souci de maintenir, depuis la première édition, un partenariat privilégié avec le monde universitaire et académique ", dit-il dans un entretien avec la MAP.

Tout un programme a été en effet élaboré à l'occasion de cette 9ème édition au profit des étudiants de l'Université Ibn Zohr, en particulier pour les filières des sciences humaines, des sciences de la communication et de l'audiovisuelle.

Parmi les moments forts figure une rencontre à la Faculté des lettres avec l'éminent écrivain Tahar Benjelloun. Trois ateliers sont prévus sur l'écriture au Cinéma, l'interprétation dramatique et l'image cinématographique. Ils seront animés au profit des étudiants de la faculté polydisciplinaire de Ouarzazate, respectivement par l'acteur et réalisateur Mohamed Nadif, l'acteur Rabie Kati et le cameraman reporter, Houcine Oualil.

Parallèlement aux projections de courts métrages, les étudiants auront aussi l'occasion de discuter du monde du cinéma avec les réalisateurs marocains: Uda Ben Yamina, Mohamed Chrif Tribak et Abdelillah Zirat.

Dans le chapitre des débats et conférences, les mobilités géographiques, notamment des femmes et des mineurs, l'arrière plan démographique du printemps arabe, la migration et droits de l'homme, seront débattus par des chercheurs marocains et étrangers.
Les organisateurs prévoient enfin la projection du film "La danse du Monstre" de Majid Lahcen, qui traite du fléau des abus et violations contre les enfants. Le film tourné à Agadir, sera projeté en présence des membres du casting, dans le cadre d'un partenariat avec l'Association " Touche Pas à mon enfant".

19/01/2012

Source : MAP

D'après Nabil Sebti, un Marocain diplômé d'HEC et l'un des étudiants qui se sont mobilisés pour la dénonciation dela circulaire, «ce texte n'apporte rien de nouveau, il s'agit en partie d'un rappel d'une loi qui date de 2006». En effet, la loi précitée stipule que les étudiants d'un niveau au moins Master ou équivalent bénéficient d'une Autorisation provisoire de séjour (APS) de six mois, .à compter de la date du jury du diplôme concerné. Ce qui figure également sur la nouvelle circulaire…Suite

Une quarantaine de Marocains, qui résidaient et travaillaient en Libye avant le Printemps arabe, se sont regroupés mardi matin devant la représentation diplomatique libyenne à Casablanca pour faire entendre leur voix et présenter leurs doléances concernant l'impasse dans laquelle ils se trouvent aujourd'hui…Suite

L'extrême droite a le vent en poupe en Europe. Comment expliquer cette montée en puissance de  ces partis, qui axent leur discours sur l'immigration et les angoisses identitaires ? Eléments de réponse, avec l'analyse de Jean-Yves Camus…Suite

On l'a vu dernièrement dans le film «Andalousie mon amour !» de Mohamed Nadif, campant le rôle d'un jeune candidat à l'immigration clandestine. Avec son jeu juste, sans cabotinage aucun, ni geste fortuit, Ali Esmili ne passe pas inaperçu. Portrait d'un jeune acteur qui a de l'avenir

Mince, silhouette filiforme, mais athlétique, le visage très expressif, Ali Esmili donne l'impression d'être né pour être acteur. Une théorie que confirme d'ailleurs son parcours. Passionné de littérature depuis son jeune âge, il fait des études d'économie en France avant de tout arrêter pour revenir à ses premières amours : le cinéma. D'une simplicité déconcertante, Ali parle de sa passion pour les arts du spectacle le plus normalement du monde.

Et c'est tout aussi simplement qu'il décide d'entamer des études de cinéma à Nanterre qu'il renforce avec des ateliers de théâtre. Fort de cette formation, il se présente au concours, sélectif et très sérieux, de l'Ecole nationale supérieure des arts et techniques du théâtre (ENSATT). Il l'obtient haut la main et effectue ses trois ans de formation. Naturellement, il fait du théâtre au sein d'une troupe à Valence.

