vendredi 1 novembre 2024 14:22

Les personnes non-européennes vivant en Belgique participeront pour la deuxième fois aux élections locales. La campagne des municipales bat son plein à Bruxelles pour le scrutin d'octobre 2012. Quelles sont les leçons à tirer des Belges ? Notre confrère de France 2 a rencontré une candidate belge d'origine africaine à Bruxelles et les autorités de la ville d'Anderlecht…Suite

L'importance du vote pour Marine Le Pen accable et surprend. On cherche des explications. Le personnel politique y va de sa sociologie portative : la France des gens d'en bas, des provinciaux égarés, des ouvriers, des sous-éduqués, effrayée par la mondialisation, le recul du pouvoir d'achat, la déstructuration des territoires, la présence à leurs portes d'étranges étrangers, veut se replier sur le nationalisme et la xénophobie.

C'est déjà du reste cette France "retardataire" qu'on accusait d'avoir voté non au référendum sur le projet de Constitution européenne. On l'opposait aux classes moyennes urbaines éduquées et modernes, qui font tout le sel social de notre démocratie bien tempérée.

Disons que cette France d'en bas est quand même, en la circonstance, le baudet de la fable, le pelé et le galeux "populiste" d'où nous vient tout le mal lepéniste. Etrange, au demeurant, cette hargne politico-médiatique contre le "populisme". Le pouvoir démocratique, dont nous sommes si fiers, serait-il allergique à ce qu'on se soucie du peuple ? C'est l'avis dudit peuple, en tout cas, et de plus en plus. A la question "les responsables politiques se préoccupent-ils de ce que pensent les gens comme vous ?", la réponse entièrement négative "pas du tout" est passée de 15 % de l'ensemble en 1978 à 42 % en 2010 ! Quant au total des réponses positives ("beaucoup" ou "assez"), il est passé de 35 % à 17 % (on se reportera, pour cette indication statistique et d'autres d'un très grand intérêt, au numéro hors série de la revue La Pensée titré "Le peuple, la crise et la politique" et réalisé par Guy Michelat et Michel Simon). La relation entre le peuple et l'Etat n'est pas faite de confiance, c'est le moins qu'on puisse dire.

Faut-il conclure que notre Etat n'a pas le peuple qu'il mérite, et que le sombre vote lepéniste atteste cette insuffisance populaire ? Il faudrait alors, pour renforcer la démocratie, changer le peuple, comme le proposait ironiquement Brecht...

Ma thèse est plutôt que deux autres grands coupables doivent être mis en avant : les responsables successifs du pouvoir d'Etat, de gauche comme de droite, et un ensemble non négligeable d'intellectuels.

En définitive, ce ne sont pas les pauvres de nos provinces qui ont décidé de limiter autant que faire se peut le droit élémentaire d'un ouvrier de ce pays, quelle que soit sa nationalité d'origine, de vivre ici avec sa femme et ses enfants. C'est une ministre socialiste, et tous ceux de droite ensuite qui se sont engouffrés dans la brèche. Ce n'est pas une campagnarde sous-éduquée qui a proclamé en 1983, que les grévistes de Renault - en effet majoritairement algériens ou marocains - étaient des "travailleurs immigrés (...)agités par des groupes religieux et politiques qui se déterminent en fonction de critères ayant peu à voir avec les réalités sociales françaises".

C'est un premier ministre socialiste, bien entendu à la grande joie de ses "ennemis" de la droite. Qui a eu la bonne idée de déclarer que Le Pen posait les vrais problèmes ? Un militant alsacien du Front national ? Non, c'est un premier ministre de François Mitterrand. Ce ne sont pas des sous-développés de l'intérieur qui ont créé les centres de rétention pour y emprisonner, hors de tout droit réel, ceux qu'on privait par ailleurs de la possibilité d'acquérir les papiers légaux de leur présence.

Ce ne sont pas non plus des banlieusards excédés qui ont ordonné, partout dans le monde, qu'on ne délivre aux gens des visas pour la France qu'au compte-gouttes, pendant qu'on fixait ici même des quotas d'expulsions que devait à tout prix réaliser la police. La succession des lois restrictives, attaquant, sous prétexte d'étrangeté, la liberté et l'égalité de millions de gens qui vivent et travaillent ici, n'est pas l'oeuvre de "populistes" déchaînés.

A la manoeuvre de ces forfaits légaux, on trouve l'Etat, tout simplement. On trouve tous les gouvernements successifs, dès François Mitterrand, et sans répit par la suite. En la matière, et ce ne sont que deux exemples, le socialiste Lionel Jospin a fait savoir dès son arrivée au pouvoir qu'il n'était pas question d'abolir les lois xénophobes de Charles Pasqua ; le socialiste François Hollande fait savoir qu'on ne décidera pas les régularisations de sans-papiers autrement sous sa présidence que sous celle de Nicolas Sarkozy. La continuité dans cette direction ne fait aucun doute. C'est cet encouragement obstiné de l'Etat dans la vilenie qui façonne l'opinion réactive et racialiste, et non l'inverse.

Je ne crois pas être suspect d'ignorer que Nicolas Sarkozy et sa clique ont été constamment sur la brèche du racisme culturel, levant haut le drapeau de la "supériorité" de notre chère civilisation occidentale et faisant voter une interminable succession de lois discriminatoires dont la scélératesse nous consterne.

Mais enfin, nous ne voyons pas que la gauche se soit levée pour s'y opposer avec la force que demandait un pareil acharnement réactionnaire. Elle a même bien souvent fait savoir qu'elle "comprenait" cette demande de "sécurité", et a voté sans état d'âme des décisions persécutoires flagrantes, comme celles qui visent à expulser de l'espace public telle ou telle femme sous le prétexte qu'elle se couvre les cheveux ou enveloppe son corps.

Ses candidats annoncent partout qu'ils mèneront une lutte sans merci, non tant contre les prévarications capitalistes et la dictature des budgets ascétiques que contre les ouvriers sans papiers et les mineurs récidivistes, surtout s'ils sont noirs ou arabes. Dans ce domaine, droite et gauche confondues ont piétiné tout principe. Ce fut et c'est, pour ceux qu'on prive de papiers, non l'Etat de droit, mais l'Etat d'exception, l'Etat de non-droit. Ce sont eux qui sont en état d'insécurité, et non les nationaux nantis. S'il fallait, ce qu'à Dieu ne plaise, se résigner à expulser des gens, il serait préférable qu'on choisisse nos gouvernants plutôt que les très respectables ouvriers marocains ou maliens.

Et derrière tout cela, de longue date, depuis plus de vingt ans, qui trouve-t-on ? Qui sont les glorieux inventeurs du "péril islamique", en passe selon eux de désintégrer notre belle société occidentale et française ? Sinon des intellectuels, qui consacrent à cette tâche infâme des éditoriaux enflammés, des livres retors, des "enquêtes sociologiques" truquées ? Est-ce un groupe de retraités provinciaux et d'ouvriers des petites villes désindustrialisées qui a monté patiemment toute cette affaire du "conflit des civilisations", de la défense du "pacte républicain", des menaces sur notre magnifique "laïcité", du "féminisme" outragé par la vie quotidienne des dames arabes ?

N'est-il pas fâcheux qu'on cherche des responsables uniquement du côté de la droite extrême - qui en effet tire les marrons du feu - sans jamais mettre à nu la responsabilité écrasante de ceux, bien souvent - disaient-ils - "de gauche", et plus souvent professeurs de "philosophie" que caissières de supermarché, qui ont passionnément soutenu que les Arabes et les Noirs, notamment les jeunes, corrompaient notre système éducatif, pervertissaient nos banlieues, offensaient nos libertés et outrageaient nos femmes ? Ou qu'ils étaient "trop nombreux" dans nos équipes de foot ? Exactement comme on disait naguère des juifs et des "métèques" que par eux la France éternelle était menacée de mort.

