dimanche 7 juillet 2024 20:15

La diversité est l'essence du festival Au fil des voix. Samedi 16 février 2013, de 17 à 19 heures, à la salle parisienne de l'Alhambra, une table ronde abordera cette réalité au travers d'une discussions relative à la place de la musique au sein de l'immigration algérienne. Animatrice du rendez-vous, l'historienne Naïma Yahi revient sur cet épisode culturel essentiel.

De tout temps la musique a occupé une place conséquente au sein des grands mouvements migratoires. Il suffit d'écouter les répertoires diffusées aux USA pour réaliser leurs fonctions au sein des communautés concernées. Si l'apport africain est la conséquence de l'esclavagisme, les thèmes irlandais ou latins, inhérents aux immigrations respectives, font désormais partie du patrimoine culturel ambiant. En France la place occupée par la musique, notamment au sein de l'immigration algérienne, est méconnue du grand public. Historienne, directrice de la revue Pangée Nertwork, Naïma Yahi revient sur cette page culturelle. Pour cette dernière, la musique est indissociable des migrants : "Quand on immigre c'est avec sa propre culture. Pour la population algérienne, le phénomène ne débute pas avec les grandes vagues  économiques des années 60 et 70 mais remonte à l'après Première Guerre Mondiale. Il aboutira, avec la migration des Trente Glorieuses, à une scène propre aux Algériens de France."

Un registre métropolitain va se développer, en marge de la société, avec ses chantres de l'exil comme Slimane Wazem ou Ahmed Whaby. Les titres sont interprétés en français ou en arabe. C'est le cas de Slimane Wazem qui inscrit, au dit répertoire, des chansons engagées et empreintes de dérision comme La carte de résidence. Pour Naïma Yahi, ce fait est spécifique  : "Bien évidemment, la plupart des travailleurs écoutaient de la musique algérienne mais rapidement des chanteurs, producteurs et éditeurs composent un catalogue adapté. A Paris naturellement où se développe  un circuit commercial qui a permis la diffusion du dit répertoire. Mais également sur les bassins industriels nordistes ou lorrains, des terres traditionnellement enclines à l'immigration. "

Si, au Royaume Uni, les musiques de l'ex-empire colonial tel le ska jamaicain  vont se mêler au répertoire populaire rock, les chansons des premiers migrants algériens, elles, ne connaissent pas ce brassage. Une absence de la la scène hexagonale liée à l'Histoire et au manque de médiatisation des artistes. Il faut attendre le début des années 80 et le groupe Carte de Séjour pour écouter des musiciens enfants de l'immigration algérienne assimiler leurs racines  : " Les premières travaux assumées sont apparues il y a quelques années avec Mouss et Akim de Zebda qui ont enregistré Origines contrôlées, une compilation des chants qu'écoutaient leurs parents ou bien encore Rachid Taha et son projet Diwan " précise Naïma Yahi qui revient sur l'histoire de Ya Rayah : " Lorsque est sortie la reprise de Rachid Taha, ce standard de la musique arabe est devenu un tube en France. C'est révélateur d'un métissage ".

Salah Amokrane, directeur du festival Origines Controlées et producteur du duo toulousain Mouss et Akim,  sera présent à l'Alhambra, samedi lors de cette discussion. Autre figure, Mohand Anemiche évoquera les années dites Barbès et le répertoire de l'exil au travers de grands artistes de la diaspora maghrébine qu'il a signé. L'écrivain et journaliste Samia Messaoudi apportera son point de vue à la discussion Kamel Hamadi et Ben Mohamed, respectivement parolier et poète, pourraient participer à ce rendez-vous. Enfin, en perspective, signalons la reprise des sessions Barbès Café, à partir du 23 février, au Cabaret Sauvage. Ce spectacle revient d'une tournée triomphale en Algérie. Composée de différents tableaux, l'affiche propose, sur le mode festif, une histoire de l'immigration maghrébine sur le territoire Français.

11 février 2013, Vincent Caffiaux

Source : Médipart 

La dixième édition du festival "Cinéma et migrations", initialement prévue du 4 au 9 mars à Agadir et dont le report a été annoncé lundi, aura bien lieu en novembre prochain, apprend-on auprès des organisateurs.

