lundi 8 juillet 2024 00:24

Les États-Unis vont enregistrer un nouveau record d'expulsions de sans-papiers avec des antécédents judiciaires cette année, a estimé mercredi la secrétaire américaine à la Sécurité intérieure Janet Napolitano.

L'année dernière, les États-Unis ont expulsé le nombre record de 195 000 immigrés clandestins avec des antécédents judiciaires, parmi les plus de 390 000 sans-papiers renvoyés dans leur pays.

Cette année-là, «pour la première fois depuis des décennies, 50% des étrangers expulsés par l'ICE (l'administration américaine des douanes et de l'immigration) étaient des criminels qui ont été condamnés», a dit Mme Napolitano lors d'un discours devant l'American University de Washington.

«En 2011, l'ICE expulsera de nouveau du pays un nombre record de criminels condamnés», a-t-elle assuré.

La semaine dernière, l'ICE avait annoncé l'arrestation de quelque 2900 sans-papiers avec des antécédents judiciaires, dans ce qui constituait le plus vaste coup de filet jamais réalisé dans le pays.

Près d'un million d'immigrés clandestins ont des antécédentes judiciaires aux Etats-Unis, selon le directeur de l'ICE John Morton.

Depuis l'arrivée au pouvoir du président Barack Obama, le gouvernement s'est concentré sur l'arrestation de sans-papiers avec des antécédents judiciaires, estimant qu'ils constituaient un danger pour la société.

Quelque 11 millions de clandestins vivent aux États-Unis, parmi lesquels une majorité sont d'origine hispanique, selon les chiffres officiels.

05/10/2011

Source : Canoë/Agence France-Presse

LE PLUS. "Le fait d'avoir séjourné régulièrement en France en tant qu'étudiant ne donne droit à aucune facilité particulière dans l'examen de la délivrance d'une autorisation de travail". Cette mention figurant dans une circulaire de Claude Guéant plonge certains étudiants dans des situations très compliquées.

Depuis plusieurs semaines, des diplômes étrangers sont dans une situation invraisemblable.

L'obsession anti-immigration du gouvernement a conduit Claude Guéant à diffuser une circulaire, le 31 mai dernier, visant à diminuer l'immigration de travail, et en particulier à durcir les conditions dans lesquelles les étudiants étrangers, lorsqu'ils achèvent leurs études, peuvent passer du statut d'étudiant à celui de salarié.

C'est ainsi que des diplômés de master, ayant fait toutes leurs études en France, se retrouvent aujourd'hui à avoir des propositions d'emploi qu'ils ne peuvent accepter faute de visa. Et les délais sont longs, pouvant aller jusqu'à 4 mois... si l'employeur ne se lasse pas avant.

On touche là au sommet de l'absurdité de la politique de Nicolas Sarkozy. A force de vouloir ratisser sur les terres du Front National, le gouvernement en vient à s'attaquer à des diplômés au meilleur niveau, priés de retourner chez eux après plusieurs années de formation payées par la France... plutôt que de faire profiter notre pays de leur talent.

Bientôt, on fera venir des jeunes talents du football, on les formera dans nos centres de formation, et on les renverra dans leur pays au moment de jouer en Ligue 1.

Un collectif s'est créé pour rassembler ces étudiants, qui commencent à voir les refus de délivrance de visa arriver. Leur combat ne fait que commencer. La détermination du gouvernement est entière, comme l'a montré Claude Guéant il y a quelques jours, dans une intervention envers les préfets :

"J'attire en revanche votre attention sur un sujet pour lequel les résultats ne sont pas satisfaisants : les changements de statut, qui permettent à un étudiant étranger, parfois abusivement, d'obtenir un titre de séjour de travail. Vous savez qu'il s'agit d'une source importante de l'immigration professionnelle. Xavier BERTRAND et moi-même vous avons demandé que le nombre de ces changements de statut diminue. Or, la baisse du nombre des changements de statut est insuffisante. Cela doit changer."

J'ai rencontré il y a quelques jours des représentants du collectif du 31 mai, à qui j'ai apporté mon soutien. Je le dis franchement : j'ai honte pour mon pays. La France de Sarkozy et Guéant, ce n'est pas celle que ces étudiants ont découverte à l'école, bercés de l'illusion que ce pays avait une vision universaliste, solidaire. Le pays des droits de l'homme n'est plus ce qu'il est censé être.

Cette politique est dans la droite ligne de celle qui a été mise en place par George Bush, après les attentats du 11-Septembre, et que de nombreux Américains contestent. Car au-delà de l'aspect strictement politique ou moral, c'est un handicap pour leur pays, qui commence à subir une fuite des talents.

Selon un bulletin électronique de l'ambassade de France aux Etats-Unis, "en 2011, on estime à plus d'un million le nombre de travailleurs de haut niveau se trouvant dans ce que l'on appelle les "limbes de l'immigration" (en attente de renouvellement de visa). Ils doivent envisager un retour dans leur pays d'origine, faute de titre de séjour. [...] Alors que le pays a cruellement besoin de talents, américains ou étrangers, on note aux Etats-Unis une hostilité croissante envers les visas de travail pour personnes qualifiées, ce qui va complètement à l'encontre des initiatives favorisant l'entrepreneuriat. "

Avant d'en arriver à cette situation aberrante, il est urgent d'obtenir le retrait pur et simple de la circulaire Guéant, comme le demande le collectif du 31 mai. Et derrière, il faudra remettre à plat la politique d'immigration. Mais ça, c'est pour 2012...

5/10/2011, Bertrand Monthubert

Source : Le Nouvel Observateur

Dans l'analyse détaillée de la situation du marché du travail en Espagne jusqu'à juin dernier, sur les 779.392 demandeurs d'emploi étrangers, 144.938 sont marocains, 8.904 de plus en comparaison avec juin 2010 (5,9%)...Suite

Ambassadeur de mohammed iv auprès de l'empereur, Idriss Al Amraoul a laissé un récit pittoresque de Son voyage dans la France des années 1860...Suite

Hassan Darsi, Mohamed Melehi, Abderrahim Yamou contribuent à étoffer la collection du Centre Pompidou. Ce prestigieux musée français mondialise sa collection d'art contemporain...Suite

Dévoilé récemment les noms des projets sélectionnés qui bénéficieront du soutien de ce concours qui vise à promouvoir les jeunes cinéastes du Sud. Les projets retenus sont l'œuvre de jeunes talents venus d'Algérie, de la Tunisie, de l'Egypte, du liban et du Maroc. Parmi les projets sélectionnés en figurent six du Maroc, deux d'Algérie, deux de Tunisie et un seul du Liban. Initié par «r.ooo» visages Ouarzazate Film Commission (OFC) et Canal France International, en partenariat notamment avec le CCM, le CCME et l'ambassade de France au Maroc…Suite

Les inscriptions au programme de Visa Diversité ont débuté hier, mardi 4 octobre, et se poursuivent jusqu'au 5 novembre 2011…Suite

Si l'Europe ne saurait être réduite à l'islamophobie. Il reste que les aprioris négatifs envers les musulmans remontent a une époque bien antérieure au discours occidental contre «l'axe du mal »…Suite

 

Près de 900 immigrés en situation illégale, de diverses nationalités, ont été expulsés de Catalogne depuis janvier dernier, a annoncé, mardi à Barcelone, un haut responsable de la Police nationale espagnole.