Il y a eu, certes, l'apparition de groupuscules fascistes se réclamant de l'islam. Mais il y a tout aussi bien eu des mouvements fascistes se réclamant de l'Occident et du Christ-roi. Cela n'empêche aucun intellectuel islamophobe de vanter à tout bout de champ notre supérieure identité "occidentale" et de parvenir à loger nos admirables "racines chrétiennes" dans le culte d'une laïcité dont Marine Le Pen, devenue une des plus acharnées pratiquantes de ce culte, révèle enfin de quel bois politique il se chauffe.

En vérité, ce sont des intellectuels qui ont inventé la violence antipopulaire, singulièrement dirigée contre les jeunes des grandes villes, qui est le vrai secret de l'islamophobie. Et ce sont les gouvernements, incapables de bâtir une société de paix civile et de justice, qui ont livré les étrangers, et d'abord les ouvriers arabes et leurs familles, en pâture à des clientèles électorales désorientées et craintives. Comme toujours, l'idée, fût-elle criminelle, précède le pouvoir, qui à son tour façonne l'opinion dont il a besoin. L'intellectuel, fût-il déplorable, précède le ministre, qui construit ses suiveurs.

Le livre, fût-il à jeter, vient avant l'image propagandiste, laquelle égare au lieu d'instruire. Et trente ans de patients efforts dans l'écriture, l'invective et la compétition électorale sans idée trouvent leur sinistre récompense dans les consciences fatiguées comme dans le vote moutonnier.

Honte aux gouvernements successifs, qui ont tous rivalisé sur les thèmes conjoints de la sécurité et du "problème immigré", pour que ne soit pas trop visible qu'ils servaient avant tout les intérêts de l'oligarchie économique ! Honte aux intellectuels du néo-racialisme et du nationalisme bouché, qui ont patiemment recouvert le vide laissé dans le peuple par la provisoire éclipse de l'hypothèse communiste d'un manteau d'inepties sur le péril islamique et la ruine de nos "valeurs" !

Ce sont eux qui doivent aujourd'hui rendre des comptes sur l'ascension d'un fascisme rampant dont ils ont encouragé sans relâche le développement mental.

05.05.2012 , Alain Badiou, philosophe, dramaturge et écrivain

Source : Le Monde

A eux trois, ils ont remporté cinq titres de champion du monde de savate, gagnés sous les couleurs de la France. Et pourtant, ils envisagent de boxer pour le pays d’origine de leurs parents lors des prochains Mondiaux, en Bulgarie, du 29 août au 1er septembre 2012.

Il y a un an, l’affaire des quotas dans le foot tricolore avait fait polémique. Il était question de limiter le nombre de binationaux dans les équipes de France de jeunes, car beaucoup faisaient ensuite le choix d’évoluer pour un autre pays par manque de perspectives. Ces boxeurs, eux, le font par conviction.

« Je m’engage pour des raisons de coeur »

Anthony Mezaache (33 ans) est champion du monde de boxe française et champion d’Europe de boxe anglaise. Il justifie sa décision de boxer pour l’Algérie par le besoin de renouer avec ses racines.

« C’est pour des raisons de cœur que je m’engage pour ce pays. J’y suis attaché, mon père y est né. Cette démarche ne s’est pas construite contre la France. Je n’ai rien contre son équipe. Je suis Français et je me sens comme tel. »

Il reconnaît tout de même qu’il ne voulait pas « se prendre la tête avec les tours préliminaires et accéder directement aux rencontres de niveau mondial ».

« Certains diront que nous voulons échapper à la concurrence mais je n’ai plus rien à prouver. J’ai largement fait mes preuves. »

Anthony est devenu vice-président de la Fédération de savate algérienne avec l’objectif de construire un groupe performant pour les prochains Mondiaux. Il a attiré quatre anciens champions français.

« On n’est pas vraiment Algérien, pas vraiment Français »

Amri Madani (30 ans), double champion du monde de savate, fait partie de ceux-là. Lui change de maillot pour vivre « une belle aventure ».

« C’est aussi l’occasion de se retrouver autour d’un projet qui a du sens : le développement de la savate en Algérie. Il y a un véritable échange qui s’est instauré avec ce pays. »

Comme Anthony, Amri insiste sur le fait qu’il ne trahit pas la France en boxant pour le pays d’origine de ses parents.

« On a le cul entre deux chaises. En Algérie, on n’est pas considéré comme Algérien. Ici, on n’est pas vraiment Français. Mais je suis fier de mes origines. Je suis attaché à ma double culture et parfaitement intégré à la société. Je ne suis pas anti-Français.

Et puis, ce n ’est pas en tirant un trait sur son héritage qu’on devient forcément un bon Français. J’ai été heureux de boxer pour la France et je le serai tout autant en représentant l’Algérie. Je me fous de ce que les gens peuvent penser. Je n’ai pas d’argent à gagner dans cette aventure. »

« En France, je ne suis qu’un nom sur une liste »

Il souligne quand même le manque de reconnaissance de la part des instances fédérales ainsi que l’absence de prise en charge de la reconversion du sportif.

« J’ai donné ma vie à mon sport mais je ne suis qu’un nom sur une liste [celle des sportifs de haut niveau, ndlr]. On s’est servi de mon image pour promouvoir la discipline et par conséquent, j’estime que je ne dois rien à personne. »

Djibrine Fall-Télémaque (39 ans) est champion du monde et entraîneur de l’équipe de France de full-contact. Il a envisagé de boxer pour le Sénégal il y a deux ans, même si un contentieux financier entre les deux fédérations l« en a empêché. Avec deux objectifs, renouer avec ses racines et faire connaître son sport.

“Je ne connais pas mon pays. Je ne parle même pas la langue. J’ai besoin de rétablir le lien. La boxe, c’est ce que je sais faire de mieux. C’est donc un excellent moyen pour y parvenir. Je veux apporter au pays de mon père mon expertise dans un domaine que je maîtrise.

On a donné nos plus belles années à l’équipe de France. Remporter un titre pour un pays comme le Sénégal participe au rayonnement de la discipline à l’étranger.

‘Ma démarche n’est pas politique’

Pour lui, la savate ‘souffre de la domination française’ et a tout à gagner de cette fuite des talents.

‘Les tireurs français vont devoir dorénavant se battre à l’international pour gagner. Le niveau d’exigence ne sera que meilleur et la savate gagnera en crédibilité.’

Et Djibrine glisse, l’air de rien, que personne ne s’offusque qu’un conseiller technique ou entraîneur français exporte son savoir contre rémunération.

8/5/2012, Aya Cissoko

Source : Rue89

Ségolène Royal a accusé la droite de vouloir mettre l'immigration au coeur des législatives, "comme le prouve la polémique" autour des drapeaux étrangers au rassemblement sur la place de la Bastille à Paris, dimanche soir, pour fêter la victoire de François Hollande.

"Les socialistes n'ont pas l'intention de laisser remettre l'immigration au coeur de la campagne législative, comme la droite voudrait le faire, ainsi que le prouve cette polémique sur les drapeaux", a commenté sur i-Télé la présidente socialiste du conseil régional de Poitou-Charentes.

Présente elle-même sur la place de la Bastille, Ségolène Royal a reconnu ne pas "avoir vraiment remarqué tous ces drapeaux". "Ce que j'ai retenu, c'est une joie populaire toute simple. Il y avait aussi des drapeaux français. Il y avait des couleurs. C'était la nuit. Il faut avoir une bonne vue pour distinguer du communautarisme ce soir-là", a-t-elle poursuivi.

"Je me demande si la droite n'en fait pas un peu trop", a-t-elle ajouté aussitôt.

La ministre de l'Apprentissage Nadine Morano et le vice-président FN Louis Aliot ont dénoncé lundi, chacun de leur côté, "beaucoup de drapeaux étrangers" dimanche soir parmi les supporteurs de François Hollande à Paris, suscitant ainsi la première polémique politique après la présidentielle.