"Nous ne désarmons pas. Ce sera en novembre prochain. Il serait à tout le moins injuste de priver Agadir d'un festival d'une aussi haute facture", a affirmé dans une déclaration à la MAP Driss Moubarik, président de l'Association l'Initiative culturelle qui porte cette manifestation.

Les organisateurs ont pris la décision de reporter ce festival "faute de moyens financiers", a-t-il dit, regrettant le "peu de cas fait par la commission des subventions" à leur dossier en ne leur octroyant "qu'une somme médiocre en guise de soutien", contrairement à d'autres manifestations.

Déplorant la "persistance d'une logique privilégiant le centre au dépens de la marge", il a affirmé que les colloques, conférences, tables-rondes et autres activités parallèles, initialement programmés entre le 4 et le 9 mars, seront maintenus avec les mêmes intervenants.

Contacté par la MAP, le président de la commission des manifestations cinématographiques, Hassan Smili, a assuré que le festival "Cinéma et migrations", classé festival de catégorie C, dispose en effet d'un "très bon dossier" et continuera de jouir d'un intérêt particulier en raison de "sa bonne réputation".

"Tenir un festival à Agadir est un plus, au vu de l'importance que revêt cette région dans la stratégie de notre commission qui privilégie dans son action la répartition géographique et la parité entre les régions", a-t-il souligné.

M. Smili a indiqué que le festival d'Agadir est à ce titre appelé à déposer sa demande, avant le 5 juin prochain, pour être éligible, comme ses pairs d'autres régions, à un soutien conséquent lors de la deuxième réunion de la commission, prévue fin juin ou début juillet.

11 fév 2013

Source : MAP

Si le Québec devait accéder à l'indépendance, son gouvernement doublerait le nombre d'immigrants français, qui constituent actuellement le deuxième contingent de nouveaux arrivants, a déclaré lundi le ministre des Relations internationales de la province canadienne.

"Indépendants, nous pourrions doubler en quelques mois le nombre de jeunes Français qui viennent découvrir le Québec pour y séjourner et y travailler temporairement, puis s'installer durablement", a lancé Jean-François Lisée lors d'une conférence du Conseil des relations internationales de Montréal.

"Simple province, nous ne pouvons qu'attendre le bon vouloir des autres", a ajouté le ministre indépendantiste, en allusion aux relations complexes qu'entretient le Québec avec le gouvernement fédéral d'Ottawa.

"Cette main d'œuvre qualifiée et francophone nous fait pourtant cruellement défaut", a-t-il déploré.

La province francophone comptait en 2012 plus de huit millions d'habitants, dont près de 250.000 immigrés accueillis entre 2007 et 2011.

Le Maroc et l'Algérie sont traditionnellement les premiers pays d'origine des nouveaux arrivants, notamment en raison de la place de choix accordée par le Québec aux personnes francophones et qualifiées.

Mais au cours des neuf premiers mois de l'année 2012, la Chine s'est hissée en première place avec quelques 4.500 personnes accueillies, suivie de la France avec quelque 4.000 immigrés, attirés par le marché du travail dynamique de la province ainsi que sa qualité de vie, selon les dernières statistiques.

Selon la diplomatie française, quelque 150.000 Français vivent au Canada, dont 110.000 au Québec, parmi lesquels 100.000 sont installés à Montréal.

Après une longue traversée du désert, les indépendantistes du Parti québécois ont remporté en septembre les élections législatives locales, en prenant garde toutefois d'annoncer la date d'un éventuel référendum sur le destin de la province.

L'idée n'est soutenue que par environ 40% de la société et un référendum convoqué à brève échéance serait condamné à l'échec, comme lors des deux consultations précédentes en 1980 et 1995.

11 fév 2013

Source : AFP

Dans un rapport commandé par Jean-Marc Ayrault, le conseiller d'État Thierry Tuot livre un discours audacieux qui casse les tabous de l'intégration. Interview.

