lundi 21 octobre 2024 08:31

Malika Sqalli, artiste aux origines croisées entre le Maroc et l'Autriche, présente un premier volet, en images et en écrits, du périple qui l'a amenée de Los Angeles à travers les Etats-Unis à la frontière du Maroc avec l'Algérie le long du parallèle 34. Vernissage le mardi 7 juin 2011 à partir …Suite

Des hommes venant du Proche-Orient vivaient au IVe millénaire avant notre ère en Aveyron, révèle une étude réalisée par des chercheurs français à partir d'ADN prélevé sur une série de corps datant du néolithique, et publiée mercredi dans une revue scientifique américaine.

L'analyse de l'ADN de dents provenant de crânes trouvés dans la grotte de Treilles (Aveyron) a montré que "la majorité des sujets inhumés étaient des hommes descendant d’un seul et même ancêtre" venant du Proche-Orient, "probablement d'Anatolie", a déclaré à l'AFP Francis Duranthon, directeur du Muséum d'Histoire naturelle de Toulouse où étaient conservés les ossements.

La sépulture de Treilles a été mise au jour dans les années 1930: un minimum de 149 sujets (63 enfants et sub-adultes et 86 adultes) datant de 5.000 ans y avaient été inhumés sur une période d’un à deux siècles.

Les études génétiques menées sur les dents de 24 personnes ont permis d'identifier 22 individus masculins, dont 3 étaient de très proches parents et 16 du même lignage paternel. Cela laisse penser qu'il s'agissait d'un clan, selon les scientifiques.

L'étude est parue dans PNAS (Proceedings of the national academy of Sciences), bulletin de l'académie des sciences américaine.

"Il s'agit d'un peuplement originaire du Proche-Orient aux débuts du néolithique et aujourd’hui presque totalement disparu", ont conclu Eric Crubézy et Marie Lacan, qui ont réalisé l'étude de l'ADN avec le CNRS, l'université Paul Sabatier de Toulouse et l'université de Strasbourg.

En revanche, soulignent-ils, les deux femmes trouvées dans la sépulture sont originaires des Grands Causses, dont fait partie le Larzac.

Cette découverte de l'origine proche-orientale des hommes confirme "l’importance des mouvements de populations pendant le néolithique le long des côtes méditerranéennes", souligne Francis Duranthon, qui a dirigé les travaux.

"Jusqu'à présent, explique-t-il, on avait des éléments laissant entendre qu'il y avait eu migration" à cette époque-là, tels des céramiques. "Mais ici, on le sait par la génétique", avec des génomes de près de 5.000 ans, se réjouit-il.

L'origine étrangère des hommes de Treilles est encore marquée par l'absence d'un gène permettant de digérer le lait frais. Les populations vivant dans la région à cette époque-là étaient pour leur part capables d'en consommer.

L'analyse réalisée par Eric Crubézy a utilisé pour la première fois des marqueurs génétiques localisés sur l’ADN nucléaire (contenu dans le noyau de la cellule) d'ossements datant de plus de 3.500 ans avant notre ère. Ils permettent d'obtenir des éléments sur les lignées paternelle et maternelle d'un individu alors que l'ADN mitochondrial (du cytoplasme des cellules) examiné jusqu'à présent ne fournissait des indications que sur celle de la mère.

1/6/2011

Source : AFP/ La Croix

M. Mohamed Essabbar, secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme (CNDH), a exposé, mardi devant la 17ème session du Conseil des droits de l'Homme des Nations Unies, la position du CNDH sur la question de la migration.

M. Essabbar, qui intervenait en plénière lors du débat interactif avec le Rapporteur spécial sur les droits de l'homme des migrants, a présenté les axes consacrés à cette question dans le Plan d'Action National en matière de Démocratie et des Droits de l'Homme au Maroc (PANDDH).

