samedi 2 novembre 2024 12:26

Au Sénégal, si le mariage peut être célébré à l’église, à la mosquée, dans la famille ou devant l’officier de l’état civil de la mairie, le divorce lui est judiciaire. Autrement dit, on ne peut divorcer qu’au tribunal. Une procédure qui n’est pas du tout simple quand il s’agit de cas spécifiques tels, la disparition ou l’absence d’un des conjoints. Eclairages du Professeur de droit privé, Béchir Niang, de l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar (UCAD).

L’absent est une personne dont le manque de nouvelles rend l’existence incertaine. Alors que le disparu est une personne dont l’absence s’est produite dans des conditions, dans des circonstances mettant sa vie en danger, sans que son corps ait été retrouvé. Ce sont les définitions données par Béchir Niang, professeur de droit privé à l’Université Cheikh Anta Diop de Dakar. Dans les deux cas, ajoute le juriste, il y a manque total de nouvelles. On n’a aucune information concernant l’individu. Pas de lettres. Pas de coups de téléphone. Pas de courriels. Pas d’informations données par des amis ou parents proches ou lointains. C’est le silence radio. Un black out total ! Il faut cependant noter que dans la disparition, le manque de nouvelles procède d’une circonstance catastrophique (naufrage d’un bateau, incendie, crash d’avion etc.) alors que dans l’absence, il n’y a pas cette circonstance catastrophique.

Procédure de constatation de l’absence ou de la disparition

Si la personne reste un an sans donner de nouvelles, la famille ou tout intéressé peut déclencher une procédure de constatation de l’absence, en saisissant le tribunal régional d’une requête. Ce qui rend l’enquête obligatoire et nécessaire via la presse écrite ou audiovisuelle.

Toutefois, s’est empressé de préciser Béchir Niang : «le juge ne peut rendre un jugement déclaratif de présomption d’absence qu’au moins une année après sa saisine et à condition que l’enquête n’ait donné aucune information sur l’individu».
Après le jugement, la famille doit encore attendre deux ans pour demander un autre jugement déclaratif d’absence lorsque le juge se rend compte qu’il n’y a toujours pas d’information concernant l’individu. A partir de ce moment, il rend un jugement déclaratif d’absence.

Ce qui permet au conjoint ou à la conjointe de demander le divorce pour cause d’absence. Maintenant, relève également le professeur de droit, «si les dernières nouvelles remontent à dix ans, la famille ou tout intéressé et le Procureur de la République peuvent demander un jugement déclaratif de décès».

Ensuite, il est procédé à la transcription du jugement sur les registres de l’état civil. Puis, l’individu est considéré comme décédé et à partir de ce moment sa succession est ouverte.

En revanche, la procédure de la disparition est beaucoup plus rapide. Car, fait remarquer Béchir Niang, «la présence de circonstances catastrophiques fait que le législateur opte pour le décès de l’individu. Cela veut dire qu’il n’y a ni jugement de présomption de disparition, ni jugement de disparition». Autrement dit : «dés que le juge est convaincu que l’individu n’a pas pu survivre, il rend un jugement déclaratif de décès ». Mais, s’empresse-t-il de préciser, « il peut ordonner une enquête. C’est l’exemple du naufrage du bateau Le Joola», survenu aux larges des côtes gambiennes, le 26 septembre 2002, occasionnant la mort de 1863 victimes, selon les autorités sénégalaises. «Le juge peut même délivrer un jugement déclaratif de décès le jour même de la catastrophe ou 48 voire 72 heures après».

Ce, en se fondant sur l’impossibilité de survie par rapport au nombre de kilomètres qui séparent le lieu de la catastrophe et les côtes, la température de l’eau etc. Toutefois, souligne le professeur de droit privé, «le simple fait de prendre une pirogue pour aller à l’Etranger ne constitue pas une circonstance catastrophique. C’est seulement lorsque le bateau a chaviré ou disparu en mer qu’on peut parler ainsi».

Source : Sud Quotidien

Le 2ème sommet des chefs d'Etat et de gouvernement du dialogue 5+5 entre pays des deux rives de la Méditerranée se tiendra vendredi et samedi prochains sur l'île de Malte avec pour thèmes principaux la sécurité et la coopération économique.

Le groupe des 5+5 composé de l'Algérie, la Libye, le Maroc, la Mauritanie et la Tunisie ainsi que leurs partenaires européens de l'Espagne, France, Italie, Malte et Portugal discutera également de la défense et fera le point sur de nouveaux domaines de coopération comme l'éducation, l'environnement et l'énergie.

Le sommet du groupe 5+5, qui est une enceinte de dialogue politique informel, vise à "redynamiser et promouvoir" la discussion parmi ces dix Etats sur notamment la question "cruciale" de l'immigration clandestine, selon Malte.

La rencontre ambitionne, en outre, d'introduire" la régularité et la prévisibilité" dans les réunions ministérielles et les conférences du sommet organisées dans le cadre du forum.

Le dialogue 5+5 appelé aussi forum pour le dialogue en Méditerranée occidentale a été lancé officiellement lors d'une réunion des ministres des Affaires étrangères à Rome (Italie) le 10 décembre 1990, dans un format 5+4.

Malte a rejoint la réunion ministérielle à Alger en octobre 1991 comme membre à part entière et continue depuis d'y participer activement.
En tant qu'initiative pour la sécurité transméditerranéenne, l'objectif du dialogue 5+5 est d'instaurer une coopération plus étroite entre les cinq membres de l'UE et les cinq pays de l'Union du Maghreb arabe par le dialogue politique et la coopération économique, et en encourageant une meilleure gestion des ressources dans le but de renforcer l'indépendance régionale et le développement.

Depuis la relance durable du forum au Portugal en 2001, le dialogue 5+5 (entre les ministres des Affaires étrangères) se tient régulièrement et met en place des activités visant à une coopération plus concrète et tangible entre les pays partenaires, les plus importantes étant réalisées dans les secteurs de l'immigration, de la défense et du transport.

Le premier sommet du Dialogue 5+5 s'était tenu à Tunis en décembre 2003.(APS)

4 oct 2012

Source : APS

Des acteurs culturels africains basés à Dakar ont lancé mercredi une compilation de titres de 17 artistes africains, dont Mounira Mitchala (Tchad), Takeifa (Sénégal), Zahara (Afrique du Sud), pour promouvoir "l'exportation de la musique africaine en Afrique et dans le reste du monde".

Ces 17 titres "récents ou inédits" ont été sélectionnés parmi quelque 120 morceaux reçus en réponse à l'appel à candidatures du Bureau Export de la musique africaine (Bema), le réseau d'opérateurs culturels à l'origine de la compilation, a expliqué à la presse son administratrice générale, Cécile Rata.

Le CD, gratuit et destiné "aux médias et aux professionnels de la musique", a été réalisé avec le soutien de l'Etat du Sénégal et de plusieurs institutions dont l'Union européenne et l'Organisation internationale de la Francophonie.

Il est le troisième du genre depuis 2008 réalisé par le Bema. Ce réseau, créé en 2007, s'est donné pour mission de "soutenir la structuration et l'exportation de la musique africaine en Afrique et dans le reste du monde", selon ses responsables.

"Il faut se faire connaître chez soi d'abord, ensuite ailleurs, c'est légitime", a dit Rokhaya Daba Sarr, secrétaire générale du Bema.
Le CD comprend des morceaux d'artistes originaires des cinq régions d'Afrique, dont le groupe marocain Tiraline (Afrique du Nord), le groupe familial (quatre frères et une soeur) de chanteurs-musiciens sénégalais de Takeifa (Afrique de l'Ouest), la Tchadienne Mounira Mitchala (Afrique centrale), le groupe ougandais Qwela (Afrique de l'Est) et la Sud-Africaine Zahara (Afrique australe).
Les sonorités sélectionnées s'étalent des musiques traditionnelles au jazz en passant par différents styles et mélanges dont la soul, le rock, le hip-hop, le blues. Tous les titres peuvent être écoutés sur le site du Bema: www.le-bema.com.

3 oct 2012

Source : AFP

La cour d'appel de Barcelone (nord-est de l'Espagne) a confirmé, mardi, la condamnation de quatre agents de la police catalane à deux ans de prison pour actes de torture à l'encontre d'un immigré roumain.

Condamnés initialement, en 2008, à des peines allant jusqu'à 7 ans et sept mois de prison et à une suspension provisoire de leurs fonctions, les mis en cause ont intenté par la suite un recours auprès du Tribunal suprême de Madrid qui a réduit en décembre dernier leurs peines maximales à 4 ans et 9 mois de prison.

Les quatre policiers ont par la suite bénéficié d'une grâce partielle approuvée par le conseil des ministres espagnol qui a fixée à deux ans leurs peines de prison.

