samedi 3 août 2024 21:22

Interview avec Nacira Guénif-Souilamas, sociologue, maître de conférences à l’université Paris-XIII, affirme la prédominance des contraintes économiques sur les pressions familiales dans les cités.

Nacira Guénif-Souilamas, sociologue, a écrit, entre autres, avec Eric Macé, le livre les Féministes et le Garçon arabe (éd. de l’Aube, 2004), dans lequel elle dénonce la rhétorique sur les femmes de banlieue développée depuis cet évènement, notamment, par l’association Ni putes ni soumises.

Pourquoi critiquez-vous l’action de «Ni putes ni soumises», association née dans les sillage de la mort de Sohane Benziane ?

Je trouve qu’ils sont dans la surexploitation de la veine victimaire, alors que ces femmes n’ont pas besoin d’être considérées comme des victimes. Tout cela est un effet d’aubaine politique, et «Ni putes ni soumises» en est le symptôme. Il y a certes eu une dégradation des conditions d’existence dans laquelle vivent ces femmes en banlieue. On parle de milieux sociaux démunis.

Mais malgré tout, une certaine rhétorique politique persiste qui continue à présenter ces jeunes femmes uniquement comme des victimes. Et avec ça, il y a une politique de l’identité sexuelle qui s’est racialisée, avec l’idée qu’un machisme serait génétiquement attaché à certains hommes. Avec l’affaire DSK on s’est rendu compte que le machisme pouvait aussi toucher des hommes dans des positions de pouvoirs. Parlons de politique sexuelle, mais alors parlons de toute la population. Et puis, en lisant les travaux de terrains, on comprend que les parcours sont plus complexes, que les rapports sexuels entre femmes et hommes ne se traduisent plus seulement sous la forme du viol et de la guerre des sexes. Ce que montrent les travaux de terrain, ce n’est pas un climat où les jeunes filles seraient constamment menacées de viols.

Pour vous, cette rhétorique de victimisation des femmes dans les banlieues est-elle née dans les suites du meurtre de Sohane ou existait-elle déjà ?

C’était déjà dans l’air. Dans les années 90, on a commencé à avoir ce discours, misérabiliste, sur des filles surveillées par leur père, leur frère. Sur leur victimisation, mais aussi sur leur héroïsation, quand elles parvenaient à être diplômées ou même à sortir avec un blanc. Ces femmes pour moi ne sont ni des héroïnes ni des victimes.

Vous remettez en cause ce qui est dit sur la liberté de nombreuses jeunes filles dans les quartiers, sur leurs contraintes familiales ?

Oui il y a bien des tensions, mais dans beaucoup d’entretiens, les filles disent que leurs parents ne leur imposent pas de contraintes. Elles opèrent elles-mêmes des arbitrages, ce qu’elles veulent dire ou pas, ce qu’elles souhaitent faire ou non. Elles sont les artisanes de leur liberté tempérée.

Et ces contraintes dont on parle ne viennent pas seulement de leur famille, mais des conditions économiques et sociales qui leur sont imposées. Tout cela alimente un discours prédominant, comme quoi les filles ne pourront être «libérées» que si elles s’affranchissent de l’autorité des pères et des frères : depuis dix ans on ne dit que cela, en extrapolant à partir d’exemples. On sous-estime les travaux de terrain car il n’y a rien de sensationnel. A mon avis, ces jeunes filles ont beaucoup plus de mal à trouver un stage ou un emploi à la hauteur de leur diplôme qu’à s’affranchir de leurs parents pour sortir avec un garçon.

1/10/2012, Charlie Dupiot

Source : Libération

Suite au refus opposé aux demandes de visas français d’une dizaine d’artistes sénégalais, le monde culturel du pays africain s’était ému contre les nouveaux pouvoirs publics français. Les fans de ces derniers avaient même annoncé se faire entendre le jour de la visite du président François Hollande au Sénégal. Des menaces prises aux sérieux car Paris et Dakar ont trouvé une solution et ont octroyé des visas aux artistes en question.

Depuis plus de cinq ans, obtenir un visa de séjour en France est devenu la croix et la bannière. Le monde artistique a payé le plus lourd tribut, avec des refus opposés au chanteur Thione Seck qui devait se rendre à Paris pour une série de concerts, Doudou Sarr qui devait honorer un contrat signé avec un hôtel lyonnais, la comédienne Seune Sène, le Pr Oumar Sankharé, écrivain, deuxième Africain agrégé en Grammaire française, et la célèbre costumière Faguèye Bâ qui devait se rendre à Paris la semaine dernière pour dévoiler ses créations. Cependant, Faguèye Bâ, elle, ne s’est pas laissée faire, elle a envoyé des communiqués de protestation dans la presse pour se faire entendre. Et dans la soirée du mardi, les services de visa lui ont accordé le visa sans aucune précision.

Un comité de lutte contre ces tracasseries

Dans un communiqué, Faguèye Bâ fait état de la création d’un collectif contre ces tracasseries notées dans les ambassades occidentales plus particulièrement celles de la France. Selon le communiqué publié le mardi soir, l’artiste tient « à remercier toutes celles et tous ceux qui [lui] ont soutenue à travers cette injustice de décision de refus de visa de la part du Consulat de France, il y a cinq jours. Par Thione Seck, le Pr. Oumar Sankharé et [elle]-même c’est toute la communauté artistique qu’on empêche de circuler afin de promouvoir la création, l’art. [Elle a] donc ressenti cette injustice là, au-delà [d’elle-même]. [Leur] détermination à communiquer une injustice et de lutter ensemble pour la faire reculer, prouve surtout quand on se donne la main, qu’une démarche collective et solidaire permet de porter des avancées en terme de droits. [Elle voulait] également vous sensibiliser sur le fait que nous allons travailler en direction du Ministère de la culture sénégalais, dans le cadre des accords internationaux notamment entre la France et le Sénégal pour une meilleure reconnaissance des ambassadeurs culturels et artistiques de chaque discipline », souligne le communiqué de presse.

La France évite les brassards rouges contre le président Hollande

Tout a commencé par une audience que le président Maky Sall a accordée à l’ambassadeur français au Sénégal dans la journée du mardi. A l’issue de cette audience, le diplomate français avait laissé entendre qu’il était venu coordonner avec le gouvernement du Sénégal la venue du président François Hollande sans donner d’autres détails. Mais de sources proches de la discussion, les deux pays ont abordé les difficultés que les Sénégalais rencontrent en ce moment dans l’obtention des visas pour la France. Les autorités françaises espèrent ainsi éviter des manifestions contre le Président français qui effectue son premier déplacement en Afrique en tant que chef de l’Etat. Ainsi, l’ambassade de France au Sénégal a revu sa copie en octroyant le visa hier soir à la célèbre costumière Faguèye Bâ. Avec l’arrivée du président de la République française François Hollande, le 12 octobre à Dakar, beaucoup de Sénégalais fans de ces artistes avaient promis de revêtir des brassards rouges en signe de protestation. Les brassards devraient rester au placard.

4 octobre 2012, Khalil Dieme

Source : Afrikcom

"Ils sont arrivés à une cinquantaine et ont tiré des coups de feu sur notre village." Rebayal Ali a les yeux toujours un peu ahuris. Le torse maigre enserré dans un maillot de corps humide de mousson, le paysan musulman raconte une nuit d'horreur. C'était le 23 juillet en son village de l'Assam, Etat du nord-est de l'Inde, région hautement stratégique enclavée aux confins du Bangladesh, de la Chine et de la Birmanie. Le matin même, alors qu'il surveillait son buffle dans les hautes …Suite

L’UE cherche sans cesse à renforcer la surveillance de ses frontières extérieures, en utilisant des technologies toujours plus coûteuses. Mais sont-elles efficaces ? Et qui, dans nos démocraties, contrôle les contrôleurs ?, s’interroge le Groene Amsterdammer.