Dévoilé depuis vendredi, son rapport fait déjà du bruit. Thierry Tuot, 52 ans, est conseiller d'État. En 2000, ce spécialiste des questions d'intégration publie sous pseudonyme le livre Les indésirables, dans lequel il se montre intraitable avec l'action de l'État. Dix ans plus tard, il récidive avec un rapport intitulé "La grande nation : pour une société inclusive", commandé par Jean-Marc Ayrault lui-même, et dans lequel il suggère de créer un "titre de tolérance", qui vise à régulariser progressivement les clandestins non expulsables. Une proposition qui n'a pas été bien accueillie par Manuel Valls, qui ne souhaite "aucune régularisation massive". Qu'importe, le conseiller d'État n'estime pas avoir les bonnes solutions. Mais il veut jeter les bases d'un débat sain. Entretien.

Le Point.fr : Vous critiquez d'emblée "l'invocation rituelle" des grands symboles de la nation française comme facteurs d'intégration. "Dans quel monde faut-il vivre pour croire un instant opérante la frénétique invocation du drapeau ?" écrivez-vous. C'est un discours que peu de gens tiennent...

Thierry Tuot : Il faut s'adapter aux réalités et ne pas partir d'une réalité que l'on voudrait se faire de la France. D'une certaine façon, on vient tous d'arriver en France. Le drapeau français, il faut y être attaché. Mais il faut arrêter d'invoquer à tout-va les grandes mannes de la République. Et de ne traiter la question de l'intégration que par des injonctions morales et moralisatrices. Les valeurs et les objectifs, c'est important bien sûr. Mais concrètement après, on fait quoi ? L'intégration ne concerne pas que les immigrés, mais également ceux qui vivent avec. Je n'ignore rien du "syndrome du petit Blanc", comme on l'appelle parfois, pour désigner ceux qui vivent dans les quartiers défavorisés.

"Préjugés", "fausses vérités"... Il faut, selon vous, en finir avec les propos qui instrumentalisent l'intégration. La France doit avoir un discours "fier, conquérant, réaliste". Ce sont là les bases de ce que vous appelez une "société inclusive" ?

Depuis trente ans, le Front national nous promet l'apocalypse pour le lendemain. La vérité, c'est que ça va plutôt bien. Mais il y a trop peu d'experts qui pourraient apporter une solution plus nuancée. La France doit impérativement relancer le financement de la recherche. Elle doit avoir conscience que le rang d'un pays dépend de son ouverture à l'étranger. Sinon, on se contente de fausses vérités qui sont le miroir des attentes de ceux qui les écoutent. Le Haut Conseil à l'intégration (HCI) doit être réformé et doit pouvoir donner chaque année les chiffres des flux migratoires. On doit pouvoir séparer les migrants qui viennent pour le travail de ceux qui viennent pour étudier ou rejoindre leur famille.

Les immigrés viennent d'Afrique ? Faux ! Les quatre cinquièmes viennent d'Europe. On ne nous parle que des quartiers, alors qu'une grande partie des immigrés vivent en milieu rural. Et pourquoi craindre un choc démographique musulman, alors qu'il y a un effondrement de la natalité dans les classes immigrées ? Lorsque les partis politiques évoquent la question de l'intégration, ils se bornent à parler d'immigration et de flux migratoires. Le discours doit être plus bienveillant. Il faudrait mener une étude sur l'équilibre des régimes sociaux depuis 1960. Je suis convaincu qu'en matière de vieillesse, de maladie et d'accidents du travail, les immigrés ont plus rapporté à l'État qu'ils ne lui ont coûté.

Dans votre rapport, vous accordez une place significative à la mémoire. Cela passe par l'installation de carrés musulmans dans les cimetières, la rénovation des foyers de travailleurs migrants ou encore un meilleur accès au droit des personnes âgées issues de l'immigration. C'est fondamental, selon vous ?