Les faits remontent à juillet 2007 lorsque les mis en cause ont sauvagement torturé un immigré roumain qui l'ont confondu avec un homme recherché pour vol à main armé. Les policiers ont même introduit le canon d'un revolver dans la bouche du suspect en le menaçant de mort, selon l'acte d'accusation.

La cour d'appel de Barcelone a débouté le recours déposé par les mis en cause ordonnant de les mettre sous les verrous dans délai de 45 jours.

Après une suspension provisoire, les accusés ont regagné leurs postes à Barcelone où ils exercent toujours, selon la presse locale.

02 oct. 2012

Source: MAP

Les envois d'argent à destination du Mexique (remesas) ont baissé de 11, pc en août 2012, soit le pire recul depuis février 2010, en raison notamment de la faiblesse qu'a accusée le secteur de la construction aux Etats-Unis, le plus gros employeur des immigrants mexicains.

Un rapport publié,cette semaine, par la Banque centrale du Mexique a précisé que le montant des transferts de remesas a été de 1 milliard 895 millions de dollars en août 2012, contre 2 milliards 434 millions de dollars sur la même période de l'année passée.
Dans la région latino-américaine, le Mexique représente le principal récepteur de remesas en raison des 11 millions de travailleurs immigrés mexicains aux Etats-Unis, qui exercent principalement dans le secteur de la construction.

03 oct. 2012

Source: MAP

Le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger, Abdellatif Maâzouz, s'est entretenu, mardi à Montréal, avec des membres du gouvernement du Québec des moyens à même de favoriser l'intégration de la diaspora marocaine au Québec, de resserrer les liens et de renforcer la coopération en matière socioculturelle entre le Maroc et le Québec.
L'immigration, la reconnaissance des titres professionnels, le chômage ainsi que l'intégration de la diaspora marocaine au Québec ont ainsi été au centre d'une rencontre de M. Maâzouz avec la ministre québécoise de l'Immigration et des Communautés culturelles et ministre responsable de la Charte de la langue française, Mme Diane De Courcy.

A cette occasion, les deux parties se sont entendues sur la pertinence d'un cadre stratégique de coopération pour la culture et le patrimoine, axé sur le développement et l'engagement culturel. Les ministres ont aussi souligné l'importance de travailler ensemble pour créer un environnement qui favorise des partenariats afin que les arts, la culture et le patrimoine continuent d'enrichir la vie des Marocains et des Québécois.

Ces échanges "productifs" permettront aussi d'explorer des possibilités de collaboration en matière d'intégration économique, ont-elles estimé.

De même, les deux parties ont convenu de poursuivre leurs discussions l'hiver prochain, soit à Rabat ou à Montréal, rappelant l'importance d'encourager le dialogue et l'ouverture à la diversité et de faire tomber les préjugés.

Lors de sa rencontre avec le ministre de la Culture et des Communications du Québec, Maka Kotto, M. Maâzouz a appelé au renforcement de la coopération et à l'organisation d'activités à Dar Al Maghrib, à Montréal, visant à susciter le rapprochement, l'échange et la découverte de cultures différentes.

Par la même occasion, les ministres ont convenu de mettre en place une équipe de travail chargé d'oeuvrer à l'exploration de pistes de partenariat visant la consolidation de la coopération Maroc-Québec à travers des rencontres interculturelles.

Ils ont d'autre part souligné l'apport de la diversité dans les villes et régions de la province francophone du Québec, plaidant pour des partenariats avec des associations ou des structures liées à la culture.

Lors de ces rencontres, qui se sont déroulées en présence notamment du Consul général du Maroc à Montréal, Zoubair Hakam, de la directrice de Dar Al Maghrib, Wassane Zailachi et des proches collaborateurs des ministres québécois, M. Maâzouz a rappelé le lancement, vendredi dernier, de la saison culturelle 2012-2013 à Dar Al-Maghrib, inaugurée le 1er juin dernier par SAR la Princesse Lalla Hasna.

Le ministre marocain a aussi saisi cette occasion pour inviter les responsables québécois à renforcer l'offre culturelle au sein de cet établissement, un lieu d'échange et d'information convivial situé au centre de Montréal, visant en particulier l'accompagnement culturel des membres de la diaspora marocaine.

Au-delà des Marocains résidant au Canada, estimés à quelques 120.000 personnes, dont 80 pc résident au Québec, le Centre culturel de Montréal s'adresse également aux citoyens du pays d'accueil et aux autres communautés y résidant, contribuant ainsi à un échange et à un enrichissement interculturels plus soutenus.

03 oct. 2012

Source: MAP

Benjamin Stora, historien, professeur à l’Université Paris XIII est l’auteur de très nombreux ouvrages. Son dernier livre se situe dans la continuité de trois autres parus chez Stock: «La dernière génération d’octobre», «Les trois exils: Juifs d’Algérie» et «Les guerres sans fin». Benjamin Stora a publié une trentaine d’ouvrages et dirigé plusieurs publications. Il a également été conseiller historique du film Indochine de Régis Wargnier, de Là-bas… mon pays d’Alexandre Arcady en 2000, du Premier homme, de Gianni Amelio (2010), adaptation pour le cinéma du roman d’Albert Camus, et du film “Les Hommes libres” d’Ismaël Ferroukhi, présenté au Festival de Cannes en 2011. Il a publié récemment «La guerre d’Algérie expliquée à tous» (Seuil, 2012).

A l’occasion de l’entrée des enfants d’immigrés à l’assemblée nationale, il nous a accordé cet entretien.

Libé : Nous avons eu une campagne électorale très dure autour de l’immigration avec un résultat élevé pour l’extrême droite qui a vu 3 députés Front National entrer à l’Assemblée nationale.  Pourtant toutes les institutions élues sont maintenant à gauche. La vie politique est vraiment difficile à comprendre en France. Quel regard portez-vous sur cette situation?

Benjamin Stora : Il faut se méfier des résultats. Il y a d’abord l’abstention massive. Le taux d’abstention est historique. Il y a un détachement vis-à-vis de la chose politique en général. On ne sait pas ce qu’il y a derrière. Qu’est-ce que ça recouvre ? Quel est l’enjeu ? Quel type de démonstration idéologique se cache derrière ça ? Il faut donc se méfier des chiffres.
Il y a deux aspects. Les élections législatives amplifient d’abord le scrutin présidentiel, puisqu’on vit dans un système très centralisé autour de la personne  du président. C’est une loi de la Vème République qui vise à donner au président de la République le plus de pouvoir possible.  C’est une évidence classique en France. Il y a aussi un 2ème aspect. Les élections législatives permettent de juger sur le plan local, l’enracinement local, comme les élections municipales d’un certain point de vue. Elles traduisent une réalité locale. C’est pour ça que les parachutés sont mal vécus. Elles traduisent une réalité de forces locales.

Nous avons 4 enfants d’immigrés maghrébins à l’Assemblée nationale, élus pour la première fois, mais cela  ne reflète pas la diversité et la présence de cette minorité en France. Est-ce que c’est toujours la question de la guerre d’Algérie qui bouleverse la société française ?

Il y a bien sûr toujours la question coloniale au sens large qui continue de jouer. Mais les 4 élus sont de gauche, investis par le Parti socialiste. Ces élus ont fait des  carrières militantes. Ils sont jeunes mais ce sont de vieux militants qui sont là depuis des années, bien investis dans les fédérations  du PS. Leur élection est  aussi le produit d’un travail politique ancien, pas simplement  au nom d’une minorité ou de la diversité. Il ne faut pas oublier qu’en France il y a le principe de l’intégration  par la politique, par les appareils politiques. Ça a été le cas pour les Italiens, les Polonais. Mais ça a pris du retard en ce qui concerne les Maghrébins. On aurait dû avoir cette intégration par l’appareil politique au début des années 1990, mais on la voit en 2010 et toujours par l’intermédiaire de la Gauche. C’est d’ailleurs la tradition en France. Les gens issus des immigrations les plus récentes sont toujours intégrés dans la vie sociale et politique par la Gauche et très rarement par la Droite. Quand c’est par la Droite c’est  par en haut comme les nominations de Rachida Dati ou Rama Yade qui ne sont pas le produit d’un enracinement réel. C’est la différence entre la Droite et la Gauche.  A Gauche, c’est le produit d’un travail politique sur la durée, alors qu’à Droite ce sont des choix d’en haut.

Il faut aussi regarder un autre chiffre : celui du nombre des conseillers municipaux issus des immigrations maghrébines. C’est un chiffre très important à Gauche, plusieurs centaines d’élus municipaux. Etre député, c’est plus fort encore, alors quatre députés, c’est déjà considérable. A mes yeux un saut a été franchi.