"Il n’y a pas d’alternative”, déclarait, il y a 4 ans, Franco Frattini, commissaire européen chargé de la Justice, de la Liberté et de la Sécurité, devant le Parlement européen. Comme les criminels avaient une meilleure technologie que la nôtre, il annonçait deux projets. Le premier prévoyait la surveillance permanente de toutes les frontières extérieures, y compris à l’aide de drones, pour détecter les migrants en mer. Le deuxième proposait l’instauration de "frontières intelligentes”, permettant la reconnaissance biométrique de toutes les personnes qui entrent et sortent de l’Europe.

Le premier projet, Eurosur (système européen de surveillance des frontières), censé démarrer le 1er octobre 2013, est actuellement examiné par le Parlement européen. "Tous les Etats membres doivent créer un centre qui coordonne l’ensemble des activités de surveillance des frontières menées par la police, les douanes et la marine”, explique Erik Berglund, directeur chargé du renforcement des capacités au sein de Frontex, l’agence européenne pour la gestion de la coopération opérationnelle aux frontières extérieures, à Varsovie. “Jusqu’à présent, le partage des informations n’a lieu que sur la base du volontariat”.

Eurosur, un projet bancal

Eurosur a un triple objectif, souligne Berglund : “Détecter les migrants clandestins, lutter contre la criminalité internationale et sauver les réfugiés qui s’enfuient par bateau”. Selon les ONG, ce dernier aspect est surtout un argumentaire de vente. "Eurosur contribue peut-être à repérer les bateaux”, dit Stephan Kessler du Service jésuite des réfugiés à Bruxelles. "Mais il n’existe toujours pas de procédure pour déterminer qui doit sauver les gens et où ceux-ci doivent demander le statut de réfugié. L’an dernier, Malte et l’Italie ont discuté pendant 5 jours d’un petit bateau en mer”.

Selon les auteurs de Borderline, un rapport réalisé à la demande de la fondation Heinrich Böll, Eurosur est un projet bancal du point de vue technique et organisationnel. "Les seuls qui ont cherché à savoir si le système va fonctionner sont Frontex et les fournisseurs de technologie”, fait remarquer Mathias Vermeulen. Co-auteur du rapport, il est spécialiste de droit international à l’Institut universitaire européen de Florence. "Il n’y a pas d’organisme de surveillance, et la Commission estime que le projet ne devrait coûter, d’ici 2020, que 340 millions d’euros, mais nous arrivons à deux ou trois fois ce montant.

Il est à présent impossible d’arrêter le train en marche, estime Mathias Vermeulen. Ce n’est pas encore le cas de la proposition de "frontières intelligentes”, à l’étude à la Commission. Le porte-parole ne veut encore rien en dire, mais l’on sait déjà que ce que l’on appelle un système d’entrée/sortie est prévu, de même qu’un programme d’enregistrement des voyageurs censé simplifier les vérifications aux frontières pour les voyageurs réguliers. Pour tous les voyageurs non européens, des données seront stockées, comme la date et le lieu d’entrée, l’adresse du contact éventuel dans l’UE et des données biométriques, telles que les empreintes digitales et une photo numérique. A la sortie, la personne sera de nouveau scannée, pour que le système puisse établir qui reste illégalement.

Une opération statistique coûteuse

On dénombre chaque année 100 à 150 millions de visiteurs en Europe. Max Snijder, conseiller en biométrie, est par conséquent sceptique : " Nous n’avons aucune expérience de ce genre de méga-système. Qui va communiquer l’information en cas de décès ? Et quand une personne ne repart pas, que va-t-on faire ? Tous ces avions et toutes ces patrouilles côtières n’auront aucune utilité. Et qui aura accès aux données ?”.

Le terme "frontières intelligentes” est bien choisi sur le plan tactique, estime Mathias Vermeulen. "On a maintenant l’impression d’avoir le choix entre des frontières intelligentes ou idiotes. Dans ce cas, nous n’avons qu’une envie : être intelligents, bien sûr.” Mais la protection des données constitue, selon lui, un problème fondamental : "selon les termes de la législation européenne, il faut avoir une raison légitime de stocker les caractéristiques physiques d’une personne. Or, ce projet considère tous les voyageurs comme des criminels potentiels. Alors que les personnes qui ne ressortent pas à temps peuvent être à l’hôpital, par exemple."

Selon la Commission, le système est uniquement destiné à dresser un tableau statistique général de la migration. Une opération statistique coûteuse dans ce cas : la mise en place de frontières intelligentes coûte 450 millions d’euros et le fonctionnement revient à 190 millions par an. Le Système d’information Schengen, autre grand projet informatique de l’UE, a fini par coûter 5 fois plus cher que les estimations.

Vers une “société de surveillance”

L’expérience des Etats-Unis fournit des raisons de se montrer réticent. Il ressort d’une étude menée en 2008 que le contrôle biométrique à l’entrée a permis de repérer 1 300 visiteurs indésirables. Les dépenses se montaient déjà à 1,5 milliard de dollars. Un système qui coûte 1 million de dollars par cas est-il rentable ? Quant à la Secure Border Initiative pour contrôler en permanence les frontières avec le Mexique et le Canada, 3,7 milliards de dollars y ont été consacrés. Mais les fonds ont été coupés en 2010. Trop compliqué sur le plan technique et pas rentable, a conclu le Government Accountability Office [l’instance du Congrès américain chargée de l’audit des dépenses publiques]. Malheureusement, l’UE ne dispose pas d’un tel organisme indépendant pour contrôler les projets informatiques.

Le Parlement européen est à présent mis devant le fait accompli. Le 10 octobre, il doit se pencher sur un certain nombre d’amendements, sans pouvoir changer grand-chose au contenu. C’est la technologie qui fixe le cap. Frontex ou la Commission, de même que les Etats membres et les parlementaires, se disent souvent tout simplement : plus il y en a, mieux c'est.

"Le contrôle des frontières devient une machine omniprésente, insaisissable, qui divise constamment les gens entre désirables et indésirables”, écrit Huub Dijstelbloem, auteur de The Migration Machine. "Mais rien n’est dit sur l’objectif à terme. La logique technologique actuellement suivie est extrêmement bancale d’un point de vue démocratique, car les objectifs ne sont pas clairs, alors que l’impact est phénoménal. Nous sommes en train de passer de la Forteresse Europe à une société de surveillance.”

4/10/2012, Frank Mulder

Source : Pressgroup

Les chefs de gouvernement marocain Abdelilah Benkirane et espagnol Mariano Rajoy ont loué "des relations qui s'intensifient de plus en plus" entre les royaumes voisins, mercredi à Rabat lors d'une rencontre de haut niveau, qui s'est déroulée dans un contexte favorable.

Huit accords bilatéraux au total ont été signés lors de ce rendez-vous intergouvernemental, le 10e de l'histoire mais le premier depuis 2008.

Ils portent notamment sur la suppression des visas pour les passeports de service et un mémorandum visant à la simplification des procédures pour certaines catégories socio-professionnelles. Outre un partenariat en matière de coopération culturelle, éducative et sportive, un autre accord concerne le transport routier, à la fois des voyageurs et des marchandises.

"Je suis convaincu que nos relations qui s'intensifient de plus en plus (...), seront bénéfiques", a déclaré M. Rajoy à l'issue d'un entretien dans l'après-midi à Marrakech avec le roi Mohammed VI.

De son côté, Abdelilah Benkirane a affirmé dans une courte déclaration que les projets communs du Maroc et de l'Espagne devaient permettre d'aider les deux pays à surmonter les effets de la crise économique actuelle.

Lors d'une conférence de presse commune, en début de soirée, MM. Rajoy et Benkirane ont à nouveau insisté sur la nécessité de relations "profondes, solides et fructueuses" entre les deux royaumes.

En matinée, les deux dirigeants qui se rencontraient pour la troisième fois en moins d'un an, s'étaient d'abord rendus à un forum entrepreneurial en présence des dirigeants des patronats des deux pays.

Ils s'étaient ensuite entretenus en tête-à-tête avant un déjeuner en commun.

