L’émirat a annoncé, le 9 décembre 2011, la création d'un fonds d'investissement de 50 millions d'euros destiné aux quartiers français en difficulté, pour 2012.
Mohamed Ali Adraoui confirme: "Le pays cherche surtout des relais d'influence dans la société française." Si le petit émirat s'appuie sur les élites françaises originaires du Maghreb, il veut cependant éviter toute lecture communautariste de son action. Arabes, Noirs ou Blancs pourront, de la même façon, soumettre des projets, soutient l'Aneld. "Tous ceux qui habitent en banlieue peuvent en bénéficier, précise Kamel Hamza. Mais il faut que la France arrête d'avoir peur de son ombre!" "Les investisseurs qataris sont intelligents et savent qu'ils sont attendus au tournant sur cette question, prévient Mohamed Ali Adraoui. Ils sont très au fait des débats français sur l'intégration."...Suite
Le gouvernement français a décidé d'assouplir la délivrance des titres de séjour aux diplômés étrangers "hautement qualifiés" pour faciliter leur accès au marché du travail, dans une tentative de mettre fin à la polémique suscitée depuis des semaines en France, au sujet d'une circulaire du ministère de l'Intérieur jugée dissuasive.
Afin de "dissiper tout malentendu", une circulaire "complémentaire" sera adressée aux préfets "dès la semaine prochaine", donnant les orientations applicables à "la situation spécifique des diplômés étrangers hautement qualifiés, de niveau au moins égal au master 2 (bac+5), qui souhaitent acquérir en France une première expérience professionnelle, conformément à la loi en vigueur", a annoncé le ministère français de l'Intérieur dans un communiqué publié jeudi.
Cette décision intervient à l'issue d'une réunion entre les ministres français de l'Intérieur, Claude Guéant, de l'Enseignement supérieur, Laurent Wauquiez, et du Travail Xavier Bertrand, avec les principaux responsables des universités et des grandes écoles françaises, pour faire le point sur la question de l'accès des ressortissants étrangers récemment diplômés au marché du travail français.
Celle-ci avait été convoquée fin décembre après une rencontre entre le président français Nicolas Sarkozy et son ministre de l'intérieur Claude Guéant qui a été à l'origine de la publication le 31 mai dernier de la circulaire controversée, provoquant la grogne chez la communauté estudiantine et universitaire qui dénonce cette initiative visant à fermer le marché de l'emploi à des étudiants étrangers en fin de cycle et ayant eu des promesses d'embauche par des entreprises françaises.
Les ministres concernés ont tenu à préciser que la circulaire en question porte "une instruction générale sur la politique d'immigration professionnelle, qui rappelle et commente le droit en vigueur sur ce sujet", assurant qu'elle "n'aborde que succinctement la situation des étrangers récemment diplômés".
A travers leur circulaire complémentaire, ils invitent les préfets à faire en sorte que "la nécessaire maîtrise de l'immigration professionnelle ne se fasse pas au détriment de l'attractivité du système d'enseignement supérieur, ni des besoins de certaines des entreprises françaises en compétences spécifiques de haut niveau".
Le texte précisera "explicitement" que "la connaissance approfondie d'un pays ou d'une culture étrangère peut constituer une compétence spécifique recherchée, par exemple pour la conquête d'un nouveau marché", soulignent les ministres français.
Ces instructions complémentaires devront réaffirmer, selon eux, les principes de la politique d'accueil des étudiants étrangers en France qui reste "un pays ouvert".
Quelque 58.419 étudiants venant de pays non-européens ont été accueillis par la France au cours des onze premiers mois de l'année 2011, contre 50.656 en 2009, selon les chiffres du ministère français de l'Intérieur qui estime à 26 pc l'augmentation du nombre de changements de statut en 2011.
Rassemblés au sein d'un collectif dit "du 31 mai", les étudiants concernés jugent insuffisantes les instructions annoncées eu égard à l'ampleur des mesures de plus en plus dissuasives qu'ils subissent depuis quelques mois.
Pour résider en France, ils doivent en effet, depuis le 6 septembre, justifier d'un revenu de 620 euros par mois, contre 460 euros précédemment.