Est-ce que la France va connaître dans les cinq prochaines années un discours sur l’immigration apaisé après une inflation de lois et de discours anti-immigrés ?

Il faut l’espérer, mais ça a toujours fonctionné sur le mode conflictuel. Le rapport aux minorités est toujours très conflictuel dans les sociétés.  Ce n’est jamais harmonieux. Les processus d’intégration sont toujours le produit de batailles politiques, sociales,  d’investissement à travers  le syndicalisme ouvrier qui a été fort.  Il faut espérer qu’il y ait un discours par en haut  qui soit moins un discours qui stigmatise, qui sépare, qui montre du doigt. Ce qu’on appelle l’intégration dans les sociétés d’accueil c’est toujours le produit d’une conflictualité. Ce n’est pas quelque chose qui arrive de manière harmonieuse. Dans le cas des immigrations maghrébines et africaines, le décalage temporel, à mon sens,  est dû en grande partie à l’histoire coloniale française, décalage d’une ou deux générations. Mais c’est irréversible,  compte tenu du nombre, de l’enracinement  et du fait que les gens vivent complètement comme Français depuis deux ou trois  générations.  Plus personne ne songe au retour dans le pays d’origine. Je ne connais pas de gens de 40 ans nés sur le territoire français qui souhaitent quitter la France  ou alors ils partent aux Etats-Unis, en Australie, en Angleterre. Quelques-uns  reviennent en Algérie ou au Maroc. Mais c’est rare, tout simplement parce qu’ils sont français. Seulement, ils veulent rester fidèles à leurs origines par rapport à leurs parents, à leurs coutumes, à leur religion, mais c’est une fidélité mémorielle qui n’implique pas de déplacement  géographique.

Vous étiez optimiste dans votre livre sur les révolutions arabes. L’êtes-vous toujours?

Je n’étais ni optimiste ni pessimiste. C’était une grande secousse qui a été nécessaire au  monde arabe pour parvenir à plus de démocratie politique. Tous les ébranlements se font de cette manière. L’histoire se fait toujours comme je l’ai écrit il y a un an et demi.

Ne pensez-vous pas que les islamistes en cueillent les fruits ?

Les sociétés arabes sont faites de tout cela. Ce sont des contradictions, des conflits. Il y a  des mouvements religieux, des mouvements de sociétés civiles. Cela fabrique des sociétés qui ne peuvent pas fonctionner seulement sur l’unanimisme, le nationalisme. Il y a des compétitions  d’acteurs pour le pouvoir sur le plan social et culturel. Il y a des minorités.

C’est comme n’importe quelle société. C’est une illusion de croire que toutes les sociétés  peuvent fonctionner de manière harmonieuse sur l’homogénéité, l’unanimisme, le nationalisme. Je n’ai  jamais cru à ça. Ce sont des discours d’en haut qui masquent la réalité des sociétés. Maintenant, il faut appréhender les sociétés réelles qui sont dans des compétitions avec des luttes de classes, des luttes culturelles, des luttes politiques. C’est ça une société démocratique. Il peut y avoir des régressions, des avancées …Mais la vie démocratique, c’est la pluralité. 

4/10/2012, Youssef Lahlali

Source : Libération

Ce jeudi, Angela Merkel a convoqué un grand sommet sur la démographie. Une urgence, explique Reiner Klingholz, directeur de l'institut berlinois pour la population et le développement. INTERVIEW

L’Allemagne découvre-t-elle seulement aujourd'hui l’ampleur de son problème démographique ?

Non. Depuis quarante ans, nous voyons où nous allons. En quatre décennies, le nombre annuel des naissances a diminué de plus de la moitié et l’espérance de vie a augmenté de dix ans. Cette évolution était prévisible

Les conséquences pour le marché de l'emploi et le financement des retraites semblent particulièrement alarmantes...

Les entreprises vont devoir s’organiser, d’ici à 2030, avec 6,3 millions d’actifs en moins sur le marché du travail, tout en restant assez productives pour que la société puisse financer une augmentation de 5,5 millions du nombre de personnes âgées de plus de 64 ans. Et cette tendance se poursuivra au-delà de 2030 : d’ici à 2050, nous aurons, par rapport à aujourd’hui, 12,7 millions de personnes arrivant à l’âge de la retraite de plus que de jeunes gens qui entreront dans la vie active.

Quels sont les moyens d’inverser cette tendance ?

Etant donné les circonstances, il faut activer trois leviers en même temps : la politique familiale, la politique de formation et la politique d’immigration. Le gouvernement doit lancer une vraie politique globale, cohérente et courageuse. Par exemple, pour gérer la pénurie de population qui existe déjà dans certaines régions d’Allemagne, et pas seulement dans les parties orientales du pays, mais aussi à l’Ouest. Les jeunes les ont désertées parce qu’ils n’y trouvent pas de travail. Nos dirigeants feignent d’ignorer le problème, au lieu d’agir.

Sur la politique familiale, Angela Merkel a mis beaucoup d’argent dans l’accueil à la petite enfance, mais apparemment avec un succès limité. Comment expliquez-vous ce résultat ?

La politique familiale de ces dernières années a, en effet, peu apporté. Il faut bien comprendre que les tendances démographiques à la baisse datent d’une quarantaine d’années, soit plus d’une génération. Beaucoup de femmes en âge de procréer ont grandi avec en tête un modèle de famille restreinte. 1,4 enfant par femme, c'est aujourd'hui la norme sociale. Et la famille de 3 enfants, l’exception. De plus, en Allemagne, la politique familiale est toujours vue avec défiance. Contrairement à la France, le sujet reste connoté politiquement.

Face à la pénurie, les milieux d’affaires allemands souhaitent faire appel l’immigration. La loi le permet-elle ?

Nous avons besoin de main d’œuvre étrangère pour combler les besoins. Il y a déjà des secteurs entiers du marché du travail en manque et, en 2020, tous seront en pénurie. Pour l’heure, la loi ne permet pas cette immigration, si ce n’est par le biais d’une série d’exceptions, qui ne cesse de s’allonger.

Les Allemands doivent-ils se réjouir de l’arrivée de jeunes diplômés de Grèce et d’Espagne ?

A court terme, oui. Ces jeunes comblent nos besoins et échappent à la crise chez eux. Mais à moyen terme, non. Ils sont la force vive de pays, qui ont besoin d’eux. De plus, nous savons qu’avec leur passeport européen, ils ne demanderont pas la nationalité allemande et ne s’installeront pas définitivement. L’Allemagne a besoin de main d’œuvre du tiers monde, qui s’ancre durablement chez elle, sur le modèle de ce qui se fait au Canada.

03-10-2012,  Sabine Syfuss-Arnaud

Source : Challenges.fr

Le projet dynamiques religieuses et groupes minoritaires: évolutions récentes du paysage français a pour ambition de contribuer à une meilleure connaissance des réalités nouvelles du paysage religieux français. L'objectif est de rassembler et rendre disponible l'information concernant ces groupes et leur évolution récente. Pour la plupart, ils ne sont en effet le plus souvent connus que de leurs membres et de quelques spécialistes. Si des travaux ont récemment pris en compte certaines dénominations religieuses, ou subdivisions à l'intérieur d'une même dénomination, il n’en reste pas moins que la complexité du paysage rend cependant difficiles les approches comparatives de ces minorités les unes par rapport aux autres.

En rassemblant, autour de l’effort de mise en commun des connaissances spécialisées sur ces différents groupes, des chercheurs issus d’horizons disciplinaires différents (sociologues, ethnologues, anthropologues, historiens ou spécialistes des religions), ce projet vise à améliorer le niveau de connaissance des minorités religieuses en France, et à interroger du même coup l’état de la réflexion sur les minorités religieuses

Dans le cadre de ce projet, un colloque aura lieu en novembre 2012, à Strasbourg. L'assistance est libre mais l'inscription est recommandée. Plusieurs journées d'étude seront ensuite organisées en 2013 (en février à Lyon sur « religions asiatiques », en mai à Paris sur « judaïsmes », à Strasbourg en octobre sur « christianismes orientaux ») ainsi qu'en 2014…Suite

Le ministre de la Culture, Mohamed Amine Sbihi et le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger, Abdellatif Mâzouz prendront part à la cérémonie d'ouverture, mercredi à Bruxelles, de "Daba Maroc", un programme de rencontres artistiques conjointement organisé par le Maroc et Wallonie-Bruxelles International (WBI), visant à faire découvrir au public belge la création marocaine contemporaine dans sa richesse et sa diversité.

La cérémonie d'ouverture de cette saison culturelle, prévue d'octobre 2012 à janvier 2013, devra se dérouler en présence, également, du Premier ministre fédéral belge, Elio Di Rupo, du ministre-président de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Rudy Demotte, de la ministre de la Culture de la Fédération Wallonie-Bruxelles, Fadila Laanan et de l'Ambassadeur du Maroc à Bruxelles, Samir Addahare, indique mardi un communiqué du ministère chargé des Marocains résidant à l'étranger.