Plus de 600 de ces immigrés avaient commis des délits graves lors de leur séjour dans cette communauté autonome du nord-est de l'Espagne, a précisé le chef de la Police nationale espagnole en Catalogne Narciso Ortega, lors d'un discours prononcé à l'occasion de la "Journée de la Police".

Le responsable espagnol a également fait état du démantèlement de 71 réseaux d'immigration clandestine depuis le début de l'année en cours, précisant que les actions menées par les membres de ce corps de sécurité ont permis l'arrestation de 353 personnes pour leur implication dans des affaires d'immigration illégale.

S'agissant de la lutte contre le trafic de drogue, M. Ortega a fait état de la saisie, durant les neuf premiers de 2011, de 4,7 tonnes de haschich, de 235 kilos de cocaïne ainsi que de 4.195 plants de marijuana et 6.000 comprimés de drogues synthétiques.
Les efforts déployés dans ce domaine par la police nationale se sont également soldés par la mise hors d'état de nuire de 66 réseaux organisés et l'interpellation de 520 suspects, a encore précisé le responsable espagnol.

5/10/2011

Source :MAP

Le Maroc et l'Espagne se sont félicités de la qualité et du niveau fort élevé de la coopération entre les services des ministères de l'Intérieur des deux pays, qu'accompagnent des résultats probants et exprimé leur détermination à continuer à Œuvrer dans ce sens.
Dans un communiqué conjoint rendu public à l'issue d'une réunion de travail tenue, mardi à Rabat, entre le ministre de l'Intérieur, M. Taïeb Cherqaoui, et son homologue espagnol, M. Antonio Camacho, les deux parties ont rappelé la solidité des relations fraternelles unissant SM le Roi Mohammed VI et SM le Roi Juan Carlos. Les deux ministres ont également rappelé la qualité des relations de coopération entre les gouvernements des deux pays et l'attachement de leurs peuples aux valeurs de la démocratie, de la liberté et de la tolérance, ajoute le communiqué.

Ils ont également passé en revue les volets de la coopération bilatérale entre leurs départements respectifs, notamment ceux relatifs à la migration, à la criminalité transnationale organisée, au terrorisme et à la coopération policière.

S'agissant de la gestion des flux migratoires, les deux responsables, mus par l'esprit de la Conférence Euro-Africaine sur la migration et le développement, tenue à Rabat, en juillet 2006, qui avait fait du respect des droits et de la dignité des émigrés, une des priorités de toute action commune dans ce domaine, ont réitéré leur engagement pour une approche globale et intégrée.
Dans ce cadre, M. Antonio Camacho a réaffirmé la crédibilité et la responsabilité du Maroc en tant qu'allié stratégique de l'Espagne dans la lutte contre les réseaux de trafic de migrants et de la traite des êtres humains.

De son côté, M. Cherqaoui a remercié l'Espagne pour sa contribution précieuse à la réussite de l'opération transit 2011.
04/10/2011

Source : MAPF

La mosquée Abou Bakr Essedik de Montbéliard (à l'est de la France), a été le théâtre d’actes à caractère islamophobe, dans la nuit de dimanche à lundi dernier. Une camionnette se trouvant à proximité, a été incendiée et aurait pu réduire le lieu de culte en cendres, sans l’intervention des pompiers. Des tracts racistes ont été découverts sur le site.

Les fidèles de la mosquée Abou Bakr Essedik auraient pu se retrouver sans lieu de culte du jour au lendemain. Un incendie, qui s’est déclaré dans la nuit de dimanche à lundi, a carbonisé une camionnette contenant du matériel de construction destiné à la mosquée. Cette dernière aurait également été ravagée par les flammes, sans l’intervention des pompiers qui ont été avertis par des témoins.

Des papiers pliés en triangle, retrouvés sur les lieux, ont permis de conclure à un acte criminel. Les responsables du lieu de culte sont sous le choc. « En venant faire leur prière quotidienne, des fidèles ont découvert la carcasse carbonisée de la camionnette. Ils m’ont aussitôt appelé », déclare Oahi Gherabi, président de l’association qui gère la mosquée. « Cela m’a fait un choc. Mais, sur le coup, j’ai pensé qu’il s’agissait du geste imbécile de fêtards en fin de nuit ».

Ils ne supportent plus les « bougnoules »

Oahi Gherabi réalise peu de temps après, que les fêtards qu’il soupçonne ont une dent contre la communauté musulmane de la ville. « La police était déjà partie quand j’ai fait un tour pour voir s’il n’y avait pas de dégâts sur la façade. J’ai aperçu des feuilles de papier dissimulées sous des pierres, près des massifs floraux. Elles portaient des inscriptions racistes et un sigle », déclare-t-il au quotidien local Le Pays. L’un des tracts portait les inscriptions « Ras-le-bol des bougnoules ». « Ça m’a fait peur quand j’ai vu les tracts racistes », déclare encore Oahi Gherabi au Pays.

La police tient une piste

Le président de l’association culturelle de la mosquée dit avoir remis les éléments découverts à la police. Une enquête a déjà été ouverte. Elle a permis de faire le rapprochement avec des actes de vandalisme constatés sur des chantiers de la région, entre le 25 et le 27 septembre. La signature sur les prospectus (« Échappées Belles »), et l’écriture sur les tracts seraient les mêmes. Dans les cas précédents les tracts portaient les inscriptions « Vive les femmes » ou « Le pouvoir et les femmes ».

Sur la base de ces éléments, les enquêteurs pensent à un gang féminin mais aucune conclusion officielle n’a encore été tirée. Thérèse Brunisso, pour sa part, estime qu’il s’agit « sans doute d’un petit groupuscule, pas d’un groupe terroriste organisé ».