De plus, depuis le 1er janvier, une nouvelle taxe sur les titres de séjour est entrée en vigueur, allant de 280 à 385 euros, contre 55 à 70 euros auparavant.
Le collectif du 31 mai compte organiser mardi une séance de parrainage des étudiants étrangers par des personnalités publiques, alors qu'une centaine de personnalités, dont le prix Nobel de Physique Albert Fert, s'étaient déjà mobilisées en leur faveur en lançant une pétition demandant "le retrait" de la circulaire Guéant qu'ils jugent "moralement méprisable, économiquement suicidaire".
Les signataires s'étaient engagés à "parrainer les diplômés étrangers en les aidant concrètement dans leurs démarches dans les préfectures" et à les "protéger" pour qu'ils puissent rester en France, convaincus que "la matière grise est de toutes les couleurs".
5/1/2012
Source : MAP
Le ministère français de l'intérieur a été rappelé par la justice à ses obligations de permettre l'assistance des étrangers en zone d'attente où sont maintenus ceux qu'on "ne veut pas laisser entrer" dans le territoire, a indiqué jeudi l'Association nationale d'assistance aux frontières pour les étrangers (ANAFE).
Selon cette dernière, le tribunal de Bobigny s'est prononcé mercredi en sa faveur en "renvoyant le ministère dans ses buts" en rejetant l'assignation de l'ANAFE qui avait obtenu une décision de justice ordonnant l'intervention d'un huissier pour constater les entraves à l'accès par les étrangers maintenus en zone d'attente aux conseils juridiques de l'Association.
Celle-ci avait organisé en septembre dernier une permanence expérimentale d'avocats dans la zone de Roissy Charles de Gaulle. "Bien que la loi garantisse aux étrangers maintenus un accès inconditionnel au conseil de ces avocats, la Police aux frontières s'emploie à empêcher cet accès", s'est indignée l'ANAFE qui s'interroge si le "ministère de l'Intérieur veut-il cacher la façon dont il traite les étrangers aux frontières ?".
"Depuis plusieurs mois, ce ministère ne cesse, à grand renfort d'arguties, de mettre des bâtons dans les roues de l'ANAFE pour l'empêcher d'accomplir sa mission d'assistance auprès des étrangers en zone d'attente û là où sont maintenus ceux qu'on ne veut pas laisser entrer en France", a déploré l'Association.
Elle rappelle qu'à trois reprises en novembre et décembre 2011, elle a demandé au ministère l'autorisation pour une délégation de ses représentants de visiter les zones de Marseille, de Mérignac, puis de Nice, mais il lui a été opposé "une fin de non-recevoir".
Pour ce collectif des droits de l'homme, ces tracasseries répétées "trahissent la volonté avérée du ministère de l'Intérieur de maintenir les zones d'attente dans l'opacité.
En 2010, pas moins de 9229 personnes ont été placées en zone d'attente, dont 7491 à Roissy, selon l'ANAFE pour qui cette situation crée de "graves inégalités" parmi les étrangers maintenus. Ceux qui ont suffisamment de moyens financiers, à supposer qu'ils aient le temps et la possibilité d'en contacter un, peuvent rémunérer un avocat, les autres doivent s'en passer", a déploré l'Association qui signale que la plupart des étrangers en zone d'attente ne sont pas présentés devant les juridictions compétentes car ils sont "refoulés trop rapidement".
5/1/2012
Source : Agence algérienne (APS)
Pour Adil Mkiddem, la bonne nouvelle est arrivée deux jours avant Noël. La préfecture de Saône-et-Loire lui a annoncé par courrier qu’elle acceptait de régulariser sa situation « à titre exceptionnel et dérogatoire ».
Dans quelques jours, cet homme de 28 ans recevra un récépissé de demande de carte de séjour, qui l’autorise à travailler, en attendant la délivrance de son titre de séjour.
Né à Bourg-en-Bresse, Adil y avait vécu jusqu’à l’âge de 4 ans, avant de partir au Maroc avec sa mère. Alors que toute sa famille vivait à Mâcon, il y était revenu à l’âge de 25 ans, mais ses demandes de régularisation avaient toutes été refusées. Menacé d’expulsion, terré en Isère chez un ami d’où il ne sortait jamais, il a bénéficié de la mobilisation de plusieurs associations : l’Union mâconnaise des Algériens, présidée par Fatiha El Habchi, la ligue des Droits de l’Homme (LDH) et le Réseau éducation sans frontière. Il avait également reçu le soutien de l’Association républicaine des anciens combattants, le père et le grand-père d’Adil s’étant battus pour la France.