Ce sommet est intervenu dans un contexte favorable pour les relations maroco-espagnoles, en dépit de contentieux diplomatiques historiques telle la question des enclaves de Ceuta et Melilla dans le nord du Maroc.

03 oct 2012

Source : AFP

La situation de l’immigration était, mercredi 3 octobre au soir, au menu du premier débat télévisé entre les deux candidats à la Maison-Blanche consacré aux sujets économiques et sociaux.

Depuis le retrait de la scène de George W. Bush, ancien gouverneur de l’État frontalier du Texas, les républicains sont face à un casse-tête politico-mathématique : peuvent-ils gagner une élection présidentielle en tapant à bras raccourcis sur les Hispaniques, qui constituent depuis le tournant du siècle la première minorité du pays, devant les Afro-Américains ?

Plus de 16 % de la population américaine a ses origines au sud du Rio Grande, une part grandissante, et si tous ne sont pas citoyens américains, donc pas électeurs, si leur taux de participation n’est guère élevé, ils pèsent néanmoins de plus en plus dans les urnes. En 2012, les Hispaniques devraient représenter 9 % de l’électorat à l’échelle nationale, mais bien plus dans certains états clés – comme le Nevada (14 %) ou le Colorado (12 %) – qu’ils peuvent contribuer à faire tomber dans un camp ou dans l’autre.

« La réponse est l’auto-expulsion »

Depuis les années 1990, et plus encore depuis que les difficultés économiques frappent l’Amérique, les républicains ont adopté un ton très dur contre les immigrants, symbolisé par une loi promulguée en 2010 en Arizona. Cet État voisin du Mexique a notamment décidé de permettre aux policiers de vérifier le statut migratoire de toute personne, même sans motif, et d’interdire aux sans-papiers de rechercher un emploi.

« Délit de faciès », s’alarment ses opposants. « Un modèle pour la nation », répond Mitt Romney, qui n’a cessé, pendant les primaires républicaines, de glisser vers la droite sur ce terrain. « La réponse est l’auto-expulsion, a-t-il déclaré début 2012, lors d’un débat entre prétendants à l’investiture républicaine. Elle se produit quand les gens décident qu’ils s’en sortiront mieux en rentrant chez eux, parce qu’ils ne peuvent pas trouver de travail ici faute de papiers. »

Romney n’annulera pas les permis de travail

Moralité : le candidat républicain a aujourd’hui un problème de taille avec la première minorité américaine. Moins d’un Hispanique sur quatre semble disposé à voter pour lui, en chute libre par rapport à John McCain (31 %) en 2008 et George W. Bush (40 %) en 2004.

Pourtant, les Hispaniques n’ont pas obtenu la réforme migratoire promise par Barack Obama et doivent eux aussi se débattre dans une situation économique compliquée – ils doivent faire face à un taux de chômage de 10 %, supérieur à la moyenne nationale (8,1 %). En outre, ils partagent par ailleurs avec les républicains certaines valeurs, comme l’importance de la famille ou de la religion, qui pourraient leur faire déserter le camp démocrate. Mais le ton agressif de ces dernières années, adopté désormais par Mitt Romney, a refroidi leurs ardeurs.

Mitt Romney a donc profité de son passage dans l’Ouest, à l’occasion du débat de mercredi à Denver, dans le Colorado, pour tenter d’améliorer son image. Dans un entretien publié mardi par le Denver Post, il a annoncé qu’il n’annulerait pas les permis de travail de deux ans attribués à certains sans-papiers par l’administration Obama depuis cet été. « Je ne vais pas leur retirer une chose qu’ils ont achetée », a-t-il justifié, rompant un silence embarrassant depuis l’annonce faite par la Maison-Blanche.

3/10/2012, GILLES BIASSETTE

Source : La Croix

Au Sénégal, si le mariage peut être célébré à l’église, à la mosquée, dans la famille ou devant l’officier de l’état civil de la mairie, le divorce lui est judiciaire. Autrement dit, on ne peut divorcer qu’au tribunal. Une procédure qui n’est pas du tout simple quand il s’agit de cas spécifiques tels, la disparition ou l’absence d’un des conjoints. Eclairages du Professeur de droit privé, Béchir Niang, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).

L’absent est une personne dont le manque de nouvelles rend l’existence incertaine. Alors que le disparu est une personne dont l’absence s’est produite dans des conditions, dans des circonstances mettant sa vie en danger, sans que son corps ait été retrouvé. Ce sont les définitions données par Béchir Niang, professeur de droit privé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dans les deux cas, ajoute le juriste, il y a manque total de nouvelles. On n’a aucune information concernant l’individu. Pas de lettres. Pas de coups de téléphone. Pas de courriels. Pas d’informations données par des amis ou parents proches ou lointains. C’est le silence radio. Un black out total ! Il faut cependant noter que dans la disparition, le manque de nouvelles procède d’une circonstance catastrophique (naufrage d’un bateau, incendie, crash d’avion etc.) alors que dans l’absence, il n’y a pas cette circonstance catastrophique.

Procédure de constatation de l’absence ou de la disparition

Si la personne reste un an sans donner de nouvelles, la famille ou tout intéressé peut déclencher une procédure de constatation de l’absence, en saisissant le tribunal régional d’une requête. Ce qui rend l’enquête obligatoire et nécessaire via la presse écrite ou audiovisuelle.

Toutefois, s’est empressé de préciser Béchir Niang : «le juge ne peut rendre un jugement déclaratif de présomption d’absence qu’au moins une année après sa saisine et à condition que l’enquête n’ait donné aucune information sur l’individu».
Après le jugement, la famille doit encore attendre deux ans pour demander un autre jugement déclaratif d’absence lorsque le juge se rend compte qu’il n’y a toujours pas d’information concernant l’individu. A partir de ce moment, il rend un jugement déclaratif d’absence.

Ce qui permet au conjoint ou à la conjointe de demander le divorce pour cause d’absence. Maintenant, relève également le professeur de droit, «si les dernières nouvelles remontent à dix ans, la famille ou tout intéressé et le Procureur de la République peuvent demander un jugement déclaratif de décès».

Ensuite, il est procédé à la transcription du jugement sur les registres de l’état civil. Puis, l’individu est considéré comme décédé et à partir de ce moment sa succession est ouverte.

En revanche, la procédure de la disparition est beaucoup plus rapide. Car, fait remarquer Béchir Niang, «la présence de circonstances catastrophiques fait que le législateur opte pour le décès de l’individu. Cela veut dire qu’il n’y a ni jugement de présomption de disparition, ni jugement de disparition». Autrement dit : «dés que le juge est convaincu que l’individu n’a pas pu survivre, il rend un jugement déclaratif de décès ». Mais, s’empresse-t-il de préciser, « il peut ordonner une enquête. C’est l’exemple du naufrage du bateau Le Joola», survenu aux larges des côtes gambiennes, le 26 septembre 2002, occasionnant la mort de 1863 victimes, selon les autorités sénégalaises. «Le juge peut même délivrer un jugement déclaratif de décès le jour même de la catastrophe ou 48 voire 72 heures après».

Ce, en se fondant sur l’impossibilité de survie par rapport au nombre de kilomètres qui séparent le lieu de la catastrophe et les côtes, la température de l’eau etc. Toutefois, souligne le professeur de droit privé, «le simple fait de prendre une pirogue pour aller à l’Etranger ne constitue pas une circonstance catastrophique. C’est seulement lorsque le bateau a chaviré ou disparu en mer qu’on peut parler ainsi».

Source : Sud Quotidien

Le 2ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du dialogue 5+5 entre pays des deux rives de la Méditerranée se tiendra vendredi et samedi prochains sur l'île de Malte avec pour thèmes principaux la sécurité et la coopération économique.

Le groupe des 5+5 composé de l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie ainsi que leurs partenaires européens de l'Espagne, France, Italie, Malte et Portugal discutera également de la défense et fera le point sur de nouveaux domaines de coopération comme l'éducation, l'environnement et l'énergie.