C'est même vital. Il faut célébrer la mémoire, cesser d'effacer la trace immigrée dans notre histoire. Arrêtons d'agiter les grands mots et regardons plutôt leur signification. "Patrie", ça veut dire quoi ? La terre des pères. Si les parents d'enfants immigrés ne sont pas enterrés en France, alors la France n'est pas leur terre. C'est aussi simple que cela. L'insalubrité des foyers de travailleurs migrants est également un enjeu de taille. Si on les laisse en l'état, l'enfant se dit : "Regardez comment vous traitez mon père, comment il est enterré, comment vous me traitez à l'école et dans les quartiers."

L'intégration est peu prise en compte dans la politique de la ville ou dans l'accès au logement social...

Il faut arrêter de s'acharner à distinguer les publics, on n'y arrivera jamais. La solution est de mener une politique territoriale efficace. Pour le logement social, il faut une prise de décision locale mais transparente, objective, démocratique. Combien de personnes sont devant nous ? Et pourquoi certaines qui sont derrière nous sur la liste sont-elles finalement prioritaires ? Les foyers modestes sont persuadés que les étrangers sont favorisés pour obtenir une HLM et inversement. Il faut clarifier tout ça, c'est une question de paix sociale. Cécile Duflot m'a dit qu'elle était très intéressée par les propositions du rapport et s'est penchée sur la question.

Par ailleurs, nous devons faire ce que la France fait très bien : créer de la valeur ajoutée avec de la réglementation. Nous pourrions prévoir certaines dérogations aux règles d'urbanisme. Par exemple, autoriser dans un immeuble la construction d'un étage supplémentaire, si le propriétaire s'engage à faire de ses biens des logements sociaux.

Et concernant la lutte contre les discriminations, que reste-t-il à faire ?

Dans la classe politique, la haute fonction publique, ou encore les hôpitaux, il y a peu de gens issus de l'immigration. Si ne serait-ce qu'un dixième des juges avait la même couleur de peau que les prévenus assis sur le banc, je suis persuadé que cela changerait la donne. Pourquoi y a-t-il de telles discriminations ? À cause du recrutement dans les facultés, du système de parrainages dans les écoles ? S'il n'y a pas de personnes originaires des quartiers dans votre entreprise, demandez-vous pourquoi ! Il faut crédibiliser notre discours, le rendre cohérent. Sinon l'enfant ne comprend pas et se rebelle. "Et aujourd'hui, que reste-t-il à un enfant des quartiers ? Rien. La Harley Davidson, ça ne marche plus !"

11/02/2013, Marc Leplongeon

Source : Le Point.fr

Membre du Haut Conseil à l'intégration, Malika Sorel-Sutter fustige le rapport qui accable la politique d'intégration menée depuis 30 ans en France.

L'insuffisance des moyens investis par l'État

D'emblée, le rapport précise que la politique qui favorise l'intégration a quasiment disparu. Il met en cause l'État qui aurait "détruit une partie des outils de la politique d'intégration : les crédits, les établissements et, plus grave, les personnels compétents et les associations les plus actives". Cette accusation est infondée. Le rapport détaille par ailleurs la longue liste des principaux acteurs qui interviennent dans le domaine de l'intégration. Jamais l'État n'a en effet autant investi dans le volet social de l'intégration. En termes d'investissements, pour le seul secteur de la rénovation urbaine, l'État a consenti sur 10 ans pas moins de 43 milliards. Il faudrait y ajouter toutes les politiques déployées qui ont été fort coûteuses et dont le retour sur investissement reste décevant, telles les ZEP, les ZUS, les zones franches urbaines... Il serait salutaire que l'État consente à communiquer enfin sur la réalité des moyens financiers importants qu'il a mis - et continue à mettre - en oeuvre.

Il est interdit de parler d'"intégration"

La violence de la charge menée contre toute évocation des grands principes met mal à l'aise : "Dans quel monde faut-il vivre pour croire un instant opérante la frénétique invocation du drapeau ?" Un tel mépris inquiète, car le Conseil d'État n'est pas n'importe quelle administration. C'est la plus haute juridiction administrative en France. Il a son mot à dire sur tout projet de loi. Que signifie donc l'intégration ? La réponse est donnée par touches successives. Au final, on comprend que l'intégration ne se fera que si on la vide de sa substance. Le rapport propose même que le nom du Haut Conseil à l'intégration soit changé. Refuser de regarder en face les difficultés de l'intégration ne fera, hélas, pas disparaître les problèmes !