« La préfecture a corrigé un tir qui n’aurait jamais dû se produire », se félicitent les défenseurs du jeune homme, dénonçant au passage « la politique du chiffre en matière d’expulsions. Derrière l’obligation de faire du chiffre, on oublie qu’il y a des êtres humains ».
6/1/2012, V.D
Source : Le Journal de Saône et Loire
Le plasticien Mohamed Bourouissa guide «Libération» dans l'exposition d'art contemporain «J'ai deux amours» à la Cité nationale de l'histoire de l'immigration.
Qui n'en veut de la patate chaude ? La Cité nationale de l'histoire de l'immigration, projet droitiste, est un lieu par nature piégé. Elle possède un fonds d'art contemporain. Qu'y met-on dans ce corbillon ? Artistes immigrés ? Enfants d'immigrés ? Travaillant sur l'immigration ?
Les deux premiers, c'est un peu embêtant, car on est tous un peu fils d'immigrés. Dans ce cas, quelle différence avec «la Force de l'art» ? Ou alors, c'est «artiste étranger» qu'il fallait dire, et appeler ça «Based in Paris», comme Berlin l'a fait l'an passé.
La troisième option n'est pas terrible non plus. L'art contemporain ne se définit-il pas comme déplacement, exil, etc. ? Isabelle Renard, chargée de mission pour cette collection, se tire tout en élégance du problème dans la préface du catalogue, dégainant d'abord Agamben sur le contemporain, pour finir par marteler que «c'est la question de la représentation qui est en jeu ici» et la «manière de voir». Elle met le politique sous les ordres de l'esthétique, et non le contraire.
Matelas. On a lancé la patate chaude et le jeune prodige Mohamed Bourouissa, né en Algérie en 1978, a bien voulu la rattraper. On connaît ce plasticien entre autres pour sa série photographique Périphéries (2008) ou son film Temps mort (2009), exploration du rapport entre l'artiste et un ami prisonnier par l'intermédiaire de vidéos téléphoniques. Il a bien voulu servir de guide à Libération pour
«J'ai deux amours».
Il arrive avec la Haine de la démocratie de Rancière à la main. Ce garçon finira mal. On discute immigration, renversement de perspective en trente ans : «On est passé de "Faut les aider" à "Faut
les virer"», s'amuse-t-il. La collection réunissant les pointures actuelles de l'art, Bourouissa connaît à peu près le travail de tout le monde. Méthode de visite : «Il faut essayer l'art.» S'asseoir devant les vidéos pendant quelques minutes. Se jeter sur les matelas de Shen Yuan (Trampolin 1 2 3 4 5, 2004). Parfois, Bourouissa vous colle directive ment devant une vidéo, le casque sur les oreilles. C'est The
Mapping Journey Project (2008-2011) de la Franco-Marocaine Bouchra Khalili, née en 1975.
Des migrants tracent au feutre sur une carte leurs trajets. On ne voit que la main, le feutre, on entend
la voix, on inspecte les hésitations, les remords (comme on dit en peinture). On risque une interprétation : «L'espace devient mental.» Mohamed Bourouissa approuve : «Grave.» On se sent
vieux. «C'est une question de posture. Intellectuelle et physique.»
Et lui-même trace son propre parcours à l'intérieur de l'expo, développant son esthétique à l'occasion d'autres artistes. Par exemple Malik Nejmi, dont s'expose ici El Maghreb, série photographique de 2006 sur son père et une exploration du Maroc inconnu. Zéro folklore, «c'est le corps dans une situation difficile à renouer» qui plaît à Bourouissa.
«Les œuvres qui posent quelque chose, qui disent "c'est là"», qu'on aime ou pas ce qui est montré, ou la façon dont c'est montré.