Le séjour de M. Mâzouz en Belgique sera également marqué par des entretiens avec le ministre-président du gouvernement de la région de Bruxelles-Capitale, Charles Picqué et la secrétaire d'Etat à l'Asile, à l'Immigration et à l'Intégration sociale, Maggie de Block, ainsi que par des rencontres avec les représentants des compétences marocaines résidant en Belgique.

Ces entretiens porteront sur les perspectives de renforcement de la coopération bilatérale pour la préservation des intérêts des Marocains résidant en Belgique, affirme le communiqué, rappelant que les Marocains, estimés officiellement à près de 400.000 personnes, constituent la deuxième communauté étrangère dans ce pays, après les Italiens.

Plus de 150 artistes, dont des Marocains résidant en Belgique, participeront à 60 manifestations artistiques inscrites au menu de cet événement.

Outre les disciplines classiques (littérature, musique, théâtre et cinéma), l'accent sera mis sur les initiatives innovantes, notamment en danse contemporaine, en arts urbains, en design, en mode et en production vidéo.

02 oct. 2012

Source : MAP

Le ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger, Abdellatif Maâzouz, a appelé les membres de la communauté marocaine, de par leur compétences et expertises, à s'impliquer de manière efficace et concrète dans la sphère politique, économique et sociale aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays, à renforcer leurs liens et assurer un rayonnement à la culture marocaine.

Lors d'une rencontre, lundi, avec les membres de la communauté marocaine établie à Ottawa, le ministre a souligné l'apport significatif que pourraient avoir les membres de la communauté marocaine, en tant que force de propositions en prenant part à la préparation de rendez-vous visant la mise en relation des acteurs marocains et canadiens, les invitant, compte tenu de l'importance de la culture dans le rapprochement des peuples, à réfléchir aux moyens susceptibles et à l'action à entreprendre en vue d'organiser des manifestations culturelles visant la promotion culturelle du Maroc au Canada.

Lors de cette réunion, qui s'est déroulée en présence notamment de l'Ambassadeur du Maroc au Canada, Mme Nouzha Chekrouni, M. Maâzouz a affirmé que son département est ouvert à toute proposition "sérieuse" et "ambitieuse" qui positionnerait le Marocain résidant à l'étranger par rapport à son pays d'accueil, et qui se baserait sur les moyens d'accompagner son intégration et qui réussirait aussi à renforcer sa contribution à l'essor du Maroc et son attachement au pays d'origine.
Cette rencontre a été aussi l'occasion de discuter et d'examiner des questions relatives à la gouvernance, au renforcement de l'attachement des MRE à leur pays d'origine et de leur intégration effective au sein du pays d'accueil, au rayonnement de la culture marocaine, et à l'engagement aux efforts de défense des intérêts du Royaume.

Les MRE au Canada et les étudiants marocains et leurs apports au développement du Maroc, les MRE et leurs besoins en terre d'accueil ont été les principales questions examinées, dimanche, lors d'une rencontre similaire avec la diaspora marocaine établie à Sherbrooke.

Lors de cette rencontre, qui a vu la présence de représentants et de membres de l'Association des Marocaines et Marocains de l'Estrie, l'Association des étudiants Marocains de l'université de Sherbrooke et Actions interculturelles de développement et d'éducation, le ministre a souligné l'importance du tissu associatif des Marocains de l'étranger dans l'exécution de programmes dans les pays d'accueil avec des associations "fortes", "crédibles" et "représentatives".

Il a ainsi tenu à informer les personnes présentes sur les grands axes de la politique gouvernementale envers les Marocains du monde et sur les initiatives de son ministère pour encourager les MRE à investir et à monter des partenariats et des projets au Maroc.
Il a également évoqué le potentiel politique des MRE, appelant la communauté expatriée à s'impliquer davantage dans la sphère politique, économique et sociale aussi bien à l'intérieur qu'à l'extérieur du pays.

Lors de cette rencontre, qui s'est déroulée en présence de Mme Nouzha Chekrouni, et du Consul général du Maroc à Montréal, Zoubair Hakam, le ministre a insisté sur le renforcement de l'attachement des Marocains résidant à l'étranger à leur pays d'origine et sur leur intégration effective au sein de leurs pays d'accueil.

Au registre de la promotion des langues et de la culture marocaine, le ministre a cité notamment la création de centres culturels marocains à l'étranger, soulignant le lancement officiel cette semaine de la saison culturelle 2012-2012 à Dar Al Maghrib, à Montréal.
Le ministre a aussi rappelé les grands axes du discours royal du 20 août qui accorde une place importante aux jeunes, insistant sur le rôle des jeunes marocains établis à l'étranger.

La question de la reconnaissance des diplômes et de l'expérience professionnelle acquis à l'étranger, le quota de bourses octroyées aux étudiants marocains, l'insertion socioéconomique, les opportunités de partenariat avec le Canada, les facilités de transfert et institutions bancaires ont été aussi au centre des débats lors des différentes rencontres du ministre avec la diaspora marocaine établie au Canada.

M. Maâzouz effectue, depuis mercredi dernier, une visite de travail au Canada marquée par des rencontres avec des membres de la communauté marocaine établie dans ce pays et des entretiens avec des membres du gouvernement fédéral et provincial et des responsables canadiens.

Le renforcement de la coopération avec les autorités publiques du Canada au service des intérêts de la communauté marocaine figure au centre de cette visite de travail qui a conduit le ministre à Toronto, Montréal, Sherbrooke et Ottawa, le but étant le raffermissement des liens de communication avec les différentes composantes et compétences de la communauté marocaine résidant au Canada.

2 oct 2012

Source : MAP

L'Organisation internationale des Migrations (OIM), basée à Genève, a lancé un appel mardi de 800.000 USD (620.000 euros) pour faciliter le retour d'un millier de migrants africains dans leurs pays d'origine.

Dans un communiqué, l'OIM indique qu'il s'agit d'un programme de retour volontaire, à bord d'avions affrêtés par le grouvernement au Maroc.

L'assistance de l'OIM sera fournie une fois que les migrants seront rentrés dans leur pays d'origine et devrait leur permettre de financer la création d'une mini-entreprise, ou d'une formation professionnelle.

Les migrants viennent pour l'essentiel du Cameroun, du Nigeria, du Sénégal et de Côte d'Ivoire et sont arrivés au Maroc dans l'espoir de pouvoir se rendre en Europe.

Mais comme il est de plus en plus en difficile pour ces migrants africains de faire le voyage vers l'Europe, ils se retrouvent bloqués au Maroc, sans emploi et sans lieu de résidence.

"Parmi les migrants figurent des mineurs non accompagnés, des femmes enceintes, des femmes avec enfants, et d'autres souffrant de maladies chroniques qui veulent à tout prix rentrer chez eux", a déclaré Anke Strauss, chef de la mission de OIM au Maroc.

Depuis 2005, l'OIM a assisté quelque 3.500 migrants vulnérables au Maroc, grâce à des fonds provenant de la Suisse et de la Belgique.
02 oct 2012

Source : AFP

Un grand intellectuel du Maroc, Driss Khrouz, parle du printemps arabe, de la liberté et des difficultés des artistes aujourd’hui. En lancement de Daba. Entretien

Driss Khrouz n’est pas seulement le "coordinateur" au Maroc du festival Daba et le directeur général de la Bibliothèque nationale du Maroc à Rabat. Né en 1950 dans le Sud berbère, enfant, il ne parlait que l’amazigh, mais il est devenu un des grands intellectuels du Maroc, proche à la fois des hautes sphères de l’Etat (il est socialiste) et conservant son franc-parler, son esprit critique et sa proximité avec les milieux culturels et artistiques.

Nous l’avons interrogé sur Daba et sur la situation au Maroc pour les artistes.

Peut-on dire qu’avec l’avènement de Mohammed VI, en 1999, le Maroc a connu sa “movida”, son mouvement de renouveau culturel avec un vent de liberté et de créativité ?

Ce changement a en fait commencé dès 1993, quand Hasan II, alors monarque absolu, avait intelligemment compris que le monde changeait et que le Maroc devait aussi le faire. Le communisme s’était effondré, la donne géopolitique mondiale évoluait. Il ne pouvait plus régner encore en théocrate. Il fallait changer aussi pour assurer la pérennité de la monarchie, d’autant que son fils avait été éduqué dans une autre culture, moderne et cosmopolite. C’est donc dès 1993 qu’ont commencé des réformes aussi fondamentales que celles sur le droit de la famille. Mais il est vrai que ce mouvement de réforme s’est fortement épanoui à partir de 2000 autour du mouvement associatif et culturel. Avant cela, on tolérait encore mal l’expression libre, mais le contexte mondial avait changé. La littérature marocaine, il est vrai, a toujours été forte. Mais les écrivains, les artistes ont été dans l’opposition (je pense à l’Union des écrivains du Maroc), la plupart étaient dans la mouvance socialiste. Ils n’ont jamais accepté de devenir des "fonctionnaires de l’Etat", cela a été leur force.