C'est d'ailleurs ce refus de la vérité qui a dicté sa loi depuis quarante ans et a mené à la situation actuelle. D'un côté, des Français qui sont massivement crispés par rapport aux migrants du Sud, comme le montre la récente enquête Ipsos pour le Cevipof (France 2013, les nouvelles fractures), et de l'autre, des descendants de l'immigration. Ces derniers se divisant eux-mêmes entre une partie qui, au vu des messages brouillés, ne comprend pas ce que l'on attend d'elle ; et une autre qui soit se dresse de plus en plus violemment contre tout détenteur, réel ou supposé, d'une parcelle de l'autorité publique (corps enseignant, policiers, corps médical...), soit s'est totalement intégrée et que l'on ne saurait plus distinguer des Français de souche culturelle européenne.

La seule solution, c'est la politique de la ville

Le rapport propose que l'intégration soit absorbée par les acteurs qui dépendent de la politique de la ville. Or, nous avons déjà suffisamment de recul et nous avons déjà mené suffisamment de hasardeuses expérimentations pour savoir que cela est un échec au regard de l'intégration. De plus, la répartition de la population concernée sur le territoire fait que moins d'une personne sur cinq dans le public visé serait alors touchée par cette politique axée sur les territoires. Par ailleurs, déléguer aux acteurs locaux - ce qui sera la conséquence de ce qui est recommandé - la gestion d'un sujet aussi capital, puisqu'il touche à la cohésion sociale et nationale, est porteur de très gros risques. Parmi ces risques, citons celui de la distorsion des moyens qui créerait une rupture d'égalité entre les territoires, ainsi que la fragilisation des acteurs locaux, qui se retrouveraient inéluctablement à la merci des pressions communautaires.

Concernant par ailleurs le monde associatif, il est urgent que l'État mette en place des cahiers des charges dont le respect conditionne l'octroi de moyens financiers. La question de l'intégration est une question transverse qui mériterait probablement d'être confiée à une instance gouvernementale bien identifiée. Surtout, elle ne peut être réduite à sa seule dimension socio-économique, en laissant de côté les composantes les plus concernées que sont l'éducation, l'instruction, la famille, les affaires intérieures, l'emploi, les affaires étrangères et les armées. L'État doit plus que jamais conserver la gestion et le contrôle des leviers d'action sur ce sujet afin de veiller à la cohérence de l'ensemble.

La régularisation massive

Le rapport propose d'entériner le fait que l'État est impuissant à faire respecter les frontières de la République. Il recommande de ce fait à l'État d'offrir à tout "clandestin non éloignable" un "statut de tolérance" qui lui permettrait de s'inscrire dans un parcours de 5 ans au bout duquel la régularisation deviendrait effective. Comment ne pas craindre que cela constitue un formidable appel d'air et une prime à tous ceux qui enfreignent les règles ? L'ancien directeur de la police générale à la préfecture de police de Paris Yannick Blanc expliquait que "les migrants, quel que soit leur pays d'origine et si désespérés qu'ils soient, ont un comportement stratégique et que la possibilité qu'on a d'obtenir un titre de séjour consiste à rester un certain temps, à fonder une famille, puis à faire valoir le droit qu'on a ainsi acquis à une vie privée et familiale normale" (Yannick Blanc, "Le marché mondial de la migration", Le Débat, n° 151, Gallimard, septembre 2008).

Est-il possible, au vu de la crise qui frappe l'Europe et dont les effets font de plus en plus craindre des explosions sociales, de laisser entrer des flux de population ? Quelles justifications donner aux Français de la classe moyenne dont l'espoir d'une ascension sociale pour leurs enfants devient chaque jour plus ténu au vu de la pression fiscale croissante qu'ils sont appelés à supporter ? Quel discours tenir à tous ceux qui sont pauvres si demain l'Union européenne cesse de leur verser des subventions comme cela est envisagé ? Ne faudrait-il pas porter la plus grande attention au sentiment d'injustice qui grandit partout sur le territoire, sentiment qui se double d'un sentiment d'humiliation. Comme l'a si bien écrit Victor Hugo : "Le plus excellent symbole du peuple, c'est le pavé : on lui marche dessus jusqu'à ce qu'il vous tombe sur la tête."

