dimanche 7 juillet 2024 20:24

La 19e édition du salon "Maghreb des Livres" se tient ce week-end à Paris, avec la participation de 145 auteurs maghrébins et étrangers, dont une quinzaine d'écrivains marocains qui y présenteront leurs dernières publications.

Parmi les auteurs marocains, on note la présence des Prix Goncourt du Roman et de la Poésie, respectivement Tahar Benjelloun, avec son dernier roman "Le Bonheur conjugal" (2012) et Abdelatif Laâbi "Zone de turbulences" (2012), des romanciers comme Fouad Laroui "L'étrange affaire du pantalon de Dassoukine" (2012), Mahi Binebine "Le Seigneur vous le rendra" (2013) et Mohamed Nedali "Triste jeunesse" (2012).

Seront également présents les journalistes Mustafa Alaoui venu spécialement du Maroc dédicacer la traduction française de son dernier livre "Le journaliste et les trois rois" (2012), Mohamed Aïssaoui, "L'étoile jaune et le croissant", et Zakya Daoud "Hannibal" (2012), ainsi que les écrivains et chercheurs Rachid Benzine, "Le Coran expliqué aux jeunes", Fawzi Boubia, "Hégire en Occident", et Josiane Lahlou "Abd al-Rahman III, khalife de Cordoue" (2012).

Des auteurs issus de l'immigration marocaine en France, tel le romancier Ahmed Dich, "Chibani" (2012), l'imam de la mosquée de Bordeaux Tareq Oubrou, "Un imam en colère" (2012) ou la conteuse Halima Hamdane, "Le chaos de la liberté", entre autres, sont également présents.

Organisé par l'association culturelle franco-maghrébine "Coup de Soleil", le salon propose un riche programme avec une librairie répertoriant tous les titres publiés en 2012 et 2013, relatifs au Maghreb et à l'intégration, des livres en langue française, arabe et tamazight, des séances de dédicaces pour 145 auteurs, des entretiens, des lectures, des tables rondes, des rencontres et des cafés littéraires.

En outre, un "Prix littéraire Beur FM - Méditerranée", désignera samedi le lauréat qui sera récompensé lors du Maghreb des livres 2013.

Cette année, le salon met à l'honneur les lettres algériennes avec des hommages à trois grands écrivains de ce pays: l'écrivain et journaliste Tahar Djaout (1954-93), Pierre Chaulet, médecin et résistant algérien d'origine française (1930-2012), Mouloud Aounit, ancien président du Mouvement contre le Racisme et pour l'amitié entre les peuples (MRAP) (1953-2012) et le romancier Mouloud Feraoun (1913-62).

La production éditoriale sur l'Algérie a connu en 2012, à l'occasion du cinquantenaire de la fin de la guerre (mars 1962) et de l'indépendance du pays (juillet 1962), une floraison particulièrement abondante. "Mais ni les autres pays du Maghreb ni le +Maghreb d'en France+ n'en ont pâti, en particulier sur le thème des Printemps arabes : il y a déjà deux ans lors du 17ème Maghreb des livres de février 2011, nous fêtions le peuple tunisien qui venait de reconquérir sa dignité et sa liberté !...", soulignent les organisateurs.

Quant à la société française (et même européenne), "sa méconnaissance de l'islam et la méfiance que beaucoup lui témoignent suscitent des réflexions et des publications. D'autres ouvrages enfin, parus en 2012, témoignent de la créativité de beaucoup de jeunes français et maghrébins des deux rives", ajoute-t-on.

Le salon "Maghreb des Livres" a pour objectif de mettre en valeur l'ensemble de la production éditoriale relative au Maghreb "de là-bas" et au Maghreb "d'en France", qu'il s'agisse de littérature bien sûr, mais aussi des essais, B.D., beaux-livres, etc., parus dans le courant de l'année 2012 et début 2013.

16 fév 2013

Source : MAP

Un ministre allemand a appelé dimanche à une enquête sur les conditions de travail des employés saisonniers du géant d'internet Amazon, après une émission de télévision dénonçant des pratiques discriminatoires.

Ce reportage affirmait notamment que la société avait recours à une société de sécurité employant des néonazis pour surveiller certains de ses salariés, et que ceux-ci, pour la plupart des étrangers, touchaient des salaires inférieurs à ceux qui leur avaient été promis.

