Le Consul général du Maroc à Milan (nord de l'Italie), Mohamed Benali, a souligné les énormes opportunités qu'offre le Royaume en matière d'investissement et la place de choix qu'il occupe à la porte du continent africain qui est en train de devenir un pôle d'attraction pour les investisseurs du monde entier.
Intervenant lors d'un séminaire, tenu récemment sur les parcours de co-développement entre les régions de Lombardie (dont Milan est le chef-lieu) et de Tadla Azilal, le diplomate a mis l'accent sur les larges perspectives ouvertes par le Maroc devant la création d'une nouvelle plate-forme de coopération, notamment entre les pays riverains de la Méditerranée .
Le co-développement entre les régions constitue une piste stratégique pour encourager les investisseurs, a estimé le Consul en se félicitant des avantages du projet actuel initié entre les régions de Lombardie et de Tadla Azilal.
Outre l'accompagnement des investisseurs et leur orientation vers des activités productives et génératrices d'emplois, ce projet, a-t-il dit, permettra un transfert de connaissances technologiques et de savoir-faire à travers la création de petites et moyennes entreprises dans d'importants secteurs comme ceux de l'agriculture, de l'agro-alimentaire ou du tourisme qui sont d'un réel potentiel de développement dans la région de Tadla Azilal.
Abordant la question de la migration, le diplomate a souligné notamment la nécessité d'une réflexion collective sur une meilleure approche pour réguler les flux migratoires de sorte qu'ils soient une source d'enrichissement à la fois pour les pays pourvoyeurs et les pays de destination des migrants.
M. Benali, qui a rappelé les relations séculaires existant entre les deux pays, a précisé, dans ce cadre, que quelque 550.000 ressortissants marocains vivent actuellement en Italie et que ce pays est le sixième fournisseur et le quatrième client du Maroc et y figure à la 8ème place parmi les investisseurs étrangers.
Le séminaire, qui s'est déroulé à Milan avec la participation de plusieurs responsables et professionnels marocains et italiens appartenant notamment au monde de l'économie et des finances, visait à instaurer un débat multidimensionnel entre acteurs économiques et responsables institutionnels des deux régions, particulièrement ceux en charge des investissements et de la promotion du territoire.
La rencontre se fixait également pour objectif de mobiliser les synergies de part et d'autre et de promouvoir les investissements en mettant, entre autres, un éventail de supports d'information à la disposition des entreprises.
Deuxième d'une série de rencontres organisées dans le cadre du projet "Informer: parcours de co-développement entre le Maroc et l'Italie", ce séminaire d'une journée entendait aussi favoriser l'épanouissement socio-économique des migrants marocains résidant en Italie, dont un grand nombre est originaire de la région de Tadla Azilal.
Selon les estimations, près de 16 pc des membres de la communauté marocaine en Italie proviennent en effet de la région de Tadla Azilal. Environ 8 pc d'entre eux résident à Milan.
En 2011, le nombre d'entreprises dirigées en Italie par des ressortissants marocains s'élevait à 50.863, soit une hausse de 5,7 pc par rapport à 2010, ressort-il de chiffres officiels publiés récemment.
Co-financé par la commune de Milan, le séminaire avait été organisé par la coordination italienne des organisations pour le service volontaire (COSV) en collaboration avec la chambre de commerce, d'industrie, d'artisanat et d'agriculture de la capitale lombarde (Promos) ainsi qu'en partenariat avec le ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger et le Centre régional d'investissement (CRI) de Tadla-Azilal.
10/02/2012
Source : MAPF
Le rideau est tombé samedi en fin de soirée sur la 9ème édition du Festival Cinéma-Migrations d'Agadir, au terme de quatre jours de projections de films, de débats et d'ateliers cinématographiques, en présence d'un parterre d'artistes du Maroc et de l'étranger.
Le Festival, organisée par l'Association Initiative culturelle, a pu acquérir une grande maturité et un rayonnement sans cesse croissant parce qu'il traite d'une thématique importante et sensible qu'est la migration, a déclaré le ministre délégué auprès du Chef de gouvernement chargé des Marocains résidant à l'étranger, Abdellatif Maâzouz.
La question migratoire concerne près de 200 millions de personnes à travers le Monde et le cinéma mondial et notamment marocain, a toujours traité ce phénomène dans toutes ses dimensions, a ajouté M. Maâzouz lors de la cérémonie de clô ture à laquelle assistait également le ministre de l'artisanat, Abdessamad Kayouh.
L'écrivain Tahar Benjellon, président de cette édition placée sous le Haut patronage de SM le Roi Mohammed VI, s'est dit, pour sa part, impressionné par l'affluence importante du public sur les différents espaces ayant abrité les activités culturelles et artistiques du festival, aussi bien au Cinéma Rialto, à l'Université Ibn Zohr ou à la Chambre de commerce.
Et le spectacle continuera à Rialto
Cet immense intérêt est la preuve que les Marocains sont avides de cinéma et de culture en général , a dit le romancier pour lequel il ne peut y avoir de développement économique sans culture.
L'un des moments forts de la soirée fut l'annonce de l'annulation de la décision de fermeture de la salle Rialto, l'unique salle encore ouverte dans la ville.
Sous les acclamations d'une salle archicomble, l'un des prioritaires a déclaré qu'à l'initiative du wali de la région Souss-Massa-Draa, Mohamed Boussaid, un accord a été conclu pour maintenir ouvert cet espace avec la promesse de convenir des moyens pour régler les problèmes financiers en suspens.
Ce lieu qui fait partie de la mémoire de la ville après le tremblement de terre, a vu défiler une trentaine de projections durant le Festival Cinéma et Migrations qui a rendu hommage cette année à l'artiste marocain Younes Migri et au comédien égyptien Hassan Hosni.
Cette année, les artistes maghrébins vivant à l'étranger ont été particulièrement à l'honneur.
Le public a été surtout séduit par des productions traitant l'univers complexe de l'immigration dans un style de comédie alliant humour, sarcasme et caricature pour dénoncer et rire des absurdités, préjugés et clichés collés aux immigrés.
"Andalousie, mon amour!", "Beur sur la ville" ou encore "De l'huile sur le feu" ont révélé l'immense talent d'artistes comme les marocains Mohamed Nadif et Booder, le Tunisien, Nader Boussandel et l'Algérien Nicolas Benamou.
A Agadir, ces comédiens et réalisateurs ont assisté à la projection de leurs films, contribué à enrichir un Festival qui met chaque année la ville d'Agadir au devant de la scène cinématographique nationale.
11/02/2012
Source : MAPF
Les émigrations des juifs marocains avaient toujours un caractère messianique et économique , a affirmé, vendredi soir à Casablanca, M. Mohammed Kenbib, professeur d'histoire à l'Université Mohammed V de Rabat et expert en judaïsme marocain.
Dans une interview accordée à la MAP à l'issue d'une rencontre organisée dans le cadre de la 18ème édition du Salon international de l'édition et du livre, M. Kenbib a déploré l'existence de toute une série d'écrits et de publications qui noircissent le tableau en disant que les communautés juives du Maroc ont vécu dans des conditions difficiles de pression et de marginalisation.
Ces juifs préservent leur identité marocaine même dans les pays d'accueil et ne cessent d'éprouver une nostalgie pour leur pays d'origine, une nostalgie fortement remarquée, surtout auprès de la première et deuxième générations qui retournent au Royaume en pèlerinage en tant que touristes, a constaté l'auteur des Protégés et des relations judéo-musulmanes au Maroc .
Les départs des juifs marocains ont été le résultat d'un long processus, d'une série de facteurs et d'une dynamique interne, a-t-il précisé suite à cette rencontre consacrée à la présentation d'un ouvrage collectif intitulé La bienvenue et l'adieu : migrants juifs et musulmans du 15ème au 20ème siècle .
Même s'il y avait des émigrations, au cours du 19ème siècle, des juifs du nord du Maroc vers l'Amérique du Sud, le départ massif de cette communauté a commencé à partir de 1948, date de création de l'Etat d'Israël et le début de la propagande faite par les organisations sionistes à travers le monde pour attirer les juifs des pays arabes et musulmans.
Comme les communautés juives de l'Europe centrale et orientale ont été détruites par les nazis, ces organisations ont puisé dans le réservoir démographique marocain important , a rappelé M. Kenbib, relevant que le Maroc abritait la plus forte communauté juive au monde arabe (300.000 juifs).
Ces propagandes messianiques et philanthropiques faites à partir des synagogues ont eu de l'effet parce que les Marocains vivaient, en temps de la 2ème guerre mondiale, des conditions de misère et de dénuement dans le cadre de ce qu'on appelait les années du bon ou de rationnement, a-t-il argumenté, concluant qu'il y avait "une sorte de sionisme spirituel chez les juifs marocains qui n'avait rien à voir avec le sionisme politique .