Plus loin, il se passionne pour l'évolution de la photographie et d'une certaine idée du migrant depuis vingt ans. Documentaire sur la misère sublimée d'un côté, ôtant la gêne ; photographie plasticienne dans la gueule de l'autre : Bruno Serralongue avec ses tentes de SDF dans les bois de Calais (série Abris, 2006-2008) d'où l'homme est absent, Mathieu Pernot (dont un bout de l'archiconnu Grand Ensemble de 2000-2006 est ici accroché) avec les Migrants de 2009, corps bâchés sur des bancs, eux aussi exclus de l'image. Devant ces odalisques d'un genre nouveau, en légère plongée, Mohamed
Bourouissa a l'oeil direct : «Quelle hauteur de regard je prends ? C'est ça, la question.» De toute façon, il faut que le regardeur, ses intentions, ses doutes soient palpables dans le résultat. Thomas Mailaender avec sa série Voitures cathédrales (2004), voitures chargées pour l'exil (vélos, chaises, matelas), réussit à «transcender l'aspect historique».
Un peu avant, il avait posé cette esthétisation comme préambule : «L'immigration n'est pas une problématique, c'est un acquis. Elle fait partie de la réalité qui inspire l'artiste.» Ni plus ni moins.
Passant devant les Images d'Alger de Karim Kal (né en 1977), il les dépasse justement, se rappelle
une série de lui qu'il avait exposée au 59 Rivoli, à Paris, en tant que co-commissaire (avec Nabila
Mokrani). C'était «une nature morte avec des préservatifs laissés au bois de Boulogne comme des champignons» intitulée Bois.
Image d'identité. Du balcon de l'expo, on aperçoit Zon-mai (2007), installation chorégraphique de Sidi Larbi Cherkaoui et Gilles Delmas. Mohamed Bourouissa aime beaucoup cette cabane formée d'écrans de projection, géante, impénétrable, sur les faces de laquelle on voit plusieurs danses qui s'agencent et se défont dans le temps. Une façon pour lui de «s'émanciper de la frontalité photographique de la vidéo. On obtient une identité non territoriale. Ou peut-être une identité territoriale non matérielle.» Il y a essentiellement des photos à «J'ai deux amours».
Qu'est-ce que cela nous dit de la politique du lieu ? «La photographie porte des éléments de reconnaissance de l'autre. Ce n'est sans doute pas anodin s'il n'y a pratiquement pas d'installations ici.»
Raison pour laquelle la photo est un peu de l'histoire ancienne pour Bourouissa, ou une histoire à détourner. «Quelle fonction j'ai par rapport aux gens qui sont mes modèles, c'est ça qui m'intéresse.
Je leur donne des images. Ça produit une relation.» Il s'est aperçu que beaucoup d'entre eux utilisaient les photos qu'il avait prises d'eux sur leur profil Facebook, comme image d'identité. «Du coup, je fais des captures d'écrans avec les coms que leurs amis ont postés sous la photo. J'ai commencé ce projet,
une photo + des coms. J'aime expérimenter avec les gens. L'œuvre, c'est cette expérience, faite aussi de hasards.»
Qui n'en veut de la patate chaude ? La cité nationale de l'Histoire de l'immigration, projet droitiste, est un lieu forcément piégé. Elle possède un fonds d'art contemporain. Artistes immigrés ? Enfants d'immigrés ?
Travaillant sur l'immigration ? Les deux premiers, c'est un peu embêtant, car on est tous un peu fils d'immigrés. Ou alors, c'est «artiste étranger» qu'il faut dire, et appeler ça «Based in Paris», comme Berlin l'a fait l'an passé. La troisième option, c'est pas terrible non plus. L'art contemporain ne se définit-il pas comme déplacement, exil, etc. ?
Isabelle Renard, chargée de mission pour cette collection, se tire tout en élégance du problème dans la préface du catalogue, dégainant d'abord Agamben sur le contemporain, pour finir par marteler que «c'est la question de la représentation qui est en jeu ici», «manière de voir», mettant le politique sous les ordres de l'esthétique et non le contraire.
J'ai deux amours. La collection d'art contemporain de la Cité nationale de l'Histoire de l'immigration. Palais de la Porte Dorée 293, avenue Daumesnil, 75012. Jusqu'au 24 juin. Rens.: www.histoire-immigration.fr
6/1/2012, Eric Loret
Source : Libération