Le sommet du groupe 5+5, qui est une enceinte de dialogue politique informel, vise à "redynamiser et promouvoir" la discussion parmi ces dix Etats sur notamment la question "cruciale" de l'immigration clandestine, selon Malte.

La rencontre ambitionne, en outre, d'introduire" la régularité et la prévisibilité" dans les réunions ministérielles et les conférences du sommet organisées dans le cadre du forum.

Le dialogue 5+5 appelé aussi forum pour le dialogue en Méditerranée occidentale a été lancé officiellement lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères à Rome (Italie) le 10 décembre 1990, dans un format 5+4.

Malte a rejoint la réunion ministérielle à Alger en octobre 1991 comme membre à part entière et continue depuis d'y participer activement.
En tant qu'initiative pour la sécurité transméditerranéenne, l'objectif du dialogue 5+5 est d'instaurer une coopération plus étroite entre les cinq membres de l'UE et les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe par le dialogue politique et la coopération économique, et en encourageant une meilleure gestion des ressources dans le but de renforcer l'indépendance régionale et le développement.

Depuis la relance durable du forum au Portugal en 2001, le dialogue 5+5 (entre les ministres des Affaires étrangères) se tient régulièrement et met en place des activités visant à une coopération plus concrète et tangible entre les pays partenaires, les plus importantes étant réalisées dans les secteurs de l'immigration, de la défense et du transport.

Le premier sommet du Dialogue 5+5 s'était tenu à Tunis en décembre 2003.(APS)

4 oct 2012

Source : APS

Des acteurs culturels africains basés à Dakar ont lancé mercredi une compilation de titres de 17 artistes africains, dont Mounira Mitchala (Tchad), Takeifa (Sénégal), Zahara (Afrique du Sud), pour promouvoir "l'exportation de la musique africaine en Afrique et dans le reste du monde".

Ces 17 titres "récents ou inédits" ont été sélectionnés parmi quelque 120 morceaux reçus en réponse à l'appel à candidatures du Bureau Export de la musique africaine (Bema), le réseau d'opérateurs culturels à l'origine de la compilation, a expliqué à la presse son administratrice générale, Cécile Rata.

Le CD, gratuit et destiné "aux médias et aux professionnels de la musique", a été réalisé avec le soutien de l'Etat du Sénégal et de plusieurs institutions dont l'Union européenne et l'Organisation internationale de la Francophonie.

Il est le troisième du genre depuis 2008 réalisé par le Bema. Ce réseau, créé en 2007, s'est donné pour mission de "soutenir la structuration et l'exportation de la musique africaine en Afrique et dans le reste du monde", selon ses responsables.

"Il faut se faire connaître chez soi d'abord, ensuite ailleurs, c'est légitime", a dit Rokhaya Daba Sarr, secrétaire générale du Bema.
Le CD comprend des morceaux d'artistes originaires des cinq régions d'Afrique, dont le groupe marocain Tiraline (Afrique du Nord), le groupe familial (quatre frères et une soeur) de chanteurs-musiciens sénégalais de Takeifa (Afrique de l'Ouest), la Tchadienne Mounira Mitchala (Afrique centrale), le groupe ougandais Qwela (Afrique de l'Est) et la Sud-Africaine Zahara (Afrique australe).
Les sonorités sélectionnées s'étalent des musiques traditionnelles au jazz en passant par différents styles et mélanges dont la soul, le rock, le hip-hop, le blues. Tous les titres peuvent être écoutés sur le site du Bema: www.le-bema.com.

3 oct 2012

Source : AFP

La cour d'appel de Barcelone (nord-est de l'Espagne) a confirmé, mardi, la condamnation de quatre agents de la police catalane à deux ans de prison pour actes de torture à l'encontre d'un immigré roumain.

Condamnés initialement, en 2008, à des peines allant jusqu'à 7 ans et sept mois de prison et à une suspension provisoire de leurs fonctions, les mis en cause ont intenté par la suite un recours auprès du Tribunal suprême de Madrid qui a réduit en décembre dernier leurs peines maximales à 4 ans et 9 mois de prison.

Les quatre policiers ont par la suite bénéficié d'une grâce partielle approuvée par le conseil des ministres espagnol qui a fixée à deux ans leurs peines de prison.

Les faits remontent à juillet 2007 lorsque les mis en cause ont sauvagement torturé un immigré roumain qui l'ont confondu avec un homme recherché pour vol à main armé. Les policiers ont même introduit le canon d'un revolver dans la bouche du suspect en le menaçant de mort, selon l'acte d'accusation.

La cour d'appel de Barcelone a débouté le recours déposé par les mis en cause ordonnant de les mettre sous les verrous dans délai de 45 jours.

Après une suspension provisoire, les accusés ont regagné leurs postes à Barcelone où ils exercent toujours, selon la presse locale.

02 oct. 2012

Source: MAP

Les envois d'argent à destination du Mexique (remesas) ont baissé de 11, pc en août 2012, soit le pire recul depuis février 2010, en raison notamment de la faiblesse qu'a accusée le secteur de la construction aux Etats-Unis, le plus gros employeur des immigrants mexicains.

Un rapport publié,cette semaine, par la Banque centrale du Mexique a précisé que le montant des transferts de remesas a été de 1 milliard 895 millions de dollars en août 2012, contre 2 milliards 434 millions de dollars sur la même période de l'année passée.
Dans la région latino-américaine, le Mexique représente le principal récepteur de remesas en raison des 11 millions de travailleurs immigrés mexicains aux Etats-Unis, qui exercent principalement dans le secteur de la construction.

03 oct. 2012

Source: MAP

Le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger, Abdellatif Maâzouz, s'est entretenu, mardi à Montréal, avec des membres du gouvernement du Québec des moyens à même de favoriser l'intégration de la diaspora marocaine au Québec, de resserrer les liens et de renforcer la coopération en matière socioculturelle entre le Maroc et le Québec.
L'immigration, la reconnaissance des titres professionnels, le chômage ainsi que l'intégration de la diaspora marocaine au Québec ont ainsi été au centre d'une rencontre de M. Maâzouz avec la ministre québécoise de l'Immigration et des Communautés culturelles et ministre responsable de la Charte de la langue française, Mme Diane De Courcy.

A cette occasion, les deux parties se sont entendues sur la pertinence d'un cadre stratégique de coopération pour la culture et le patrimoine, axé sur le développement et l'engagement culturel. Les ministres ont aussi souligné l'importance de travailler ensemble pour créer un environnement qui favorise des partenariats afin que les arts, la culture et le patrimoine continuent d'enrichir la vie des Marocains et des Québécois.

Ces échanges "productifs" permettront aussi d'explorer des possibilités de collaboration en matière d'intégration économique, ont-elles estimé.

De même, les deux parties ont convenu de poursuivre leurs discussions l'hiver prochain, soit à Rabat ou à Montréal, rappelant l'importance d'encourager le dialogue et l'ouverture à la diversité et de faire tomber les préjugés.

Lors de sa rencontre avec le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Maka Kotto, M. Maâzouz a appelé au renforcement de la coopération et à l'organisation d'activités à Dar Al Maghrib, à Montréal, visant à susciter le rapprochement, l'échange et la découverte de cultures différentes.

Par la même occasion, les ministres ont convenu de mettre en place une équipe de travail chargé d'oeuvrer à l'exploration de pistes de partenariat visant la consolidation de la coopération Maroc-Québec à travers des rencontres interculturelles.

Ils ont d'autre part souligné l'apport de la diversité dans les villes et régions de la province francophone du Québec, plaidant pour des partenariats avec des associations ou des structures liées à la culture.

Lors de ces rencontres, qui se sont déroulées en présence notamment du Consul général du Maroc à Montréal, Zoubair Hakam, de la directrice de Dar Al Maghrib, Wassane Zailachi et des proches collaborateurs des ministres québécois, M. Maâzouz a rappelé le lancement, vendredi dernier, de la saison culturelle 2012-2013 à Dar Al-Maghrib, inaugurée le 1er juin dernier par SAR la Princesse Lalla Hasna.