Décidément, la vie artistique d'Ali coule de source. Sa facilité à s'exprimer, matinée d'une certaine retenue, tout de même, ainsi que sa détermination l'ont toujours poussé de l'avant. Son engouement pour l'art le prédestinait à monter sur scène.
Son talent et sa persévérance se sont occupés du reste. «Aujourd'hui, je suis ce qu'on appelle un intermittent du spectacle en France. Je vis du théâtre et du spectacle tout en étant soutenu par l'Etat», avance-t-il tout simplement.

En France, pays d'adoption où il vit depuis 1996, il fait du théâtre.

Au Maroc, son pays de naissance, il avance à pas de géant dans le cinéma depuis seulement près de 3 ans. «Je me retrouve autant dans le théâtre que dans le cinéma», confirme Ali avant d'expliquer : «Le cinéma demande un jeu dans la nuance, dans l'économie et le presque rien alors que le théâtre requiert une tout autre énergie». Un équilibre qui le comble et l'exalte. Et c'est avec beaucoup de bonheur qu'il jongle avec les deux arts.

Ce fils du théâtre a découvert le cinéma il y a quelques années à peine avec Selma Bargach qui lui a confié le rôle principal de son film «La 5e corde».

Aujourd'hui, il est à l'affiche du film «Andalousie mon amour !» de Mohamed Nadif, actuellement dans les salles. Une expérience qu'il qualifie de riche et d'instructive. D'ores et déjà, Ali se sent conquis par l'univers magique du 7e art. «En apprenant le cinéma, je suis heureux. C'est une aventure qui m'a plus», avance-t-il avec assurance.

Mais pourquoi cet acharnement à faire l'acteur et que signifie cette étiquette pour lui? Encore une fois, sans faire dans la complication, le jeune homme fait la part des choses entre le cinéma et le théâtre. «Pour ce qui est du théâtre, jouer c'est de pouvoir créer et défendre une parole collective en vue d'instaurer un espace de débat qui nous permet de réfléchir avec le public. Quant au cinéma, faire l'acteur revient à défendre la vision du réalisateur qui réfléchit le monde à partir d'une idée. On peut donc dire que je suis un intermédiaire qui a pour mission d'ouvrir le débat ». Ouvrir le débat, mais pas seulement.

Vous avez dit une carrière à l'international ?

«Je rêve de pouvoir continuer à faire ce métier comme il se doit et comme j'en ai envie ». Pour cela, Ali Smili ne se pose pas trop la question de savoir si cela doit se faire à un niveau national ou international. Il se contente de faire du théâtre en France et du cinéma au Maroc. «Je n'ai pas une ambition carriériste, mais artistique», une déclaration qui résume parfaitement la vision du jeune acteur. Aujourd'hui, c'est sur les planches qu'il évolue en compagnie d'une troupe lyonnaise qui présente une pièce destinées à être présentée à un public de lycéens. Un projet «de proximité» qui lui tient à cœur. Il est également en tournée avec une pièce de Youssef Fadel intitulée «Cahier d'histoires». La pièce sera présentée en mars prochain en France. Le 23 juin, c'est sur les planches françaises, plus exactement dans le Jura, qu'il jouera «Israël - Palestine : Portraits», de Pauline Sales. Mais le meilleur reste à venir pour ce comédien de talent qui s'investit corps et âme dans son art.

19/1/2012, Kenza ALAOUI

Source : Le Matin

Installée aux Etats Unis, Saida Fikri chante pour la tolérance, l’amour et la paix. Son neuvième album « Daniya Fi Almizane » est sur le point de sortir. Sa voix chaleureuse et douce décrit les sentiments de la révolte et de l'espoir des gens. Artiste compositeur, guitariste et interprète, elle est connue pour l'expression d'une ferveur sociale et humaniste dans un style musical inédit. Portrait.

Quand elle monte sur scène, Saida Fikri fait battre les cœurs et leur procure du bonheur. Ce sont des dizaines de milliers de fans qui viennent l’accompagner et l’admirer au Maroc ou ailleurs. Eloignée des plateaux de la télévision et des ondes de la radio quand elle se produit dans les grands festivals marocains, elle demeure proche du petit peuple et des jeunes.

Un patchwork musical ouvert sur le monde.