"Il y a un fort soupçon, il va donc falloir examiner les faits attentivement", a déclaré le ministre du Travail Ursula von der Leyen au journal Die Welt am Sonntag, ajoutant : "Si l'enquête montre que ces accusations sont vraies, l'agence de placement (qui a embauché les travailleurs) pourrait perdre sa licence".

Le distributeur en ligne Amazon avait rejeté vendredi ces accusations.

Le reportage diffusé mercredi soir sur la chaîne ARD montrait des intérimaires sur leur site d'hébergement, un village de vacances de la région de Hesse (ouest), encadrés par des vigiles en uniformes noirs portant des vêtements de la marque Thor Steinar prisée dans les milieux d'extrême droite, et des bottes militaires.

Selon l'ARD, Amazon sous-traite la surveillance de ses intérimaires sur leur lieu d'hébergement à une agence de sécurité, appelée H.E.S.S. Security.

"Amazon ne tolère en aucune manière la discrimination ou l'intimidation et nous rejetons tout comportement de ce type", a réagi la filiale allemande du groupe américain, dans un communiqué publié vendredi. Le groupe a souligné qu'il prenait "très au sérieux" la sécurité et le confort de ses salariés.

"Nous contrôlons régulièrement nos prestataires de services extérieurs chargés de l'hébergement des saisonniers venus d'autres régions", a indiqué Ulrike Stí¶cker, porte-parole du distributeur en Allemagne.

Le document télévisé dénonçait aussi les conditions de travail des intérimaires dans les centres logistiques d'Amazon, parmi lesquels de nombreux immigrés étrangers, notamment Espagnols qui ont quitté leur pays frappé par la crise pour travailler en Allemagne.

Selon l'ARD, des centaines de travailleurs, arrivés en Allemagne par bus, ont été l'objet de fausses promesses de salaires, leur rémunération effective étant inférieure de plus de 10% à celles annoncées. Mais Amazon a réfuté les chiffres avancés dans le reportage.

Amazon emploie 7.700 salariés dans des centres logistiques en Allemagne. Des centaines d'intérimaires sont en outre embauchés de façon saisonnière.

17 fév 2013

Source : AFP

La Maison Blanche a défendu dimanche sa décision d'oeuvrer à sa propre réforme de l'immigration, après la publication par un journal la veille d'éléments de ce dispositif, immédiatement critiqué par le camp républicain.

Intervenant lors des "talk-shows" politiques dominicaux des principales chaînes de télévision américaines, le secrétaire général de la Maison Blanche Denis McDonough a affirmé que l'exécutif collaborait de près avec huit sénateurs, quatre républicains et quatre démocrates, qui ont présenté fin janvier leurs principes pour une réforme du système d'immigration.

Quelque 11 millions de personnes vivent clandestinement sur le sol américain, selon les estimations les plus répandues. Samedi, le journal USA Today a diffusé une partie de ce qu'il affirme être le plan élaboré par la Maison Blanche pour résoudre cette question qui empoisonne de longue date le débat politique aux Etats-Unis.

Ce dispositif prévoit un parcours administratif de huit ans pour les clandestins avant d'obtenir un statut de résident légal.

Ils pourraient d'abord être candidats à un visa intitulé "Immigrant légal en devenir", et pour cela se soumettre à une enquête sur leurs antécédents criminels, fournir des informations biométriques et acquitter une somme d'argent.

Une fois ce visa obtenu, ils pourraient effectuer une demande de résidence permanente ("carte verte") dans les huit années, sous condition d'apprendre l'anglais ainsi que l'histoire et les institutions américaines. Ils seraient également tenus de payer des arriérés d'impôts sur les sommes touchées lorsqu'ils travaillaient illégalement.

Ces formalités passées, ils pourraient être candidats à une naturalisation, selon USA Today qui a affirmé avoir obtenu ce document auprès d'un responsable de l'administration du président Barack Obama, sous couvert de l'anonymat.

Le sénateur de Floride Marco Rubio, l'un des quatre élus républicains du "groupe des huit", a exprimé sa colère face à ce qu'il a estimé être un geste unilatéral de l'exécutif démocrate.

"La Maison Blanche a fait une erreur en rédigeant un projet de législation sur l'immigration sans chercher la contribution des républicains au Congrès", a-t-il regretté, en qualifiant ces propositions de "mal ficelées et très imparfaites", et sans avenir.

Dimanche, M. McDonough a assuré que la Maison Blanche allait "continuer à travailler avec le sénateur Rubio et d'autres" à ce sujet.