4/10/2011, Yann Ngomo

Source : Yabiladi

Un rapport de l'Institut Montaigne conduit par Gilles Kepel et publié hier dresse un constat alarmant sur l'emploi et le repli communautaire qui en résulte dans les quartiers difficiles

Six ans après les émeutes qui ont marqué les villes de Clichy-sous-Bois et Montfermeil, en Seine-Saint-Denis, le manque d'intégration sociale et économique des habitants de ces communes reste très préoccupant. C'est du moins la conclusion à laquelle a abouti l'équipe de chercheurs qui a travaillé sous la houlette Gilles Kepel, politologue spécialiste de l'islam, pour l'Institut Montaigne et dont le rapport a été dévoilé hier. Pendant près d'une année entière (de juillet 2010 à juin 2011), sociologues et économistes ont interrogé 100 habitants de l'agglomération, à la fois Français et étrangers (régularisés ou non) pour sonder leur rapport à l'école, à l'emploi, à la sécurité ou encore à la politique. Il s'agit certes d'une enquête de ressenti, centrée sur des témoignages et circonscrite à une zone de 55.000 habitants, mais qui reste néanmoins révélatrice de l'état des banlieues.

Le premier constat, le plus visible, est positif. La rénovation urbaine, à laquelle l'Etat a consacré 40 milliards d'euros depuis 2003 dans toute la France, dont 600 millions sur la seule agglomération de Clichy-sous-Bois -Montfermeil, est une réalité dont les habitants ont bien conscience. « La rénovation du bâti ne peut suffire à assurer cohésion et développement », note le rapport. Le coeur du problème est l'accès à l'emploi. En 2009, les zones urbaines sensibles (ZUS), enregistraient un taux de chômage moyen de 18,6 %, contre 9,8 % en moyenne en France. Un chiffre qui atteint 43 % pour les jeunes actifs. « Le capital éducatif et culturel inadapté d'une partie de la jeunesse », comme le rappellent les auteurs, explique en partie ces mauvais chiffres, mais l'isolement géographique de ces territoires est lui aussi dévastateur.

L'islam, valeur refuge

En transports en commun, il faut 67 minutes pour rejoindre la Défense depuis Clichy-Montfermeil, 86 minutes pour aller à l'université Paris-XIII de Villetaneuse. Le nombre de jeunes diplômés de l'enseignement supérieur est pourtant en augmentation, mais sans réseaux de connaissances et parfois victimes de discriminations, nombre d'entre eux ne parviennent pas à trouver un travail correspondant à leurs compétences. Cette exclusion du marché de l'emploi entraîne chez certains « un rejet radical de la France et des valeurs qui lui sont prêtées », écrit Gilles Kepel. Un fort ressentiment vis-à-vis du système scolaire se développe, accusé de mal orienter. En parallèle, un retour vers le religieux, en l'occurrence l'islam, se fait de plus en plus sentir. De nombreux parents renoncent à mettre leurs enfants à la cantine, pour des raisons financières mais aussi religieuses (non-respect du halal), alors que les immigrés de la première génération n'avaient pas ce souci. « Dévalorisés, ces jeunes ont reconstruit une image positive d'eux-mêmes au travers de la fréquentation des mosquées », indique le rapport. Ce regain d'intérêt pour l'islam, vécu comme une valeur refuge face à l'exclusion ressentie, est pour le chercheur la conséquence la plus manifeste de la crise des banlieues, et non sa cause.

5/10/2011, MARIE BELLAN

Source : Les Echos.fr

Le décret du 7 septembre pris pour l'application de la loi relative à l'immigration, vient préciser les conditions de délivrance de la carte bleue européenne, qui autorise les ressortissants hors UE à exercer une activité professionnelle au sein de l’UE.

La carte bleue européenne

La loi du 16 juin 2011 relative à l’immigration, à l’intégration et à la nationalité, prévoyait la mise en œuvre de cette Carte Bleue Européenne.
Le décret pris pour l'application de cette loi est paru le 6 septembre 2011.

La carte bleue européenne a été mise en place pour les citoyens non-européens hautement qualifiés souhaitant travailler dans un état membre européen.

Elle permet à son détenteur de se déplacer librement, de vivre et de travailler au sein de l’Union Européenne.
L'étranger qui souhaite obtenir cette carte de séjour doit :

- Soit être titulaire d’un diplôme sanctionnant au moins trois années d’études supérieures, soit bénéficier d’une expérience professionnelle d’au moins cinq ans;

- Justifier d'une rémunération annuelle brute minimale (au moins égale à une fois et demie le salaire moyen annuel de référence fixé par arrêté) ;

- Etre titulaire d'un contrat de travail d'une durée d'au moins un an visé par l'autorité administrative ;

La Carte Bleue Européenne sera valable 3 ans, renouvelables.

4/10/2011

Source : Eurojuris

Une discrète circulaire ne cesse de provoquer des remous. Ce mardi, la région Ile-de-France, dirigée par la gauche, a réclamé dans un communiqué le retrait de la circulaire Guéant qui, en empêchant des étudiants étrangers diplômés de rester travailler en France, les menace d'expulsion.

Lundi, des étudiants étrangers récemment diplômés de grandes écoles (HEC, Polytechnique, Sciences Po), réunis dans le «collectif 31 mai», en avaient déjà réclamé le «retrait».

Une circulaire visant à réduire l'immigration professionnelle

La région demande le retrait de la circulaire Guéant-Bertrand, écrivent Isabelle This Saint-Jean et Abdelhak Kachouri, vice-présidents de la région, chargés respectivement de l'Enseignement supérieur et de la Citoyenneté. La région «apporte son soutien aux étudiants, aux enseignants et aux présidents d'université qui ont mis en garde contre les conséquences graves de cette circulaire», car «la politique du chiffre et des arrière-pensées électoralistes ne justifient pas de détourner de nos universités des étudiants qui contribuent au rayonnement culturel et scientifique de notre pays», ont-ils détaillé.

En raison de cette circulaire des ministres de l'Intérieur, Claude Guéant, et du Travail, Xavier Bertrand, visant à réduire l'immigration professionnelle, de nombreux diplômés étrangers de niveau master ayant eu des propositions d'embauche se sont vu refuser depuis cet été l'autorisation de travailler.

Pécresse inquiète de ce qui «serait donc en train de devenir la règle»

La Conférence des grandes écoles (CGE) et celle des présidents d'universités (CPU) ont déjà vivement critiqué cette circulaire, le président de la CPU, Louis Vogel, la jugeant «très grave». «Si nous ne trouvons pas de solution, nous n'attirerons plus ces étudiants» et «c'est fatal à long terme : les diplômés déçus d'aujourd'hui ne risquent pas d'être les avocats de notre économie quand ils occuperont demain des postes de responsabilité», a écrit lundi dans Le Figaro le directeur de HEC, Bernard Ramanantsoa.
Même la ministre du Budget, Valérie Pécresse, a écrit le 26 septembre à Claude Guéant pour lui demander de l'«informer» des consignes transmises aux préfets, faisant référence à «l'application qui semble faite de la circulaire du 31 mai» aux «étudiants étrangers non ressortissants de l'UE et diplômés de grandes écoles françaises qui souhaitent travailler dans notre pays», et qui se voient délivrer un refus d'autorisation. «Ce qui devrait être en droit l'exception, serait donc en train de devenir la règle», écrit celle qui est diplômée de HEC et était jusqu'en juin dernier ministre de l'Enseignement supérieur. A ce titre, elle avait fixé l'objectif de deux tiers d'étudiants étrangers en master et en doctorat d'ici 2015.