Il a particulièrement signalé que parmi les objectifs de ce Plan figure la garantie des droits fondamentaux des migrants à l'intérieur et à l'extérieur du Maroc, l'intégration de la dimension de la migration dans les politiques publiques, la promotion de la culture de l'accueil aux niveaux des valeurs, des comportements, la préservation des acquis liés à la migration, ainsi que le renforcement des liens culturels, cultuels et linguistiques dans leur pluralité et leur diversité entre les communautés marocaines et leur pays d'origine.

Dans le cadre du dialogue euro-arabe des INDH auquel le CNDH a adhéré aux côtés d'autres institutions similaires dans les régions arabe et européenne depuis 2007, a ajouté M. Essabbar, le Conseil a préparé une étude montrant que les INDH faisant partie de ce dialogue ont déployé des efforts pour promouvoir et protéger les droits des migrants dans les domaines juridique, judiciaire, administratif, éducatif et culturel et faire face aux violations des droits des travailleurs.

Dans une déclaration à MAP-Genève, le secrétaire général du Conseil national des droits de l'Homme a indiqué avoir eu, en marge de sa participation aux travaux du CDH, des rencontres avec les responsables de plusieurs institutions nationales des droits de l'homme et d'ONG au cours desquelles il leur a fait connaître le CNDH et exposé les évolutions que connait le Maroc en matière des droits de l'homme.

Il a notamment indiqué avoir informé ses interlocuteurs de l'adoption dernièrement par le gouvernement de deux protocoles facultatifs relatifs à la Convention sur l'élimination de toutes les formes de discrimination à l'égard des femmes (CEDAW) et à la Convention contre la torture et autres peines ou traitements cruels, inhumains ou dégradants. Cette adoption, a-t-il dit, a suscité une grande satisfaction de la part des délégations rencontrées.

01/06/11

Source : MAP

Ils en ont rêvé des années ! Puis un jour, tous les papiers ont été réunis et leur émigration a pu se faire. Mais qu’il est long le chemin pour trouver sa place dans le pays du grand froid. Les Marocains du Canada doivent faire preuve de beaucoup de patience et d’endurance pour réussir leur intégration. Un chemin long et difficile pour tous les migrants qui optent pour ce grand départ…Suite

Daarkom présente l' avant-première du documentaire « Mijn tantes uit Gent » (Mes tantes de Gand), qui retrace l’histoire de l’émigration de trois sœurs marocaines vers la Belgique dans les années 70. Elles sont venues travailler en tant que gouvernantes d’enfant dans des familles flamandes aisées. Bien qu’elles partagent une histoire commune et des destins analogues, les sœurs portent un regard rétrospectif très différent sur leur passé.

Si leurs histoires sont très personnelles et spécifiques, elles ont néanmoins une portée universelle : quitter la terre natale et la famille, chercher une manière de se sentir à la maison dans le pays d’accueil, gérer la communication difficile, la discrimination et le racisme, tenter de construire un avenir, pas seulement pour soi, mais aussi pour ses enfants…

Le fait que chacune des sœurs porte son propre regard sur cette vie rend le documentaire d’autant plus intéressant. Différents témoignages flamands et un aperçu historique à partir d’une perspective d’immigrés marocains complètent le tableau.

L' avant-première de ce documentaire aura lieu le 17 juin au musée STAM à Gand, à 19h30. Veuillez trouver ici le programme de la soirée.

« Mijn tantes uit Gent » est une production de l'asbl Nakhla, en collaboration avec l’association « Een andere Wereld films » et l’asbl Daarkom. Mise en scène : Sofie Hanegreefs et Jelle Janssens, Belgique, 2011. Plus d'information.

Langues: néerlandais, français et arabe. Sous-titres: néerlandais.

Source : Darkoum

Le secrétaire général de l'UMP, Jean-François Copé, n'a "pas reçu" la lettre envoyée par Marine Le Pen aux députés pour leur demander d'abroger la double nationalité, et a renvoyé le sujet à la convention immigration de l'UMP, programmée en juillet.