Pour ce qui est des destinations de ces émigrations, à part Israël, M. Kenbib a cité le Canada, surtout le Québec, puisque les juifs marocains, tout au moins ceux qui sont passés par les écoles de l'Alliance israélite universelle, avaient une excellente maîtrise du français . La France, l'Espagne, et même l'Australie et la Nouvelle Zélande ont été aussi des destinations favorites de ces communautés.
Les émigrations de la composante juive, qui est multiséculaire dans la démographie marocaine et dont la présence remonte à plus de 2000 ans, ont constitué une rupture par rapport au schéma traditionnel y compris dans la morphologie générale du pays .
Il y avait un habitat juif partout au Maroc, y compris dans les campagnes, les montagnes comme le Haut Atlas et l'Anti-Atlas et dans les villes , selon l'expert qui a noté la disparition des mellahs (quartiers des juifs) et de certains métiers comme celui de colporteur (Attar), dont le rô le traditionnel est devenu anachronique et obsolète en raison de la modernisation.
La bienvenue et l'adieu : migrants juifs et musulmans du 15ème au 20ème siècle , est un ouvrage collectif qui a sanctionné les travaux d'un colloque international, organisé en 2010 à Essaouira, par le Centre Jacques Berque et le Conseil de la communauté marocaine à l'étranger sous le thème : les migrations juives : identité et modernité au Maghreb .
Ce livre, en trois volumes, traite notamment des musulmans et juifs dans l'espace de la relation Maroc-Afrique noire et de la colonisation et flux migratoires au Maghreb avec la participation d'un parterre de spécialistes et d'experts en la matière. 11/02/2012
Source : MAPF
Petit pays richissime devenu célèbre en France après des investissements très médiatisés, le Qatar suscite des ambitions chez un certain nombre de jeunes Français, d'origine maghrébine, qui pensent pouvoir se faire facilement une place dans ce nouvel eldorado.
En décembre, l'ambassadeur du Qatar à Paris avait fait sensation en annonçant la création d'un fonds d'investissement de 50 millions d'euros pour financer des projets économiques d'habitants de banlieues défavorisées.
Depuis, l'Association nationale des élus locaux pour la diversité (Aneld), des jeunes élus originaires du Maghreb chargés de recueillir les dossiers, a reçu plusieurs centaines de CV. Parmi eux, des dizaines de candidats à l'expatriation.
"Ce sont des diplô més bac+5/bac+6, plutô t des ingénieurs qui souhaitent travailler dans les domaines de la finance ou de l'informatique, par exemple. Une partie est issue de l'immigration", décrit un responsable de l'Aneld.
Fayçal Beddiaf, 24 ans, originaire d'un quartier populaire de Nanterre à l'ouest de Paris, a directement envoyé son CV à l'ambassade du Qatar en France.
"C'est un pays en pleine expansion. Je connais des gens qui sont partis là-bas, ils disent que ça recrute beaucoup et que c'est possible d'évoluer rapidement", raconte-t-il.
A l'inverse, "la finance de marché, en France, ça ne recrute pas du tout", déplore ce diplômé d'une école de commerce.
Le Qatar est devenu ces dernières années un partenaire politique, économique, financier et militaire privilégié de la France. Sa visibilité s'est accrue avec le rachat spectaculaire en juin dernier du club de football du Paris Saint-Germain (PSG), leader actuel du championnat français.
"Le Golfe, c'est là où il y a l'argent, il faut être clair. C'est là où il faut se positionner", estime Oualid Djella, un autre jeune diplô mé en économie.
Autre avantage, selon lui, la langue. "D'origine maghrébine, et parlant arabe, ça peut être un +petit plus+, même si la langue du business reste l'anglais. Et la discrimination n'existe pas là-bas", imagine-t-il.
Ces jeunes diplô més "sont appréciés car ils apportent de la rigueur, ont une expérience dans un grand groupe en France, et ils ont la culture arabo-musulmane qui facilite l'intégration", assure Zoubeïr Ben Terdeyet, président du "Collectif des dérouilleurs", une association qui vise à favoriser l'insertion professionnelle de jeunes d'origine immigrée.
"A compétences égales, c'est plus judicieux de prendre un Franco-maghrébin qu'un Français ou qu'un Anglais. Parce que ça ne va pas le déranger de pas travailler le vendredi où il peut aller à la mosquée, ça ne le dérange pas qu'il n'y ait pas d'alcool partout, il peut manger halal...", juge-t-il.
D'autres partent aussi "pour pouvoir pratiquer leur religion, pour que leurs femmes puissent porter le voile", explique M. Ben Terdeyet.
"Les jeunes d'origine maghrébine sont attirés par le Golfe, ils pensent retrouver quelque chose de similaire à leurs origines. Ils se trompent totalement", affirme quoi qu'il en soit Anis Ben Yahya, l'un des 3.000 Français expatriés au Qatar.
"Ce n'est pas les mêmes valeurs, pas la même culture, et les gens n'ont pas les mêmes droits qu'en France", poursuit cet ingénieur d'affaires installé au Qatar depuis sept mois.
"Toutes les semaines, on a des gens qui arrivent pour s'installer et qui se cassent les dents", témoigne un autre expatrié régulièrement sollicité par ces nouveaux venus en quête de réseaux.
"Ils attendent des salaires mirobolants et ils déchantent car il y a beaucoup de concurrence", relate ce directeur commercial d'une grande entreprise.
Pour Anis Ben Yahya, "il y a des opportunités" au Qatar "mais il faut être prêt à vivre dans un pays comme celui-ci", prévient-il, soulignant: "ceux qui se sont bien renseignés vont s'intégrer mais d'autres vont se planter".
12/02/2012
Source : AFPF
Les transferts des Marocains résidant à l'étranger (MRE) en 2011 ont augmenté de 7,6 pc, pour atteindre plus de 58,5 milliards de dirhams (MMDH), comparativement à une année auparavant, indique l'Office des changes.
Les recettes des MRE ont enregistré un accroissement de plus de 4,1 MMDH durant l'année 2011, selon les statistiques provisoires de l'Office rendues publiques récemment.
Au pic de la crise économique et financière mondiale, les transferts des expatriés marocains ont substantiellement baissé, se situant à 53 MMDH en 2008 et à 50,2 MMDH en 2009.
La reprise économique au niveau international, particulièrement dans la zone euro, a eu des effets positifs sur les sommes envoyées par les MRE à partir de 2010, année où ces transferts se sont élevés à 54,38 MMDH.
Par ailleurs, les avoirs extérieurs nets du Maroc (réserves en devises) ont régressé de 12,4 pc en 2011, à près de 168,8 MMDH contre 192,6 MMDH en 2010, précise la même source.
Ce recul est dû essentiellement à la baisse des avoirs extérieurs nets de Bank Al-Maghrib, passés d'environ 187,7 MMDH à fin 2010 à 166,8 MMDH un an après.
Les réserves nettes en devises sont établies selon la nouvelle méthodologie des statistiques monétaires, mise en oeuvre par Bank Al Maghrib, incluant les avoirs nets de la banque centrale et des autres institutions de dépôt.
12/02/2012
Source : MAP
Le Maroc n’est plus seulement un pays d’émigration, ni de transit : il accueille de plus en plus d’immigrés depuis plus d’une dizaine d’année. Son développement intérieur, le tourisme, sa position charnière entre l’Europe et l’Afrique en font un pays attractif où se rendent Français, Espagnols, Sénégalais ou Chinois.
10% de la population de nationalité marocaine vit en dehors des frontières du royaume. Certes. Le Maroc est une terre d’émigration, personne ne l’ignore, zone de transit aussi, elle devient progressivement un pays d’immigration. « Depuis le début des années 2000, le Maroc arrive à un stade de son processus de développement où se déroule une transition : de pays d’émigration, il devient pays d’immigration », explique Thomas Lacroix, chargé de recherche au CNRS pour le laboratoire Migrinter, spécialiste en migrations internationales. C’est un phénomène qu’ont connu d’autres pays, comme ceux du sud de l’Europe dans les années 70 et 80. » Dans la dualité Nord/Sud utilisée pour schématiser la répartition des richesses et situer les mouvements de population, le Maroc est à la frontière des deux ensembles. De pays du Sud, devient-il progressivement pays du Nord ?
« Le nombre d’étrangers, au Maroc, a connu un pic, sous le protectorat, en 1952 avec 539 000 étrangers, indique Mohamed Khachani, président de l’Association Marocaine de Recherche sur les Migrations, avant de décroître et plus encore avec l’indépendance ». En 1973, le phénomène s’est encore accru avec « la loi sur la marocanisation, explique Khachani. Selon elle, 51% au moins du capital de toute entreprise devait être de propriété marocaine. Beaucoup d’étrangers qui vivaient encore au Maroc ont vendu leurs entreprises et ont quitté le pays. » Depuis une dizaine d’années, le nombre d’étrangers augmente à nouveau. De 50 000 en 1994, le nombre d’étrangers passe à 51 435 en 2004, selon les recensements nationaux. « Depuis le Plan de Ajustement Structurel [lancé en 1983], le Maroc est redevenu attractif pour les Investissements étrangers », explique M. Khachani.