Interrogée sur le fait de savoir si cette polémique n'avait pas en toile de fond le vote des étrangers non-communautaires aux élections locales, comme François Hollande s'y est engagé, Ségolène Royal a admis qu'il fallait "bien réfléchir" sur cette question, rappelant l'éventualité d'un référendum sur le sujet.

"Cela ne sera pas, je pense, la priorité du nouveau gouvernement ni de la nouvelle Assemblée", a-t-elle ajouté en répondant par l'affirmative à l'idée selon laquelle la question nécessiterait de la "pédagogie" et du "temps".

La responsable socialiste a enfin mis en garde contre une éventuelle cohabitation à l'issue des législatives.

"Ce serait une belle pagaille. On le sait bien... Il y a des réformes lourdes à faire... Le travail est considérable. Il est très important au contraire qu'il y ait une cohérence, une harmonie dans l'équilibre des pouvoirs", a-t-elle souligné.

8/5/2012

Source : 24 minutes/ AFP

Le Conseil français du culte musulman (CFCM) a condamné mardi l'agression dont ont été victimes ce week-end à Amiens deux personnes âgées qui se rendaient à la mosquée, demandant que ses auteurs soient identifiés au plus vite.

"Le CFCM condamne avec la plus grande fermeté cette agression lâche qui a visé deux personnes âgées sans défense se rendant paisiblement à un lieu de prière et de recueillement", écrit le président du CFCM, Mohamed Moussaoui, dans un communiqué.

Il "appelle les pouvoirs publics à mobiliser tous les services concernés et diligenter une enquête afin que les auteurs de cette agression soient identifiés au plus vite et que leur acte soit traité avec la plus grande sévérité", ajoute-t-il.

Le Conseil régional du culte musulman de Picardie et la préfecture de la Somme avaient indiqué dimanche que deux hommes de 70 et 71 ans, qui se rendaient à la première prière à la mosquée d'Amiens-Nord, avaient été agressés et roués de coups la veille par deux individus se réclamant de l'extrême droite. Selon le CFCM, l'une des victimes était toujours hospitalisée mardi.

8/5/2012

Source : Eurpe1

Le ministre flamand de l’Intégration civique a présenté, lundi 7 mai, le coffret « d’introduction -Migrer en Flandre », désormais mis à disposition de tous les Marocains qui obtiennent un visa pour la Belgique à destination de la Flandre. Son objectif est de contribuer à l’intégration des émigrés Marocains en Flandre, mais il porte une vision infantile du migrant.

« En ce qui concerne le temps en Belgique, il faut s’attendre à tout. Il y a quatre saisons dans la même journée. Il faut toujours prendre son parapluie avec soit » ; on ne pourra pas dire qu’on ne les avait pas prévenus. Les Marocains qui obtiennent un visa pour la Belgique à destination de la Flandre, se voient désormais offrir un coffret « Migrer en Flandre, introduction pour les familles immigrantes ». Il veut « éviter que les candidats aient des attentes et des idées erronées », explique Geert Bourgeois, ministre flamand de l’Intégration civique, lors de sa présentation à la presse, hier, lundi 7 mai, à Casablanca.

Le coffret - une élégante boite verte – contient un DVD avec un film où des migrants livrent leurs témoignages, un livret où est indiqué les documents à ne pas oublier pour trouver un emploi et obtenir l’équivalence d’un diplôme, un petit guide linguistique et un livret d’information sur ce que les Marocains doivent s’attendre à trouver en Flandre. Il commence en évoquant le parcours d’intégration civique, obligatoire en Flandre, les documents nécessaires, le travail, la santé, l’éducation…

Parmi les thèmes abordés, « Valeurs et normes » interpellent. Il est écrit : « respectez toujours l’autre, quelles que soient ses différences. Si vous ne le faites, vous risquez de blesser les autres. Ce sujet est très sensible. » Plus loin, dans « Solidarité sociale », « toute personne qui travaille et paie des impôts rend [la solidarité sociale] possible. Celui qui ne paie pas d’impôts ne montre aucun respect pour la société », insiste les auteurs du document. Le ton moralisant et infantilisant, qui affleure dans tout le document, est fort dans ces rubriques. « L’autorité flamande a la mission et la responsabilité de guider les nouveaux arrivants sur la bonne voie de la société flamande », estime encore le ministre Geert Bourgeois, dans le vocable d’un prêcheur.

« On peut avoir cette impression là, maintenant, il y a dans l’immigration un panel large de personnalités, se défend l’ambassadeur belge au Maroc. On a en Flandres des juges, des académiciens, de grands intellectuels qui sont Marocains, ou de souche marocaine, mais évidemment on ne s’adresse pas à ces gens là. A côté d’eux, il y a une frange de candidats à l’immigration qui sont des gens complètement démunis, qui viennent de ce que l’on appelle le bled au Maroc, beaucoup viennent du Rif. Ce sont des gens qui sont analphabètes, qui ne savent ni lire ni écrire, qui ne parlent ni l’arabe classique, ni le darija, certains ne parlent que le rifain. »

Pourtant, « parce que l’on ne fait pas de statistiques sur ces critères », précise l’ambassadeur, l’ambassade ne peut pas donner la proportion de ces analphabètes dans le total des immigrants marocains en Flandre. « En règle générale, quand on immigre c’est qu’on appartient aux classes défavorisées, explique Jean-Luc Bodson, avant de nuancer, surtout que nous n’avons pas de politique d’immigration, auquel cas nous aurions d’autres candidats, comme les Etats-Unis et le Canada ». Comme la France, la Flandre reçoit des immigrés par le biais, en premier lieu, du regroupement familial, un droit reconnu par la législation internationale et c’est à eux que s’adresse ce livret.

Surtout, cette nuance au sein de la population ciblée par le coffret n’est établie que par l’ambassadeur, comme s’il était le seul à avoir conscience du ton des documents, et du fait qu’il existe plusieurs catégories d’immigrants bien qu’il ne fasse pas référence, par exemple, aux étudiants. « Ce n’est certainement pas destiné au grand public, ce n’est pas un document dont l’objectif est de valoriser le fruit de l’immigration », reconnait l’ambassadeur.

« Vu d’une certaine élite casablancaise, cela peut sembler condescendant, mais déjà cet exercice a le mérite d’exister, plutôt que d’être négatif et de critiquer l’immigration. C’est une première tentative, il faudra voir avec l’usage s’il faut l’ajuster », conclut l’ambassadeur.

8/5/2012 , Julie Chaudier

Source : Yabiladi

Un homme parcourt les anciens paysages sidérurgiques de la Lorraine. Il se souvient de son enfance et de son père, venu d'Algérie comme tant d'autres pour gagner sa vie en ces lieux. Reste-t-il des traces des anciennes activités industrielles ? Quid de la mémoire ouvrière ? Qu'en pensent ceux qui, aujourd'hui, habitent toujours sur place ?

Pour son premier long-métrage, Abdallah Badis, qui fut ouvrier aciériste en Lorraine avant de travailler pour le théâtre et le cinéma (entre autres avec René Allio et Jean-Pierre Limosin), échappe aux conventions et prend des risques. Dans ce documentaire d'une grande liberté formelle, qui flirte parfois avec la fiction, le cinéaste refuse les discours convenus sur l'immigration, l'"identité nationale" et invite à un voyage impressionniste où, en évoquant sa propre mémoire, il rend compte du destin collectif d'une communauté et d'une région frappées de plein fouet par les "restructurations". Malgré quelques maladresses formelles, Le chemin noir impose sa singularité et sa richesse thématique.

8/5/2012, Anne Jeanblanc

Source : Le Point

La Cimade, structure accueillant et accompagnant en France des dizaines de milliers de migrants et de demandeurs d'asile dans ses permanences, a plaidé lundi pour faire sortir la question de l'immigration du ministère de l'intérieur.