A 12 ans, Saida a composé sa première chanson « Liyyam Aliyyam ». Armée de courage et d’orgueil et d’une sensibilité débordante, elle a inventé son propre style. Entre 1994 et 2007, elle a sorti « Nadmana » « Salouni aladab » « Al Hamech » « Kloub errahma » « Jbal errif » « Hanna » « Essilm » en plus de « One World », album destiné au public américain. Ses chansons, Saida les réalise du début jusqu'à la fin. Son genre musical est unique, à la croisée d’influences artistiques diverses. Rock, blues, jazz, folk, pop, country et reggae se mêlent aux notes musicales gnawi, rai ainsi que berbères, orientales et andalouses. Un patchwork musical dont le dialecte maghrébin, français et anglais sonne comme une ouverture à l’infini. Artiste sans frontières, Saida embrasse les cultures et les scènes au Maghreb, aux Amériques et en Europe. Pour elle, « le plus important, c’est le partage ».

Sur scène, Saida Fikri, c’est une allure sportive, les cheveux en l’air, très peu de maquillage avec une présence douce et surtout une communion parfaite avec le public. Sa guitare, tout comme les autres instruments de la musique occidentale auxquels elle recourt n'enlèvent en rien à la qualité de ses tonalités marocaines.

Cette artiste acharnée se donne à sa passion musicale chaque jour. Saida est mariée à Thami et mère de deux jeunes filles ; Rania, guitariste a écrit une trentaine de chansons en anglais et Ghofrane est pianiste.

La guitare accompagne Saida partout. Elle l’a adoré toute jeune au conservatoire de Casablanca. Toute jeune, elle la gratte pour interpréter la musique « country » et les chansons anglo-saxonnes des années fifties et sixties. Elle interpréta avec brio Dolly Parton avant de se lancer avec « Miséria », dans son style marocain doux à la Joan Baez. Une guitare et des paroles qui coulent pour brosser le visage d’une société où l’inégalité et l’injustice sont criantes.

Entourée de musiciens confirmés de nationalités différentes, Saida Fikri, la Casablancaise puise ses textes dans le vécu de son pays d’origine. Ce n’est pas difficile pour elle. Comme elle l’explique, « il suffit juste de rester informé et à l’écoute du quotidien du peuple » Son frère est là aussi, pour lui proposer des paroles et des textes. La détresse, « dakt biya lyam » l’exclusion, « nadmana », la souffrance, « rahlou lakhyam », la nostalgie du pays, « Ya Ahli » sont des thèmes assez présents dans ses chansons.

Au festival de Mawazine, Saida a été accueillie par les vives acclamations de plus de 30.000 fans qui récitaient ses paroles mot par mot. Elle retrouvera son public marocain, le 10 mars à Agadir pour un grand concert à l’occasion de la journée internationale de la femme.

18/1/2012, Fouzia Benyoub

Source : Portail des Marocains du monde

Forts du succès de leur première édition, Zakria Belamri et ses amis de l’association Keep smiling ont renouvelé le concept de la Soirée du Rire Solidaire. Un plateau d’artistes humoristes mené par Hassan Elfad qui a fait un tabac sur la scène de l’Espace REUILLY à Paris en ce début d’année

Ils sont venus dire leur solidarité avec les enfants vivant dans la rue au Maroc. Et soutenir les actions de Keep Smiling qui œuvre depuis 2005 pour la réinsertion sociale des enfants en situation de rue. Hassan El Fad, Badiaa Sanhaji, de Casablanca, DJAL, Samia Orosemane, Nadia RoZ, Nabil Doukali de Paris, Illias Tiiw Tiiw, le Tangerois de Bruxelles et Tareek de la radio Beur Fm, étaient là pour faire rire un public jeune et le sensibiliser à la question des enfants de la rue.

Faire renouer avec l’espoir.