"Mais il dit que (ce plan) n'a pas d'avenir. Faisons en sorte qu'il n'ait pas à être proposé. Faisons en sorte que ce groupe des huit effectue des progrès, autant qu'ils disent vouloir en faire", a ajouté ce proche collaborateur du président Barack Obama.

M. Obama a dit qu'il présenterait son propre texte sur l'immigration si le Congrès ne parvenait pas à se mettre d'accord rapidement. Les républicains conditionnent une telle réforme à un nouveau renforcement de la sécurité aux frontières, également prévu par le plan de la Maison Blanche selon USA Today.

17 fév 2013

Source : AFP

Fausses promesses de rémunération, surveillance confiée à des néo-nazis... le reportage consacré aux intérimaires d'Amazon diffusé le 13 février sur la chaîne allemande ARD fait polémique outre-Rhin. La ministre du Travail dit souhaiter une enquête plus approfondie.

Outre-Rhin, un reportage sur Amazon fait grand bruit. Diffusé sur la chaine de télévision ARD, il dénonce les conditions de travail et de vie des intérimaires employés par le géant du e-commerce en Allemagne. Parmi les images fortes de ce document: des agents de surveillance travaillant dans la région de Hesse en bottes militaires et vêtements prisés des milieux néo-nazis. Employés par l'agence "H.E.S.S. Security" - une référence probable à Rudolf Hess qui fut l'un des plus proches collaborateurs d'Adolf Hitler -, ils ne sont pas employés par Amazon mais sont chargés de la sécurité des hôtels à bas prix dans lesquels logent les intérimaires qui travaillent pour le groupe américain et seraient allés jusqu' à fouiller leurs chambres.

Des intérimaires sous-payés

L'enquête menée pour la chaîne de télévision indique en outre que les intérimaires, souvent des immigrés originaires d'Espagne logés dans des appartements surpeuplés, touchent des salaires inférieurs en moyenne de 10% à ceux qui leur ont été promis. Des chiffres réfutés par le groupe de commerce en ligne qui a diffusé vendredi un communiqué dans lequel il affirme qu'"Amazon ne tolère en aucune manière la discrimination ou l'intimidation et [rejette] tout comportement de ce type".

Berlin prend le sujet au sérieux

Mais les conditions de travail des salariés d'Amazon ont suffisamment ému Berlin pour que la ministre du Travail, Ursula von der Leyen affirme au journal Die Welt am Sonntag que l'exécutif comptait prendre ce dossier au sérieux. "Si l'enquête montre que ces accusations sont vraies, l'agence de placement (qui a embauché les travailleurs) pourrait perdre sa licence" a-t-elle expliqué.

17/02/2013

Source : latribune.fr

Le scénario est le même tous les hivers depuis 20 ans. Des travailleurs migrants viennent en Calabre pour la récolte des agrumes. Chaque année, le calvaire est identique, voire pire. Trois ans après les émeutes, nous sommes de retour à Rosarno, où rien n’a changé.

D’octobre à mars, ils sont près de 4000 à vivre dans des maisons abandonnées ou des camps de fortune.
Ils oeuvrent dur bien qu’exploités, quand ils trouvent du travail.

“Je pars à l’aventure, le travail n’est pas garanti. Si je tombe sur quelqu’un c’est bien, si non…
Je vais à Rosarno et si quelqu’un m’engage ce sera pour la journée. Pour 25 euros”, explique un migrant nommé Tounda.

Amnesty International allègue une exploitation généralisée des travailleurs étrangers en Italie. Selon l’organisation, ils toucheraient le plus souvent moins de 40% du salaire minimum, sans parler des conditions de travail exécrables. Difficile aussi pour eux d‘être embauchés, et encore plus de mettre de l’argent de côté.

“Vous travaillez pendant deux jours, puis vous ne travaillez plus les trois jours suivants. De cette façon, vous dépensez tout l’argent que vous avez gagné”, explique Touré un autre migrant.

La récolte des oranges en Calabre a été une source de richesse pour l’ensemble de la communauté dans le passé. Dans les années 80, c‘était un moyen rapide de gagner de l’argent via une fraude massive baptisée “orange en cartons”. A l’heure actuelle, ce secteur est en marge de l‘économie mondiale.