11/02/2013, Malika Sorel-Sutter

Source : Le Point.fr

Le président du Rassemblement national des indépendants (RNI), Salaheddine Mezouar, a animé, samedi à Paris, une rencontre sur les enjeux de la mise en oeuvre de la constitution, mettant l'accent notamment sur les opportunités qu'elle représente pour les Marocains du monde.

Devant un auditoire composé essentiellement de membres de la communauté marocaine établie en France, M. Mezouar a insisté sur le rôle "déterminant" de la diaspora, appelée à participer activement à l'évolution institutionnelle du Royaume, en plus de sa contribution à son développement économique et social.

Lors de cette rencontre, organisée par le Réseau des Indépendants Marocains de l'Etranger (RIME), section du RNI en France, M. Mezouar a invité les Marocains du monde à saisir les opportunités ouvertes ainsi par la nouvelle constitution, "une avancée" qui a suscité "de grandes attentes" auprès des citoyens dans le contexte de Printemps arabe.

"2011 était une année qui a marqué le monde arabe", mais "la maturité" de l'expérience marocaine, sous la conduite éclairée de SM le Roi Mohammed VI, et "sa clairvoyance" ont fait que le Maroc a su vivre ce contexte "en capitalisant sur ses acquis", a-t-il dit, rappelant que la réforme constitutionnelle est la consécration du processus de transition démocratique engagé depuis des années au Maroc (IER, Moudawana..).

"Une diversité politique, une société civile mature et dynamique et un Roi avant-gardiste qui mène le pays avec des convictions des droits de l'Homme, tout cela a fait que la constitution que nous avons aujourd'hui est considérée comme avant-gardiste", a-t-il affirmé.

Le président du RNI a déploré, en revanche, la lenteur du processus de mise en oeuvre des dispositions de la nouvelle constitution, une responsabilité qui incombe, selon lui, aussi bien au gouvernement qu'à l'opposition appelée, désormais à jouer "un rôle extrêmement important", notamment à travers les propositions de lois.

"Cette constitution a été faite dans le consensus. Nous savons que les textes qui arrivent sont fondamentaux pour cette constitution et il est fondamental pour nous que cela se fasse également dans la concertation et le respect de nos différences", a conclu M. Mezouar dont le parti a fait le choix de se ranger dans l'opposition et "assume" ce rôle.

Ce débat politique, marqué également par la participation de M. Anis Birou et Mme M'Barka Bouaïda, membres du bureau politique du RNI, de l'universitaire Hamid Bouchikhi, et du coordonnateur du Réseau des Indépendants Marocains de l'Etranger, Mohamed Amrabet, par ailleurs directeur du bureau parisien de l'Agence Invest in Morocco, s'inscrit dans le cadre d'une campagne d'information sur les enjeux de la nouvelle constitution, lancée par le RNI en direction des Marocains du monde.

En marge de cette rencontre, M. Mezouar a eu à Paris, une série d'entretiens avec des responsables politiques français, notamment le porte-parole du groupe socialiste au Sénat, David Assouline et le président de l'Union pour un Mouvement populaire (UMP-droite), Jean-François Copé, portant sur les relations franco-marocaines et le soutien français à la dynamique des réformes au Maroc.

10 févr. 2013

Source : MAP

D'après les travaux récents menés par deux sociologues, les Français de deuxième génération choisissent le plus souvent un partenaire au sein de leur communauté d'origine. Entretien.