Cette soirée d’humour et de rire fut l’occasion également de mettre en avant de jeunes talents. Elle a été animée par l’artiste Badiaa Sanhaji pour qui «la plus courte distance entre les êtres est l'humour » Quant au parrain de la soirée, HassanEl Fad, il a été dans son rôle de fin observateur des habitants de Casablanca. Comme lorsqu’il traduit son regard décadent des gens qui « rivalisent à qui mieux enfreindra les lois ». Sa ville : « une cité hors la loi » et ses êtres « chacun se considère comme étant un Etat à lui seul »

Samia Orosemane, cette femme de « couleurs », franco-tunisienne, pleine d’énergie et de fraîcheur raconte à merveille multiples personnages. De son quotidien, elle transcrit les anecdotes qui font la vie des femmes de l’immigration. Maghrébines ou Africaines, elle caresse les « mamas » avec douceur et fait ressortir leurs traits en prônant la tolérance. Tombée amoureuse du Maroc lors de son passage à Agadir l’année dernière, elle dit vouloir y revenir. Nadia Roz, dont le plat préféré est le « macaron à l’harissa » a ébloui le public par son mouvement et sa voix. Courant et bougeant, elle occupe l'espace avec une énergie débordante. Elle virevolte avec fraîcheur, se transformant en un clin d’œil en chacun des personnages qu'elle mime.
Atypique, jouant sur les mots (arabe dialectal et français) et raisonnant par l’absurde, le pétillant Nabil Doukalli ne manque pas d’humour pour raconter les scènes de vie des campagnards du Bled. A chaque public, Nabil réserve un spectacle. Il revient ces jours-ci avec son nouveau one man show « Mes heures de gueuloire » où le verbe le dispute à la gestuelle et où le rire n’est que prétexte à la réflexion. Tout content de sa participation à la soirée de Keep Smiling, Illias Tiw Tiw, ce Maroco-Belge n’en revient pas : « Hassan Elfad et les artistes de ouuufff...machallah 750 personnes... Un public de ouuf machallah...10000 merciii » Ce grand fan de la dakka marrakchiya attire le regard dès son entrée sur scène. Un corps qui bouge et une grande voix qui raconte le périple du voyage familial en voiture de Bruxelles à Tanger. Le petit diable, ou TiwTiw de son surnom, avait gagné le premier prix de théâtre de toutes les écoles de Belgique avant de lancer seul son premier spectacle à l’âge de 16 ans.

Des visages d’enfants de la ville de Marrakech ont surgi de l’écran pour raconter le lien qui se crée avec les bénévoles de l’antenne locale installée dans la ville ocre. La réinsertion, un cap exprimé par des paroles mais surtout des regards. A cette enfance qui a quitté les bancs de l’école et connu, souvent, la rupture du lien familial, Keep Smiling œuvre à partir de Paris pour redonner l’espoir et faire retrouver un nid et le chemin de l’apprentissage,

17/1/2012, : Fouzia Benyoub

Source : Portail des Marocains du monde

Les enfants arrivés seuls et clandestinement à Douvres (Royaume-Uni) depuis la France étaient renvoyés automatiquement dans l'Hexagone, révèle une enquête de la commissaire britannique aux droits des enfants.

Un gentleman's agreement secret datant de 1995 autorisait jusqu'en 2011 ce renvoi dans les 24 heures s'ils ne demandaient pas immédiatement le droit d'asile, alors que les enfants seuls débarqués à Douvres sont généralement affamés, malades, épuisés et en détresse, détaille ce rapport de Maggie Atkinson.

Or ces enfants, qui arrivaient dans des conteneurs ou cachés dans des camions, étaient principalement des réfugiés fuyant des zones de guerre ou des jeunes victimes de trafics mafieux, explique le Guardian.

Maggie Atkinson décrit l'accueil des clandestins, immédiatement interrogés sans pouvoir se reposer ou voir un médecin, sans contact avec les services sociaux ou de protection de l'enfance anglais, comme «un échec significatif dans la protection de l'enfance».

Le ministre de l'Immigration a affirmé que, désormais, l'interrogatoire des enfants n'avait lieu qu'après qu'ils aient pu se reposer pendant quelques jours, et trouver des avocats.

Le rapport [PDF] explique aussi que, comme les services sociaux sont prévenus très peu de temps avant l'interrogatoire, ils ne peuvent généralement envoyer un membre de leur personnel. De plus, les sessions se font avec des traducteurs par téléphone, ce qui mène a davantage d'incompréhensions que si elles se faisaient avec un interprète présent lors de l'interrogatoire, et conduit à des désavantages pour les enfants et leur dossier, du coup incomplet ou pas tout à fait correct.