Ici, les orangers s‘étendent sur plus de 7000 hectares. Les 5000 agriculteurs, qui vendaient autrefois leurs oranges à la Russie ou aux Etats-Unis, doivent désormais accepter les prix fixés par de grosses firmes telles que Coca-Cola par exemple.

Sans ces travailleurs migrants, la seule alternative est de laisser les fruits pourir à même le sol. Ce qui arrive déjà bien sourvent.

“Les agriculteurs doivent accepter les prix fixés par l’industrie qui ne veut pas payer plus et c’est ce qui est l’origine de l’exploitation des travailleurs étrangers. Ces travailleurs sont exploités depuis 50 ans, et ils le sont encore aujourd’hui. Avant ils étaient de la région, maintenant ce sont des étrangers”, explique Fabio Mostaccio, sociologue à l’Université de Messine.

Un coût du travail si faible représente une bouffée d’oxygène pour l‘économie locale, mais rien n’est prévu pour accueillir décemment ces travailleurs étrangers. Aucune politique d’encadrement n’est mise en place. Ils sont comme invisibles.

Alors, ils tentent de survivre. En février, le camp construit par le gouvernement, a rapidement doublé de volume. Ils étaient plus de 700 à vivre sous des bâches en plastique. Après un violent orage, le maire a quand même dû réagir.

“J’ai immédiatement demandé de l’aide. J’ai écrit au préfet, au président de la région Calabre. J’ai aussi contacté d’autres institutions. Personne n’a répondu alors je n’ai pas eu d’autre choix que de fermer le camp”, explique Domenico Madafferi, le maire de San Ferdinando.

Malgré l’urgence humanitaire, il aura fallu deux mois avant que suffisamment de fonds et de ressources soient réunis pour établir un nouveau camp.

“Nous ne pouvions pas rester dans cette situation cet hiver. Ces tentes ne sont pas adaptées à la météo. Alors nous avons fait un effort supplémentaire et avons décidé de nous servir de tentes utilisées normalement après une catastrophe naturelle”, dit Vittorio Piscitelli, préfet de la région de Calabre.

Pourtant, deux semaines après cet entretien, le nouveau camp était toujours vide. Le transfert avait bien commencé mais faute d’argent les autorités ont finalement hésité.

Des ONG critiquent la manière de faire des autorités qui nient la réalité et n’interviennent qu’en cas d’urgence.

“Ils n’entreprennent rien sur le long terme.

La seule action a été la création d’un village de le Solidarité, un centre énorme et coûteux situé loin des villes et qui sera bientôt un ghetto. Celà a coûté une fortune. Avec la même somme d’argent, on aurait pu restaurer des maisons de la région”, explique Arturo Lavorato, de l’ONG Africalabria.

D’ici juin prochain et le démentellement du camp, les travailleurs africains de Rosarno vont devoir se débrouiller seuls, sans aucune aide ni aucun service, à pars un simple bus en cas d’urgence médicale.

L’ONG Africalabria opère en Afghanistan et aussi en Irak. En Calabre, elle reçoit 40 personnes par jour. Problèmes de dos, arthrite, insomnie, les maux sont nombreux. De l’avis des urgentistes, Rosarno est un endroit peuplé d’invisibles, ceux qui travaillent en Europe, mais que l’Europe fait semblant de ne pas voir.

« ll y a comme une armée de travailleurs migrants qui se déplacent au fil des saisons de récolte. Avant de venir ici, nous étions à Foggia dans les Pouilles, en Basilicate et en Sicile, pour les récoltes saisonnières, comme celle des tomates en Campanie. Puis nous sommes venus en Calabre”, dit Roberto de l’ONG Africalabria.

15/02 20

Source : euronews

La journaliste, rédactrice en chef du Courrier de l’Atlas, Nadia Hathroubi-Safsaf, a présenté ce week-end, au Maghreb des livres, à l’Hôtel de Ville de Paris, son ouvrage récemment publié, Immigrations plurielles - Témoignages singuliers. Une série de portraits d’immigrés dont le parcours, l’histoire parfois difficile, illustre de la complexité et de la richesse de l’immigration en France. Interview.

Si le thème inonde les librairies, cette fois le propos est autre. Véritable hommage à ces hommes et ces femmes qui ont apporté leur pierre à l’édifice nationale, ce livre est une réponse pertinente et "humaine" aux détracteurs de l’immigration, pensée comme un fardeau et non comme une richesse. Un appel en somme à revoir nos préjugés sur le péril noir, jaune ou vert en donnant la parole aux acteurs de cette histoire. L’auteure sera présente

Afrik.com : Des livres sur l’immigration, il en existe beaucoup, pourquoi l’idée de celui-ci, sous cette forme, des témoignages ?