Pour l'Ong, la Présidence de François Hollande doit marquer une rupture avec les "dérives politiques et morales" héritées de l'ère de Nicolas Sarkozy et un premier signe de rupture avec l'approche sécuritaire de la politique d'immigration serait de sortir cette question du ministère de l'Intérieur.

Dans une déclaration "le changement est attendu maintenant !", dont l'APS a reçu une copie, la Cimade dit, avec l'élection de François Hollande, saluer l'espoir d'un changement désormais possible en matière de politique migratoire.

"Dix ans de discours stigmatisant à l'encontre des étrangers, dix ans de politiques et de pratiques de plus en plus répressives conduisant au recul du respect de droits fondamentaux, ont créé beaucoup de souffrances et d'humiliation, et aussi provoqué des déchirures graves dans le tissu social de notre pays", a-t-elle regretté, estimant que la banalisation de discours ouvertement xénophobes, légitimés par des paroles et des actes portés par les autorités de l'Etat, en est la conséquence.

Selon la Cimade, il y a "urgence de promouvoir un changement du regard porté sur les étrangers vivant parmi nous dans un souci de justice, d'égalité et de fraternité". "Il y va de la transformation des relations sociales, de la construction d'une société hospitalière et de la possibilité d'un + vivre ensemble+ porteur d'espoir pour tous les habitants de ce pays", a-t-elle soutenu.

L'autre urgence, selon elle, est de transcrire "dès maintenant" ces valeurs dans des mesures concrètes concernant les migrants pour assurer le respect des droits humains, la justice et la solidarité.

La Cimade affirme rester "engagée" sur le terrain aux côtés des migrants quelle accompagne chaque jour, et mobilisée pour porter des principes et des propositions pour la construction d'une "véritable politique d'hospitalité".

Dans son programme, le président élu entend lutter contre l'immigration illégale, sans toutefois en définir un seuil annuel en matière d'expulsion des sans papiers ou autres personnes tentées par la migration. François Hollande a également rappelé qu'il voudrait limiter l'immigration économique, à travers un débat organisé chaque année au Parlement sur le nombre d'étrangers à accueillir. Quant au droit d'asile, il voudrait que le délai d'examen des demandes passe de 18 mois à 6 mois.

7 mai 2012

Source : APS

Quelque 450 enfants, en majorité Marocains et Roumains nés en Italie, se sont vus conférer la citoyenneté honoraire italienne lors d'une cérémonie organisée, dimanche, dans la ville de Nichelino (nord-ouest) à laquelle était représenté le consulat du Maroc à Turin.

Cette cérémonie a été marquée par la remise par le Maire de la ville, M. Giuseppe Catizone, et l'assesseur aux services démographiques, Mme Carmen Bonino, des attestations de citoyenneté ainsi que de copies de la constitution italienne à ces enfants issus de l'immigration.

Par cette initiative, l'administration communale de Nichelino entend envoyer un message fort aux institutions nationales sur la nécessité de la réforme de certaines lois afin de faciliter l'accès à la nationalité italienne aux ressortissants étrangers, nés sur le territoire italien, et de permettre ainsi leur intégration dans le tissu politique, économique et social, a-t-on indiqué de source consulaire.

Fin février dernier, le ministre italien de l'intégration et de la coopération, Andrea Riccardi, avait souligné la nécessité de faciliter l'accès à la citoyenneté italienne pour "ceux qui sont nés en Italie" de parents étrangers.

"Nous avons la responsabilité de mettre en condition ceux qui sont nés en Italie d'être des citoyens italiens", avait affirmé le ministre en expliquant que "le problème de la citoyenneté est une responsabilité du Parlement".

Auparavant, lors d'une conférence tenue, fin janvier, à Rome sous le thème: "L'immigration et l'intégration : un défi à relever pour l'Europe", Riccardi avait estimé nécessaire d'aborder la question de l'immigration selon une nouvelle approche.

Tout en faisant respecter la loi, il est surtout nécessaire de "sortir culturellement et politiquement de la phase de l'urgence", avait-il insisté.

"Nous sommes conscients que le moment est difficile et que la crise pose de nouveaux problèmes, mais penser aux immigrés c'est penser aussi en quelque sorte aux Italiens", avait fait remarquer le ministre au cours de cette conférence.

Le président de la chambre des députés, Gianfranco Fini, avait plaidé, dans ce même cadre, pour l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés en Italie de parents immigrés.

"Celui qui est né en Italie, y a accompli un cycle d'études, devrait pouvoir devenir citoyen italien bien avant d'avoir atteint l'âge de 18 ans", avait soutenu Fini.

Le responsable italien avait insisté, à cet égard, sur la nécessité d'adapter la législation italienne en la matière aux "nouvelles dynamiques sociales", considérant qu'il est de "première importance" de réserver une attention particulière aux jeunes immigrés nés en Italie.

Pour Fini, l'objectif recherché est que la "condition juridique" du jeune immigré "corresponde au sentiment nourri par son cÂœur" et qu'il "ne passe pas les années décisives pour sa formation humaine et civile dans la condition d'un étranger, ou parfois, d'un marginal et de quelqu'un de différent".

Selon lui, "le passage de l'immigration à l'intégration est décisif pour l'avenir de l'Europe, aujourd'hui plus encore que la crise économique et financière est en train de mettre en péril la confiance et la cohésion sociale du Continent".

La question de l'octroi de la nationalité italienne aux enfants nés en Italie de parents étrangers suscite un large débat dans la Péninsule depuis novembre dernier après que le président Giorgio Napolitano ait insisté sur "la nécessité de faciliter l'intégration" de cette population sur la base du "respect mutuel" et de la "reconnaissance de ses droits".

Plusieurs voix se sont élevées depuis au sein de la classe politique italienne pour exprimer leur appui à cette orientation alors que des formations d'extrême droite et le parti populiste et anti-immigrés, la Ligue du Nord, s'y sont farouchement opposés.

Selon de récentes statistiques, le nombre d'enfants issus de l'immigration nés en Italie s'élève à un demi-million alors que ceux qui fréquentent les écoles se chiffrent à 700 mille.

L'Italie, dont la population atteint à peu près 60 millions d'habitants, compte plus de cinq millions d'étrangers dont quelque 550 mille Marocains.

07 mai 2012

Source : MAP

La ville américaine d'Easton (Etat du Maryland) s'est mise, ce weekend, aux couleurs du Maroc, dans le cadre d'une série d'activités culturelles baptisées "Paint the Town Moroccan", mettant en avant les liens historiques unissant les Etats Unis et le Royaume du Maroc, ainsi que les relations privilégiées entre les deux peuples.

Le coup d'envoi de cet événement, organisé conjointement par The Academy Art Museum de cette ville et le Washington Moroccan American Club, a été donné samedi par l'ambassadeur du Maroc aux Etats Unis, Rachad Bouhlal, et le maire d'Easton, Robert C. Willey, avec la levée des couleurs nationales marocaines et américaines et l'intonation des hymnes nationaux des deux pays.

L'ambassadeur du Maroc, qui s'est vu offert la clé symbolique de la ville d'Easton par M. Willey, a tenu à remercier les organisateurs de cet événement, en rendant hommage aux efforts déployés par les membres de la communauté marocaine établie aux Etats Unis visant le rapprochement entre les peuples marocain et américain.

Cette manifestation, a souligné le diplomate marocain, s'inscrit en droite ligne des relations historiques unissant les Etats Unis et le Maroc, dont le traité d'amitié, le plus ancien jamais signé par Washington avec un pays tiers, fête cette année son 226è anniversaire.