L'accord aura duré plus de quinze ans, entre le 20 avril 1995 et août 2011, lorsque Maggie Atkinson a découvert son existence, après quoi le nouveau responsable de l'agence douanière anglaise y a mis fin. Le gentleman's agreement avait été signé en 1995 par Jean-Paul Faugère, alors directeur des libertés publiques du ministère de l'Intérieur, aujourd'hui chef de cabinet de François Fillon, note Le Monde.

Il concernait adultes et enfants français et belges tentant d'entrer en Angleterre illégalement, et ne s'appliquera plus que pour les adultes.

Ce gentleman's agreement était en plus en désaccord avec la politique britannique, comme le détaille le Guardian, puisque le vice-Premier ministre Nick Clegg a réaffirmé en mars dernier que les enfants arrivant seuls en Angleterre «devaient être envoyés à la plus proche autorité locale pour s'assurer qu'ils reçoivent le même niveau d'attention et de soutien que n'importe quel autre enfant dans le besoin».

18/1/2012

Source : States.fr

A la veille d’un rendez-vous électoral majeur, les questions autour de l’immigration sont au centre des débats dans un flot de discours aussi nauséabonds que dangereux. Nauséabonds parce qu’ils se nourrissent de l’exploitation des instincts les plus bas et de fantasmes qui favorisent le rejet de l’autre et le repli sur soi. Dangereux parce qu’ils divisent, rejettent, excluent et attisent les haines. Dans ce jeu de massacre, la droite sarkozienne et le Front National rivalisent pour capter le maximum de voix. La cible : un électorat déboussolé qui se sent délaissé, écrasé et qui cherche des issues à la pire crise que la France ait connue. Et pour cause : focaliser l’attention sur la question des immigrés permet non seulement de déverser des contre-vérités, mais surtout d’éviter d’aborder les vrais problèmes liés à la crise. Cette dérive est si inquiétante dans tous les pays européens notamment que l’Organisation internationale des migrations (OIM) la dénonce dans son dernier rapport en fustigeant un débat “excessivement tendancieux, polarisé et négatif”, surtout en période de crise. “La migration est souvent invoquée pour masquer les peurs et les incertitudes de la population face aux problèmes du chômage, du logement et de la cohésion sociale dans les pays d’accueil”.

Et le plus écœurant dans cette démarche, ce sont ces calculs froids faits sur le dos de femmes, d’hommes, de familles dont on nie les droits à la dignité et finalement à l’existence. Des calculs et une démarche de la droite aussi bien que du FN fondés sur un accord de fond : la défense des intérêts de la finance.

Où est le vrai problème ? Le nombre d’immigrés ou le système qui les exploite ? La question mérite d’autant plus d’être posée, qu’à l'heure où la crise s’aggrave à cause justement d’un système politique et financier qui a failli, l’heure est à la recherche de vraies solutions pour en sortir. En tirant les leçons de l’expérience, en combattant les fausses solutions et en s’appuyant sur nos atouts et nos vraies valeurs d’ouverture, de fraternité et de solidarité.

18-01-2012,  Rolland Martinez Editorial

Source : La Marseillaise

L'immigration s'invite de plus en plus sur les chaînes de télévision mondiales, surtout sous forme de documentaires mais aussi d'émissions de téléréalité et de jeux, a révélé mercredi l'institut Médiamétrie.

Dans le monde, "côté société, l'immigration occupe le devant de la scène", selon l'étude de Médiamétrie New on the air (Nota) présentée lors d'une conférence de presse.

Les formats sont très différents: ainsi, dans l'émission de téléréalité suédoise "Allt for Sverige", dix Américains d'origine suédoise reviennent aux sources de leurs origines.

Politiquement incorrect, "No place like home", diffusé aux Pays-Bas, permet aux immigrés en passe d'être expulsés de gagner de l'argent. Ils sont testés sur leurs connaissances des Pays-Bas. Le gagnant remporte une somme d'argent qui lui permet de refaire sa vie... dans son pays d'origine.

Le documentaire britannique "Mixed Britannica" suit les histoires d'amour de plusieurs couples mixtes.