En 2004, les Européens étaient, de loin, les plus représentés dans cette catégorie, Français en tête. En 2010, « 41 000 Français étaient enregistrés par l’ambassade de France au Maroc et on évalue à 30 000 les ressortissants non-inscrits », indique Karim Ben Cheikh, chef du service presse de l’ambassade.
« Il y a de plus en plus d'Européens qui en raison de [la] crise quittent leurs pays pour aller refaire leur vie ailleurs. De nombreux Espagnols sont en train de s’installer au Maroc suite à leur licenciement en Espagne », souligne Mohamed Berriane, chercheur spécialiste de l’immigration vers Fès, au Centre d'études et de recherches géographiques, à l’université Mohammed V, de Rabat. Le secteur touristique, particulièrement dans les villes impériales, a attiré les Français. « Certains s'installent dans la durée et parfois - et nos enquêtes l'ont démontré- ils sont là pour monter des affaires avec des petits investissements : maisons d'hôtes dans les campagnes, riad dans les médinas, cafés restaurants, galeries d'art... », détaille Mohamed Berriane.
Autoroutes construites par les Turcs et les Chinois
Le développement du Maroc attire les entreprises étrangères et avec elles leurs employés. Une immigration d’affaires plutôt que de travail, est liée notamment aux grands chantiers d’infrastructures. « Des entreprises chinoises participent à la construction des autoroutes entre Fès et Oujda, Marrakech et Agadir ainsi qu’à la LGV », explique M. Sun, de l’ambassade de Chine à Rabat. La Chine compte au Maroc près de 1500 ressortissants. Le marché marocain a également attiré l’attention des deux géants chinois des télécoms ZTE et Huawei.
Depuis 2006, les Turcs sont exemptés de visa pour le Maroc. « Depuis le début des années 2000, le nombre de Turcs, quasi nul jusqu’alors, a augmenté pour atteindre près de 1200 personnes au total, aujourd’hui », indique M. Dogan de l’ambassade de Turquie à Rabat. 700 d’entre elles sont venues, de la même façon que les Chinois, travailler temporairement pour des entreprises turques implantées dans le royaume pour participer aux chantiers des autoroutes. « Je sais que certaines sociétés européennes aiment envoyer des Turcs gérer leurs filiales au Maroc parce que nous sommes musulmans comme les Marocains », note M. Dogan, dans un sourire.
L’axe Casablanca-Rabat reçoit la majeure partie des flux. « Les entreprises étrangères, je pense en particulier à une entreprise tunisienne, peuvent s’installer à Casablanca pour centraliser leurs affaires dans toute l’Afrique », explique Elodie Fouquet, employée pour la société d’intérimaires Cryt à Casablanca, au Maroc.
Maroc-Afrique
La politique africaine du Maroc entretient cette position privilégiée. « Le sud de la Méditerranée compte sur le nord et le nord sur le sud, mais où est la zone de croissance ? demandait le président de l’OCP, le 1er février au forum de Paris délocalisé à Casablanca, c’est l’Afrique. » Les participants au forum de Rabat, tenu le 25 janvier, ne disait pas autre chose. « Nous sommes à un tournant. Alors que les économies européennes perdent leur AAA, la Banque Africaine de Développement (BAD), elle, garde le sien, a notamment souligné Mohammed H'midouche. Il y a des opportunités énormes qu'il faut saisir. »
« La politique africaine du Maroc qui développe une très forte coopération avec des pays africains - en partie pour compenser son absence de l’Union Africaine - et qui offre des bourses pour des étudiants africains. […] De véritables filières sont en train de se stabiliser pour amener vers le Maroc une population estudiantine considérable », explique Mohamed Berriane. Le royaume compte aujourd’hui près de 7000 étudiants subsahariens. Nigériens et Togolais bénéficient de bourses de leur pays et/ou de l’Association Marocaine de Coopération Internationale pour réaliser leurs études au Maroc. Souvent, le Maroc ne constitue que la première marche dans une ascension qui doit les mener jusqu’en Europe, mais, comme pour les migrants clandestins, sa fermeture les maintient au Maroc. « [Le royaume] devient un véritable hub à cheval entre le système migratoire africain et le système migratoire euro-méditerranéen », souligne Mohamed Berriane.
11/2/2012, Julie Chaudier
Source : Yabiladi
Les MRE ont été 20 000 par an à « rentrer » au Maroc en 2009 et 2010. Un nombre largement supérieur à celui de la décennie précédente. Le Maroc se développe et devient attractif ; le profil des MRE séduit les entreprises et la crise européenne pousse un certains nombre d'entre eux à s'installer, même temporairement, au Maroc.
« En 2009 et 2010, nous avons mesuré un flux d’entrée de migrants de retour de 20 000 individus par an », annonce Mohamed Mghari, chercheur et spécialiste de la migration marocaine, selon les premières données d’une enquête démographique à passage répété du Haut Commissariat au Plan (HCP). Un chiffre très important, près de 20 fois supérieur à l’augmentation annuelle moyenne entre 1994 et 2004, de 1380 retours. L’augmentation a surpris les enquêteurs. « Nous pensons qu’il y a un effet conjoncturel, lié à la crise que connaît l’Europe depuis 2008, qui explique le nombre élevé de retours », précise Mohamed Mghari.
Les retours des MRE n’est pas un phénomène récent, son importance avait déjà surpris les chercheurs, quand en 1994, 151 194 migrants de retours avaient été recensés sur tout le territoire. « Nous connaissions l’intention des travailleurs émigrés de revenir au Maroc, mais nous ne pensions pas qu’elle soit réalisée de façon aussi importante », se souvient Brahim Mouaatamid, chercheur au Centre de Recherches et d'Etudes Démographiques (CERED). A cette époque là, « la majorité d’entre eux était des retraités qui venaient finir leur vie au Maroc », indique M. Mouaatamid. En 2006, 87, 7% des migrants de retour étudiés avaient plus de 50 ans.
Depuis le début des années 2000, la présence de personnes en âge de travailler parmi ces migrants de retour est de plus en plus importante. Ils disposent d’un niveau de formation supérieur au niveau moyen des Marocains restés au Maroc. « 8% des Marocains du Maroc ont fait des études supérieures, contre 14 à 16% des migrants de retour », précise M. Mghari. Si la majorité des migrants de retour restent des personnes âgées, « la proportion de population capable d’entreprendre va croissante », estime-t-il.
« Les entreprises marocaines ont aujourd’hui recourt à des MRE « revenus » au Maroc alors que par le passé, elles employaient des européens expatriés lorsqu’elles manquaient de compétences locales », a constaté Elodie Fouquet, responsable en ressources humaines pour la société d’intérimaires Crit, dans le cadre de son travail. Selon elle, dans le contexte de crise en France, les MRE qui reviennent au Maroc « accèdent à des postes qu’ils n’auraient pas pu avoir, du moins pas aussi rapidement dans leur carrière, s’ils étaient restés en France. Ici, ils vendent leur « francitude ». » Moins provocatrice, elle reconnait toutefois que ces émigrés de retour ont une réelle valeur ajoutée, « ce sont des profils très recherchés par les employeurs marocains. »
Toutefois, la crise ne redirige pas seulement vers le Maroc les jeunes gens diplômés actifs et entreprenant, elle renvoie également des personnes, voire des familles, qui ne sont pas parvenues à se faire une place sur le marché du travail européen. Par le nombre d’inscriptions dans les écoles de la mission française, explique Berangère El Anbassi, conseillère élue de l'Assemblée des Français à l'étranger, mesure « le nombre important de retours des anciens émigrés ». Les franco-marocains seraient près de 200 000 aujourd’hui. Depuis 3 ans, le phénomène est net, « beaucoup avaient une situation difficile en France : des familles au chômage qui ne vivaient que du RSA ou des allocations familiales », explique-t-elle.
Dans certains cas, le père reste en France pour toucher le RSA et sa famille part Maroc. Elle y vit moins isolée, avec un niveau de vie supérieur, les enfants peuvent être aidés à être scolarisés dans les missions françaises qui sont des écoles de qualités et elle est aidée par ses envois d’argent, en attendant que la situation se débloque. « Il y a beaucoup de retours temporaires, estime Mohamed Mghari. Ceux qui reviennent poussés par la crise repartent ensuite vers l’Europe en fonction des opportunités économiques. » Ainsi si l’attractivité du Maroc se renforce relativement à l’Europe dont les situations économique est sociale est de plus en plus difficile en temps de crise. Le Maroc croît, l’Europe baisse et les émigrés deviennent immigrés.