MM. Bouhlal et Willey ont , à cette occasion, inauguré un souk marocain typique, qui a été établi sur une des artères de cette ville, exposant les produits d'artisanat, du terroir et de l'art culinaire marocains. Afin de donner une tonalité authentique à cet événement, les organisateurs ont aussi dressé une tente sahraouie où ont été exposées les réalisations d'orfèvres marocains.

Dans le cadre de cet événement, le musée de la ville d'Easton a abrité une conférence sur le thème : "Le Maroc : Ami de la première heure des Etats Unis", durant laquelle l'ancien diplomate US, Edouard Gabriel, a mis en exergue le partenariat exceptionnel entre les Etats Unis et le Maroc, en rappelant notamment le rôle du Royaume dans la protection des populations juives durant la 2è Guerre mondiale, ainsi que les réformes qui y ont été mises en œuvre et qui le distinguent dans son environnement régional.

Pour sa part, le Président du Washington Moroccan American Club, Hassan Samrhouni, a salué la synergie des compétences marocaines qui a permis l'organisation de cette manifestation, en soulignant l'engagement des Marocains établis aux Etats Unis à promouvoir les causes nationales et les intérêts du Maroc aux Etats Unis.

Ce genre de manifestation, a-t-il indiqué à la MAP, ne peut qu'être bénéfique à la promotion du Royaume en tant que destination touristique de choix pour les Américains, en faisant observer que pour ces derniers le Maroc est une terre d'accueil, de tolérance et d'ouverture.

Cet événement a été, par ailleurs, marqué par une soirée musicale animée par le chanteur Ali Amir, le groupe Sounds of Morocco, et Safran Dacing School, ainsi que par une exposition des œuvres d'art de l'artiste peintre Hamid Kachmar et de la photographe, Lella Essaydi au musée de la ville d'Easton.

6 mai 2012

Source : MAP

Les dernières dispositions en matière de politique d'immigration en Allemagne, notamment en ce qui a trait aux besoins en main d'œuvre, la nouvelle loi sur le recrutement et les conditions de séjour ont été au menu d'un entretien, lundi à Rabat, du ministre délégué chargé des Marocains résidant à l'étranger (MRE), Abdellatif Maâzouz avec l'ambassadeur d'Allemagne, Michael Witter.

Les deux parties ont convenu, à l'issue de cette entrevue, d'organiser des rencontres de travail thématiques pour la mise en place de projets de coopération dans les domaines de l'échange de statistiques et de données concernant les Marocains résidant en Allemagne, le développement en leur faveur d'une coopération socioculturelle, l'instauration de systèmes d'information et d'orientation concernant les opportunités de travail dans ce pays et l'actualisation des accords sociaux, indique un communiqué du ministère chargé des MRE.

L'accent a été aussi mis sur la coopération bilatérale en matière d'intégration de l'enseignement de la langue arabe dans les systèmes éducatifs officiels en Allemagne, le développement de l'enseignement de la langue allemande au profit des Marocains candidats à l'émigration vers ce pays et l'implication des compétences marocaines dans le renforcement de la coopération économique bilatérale.

La coopération bilatérale portera aussi sur l'amélioration de l'encadrement religieux des MRE d'Allemagne à travers la formation conjointe d'imams qualifiés.

Selon le communiqué, MM. Maâzouz et Witter se sont mis d'accord sur la nécessité de continuer dans cet esprit de dialogue et de concertation témoignant de l'excellence des relations de coopération et d'amitié entre les deux peuples.

08 mai 2012

Source : MAP

L'immense esplanade de la préfecture de Bobigny (SeineSaint-Denis) est déserte. Peu à peu, alors qu'on s'approche du bâtiment, des silhouettes s'animent. Une file d'attente interminable rappelant les magasins de l'ancienne URSS s'est formée.

Les migrations ne sont plus aujourd’hui un phénomène uniquement masculin : elles se sont féminisées, jusqu’à représenter près de la moitié des 214 millions de migrants internationaux estimés en 2010 par les Nations Unies.

Dans les années 70, les politiques de regroupement familial mises en œuvres par les pays d’accueil ont contribué à cette féminisation. Cette migration était définie comme "suiveuse" ou "passive", au sens où il s’agissait de suivre les hommes à la recherche d’un emploi, et de reconstruire la cellule familiale selon les rôles et statuts de chacun dans le pays d’accueil. Désormais, les migrations des femmes s’inscrivent davantage dans le cadre d’une migration de travail. Cette nouvelle tendance s’explique par des évolutions majeures survenues dans les pays d’origine comme dans les pays d’accueil.

La féminisation des migrations associée au travail comporte également des modifications en matière de transferts d’argent, en matière de proportion des envois par rapport aux revenus et d’usages des transferts.

Du regroupement familial à une migration de travail

La tendance à la féminisation des migrations peut s’expliquer par des évolutions majeures survenues dans les pays d’origine comme dans les pays d’accueil.

Dans les pays d’origine, l’éducation des femmes s’est améliorée, le premier mariage intervient plus tardivement, les femmes ont conquis une certaine autonomie et commencent à davantage investir le marché du travail.

La migration des hommes vers l’étranger, de même que les migrations internes du monde rural vers les grandes villes, ont également pu favoriser la féminisation des migrations. Comme le soulignent Serigne Mansour Tall et Aly Tandian dans leur étude sur les migrations sénégalaises, l’absence du mari et l’influence du modèle social du pays d’accueil favorisent une redistribution des responsabilités individuelles au sein des familles et permettent aux femmes de jouer un rôle économique. Ces dernières sortent progressivement de la seule sphère domestique, et certaines développent des initiatives entrepreneuriales locales pour contribuer au budget du ménage ou faire face à une éventuelle baisse des ressources liées aux transferts d’argent des migrants.

Dans les pays d’accueil, la migration féminine n’est plus uniquement liée au regroupement familial: elle s’explique aussi par l’apparition de nouvelles opportunités professionnelles comme le développement des métiers liés au soin d’autrui. Si ces opportunités sont notamment liées à des pénuries de main d’œuvre ou au vieillissement de la population locale, les conditions légales de travail ne sont pas toujours respectées, notamment dans le cadre des contrats liant la migrante à un particulier.

D’autres facteurs, institutionnels, participent également à la féminisation des migrations internationales.

Enfin, la crise économique favorise l’amplification de la féminisation des migrations internationales, car elle dégrade les conditions de vie dans les pays en développement et l’accès à l’emploi local. De nombreuses femmes partent donc « en migration », dans l’espoir de trouver un emploi dans le pays d’accueil et d’améliorer ainsi le quotidien de la famille restée au pays.

Quelle autonomie réelle des femmes dans la migration ?

Si de nombreux facteurs favorisent les migrations féminines, ces migrations sont-elles pour autant le reflet d’une autonomisation des femmes et d’un choix personnel? Si les études sont encore parcellaires, l’analyse des migrations féminines dans certains pays apportent de premiers éléments de compréhension.

Ainsi, Serigne Mansour Tall et Aly Tandian alertent sur l’imaginaire de la femme migrante sénégalaise victime de réseaux de prostitution. Les chercheurs évoquent "les nombreux exemples de femmes qui migrent seules et qui exercent différentes activités, en particulier dans le secteur des affaires", et le fait que "ces exemples de réussite contribuent, indirectement, par mimétisme, à renforcer le désir de migrer parmi les femmes dans leur pays d’origine". Les auteurs mettent également en avant le fait que les femmes qui ont réussi "participent à l’organisation d’une migration féminine autonome spécifique, tant au niveau du recrutement des migrantes que de leur insertion dans le pays d’accueil".

En Côte d’Ivoire, dans un article dédié à la migration des femmes ivoiriennes, Elise Fiédin Comoé cherche à identifier le ou les personnes à l’origine de la décision de migrer, et la principale raison de cette migration. L’objectif est de déterminer le rôle que les rapports entre hommes et femmes peuvent jouer dans la décision et les conditions de départ en migration. Il ressort de son analyse que, dans le cas de l’émigration féminine: "la famille et les rôles sexuels restent déterminants dans la capacité à prendre une décision individuelle ou pour faire une migration économique indépendante. L’autonomie des femmes dans la migration est par conséquent très limitée et reste un mythe".