Les Néerlandais sont très en pointe sur le sujet. Ils proposent "West side stories" (série documentaire sur l'intégration raciale à Amsterdam), ainsi qu'un feuilleton documentaire "Liefs uit" (le présentateur suit cinq couples dont l'un des partenaires a immigré) et "De slavernij" (série documentaire sur le commerce des esclaves et l'esclavagisme moderne).

Dans la série documentaire suédoise "Ensamkomande flyktingbarn", le téléspectateur découvre le quotidien de sept jeunes réfugiés illégaux de moins de 18 ans.

"Toutes les émissions s'adaptent à la culture locale. Mais l'immigration n'a certainement pas sa place en France pour le moment" sous forme de jeux ou de téléréalité, a estimé Amandine Cassi, directrice du pôle études du service international de Médiamétrie (Eurodata).

Mais, selon elle, "dans quelques années" ce thème pourrait être décliné sous ces formes sur les chaînes françaises.

18/1/2012                

Source : AFP

Depuis quelques années, le cinéma a pris en charge le problème des migrations en Europe et l’ambivalence morale et politique des Européens à l’égard des migrants illégaux. En se répondant ou en s’opposant, trois films récents ont abordé des thématiques proches ou similaires : Welcome de Philippe Lioret (2009), Biutiful de Alejandro González Inárritu (2010) et Le Havre d’Aki Kaurismäki (2011).

Le passeur en quête de rédemption.

Prenant le point de vue des Européens plutôt que celui des migrants, deux des trois films présentent des figures de héros identiques. Simon, le maître-nageur bourru de Welcome, défie les autorités pour apprendre à nager à Bilal, un jeune Irakien cherchant à traverser la Manche. Marcel, le cireur de chaussures bohème du Havre, prend en charge Ydrissa, un jeune Africain échappé des griffes de la police. Dans les deux cas, les personnages n’agissent pas par altruisme. Simon veut jouer à l’humanitaire pour épater et récupérer son ex-compagne. Les efforts déployés pour faire passer Ydrissa en Angleterre permettent à Marcel d'oublier son dénuement matériel et la maladie de son épouse. Parce que leurs couples et leurs foyers vont mal, ces hommes sont en quête de rédemption à travers l'accomplissement d'une action héroïque et civique. Dans le premier cas, cette action est socialement suicidaire et contre-productive : Simon est arrêté et Bilal se noie. Dans le second cas, le jeune garçon finit par quitter le Havre en bateau et Marcel retrouve la quiétude d’un foyer réenchanté.

Dans Biutiful, Uxbal ne prend pas en charge les migrants par charité. Comme Angie dans It’s a free world de Ken Loach (2007), c’est un pauvre qui prospère sur la misère des plus pauvres, un ex-junkie devenu marchand d’hommes qui met en relation la main d’œuvre clandestine et les entrepreneurs locaux. Rongé par le remords, agonisant, il tente de se racheter en aidant certains immigrés. Chez Inárritu, la rédemption prend un caractère historique et spirituel. Uxbal est lui-même le produit de l’immigration, fils d’un latino-américain venu travailler en Espagne (magnifique scène où le fils découvre le corps de son père à la morgue, pétrifié par le formole dans une éternelle jeunesse). Malade mais pourvu de dons de spirite inattendus (il communique avec les défunts), l'âme du héros migre à travers la frontière qui sépare le réel et l’irréel.

Ces trois films mettent en scène des figures d'immigrés plus ou moins substantielles. Dans Biutiful, la caméra ne cesse de tourner autour d’Uxbal, dans une approche à la fois doloriste et misérabiliste, qui empêche le regard du spectateur de se porter sur d’autres peines. Instrumentalisés par le réalisateur, les migrants composent une simple toile de fond scénaristique, apportant de la grandeur à un univers glauque, rendant possible le chemin de croix salvateur du héros. Bilal permet à Lioret de montrer de nombreux aspects de la vie des clandestins (l’ennui et le danger dans la Jungle, les liens discontinus avec une famille émigrée à Londres). La relation d’amitié qu’il noue avec Simon est forte. Mais il reste finalement un faire-valoir scénaristique commode au rachat du héros. Kaurismäki, pour sa part, met en scène un conte. Le personnage d’Ydrissa n’est jamais vraiment défini. Son pays d’origine est inconnu. L’histoire de sa famille reste complexe et obscure. Le réalisateur finlandais réutilise une vielle figure rhétorique du mélo, celle de l’homme mûr et de l’enfant (le Kid de Chaplin).