Nadia Hathroubi-Safsaf : J’étais journaliste à Presse et Cité, j’étais sur l’écriture d’un roman, j’avais même trouvé un éditeur. Et en discutant avec une amie, je me suis dit j’en ai marre qu’on parle des immigrés comme des anonymes. Alors que pour nous, ce ne sont pas des anonymes. Ma tante est longtemps restée sans-papier du coup quand j’entends des choses sur les personnes en situation irrégulière, ça me touche. Dans les médias, on parle de hordes d’immigrés subsahariens et maghrébins qui déferlent sur le France et l’Europe. Il faut faire peur pour faire du buzz. Je me suis dit que c’est ce qu’il fallait faire : aller au delà des chiffres et des discours qui présentent une immigration qui fait peur en parlant de l’immigration de façon humaine et pédagogique. Par des tranches de vie. Rappeler que derrière chaque chiffre, il y a une histoire, un parcours parfois difficile. Je voulais mettre de l’humain dans tout ça.

Afrik.com : La singularité de ce livre c’est aussi qu’il ne traite pas d’une immigration, comme c’est souvent le cas, maghrébine, subsaharienne ou asiatique, mais de différentes formes d’immigration. Pourquoi ce choix justement ?

Nadia Hathroubi-Safsaf : Quand j’ai fais une présentation de mon livre à la maison de Cergy, une femme m’a posé la même question : « des livres sur l’immigration, il y a en a plein, donnez-moi envie de lire le vôtre ». Un homme d’un certain âge a alors pris la parole : « Je vais vous dire pourquoi ce livre est différent des autres. Je travaille à la Cimade. Quand j’essaie de raconter mon quotidien, mon travail, je n’y arrive pas. Ce livre a répondu à toutes mes questions. C’est tout l’intérêt de ce livre : mener un travail pédagogique à partie de témoignages forts qui illustre l’histoire de l’immigration en France. » C’est précisément ce que je voulais faire : un livre humain et pédagogique.

Afrik.com : C’est la raison pour laquelle vous avez ajouté aux témoignages un long chapitre sur l’histoire de l’immigration en France ?

Nadia Hathroubi-Safsaf :Je ne suis ni sociologue, ni ethnologue. Je suis journaliste. Et j’ai fais ce que je sais faire finalement, recueillir des témoignages et les transcrire. Sauf que j’ai souhaité également contextualiser ces récits d’où une petite entrée en matière qui peut paraître un peu sociologique. Le plus important, c’était de mettre de l’humain au cœur de ce livre. Rappeler que la France a toujours été une terre d’accueil. Encore une fois, j’insiste sur le contexte. De tous temps, la France a accueilli différentes populations pour des raisons diverses. C’est pourquoi j’ai fait le choix d’un panel assez large. Des personnes âgées de 35 à 87 ans.

Afrik.com : Justement, comment s’est fait le choix des témoignages ? Finalement, c’est le cœur du livre mais on en compte que dix alors qu’on en aurait voulu davantage…

Nadia Hathroubi-Safsaf : L’éditeur a souhaité qu’on les limite à dix mais en réalité j’en ai recueilli une vingtaine. On a cherché avant tout un équilibre homme-femme, et une diversité en fonction des âges et de la religion. Parce que, quand on parle immigration, on pense systématique à des Maghrébins ou des Subsahariens, un peu plus aux Asiatiques aujourd’hui, mais l’idée était de montrer qu’il y avait une grande diversité au niveau des origines. Et même, pour ne prendre que les Maghrébins, il y a de grandes différences entre les immigrations tunisiennes, marocaines ou algériennes. Les Algériens jusqu’en 1962 étaient Français, l’Algérie étant considérée comme un département français.

Afrik.com : Le livre finalement est destiné aux enfants d’immigrés autant qu’au grand public ?