Dix ans plus tard, dans son enquête sur les nounous ivoiriennes et les mères parisiennes, la sociologue Caroline Ibos cite et corrobore cette analyse: "En Côte d’Ivoire, plus encore pour les femmes que pour les hommes, la migration résulte d’une décision collective. La nounou est littéralement missionnaire d’un groupe familial et/ou amical intensivement mis à contribution pour favoriser le départ".

"Je suis l’espoir des miens restés au pays natal"

Cette citation extraite de l’enquête de Caroline Ibos explicite bien les enjeux qui se cachent derrière les migrations des femmes.

Les transferts d’argent que les migrantes ponctionnent sur leurs revenus constituent en effet des ressources clés pour les familles restées dans le pays d’origine, et participent à l’économie et au développement de ce dernier.

Du fait de revenus souvent moindres, les migrantes envoient des sommes inférieures à celles des hommes. En revanche, ces transferts représentent une proportion plus importante des revenus. Ainsi, selon la Fédération Internationale des Droits de l’Homme, les migrantes bangladaises travaillant au Moyen-Orient rapatrient en moyenne près des trois quarts de leur salaire. Dans son enquête sur les nounous ivoiriennes à Paris, Caroline Ibos souligne également que ces dernières "expliquent cette nouvelle préférence pour faire migrer les femmes par le fait que celles-ci restitueraient à la famille une part bien plus importante de leur salaire que les hommes".

Il semblerait par ailleurs que les transferts d’argent en provenance des migrantes soient, davantage que les envois des migrants, consacrés aux besoins sanitaires, éducatifs et sociaux des personnes bénéficiaires dans le pays d’origine. Toutefois, dans le cas des nounous ivoiriennes qui laissent des enfants au pays, confiés à leur père ou plus souvent à la famille, l’auteur note que "(...) l’utilisation des sommes envoyées par la travailleuse émigrée n’échappe pas nécessairement au système sexiste. Même si le père est souvent absent, l’oncle peut prendre la main dans le projet migratoire et répartir les revenus que celui-ci procure au groupe familial".

Outre l’envoi d’une grande part de leurs revenus au pays, de nombreuses femmes s’investissent depuis le pays d’accueil pour participer au renforcement des passerelles entre les deux pays, et au développement économique et social de leur pays d’origine. Ce sont les témoignages de plusieurs de ces femmes que nous vous proposerons de découvrir dans les semaines à venir.

3/5/2012

Source : Solidaires du monde

Arab Jazz. C’est le nom du tout premier roman policier signé Karim Miské paru aux éditions Viviane Hamy. Ce polar fait énormément parler de lui en ce moment en France et excite les plumes des critiques littéraires qui le voit comme un futur best-seller. Le héros de l’histoire est un Marocain Résident à l’Etranger qui va devoir enquêter sur l’assassinat de sa voisine.

Karim Miské n’est pas d’origine marocaine mais connaît bien l’Afrique. Ce réalisateur de documentaire et écrivain est né en Côte d’Ivoire en 1964 d’un père mauritanien et d’une mère française. Il grandit en France et étudie au Sénégal.

Un héros marocain nommé Ahmed

Pourtant il existe bel et bien un lien entre lui et le Maroc : le héros de son premier polar est Français d’origine marocaine. Il s’appelle d’ailleurs d’Ahmed Taroudant et est âgé d’une trentaine d’années. Ahmed est le fils d’un musicien gnawa à peau noire et sa mère est la fille d’un cheikh soufi. « Ce choix de prendre pour héros un personnage marocain m’est venu d’une manière assez naturelle. Ayant un père mauritanien, j’ai toujours des membres de ma famille qui vont régulièrement au Maroc. Il existe entre ces deux pays une espèce de familiarité et de proximité qui a fait que j’ai eu vraiment envie que mon personnage principal soit du Maghreb », déclare Karim Miské, joint par Yabiladi. Pour ce qui est du choix du nom du héros, Ahmed Taroundant, l’auteur explique qu’un ami marocain lui a parlé à maintes reprises des beautés des villes du sud du Maroc et notamment de Taroudant. C’est ce qu’il lui a donné envie d’appeler son héros d’après la ville marocaine.

Micmac religieux réussi

En librairie depuis le 15 mars dernier, Arab Jazz n’est pas passé inaperçu dans la presse française. L’Express, le Point, les Echos, les Inrocks ou RFI sont là quelques-uns des médias qui ont émis des critiques positives sur le livre et qui invitent le lecteur à le découvrir sans plus attendre. Il faut dire que l’histoire est hors du commun et est vraiment d’actualité.

L’intrigue se passe dans un quartier cosmopolite du 19èmearrondissement de Paris où toutes les religions se croisent et où les extrémistes et fous de Dieu se côtoient au quotidien. Mais un jour, la quiétude du quartier est rompue avec le meurtre de Laura. Cette jeune hôtesse de l’air française et fille de témoins de Jéhovah est retrouvée morte dans son appartement, le corps mutilé et maculé de sang de porc. La jeune femme est une amie d’Ahmed Taroundant et c’est ce dernier qui découvre son corps pendu sur son balcon. Effrayé au départ que l’on puisse l’accuser de ce meurtre parce qu’il est Arabe et musulman, Ahmed va très vite passer du suspect principal à l’enquêteur. Il va participer aux investigations dirigées par une policière de confession juive et un enquêteur breton communiste.

Portrait d’une société qui sait cohabiter

Le polar va plonger le trio de choc dans les coulisses noirs du 19ème arrondissement où il devra enquêter sur des réseaux de drogue et aller sur la piste de fondamentalistes religieux qui ne sont pas forcément, les fondamentalistes musulmans comme le décrivent au quotidien les médias français.

A en croire l'enthousiasme des critiques, Arab Jazz est bien parti pour devenir un best-seller dans les prochaines semaines. D’après Karim Miské, si son roman policier est tant apprécié par les critiques littéraires, c’est parce qu’il dépeint la société française telle qu’elle l’est vraiment. « Ce polar est une manière d’en finir avec les débats stériles et les discours stigmatisants que l’on a pu entendre ces dernières années. La réalité que je décris dans ce livre est celle des gens qui travaillent, se côtoient au quotidien et qui sont de différentes confessions mais qui néanmoins partagent une histoire commune qui est celle du passé colonial de la France. Dans le polar, il y a des méchants et des gentils de tous les côtés et dans toutes les religions. », conclut Karim Miské.

7/5/2012, Hanane Jazouani

Source : Yabiladi

Lors de cette édition, les festivaliers ont été transportés dans l'univers de personnages autant troublants qu'attachants dans ces deux longs métrages: une jeune fille en quête d'émancipation (L'Amante du Rif) et un enfant de dix ans qui part à l'aventure vers Casablanca …Suite

«Quel rôle pour la diaspora marocaine dans la vie politique et économique dans le nouveau Maroc »

Dans le cadre de la préparation du 16 Congrès du Parti de l'Istiqlal, la Sous Commission de la Communauté Marocaine a tenu une réunion de travail, le mardi 1er mai à Skhirat, sous le thème:

"Quel rôle pour la diaspora marocaine dans la vie politique et économique dans le nouveau Maroc ?"

Ont pris part à cette journée, des membres du Conseil National du Parti de l'Istiqlal, les membres de la sous commission et des représentants de la communauté marocaine à l'étranger.