"Je n'ai pas reçu cette lettre", a-t-il indiqué lors du point presse de l'UMP. "C'est une question qui se pose parmi d'autres. Nous serons certainement amenés à aborder cette question lorsque nous aurons notre convention sur l'immigration et l'intégration" début juillet, a-t-il dit.

"Il ne faut pas se disperser et traiter les sujets les uns après les autres", a-t-il ajouté. "Là, on travaille sur les questions de justice sociale".

"La grande différence avec d'autres partis, c'est qu'on est dans une logique de responsabilité, on n'est pas là pour faire des coups", a encore dit M. Copé. "On n'est pas à la disposition des autres partis".

La présidente du Front national Marine Le Pen a écrit aux 577 députés pour leur demander d'abroger la possibilité d'avoir une double nationalité, française et étrangère, qu'elle juge être une "atteinte à la cohésion républicaine".

Un certain nombre de députés UMP, notamment au sein du collectif de La Droite populaire, réclament eux aussi l'abrogation de la binationalité.

1/6/2011

Source : AFP

Marine Le Pen a écrit aux députés français pour leur demander de modifier la loi afin de mettre fin à la double nationalité, qui nuit selon elle à l'assimilation des Français issus de l'immigration.

La présidente du Front national, en légère baisse ces dernier temps dans plusieurs sondages, se recentre ainsi sur l'un des thèmes de prédilection de la formation d'extrême droite.

"Comment ne pas voir que réside dans cette double nationalité l'un des ferments principaux d'atteinte à cette cohésion républicaine dont la France a plus que jamais besoin et un puissant frein à l'assimilation des Français issus de l'immigration ?", écrit-elle dans son courrier, daté du 30 mai et adressé à chaque député.

"Dans l'intérêt de la France et des autres nations, dans l'intérêt en particulier de nos relations avec l'Algérie, premier pays concerné, il est ainsi nécessaire d'engager une démarche authentiquement républicaine en mettant fin à la double nationalité, et de demander à chacun de nos compatriotes placés dans cette situation, de choisir son allégeance : la France, ou un autre pays", ajoute-t-elle.

1/6/2011

Source : Le Figaro/Reuters

Près d'une centaine de photographies anciennes prises au Maroc entre les années 1931 et 1936, dans les villes de Tétouan, Tanger, Chefchaouen et Casablanca, seront exposées au public au Musée des arts et coutumes populaires de la capitale andalouse, indique la Fondation dans un communiqué publié mardi.

Réalisées par le photographe portugais Antonio Passaporte (1901-1983), ces clichés font partie d'une collection de 400 photos d'archives dédiés au Maroc qui étaient utilisées pour l'édition de cartes postales du Royaume, souligne la même source.

Ces photos, qui reflètent des paysages, des monuments ou des scènes de la vie quotidienne du Maroc, sont classées en cinq groupes thématiques: espaces publics, vues panoramiques, personnages, intérieurs des édifices et métiers. Le cycle d'activités culturelles "Le Maroc en Andalousie", organisé en collaboration avec le ministère chargé de la Communauté marocaine résidant à l'étranger, s'articule autour d'activités de tout genre, dont des séminaires, des concerts de musique, des conférences, des activités sportives, des expositions d'artisanat, qui seront organisées dans différentes villes de la région autonome d'Andalousie.

Inauguré en mai courant pour se poursuivre tout au long du reste de l'année en cours, ce cycle poursuit un double objectif, permettre aux ressortissants marocains vivant en Espagne de garder le contact avec leurs racines et offrir l'occasion au public espagnol de connaître un peu mieux le Royaume, sa civilisation et sa culture.

Créée à Séville en 1998, la Fondation des Trois cultures de la Méditerranée est un forum fondé sur les principes de paix, de tolérance et de dialogue, dont l'objectif principal est de promouvoir la rencontre entre les peuples et les cultures de la Méditerranée.