Si chacun de ces films aborde la question des migrations internationale, leur point de vue épouse toujours celui des hôtes européens. Le récit du malheur des clandestins sert moins à analyser les causes profondes des flux migratoires Sud-Nord qu’à mettre en valeur les tares démocratiques et civiques du vieux continent et de certains de ses pays (la France et l’Espagne). Souvent géographiques, ces œuvres sont d'abord politiques.

Dans Welcome, Lioret filme Calais de manière presque documentaire. Plantant sa caméra dans les lieux usuels et identifiables d’une ville tranquille de province (la piscine, la rue principale, les supermarchés), il montre par contraste un autre monde, souterrain ou périphérique, invisible aux habitants calaisiens, dont seuls les réfugiés maîtrisent la géographie et connaissent les dangers. Des lieux perçus comme des culs-de-sac institutionnels (un centre de rétention avec son tribunal express), informels (la Jungle, la périphérie rurale, les plages, les files d’attente devant les tréteaux des associations caritatives) et géographiques (le port de passagers inaccessible sans billets ou papiers d'identité en règle). La rencontre entre les habitants et les réfugiés relève toujours du hasard et de l'accident (des vigiles expulsant des migrants d'une grande surface devant les clients indifférents ou révulsés). Lioret s'appuie sur une information fouillée, quasi-journalistique, notamment lorsqu’il décrit les règles complexes qui régissent l’utilisation par les émigrés d’une cabine téléphonique ou lorsqu’il montre les techniques employées par certains clandestins dissimulés dans des camions pour déjouer les contrôles de la police. Des trois films, Welcome est le seul à présenter une interface dans son fonctionnement intime et dans la sélectivité qu’elle induit entre migration légale (les touristes, les transporteurs de fret) et illégale.

Inárritu pose sur Barcelone le regard d’un migrant mondialisé. Mexicain œuvrant aux Etats-Unis mais travaillé par ses racines hispaniques, il débarque à Barcelone en voyageur sans attaches, dépositaire du poids de toutes les migrations mondiales en cours. Le port catalan n’est pas un lieu de passage mais un terminus pour des migrants venus d’Asie (des Chinois) ou d’Afrique, parqués dans les périphéries (le centre est le domaine des Catalans). Si le réalisateur montre les filières complexes qui distillent la main d’œuvre illégale à travers les chantiers de construction d’une métropole européenne en expansion ou les ateliers de confection clandestins, Barcelone reste tout de même à ses yeux une impasse continentale qui bloque l'accès à l’Europe. Les corps inertes étendus sur la plage après le chavirage mortel d’une embarcation de fortune ou l’asphyxie de dizaines de Chinois dans une cave en témoignent. De fait, la ville modèle du dynamisme méditerranée et européen (voir l'image de Barcelone dans l’Auberge espagnole de Cédric Klapisch en 2002) perd ses attributs juvéniles et touristiques pour devenir un port de hasard désespérant, qui mélange les peuples et les races dans une confusion de quartiers dégradés où les pauvres venus du monde entier se superposent aux pauvres locaux. Avec ses appartements miteux ou ses caves sordides, la Barcelone d’Inárritu ressemble à une ville du Sud à la dérive, échouée en pleine Europe. Elle fait souvent penser au Marseille décrit par Simenon dans la Fuite de Monsieur Monde.