11/2/2012, Julie Chaudier
Source : Yabiladi
Le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger (MRE), Abdellatif Maâzouz, a présenté samedi à Agadir les grands axes de la stratégie de son département en matière de gestion des affaires des MRE, promettant une approche efficiente basée sur la complémentarité d'action entre les différents intervenants.
Il est indispensable d’arriver à une plus grande coordination entre les différents intervenants pour servir au mieux les marocains du monde, a affirmé le ministre lors d’un point de presse en marge du Festival cinéma-migrations qui se tient du 8 au 11 fevrier à Agadir.
A cet égard, il a insisté sur la nécessité d’aller vers une spécialisation dans l’action et une réparation claire des rôles et des missions confiées à chacun des intervenants afin de maximiser les énergies et les ressources.
Les MRE sont au cœur de l’action du gouvernement, a rappelé le ministre, ajoutant que l’une des priorités consiste à mettre en œuvre les dispositions de la Constitution qui stipule la participation des Marocains du monde à la gestion de la chose publique.
Tous les Marocains, aussi bien à l’intérieur quà l’extérieur du pays, ont un rôle décisif à jouer dans la dynamique actuelle que vit le Royaume à tous les niveaux, a-t-il poursuivi.
Le défi aujourd'hui est d’arriver à concilier l’intégration dans les pays d’accueil et la consolidation du sentiment d'appartenance à la mère patrie, a-t-il dit, rappelant les principaux axes de l’action du gouvernement dans ce domaines, à savoir les volets religieux, culturel et éducationnel, administratif et consulaire, social, économique et de la participation à la vie nationale.
Le ministre a, par ailleurs, souligné la nécessité de mesures d’accompagnement mais aussi d’actions préventives pour juguler l’impact de la crise économique sur les MRE ou des aléas politiques que vivent aujourd’hui les pays d’accueil mais aussi pour favoriser l’investissement des Marocains de l’étranger dans leur pays d’origine.
Parmi les actions prévues pour consolider les liens avec la mère patrie figurent également la consolidation du réseau des centres culturels marocains à l’étranger et le renforcement de l’assistance sociale au sein des consulats.
12/2/2012
Source : Le Matin/MAP
INTERVIEW - Travail, responsabilité, autorité: le président de la République pose les bases de sa campagne. Opposé au mariage homosexuel et à l'euthanasie, il annonce une grande réforme de l'éducation et envisage un référendum sur l'indemnisation des chômeurs, voire sur l'immigration.
Le Figaro Magazine - Le moment est-il venu pour vous d'annoncer votre candidature?
Nicolas Sarkozy - J'ai dit que le rendez-vous approchait: il approche. Sous la Ve République, de tous les candidats potentiels à l'élection présidentielle, il en est un qui a plus de devoirs et moins de droits, c'est le Président. Il ne s'appartient pas. Il doit remplir pleinement les devoirs de sa fonction le plus longtemps possible. Je n'y dérogerai pas. Je remercie ceux de mes amis qui estiment que je devrais entrer en campagne plus tôt. Peut-être ont-ils raison? Peut-être même que cela aurait été mon intérêt? Mais avant mon intérêt, il y avait les devoirs de ma charge. Ce ne sont pas des cachotteries ni une forme de secret déplacé, c'est un raisonnement et une situation qui se sont imposés à chacun de mes prédécesseurs.
Savez-vous quand vous annoncerez votre décision?
Si la question est de savoir si j'ai réfléchi, sur le fond et sur la forme, ma réponse est oui. Comme pour toutes les décisions importantes, je prends le temps d'une réflexion longue et approfondie.
En attendant, l'opposition vous reproche de cultiver l'ambiguïté...
En 1988, quand les uns et les autres étaient les collaborateurs de François Mitterrand, je ne me souviens pas qu'ils aient été choqués de devoir attendre jusqu'au mois de mars! Je leur suggère plutôt de proposer des idées aux Français au lieu d'être obnubilés par ce que je fais ou ce que je devrais faire. Rien n'est plus important que de proposer des idées neuves aux Français. Des idées adaptées au monde d'aujourd'hui, non à celui d'hier.
En 2007, vous mettiez en avant les trois valeurs qui devaient guider votre action: le travail, la responsabilité et l'autorité. L'exercice du pouvoir vous a-t-il conduit à modifier cette hiérarchie?
Bien au contraire! Après cinq ans de mandat, je suis plus convaincu que jamais qu'il faut récompenser le travail et renforcer la considération qu'on lui porte. Il ne s'agit pas seulement de dire qu'il faut travailler pour réussir - c'est l'évidence - mais que le travail est une valeur en soi, nécessaire à l'accomplissement de l'individu comme à la cohésion de la société. Tout ce qui peut alléger le coût du travail, récompenser l'effort, le mérite, faire la différence avec l'assistanat, doit donc continuer à être mis en œuvre de façon systématique. Le chantier est immense tant l'habitude de déconsidérer le travail avait été prise dans notre société depuis le début des années 1980. Je mettrai sur le même plan la responsabilité. C'est elle qui donne son sens à la liberté. On est libre pour autant que l'on est responsable - vis-à-vis de soi-même et vis-à-vis des autres. Je mets donc la responsabilité comme complément indispensable à la liberté. La liberté sans frein ni limite, la liberté comme principe d'une société où tout serait permis, où l'on n'aurait pas à rendre des comptes, n'est pas une valeur dans laquelle je me retrouve. Je crois à la démocratie, à la liberté de parole, à la liberté de critique, mais quand je vois ce que certains financiers ont fait de la liberté - liberté de gagner toujours plus, toujours plus vite et sans limite - je suis encore plus convaincu du danger d'une société sans règle, sans contrôle et sans régulation. Enfin, l'autorité. Car aucun système ne peut fonctionner sans respect des institutions, des règles, de la famille, des parents, de la personne humaine... Travail, responsabilité, autorité, je me reconnais plus que jamais dans ce triptyque! Ce sont les valeurs qui permettent de construire un projet personnel et collectif. Ce sont celles que j'ai toujours défendues.
Puisqu'il s'agissait de réhabiliter le travail, pourquoi ne pas avoir supprimé les 35 heures dès le début de votre mandat?
Quand je suis arrivé en 2007, la croissance était forte, le risque économique était celui de l'inflation. Nous avons immédiatement mis en œuvre la réforme des régimes spéciaux des retraites, qui a consisté à demander aux cheminots, aux électriciens, aux gaziers de travailler cinq ans de plus, comme les autres salariés. Dans le même temps, nous avons fait voter la loi sur le service minimum dans les transports en commun. J'ai considéré qu'il y avait un risque à ajouter à ces réformes si difficiles un débat sur les 35 heures. D'autant que nous avions supprimé tous les freins au travail grâce à la loi Tepa qui autorisait le recours aux heures supplémentaires dans le secteur privé comme dans le secteur public. C'était déjà une sérieuse brèche dans les 35 heures.
Mais, par la suite, vous auriez pu les supprimer totalement?
À l'été 2011, la crise financière est repartie. Elle fut si violente qu'elle a permis une prise de conscience chez les Français. Du coup, il devenait possible de faire avancer des idées, notamment les accords compétitivité-emplois, qui organisent la fin des 35 heures administratives, rigides et obligatoires. Car enfin, ce qui fut le plus nocif dans ce système, c'est son caractère général, autoritaire et déconnecté de la vie des entreprises! Ce fut une idée destructrice que de passer toutes les entreprises sous la même toise, quel que soit leur secteur ou l'état de leur carnet de commandes. La vraie réponse consiste à dire: si, dans l'entreprise, les salariés et le chef d'entreprise se mettent d'accord sur l'emploi, le salaire et la flexibilité, alors leur accord sera autorisé par la loi et primera sur le contrat de travail individuel. Voici le choix que nous avons fait avec François Fillon. C'est celui qui a permis aux Allemands de recueillir tant de succès dans leur lutte contre le chômage. Cette souplesse et cette flexibilité nouvelles profiteront à l'économie française et aux salariés qui bénéficieront de cet accroissement de la compétitivité.
Pour réduire notre retard de compétitivité, ne faudrait-il pas augmenter tout simplement la durée du travail?
Si vous voulez dire qu'il faudrait passer aux 37 heures, voire aux 39 heures payées 35, je ne suis pas d'accord. Travailler plus et gagner moins, c'est le contraire de la réhabilitation de la valeur travail. Je ne l'ai jamais proposé. C'est même le contraire de mes convictions les plus fortes. C'est pour la même raison que je n'ai jamais voulu remettre en cause la défiscalisation des heures supplémentaires pour les salariés comme pour les entreprises. Je trouve étonnant que ceux qui réclament le plus une augmentation du pouvoir d'achat exigent le démantèlement de ces dernières. En 2011, malgré la crise, les heures supplémentaires ont augmenté le pouvoir d'achat de 9 millions de salariés. C'est un succès considérable aussi bien social qu'économique. Il n'y a au fond que pour les retraites que nous avons fait une exception en demandant aux Français de travailler deux années de plus sans augmenter les pensions.