Le ministre marocain a aussi saisi cette occasion pour inviter les responsables québécois à renforcer l'offre culturelle au sein de cet établissement, un lieu d'échange et d'information convivial situé au centre de Montréal, visant en particulier l'accompagnement culturel des membres de la diaspora marocaine.

Au-delà des Marocains résidant au Canada, estimés à quelques 120.000 personnes, dont 80 pc résident au Québec, le Centre culturel de Montréal s'adresse également aux citoyens du pays d'accueil et aux autres communautés y résidant, contribuant ainsi à un échange et à un enrichissement interculturels plus soutenus.

03 oct. 2012

Source: MAP

Benjamin Stora, historien, professeur à l’Université Paris XIII est l’auteur de très nombreux ouvrages. Son dernier livre se situe dans la continuité de trois autres parus chez Stock: «La dernière génération d’octobre», «Les trois exils: Juifs d’Algérie» et «Les guerres sans fin». Benjamin Stora a publié une trentaine d’ouvrages et dirigé plusieurs publications. Il a également été conseiller historique du film Indochine de Régis Wargnier, de Là-bas… mon pays d’Alexandre Arcady en 2000, du Premier homme, de Gianni Amelio (2010), adaptation pour le cinéma du roman d’Albert Camus, et du film “Les Hommes libres” d’Ismaël Ferroukhi, présenté au Festival de Cannes en 2011. Il a publié récemment «La guerre d’Algérie expliquée à tous» (Seuil, 2012).

A l’occasion de l’entrée des enfants d’immigrés à l’assemblée nationale, il nous a accordé cet entretien.

Libé : Nous avons eu une campagne électorale très dure autour de l’immigration avec un résultat élevé pour l’extrême droite qui a vu 3 députés Front National entrer à l’Assemblée nationale.  Pourtant toutes les institutions élues sont maintenant à gauche. La vie politique est vraiment difficile à comprendre en France. Quel regard portez-vous sur cette situation?

Benjamin Stora : Il faut se méfier des résultats. Il y a d’abord l’abstention massive. Le taux d’abstention est historique. Il y a un détachement vis-à-vis de la chose politique en général. On ne sait pas ce qu’il y a derrière. Qu’est-ce que ça recouvre ? Quel est l’enjeu ? Quel type de démonstration idéologique se cache derrière ça ? Il faut donc se méfier des chiffres.
Il y a deux aspects. Les élections législatives amplifient d’abord le scrutin présidentiel, puisqu’on vit dans un système très centralisé autour de la personne  du président. C’est une loi de la Vème République qui vise à donner au président de la République le plus de pouvoir possible.  C’est une évidence classique en France. Il y a aussi un 2ème aspect. Les élections législatives permettent de juger sur le plan local, l’enracinement local, comme les élections municipales d’un certain point de vue. Elles traduisent une réalité locale. C’est pour ça que les parachutés sont mal vécus. Elles traduisent une réalité de forces locales.

Nous avons 4 enfants d’immigrés maghrébins à l’Assemblée nationale, élus pour la première fois, mais cela  ne reflète pas la diversité et la présence de cette minorité en France. Est-ce que c’est toujours la question de la guerre d’Algérie qui bouleverse la société française ?

Il y a bien sûr toujours la question coloniale au sens large qui continue de jouer. Mais les 4 élus sont de gauche, investis par le Parti socialiste. Ces élus ont fait des  carrières militantes. Ils sont jeunes mais ce sont de vieux militants qui sont là depuis des années, bien investis dans les fédérations  du PS. Leur élection est  aussi le produit d’un travail politique ancien, pas simplement  au nom d’une minorité ou de la diversité. Il ne faut pas oublier qu’en France il y a le principe de l’intégration  par la politique, par les appareils politiques. Ça a été le cas pour les Italiens, les Polonais. Mais ça a pris du retard en ce qui concerne les Maghrébins. On aurait dû avoir cette intégration par l’appareil politique au début des années 1990, mais on la voit en 2010 et toujours par l’intermédiaire de la Gauche. C’est d’ailleurs la tradition en France. Les gens issus des immigrations les plus récentes sont toujours intégrés dans la vie sociale et politique par la Gauche et très rarement par la Droite. Quand c’est par la Droite c’est  par en haut comme les nominations de Rachida Dati ou Rama Yade qui ne sont pas le produit d’un enracinement réel. C’est la différence entre la Droite et la Gauche.  A Gauche, c’est le produit d’un travail politique sur la durée, alors qu’à Droite ce sont des choix d’en haut.

Il faut aussi regarder un autre chiffre : celui du nombre des conseillers municipaux issus des immigrations maghrébines. C’est un chiffre très important à Gauche, plusieurs centaines d’élus municipaux. Etre député, c’est plus fort encore, alors quatre députés, c’est déjà considérable. A mes yeux un saut a été franchi.

Est-ce que la France va connaître dans les cinq prochaines années un discours sur l’immigration apaisé après une inflation de lois et de discours anti-immigrés ?

Il faut l’espérer, mais ça a toujours fonctionné sur le mode conflictuel. Le rapport aux minorités est toujours très conflictuel dans les sociétés.  Ce n’est jamais harmonieux. Les processus d’intégration sont toujours le produit de batailles politiques, sociales,  d’investissement à travers  le syndicalisme ouvrier qui a été fort.  Il faut espérer qu’il y ait un discours par en haut  qui soit moins un discours qui stigmatise, qui sépare, qui montre du doigt. Ce qu’on appelle l’intégration dans les sociétés d’accueil c’est toujours le produit d’une conflictualité. Ce n’est pas quelque chose qui arrive de manière harmonieuse. Dans le cas des immigrations maghrébines et africaines, le décalage temporel, à mon sens,  est dû en grande partie à l’histoire coloniale française, décalage d’une ou deux générations. Mais c’est irréversible,  compte tenu du nombre, de l’enracinement  et du fait que les gens vivent complètement comme Français depuis deux ou trois  générations.  Plus personne ne songe au retour dans le pays d’origine. Je ne connais pas de gens de 40 ans nés sur le territoire français qui souhaitent quitter la France  ou alors ils partent aux Etats-Unis, en Australie, en Angleterre. Quelques-uns  reviennent en Algérie ou au Maroc. Mais c’est rare, tout simplement parce qu’ils sont français. Seulement, ils veulent rester fidèles à leurs origines par rapport à leurs parents, à leurs coutumes, à leur religion, mais c’est une fidélité mémorielle qui n’implique pas de déplacement  géographique.

Vous étiez optimiste dans votre livre sur les révolutions arabes. L’êtes-vous toujours?

Je n’étais ni optimiste ni pessimiste. C’était une grande secousse qui a été nécessaire au  monde arabe pour parvenir à plus de démocratie politique. Tous les ébranlements se font de cette manière. L’histoire se fait toujours comme je l’ai écrit il y a un an et demi.

Ne pensez-vous pas que les islamistes en cueillent les fruits ?

Les sociétés arabes sont faites de tout cela. Ce sont des contradictions, des conflits. Il y a  des mouvements religieux, des mouvements de sociétés civiles. Cela fabrique des sociétés qui ne peuvent pas fonctionner seulement sur l’unanimisme, le nationalisme. Il y a des compétitions  d’acteurs pour le pouvoir sur le plan social et culturel. Il y a des minorités.

C’est comme n’importe quelle société. C’est une illusion de croire que toutes les sociétés  peuvent fonctionner de manière harmonieuse sur l’homogénéité, l’unanimisme, le nationalisme. Je n’ai  jamais cru à ça. Ce sont des discours d’en haut qui masquent la réalité des sociétés. Maintenant, il faut appréhender les sociétés réelles qui sont dans des compétitions avec des luttes de classes, des luttes culturelles, des luttes politiques. C’est ça une société démocratique. Il peut y avoir des régressions, des avancées …Mais la vie démocratique, c’est la pluralité. 