Le 21 septembre dernier, le ministère de l'Intérieur avait précisé que «l'objectif, c'est de ménager un équilibre entre donner une première expérience de travail aux étrangers en France et les faire travailler dans leur pays d'origine, pour le développement solidaire».

4/10/2011, AFP

Source : Le Parisien

"Ce qui, dans le nom de Français, nous appelle à l'universel, doit beaucoup aux étrangers qui, choisissant la France comme terre de prospérité et de liberté, sont venus, depuis des siècles, enrichir notre culture, défendre notre sol et soutenir notre économie. La politique d'intégration n'est donc ni un acte de charité, ni un simple devoir. Elle est l'une des manières pour la France d’être fidèle à elle-même". Cette phrase de Simone Veil résume l'état d'esprit avec lequel le Haut conseil à l'intégration, qu'elle a présidé jusqu'en 1998, sillonne la France pour faire remonter au gouvernement les problématiques de terrain rencontrées dans le processus d'intégration des populations immigrées. De passage à Dijon jeudi 29 septembre 2011, le Haut conseil a ainsi pris le pouls de la situation auprès de vingt associations locales, entre débats sur la scolarisation, les discriminations et le manque de moyens alloués par l'Etat pour mettre en place cette politique...

La France, terre d'immigration

A l'origine était l'immigration. Contrairement à ses voisins, la France a déployé une politique officielle dans ce domaine dès la moitié du XIXe siècle, ayant amorcé sa révolution démographique avant la Révolution française... Pour faire face aux besoins des entreprises au moment de la révolution industrielle, les usines et le monde agricole ont accueilli des travailleurs des pays limitrophes : Belges, Allemands, Suisses, puis Polonais, Italiens et Espagnols... Il s'agissait d'une immigration de travail, à la différence d'autres pays comme le Canada, l'Australie, l'Argentine ou les États-Unis, ayant opté pour une immigration de peuplement afin de développer de vastes espaces insuffisamment peuplés. "Dans les années 1920, la moyenne annuelle des entrées en France est de l’ordre de 300.000 immigrés", selon le rapport La France sait-elle encore intégrer ses immigrés ?, publié le 21 avril 2011 par le Haut conseil à l'intégration à la demande du ministère de l'Immigration, de l'Identité nationale et de l'Intégration .

Après la Seconde guerre mondiale, la planification détermine à nouveau des objectifs en matière d’immigration de travail, confiant le monopole des introductions à l'Office national de l'immigration (ONI). Les objectifs fixés seront atteints avec difficulté, la situation économique et sociale de la France n'étant pas suffisamment attractive. "C'est seulement dans la seconde partie des Trente Glorieuses qu'une nouvelle dynamique des flux sera amorcée, alors même que les planificateurs du VIIe plan (1976-1980) conseillaient de freiner l’immigration de travail qui constituait, selon eux, un obstacle à la modernisation de l’appareil productif, malgré l’opposition du patronat. Ainsi le nombre d’immigrés s'est accru de 31% entre 1968 et 1975 et de 7% de 1975 à 1985", souligne le même rapport.

En 1974, à la suite du premier choc pétrolier et de l'apparition d’un chômage de masse, le gouvernement décide de suspendre l’immigration des travailleurs permanents des pays non européens. Seule la venue des travailleurs saisonniers pour les travaux agricoles restera autorisée, ainsi que celle des cadres de haut niveau. Aujourd’hui, la France compte près de 11,5 millions d'immigrés et d’enfants dont l'un des parents au moins est immigré, soit 19% de la population française, d'après l'article "Être né en France d’un parent immigré", publié en mars 2010 dans le magazine Insee Première, édité par l'Insee et cité dans le rapport du Haut conseil à l'intégration précité.

L'intégration en panne ?

De l'immigration à l'intégration des individus dans la société française, le pas n'est pas toujours évident à franchir... "Plus que la simple insertion matérielle des immigrés dans la société d’accueil - et moins que l'assimilation souvent entendue comme l’abandon de la plupart des spécificités culturelles liées à l’origine - l'intégration reste un concept sinon contesté, du moins mal compris. Il désigne un processus qui demande un effort réciproque à l’immigré et à la société du pays d'accueil, une ouverture à la diversité qui est un enrichissement mais aussi une adhésion et une volonté responsable pour garantir et construire une culture démocratique commune", résume Patrick Gaubert, président du Haut conseil à l'intégration. Et de préciser : "Pour éviter les faux débats, précisons que l'intégration s’adresse pour l’essentiel aux immigrés installés régulièrement en France, soit plus de cinq millions de personnes, dont deux millions sont devenues françaises. Néanmoins, le sort de leurs enfants n’est pas indifférent à la politique d’intégration, ne serait-ce que pour mesurer leur évolution sociale. En outre, leur nombre est loin d’être négligeable puisqu’aujourd’hui les enfants d’immigrés, c’est-à-dire les descendants directs d'un ou de deux immigrés, sont 6,5 millions. En tout, ils représentent 19 % de la population française. Ce dernier chiffre suffit à lui seul à montrer l’importance des sujets relatifs à l'immigration et à l’intégration pour notre pays".

Égalité hommes/femmes, laïcité... La question de l'intégration fait régulièrement surface dans les médias lorsqu'elle touche aux principes fondamentaux de la République. Points d'orgue de ces débats : la question du voile islamique à l'école publique jusqu'au vote de la loi du 15 mars 2004 ou, plus récemment, la question du port du voile intégral dans les espaces publics. "Rien de plus normal, puisque l'intégration a pour objet de valoriser ce qui unit les Français et ceux qui ont vocation à l'être. Le Haut conseil à l'intégration observe toutefois que la focalisation sur les principes républicains, aussi importante soit-elle, a pour effet de différer la satisfaction des besoins d'intégration au quotidien des immigrés et de leurs enfants dans notre pays", précise le Haut conseil dans son rapport d'avril 2011.