Pourquoi cette exception?
Parce qu'il en allait de la survie de notre système de retraites par répartition. Quand j'ai été élu en 2007, les retraites n'étaient pas financées pour 1,5 million de retraités. On allait chercher à la banque un argent que n'avait pas la Sécurité sociale. Avec notre réforme, les 15 millions de retraités ont désormais la certitude que leurs pensions seront versées. Tous ceux qui veulent remettre en cause cette réforme mentent aux Français.
Mais les socialistes n'annoncent plus le retour à la retraite à 60 ans pour tous...
Je me souviens encore des principaux candidats à la primaire socialiste affirmant solennellement aux Français au moment des manifestations qu'ils reviendraient à la retraite à 60 ans. S'ils y ont renoncé, il faut le dire aux Français qui alors auraient été trompés. Et s'ils proposent de revenir sur la réforme, il leur faut dire aux 15 millions de retraités et aux salariés qu'ils devront alors massivement augmenter les cotisations et les prélèvements. Le sujet est trop grave, trop lourd de conséquences pour se permettre la duplicité, la démagogie ou pire, le mensonge.
Le RSA n'a-t-il pas finalement plus encouragé l'assistanat que favorisé le travail?
Il faut dire la vérité: le RSA a mieux fonctionné comme instrument de lutte contre la pauvreté que comme outil de réinsertion. Il est vrai que la situation économique ne nous a pas aidés. Mais il est vrai aussi que notre système d'indemnisation du chômage fonctionne mal, au sens où il ne permet pas suffisamment à un demandeur d'emploi de retrouver un travail. Moins de 10 % d'entre eux sont en formation ; 75 % des demandes de formation des chômeurs ne sont pas satisfaites! Ces chiffres expliquent pourquoi les demandeurs d'emploi restent si longtemps au chômage. Il faut engager un changement profond de notre organisation, une forme de révolution.
Une révolution? Mais comment?
Certains économistes expliquent qu'on indemnise trop longtemps le chômage et que cela n'incite pas à reprendre un emploi. Je ne crois pas à ce raisonnement qui aurait pour conséquence une réduction de la durée d'indemnisation. Je propose de créer un nouveau système dans lequel l'indemnisation ne sera pas une allocation que l'on touche passivement, mais la rémunération que le service public de l'emploi versera à chaque demandeur d'emploi en contrepartie de la formation qu'il devra suivre.
Comment cela fonctionnera-t-il?
Passé un délai de quelques mois, toute personne au chômage sans perspective sérieuse de reprise d'emploi devra choisir une formation qualifiante. Celle-ci sera définie par un comité national qui identifiera, avec des chefs d'entreprise et des syndicalistes, les secteurs d'avenir créateurs d'emplois. À l'issue de cette formation, qui sera obligatoire, le chômeur sera tenu d'accepter la première offre d'emploi correspondant au métier pour lequel il aura été nouvellement formé.
Mais notre système de formation actuel ne permet pas d'y répondre!
Nous allons donc engager une grande réforme de la formation professionnelle. Aujourd'hui, elle fonctionne mal. Elle est éclatée entre des responsables multiples: les Régions, les organisations patronales et syndicales, l'Etat. Chaque année, 30 milliards d'euros sont consacrés à la formation professionnelle. Cet argent peut être et doit être mieux utilisé. J'ai confié une mission à ce sujet à Gérard Larcher. C'est à partir de son rapport que seront posées les bases de cette nouvelle réforme.
Vous comptez le faire d'ici au mois d'avril?
Cette réforme est tellement systémique qu'il n'est pas pensable de la mettre en œuvre aussi rapidement. Elle est capitale pour l'avenir du pays. Elle concerne directement les Français. C'est peut-être l'une des réformes qu'il faudra soumettre à leur jugement direct.
Vous voulez dire: par référendum?
Oui.
Après l'élection présidentielle?
Si un consensus se dégage parmi les partenaires sociaux, cela ne sera pas nécessaire. Mais si les intérêts particuliers, les obstacles catégoriels s'avéraient trop puissants, il faudrait sans doute réfléchir à l'opportunité de s'adresser directement aux Français pour qu'ils donnent leur opinion sur ce système d'indemnisation du chômage et sur la façon dont on doit considérer le travail et l'assistanat. Je crois que la meilleure façon de surmonter des blocages dans notre société, c'est de s'adresser directement au peuple français.
Mais vous-même, vous n'avez pas organisé de référendum durant votre quinquennat...
C'est vrai parce qu'en cinq ans, malgré toutes les réformes mises en œuvre, le pays n'a jamais connu de blocage. Sur les retraites, par exemple, il y a eu des manifestations, des protestations, mais la réforme, sans drame et surtout sans violence, a pu être adoptée et appliquée.
Les socialistes vous accusent de vous être engagé auprès de Bruxelles à augmenter massivement les impôts après l'élection présidentielle...
Je me pose toujours la question de savoir si c'est de la mauvaise foi ou de l'incompétence. Je ne trancherai pas, pour rester aimable. Je l'ai dit, je le répète: il n'y aura aucune augmentation d'impôts dissimulée. Il n'y a aucun projet caché. Nous ne masquons rien, nous ne dissimulons rien. Par ailleurs, si nous pouvons ne pas augmenter les impôts ni maintenant ni demain, c'est parce que nous poursuivrons l'effort indispensable d'économies engagé.
Comment s'assurer que les collectivités locales participeront à cet effort?
J'ai réuni, avec le premier ministre et les ministres, les dirigeants des associations représentatives des collectivités territoriales pour leur proposer un pacte de stabilité des dépenses publiques avec l'État. Elles doivent s'imposer des règles de diminution des dépenses comme le font désormais la Sécurité sociale et l'État. Pensez que, sur les dix dernières années, les effectifs de fonctionnaires des Régions, hors toutes nouvelles compétences liées à la décentralisation, ont augmenté de 173 %! Ceux des fonctionnaires des intercommunalités ont augmenté de 177 %! De 1998 à 2009, les effectifs des collectivités territoriales ont augmenté de 430.000! Dans le même temps, l'État a supprimé 160.000 postes de fonctionnaires depuis 2007. Cela ne peut pas durer.
Mais comment les y obliger?
Je souhaite que les collectivités fassent cet effort volontairement. Sinon, il faudra trouver les moyens pour que les dotations de l'État soient modulées en fonction de leur politique de maîtrise des dépenses. La France n'a pas le choix, elle doit réduire ses dépenses, son déficit et son endettement.
Vous avez décidé de mettre en place la fameuse TVA sociale...
Je récuse ce terme.
Comment l'appeler?
C'est une arme contre les délocalisations. Depuis dix ans, nous avons perdu 500.000 emplois industriels à cause des délocalisations. Y a-t-il un problème de coût du travail dans notre pays? Oui, c'est une évidence. Pas seulement avec les Chinois. Avec nos voisins européens et notamment allemands. Nous lançons un processus véritablement historique en augmentant de 50 % les allégements des charges qui pèsent sur le travail. Rien que dans l'industrie du bâtiment, ce sont 500.000 salariés qui seront concernés: dans ce secteur, les charges sur le travail diminueront de 5 %. Nos entreprises seront plus compétitives. Notre croissance sera plus forte. Nos emplois plus nombreux.
Au risque de peser sur le pouvoir d'achat?
Aucun économiste ne pense que l'inflation est aujourd'hui un risque. La concurrence est telle qu'il n'y aura aucune augmentation de prix liée à cette décision.
Pour créer un véritable choc de compétitivité, ne fallait-il aller plus loin et augmenter davantage la TVA?
Nous ne l'avons pas fait parce que nous devons tenir compte de la capacité des Français à accepter une mesure. C'est sans doute ce qu'il y a de plus difficile dans ma fonction. La question s'était déjà posée pour moi quand il a fallu décider du report de l'âge de la retraite. 62 ou 63 ans? J'ai considéré qu'à 62 ans, les Français penseraient que c'était raisonnable. S'agissant de l'augmentation de la TVA pour baisser les charges sur le travail, j'ai estimé que c'était une mesure tellement nouvelle qu'il fallait être raisonnable et modéré, c'est le cas avec cette augmentation de 1,6 %. J'ajoute que cette mesure a pour effet de garantir le financement de notre politique familiale en élargissant son assiette.
Les socialistes estiment qu'elle est injuste, puisqu'elle profiterait davantage aux «riches» qu'aux «pauvres»...