"Qui se ressemble s'assemble." Alors que les mariages mixtes sont souvent perçus comme le symbole d'une intégration réussie, les enfants d'immigrés tendent pourtant à redonner vie à ce dicton. Nés de parents arrivés en France à partir des années 1950, 61 % des Français de deuxième génération choisissent un conjoint de la même origine, d'après une étude menée par Beate Collet, maître de conférences à l'université Paris-Sorbonne, et Emmanuelle Santelli, chargée de recherche au CNRS. Les deux sociologues ont étudié les choix conjugaux de couples dont les parents sont originaires du Maghreb, du Sahel et de Turquie. D'après leurs travaux*, si les descendants d'immigrés sont certes influencés par le poids des traditions héritées de leurs parents, l'amour n'est pas non plus secondaire. Entretien.

Pourquoi choisit-on un conjoint de sa communauté plutôt que d'une autre ?

Beate Collet et Emmanuelle Santelli : Choisir quelqu'un de sa communauté d'origine permet à la fois de tenir compte des désirs, ou volontés, des parents et de ses propres aspirations. Traditionnellement, le mariage était l'affaire des parents et de la communauté élargie qui s'occupait de présenter les deux familles ; il était "arrangé" entre familles. Sous l'effet des années passées en France - et aussi parce que les choses évoluent dans les pays d'origine -, les parents considèrent de moins en moins que marier leurs enfants est de leur devoir. Bien entendu, ils continuent de souhaiter - voire d'imposer pour certains - que le conjoint de leur fils/fille soit de la même origine. Mais dans la majorité des familles, à la différence de ce qui se déroulait par le passé, le conjoint de "même origine" n'est plus nécessairement issu du lignage : il peut être du même pays, voire d'un pays limitrophe - par exemple une jeune fille d'origine tunisienne peut se marier avec un jeune homme d'origine algérienne sans que ce mariage soit considéré comme mixte.

Les contours de la communauté d'origine ont donc changé dans la mesure où cette dernière englobe toutes les personnes ayant une origine maghrébine, étant de religion musulmane ou ayant une expérience familiale migratoire. Ainsi aujourd'hui les descendants d'immigrés ont un choix plus large et peuvent choisir un conjoint qui leur correspond tout en restant dans la "communauté d'origine". 

Qu'est-ce qui différencie les enfants d'immigrés de leurs parents dans le choix d'un conjoint ?

B.C et E.S. : Ce qui différencie le plus les enfants d'immigrés de leurs parents se résume à deux choses : le fait que le plus souvent ils ont choisi librement leur conjoint et qu'ils en sont amoureux. L'autre différence est spécifique au contexte de l'immigration en France, ces descendants d'immigrés peuvent choisir de faire un "mariage mixte". Ayant grandi en France, ils sont "pris" entre les valeurs des parents, présentes dans l'espace familial, et les valeurs des jeunes de leur génération transmises à l'école, entre amis et par les médias. Pour leur choix amoureux se pose donc la question de choisir quelqu'un de même origine ou quelqu'un d'un autre groupe, qu'il soit Français de parents non-immigrés ou issu d'un autre groupe minoritaire. Selon les fréquentations qu'ils ont, le temps de leurs études, sur leur lieu de travail, leur cercle d'amis, ils sont susceptibles de s'orienter vers une union mixte. Cette dernière peut être acceptée par les familles d'origine qui elles-mêmes ont évolué sur ce sujet, mais elle peut aussi être refusée et provoquer des ruptures passagères ou durables dans les familles.

Cette tendance à choisir un conjoint appartenant à la même communauté est-elle plus marquée chez les femmes ou chez les hommes ?

B.C et E.S. : Cette tendance est plus marquée parmi les femmes car, plus que les hommes, il leur est difficile de déroger aux attentes de leurs parents. Il s'agit là d'une règle qui va bien au-delà des enfants d'immigrés. Depuis l'enfance, elles sont plus surveillées, leurs sorties plus contrôlées, elles ressentent plus fortement sur elles les attentes des parents de faire "le bon choix". Bien que, comme les hommes, elles choisissent le plus souvent librement leur conjoint, il se trouve plus souvent être de la même communauté d'origine. Mais c'est aussi pour des raisons religieuses : dans le monde musulman, s'il est admis que les hommes peuvent se marier avec une femme qui fait partie des trois religions monothéistes, il en va différemment pour les femmes. Pour elles, le conjoint doit être de religion musulmane. Elles ont fortement intériorisé cette attente.