4/10/2012, Youssef Lahlali

Source : Libération

Ce jeudi, Angela Merkel a convoqué un grand sommet sur la démographie. Une urgence, explique Reiner Klingholz, directeur de l'institut berlinois pour la population et le développement. INTERVIEW

L’Allemagne découvre-t-elle seulement aujourd'hui l’ampleur de son problème démographique ?

Non. Depuis quarante ans, nous voyons où nous allons. En quatre décennies, le nombre annuel des naissances a diminué de plus de la moitié et l’espérance de vie a augmenté de dix ans. Cette évolution était prévisible

Les conséquences pour le marché de l'emploi et le financement des retraites semblent particulièrement alarmantes...

Les entreprises vont devoir s’organiser, d’ici à 2030, avec 6,3 millions d’actifs en moins sur le marché du travail, tout en restant assez productives pour que la société puisse financer une augmentation de 5,5 millions du nombre de personnes âgées de plus de 64 ans. Et cette tendance se poursuivra au-delà de 2030 : d’ici à 2050, nous aurons, par rapport à aujourd’hui, 12,7 millions de personnes arrivant à l’âge de la retraite de plus que de jeunes gens qui entreront dans la vie active.

Quels sont les moyens d’inverser cette tendance ?

Etant donné les circonstances, il faut activer trois leviers en même temps : la politique familiale, la politique de formation et la politique d’immigration. Le gouvernement doit lancer une vraie politique globale, cohérente et courageuse. Par exemple, pour gérer la pénurie de population qui existe déjà dans certaines régions d’Allemagne, et pas seulement dans les parties orientales du pays, mais aussi à l’Ouest. Les jeunes les ont désertées parce qu’ils n’y trouvent pas de travail. Nos dirigeants feignent d’ignorer le problème, au lieu d’agir.

Sur la politique familiale, Angela Merkel a mis beaucoup d’argent dans l’accueil à la petite enfance, mais apparemment avec un succès limité. Comment expliquez-vous ce résultat ?

La politique familiale de ces dernières années a, en effet, peu apporté. Il faut bien comprendre que les tendances démographiques à la baisse datent d’une quarantaine d’années, soit plus d’une génération. Beaucoup de femmes en âge de procréer ont grandi avec en tête un modèle de famille restreinte. 1,4 enfant par femme, c'est aujourd'hui la norme sociale. Et la famille de 3 enfants, l’exception. De plus, en Allemagne, la politique familiale est toujours vue avec défiance. Contrairement à la France, le sujet reste connoté politiquement.

Face à la pénurie, les milieux d’affaires allemands souhaitent faire appel l’immigration. La loi le permet-elle ?

Nous avons besoin de main d’œuvre étrangère pour combler les besoins. Il y a déjà des secteurs entiers du marché du travail en manque et, en 2020, tous seront en pénurie. Pour l’heure, la loi ne permet pas cette immigration, si ce n’est par le biais d’une série d’exceptions, qui ne cesse de s’allonger.

Les Allemands doivent-ils se réjouir de l’arrivée de jeunes diplômés de Grèce et d’Espagne ?

A court terme, oui. Ces jeunes comblent nos besoins et échappent à la crise chez eux. Mais à moyen terme, non. Ils sont la force vive de pays, qui ont besoin d’eux. De plus, nous savons qu’avec leur passeport européen, ils ne demanderont pas la nationalité allemande et ne s’installeront pas définitivement. L’Allemagne a besoin de main d’œuvre du tiers monde, qui s’ancre durablement chez elle, sur le modèle de ce qui se fait au Canada.

03-10-2012,  Sabine Syfuss-Arnaud

Source : Challenges.fr

Le projet dynamiques religieuses et groupes minoritaires: évolutions récentes du paysage français a pour ambition de contribuer à une meilleure connaissance des réalités nouvelles du paysage religieux français. L'objectif est de rassembler et rendre disponible l'information concernant ces groupes et leur évolution récente. Pour la plupart, ils ne sont en effet le plus souvent connus que de leurs membres et de quelques spécialistes. Si des travaux ont récemment pris en compte certaines dénominations religieuses, ou subdivisions à l'intérieur d'une même dénomination, il n’en reste pas moins que la complexité du paysage rend cependant difficiles les approches comparatives de ces minorités les unes par rapport aux autres.

En rassemblant, autour de l’effort de mise en commun des connaissances spécialisées sur ces différents groupes, des chercheurs issus d’horizons disciplinaires différents (sociologues, ethnologues, anthropologues, historiens ou spécialistes des religions), ce projet vise à améliorer le niveau de connaissance des minorités religieuses en France, et à interroger du même coup l’état de la réflexion sur les minorités religieuses

Dans le cadre de ce projet, un colloque aura lieu en novembre 2012, à Strasbourg. L'assistance est libre mais l'inscription est recommandée. Plusieurs journées d'étude seront ensuite organisées en 2013 (en février à Lyon sur « religions asiatiques », en mai à Paris sur « judaïsmes », à Strasbourg en octobre sur « christianismes orientaux ») ainsi qu'en 2014…Suite

Le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi et le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger, Abdellatif Mâzouz prendront part à la cérémonie d'ouverture, mercredi à Bruxelles, de "Daba Maroc", un programme de rencontres artistiques conjointement organisé par le Maroc et Wallonie-Bruxelles International (WBI), visant à faire découvrir au public belge la création marocaine contemporaine dans sa richesse et sa diversité.

La cérémonie d'ouverture de cette saison culturelle, prévue d'octobre 2012 à janvier 2013, devra se dérouler en présence, également, du Premier ministre fédéral belge, Elio Di Rupo, du ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, de la ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Fadila Laanan et de l'Ambassadeur du Maroc à Bruxelles, Samir Addahare, indique mardi un communiqué du ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger.

Le séjour de M. Mâzouz en Belgique sera également marqué par des entretiens avec le ministre-président du gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale, Charles Picqué et la secrétaire d'Etat à l'Asile, à l'Immigration et à l'Intégration sociale, Maggie de Block, ainsi que par des rencontres avec les représentants des compétences marocaines résidant en Belgique.

Ces entretiens porteront sur les perspectives de renforcement de la coopération bilatérale pour la préservation des intérêts des Marocains résidant en Belgique, affirme le communiqué, rappelant que les Marocains, estimés officiellement à près de 400.000 personnes, constituent la deuxième communauté étrangère dans ce pays, après les Italiens.

Plus de 150 artistes, dont des Marocains résidant en Belgique, participeront à 60 manifestations artistiques inscrites au menu de cet événement.

Outre les disciplines classiques (littérature, musique, théâtre et cinéma), l'accent sera mis sur les initiatives innovantes, notamment en danse contemporaine, en arts urbains, en design, en mode et en production vidéo.

02 oct. 2012

Source : MAP

Le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger, Abdellatif Maâzouz, a appelé les membres de la communauté marocaine, de par leur compétences et expertises, à s'impliquer de manière efficace et concrète dans la sphère politique, économique et sociale aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, à renforcer leurs liens et assurer un rayonnement à la culture marocaine.

Lors d'une rencontre, lundi, avec les membres de la communauté marocaine établie à Ottawa, le ministre a souligné l'apport significatif que pourraient avoir les membres de la communauté marocaine, en tant que force de propositions en prenant part à la préparation de rendez-vous visant la mise en relation des acteurs marocains et canadiens, les invitant, compte tenu de l'importance de la culture dans le rapprochement des peuples, à réfléchir aux moyens susceptibles et à l'action à entreprendre en vue d'organiser des manifestations culturelles visant la promotion culturelle du Maroc au Canada.