Mais même aujourd’hui, l’aide de l’Etat aux artistes et écrivains reste minime, alors que l’entourage royal (le Mahkzen) subsidie très fortement de grandes manifestations de pur prestige comme le festival de musique Mawazine ?

C’est vrai que les moyens publics pour aider la culture restent dérisoires, et qu’il faut compter sur le mécénat privé qui, souvent, aide des grandes manifestations soutenues par des hommes politiques. On a, certes, créé dans les années 90 de nombreuses institutions culturelles, mais sans aider pour autant les artistes eux-mêmes. Le marché fait des choix a priori mercantiles comme l’a montré l’exemple d’un ami peintre dont toute la production pour les 4 ans à venir a été achetée par un prince du Golfe. L’Etat ne parvient pas réellement à aider les créateurs individuels.

Le Maroc a comme force ses diversités anciennes : sa culture amazigh (berbère) enfin reconnue officiellement dans la Constitution, ses origines juives sur lesquelles vous insistez souvent, son héritage du soufisme.

Depuis qu’en 2011, la Constitution l’a reconnue comme langue officielle, au niveau de l’arabe, la culture amazigh peut se développer totalement. Quant aux origines juives ou soufies, ce sont des dimensions importantes qui nous protègent de l’extrémisme musulman des salafistes ou de celui wahabite importé par les pétrodollars du Golfe. Il est important de garder cela, comme de souligner, par exemple, que notre musique "gnawa", dont nous sommes si fiers, vient du mot "Guinée" et, donc, d’un héritage noir. Je sais bien qu’il y a parfois au Maroc, dans la population, un certain rejet des juifs ou des Noirs venus aujourd’hui du sud du Sahara, raison de plus pour rappeler l’importance de cet héritage sur notre culture. La majorité des jeunes au Maroc ne connaissent plus les juifs et ne savent pas qu’on a poussé les juifs du Maroc à venir en Israël où ils sont nombreux à se plaindre d’être discriminés par rapport aux juifs venus d’Europe. Il y a même des retours au Maroc.

Le Maroc a connu son printemps arabe avec le mouvement du 20 février qui rassemblait, entre autres, la majorité des artistes, intellectuels et écrivains. Les objectifs de ce mouvement n’ont souvent pas été atteints et les tenants du 20 février sont parfois, aujourd’hui, inquiétés.

Ce mouvement que j’ai soutenu au départ et qui a joué un rôle très important dans les réformes annoncées par le Roi, s’est d’abord affaibli sous ses propres contradictions. Il s’est fait instrumentaliser par les mouvements religieux. Et les grands vainqueurs de tout cela furent les islamistes très bien organisés comme ailleurs dans le monde arabe. Les printemps arabes furent d’abord des printemps pour les islamistes. Il y a cependant aujourd’hui une plus grande liberté de pensée. De grands intellectuels peuvent fustiger le pouvoir royal sans être inquiétés. Il y a des lignes rouges, c’est vrai (NdlR : critiquer le Roi, parler du Sud saharien, parler de l’islam), mais il y a moyen de composer intelligemment avec elles en gardant l’idée de "respect".

Ce qui est a apparu aussi, c’est que la société marocaine, celle des banlieues des villes, reste fondamentalement traditionaliste. C’est dû à notre enseignement qui a toujours véhiculé une culture de la soumission.

C’est dû aux télévisions, soit inintéressantes, soit travaillées par les chaînes islamistes du Golfe. La communauté marocaine traditionnelle n’est cependant pas intégriste. Et il faut veiller à ce qu’elle ne le devienne pas. La forêt qui pousse le mieux au Maroc, ce sont les antennes paraboliques sur les toits. Or, cette télévision cultive la bêtise auprès de masses encore souvent analphabètes. Il faut donc que tous, à commencer par l’Etat et le Roi, se donnent les moyens pour que la tradition ne signifie pas la fermeture. L’enjeu, aujourd’hui, est la survie et le maintien de ce monde associatif et culturel menacé par les extrémistes islamistes.

Dans ce contexte, quelle est l’importance de Daba Maroc ?

Montrer qu’il y a au Maroc des formes d’art rebelles, citoyennes, non soumises. Faire le lien avec la Belgique dans cette francophonie non française, unie par la langue. Montrer cela aussi à la diaspora marocaine en Belgique dont une partie est travaillée par le fondamentalisme qui cherche à convertir ces Marocains au chiisme ou au salafisme grâce à des financements saoudiens ou du Qatar, pour, par ricochet, rebondir au Maroc et affaiblir le malakisme (l’islam marocain). On montrera aussi, comme le dit Fabienne Verstraeten, la vitalité énorme et neuve du secteur culturel marocain en Belgique - et je veillerai à ce que cette vitalité puisse venir aussi se montrer au Maroc.

03/10/2012, Guy Duplat

Source : La Libre Belgique

Il y a plus de 10 ans, un jeune nigérian, surnommé OGISTO, quitta son pays, ses parents et tous ceux qu’il chérissait, nourrissant le rêve, à l’instar de milliers de subsahariens africains, de rejoindre « l’ELDORADO européen » en quête d’un cadre de vie décent, d’une vie digne. Après un long périple saharien périlleux, il entra au Maroc via l’Algérie et après avoir versé le droit de ghetto au chair man il s’installa sous le pseudonyme AMADO SAMBA dans un des campements d’infortune à Oujda où vivent quelques 80 immigrés clandestins subsahariens en majorité nigérians (dans des conditions inhumaines). Durant les premières années, il végéta et s’usa, écorché jusqu’au sang, souffrant tout ce qui est humainement possible de souffrir. Mais grâce à ses qualités humaines il a réussi à améliorer ses conditions de vie. Comme il était ouvert, sociable et communicatif, respectueux et respectable, il a tissé de nombreuses amitiés et développé des affinités avec des immigrés avec ou sans papiers et même avec certains marocains. Il a gagné la confiance, le respect et l’estime de son entourage. Les services qu’il rendait aux immigrés clandestins lui assuraient revenus assez importants pour louer un logement à Hay ALQODS, s’acheter de beaux habits et vivre bien. Il connut KATE, elle aussi nigériane et mère d’une fille d’un premier mariage. Il l’épousa ils eurent un enfant et avant son deuxième accouchement, elle réussi à émigrer en Espagne, à Ténériffe aux Iles Comores, où elle accoucha d’un 2ème enfant de OGISTO. Aujourd’hui, elle vit toujours en Espagne avec ces deux filles et son fils. Quant à AMADO SAMBA, surnommé OGISTO il fut victime d’un violent accident de circulation au quartier industriel d’Oujda le 27 février 2012. Au moment où il se rendait à pied au campement de Gala, en compagnie de son ami Vincent, une voiture qui roulait à toute vitesse, l’automobiliste les a violement percutés et s’est enfui. Souffrant de graves blessures, OGISTO fut admis au service de réanimation de l’Hôpital Alfarabi d’Oujda. Son ami nigérian qui ne représentait que quelques légères blessures, fut éloigné à la frontière algéro-marocaine après avoir reçu les premiers soins. Les circonstances de cet accident qui font l’objet de plusieurs versions n’ont jamais été éclaircies. Cet accident selon des amis d’OGISTO et de Vincent, est prémédité et c’est Vincent, qui était visé. Il s’était, explique-t-on, impliqué dans une affaire de trafic de cocaïne. Dès lors, des représentants de l’AMDH ( Association Marocaine du Doit Humain) et de la FOO (Fondation Orient Occident) avec l’aide d’un étudiant tchadien et le soutien du père Joseph de l’église catholique d’Oujda prennent le dossier de OGISTO en ami. On contacta par téléphone ses parents au Nigeria et sa femme Kate en Espagne ainsi que l’Ambassade du Nigéria accrédité à Rabat. Cette équipe volontaire entreprit durant 17 jours plusieurs démarches auprès des services concernés par l’affaire de OGISTO de son vrai nom OSAS JOSHUA. La procédure n’était pas de tout repos. Il a fallu passer par la vindicte publique, la sureté nationale, les autorités sanitaires, le conseil municipal d’Oujda et l’église catholique pour qu’on délivre aux bénévoles le bulletin de décès de OGISTO, décès survenu le 28 février 2012 1h 55 min à l’Hôpital AlFarabi et l’autorisation d’enterrement et d’organisation d’obsèques au cimetière européen d’Oujda appelé communément « Kbour Nsara ». Et c’est dans une ambiance de recueillement qu’eurent lieu, le 20 Mars 2012, les obsèques au cimetière en présence du père Joseph et quelques 100 subsahariens avec et sans papiers ainsi que quelques oujdies amis du défunt. Le cas de OSAS JOSHUA, alias OGISTOS n’est pas unique. D’autres subsahariens gisent au cimetière européen d’Oujda cote à cote d’européens blancs, sans discrimination de race ou de couleur. En somme la situation de OGISTO qui rêvait de la traversée méditerranéenne et rejoindre sa femme, n’a été régularisé qu’après sa mort ; le grand voyage, survenu à Oujda dans un pays de transit, loin de son pays, loin de l’ELDORADO européen, loin de tous ceux qu’il chérit.