C'est un argument absurde! Le quotient familial existe depuis 1945. Pourquoi s'acharner à détruire ce qui marche bien en France? Je n'accepterai pas qu'on touche à la politique familiale. Le cœur de cette politique, c'est le quotient familial! C'est une injustice de vouloir accabler les familles des classes moyennes en supprimant le quotient familial. C'est une grande erreur que de confondre la politique familiale et la politique de redistribution. Pour la redistribution, il y a l'impôt sur le revenu, la CSG, les prestations sociales... La politique familiale est une politique en faveur de la natalité.
Êtes-vous favorable au mariage homosexuel?
Je n'y suis pas favorable. J'avais proposé en 2007 un contrat d'union civile. Nous ne l'avons pas mis en œuvre parce que nous nous sommes rendu compte qu'il était inconstitutionnel de réserver ce contrat aux seuls homosexuels. Ce contrat d'union civile aurait porté atteinte à l'institution du mariage. Cependant, j'ai veillé à garantir aux homosexuels les mêmes avantages en termes de succession et de fiscalité qu'aux couples mariés, mais dans le cadre du pacs. En ces temps troublés où notre société a besoin de repères, je ne crois pas qu'il faille brouiller l'image de cette institution sociale essentielle qu'est le mariage.
Et l'adoption par des couples de même sexe?
C'est une des raisons pour lesquelles je ne suis pas favorable au mariage homosexuel. Il ouvrirait la porte à l'adoption. Je sais qu'il existe, de fait, des situations particulières avec des hommes et des femmes qui assument parfaitement leur rôle parental. Mais elles ne m'amènent pas à penser qu'il faudrait inscrire dans la loi une nouvelle définition de la famille.
Sur la fin de vie, souhaitez-vous une évolution législative?
Non. L'euthanasie légalisée risquerait de nous entraîner vers des débordements dangereux et serait contraire à notre conception de la dignité de l'être humain. La loi Leonetti est parfaitement équilibrée, elle fixe un principe, celui du respect de la vie. Pour le reste, laissons place au dialogue entre le malade, sa famille et le médecin. Cela s'appelle faire preuve de compréhension et d'humanité. On n'est pas obligé de légiférer sur tout et tout le temps.
En 2007, vous prôniez l'école du respect. Avez-vous le sentiment qu'il y a eu des progrès dans ce domaine?
Nous n'avons pas été au bout de la réforme de l'Éducation nationale. Les enfants ont changé, mais l'école pas assez. L'égalité, ce n'est pas de donner à chacun la même chose, c'est de donner à chacun en fonction de ses handicaps, de ses difficultés, de ses retards. Il va falloir augmenter fortement la présence des adultes dans l'école. Considérer que la classe est le lieu de l'enseignement, et l'école celui de l'éducation. J'aurai l'occasion de faire des propositions sur le sujet.
Mais comment faire sans augmenter le nombre d'enseignants?
Arrêtons de raisonner en termes d'effectifs: ceux-ci ont augmenté de 34.000 ces vingt dernières années alors que, dans le même temps, le nombre des élèves diminuait de 540.000. L'un des enjeux sera de revaloriser fortement la fonction d'enseignant, d'améliorer leur formation et de réfléchir à leur mission ainsi qu'à leurs conditions de travail. L'idée selon laquelle ils devaient être moins payés parce que l'école était fermée cinq mois de l'année est une idée d'un autre âge. Ce sera l'un des chantiers les plus importants. Il faudra faire preuve d'imagination. On ne peut pas s'en tenir aux archaïsmes alors que nous sommes entrés depuis douze ans dans le XXIe siècle.
Faudra-t-il un référendum sur l'école?
Paradoxalement, je ne le pense pas. Il serait vu comme un moyen de monter une partie de la société contre le monde éducatif. On ne peut pas faire une réforme de cette nature sans y associer les enseignants.
L'identité nationale a été un des grands thèmes de votre campagne en 2007. Le revendiquez-vous toujours aujourd'hui?
Il y a eu une polémique qui a détourné les Français des enjeux essentiels. Je voulais leur dire: soyez fiers de votre pays, nous avons des valeurs, nous ne ressemblons à aucun autre peuple, nous devons continuer à accueillir des étrangers, mais ceux que nous accueillons doivent aimer notre pays. Ce sont ceux qui arrivent qui doivent assimiler nos règles, ce n'est pas aux principes républicains de s'adapter. Nous avons pu intégrer dans le creuset républicain les vagues migratoires précédentes parce qu'il y avait chez les nouveaux venus une communauté culturelle et religieuse au fond très proche de notre histoire. L'immigration la plus récente est différente. Cela représente un atout mais cela pose également des questions redoutables, pour l'essentiel liées aux revendications communautaristes d'une minorité. La France a fait des efforts considérables pour créer des lieux de culte, pour que chacun se sente considéré, y compris dans ses différences. Mais il a également fallu fixer des limites. En 2008, dans mon discours devant le Congrès, j'ai expliqué que la burqa ou le niqab devaient être interdits. J'ai également demandé qu'on mette un terme aux prières de rue. Parce que les autres citoyens n'ont pas à se les voir imposer dans un pays laïc, mais aussi par souci de la dignité de ceux qui n'ont pas à pratiquer sur le trottoir. Enfin, l'an passé, nous avons procédé à l'expulsion d'une quinzaine d'imams qui proféraient des prêches violents. N'est pas le bienvenu sur le territoire de la République celui qui ne respecte pas la République. La France restera une terre d'accueil, c'est conforme à sa tradition, mais elle n'acceptera pas qu'on impose à la République des comportements absolument contraires à ses valeurs.
François Hollande propose d'accorder le droit de vote aux immigrés aux élections locales. Vous-même l'aviez envisagé par le passé...
Ce n'est vraiment pas le moment, avec tous les risques de montée du communautarisme. Le débat politique ne doit pas être communautarisé. Si les étrangers extra-européens pouvaient voter en France aujourd'hui, songeons comment risquerait d'évoluer le débat municipal dans telle ou telle commune: faut-il des cantines scolaires hallal? Des piscines réservées aux femmes? Est-ce cela que nous voulons? Ma réponse est non. Le droit de vote doit rester lié à la citoyenneté.
De la même façon, je dis très clairement que, contrairement à M. Hollande, je ne suis pas favorable à la régularisation des étrangers en situation irrégulière qui créerait immédiatement un appel d'air... Enfin, je pose la question de la juridiction compétente s'agissant du droit des étrangers. En ce domaine, la concurrence, et souvent la divergence, entre tribunaux administratifs et tribunaux judiciaires est source d'une grande confusion. Je pense que la juridiction administrative devrait être seule compétente en matière d'immigration.
Comment y parvenir?
Il faudra une réforme de la Constitution.
Vous proposerez un référendum?
C'est un sujet dont on peut débattre.
En matière de maîtrise de l'immigration, vos résultats ne sont-ils pas décevants?
Voyez les chiffres. Une nouvelle fois, j'entends beaucoup de mensonges. En 2011, nous avons expulsé 33.000 immigrés en situation irrégulière. Sous le gouvernement de M. Jospin, de 1997 à 2002, 9.000 étaient expulsés chaque année! Le niveau de l'immigration régulière a baissé de 3,5 % de 2010 à 2011 pour s'établir à 182.000. En 2002, c'était 207.000. Nous avons réformé le regroupement familial, désormais accordé sous conditions de logement et de ressources. Il est passé de 25.000 par an à 15.000. Cela prouve que le volontarisme est possible, y compris en matière de politique migratoire.
Dans le même esprit, je propose que, désormais, les titres de séjour obtenus par le mariage avec un Français (plus de 25.000 chaque année) soient soumis aux mêmes conditions de logement et de ressources. Ainsi nous combattrons plus efficacement les fraudes. Enfin, nous allons réformer les prestations accordées aux demandeurs de droit d'asile. Elles seront limitées quand le demandeur ne coopérera pas avec l'administration, quand il déposera sa demande plus de trois mois après son entrée sur le territoire, ou quand il refusera une offre d'hébergement.
Vous maintenez la décision de réduire l'immigration du travail?
J'assume la décision qui a été prise de la réduire. Nous avons eu 26 % d'immigrés professionnels en moins en 2011. 100.000 jeunes entrent sur le marché du travail chaque année à qui il faut trouver un emploi. Il y a 24 % de chômeurs dans la population immigrée. Pourquoi contester la nécessité de cette réduction? Mais il est un autre point sur lequel je voudrais insister. Il concerne l'ouverture de la France aux étudiants étrangers. Je veux corriger le mensonge de ceux qui, pour se donner bonne conscience, véhiculent des critiques infondées contre leur propre pays. La France a accueilli, en 2011, 60.000 étudiants étrangers. Autant qu'en 2010. Ils n'étaient que 50.000 en 2007 et 2008! Dire que nous avons refusé des étudiants étrangers est une contre-vérité. J'ajoute que le nombre d'étudiants diplômés travaillant en France à la fin de leurs études a augmenté de 17 % entre 2010 et 2011.