La Fondation, qui est une initiative du gouvernement du Maroc et du gouvernement autonome d'Andalousie, est l'un des organismes les plus actifs dans ce domaine dans l'espace euro-méditerranéen.

31/05/2011

Source : MAP

Le nouveau régime d'asile européen sera achevé d'ici 2012 et permettra de mieux "protéger les personnes à la recherche d'une protection internationale " a indiqué mercredi la commissaire européenne aux affaires intérieures Cécilia Malmstrom.

Les propositions modifiées de directives sur les conditions d'accueil et sur les procédures d'asile devraient rendre les procédures plus rapides, plus équitables et plus efficaces, dans l'intérêt à la fois des Etats membres et des personnes à la recherche d'une protection internationale, a estimé la responsable européenne.

"Actuellement, la réponse apportée aux demandeurs d'asile et les garanties qui leur sont offertes varient considérablement d'un Etat membre à l'autre, les chances de bénéficier d'une protection dépendant fortement de l'Etat membre qui examine la demande d'asile" a expliqué Mme Malmstrom affirmant qu'un "changement s'impose".

Soulignant la nécessité d'avoir des procédures d'asile efficaces et équitables ainsi que des conditions d'accueil des demandeurs d'asile adéquates et comparables dans toute l'Union, elle a signalé que "les normes fixées au niveau européen doivent être simples et claires, et présenter un bon rapport coût-efficacité ".

Par ailleurs, la commission européenne avait présenté ses premières propositions de modification des directives sur les conditions d'accueil et sur les procédures d'asile, respectivement en décembre 2008 et en octobre 2009.

Les deux propositions seront présentées au Conseil européen "Justice et affaires intérieures" le 9 juin courant et examinées durant la présidence polonaise de l'UE qui débutera le 1er juillet prochain.

Pour acquérir force de loi, elles devront être adoptées par le Parlement européen et par le Conseil à la majorité qualifiée, indique l'exécutif européen.

1/6/2011

Source : Cadafree

10.000 personnes environ seront concernées par la réduction de moitié de l'immigration professionnelle, quand la France accueille chaque année 200.000 personnes.

• Qui est concerné par ces restrictions ?

Claude Guéant a diffusé aux préfets une circulaire imposant des critères plus restrictifs pour entrer en France comme immigré de travail. Actuellement, environ 30.000 personnes pénètrent chaque année sur le sol français pour y travailler, à la demande d'entreprises qui déclarent ne pas pouvoir subvenir localement à leurs besoins de main d'œuvre.

Le ministre de l'Intérieur a annoncé vouloir faire tomber ce chiffre à 20.000. Ce sont donc environ 10.000 étrangers en moins qui devraient, en 2011, venir travailler en France. Un chiffre assez faible comparé aux 200.000 personnes qui pénètrent chaque année dans l'Hexagone, pour des motifs familiaux ou humanitaires.

Cette réduction de l'immigration de travail s'inscrit dans la droite ligne de l'évolution des flux migratoires en France. Depuis le choc pétrolier des années 1970, la tendance est en effet à la baisse quasi continue de l'immigration de travail, au profit de celle effectuée au titre du regroupement familial. A partir de 2006, Nicolas Sarkozy avait souhaité inverser cette tendance et encourager une immigration «choisie». En divisant par deux l'immigration de travail, le gouvernement actuel remet partiellement en cause cette politique.

Demeure en effet la volonté de sélectionner davantage les candidats à l'immigration de travail. La circulaire distribuée aux préfets précise bien qu'ils devront être d'autant plus sévères «que l'emploi visé ne nécessite pas de qualifications particulièrement élevées». A contrario, la volonté affichée de diminuer le nombre d'étudiants étrangers restant travailler en France montre que les immigrés qualifiés ne seront pas non plus épargnés par ces restrictions. Une stratégie à l'opposée de celle pratiquée par le Canada ou l'Australie, qui souhaitent attirer et accueillir un grand nombre de jeunes diplômés très qualifiés.