Les travaux de cette journée ont débuté par l'exposé de M. Saoud Mohamed, Président de ladite commission, sur la situation des Marocains résidant à l'étranger et l'impact sur le tissu économique du Maroc, tant au niveau des transferts bancaires qu' au niveau des investissements et de leur contribution au développement de leurs régions. M. Saoud a également mis l'accent sur la nécessité de savoir tirer profit de l'investissement des énergies qualifiées et diversifiées que possèdent notre communauté.
Pour sa part, Mme Khouloud Abejja , membre du bureau exécutif de l'Alliance des Economistes Istiqlaliens, a présenté les axes les plus importants de la stratégie du Ministère Chargé des Marocains Résidant à l'Etranger. Elle a mis l'accent sur la nécessité de concentrer des efforts, de la part tout les intervenants, en vue d'offrir des services qui soient au niveau des attentes de notre communauté marocaine.

Après une discussion approfondie, des ateliers ont été constitués sur des axes primordiaux qui préoccupent et la communauté et les positions du Parti, à savoir :

- Les services et le social ;

- L'identitaire (culturelle et éducative) ;

- L'économique et La participation politique des marocains résidant à l'Etranger.

Les travaux de ces ateliers ont débouchés sur plusieurs recommandations pertinentes qui seront débattues lors de la prochaine réunion de la commission sociale.

7/5/2012

Source : L’Opinion

Environ 1,3 million d'immigrés voteront lors des élections communales d'octobre, d'après un calcul du sociologue Jan Hertogen.

Le vote sera obligatoire pour 1,1 million d'allochtones qui ont acquis la nationalité belge et pour 200.000 personnes issues de l'immigration qui se sont inscrites pour les élections, peut-on lire mardi dans "Het Belang van Limburg".

En tout, 16,7% des votants seront donc d'origine étrangère. Des différences notables sont cependant observables dans les différentes régions du pays. En effet, 9,8% des électeurs en Région flamande seront d'origine étrangère, tandis qu'ils seront 18,1% en Région Wallonne et 62,3% en Région bruxelloise. Par ailleurs, 575.000 allochtones ne participeront pas aux élections.

8/5/2012

Source : 7sur7

En France, l'immigration était l'un des enjeux de cette campagne présidentielle de 2012. Dans son programme, le candidat socialiste François Hollande s'est nettement démarqué du président sortant UMP Nicolas Sarkozy à ce sujet. Son élection a été saluée du côté des organisations de défense des immigrés. Cependant, elles entendent tout de même rester vigilantes.

En matière d'immigration et d'intégration, François Hollande devrait agir sans tarder, avant même la tenue des élections législatives.

Lutte contre les délits de faciès, abrogation de la circulaire Claude Guéant qui vise les étudiants étrangers, autant de mesures qui vont dans le bon sens pour les organisations de défense des immigrés, mais qui leur sont cependant insuffisantes.

Ce lundi 7 mai 2012, le réseau Education Sans Frontières a d'ailleurs demandé la mise en place d'un moratoire sur les expulsions. En résumé, plus personne ne pourrait être expulsé jusqu'à ce que le code de séjour des étrangers et des demandeurs d'asile ne soit revu.

Armelle Gardien, membre de ce réseau, explique : « Actuellement, il y a des dizaines, peut-être des centaines de personnes dans les centres de rétention. Un moratoire, c'est évidemment la suspension des expulsions telles qu'elles sont pratiquées en ce moment. » Armelle Gardien ajoute : « Au-delà des personnes dans les centres de rétention, il y a des dizaines et des milliers de gens, et sans doute plus, qui ont des obligations de quitter le territoire sur le dos. Donc, l'urgence est qu'aujourd'hui, aucune personne ne soit soumise à ce qui était la politique migratoire de Sarkozy. »

Pour le Parti socialiste, si cette demande de moratoire a bien été entendue, il est encore trop tôt pour donner une réponse, dans cette période de latence avant l'investiture de François Hollande.

7/5/2012

Source: RFI

Lors du débat télévisé du 2 mai 2012, le chapitre "immigration" a vu chacun des deux candidats très mal à l'aise, l'un se laissant aller à un fantasme de tri à l'entrée en enfermant tous les arrivants, l'autre s'efforçant de tuer la discussion dans l'oeuf. Comme si, malgré une présence obsédante, ce n'était pas un vrai sujet.

Il y a tout juste trois ans et demi, nous ouvrions ainsi notre blog: "Nous ne sommes pas les seuls à dénoncer la dérive d’enfermement et de rétrécissement que subissent notre pays et l’Europe, avec à la clé une dramatique perte d’équité dans le traitement des personnes. La situation faite aujourd’hui aux étrangers nous semble emblématique de cette évolution. Fini de rire ! N’attendons plus pour changer notre regard sur les migrants qui vivent parmi nous, et nous verrons plus clair sur le sort des autochtones. D’où le thème de ce blog, dans lequel nous apporterons des informations peu connues du grand public". Suivirent 200 billets, chronique partielle de la persécution ordinaire des étrangers. Sera-t-il possible de fermer le blog avant le quatre-centième billet? C'est à cela que nous allons maintenant travailler.

Dans la dernière ligne droite de la campagne présidentielle, les alertes et interpellations des organisations qui côtoient les étrangers se sont multipliées. Nous y avons fait écho dans deux de nos billets récents. L'alors futur Président y a répondu par quelques assurances un peu moins restrictives que ses déclarations publiques. Dans leurs réponses, les candidats plus à gauche allaient bien plus loin en direction d'un traitement égalitaire des étrangers qui vivent parmi nous, avec ou sans papiers.

Et pourtant, la question se pose: le "problème de l'immigration" serait-il une fable, une histoire colportée et répétée par presque tous? Si c'est le cas, à qui profite le crime? Et pourquoi la gauche qui va gouverner le pays - Inch Allah! - semble-t-elle la trouver pertinente, quitte à moduler le respect dû aux Droits universels de l'Homme?

Dans Xénophobie d'en haut (Editions La Découverte), Cette France-là avance une hypothèse développée par Michel Feher dans un récent entretien à Médiapart, et que l'on peut résumer ainsi: la pression croissante que le renforcement du capitalisme et l'affaiblissement de la protection de la collectivité, présentés comme inéluctables, exercent sur les travailleurs de toutes catégories une souffrance de plus en plus intolérable. Pour pouvoir accentuer impunément ces pressions, il faut proposer une cause à ce qui pourrit la vie des gens: ce sera la faute des autres, les étrangers parmi vous. Et la xénophobie, cette recette vieille comme la civilisation mais inusable, reprend du service.

Xénophobie d'en haut détaille les résultats des études qui démontrent que les idées reçues sur les méfaits supposés de la migration vers les pays riches n'ont aucune justification - économique, démographique, ou même électorale. Détail piquant: l'une des situations de souffrance non mentionnée dans le livre est celle des gens qui ont choisi de s'endetter pour avoir une habitation à eux, mais qui ont dû partir loin parce qu'ils ne pouvaient pas payer plus; ils se retrouvent privés des services publics de base et dépendants du prix de l'essence. Certes, ils sont propriétaires, mais ligotés. Et voilà que les analystes du premier tour de l'élection présidentielles s'aperçoivent que bien des électeurs dans cette situation ont voté pour la candidate la plus ouvertement opposée à l'immigration!

Il faut donc s'atteler à faire entendre à nos concitoyens, à commencer par les futurs députés qui voteront les lois du changement annoncé, que l'on est en présence d'un corpus compact d'idées fausses ou faussées. Une action fondée sur une analyse dévoyée n'a aucune chance d'être utile.

Parmi les initiatives qui se multiplient dans ce sens, outre l'abondant dossier de Mediapart, signalons trois tentatives assez fouillées.