Lors de cette réunion, qui s'est déroulée en présence notamment de l'Ambassadeur du Maroc au Canada, Mme Nouzha Chekrouni, M. Maâzouz a affirmé que son département est ouvert à toute proposition "sérieuse" et "ambitieuse" qui positionnerait le Marocain résidant à l'étranger par rapport à son pays d'accueil, et qui se baserait sur les moyens d'accompagner son intégration et qui réussirait aussi à renforcer sa contribution à l'essor du Maroc et son attachement au pays d'origine.
Cette rencontre a été aussi l'occasion de discuter et d'examiner des questions relatives à la gouvernance, au renforcement de l'attachement des MRE à leur pays d'origine et de leur intégration effective au sein du pays d'accueil, au rayonnement de la culture marocaine, et à l'engagement aux efforts de défense des intérêts du Royaume.

Les MRE au Canada et les étudiants marocains et leurs apports au développement du Maroc, les MRE et leurs besoins en terre d'accueil ont été les principales questions examinées, dimanche, lors d'une rencontre similaire avec la diaspora marocaine établie à Sherbrooke.

Lors de cette rencontre, qui a vu la présence de représentants et de membres de l'Association des Marocaines et Marocains de l'Estrie, l'Association des étudiants Marocains de l'université de Sherbrooke et Actions interculturelles de développement et d'éducation, le ministre a souligné l'importance du tissu associatif des Marocains de l'étranger dans l'exécution de programmes dans les pays d'accueil avec des associations "fortes", "crédibles" et "représentatives".

Il a ainsi tenu à informer les personnes présentes sur les grands axes de la politique gouvernementale envers les Marocains du monde et sur les initiatives de son ministère pour encourager les MRE à investir et à monter des partenariats et des projets au Maroc.
Il a également évoqué le potentiel politique des MRE, appelant la communauté expatriée à s'impliquer davantage dans la sphère politique, économique et sociale aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.

Lors de cette rencontre, qui s'est déroulée en présence de Mme Nouzha Chekrouni, et du Consul général du Maroc à Montréal, Zoubair Hakam, le ministre a insisté sur le renforcement de l'attachement des Marocains résidant à l'étranger à leur pays d'origine et sur leur intégration effective au sein de leurs pays d'accueil.

Au registre de la promotion des langues et de la culture marocaine, le ministre a cité notamment la création de centres culturels marocains à l'étranger, soulignant le lancement officiel cette semaine de la saison culturelle 2012-2012 à Dar Al Maghrib, à Montréal.
Le ministre a aussi rappelé les grands axes du discours royal du 20 août qui accorde une place importante aux jeunes, insistant sur le rôle des jeunes marocains établis à l'étranger.

La question de la reconnaissance des diplômes et de l'expérience professionnelle acquis à l'étranger, le quota de bourses octroyées aux étudiants marocains, l'insertion socioéconomique, les opportunités de partenariat avec le Canada, les facilités de transfert et institutions bancaires ont été aussi au centre des débats lors des différentes rencontres du ministre avec la diaspora marocaine établie au Canada.

M. Maâzouz effectue, depuis mercredi dernier, une visite de travail au Canada marquée par des rencontres avec des membres de la communauté marocaine établie dans ce pays et des entretiens avec des membres du gouvernement fédéral et provincial et des responsables canadiens.

Le renforcement de la coopération avec les autorités publiques du Canada au service des intérêts de la communauté marocaine figure au centre de cette visite de travail qui a conduit le ministre à Toronto, Montréal, Sherbrooke et Ottawa, le but étant le raffermissement des liens de communication avec les différentes composantes et compétences de la communauté marocaine résidant au Canada.

2 oct 2012

Source : MAP

L'Organisation internationale des Migrations (OIM), basée à Genève, a lancé un appel mardi de 800.000 USD (620.000 euros) pour faciliter le retour d'un millier de migrants africains dans leurs pays d'origine.

Dans un communiqué, l'OIM indique qu'il s'agit d'un programme de retour volontaire, à bord d'avions affrêtés par le grouvernement au Maroc.

L'assistance de l'OIM sera fournie une fois que les migrants seront rentrés dans leur pays d'origine et devrait leur permettre de financer la création d'une mini-entreprise, ou d'une formation professionnelle.

Les migrants viennent pour l'essentiel du Cameroun, du Nigeria, du Sénégal et de Côte d'Ivoire et sont arrivés au Maroc dans l'espoir de pouvoir se rendre en Europe.

Mais comme il est de plus en plus en difficile pour ces migrants africains de faire le voyage vers l'Europe, ils se retrouvent bloqués au Maroc, sans emploi et sans lieu de résidence.

"Parmi les migrants figurent des mineurs non accompagnés, des femmes enceintes, des femmes avec enfants, et d'autres souffrant de maladies chroniques qui veulent à tout prix rentrer chez eux", a déclaré Anke Strauss, chef de la mission de OIM au Maroc.

Depuis 2005, l'OIM a assisté quelque 3.500 migrants vulnérables au Maroc, grâce à des fonds provenant de la Suisse et de la Belgique.
02 oct 2012

Source : AFP

Un grand intellectuel du Maroc, Driss Khrouz, parle du printemps arabe, de la liberté et des difficultés des artistes aujourd’hui. En lancement de Daba. Entretien

Driss Khrouz n’est pas seulement le "coordinateur" au Maroc du festival Daba et le directeur général de la Bibliothèque nationale du Maroc à Rabat. Né en 1950 dans le Sud berbère, enfant, il ne parlait que l’amazigh, mais il est devenu un des grands intellectuels du Maroc, proche à la fois des hautes sphères de l’Etat (il est socialiste) et conservant son franc-parler, son esprit critique et sa proximité avec les milieux culturels et artistiques.

Nous l’avons interrogé sur Daba et sur la situation au Maroc pour les artistes.

Peut-on dire qu’avec l’avènement de Mohammed VI, en 1999, le Maroc a connu sa “movida”, son mouvement de renouveau culturel avec un vent de liberté et de créativité ?

Ce changement a en fait commencé dès 1993, quand Hasan II, alors monarque absolu, avait intelligemment compris que le monde changeait et que le Maroc devait aussi le faire. Le communisme s’était effondré, la donne géopolitique mondiale évoluait. Il ne pouvait plus régner encore en théocrate. Il fallait changer aussi pour assurer la pérennité de la monarchie, d’autant que son fils avait été éduqué dans une autre culture, moderne et cosmopolite. C’est donc dès 1993 qu’ont commencé des réformes aussi fondamentales que celles sur le droit de la famille. Mais il est vrai que ce mouvement de réforme s’est fortement épanoui à partir de 2000 autour du mouvement associatif et culturel. Avant cela, on tolérait encore mal l’expression libre, mais le contexte mondial avait changé. La littérature marocaine, il est vrai, a toujours été forte. Mais les écrivains, les artistes ont été dans l’opposition (je pense à l’Union des écrivains du Maroc), la plupart étaient dans la mouvance socialiste. Ils n’ont jamais accepté de devenir des "fonctionnaires de l’Etat", cela a été leur force.

Mais même aujourd’hui, l’aide de l’Etat aux artistes et écrivains reste minime, alors que l’entourage royal (le Mahkzen) subsidie très fortement de grandes manifestations de pur prestige comme le festival de musique Mawazine ?

C’est vrai que les moyens publics pour aider la culture restent dérisoires, et qu’il faut compter sur le mécénat privé qui, souvent, aide des grandes manifestations soutenues par des hommes politiques. On a, certes, créé dans les années 90 de nombreuses institutions culturelles, mais sans aider pour autant les artistes eux-mêmes. Le marché fait des choix a priori mercantiles comme l’a montré l’exemple d’un ami peintre dont toute la production pour les 4 ans à venir a été achetée par un prince du Golfe. L’Etat ne parvient pas réellement à aider les créateurs individuels.

Le Maroc a comme force ses diversités anciennes : sa culture amazigh (berbère) enfin reconnue officiellement dans la Constitution, ses origines juives sur lesquelles vous insistez souvent, son héritage du soufisme.