• Pourquoi réduire l'immigration de travail en particulier, qui représente un flux migratoire peu important ?

L'objectif affiché du gouvernement est de donner la priorité à l'insertion professionnelle des demandeurs d'emploi présents en France. Mais à ce titre, les immigrés arrivés à la demande d'entreprises ne sont pas les seuls à travailler dans l'Hexagone: l'ensemble des immigrés qui rejoignent chaque année la France ont accès au marché du travail. Pourquoi, donc, cibler uniquement l'immigration professionnelle? En partie parce que c'est le flux le plus aisé à réduire. L'immigration autorisée au titre du regroupement familial ou du droit d'asile est en revanche partiellement régie par des conventions internationales, et donc beaucoup plus contrainte. «En matière d'immigration, on ne peut guère être plus restrictif. Sinon, on bute sur des considérations humanitaires», explique Xavier Chojnicki, économiste au Cepii et à l'Université de Lille 2. Avec pour conséquence paradoxale que les restrictions annoncées toucheront finalement les immigrés les plus sélectionnés, ceux dont le profil colle actuellement le plus aux besoins de l'économie française.

• La France a-t-elle besoin de main d'œuvre étrangère ?

Selon la dernière enquête réalisée par Pôle emploi sur le sujet, 579.000 offres seront difficile à pourvoir en 2011. Que les employeurs déplorent une pénurie de main d'œuvre ou une inadéquation des compétences des candidats au poste proposé, ce chiffre représente 38% des projets de recrutement de l'année en cours. Certains secteurs en particulier, tels le bâtiment ou les services à la personne, souffrent de difficultés structurelles à embaucher, faute de conditions de travail suffisamment favorables pour attirer les autochtones. L'immigration joue alors un rôle clé pour satisfaire une demande croissante. Dans le nettoyage, les services domestiques et les entreprises de sécurité, plus de 20% de la main d'œuvre est ainsi immigrée, contre 8% dans l'ensemble des secteurs, relève une étude de l'Insee.

Dans ces métiers en tension, l'immigration pourrait par ailleurs contribuer à maintenir des conditions de travail peu attractives. C'est ce que souligne un rapport du conseil d'analyse économique (CAE) rédigé par l'économiste Gilles Saint-Paul en 2009. Sans l'apport de l'immigration, les mêmes difficultés de recrutement devraient en effet pousser les salaires à la hausse, jusqu'à ce que ces emplois deviennent attractifs pour les autochtones. Mais qu'il s'agisse d'adapter les formations des candidats aux postes en souffrance, ou de rendre des postes plus attractifs, «ces évolutions prennent du temps», souligne Patrick Simon. En attendant, le travail au noir pourrait faire office de variable d'ajustement.

1/6/2011, Marie Bartnik

Source : Le Figaro

Dans sa tribune publiée dans le journal Le Monde de ce mercredi, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, estime qu'il faut maîtriser l'immigration en France et prône, au-delà de l'intégration, l'assimilation des étrangers qui veulent s'y établir.

Le monde connaît un bouleversement économique, social et culturel sans précédent, une mutation du rapport au temps, à l'espace, mais aussi à la communauté nationale. Si nous savons à quoi ressemblait la France d'hier, nous ignorons encore ce qu'elle sera demain. Mais la vraie question est: à quoi voulons-nous qu'elle ressemble ?

La France, disait Michelet, est plus qu'un pays, c'est une idée. Une certaine idée de la liberté, de l'égalité et de la fraternité humaine. La France, c'est aussi une civilisation unique en son genre, fière de son long passé d'efforts, de sacrifice et de dévouement, mais jamais repliée sur elle-même ni fermée à l'avenir.