Mais, malgré le fait que "l'acceptation des personnes d’une autre religion, d’une autre nationalité, d’une autre culture, continue de progresser dans l’Hexagone" selon Patrick Gaubert, "notre pays, comme d’autres démocraties européennes qui ont une longue tradition de tolérance, est aujourd’hui traversé par des tensions identitaires autour de la question de l'immigration, et plus particulièrement de l'islam". Une enquête d’opinion réalisée en janvier 2011 par le German Marshall Fund et citée par le rapport du Haut conseil est, à cet égard, éclairante. "Certes en 2010, 58 % des Français voient toujours dans l’immigration un enrichissement pour la culture de leur pays. Ils étaient cependant 68 % à le penser en 2009. Enfin, face aux revendications identitaires et communautaires, à la montée du populisme en Europe, et aux peurs sourdes qui s’y développent depuis le 11 septembre 2001, confortés par la crise économique et financière de fin 2008, les Français sont parmi les plus sceptiques sur les bienfaits de l’immigration. Selon l’enquête, seulement 38 % des personnes interrogées considèrent que l’immigration est une chance pour la France alors qu'ils étaient 50 % en 2009". Si la politique d'intégration "désigne un processus qui demande un effort réciproque à l’immigré et à la société du pays d'accueil", comme le notait Patrick Gaubert, le vent semble tourner aujourd'hui vers un "repli communautaire", alors même que "les acteurs de l'intégration tels que les partis, les syndicats, les églises, sont affaiblis des instruments comme le service national, qui a disparu".

L'école et les associations, derniers remparts d'une politique en déréliction

Que reste-t-il aux immigrés pour s'intégrer ? "L'école et les associations", résume Patrick Gaubert. Et pour ces deux instances, la situation est loin d'être idyllique. Le Programme de réussite éducative, lancé en 2005 auprès des populations immigrées et prolongé en 2010, dispose par exemple d'un budget annuel de 90 millions d'euros. "C'est considérable. Mais le Haut conseil s’interroge sur l’ampleur des moyens engagés au regard de la relative faiblesse des résultats obtenus, notamment lorsque l'on constate le retard scolaire à l’entrée en sixième", souligne Patrick Gaubert. Même constat au sujet de dispositifs ciblés vers la suite de la scolarité, tels que les internats d'excellence et les mesures d'accompagnement aux classes préparatoires. "Dans un rapport publié en janvier 2010, nous avons recommandé que l'effort soit porté vers le début de la scolarité. Il y a beaucoup de choses qui sont faites en fin de scolarité mais ce sont des palliatifs aux problèmes. Si l'on ne veut pas être obligés de monter des structures en fin de scolarité, il faudrait peut-être mettre un effort beaucoup plus conséquent au début, quasiment à la maternelle. Nous avons recommandé que la maternelle soit obligatoire à partir de trois ans pour ne pas avoir de retard à rattraper plus tard. C'est là, au début, que tout se joue en terme de sociabilité et d'apprentissage de la langue. C'est là également que les inégalités sociales pénalisent le plus", note le président du Haut conseil. A Dijon, des structures telles que le Cesam ou la Cimade accompagnent par ailleurs les adultes dans l'apprentissage de la langue française.

Dans la capitale des Ducs de Bourgogne, le tissu associatif est effectivement dense en ce qui concerne l'intégration des populations immigrées, de l'association de quartier "Grésilles nouveau souffle", qui œuvre à regrouper les différentes communautés du quartier dijonnais, à la Ligue contre le racisme et l'antisémitisme (Licra), en passant par la Cimade ou la Maison de la Méditerranée, dont la mission principale est de susciter des rencontres entre les populations autour de thèmes appartenant à la mémoire collective. "Les associations font ce que l'Etat ne fait plus", résume Patrick Gaubert. "Désormais, la politique française d’intégration prend en charge à titre principal les nouveaux arrivants, et à titre très accessoire, les immigrés plus anciennement établis, voire leurs descendants. Ce choix nous paraît gravement faire l’impasse sur les deux millions et demi d’étrangers résidant en France, qui n’ont pas bénéficié d’une politique d’accueil et d’intégration et sur les descendants d’immigrés devenus Français. En outre, au plan budgétaire, cette décision s’est traduite par une restriction drastique des crédits de l’État consacrés à la politique d’intégration qui sont passés de 183,9 millions d’euros en 2008 à 73,1 millions en 2009, avec un transfert de quarante millions vers la politique de la ville". Ce jeudi 29 septembre, à la MJC des Grésilles, l'écho renvoyé à ce constat par les associations était unanime : elles aussi manquent de moyens, face à une demande d'aide à l'intégration toujours plus forte.

4/10/2011, Benjamin Hutter

Source : Dijonscope

Une semaine après la mort de 6 migrants Nord-Africains dans l'incendie d'un squat de Pantin, les associations de soutien aux immigrés sans papiers dénoncent les incohérences de la politique dite d'Aide au retour volontaire.

“Des démarches systématiques de proposition d'aides au retour aux personnes déboutées du droit d'asile devront être mises en oeuvre”: par cette note adressée à l’Office français de l’immigraion et de l’intégration (Ofii) le 1er septembre, le ministre de l’intérieur Claude Guéant affirmait vouloir augmenter le nombre de reconduites volontaires des migrants dans leur pays d'origine. Un mois plus tard, dans un squat insalubre de Pantin, six immigrés venant d'Egypte et de Tunisie trouvaient la mort à cause d’une bougie mal éteinte. Au-delà du manque de places en hébergements d’urgence, ce drame pose le problème de l'incohérence de la politique dite d’Aide au retour volontaire (ARV).

"Personne ne risque sa vie pour 2000 €"

Imaginée dès 1977, élargie et augmentée par Nicolas Sarkozy alors qu’il était ministre de l’intérieur, l’aide au retour des migrants en situation irrégulière doit contribuer au développement du pays d’origine grâce à un pécule personnel, versé par le gouvernement français. Il s’agit donc d’une d’apporter une vue à plus long terme au problème des flux migratoires, tout en débarassant aux yeux de l'opinion publique les expulsions d’une partie de leur inhumanité. Mais cette aide, d’un montant de 2000€ pour une personne seule ou 3500€ pour un couple, n’est pas proposée spontanément, et doit être demandée auprès de l’Ofii.
Une démarche qui prend du temps, trop pour certains des squatteurs de Pantin. “Quelques-uns avaient entrepris des démarches”, confie un membre du Refuge, association d’aide au migrants basée deux pas du squat.“Un Egyptien, qui voulait rentrer, nous avait confié son dossier, il était complet. Il est mort maintenant.” Le total de ces pensionnaires de fortune se montait à vingt-quatre, et six ont disparu ce matin-là: quatre Tunisiens et deux Egyptiens. Tous n’étaient pas dans la même situation: l’un d’eux avait une carte de séjour valide, plusieurs voulaient rentrer. D’autres, parmi les Tunisiens, avaient refusé l’offre de retour volontaire. La peur sans doute de rentrer au pays, mais surtout l'effet d'une douche froide: la baisse drastique du montant de l’ARV vers la Tunisie, passée en juin de 2000 à tout juste 300€.