Depuis qu’en 2011, la Constitution l’a reconnue comme langue officielle, au niveau de l’arabe, la culture amazigh peut se développer totalement. Quant aux origines juives ou soufies, ce sont des dimensions importantes qui nous protègent de l’extrémisme musulman des salafistes ou de celui wahabite importé par les pétrodollars du Golfe. Il est important de garder cela, comme de souligner, par exemple, que notre musique "gnawa", dont nous sommes si fiers, vient du mot "Guinée" et, donc, d’un héritage noir. Je sais bien qu’il y a parfois au Maroc, dans la population, un certain rejet des juifs ou des Noirs venus aujourd’hui du sud du Sahara, raison de plus pour rappeler l’importance de cet héritage sur notre culture. La majorité des jeunes au Maroc ne connaissent plus les juifs et ne savent pas qu’on a poussé les juifs du Maroc à venir en Israël où ils sont nombreux à se plaindre d’être discriminés par rapport aux juifs venus d’Europe. Il y a même des retours au Maroc.

Le Maroc a connu son printemps arabe avec le mouvement du 20 février qui rassemblait, entre autres, la majorité des artistes, intellectuels et écrivains. Les objectifs de ce mouvement n’ont souvent pas été atteints et les tenants du 20 février sont parfois, aujourd’hui, inquiétés.

Ce mouvement que j’ai soutenu au départ et qui a joué un rôle très important dans les réformes annoncées par le Roi, s’est d’abord affaibli sous ses propres contradictions. Il s’est fait instrumentaliser par les mouvements religieux. Et les grands vainqueurs de tout cela furent les islamistes très bien organisés comme ailleurs dans le monde arabe. Les printemps arabes furent d’abord des printemps pour les islamistes. Il y a cependant aujourd’hui une plus grande liberté de pensée. De grands intellectuels peuvent fustiger le pouvoir royal sans être inquiétés. Il y a des lignes rouges, c’est vrai (NdlR : critiquer le Roi, parler du Sud saharien, parler de l’islam), mais il y a moyen de composer intelligemment avec elles en gardant l’idée de "respect".

Ce qui est a apparu aussi, c’est que la société marocaine, celle des banlieues des villes, reste fondamentalement traditionaliste. C’est dû à notre enseignement qui a toujours véhiculé une culture de la soumission.

C’est dû aux télévisions, soit inintéressantes, soit travaillées par les chaînes islamistes du Golfe. La communauté marocaine traditionnelle n’est cependant pas intégriste. Et il faut veiller à ce qu’elle ne le devienne pas. La forêt qui pousse le mieux au Maroc, ce sont les antennes paraboliques sur les toits. Or, cette télévision cultive la bêtise auprès de masses encore souvent analphabètes. Il faut donc que tous, à commencer par l’Etat et le Roi, se donnent les moyens pour que la tradition ne signifie pas la fermeture. L’enjeu, aujourd’hui, est la survie et le maintien de ce monde associatif et culturel menacé par les extrémistes islamistes.

Dans ce contexte, quelle est l’importance de Daba Maroc ?

Montrer qu’il y a au Maroc des formes d’art rebelles, citoyennes, non soumises. Faire le lien avec la Belgique dans cette francophonie non française, unie par la langue. Montrer cela aussi à la diaspora marocaine en Belgique dont une partie est travaillée par le fondamentalisme qui cherche à convertir ces Marocains au chiisme ou au salafisme grâce à des financements saoudiens ou du Qatar, pour, par ricochet, rebondir au Maroc et affaiblir le malakisme (l’islam marocain). On montrera aussi, comme le dit Fabienne Verstraeten, la vitalité énorme et neuve du secteur culturel marocain en Belgique - et je veillerai à ce que cette vitalité puisse venir aussi se montrer au Maroc.

03/10/2012, Guy Duplat

Source : La Libre Belgique

Il y a plus de 10 ans, un jeune nigérian, surnommé OGISTO, quitta son pays, ses parents et tous ceux qu’il chérissait, nourrissant le rêve, à l’instar de milliers de subsahariens africains, de rejoindre « l’ELDORADO européen » en quête d’un cadre de vie décent, d’une vie digne. Après un long périple saharien périlleux, il entra au Maroc via l’Algérie et après avoir versé le droit de ghetto au chair man il s’installa sous le pseudonyme AMADO SAMBA dans un des campements d’infortune à Oujda où vivent quelques 80 immigrés clandestins subsahariens en majorité nigérians (dans des conditions inhumaines). Durant les premières années, il végéta et s’usa, écorché jusqu’au sang, souffrant tout ce qui est humainement possible de souffrir. Mais grâce à ses qualités humaines il a réussi à améliorer ses conditions de vie. Comme il était ouvert, sociable et communicatif, respectueux et respectable, il a tissé de nombreuses amitiés et développé des affinités avec des immigrés avec ou sans papiers et même avec certains marocains. Il a gagné la confiance, le respect et l’estime de son entourage. Les services qu’il rendait aux immigrés clandestins lui assuraient revenus assez importants pour louer un logement à Hay ALQODS, s’acheter de beaux habits et vivre bien. Il connut KATE, elle aussi nigériane et mère d’une fille d’un premier mariage. Il l’épousa ils eurent un enfant et avant son deuxième accouchement, elle réussi à émigrer en Espagne, à Ténériffe aux Iles Comores, où elle accoucha d’un 2ème enfant de OGISTO. Aujourd’hui, elle vit toujours en Espagne avec ces deux filles et son fils. Quant à AMADO SAMBA, surnommé OGISTO il fut victime d’un violent accident de circulation au quartier industriel d’Oujda le 27 février 2012. Au moment où il se rendait à pied au campement de Gala, en compagnie de son ami Vincent, une voiture qui roulait à toute vitesse, l’automobiliste les a violement percutés et s’est enfui. Souffrant de graves blessures, OGISTO fut admis au service de réanimation de l’Hôpital Alfarabi d’Oujda. Son ami nigérian qui ne représentait que quelques légères blessures, fut éloigné à la frontière algéro-marocaine après avoir reçu les premiers soins. Les circonstances de cet accident qui font l’objet de plusieurs versions n’ont jamais été éclaircies. Cet accident selon des amis d’OGISTO et de Vincent, est prémédité et c’est Vincent, qui était visé. Il s’était, explique-t-on, impliqué dans une affaire de trafic de cocaïne. Dès lors, des représentants de l’AMDH ( Association Marocaine du Doit Humain) et de la FOO (Fondation Orient Occident) avec l’aide d’un étudiant tchadien et le soutien du père Joseph de l’église catholique d’Oujda prennent le dossier de OGISTO en ami. On contacta par téléphone ses parents au Nigeria et sa femme Kate en Espagne ainsi que l’Ambassade du Nigéria accrédité à Rabat. Cette équipe volontaire entreprit durant 17 jours plusieurs démarches auprès des services concernés par l’affaire de OGISTO de son vrai nom OSAS JOSHUA. La procédure n’était pas de tout repos. Il a fallu passer par la vindicte publique, la sureté nationale, les autorités sanitaires, le conseil municipal d’Oujda et l’église catholique pour qu’on délivre aux bénévoles le bulletin de décès de OGISTO, décès survenu le 28 février 2012 1h 55 min à l’Hôpital AlFarabi et l’autorisation d’enterrement et d’organisation d’obsèques au cimetière européen d’Oujda appelé communément « Kbour Nsara ». Et c’est dans une ambiance de recueillement qu’eurent lieu, le 20 Mars 2012, les obsèques au cimetière en présence du père Joseph et quelques 100 subsahariens avec et sans papiers ainsi que quelques oujdies amis du défunt. Le cas de OSAS JOSHUA, alias OGISTOS n’est pas unique. D’autres subsahariens gisent au cimetière européen d’Oujda cote à cote d’européens blancs, sans discrimination de race ou de couleur. En somme la situation de OGISTO qui rêvait de la traversée méditerranéenne et rejoindre sa femme, n’a été régularisé qu’après sa mort ; le grand voyage, survenu à Oujda dans un pays de transit, loin de son pays, loin de l’ELDORADO européen, loin de tous ceux qu’il chérit.

13/10/2012, Mohammed ZERHOUDI

Source : oujdacity

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