Loin d'avoir menacé notre identité ou remis en cause notre cohésion nationale, les générations successives d'immigrés qui se sont établis dans notre pays au cours du temps ont toujours su partager notre conception du vivre-ensemble, notre histoire nationale et nos valeurs. Ils y ont même largement contribué.

Aujourd'hui, les Français, comme la plupart des peuples, sont en proie au doute. Ils s'interrogent sur leur avenir, leur place dans le monde. Ils se demandent si les grands principes de leur vie sociale, auxquels ils sont profondément attachés, seront préservés ou voleront en éclats, pour faire place à d'autres systèmes de valeurs, à d'autres références culturelles.

Il est du devoir des responsables politiques de répondre à leurs interrogations, et de leur dire clairement les choix qu'ils leur proposent. Ce serait un grand risque pour notre démocratie que de nier ces interrogations. Ce serait sans aucun doute la meilleure façon d'ouvrir la voie au populisme et à l'extrémisme qui envahissent la vie politique de beaucoup de nos voisins européens.

Notre société a toujours su s'adapter, s'ouvrir, accueillir. Sans rien perdre de son identité. Oui, le modèle français est à l'opposé de la conception communautariste qu'ont choisie certains de nos voisins. C'est le modèle d'une France sereine, unifiée, où chacun, peu importent ses origines ou sa religion, trouve sa place et partage, avec les autres, un même désir de vivre ensemble. Aujourd'hui, ce sont plus de 200 000 étrangers qui arrivent en France chaque année en toute légalité. A ces personnes, je veux dire que l'obtention de leur titre de séjour n'est pas une fin. Bien au contraire. Ce n'est que le début de la construction d'une histoire commune.

La France doit offrir à ceux à qui elle ouvre les bras les conditions d'une intégration, voire d'une assimilation réussie. L'apprentissage de la langue française, de l'histoire de France, des règles du vivre-ensemble qui sont les nôtres et plus largement de tout ce qui fait notre identité, sont des conditions indispensables à cette intégration qui, avec le temps, débouche sur une assimilation réussie, que j'appelle de mes vœux.

Cette réussite dépend, bien entendu, de la volonté des migrants eux-mêmes, mais aussi de nous. Il est, en effet, de notre responsabilité de nous assurer que ces nouveaux arrivants seront bien en mesure de construire la vie qu'ils sont venus chercher dans notre pays.

Les difficultés sociales rencontrées par nombre de personnes immigrées ou issues de l'immigration témoignent malheureusement de ce que notre politique d'intégration n'est pas aussi réussie qu'on se plaît souvent à le dire.

Les exemples ne manquent pas: problèmes de réussite scolaire, risque supplémentaire de tomber dans la précarité socio-économique, sans parler du chômage qui frappe particulièrement les étrangers provenant de pays hors de l'Union européenne. Plus de 23 % d'entre eux ne trouvent pas d'emploi.

La France est un pays ouvert, mais elle n'a pas vocation à accueillir des étrangers pour en faire des chômeurs. A cet égard, je pense qu'il est urgent d'adapter notre politique en matière d'immigration du travail à la réalité économique et sociale de notre pays. Si ce dernier point me paraît essentiel pour définir la politique migratoire qui doit être la nôtre, je voudrais insister également sur un sentiment sans doute plus subjectif, mais tout aussi primordial à mes yeux : la fierté d'être français ou de vouloir le devenir. La France doit être fière de donner leur chance à ces nouveaux venus et ceux-ci doivent être fiers d'être accueillis sur le territoire français.

Cela ne signifie pas que l'on demande à ces personnes de renoncer à leur culture, à leur passé, à leurs souvenirs, ni à l'attachement qu'ils ont pour leur pays d'origine. Mais cela implique d'adopter notre façon de vivre et nos valeurs cardinales.