"Une mesure irresponsable", pour l’association France-Terre d’Asile, qui s’occupe du droit des migrants arrivés dans l’hexagone. Selon son Directeur Général Pierre Henry, il s’agit non seulement d’une décision illégale, mais aussi totalement contre-productive: “Le gouvernement a justifié cette mesure par les réductions budgétaires, mais aussi le risque d’appel d’air, qui entrainerait l’arrivée de nouveaux migrants venus de Tunisie. C’est ridicule! Personne ne vend ce qu’il possède et risque sa vie pour si peu d'argent.” A 300€, la prime au retour devient presque dérisoire au regard de la rançon versée à un passeur pour traverser la méditerranée: entre 1000 et 1200€.

Un exil temporaire

Dès le mois de juillet, la mairie de Paris a réagi en complétant l’aide de l’Ofii par une enveloppe de 700 euros, versée à chaque Tunisien bénéficiaire de l’aide au retour. Mais l’offre, limitée à une centaine de dossier, est rapidement épuisée. Ceux qui restent sont dans l’impasse. “Même si le calcul est difficile, on peut estimer que sur les vingt-trois mille arrivés à Lampedusa, huit mille sont passés en France, dont la moitié sont en région parisienne. Et je pense qu’il sont entre un quart et un tiers à vouloir rentrer immédiatement, si on compense les frais de leur voyage ”, selon Pierre Henry. Mille personnes, peut-être un peu plus: un chiffre à comparer aux quatre mille retours volontaires accordés par l’Ofii en 2010, principalement à des Afghans et des Irakiens.
L’autre face du drame de Pantin réside dans ces chiffres : on a privé les réfugiés tunisiens d’une aide au retour de plein droit, alors qu’ils sont arrivés en grande majorité en avril-mai, dans la peur de l’après-révolution. Un exil temporaire, comme le confirme l'association Le Refuge:”Chez les anciens du squat, presque tous veulent repartir, même les Tunisiens.” Aujourd’hui logés dans le stade de Pantin par la mairie, les seize rescapés du squat attendent que l’Ofii s’occupe de leur dossier en priorité. En militant pour un meilleur fonctionnement de l’ARV, France-Terre d’Asile est parfois critiquée par les autres associations d’aide aux migrants, qui y voient une manière pour le gouvenement de gonfler les chiffres des expulsions.

Un argument insuffisant, pour Pierre Henry:”Je n’ai pas de problème avec l’aide au retour. Alors on me dit parfois que je suis l’idiot utile. Vaut-il mieux être l’idiot ou le criminel? Le maintien dans la précarité de ces gens, sans solutions de retour, c’est une erreur dramatique et dangereuse du ministère de l’intérieur. Il faut à la fois un dispositif d’accueil temporaire digne, et une aide au retour volontaire efficace.” Le squat de Pantin est l’expression de ces deux manques.

04/10/2011, Matthieu Balu

Source : La Vie.be

Voilà un constat qui va déranger. Dans les tours de Clichy-sous-Bois et de Montfermeil (Seine-Saint-Denis), les deux villes emblématiques de la crise des banlieues depuis les émeutes de l'automne 2005, la République, ce principe collectif censé organiser la vie sociale, est un concept lointain. Ce qui "fait société" ? L'islam d'abord. Un islam du quotidien, familial, banal le plus souvent, qui fournit repères collectifs, morale individuelle, lien social, là où la République a multiplié les promesses sans les tenir.

La croyance religieuse plus structurante que la croyance républicaine, donc. Vingt-cinq ans après avoir publié une enquête référence sur la naissance de l'islam en France - intitulée Les Banlieues de l'islam (Seuil) -, le politologue Gilles Kepel, accompagné de cinq chercheurs, est retourné dans les cités populaires de Seine-Saint-Denis pour comprendre la crise des quartiers. Six ans après les émeutes causées par la mort de deux adolescents, en octobre 2005, son équipe a partagé le thé dans les appartements des deux villes, accompagné les mères de famille à la sortie des écoles, rencontré les chefs d'entreprise, les enseignants, les élus, pour raconter le destin de cette "Banlieue de la République" - c'est le titre de l'enquête, complexe et passionnante, publiée par l'Institut Montaigne.

Le sentiment de mise à l'écart a favorisé une "intensification" des pratiques religieuses, constate Gilles Kepel. Les indices en sont multiples. Une fréquentation des mosquées beaucoup plus régulière - les deux villes (60 000 habitants au total) comptent une dizaine de mosquées, aux profils extrêmement variés, pouvant accueillir jusqu'à 12 000 fidèles. Une pratique du ramadan presque systématique pour les hommes. Une conception extensible du halal, enfin, qui instaure une frontière morale entre ce qui est interdit et ce qui est autorisé, ligne de fracture valable pour les choix les plus intimes jusqu'à la vie sociale.

Les chercheurs prennent l'exemple des cantines scolaires, très peu fréquentées à Clichy en particulier. Un problème de coût évidemment pour les familles les plus pauvres. Mais la raison fondamentale tient au respect du halal. Les premières générations d'immigrés y avaient inscrit leurs enfants, leur demandant simplement de ne pas manger de porc. Une partie de leurs enfants, devenus parents à leur tour, préfère éviter les cantines pour leur propre

descendance parce que celles-ci ne proposent pas de halal. Un facteur d'éloignement préoccupant pour Gilles Kepel : "Apprendre à manger, ensemble, à la table de l'école est l'un des modes d'apprentissage de la convivialité future à la table de la République."

Car le mouvement de "réislamisation culturelle" de la fin des années 1990 a été particulièrement marqué à Clichy et à Montfermeil. Sur les ruines causées par les trafics de drogue dure, dans un contexte d'effondrement du communisme municipal, face à la multiplication des incivilités et des violences, les missionnaires du Tabligh (le plus important mouvement piétiste de l'islam), en particulier, ont contribué à redonner un cadre collectif. Et participé à la lutte contre l'héroïne, dans les années 1990, là où la police avait échoué. Ce combat contre les drogues dures - remplacées en partie par les trafics de cannabis - a offert une "légitimité sociale, spirituelle et rédemptrice" à l'islam - même si la victoire contre l'héroïne est, en réalité, largement venue des politiques sanitaires.