Kaurismäki n’est pas sensible au caractère moderniste du Havre. Les immeubles d’après-guerre sont filmés de loin, confondus dans les brumes du port industriel, saisis dans une atmosphère toute aussi siméonienne. Il s’intéresse peu à la véracité des lieux qu’il filme : les scènes à Calais ont l’air d’avoir été tournées dans une bourgade normande et les lieux de rétention pour réfugiés sont passés à la moulinette de son kitch triste et minimaliste. En choisissant de placer son action dans des cafés ringards, des rues en brique, des maisons ouvrières modestes et des commerces de quartier périmés, c’est la guerre de 1940 qu’il translate en plein XXIe siècle. Son Havre est une ville de l’Occupation et de la Collaboration, avec ses voisins délateurs, ses rafles et sa misère domestique. La présence des migrants africains traqués par les CRS entraîne la répétition automatique de scènes de cauchemar historique (les rafles de Juifs et de résistants par la police française) que la mémoire des lieux semble avoir conservées par delà l'oubli des habitants et des spectateurs. Résolument anti-documentaire, Le Havre est pourtant, face à Biutiful ou Welcome, l'œuvre la plus politique et la plus militante.

Une politique migratoire européenne en accusation.

La démarche d’Inárritu est trop égotiste pour développer un quelconque point de vue sur la politique migratoire pratiquée en Europe. Dans une scène d’une grande violence, le réalisateur mexicain montre cependant la brutalité de la police espagnole à l’égard des migrants. La poursuite d’une poignée de vendeurs de rues africains donne lieu à une séquence de guerre urbaine, dans laquelle les méthodes policières sont décrites dans toute leur radicalité. Le centre blanc et européen nettoie ses espaces de toute trace de migration et de pauvreté. La quiétude d’un mode de vie urbain moderne mérite bien quelques excès de l’ordre policier.

Welcome structure un propos de combat plus nuancé. Face au drame humain que représentent les migrations clandestines en France, Lioret dénonce l’attitude des pouvoirs publics et de l’état. La police use de moyens retors pour coincer les clandestins (lors de distributions de vivre par les ONG) et les Français qui les aident (la relation entre Simon et le lieutenant de police). En manque de moyens chronique, la Justice est dépassée par le nombre et l’ampleur des dossiers de reconduite à la frontière : les procès-minute s’enchainent, réglant des cas dramatiques et complexes en quelques secondes. En maintenant la misère à un niveau acceptable, les humanitaires sont aussi pointés du doigt, complices involontaires d’un statu quo qui condamne les migrants à végéter à Calais. Avec la mort de Bilal et l’arrestation de Simon, la politique migratoire de la France est montrée comme un échec collectif.

L’air de ne pas y toucher, Kaurismäki va encore plus loin dans la charge polémique. En francophile amoureux d’une nation qui le déçoit, le Finlandais livre une fable humaniste en forme de réquisitoire contre les défauts historiques d’une France qui n’assume plus son statut de terre d’accueil. La police est toujours agressive (les armes braquées sur le conteneur rempli de migrants, les perquisitions musclées, l’évocation de la destruction de la Jungle de Calais) et l’administration est obsédée par le rendement des reconduites à la frontière (le discours off du préfet). Face à un état qui reprend goût à certains travers sombres de son passé, l’action démocratique et participative est plus que jamais nécessaire. Grâce, par exemple, à un concert caritatif et clandestin organisé par les habitants d'un quartier ouvrier pour récolter l’argent qui permettra à Ydrissa de franchir la Manche, la solidarité des petites gens parvient à s’organiser au quotidien. La France du peuple, des modestes, résiste à la France des bureaux et des administrations. Emboitant les métaphores, Kaurismäki donne à son égérie finlandaise Kati Outinen la mission d’incarner la figure symbolique du foyer maternel et féminin (la France ? l’Europe ?). Malade et en danger de mort tout au long du film, elle retrouve la santé et l’espoir de façon miraculeuse lorsque le jeune Africain réussit quitter le Havre pour s'installer et prospérer en Grande-Bretagne. Œuvre profondément subversive, Le Havre préconise la désobéissance civique (le commissaire Monet) pour remédier à la crise de l’humanisme français et européen. Avec son dernier plan –un cerisier en fleurs, Le Havre est aussi une œuvre d’espoir.

18/1/2012, kleszewski

Source : classroom

Innondations en Espagne

Inondations en Espagne : le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des...

1 novembre 2024
Inondations en Espagne : le ministère des Affaires étrangères, de la Coopération africaine et des Marocains résidant à l'étranger mobilisé pour porter assistance aux Marocains dans les zones affectées

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