Je parle d'intégration pour ceux qui ne projettent pas de rester en France, pour ceux qui gardent enfoui en eux-mêmes le rêve de retourner, un jour, sur la terre de leurs ancêtres. Je parle d'assimilation pour les autres, pour ceux qui arrivent dans notre pays avec la volonté de s'y établir durablement, d'y voir grandir leurs enfants, leurs petits-enfants.

S'assimiler, c'est aller plus loin, c'est épouser notre culture, c'est participer pleinement aux formes essentielles de la vie sociale et culturelle française. C'est se fondre dans un destin collectif. L'assimilation n'est pas la négation de la différence. Elle est simplement l'invitation à se sentir bien dans notre nation.

J'ai bien conscience qu'en faisant part de ces réflexions, j'exprime un vrai choix politique, puisque c'est un choix de société. C'est le choix de la France que nous voulons pour demain.

Et cette France de demain, je ne peux l'imaginer que comme un lieu d'harmonie entre tous ceux qui y vivent, un lieu débarrassé des crispations et des inquiétudes qu'entraîne immanquablement une immigration non maîtrisée.

Claude Guéant, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration

1/6/2011

Source : Le Monde

On assiste en Europe à une montée du populisme nourrie, entre autres, par des discours sur «l'invasion», sur «l'épouvantail de flux migratoires incontrôlables » des étrangers et notamment des Arabes suite au «printemps arabe». Partout les partis de droite font campagne sur la xénophobie, invoquent l'échec du multiculturalisme et celui de l' intégration, stigmatisent «les ennemis de l'intérieur »….Suite

Si les hirondelles annoncent le printemps, les Marocains résidant à l’étranger  annoncent l'été. Déjà, l'on commence à voir sur les routes et aires d'autoroutes des compatriotes en provenance d'Italie, d'Espagne ... Suite

C’est le titre d’un colloque organisé en partenariat avec Le Conseil de la communauté marocaine à l’étranger, et qui aborde les thèmes de s Mobilités, altérités et reconstructions identitaires sur la rive Sud de la Méditerranée Colloque international…Consulter le programme

 

Les élections pour renouveler le Conseil français du culte musulman vont se tenir les 4 et 19 juin malgré le boycott de la Fédération de la Mosquée de Paris et de l'UOIF. Mais le ministère de l'Intérieur vient de décider d'intervenir directement pour sauver le CFCM.

Il y a des tapis partout. À la grande mosquée de Paris, où ils sont là depuis 1926 quand l'État français, en hommage au sacrifice de 70.000 soldats musulmans, a inauguré ce remarquable monument. Au siège de l'Union des organisations...Suite

Il y a l'objectif et la méthode pour y parvenir. Mardi, réunissant à huis clos les préfets de tous les départements, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, a fixé le niveau auquel doit être ramenée l'immigration légale en France. «Nous devons collectivement tendre vers une réduction de moitié des cartes de salariés», a-t-il déclaré, ajoutant que «l'objectif du gouvernement est de réduire, sur l'année qui vient, le flux d'immigration légale à 20.000 titres.» Le ministre a, dans la foulée, transmis à ses préfets une circulaire que Le Figaro a pu se procurer. Cosigné avec Xavier Bertrand, ministre du Travail, ce document sur la «maîtrise de l'immigration professionnelle» fournit la nouvelle grille de lecture pour accorder ou refuser à un étranger son permis de séjourner sur le territoire national sous le statut de travailleur.

«Compte tenu de l'impact sur l'emploi de l'une des crises économiques les plus sévères de l'histoire», écrivent les ministres, il faut désormais privilégier «une approche qualitative et sélective». «La priorité doit être donnée à l'insertion professionnelle des demandeurs d'emploi aujourd'hui présents, qu'ils soient de nationalité française ou étrangère, résidant régulièrement en France», prennent-ils le soin de préciser.