13/10/2012, Mohammed ZERHOUDI

Source : oujdacity

Dès aujourd'hui, et jusqu'au 3 février 2013, ce ne sont pas moins de 150 artistes marocains qui feront le déplacement en Belgique pour présenter un visage inédit de nos richesses culturelles contemporaines, dans le cadre de la saison culturelle marocaine en Belgique, “Daba Maroc 2012”. L'occasion de mettre en avant la différence et la diversité d'un Maroc citoyen, multiple et en mouvement.

Fadila Laanane, la ministre belge de la Culture, de passage à notre journal en mai dernier, nous avait présenté l'événement “Daba Maroc 2012” comme étant une des principales facettes de la coopération qui ne cesse de se développer entre la Wallonie-Bruxelles et le Maroc. Un projet dont elle rêvait depuis 2005.

“C’est un projet que nous voulons parce que nous savons que le Maroc a beaucoup évolué en matière culturelle. Il y a une culture émergente, une culture contemporaine extraordinaire des jeunes et des moins jeunes qui s’investissent dans des projets qui sont le lien entre tradition et modernité”.

Fadila Laanane, ministre de la Culture de Wallonie-Bruxelles.

C'est chose faite avec le lancement, ce jour en Belgique, de la manifestation culturelle “Daba Maroc 2012”, résultat d'une préparation complexe qui a duré 2 ans, sous la houlette des commissaires respectifs des deux parties et leurs équipes: Fabienne Verstraeten, directrice des Halles de Scharbeek et Driss Khrouz, directeur de la Bibliothèque nationale du royaume.

Représenter le Maroc tel qu’il est

60 manifestations artistiques, impliquant plus de 150 artistes, vont se dérouler dans plusieurs villes belges, pour cette saison culturelle et artistique initiée par Wallonie-Bruxelles-International en collaboration avec le royaume du Maroc.

Sur la pertinence du choix des artistes, Driss Khrouz a tenu, lors d'une conférence de presse ce lundi, à expliquer les trois lignes directrices ayant présidé au casting. La première consiste à voir dans la culture marocaine d’aujourd’hui, des questions d’avenir. Il s’agit donc, a-t-il expliqué, d’articuler vers l’avenir et non de dresser l’inventaire du patrimoine. Le deuxième fil réside dans la représentativité des genres: littérature, théâtre, cinéma, musique, danse contemporaine, arts urbains, design, mode, production vidéo (…) en favorisant les genres qui posent des questions sans juger de leur pertinence. La troisième idée, c’est de démontrer qu'aujourd’hui autant les 150 artistes que les Belges d’origine marocaine portent en eux une culture forte, caractérisée par sa remise en cause, qui n’est pas dogmatique.

Aussi les choix eux-mêmes n'ont-ils pas été dogmatiques, afin de pouvoir représenter le Maroc tel qu’il est: un pays en mouvement constant.

Immigration, mixité et diversité

L'objectif de “Daba Maroc” est de créer un espace de dialogue, de favoriser les échanges et les productions communes entre artistes marocains et belges; et mettre en résonance, en Belgique, la production des artistes marocains et la confronter à celles des Marocains issus de l'immigration.

Inscrit dans une dynamique de rencontre entre le Maroc et la Belgique, “Daba Maroc” abordera, à travers différentes formes d'expressions artistiques, les questions de l'immigration, de la mixité et de la diversité.

Aussi, par le biais de la culture, l'événement braquera les projecteurs sur les questions de la femme, de la liberté, de la croyance, de la spiritualité et de la relation Etat-société, au Maroc comme en Belgique, dans le but de renforcer la connaissance mutuelle entre les deux pays.

Cette saison culturelle et artistique permettra, de la sorte, de faire découvrir aux Belges ce Maroc en pleine évolution, en plein souffle d’espoir et de liberté.

03/10/2012, Rachid Loudghiri

Source : Aufait

Cela fait tout juste un mois qu'est entrée en vigueur en Espagne la restriction d'accès aux soins des immigrés en situation irrégulière. Depuis le 1er septembre, le décret-loi 16/2012 leur a en effet retiré leur "carte de santé", l'équivalent espagnol de la carte vitale, qui permet de prendre rendez-vous en centre de santé, de se faire soigner à l'hôpital ou d'obtenir des médicaments en pharmacie. Désormais, ceux qui n'ont pas ou n'ont plus de permis de séjour – leur nombre est estimé à 153 000 par l'Institut national de la statistique – doivent en théorie payer plein tarif pour ces soins. Seuls les mineurs, les femmes enceintes et les cas d'urgence sont épargnés par la mesure. L'objectif du gouvernement : économiser 1,5 milliard d'euros dans le budget de la santé.

Mais quelques semaines après son application, plusieurs écueils apparaissent. "Application confuse, manque de préparation, disparité des critères... L'exclusion des immigrés sans permis de séjour du système de santé publique a conduit à un foutoir monumental", écrit El Pais, dans un premier bilan sévère de la mesure. Le décret 16/2012, appliqué avec beaucoup de disparités sur le territoire espagnol, soulève de nombreux problèmes.

Une mise en chantier précipitée

Le retrait de la carte de santé aux sans-papiers a été décidé par la ministre de la santé Ana Mato en avril et le décret faisant office de loi a été publié le 3 août. Le 1er septembre, plusieurs régions ont été prises de court, les listes des personnes concernées par le retrait de la carte n'étant pas prêtes. La région Castille-La-Manche, par exemple, n'applique pas encore le décret car les autorités administratives vérifient encore les bases de données des bénéficiaires de la couverture maladie fournies par le ministère de la santé. Du côté du corps médical, l'impréparation est aussi grande. Comment facturer les soins ? Quelles informations demander au patient en situation irrégulière ? Faut-il les faire payer ou non ?

Le gouvernement se félicite, lui, qu'aucun incident n'ait été rapporté depuis l'entrée en vigueur de la mesure. Mais des ONG comme Médecins du monde ont souligné que ce retrait de carte sans anicroche pouvait s'expliquer par le moindre recours des sans-papiers aux centres de santé. "Il y a une grande confusion au sein de la profession médicale et une inquiétude parmi les immigrés, qui ne veulent pas consulter par peur d'être fichés", souligne un porte-parole de l'ONG médicale. En effet, pour pouvoir être facturés, les immigrés sans carte d'assurance maladie doivent laisser toutes leurs coordonnées personnelles.

D'une région à une autre, l'application n'est pas la même

En Espagne, la santé relève encore principalement des compétences régionales, le décret s'applique donc avec une grande disparité sur le territoire espagnol. Neuf communautés autonomes (parmi lesquelles Madrid, Aragon, les Baléares, Valence), toutes dirigées par le Partido popular (PP), le parti majoritaire au niveau fédéral, suivent le texte au pied de la lettre. Huit régions (parmi lesquelles deux dirigées par le PP : la Galice et Castille-et-Léon) refusent de suivre la feuille de route du gouvernement et de faire payer les patients. Certaines régions se rebellent car elles s'opposent sur le fond au décret. D'autres ont également été piquées de voir le gouvernement central s'immiscer dans leur domaine de compétence. Les modèles suivis ne sont donc pas les mêmes. La Castille-et-Léon cherche par exemple à faire payer les pays d'origine des patients. La Galice a mis au point un système régional de protection sociale pour les patients sans permis de séjour. La Catalogne ou le Pays basque réfléchissent à distribuer des cartes donnant accès à un réseau de santé local plus limité.

L'Andalousie, dirigée par un gouvernement local socialiste, se démarque en étant la seule région à être restée sur l'ancien système, garantissant la même couverture maladie aux sans-papiers qu'au reste de la population. Balayant quelques idées reçues, le gouvernement andalou estime que la population immigrée, relativement jeune et en bonne santé, ne coûte pas très cher en soins. "Dans les centres de santé de la région, les immigrés sans permis de séjour ne représentent que 0,6 % des patients soignés", souligne María José Montero, déléguée à la santé au sein du gouvernement andalou, justifiant ainsi la position de la région.