L'amour passe-t-il au second plan ?

B.C et E.S. : Pour la grande majorité des descendants d'immigrés, l'amour ne passe pas au second plan. Ces descendants d'immigrés veulent parvenir à tout concilier et aujourd'hui, en France, le "marché matrimonial" est suffisamment vaste pour qu'ils rencontrent quelqu'un qu'ils aiment et qui à la fois dispose de tous les critères (faire partie de la même communauté d'origine, avoir un mode de vie similaire, un même projet de vie de couple, etc.). Et puis, ils peuvent aussi le rencontrer librement au pays d'origine. De nombreuses rencontres s'y font aussi le temps des vacances.

Le mariage est-il une institution plus inébranlable chez les communautés étudiées que chez les Français dits de souche ?

B.C et E.S. : Oui, clairement. On peut observer que les descendants d'immigrés cohabitent nettement moins en dehors du mariage ou avant le mariage. Ils se marient donc dans des proportions plus importantes. Le mariage est le plus souvent constitué d'une cérémonie religieuse et civile. Selon des résultats de l’enquête Trajectoires et Origines (Ined-Insee, 2008), seuls 19 % des descendants d'immigrés d'origine maghrébine, turque et sahélienne cohabitent sans être mariés, 17% ont cohabité avant de se marier alors que 64% se sont mariés avant de cohabiter dans un même logement. La population témoin (Français sans ascendance migratoire) était de 48 % et 39 % dans les deux premiers cas de figure et seulement 13 % dans le dernier cas de figure.

11/2/2013, Assiya HAMZA

Source : France 24

La Confédération syndicale internationale a lancé dimanche une nouvelle salve de critiques contre les conditions de travail sur les chantiers du Mondial 2022 au Qatar. «La façon dont le Qatar profite de la situation des travailleurs immigrés est une honte pour le football.»

Signal d'alarme. La secrétaire générale de la Confédération syndicale internationale (CSI) Sharan Burrow a estimé dimanche que de nombreux ouvriers immigrés risquent la mort en raison des conditions de travail difficiles sur les chantiers du Mondial 2022 au Qatar. «Plus de travailleurs vont mourir pendant la construction (des stades) que de footballeurs fouleront les terrains», a déclaré la responsable syndicale australienne dans une interview au quotidien grec Avgi. «Le Qatar est un Etat esclavagiste du XXIe siècle», a-t-elle ajouté.

Selon Mme Burrow, les ouvriers devront faire face à des températures pouvant grimper jusqu'à 50°C pendant l'été. «Ils risquent les crises cardiaques et la déshydratation... Beaucoup meurent la nuit, de coups de chaud», a expliqué la secrétaire générale, avançant le nombre de 191 décès d'ouvriers népalais pour la seule année 2010. Elle reproche aussi «le mur du silence» opposé par les autorités qataries, quand il s'agit d'évoquer les conditions de travail des ouvriers immigrés.

«Les pressions sur le Qatar vont augmenter. Le Qatar ne peut plus acheter le respect de la communauté internationale»Mme Burrow a insisté sur le fait que les ouvriers n'avaient pas le choix de subir ces conditions de travail, car leurs employeurs confisquaient leurs passeports à leur entrée au Qatar. «La façon dont le Qatar profite de la situation des travailleurs immigrés est une honte pour le football», a jugé la responsable syndicale. «Les pressions sur le Qatar vont augmenter. Le Qatar ne peut plus acheter le respect de la communauté internationale», a-t-elle conclu. La CSI avait déjà lancé en novembre 2011 une campagne contre la tenue de la compétition dans le petit état du Golfe, un an environ après l'attribution de la compétition, le 2 décembre 2010. Fondée en 2006, la CSI est la première organisation internationale syndicale en termes d'organisations affiliées et d'adhérents (301 organisations réparties dans quelque 151 pays en 2011). La plupart des syndicats français y sont affiliés : CFDT, CFTC, CGT et FO.

10/2/2013                         

Source : L’Equipe avec AFP

 

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