Nadia Hathroubi-Safsaf : Souvent quand on discute avec des jeunes issus de l’immigration, on se rend compte qu’ils ignorent l’histoire de l’immigration. Leur propre histoire familiale comme celle des autres. Il y a un vrai problème de transmission de l’histoire migratoire au sein des familles d’immigrés. Parce que les parents ont parfois du mal à raconter leurs histoires mais aussi parce que les enfants ne sont pas toujours prêts à les entendre. Pour « eux » ce sont de vieilles histoires que les aînés radotent. Plus largement, j’ai pensé à des personnalités comme Eric Zemmour en écrivant ce livre. Toutes ces personnes qui ont des idées préconçues sur l’immigration ont-elles déjà discuté avec un immigré ? Que savent-elles de la détresse de l’exil ? Quand on est choqué parque les immigrés maghrébins ont tendance à vous tutoyer, on ignore que c’est parce qu’en arabe le « vous » n’existe pas, il y a d’autres formes de politesse. Il y a une forte méconnaissance de l’immigration en France. On n’essaie jamais de se mettre à leur place pour les comprendre. J’espère que j’ai réussi à susciter de l’empathie pour ces personnes, à entrer dans leur vie.

Afrik.com : Vous êtes une journaliste engagée, membre de nombreuses associations. Ce livre s’inscrit dans le même combat ?

Nadia Hathroubi-Safsaf : Je m’en suis rendue compte avec le recul. Au départ, je voulais qu’on arrête de caricaturer ces populations, dont mes parents. Quand on entend qu’ils sont en France pour profiter des aides sociales, ça me révolte. Mes parents ont travaillé dur toute leur vie sans jamais prendre d’arrêt maladie. Même malades, ils allaient travailler. Et sans se plaindre en plus ! C’est eux qui m’ont transmis le goût du travail la culture de l’effort. Ce qui me réveillait le matin c’était l’odeur du café que préparait mon père à 6h30 avant d’aller travailler. Jusqu’à aujourd’hui j’associe le parfum et le bruit de la cafetière à ce souvenir. C’est ce que je voulais raconter. Si c’est un livre engagé, c’est de manière inconsciente. Je n’ai pas le sentiment d’être une journaliste engagé. C’est avant tout un hommage à mes parents et aussi un message en direction de mes enfants : qu’ils sachent qu’ils ont des grands-parents qui viennent d’ailleurs et qu’elle a été leur histoire.

Afrik.com : Et de ce livre dont vous parliez au début de cet entretien. Portera-t-il sur la même thématique ?
Nadia Hathroubi-Safsaf : Non, mais il est trop tôt pour en parler. Par contre, je travaille actuellement sur un essai sur les 30 ans de la Marche des beurs qui sortira en septembre.

Nadia Hathroubi-Safsaf, Immigrations plurielles - témoignages singuliers, Editions Les points sur les i.

16 février 2013, Dounia Ben Mohamed

Source : Afrik.com

Le Forum International de la Migration est un événement culturel et intellectuel marocain inventé et conçu par l’Association Forum Béni Amir qui réserve, un intérêt particulier à la thématique de la migration depuis 2010.

L’université Internationale de Rabat (UIR), organise avec le soutien du Conseil de la communauté marocaine à l’étranger (CCME), un débat sur la présence musulmane en Belgique, à l’occasion de la sortie du livre Islam Belge au pluriel, un ouvrage collectif, sous la direction de Brigitte Maréchal et Farid El Asri, édité en décembre 2012 par les Presses Universitaires de Louvain (Belgique).

Organisé le jeudi 21 février 2013 dans les locaux de l’UIR, de 17h00 à 19h00, le débat se déroulera en présence de l’ambassadeur de Belgique au Maroc, S.E.M. Jean-Luc Bodson, de  Farid El Asri et de Mehdi Alioua, enseignants-chercheurs au département de Sciences Politiques de l’UIR.

Publié dans la Collection « Islams Contemporains », Islam Belge au pluriel est un ouvrage destiné à un large public. Il englobe les contributions d’une quinzaine de chercheurs belges, aux formations différentes, avec des disciplines complémentaires (sociologie, anthropologie, sciences politiques, histoire, islamologies, etc.), offrant au lecteur une étude globale sur les populations musulmanes de Belgique, ainsi que sur la « variété de dynamiques de fond qui animent et complexifient les manières d’être musulman en Belgique ».

Le livre aborde aussi « la question des identités et appartenances, à partir des positionnements face aux pratiques religieuses dans la sphère publique mais aussi des processus tels que les conversions (vers ou dans l’islam) ou les engagements citoyens ».

Pour télécharger la quatrième de couvenrture du livre, cliquez ici

15/2/2013

Source: CCME

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