- Terra eco détricote dix idées reçues sur le « coût de l’immigration ». Une étude économique de l'Université de Lorraine qui, après avoir donné beaucoup de réponses chiffrées, interroge: "Et si l'on se trompait de débat? Combien coûte l’immigration ? Combien rapporte-t-elle ? Au fond, ces questions doivent-elles être posées ? C’est « indispensable, estime Xavier Chojnicki, économiste à l’université de Lille, car ce genre d’études permet de remettre en cause un certain nombre de clichés. Ça montre que des discours politiques sont infondés ». (…) L’approche purement quantitative a toutefois ses limites. (...) Résumer l’apport d’un être humain à une collectivité par sa contribution ou son coût, « c’est être dans une pure logique comptable et c’est déjà mettre un doigt dans l’engrenage du Front national, regrette Eloi Laurent, économiste à l’OFCE. On ne pourra pas mesurer, par exemple, l’apport culturel des migrations »".

- Le site du Forum Social Provence a mis en ligne un Argumentaire sur les migrations de nature plus philosophique, mais s'appuyant aussi sur des faits précis. Avertissement de l'auteur, Jean-Pierre Cavalié: "Je n’ai bien entendu pas passé en revue toutes les questions liées au sentiment d’insécurité, mais celles qui reviennent le plus facilement : le « risque d’invasion » par les étrangers, le coût social et économique qu’ils représentent, l’emploi et le chômage, les histoires financières et enfin la délinquance".

- ATD Quart-Monde publie un manifeste à visée plus large et très documenté Les idées fausses, ça suffit !: "Pauvreté, immigration, assistanat, fraude... : cassons les idées reçues. Nous vous invitons à déconstruire des préjugés et des stéréotypes répandus sur la pauvreté et les pauvres, afin que ceux-ci cessent d’être les boucs émissaires des maux de nos sociétés et qu’ils deviennent au contraire des partenaires à part entière dans la construction d’un monde plus juste".

Le risque de ces démarches est de ne pas suffisament répondre certains aspects de la réalité sociale, par exemple les mauvais effets de la concentration par quartiers de populations plus ou moins récentes en France. Certes, la police est notre principale informatrice dans ce domaine, ce qui permet sans doute de maintenir en vie certaines fables. Mais il faut peut-être voir en amont, comme l'ont fait des villes moyennes du Gard et de l'Hérault, selon ce témoignage: "Dans certaines villes, dont la mienne, on a longtemps pensé que ce serait bien de loger les immigrés pas complètement entre eux, mais pas mal. d'ailleurs eux-mêmes le demandaient. Nous nous sommes retrouvés à une époque avec le quartier des espagnols, le quartier dénommé boghotta par ses habitants et enfin mon quartier où on loge de préférence algériens, marocains, tunisiens. C'était pareil dans une autre commune jusqu'au jour où la majorité municipale a changé de couleur. Du jour au lendemain, ils ont pratiqué la mixité sociale absolue. Pas une construction ne s'est montée sans 20% de logements sociaux. On n'a plus accédé aux demandes des un ou des autres d'être dans tel ou tel quartier. On a attribué les logements à la taille de la famille en priorité là où il y avait un déficit de telle nationalité, y compris française. Au choix : où vous prenez ce logement où vous retournez en queue de liste. Cette politique d'attribution est menée depuis cinq ans maintenant. Certains grands ensembles ont complètement changé de visage, l'écho scolaire est bon : des enfants étrangers maîtrisent mieux le français, etc, etc".

Il y a aussi l'épineuse question du travail au noir, de la pression des employeurs sur leurs salariés nés ailleurs, plus fragiles car conscients du risque de discrimination, ou tout simplement ignorants des droits que leur confère le Code du Travail. Situation dramatique, dont les migrants ne sont certes pas responsables car elle relève de la politique générale concernant le travail.

Martine et Jean-Claude Vernier

7/5/2012

Source: Médiapart

L’italien GNV est seul en lice pour Tanger-Sète. Insuffisant pour répondre à toute la demande

Quel avenir pour Comarit-Ferry et les 200 marins marocains bloqués, depuis quatre mois, sur ses navires dans le port de Sète en France? Les discussions marathon sur une recapitalisation possible de la compagnie, lancées depuis le début de l’année, entre les patrons des groupes Comarit, Samir Abdelmoula, et CMA CGM, Jacques Saadé, n’ont rien donné. Dans le même temps, des rumeurs persistantes de dépôt de bilan et la création d’une nouvelle entité, New Co, dirigée par Taoufiq Ibrahimi, l’ex-PDG de Comanav, sont parvenues aux marins.

L’issue de l’appel d’offres ne fait aucun doute. Vraisemblablement, c’est l’italien GNV, via sa filiale marocaine Sea Motor Ways, qui reprend la ligne Tanger-Sète (France), ne serait-ce que pour «sauver la saison 2012 du transit des MRE», mais pas les marins bloqués à Sète. Ces derniers, qui tiennent grâce à l’aide des pouvoirs publics et des syndicats français, comptent s’opposer à tout déplacement de leurs navires dans la zone portuaire de Sète avant une réunion qui doit avoir lieu ce lundi en présence des syndicats, sous l’égide du préfet de la ville. Le contrat de concession va être signé cette semaine. Les lignes Nador-Sète et Nador-Almeria ne trouvent pas repreneur.

Quoi qu’il en soit, au vu des délais serrés (début du transit le 15 juin), la mise en place opérationnelle du transit 2012 semble compromise.
La lettre de Jacques Saadé, fondateur et dirigeant de l’armateur français CMA CGM, au ministre Aziz Rabbah, datée du 13 avril 2012, dans laquelle il fait état de la disposition de son groupe à sauver l’activité ferry de Comarit, n’a apparemment pas convaincu. Elle évoque pourtant un plan élaboré par CMA CGM, mandatant Taoufiq Ibrahimi visant à «préserver les fonds de commerce de l’armateur marocain pendant la haute saison 2012, au bénéfice exclusif de ses salariés et de ses fournisseurs».
Rabbah adressera sa réponse cinq jours plus tard, soit le 18 avril, au PDG de Comarit, Samir Abdelmoula, en l’occurrence. «J’ai l’honneur de vous confirmer que ce ministère encourage toute solution permettant au groupe de reprendre son activité et retrouver ses équilibres», écrit le ministre. Mais, «vu les délais nécessaires pour la mobilisation des navires et pour la mise en œuvre de toute la logistique par l’opérateur, et sauf autre solution alternative précise et fiable, la décision d’octroi de ces autorisations doit être prise au plus tard le 22 avril 2012 et la remise des cahiers des charges pour signature, au plus tard le lendemain». Or, la réponse du ministre est datée du 18 avril. Un vendredi. Les conditions draconiennes exigées par le ministère ne laisseront ainsi aucune chance à l’armateur.

Pour me permettre de décider de la suite à donner, écrit-il, je vous demande de me faire parvenir au plus tard le 21 avril 2012 (le lundi suivant) tous les documents me permettant de m’assurer de la faisabilité technique et opérationnelle de la solution que vous proposez de mettre en place. Rabbah énumère notamment: l’accord commercial signé entre Comarit/Comanav Ferry et l’entité de gestion; les accords avec les créanciers, mentionnant les engagements de ces derniers à lever les saisies; le planning de remise en ligne des navires. Précisant que, «passé le délai fixé, je me trouverais dans l’obligation de mettre en place d’autres solutions permettant de répondre aux besoins des MRE pour la campagne 2012». Autant dire une façon polie d’opposer une fin de non recevoir à la requête de Comarit.

L’offre Saadé

Un plan qui, selon lui, permettra aux intéressés de disposer du temps nécessaire pour négocier et arrêter le plan de reprise finale de l’entreprise. Lequel devra être mis en œuvre au plus tard le 4e trimestre. Pour avoir les meilleures chances de réussir la reprise de l’exploitation, Jacques Saadé demandait ainsi au ministre un report des appels d’offres au 30 avril, ainsi que de l’appui aux banques et aux créanciers. Dans un premier temps, une caution de 200 millions de DH et la levée de la saisine des bateaux de Comarit-Ferries (9 au total) seraient nécessaires.

7/5/2012, Bachir THIAM

Source: L'Economiste

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