Regrettez-vous le discours du Latran où vous mettiez en avant les racines chrétiennes de la France?
Mais enfin, la France a des racines chrétiennes, et mêmes judéo-chrétiennes, c'est une réalité historique qu'il serait absurde de nier! Voyez le long manteau d'églises et de cathédrales qui recouvre notre pays. La France est née de la rencontre entre la volonté des rois et celle de l'Église. Jeanne d'Arc, dont on vient de fêter le 600e anniversaire de la naissance, est au carrefour de cette double volonté. Dire cela ne signifie pas qu'on appartient à une Église, ni qu'on adhère moins aux valeurs de la République ou au principe de laïcité. N'amputons pas la France d'une part de son histoire.
Que pensez-vous de l'idée d'introduire la laïcité dans la Constitution?
C'est très original! C'est déjà à l'article premier de la Constitution! J'espère que, dans les semaines qui viennent, on fera preuve d'un peu plus d'imagination! Le débat ne pourra qu'y gagner...
Serait-il normal que Marine Le Pen ne puisse pas se présenter faute de signatures?
Je considère qu'un courant politique qui réunit plusieurs millions de citoyens à chaque élection doit pouvoir être représenté à la présidentielle.
Êtes-vous partisan d'un retour à l'anonymat des parrainages?
Le Conseil constitutionnel est saisi. Nous verrons ce qu'il répondra. Par principe, je suis opposé à l'anonymat. La démocratie, c'est la transparence: un élu doit dire ce qu'il fait à ses concitoyens. Cela dit, je ne serais pas opposé à ce qu'il y ait, à l'avenir, une évolution de la législation pour permettre aussi à un certain nombre de citoyens de parrainer le candidat de leur choix. Les problèmes actuels ne se poseraient plus.
On vous prête l'intention de publier un livre où vous feriez une sorte de mea culpa...
J'ai toujours été contre la repentance, je ne vais pas changer aujourd'hui. Ce qui ne veut pas dire que je ne sois pas capable de réfléchir à ce qui a été réussi pendant ces cinq années, et à ce qui l'a été moins.
Justement, de quoi êtes-vous le plus fier?
Qu'il n'y ait pas eu de violence sans que jamais nous n'ayons été amenés à reculer ou à retirer un texte. Rappelez-vous ce qu'on disait en 2007! Avoir pu faire tous ces changements, toutes ces réformes, sans qu'il y ait eu de blocage est un motif de satisfaction.
Et votre regret?
Quand je vois tout ce qu'il reste à faire et que nous n'avons pas fait...
10/2/2012, Alexis Brezet
Source : Le Figaro
Loin des clichés et tabous, la collection contemporaine de la Cité de l’immigration propose un autre regard sur nos sociétés métissées.
Un homme en djellaba est accoudé au bastingage d’un ferry. À côté de lui, une bouée orange arbore le nom du navire : Ibn Batouta, alias le grand explorateur marocain du XIVe siècle qui s’aventura jusqu’aux confins de l’Inde et de la Chine. En reliant ainsi le voyageur d’hier à la figure de son propre père, immigré de retour à Tanger après des années d’exil en France, le photographe Malik Nejmi rend à ce dernier sa part d’audace et de fierté. Et renoue les fils d’une histoire déchirée, semblable à beaucoup d’autres évoquées dans l’exposition « J’ai deux amours » à la Cité nationale de l’immigration à Paris.
C’est le premier accrochage d’envergure consacré à la collection d’art contemporain de la Cité. Ce musée, né en 2004 « sans collection » et à qui on l’a beaucoup reproché, a acquis depuis plus de 3 000 pièces : des documents historiques ou ethnologiques mais aussi 400 œuvres contemporaines traitant de l’immigration. Parmi ces dernières, une centaine signées par une vingtaine d’artistes ont été sélectionnées pour cette exposition par Isabelle Renard, responsable de l’art contemporain de la Cité, et deux commissaires extérieurs, Hou Hanru et Évelyne Jouanno.
Paradoxe de l’immigration : le sujet est à la fois omniprésent dans les médias et souvent cantonné à des généralités vagues. D’où le premier mérite de cet événement qui donne chair à des destins anonymes dont se détournent habituellement les regards.
Tabous brisés par les artistes
Le photographe Ad Van Denderen a accompagné ainsi pendant des semaines le quotidien de clandestins se heurtant aux frontières de l’espace Schengen, enregistrant l’expression des corps et des visages, entre attente, peur ou espoir. Mathieu Pernot, lui, nous montre d’étranges formes gisantes et drapées : des immigrés afghans dormant sur des bancs à Paris – en train de rêver, qui sait ? – entièrement cachés sous des linges, abris dérisoires contre le froid et le monde extérieur si dur, si fermé.
Autre tabou brisé par les artistes : celui qui entoure le pays d’origine dans certaines familles immigrées. Bruno Boudjelal, par exemple, a choisi de redécouvrir l’Algérie de son père en pleine guerre civile, dont il a saisi à la dérobée des images sensibles et fragiles. Proches du documentaire, certaines pièces semblent illustrer de manière trop littérale, des problématiques explorées par la Cité. À l’image de la « machine à rêve » de Kader Attia qui place un mannequin, voilé d’un foulard Hermès, devant un distributeur automatique de cigarettes, rouge à lèvres et préservatifs certifiés « hallal », prise entre son désir de respecter la tradition et les griseries de la société de consommation…
Plus intéressantes, d’autres œuvres conjuguent la double appartenance ou les « deux amours » pour inventer un monde singulier. L’Iranienne Ghazel, dans des saynètes filmées, arbore son tchador comme un emblème propice à des travestissements burlesques. Mohamed Bourouissa revisite des chefs-d’œuvre de la peinture occidentale pour changer notre regard sur certains clichés d’actualité. Sur des photographies grand format, il reconstitue une scène d’émeute en banlieue, à la lumière de La Liberté guidant le peuple de Delacroix, ou construit l’image d’un homme prostré devant un dépotoir de téléviseurs, à la façon du Radeau de la Méduse de Géricault. Et restitue soudain tout leur poids de drame politique, à ces réalités devenues si tristement banales.
« J’ai deux amours ». À la Cité nationale de l’immigration à Paris. Jusqu’au 24 juin 2012. Palais de la Porte Dorée, 293, av. Daumesnil, Paris 12e. Rens. : 01.53.59.58.60.
10/2/2012, SABINE GIGNOUX
Source : La CroixLoin des clichés et tabous, la collection contemporaine de la Cité de l’immigration propose un autre regard sur nos sociétés métissées.
Un homme en djellaba est accoudé au bastingage d’un ferry. À côté de lui, une bouée orange arbore le nom du navire : Ibn Batouta, alias le grand explorateur marocain du XIVe siècle qui s’aventura jusqu’aux confins de l’Inde et de la Chine. En reliant ainsi le voyageur d’hier à la figure de son propre père, immigré de retour à Tanger après des années d’exil en France, le photographe Malik Nejmi rend à ce dernier sa part d’audace et de fierté. Et renoue les fils d’une histoire déchirée, semblable à beaucoup d’autres évoquées dans l’exposition « J’ai deux amours » à la Cité nationale de l’immigration à Paris.
C’est le premier accrochage d’envergure consacré à la collection d’art contemporain de la Cité. Ce musée, né en 2004 « sans collection » et à qui on l’a beaucoup reproché, a acquis depuis plus de 3 000 pièces : des documents historiques ou ethnologiques mais aussi 400 œuvres contemporaines traitant de l’immigration. Parmi ces dernières, une centaine signées par une vingtaine d’artistes ont été sélectionnées pour cette exposition par Isabelle Renard, responsable de l’art contemporain de la Cité, et deux commissaires extérieurs, Hou Hanru et Évelyne Jouanno.
Paradoxe de l’immigration : le sujet est à la fois omniprésent dans les médias et souvent cantonné à des généralités vagues. D’où le premier mérite de cet événement qui donne chair à des destins anonymes dont se détournent habituellement les regards.
Tabous brisés par les artistes
Le photographe Ad Van Denderen a accompagné ainsi pendant des semaines le quotidien de clandestins se heurtant aux frontières de l’espace Schengen, enregistrant l’expression des corps et des visages, entre attente, peur ou espoir. Mathieu Pernot, lui, nous montre d’étranges formes gisantes et drapées : des immigrés afghans dormant sur des bancs à Paris – en train de rêver, qui sait ? – entièrement cachés sous des linges, abris dérisoires contre le froid et le monde extérieur si dur, si fermé.