L'islam a aussi et surtout fourni une "compensation" au sentiment d'indignité sociale, politique et économique. C'est la thèse centrale de Gilles Kepel, convaincu que cette "piété exacerbée" est un symptôme de la crise des banlieues, pas sa cause. Comme si l'islam s'était développé en l'absence de la République, plus qu'en opposition. Comme si les valeurs de l'islam avaient rempli le vide laissé par les valeurs républicaines. Comment croire encore, en effet, en la République ? Plus qu'une recherche sur l'islam, l'étude de Gilles Kepel est une plongée dans les interstices et les failles des politiques publiques en direction des quartiers sensibles... Avec un bilan médiocre : le territoire souffre toujours d'une mise à l'écart durable, illustrée ces dernières semaines par l'épidémie de tuberculose, maladie d'un autre siècle, dans le quartier du Chêne-Pointu, à Clichy, ghetto de pauvres et d'immigrés face auquel les pouvoirs publics restent désarmés (Le Monde du 29 septembre). Illustrée depuis des années par un taux de chômage très élevé, un niveau de pauvreté sans équivalent en Ile-de-France et un échec scolaire massif.

Clichy-Montfermeil forme une société fragile, fragmentée, déstructurée. Où l'on compte des réussites individuelles parfois brillantes et des parcours de résilience exemplaires, mais où l'échec scolaire et l'orientation précoce vers l'enseignement professionnel sont la norme. "Porteuse d'espoirs immenses, l'école est pourtant aussi l'objet des ressentiments les plus profonds", constatent les chercheurs. Au point que "la figure la plus détestée par bon nombre de jeunes est celle de la conseillère d'orientation à la fin du collège - loin devant les policiers".

Et pourtant, les pouvoirs publics n'ont pas ménagé leurs efforts. Des centaines de millions d'euros investis dans la rénovation urbaine pour détruire les tours les plus anciennes et reconstruire des quartiers entiers. Depuis deux ans, les grues ont poussé un peu partout et les chantiers se sont multipliés - invalidant les discours trop faciles sur l'abandon de l'Etat. Ici, une école reconstruite, là, un immeuble dégradé transformé en résidence. Un commissariat neuf, aussi, dont la construction a été plébiscitée par les habitants - parce qu'il incarnait l'espoir d'une politique de sécurité de proximité.

Le problème, montre Gilles Kepel, c'est que l'Etat bâtisseur ne suffit pas. Les tours ont été rasées pour certaines, rénovées pour d'autres, mais l'Etat social, lui, reste insuffisant. La politique de l'emploi, incohérente, ne permet pas de raccrocher les wagons de chômeurs. Les transports publics restent notoirement insuffisants et empêchent la jeunesse des deux villes de profiter de la dynamique économique du reste de la Seine-Saint-Denis. Plus délicat encore, la prise en charge des jeunes enfants n'est pas adaptée, en particulier pour les familles débarquant d'Afrique subsaharienne et élevés avec des modèles culturels très éloignés des pratiques occidentales.

Que faire alors ? Réorienter les politiques publiques vers l'éducation, la petite enfance, d'abord, pour donner à la jeunesse de quoi s'intégrer économiquement et socialement. Faire confiance, ensuite, aux élites locales de la diversité en leur permettant d'accéder aux responsabilités pour avoir, demain, des maires, des députés, des hauts fonctionnaires musulmans et républicains. Car, dans ce tableau sombre, le chercheur perçoit l'éveil d'une classe moyenne, de chefs d'entreprise, de jeunes diplômés, de militants associatifs, désireuse de peser dans la vie publique, soucieuse de concilier identité musulmane et appartenance républicaine.

| 04.10.11 |, Luc Bronner

Source : Le Monde

Bon nombre d’Africains ont rêvé de la France, ce « merveilleux » pays de cocagne où il suffit juste de se baisser pour ramasser des billets de banque. Une contrée où le bonheur se rencontre à tous les coins de rue, où « tout le monde il est beau, tout le monde il est gentil », où les policiers vous sourient pour un oui ou pour un non.

NAMUR (Belgique) - La France est-elle toujours cet Etat respectueux des droits de l’Homme où aucun agent de sécurité n’ose lever la main sur un étranger, lui mettre des menottes aux poings et l’envoyer dans le premier charter en partance pour l’Afrique ? De nombreux Africains, partis chercher une vie meilleure à Paris ou dans les villes de province, se posent cette question. Et à l’arrivée, ils ont vite déchanté.

La France n’est plus… la France. Le temps y est gris, les gens renfrognés, les clochards dorment dans les couloirs du métro et tendent la main à des passants qui, tels des zombies, les dépassent sans vraiment les voir. C’est ce rêve brisé vécu par de nombreux immigrants que la jeune réalisatrice burkinabé, Eléonore Yaméogo, a voulu raconter dans son documentaire « Paris mon paradis » présenté dans la section « Regards du présent » à la 26e édition du Festival international du film francophone de Namur (Fiff).

Primé au Fespaco 2011, ce film de 69 minutes est une plongée dans le monde plein de contrastes des Africains de Paris.
La réalisatrice a délibérément choisi de filmer ceux dont les rêves se sont brisés. Il y a Chaba, jeune peintre en bâtiment venu de sa lointaine Casamance et qui essaie de refiler sa camelote à des touristes pressés, devant la cathédrale Notre Dame de Paris ou aux abords de la Tour Eiffel. Ou Bintou, comédienne burkinabé qui a fait défection à sa troupe théâtrale après une tournée en France, espérant « faire son trou » à Paris. Il y a aussi Traoré, vieux malien retraité de la Fonction publique française, qui vit ici depuis l’époque du général De Gaulle et qui finit sa vie en dormant sur un matelas pourri dans une ruelle d’un quartier sordide, attendant les indemnités d’un accident de travail que l’Etat refuse de lui payer.

« J’en ai marre de cette vie»

Une galerie de portraits de naufragés de l’immigration, échoués quelque part dans l’Hexagone, brisant leurs rêves sur les côtes du désespoir. On les voit déambuler à la Goutte d’Or, à Barbès, essayant de mener un semblant de vie dans un pays qui les a exclus, marginalisés. « J’en ai marre de cette vie. Si l’Etat me paie mes indemnités, je ne reste pas 24 heures de plus en France », lâche avec amertume le vieux Traoré qui symbolise toute la détresse de ceux qui sont partis, qui ont quitté leur pays et qui risquent de ne jamais revoir leur famille.

Les images du film sont parfois accompagnées d’une voix off, celle de la réalisatrice, qui fait part aux spectateurs de sa vision de l’immigration. Elle-même a fait face à des refus de visa, avant de rejoindre finalement Paris où elle vit et travaille depuis quelques années. « Je ne décourage pas ceux qui veulent venir en Europe, mais j’ai voulu lancer un message aux Africains en leur disant de bien préparer leur voyage et de ne pas partir tête baissée. La vie est très dure en Occident, surtout lorsqu’on est sans papiers et sans travail », nous a expliqué Eléonore Yaméogo, dimanche soir à la fin de la projection de son documentaire à la salle Caméo 5 de Namur.