Une mesure discriminatoire...

Le retrait de la carte de santé aux immigrés en situation irrégulière a soulevé une vague de protestation, car cette mesure ouvre une brèche dans le système de santé public espagnol, qui perd là une part de son caractère universel. Non seulement ce décret cible une population souvent fragile économiquement (beaucoup d'étrangers se voient retirer leur permis de séjour suite à une période de chômage prolongé), et qui n'aura pas les moyens de se payer des soins, mais le retrait de la carte d'assurance maladie a des conséquences administratives de taille pour l'immigré. Pour obtenir un permis de séjour par exemple, l'administration exige que le demandeur soit à jour de ses paiements à la Sécurité sociale. L'accumulation d'impayés peut donc entraîner une personne immigrée dans un cercle vicieux où il sera encore plus difficile de sortir de l'irrégularité. L'association catholique Caritas, très implantée en Espagne, mobilise ainsi ses juristes pour réfléchir aux conséquences administratives des impayés.

... pas forcément économique

Beaucoup de médecins, organisations caritatives et politiques craignent par ailleurs que la mesure détourne les migrants sans-papiers du premier niveau de soins, celui des centres de santé et des médecins traitants, celui qui permet d'éviter que des maladies bénignes ne dégénèrent en pathologies plus graves. "En plus d'entraîner l'interruption de certains traitements et protocoles de surveillance, cela signifie, pour des milliers de personnes, l'impossibilité d'accéder à la médecine préventive et au diagnostic", s'inquiète Médecins du monde. Et le risque de devoir se tourner vers des urgences hospitalières saturées (qui, elles, sont ouvertes à tous, quelle que soit la situation administrative du patient) pour se faire soigner des complications. Face à ce risque, l'argument de l'économie budgétaire est mis à mal. C'est d'ailleurs pour ces mêmes raisons qu'en France, la ministre de la santé, Marisol Touraine, a justifié en juin la suppression de la franchise de l'aide médicale d'Etat.

Des sanctions pour les désobéisseurs civils ?

Pour garantir une continuité de l'accès à la santé, de nombreux professionnels refusent d'appliquer le décret, qu'ils jugent être un premier pas vers une privatisation du système de santé. "Cette mesure criminalise (les sans-papiers) et encourage le racisme et l'exclusion sociale", justifie ainsi une médecin objectrice de conscience dans El Diario. Beaucoup de médecins, infirmiers, pharmaciens ont rejoint la plateforme Yo sí, sanidad universal (Moi oui, pour une santé universelle), qui encourage le personnel soignant et les citoyens à désobéir, en prenant par exemple des rendez-vous à son nom pour les exclus du système et en les accompagnant à leur consultation.

En Catalogne, des médecins tentent de contourner la loi par plusieurs biais. En rédigeant une ordonnance, ils cherchent notamment à prescrire les boîtes de plus faible contenu, car la franchise médicale sur les boîtes de médicaments ne s'applique qu'à partir de 1,67 euros. Par exemple, pour un antibiotique tel l'Amoxicilline, le médecin prescrira deux boîtes de 12 comprimés plutôt qu'une boîte de 24 comprimés dont le prix dépassera 1,67 euros. Cette technique se diffuse par bouche-à-oreille parmi les médecins catalans, selon EuropaPress.

Reste à savoir si l'Etat emploiera des méthodes contraignantes pour faire appliquer la loi. Le président de l'Organisation collégiale de médecine (OMC), Juan José Rodríguez Sendín, a demandé qu'aucun professionnel de santé ne soit sanctionné pour avoir soigné un sans-papiers. Et Médecins du monde a lancé une pétition, Derecho a curar (le droit de soigner), qui a déjà recueilli plusieurs milliers de signatures pour que soient protégés les désobéisseurs civils.

Une carte d'assurance maladie à 710 euros ?

Le retrait de la carte de santé aux migrants irréguliers n'est qu'une des étapes envisagées par le gouvernement. Mercredi 3 octobre, une Commission interterritoriale sur le système national de santé doit en effet se réunir pour évoquer la mise en place d'une cotisation annuelle de 710 euros (pour les moins de 65 ans) ou de 1 864 euros (pour les plus de 65 ans) pour qu'un étranger sans papiers ait une assurance maladie. Les services compris dans cette couverture médicale de deuxième catégorie n'incluraient pas le paiement de médicaments, de prothèses extérieures (comme un fauteuil roulant ou un corset) ou de transport sanitaire. Mais à 59 euros mensuels minimum, le tarif de la cotisation est jugé irréaliste pour une population fragile sur le plan économique. Débat à suivre ces prochains jours.

02 octobre 2012, Mathilde Gérard

Source : Le Monde

Pour les associations d'aide aux migrants, c'est un cas d'école prévisible et inacceptable. Pour le ministère de l'intérieur, un casse-tête. Comment expulser une famille avec des enfants mineurs lorsqu'elle refuse de quitter le territoire de son plein gré, alors que le président de la République s'est engagé à mettre fin "à la rétention des enfants et donc des familles avec enfants" ? Une pratique pour laquelle la France avait été condamnée en janvier par la Cour européenne des droits de l'homme.

La situation s'est présentée au Mans, vendredi 28 septembre, pour la première fois depuis le changement de majorité. La famille Khoja, un couple d'Afghans et leurs deux enfants, âgés respectivement de 3 ans et 2 mois et demi, rentrée illégalement en France le 3 avril, a été enfermée une nuit au centre de rétention administrative du Mesnil-Amelot (Seine-et-Marne) pour s'être soustraite à une obligation de pointage.

Si François Hollande avait annoncé en février que "la protection de l'intérêt supérieur des enfants" devait "primer", le ministère de l'intérieur avait précisé dans une circulaire datée du 6juillet qu'"en cas de non respect des conditions de l'assignation à résidence, en cas de fuite d'un ou plusieurs membres de la famille ou en cas de refus d'embarquement", la rétention d'enfants mineurs restait possible.

L'interprétation de cette circulaire est le premier point de désaccord entre la préfecture de la Sarthe et les associations. L'une avance des "violations" à l'assignation de résidence, la Cimade et Education sans frontières (RESF) parlent d'une seule absence à un pointage, le jour où la famille aurait due être expulsée vers la Hongrie. C'est dans ce pays que les Khoja ont déposé leur première demande d'asile, et en vertu de la procédure dite Dublin 2, c'est dans ce pays que devrait être examinée leur demande.

L'état des enfants est "incompatible avec la rétention"

Mais pour Yves Cottereau, membre de RESF dans la Sarthe, "les renvoyer en Hongrie, c'est les renvoyer en Afghanistan". Il rappelle que ce pays de l'Union européenne a été critiqué en avril par le Haut-commissariat aux réfugiés de l'ONU pour avoir l'habitude d'expulser les demandeurs d'asile renvoyés vers elle depuis d'autres pays européens sans même leur laisser le temps de déposer une nouvelle demande. "Son père et son frère ont été assassinés, M.Khoja est persuadé qu'il va connaître le même sort en Afghanistan", ajoute M. Cottereau.

Deuxième point de désaccord: le sort des Khoja. Après l'intervention d'un médecin jugeant l'état des enfants "incompatible avec la rétention", la famille a été assignée samedi soir à résidence sous surveillance dans un hôtel de Noisiel (Seine-et-Marne) où d'importants moyens policiers ont été déployés. "C'était comme dans les films américains", raconte Bruno Vinay, l'avocat de la famille, qui rapporte la présence de trois voitures de police et d'une dizaine d'agents de la police nationale et de la police de l'air et des frontières à l'entrée et dans le couloir de l'hôtel. "Ils ne peuvent pas sortir de cette chambre, même pour prendre l'air sur le parking. Ils ne peuvent pas non plus recevoir de visites d'associations d'aide médicale ou juridictionnelle comme dans un centre de rétention. On m'a fait comprendre que toute tentative de sortie entraînerait une interpellation", assure Me Vinay.

David Rohi, responsable de la commission éloignement de la Cimade, met en garde contre "toute mise en place d'un système de rétention bis". Pour lui, les membres de cette famille, "gardés par la police 24 heures sur 24 sont privés de liberté en dehors de tout cadre légal". Du côté du Défenseur des droits, saisi par la Cimade, on dit "espérer que cette nouvelle forme d'assignation à résidence ne va pas se généraliser car cela pourrait aboutir à des situations ubuesques". Après signification d'une nouvelle assignation à résidence de 30 jours, la surveillance policière a été levée lundi soir.

02.10.2012, François Béguin

Source : Le Monde.fr

Selon le Collectif du 31 mai, des centaines de jeunes n'ont pas obtenu de régularisation, malgré l'abolition de la «circulaire Guéant».