Autre tabou brisé par les artistes : celui qui entoure le pays d’origine dans certaines familles immigrées. Bruno Boudjelal, par exemple, a choisi de redécouvrir l’Algérie de son père en pleine guerre civile, dont il a saisi à la dérobée des images sensibles et fragiles. Proches du documentaire, certaines pièces semblent illustrer de manière trop littérale, des problématiques explorées par la Cité. À l’image de la « machine à rêve » de Kader Attia qui place un mannequin, voilé d’un foulard Hermès, devant un distributeur automatique de cigarettes, rouge à lèvres et préservatifs certifiés « hallal », prise entre son désir de respecter la tradition et les griseries de la société de consommation…
Plus intéressantes, d’autres œuvres conjuguent la double appartenance ou les « deux amours » pour inventer un monde singulier. L’Iranienne Ghazel, dans des saynètes filmées, arbore son tchador comme un emblème propice à des travestissements burlesques. Mohamed Bourouissa revisite des chefs-d’œuvre de la peinture occidentale pour changer notre regard sur certains clichés d’actualité. Sur des photographies grand format, il reconstitue une scène d’émeute en banlieue, à la lumière de La Liberté guidant le peuple de Delacroix, ou construit l’image d’un homme prostré devant un dépotoir de téléviseurs, à la façon du Radeau de la Méduse de Géricault. Et restitue soudain tout leur poids de drame politique, à ces réalités devenues si tristement banales.
« J’ai deux amours ». À la Cité nationale de l’immigration à Paris. Jusqu’au 24 juin 2012. Palais de la Porte Dorée, 293, av. Daumesnil, Paris 12e. Rens. : 01.53.59.58.60.
10/2/2012, SABINE GIGNOUX
Source : La Croix
L'année 2011 a été la plus meurtrière en mer : 1 500 personnes noyées ou disparues lors de leur tentative de traversée de la Méditerranée vers l'Europe. Une des conséquences du printemps arabe qui a contraint des milliers d'hommes et de femmes à quitter leur pays.
C'est un bien triste record dont le Haut-Commissariat aux réfugiés (HCR) a fait état, le 31 janvier, lors d'une conférence de presse à Genève : 1 500 personnes se sont noyées ou ont été portées disparues en Méditerranée au cours de l'année 2011 en tentant de gagner l'Europe. Le chiffre le plus élevé jusque-là (630 personnes) remontait à 2007. Alors qu'en 2009 et 2010 les mesures de contrôle aux frontières avaient considérablement réduit ces migrations, le tableau a changé l'an dernier avec la révolution tunisienne et la guerre en Libye, qui ont poussé des milliers d'hommes et de femmes à fuir l'insécurité ou la misère.
Selon le HCR, ils sont 58 000 - un chiffre sans précédent - à avoir afflué en Europe durant le premier semestre de 2011, dont 56 000 en Italie, les 2 000 autres s'étant réfugiés à Malte ou en Grèce. Après avoir interrogé ces nouveaux arrivants et ceux qui ont échoué dans leur tentative, le HCR a constaté qu'il s'agissait pour la plupart de travailleurs migrants et non de réfugiés politiques.
Depuis le début de 2012, au moins dix-huit personnes en provenance de Libye ont péri en mer, parmi lesquelles douze femmes, deux hommes et un bébé somaliens qui vivaient à Tripoli. Le HCR a par ailleurs tenu à féliciter les autorités italiennes, libyennes et maltaises, dont les opérations de secours ont permis de sauver près d'une centaine de personnes.
10/2/2012, Leïla Slimani
Source : Jeune Afrique
Saisies sur ordre judiciaire pour défaut de recouvrement de créances, les trois navires battants pavillons marocains, le Marrakech, le Bni N’sar et le Biladi sont à quai depuis le 6 janvier derniers en France.
Au delà du problème juridique et économique que cela a suscité au Maroc et plus particulièrement au sein de la profession, un drame humains s’y profilent.
Il s’agit de quelques 240 employés de la compagnie dont une vingtaine de femmes, qui sont bloqués dans leurs navires, incapable de les quitter à causes de dispositions juridiques prévues par le droit maritime.
Il leurs est défendu de quitter leurs navires mêmes immobilisées à quai, cela serait assimilé à un abandon de poste, le risque pour eux, est de perdre tous leurs droits salariaux voir même leur emplois.
Bloqués et impuissants, les marins de la Comarit peinent à bord : Pas ou peu de ravitaillement ni d’électricité ni de chauffages par cet hivers glaciale ni de douches ou alimentations.
Un mouvement de solidarité s’est mobilisé autour d’eux par les riverains du port, afin de tenter d’alléger leurs souffrances, dans une presque indifférence des autorités marocaines ou du management de l’entreprise.
Loin des salons chauffées de Rabat et de Tanger où se déroulent, arrangements politiques et négociations de l’ombre sur l’avenir de la Comarit et ses possibles nouveaux acquéreurs ; des marins hommes et femmes sont loin de leurs enfants et familles, dans le froid, ne se nourrissent que grâce à la charité de bénévoles sétois.
10/2/2012
Source : emarrakech
Le dernier numéro de la revue Migrance reprend les actes du colloque « Images et représentations des Maghrébins dans le cinéma en France », organisé par Génériques et l'édition 2010 du Maghreb des films, et offre un recueil exceptionnel des travaux portant sur la figure du Maghrébin dans le cinéma en France des années 30 à aujourd'hui. Il envisage la genèse de cette image sur le grand écran et propose différents angles d'analyses spécifiques avec le court-métrage, les bandes originales des films ou encore le genre. La dernière partie offre un bilan des évolutions en termes de mise en images des stéréotypes, des évolutions sociales ou économiques comme celui des interrogations contemporaines sur les perspectives d 'évolution des représentations. Tantôt délinquant, tantôt héros des cités, et plus proche de nous, représentant des forces de l'ordre, le personnage du Maghrébin est l'enjeu aujourd'hui de nombreuses interprétations. Le cinéma agirait-il comme un accélérateur du phénomène d'enracinement des populations maghrébines en France ?
6/2/2012
Source : Générique
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Le nombre de conjoints étrangers de Français obtenant un visa n'a cessé d'augmenter durant le quinquennat et a atteint 36.669 en 2010, soit une hausse de 61% depuis 2006 due à l'augmentation des mariages mixtes, selon le dernier rapport au parlement sur l'immigration.
Dans une interview au Figaro Magazine, Nicolas Sarkozy a chiffré à "plus de 25.000 chaque année" les "titres de séjour obtenus par le mariage avec un Français", souhaitant que la délivrance de ces titres soit soumise "aux mêmes conditions de logement et de ressources" que le regroupement familial.
Augmentation des mariages entre français et étrangers
En 2006, le nombre de visas délivrés à des conjoints étrangers était de 22.785, en baisse de 12% par rapport à l'année précédente. Ce chiffre a progressé de 30% en 2007 à 29.635, puis de 17,5% en 2008 à 34.819. Cette hausse s'est ralentie en 2009 (+ 2,3%, à 35.611), puis en 2010, avec 36.669 visas délivrés à des conjoints étrangers (+ 3%), selon les chiffres du rapport au Parlement sur "les orientations de la politique de l'immigration et de l'intégration" édité en décembre 2011. Cette hausse s'explique par l'augmentation du nombre de mariages entre français et étrangers.
Ces chiffres portent sur les visas de long séjour valant titre de séjour (VLSTS) d'un an délivrés par l'Office français de l'immigration et de l'intégration (OFII), ainsi que sur les visas de court séjour délivrés aux Algériens en vertu d'un accord bilatéral de 1968.
Selon l'OFII, en 2009, les conjoints ayant bénéficié d'un visa étaient Algériens (28%), Marocains (18,4%), Tunisiens (9%), Turcs (5,3%), Malgaches (2,7%). 58,3% étaient des femmes, 41,7% des hommes. En 2011, selon l'Intérieur, 22.000 personnes ont obtenu leur naturalisation par mariage.
Le nombre d'enfants et de conjoints ayant bénéficié d'un regroupement familial a baissé de 13,4% entre 2006 (16.101) et 2010 (13.943), selon le rapport au parlement, qui mentionne l'instauration de conditions de ressources et de logement en 2007 parmi les raisons expliquant une baisse de 17,8% pour 2009. "Nous avons réformé le regroupement familial, désormais accordé sous conditions de logement et de ressources. Il est passé de 25.000 par an à 15.000", a affirmé M. Sarkozy au Figaro Magazine. Interrogé sur ces chiffres, l'Elysée a renvoyé vers le ministère de l'Intérieur.
Le conjoint bénéficiant d'un visa ou du regroupement familial est soumis dans son pays d'origine à un "test d'évaluation de ses connaissances du français et des valeurs de la République". A son arrivée en France, il signe un contrat d'accueil et d'intégration (CAI), qui l'oblige à suivre une formation civique et linguistique.
9/2/2012
Source : Le Figaro/AFP
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