J’avais honte de rentrer bredouille

Des scènes poignantes, tirées d’un document vidéo de Mediapart, ont été intégrées dans son film pour mieux montrer la cruauté avec laquelle les policiers français traitent les sans-papiers ou les sans-logis africains. On y voit une femme dont le bébé qu’elle porte sur le dos est traîné sur l’asphalte, ou une autre, enceinte, que les Crs malmènent malgré son état.
Tout cela donne la nausée et l’on se surprend à se demander comment l’Etat français peut permettre de telles attitudes envers des êtres humains. Mais on se demande également pourquoi les Africains persistent à rester en France où ils sont plongés dans une déchéance et une misère qu’ils ne vivraient certainement pas chez eux.

« J’avais honte de rentrer bredouille et de supporter le regard des autres », répond la comédienne burkinabé Bintou qui, finalement, a obtenu des papiers en règle après avoir eu… une fille. Son retour au pays pour des vacances l’a quand même quelque peu déçue, car elle avait l’impression que sa famille n’en voulait que pour ses euros.

La jeune réalisatrice Eléonore Yaméogo n’a certes pas innové en parlant d’un sujet déjà traité dans le cinéma africain. Son audace est d’avoir campé sa caméra dans des lieux parfois hostiles et d’avoir fait témoigné, à visage découvert, des Africains happés dans le piège infernal de l’immigration et qui peinent à sortir la tête de l’eau.

04 Octobre 2011

Source : Le Soleil

Ils sont posés là, hagards, sous la grande verrière du tribunal de Bobigny (Seine-Saint-Denis). La mine juvénile, tristoune, de ceux qui ne comprennent pas bien pourquoi. Népalais, Indiens, Pakistanais, Maliens, l’administration française les appellent «mineurs étrangers isolés» (MEI). Agés de 15 à 17 ans, certains ont voyagé plusieurs mois entre ciel et terre, dormi dans des conteneurs, et passé un nombre ahurissant de frontières pour arriver dans «un pays ami», où faire des études «est à la portée de tous», affirme l’un d’entre eux.

«Système D». Faute de moyens d’accueil, ils vivent, entre les salles d’audience, de la générosité du personnel administratif de la protection judiciaire de la jeunesse (PJJ) et des greffières du tribunal pour enfants. Sur leurs deniers propres, et parce qu’ils sont presque tous «des papas et des mamans», ils achètent «aux petits» de quoi boire, manger, et se couvrir. Car, le soir venu, lorsque le tribunal baisse le rideau, les mineurs étrangers regagnent la rue. Ils dorment dans des parcs, tentent d’attraper au vol des maraudes, ou poussent la porte des mosquées, des églises, ou des temples sikhs. Deux ont eu la chance d’être recueillis bénévolement par un conseiller municipal de Montreuil…

Réunie vendredi après-midi, l’intersyndicale SNPES-PJJ-FSU, CFDT et CGT a voulu «pousser un coup de gueule monumental pour que la France se montre un peu digne et honnête. Ce système D immonde doit cesser ! Il n’est donc pas possible de trouver des fonds pour payer des nuits d’hôtel à ces mômes ? La vérité, c’est qu’ils sont instrumentalisés à des fins politiques, et c’est dégueulasse», s’emporte le délégué SNPES Thomas Danglot. Effectivement, depuis plusieurs années, un bras de fer oppose le conseil général PS de Seine-Saint-Denis à l’Etat au sujet de la prise en charge de ces mineurs isolés. Ils sont environ 6 000 en France, mais se concentrent dans six départements : Paris, Nord, Pas-de-Calais, Mayotte, Guyane, et donc la Seine-Saint-Denis. Ce qui met sous tension les dispositifs d’accueil dans ces territoires, d’autant que le nombre de mineurs sans papiers croît avec les désordres planétaires : famines, persécutions, pauvreté, guerres… Ils arrivent par l’aéroport de Roissy, mais surtout par voie terrestre, la Seine-Saint-Denis étant limitrophe de Paris, «Ville lumière», vers laquelle beaucoup convergent. Leur accueil se fait en vertu de la convention internationale des droits de l’enfant, ratifiée par le gouvernement français. Elle dit, en substance, que tout mineur a droit à protection et assistance là où il se trouve. Oui mais, voilà. L’Etat français a signé, mais il se défausse sur quelques collectivités territoriales…

En 2010, la Seine-Saint-Denis a dépensé 35 millions d’euros pour accueillir 943 jeunes (contre 14 millions en 2007). Une somme considérable pour ce territoire, en butte à des difficultés budgétaires et habité par une population pauvre : c’est le département qui a le plus gros pourcentage de logements sociaux. Ces dernières années, Claude Bartolone, président du conseil général, a écrit à tous les ministres concernés par le dossier : Affaires sociales, Intérieur, Affaires étrangères, Justice, ainsi qu’à François Fillon. Pour leur expliquer que la Seine-Saint-Denis ne pouvait pas assumer seule «au nom de la France». Pas de réponse.

En juillet, le rapport de forces s’est sacrément durci. Dans un entretien à Libération, Bartolone annonçait qu’il ne prendrait plus en charge «un seul mineur isolé étranger de plus à compter du 1er septembre» si l’Etat ne manifestait pas, enfin, sa solidarité. Ce qui est advenu, puisque les nouveaux arrivants ont été systématiquement aiguillés vers la PJJ (organe de l’Etat), créant le chaos constaté au tribunal de Bobigny.

«Volonté». Mardi, une réunion s’est tenue entre le conseil général et les services de l’Etat : préfet, procureur de la République, police aux frontières (PAF), Office français de l’immigration et de l’intégration (Ofii). En réponse aux demandes de Bartolone, il a été décidé «une répartition plus équitable et homogène» des mineurs entre tous les départements du territoire français. Peut-être la fin du tunnel. Mais, sur les terres du député PS, on reste sur ses gardes. Pour être mise en œuvre, cette solution doit être consolidée juridiquement : le parquet de Seine-Saint-Denis devra se dessaisir au profit du parquet du département dans lequel sera envoyé l’enfant. Pour que ça marche vraiment, il faut «un mode d’emploi clair. Une vraie volonté de tous. J’attends de voir», dit Claude Bartolone.

Hier à 8 heures du matin, il y avait encore trois mineurs emmitouflés dans des couvertures orangequi tapaient à la porte du tribunal de Bobigny.

3/10/2011, TONINO SERAFINI, WILLY LE DEVIN

Source : Libération

Après Bruxelles, Anvers et Rabat, le Maroc a fait escale à Paris avec une exposition- 6oo peintures, documents d'archives et photographies, pour la plupart inédits - , dont le titre même invite à une nouvelle lecture de l'Histoire et des liens noués entre le Maroc et l'Europe du XVI" siècle à nos jours…Suite

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