Des centaines de diplômés étrangers n’arrivent pas à obtenir de titre de travail malgré l’abrogation de la circulaire dite Guéant, en raison de la mauvaise volonté de certaines préfectures, a déclaré mardi le Collectif du 31 mai, très en pointe sur la question.

«Il reste des centaines de cas qui n’ont pas obtenu d’issues favorables malgré l’adoption d’une nouvelle circulaire» interministérielle, a indiqué Camelia, porte-parole du collectif, au lendemain d’une rencontre entre le ministre de l’Intérieur Manuel Valls et 12 syndicats et associations de défense des travailleurs et étudiants sans papiers.

Manuel Valls «a reconnu l’existence de dysfonctionnements, notamment sur la délivrance de récipissés par les préfectures, sur la longueur du traitement des dossiers...», a-t-elle ajouté. «Il s’est engagé à donner de nouvelles instructions aux préfets par forme écrite», a-t-elle assuré. Contacté par l’AFP, le ministère n’a pas souhaité confirmer cette information.

2 octobre 2012

Source : Libération/AFP

Ils avaient pris l'Espagne pour un eldorado. La crise est vite passée par là. Pourtant, les immigrés africains dans la péninsule ibérique sont loin d'envisager un retour.

Ils sont des milliers à avoir caressé ce rêve d’un eldorado européen, à avoir tenté le voyage souvent au péril de leur vie.

En Europe, à cause de la crise, l'Espagne est l’un des pays les plus touchés par la récession. Ici, l’immigration est devenue un miroir aux alouettes pour beaucoup de personnes originaires d’Afrique qui se retrouvent en situation irrégulière, sans travail, sans logement, et sans avenir.

Un drame qui concerne des hommes et des femmes, «les immigrés», comme on les appelle ici, que l’on croise tous les jours dans les rues des villes espagnoles, mais qui ont un nom, un visage, une histoire.

Comme nombre de ses compatriotes sénégalais, Ata a tenté sa chance au mauvais moment. Il survit grâce à la générosité des associations caritatives comme Caritas et à l'aide chaleureuse de quelques volontaires.

En Afrique, il a laissé sa femme et ses trois enfants qui comptent sur lui pour vivre. Mais, comment les aider lorsque l’on n’a ni papiers ni travail.

«Rentrer les mains vides, c'est la honte»

«C’est ça le problème. Eux, ils dépendent de moi, et moi je dépends de qui? Ma situation est catastrophique, je suis en très grande détresse, Il n’y a pas de travail, je ne trouve que de petits boulots, d’une heure ou deux. Je suis obligé de demander de l’aide à Caritas pour avoir à manger.»

Pour autant, Ata n'est pas prêt à rentrer au pays:

«C’est le problème de l’immigration. L'espoir que vous avez, qui vous a poussé à quitter votre pays, pour trouver un avenir. Comment pouvez vous rentrer sans rien? Si tu rentres chez toi les mains vides, mais cela va être la galère. Même tes parents vont t’abandonner. Il y a des immigrés qui ont réussi, qui se sont débrouillés, alors toi si tu rentres sans rien tu seras abandonné par toute ta famille, même ta femme.»  

Ababacar Thiakh est responsable de la coopération au sein de l’association catalane des résidents sénégalais de Barcelone, ACRS, et aide les personnes en grande difficulté.

Plusieurs centaines de personnes, les plus démunies, survivent dans la capitale catalane et dans ses faubourgs en squattant dans des espaces industriels inoccupés, des logements surpeuplés, insalubres et des campements de fortune.

La situation se dégrade chaque jour un peu plus.

«C’est une situation limite non seulement à cause de la crise, mais parce que ces gens survivent depuis trop longtemps dans ces conditions inhumaines. Je n’ai pas de mots pour décrire la situation. J'ai très peur de la façon dont les choses peuvent évoluer, et je crains beaucoup l’avenir, en raison du type de société que nous sommes en train d’engendrer. Il y a toutes les nationalités représentées, même des Espagnols qui ont tout perdu. Ils ne veulent pas vivre de l’aumône, alors ils se débrouillent en faisant les poubelles, en devenant chiffonniers recycleurs, ou en vendant à la sauvette. Mais il y a des conflits internes. Ces logements de fortune n’ont ni eau ni électricité, certaines personnes se droguent, boivent. C’est un monde à part, comme un ghetto et c’est très dangereux que la société, au XXIe siècle, ne prenne pas la peine de le regarder en face.»

L’association ACRS, tente d’instituer un dialogue avec les autorités locales, et d’aider au retour mais sous conditions.  

«C’est très difficile de rentrer, explique Ababacar Thiakh, C’est un rêve qui se brise, tout le monde peut le comprendre. Si j’ai choisi immigrer c’est pour réussir. Si tel n’est pas le cas, et que ce projet était collectif, comment rentrer? Les Africains qui voyagent ne le font pas à titre individuel , ils ont beaucoup de responsabilités, des familles. Les envois de fonds des personnes immigrées, les statistiques de l’ONU le démontrent, sont plus importantes que l’aide internationale au développement.»

«On ne peut forcer personne à rentrer»

Malgré les difficultés, beaucoup veulent rester, même pour quelques euros gagnés quelques heures par jour.

«Ils ont la foi, l’espoir. Ils n’ont pas de logement mais gagnent un peu d’argent, ils tirent leur charriot de supermarché à la recherche d’un peu de cuivre, de plomb, pour 10 ou 15 euros par jour. Avec ce maigre capital, ils arrivent à économiser et à envoyer un peu d’argent à leur famille. Il y a du travail, celui que les autres ne veulent pas faire.»

Adama Dieme, 38 ans, d’origine sénégalaise, marié à une Espagnole, professeure d’économie et d’anglais, est l’exemple même de ces jeunes immigrés africains qui réussissent.

Adama est particulièrement apprécié dans le petit bourg où il réside, La Bisbal d’Empordan, au nord de la Catalogne. Il a été l’un des collaborateurs de l’association Trampoli, en charge de grands handicapés, et à ce titre, est aujourd’hui très apprécié par les habitants de la petite ville.

«Il y a des personnes dont les parents ont vendu leur maison ou qui ont fait un emprunt avec une hypothèque pour permettre le voyage en Europe, pensant qu'une fois ici, elles pourraient trouver du travail et rembourser le crédit... Donc, c’est très difficile de rentrer dans ces conditions... D'autre part, il y a des jeunes qui ont tellement risqué leur vie pour venir ici que le fait de ne pas travailler n'est pas plus risqué que l'aventure  du voyage.»

«Si la richesse n'existe pas là où se trouve les gens, alors les gens iront là où elle se trouve, c’était la prophétie de Keynes (économiste britannique)», explique Ababacar Thiakh qui, selon ce principe, milite pour une immigration organisée et des opportunités pour tous.

«Pourquoi, un Hollandais peut-il venir sans problèmes en Espagne, s’installer et repartir et pas un Africain?»

Adama conclut:

«Le conseil que je donne aux aventuriers qui veulent tenter leur chance en Europe, c’est de patienter au moins 3 ans , le temps de voir comment évolue la crise.»

2/10/2012, Martine Audusseau Pouchard

Source : Slateafrique

A l'occasion de son 25e anniversaire et conformément à la vocation qui est la sienne de faire connaître et de soutenir la création contemporaine, l'Institut du monde arabe a fait le choix de présenter à son public une grande exposition d'arts plastiques spécialement conçue pour cette célébration et consacrée à "Vingt-cinq ans de créativité" dans le monde arabe. Cette exposition occupera différents espaces à l'intérieur de l'IMA, ainsi que le Mobile art.

Soucieux de poursuivre dans une voie qu’il a ouverte et tracée en proposant à son public plus d’une centaine d’expositions dans le domaine des arts plastiques au cours de ses premières vingt-cinq années d’existence, l’Institut du monde arabe organise à présent cette grande exposition intitulée Vingt-cinq ans de créativité arabe dont le commissariat a été confié au critique d’art et spécialiste égyptien Ihab El Laban.

L’exposition s’emploie à donner à voir les directions principales empruntées récemment par les artistes arabes et les sources d’inspiration qui travaillent de l’intérieur un art dont les spécificités viennent peu à peu à s’imposer. Elle élabore un panorama le plus exhaustif possible des tendances et des recherches, qui, depuis vingt-cinq ans, sont parties prenantes de la création arabe contemporaine, quels que soient les médiums utilisés : peinture, sculpture, photographie, vidéo, installation…
Elle associe des créateurs à la réalisation de cette importante manifestation en passant commande d’œuvres conçues spécialement pour la circonstance. Elle s’accompagne non seulement d’un catalogue, mais encore de conférences et de tables rondes. Du 16 octobre 2012 au 03 février 2013

Source : Site de l’IMA

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