Vigilance

Suit un catalogue de conditions pour se voir attribuer une autorisation de travail, draconiennes, surtout si le demandeur est peu qualifié. «Ces directives visent, notamment, à protéger les migrants contre toutes les formes d'exploitation», s'empressent d'indiquer les ministres.

Ainsi, le refus sera systématique pour l'employeur qui fera au nom d'un salarié une demande d'autorisation de travail dès lors que cet employeur ne présentera pas «les garanties nécessaires pour recruter et accueillir» un travailleur étranger. Même issue négative si l'employeur a méconnu autrefois la législation du travail. Le préfet devra en outre vérifier «l'existence réelle» de la société employeuse. Celle-ci verra ses demandes refusées à la moindre entorse. Surtout si elle n'a pas procédé à une «recherche effective» dans son «bassin d'emploi» avant de recourir à la main-d'œuvre étrangère nouvelle. «Cette recherche est obligatoire», insistent les ministres, qui invitent les préfets à se montrer vigilants quand un étudiant étranger demande à passer sous statut professionnel. Trop de fraudes auraient été constatées pour des candidats surdiplômés au regard de l'emploi occupé.

Mardi, Claude Guéant assurait devant ses préfets: «Notre économie n'a pas un besoin vital d'immigration professionnelle dans tous les domaines.» Et il citait l'exemple des maçons. Selon lui, «l'an dernier, 730 maçons étrangers sont entrés sur le territoire; or, dit-il, lorsque Pôle emploi diffuse 20 offres d'emploi de maçons, il y a 100 demandeurs présents en France qui postulent. On peut faire le même raisonnement pour bien d'autres métiers, y compris pour des secteurs comme l'informatique.» Dans ces conditions, conclut le ministre «le bon sens commande de donner la priorité aux demandeurs d'emploi déjà présents en France, qu'ils soient français ou de nationalité étrangère. Et la justice recommande de veiller à leurs conditions de travail et de rémunération.»

1/6/2011, Jean-Marc Leclerc

Source : Le Figaro

L'un des paradoxes du problème de l'immigration tient au fait qu'il est perçu à des périodes différentes, dont la nôtre, comme nouveau et d'une urgence encore inconnue, alors qu'il reproduit un schéma quasi identique, jusqu'au vocabulaire employé, depuis les dernières décennies du XIXe siècle. Il y a, en quelque sorte, une structure identique du problème et des arguments récurrents. Ce qui change d'une époque à une autre, c'est le groupe social, ethnique, culturel stigmatisé. Le problème a surgi et ressurgi à des périodes de crises sensibles : les dernières décennies du XIXe siècle qui débouchèrent sur l'Affaire Dreyfus, les années 1930 qui préparent bien des aspects de l'idéologie de Vichy, enfin la période que nous vivons depuis un certain temps déjà avec les crises énergétique, économique et financière, la montée et la persistance du chômage, tout cela redoublé par les effets de la mondialisation des marchés et l'ouverture de nouveaux espaces communicationnels. Sur quoi débouchera la résurgence actuelle du problème de l'immigration ?

Nous ne le savons pas encore. Mais les issues antérieures devraient faire réfléchir tous ceux qui l'instrumentalisent à des fins électorales. La xénophobie développe chez les peuples des passions obscures et malsaines, contraires à la vertu civique et même au sentiment d'humanité, qui peuvent faire le lit de régimes politiques dangereux.

L'un des grands apports des travaux de Gérard Noiriel au problème de l'immigration est d'avoir montré comment ce "problème" s'est constitué dans les dernières décennies du XIXe siècle en même temps qu'apparaissait le vocable "immigration". Trois dimensions le définissent, dès sa naissance. Premièrement, l'idée que l'immigré est au moins potentiellement dangereux. Selon les cas, il est perçu comme une menace, un adversaire, voire un ennemi intérieur, surtout en cas de conflit extérieur. Quand il n'y a pas de conflit, on verra en lui une menace contre l'identité nationale. Deuxièmement, l'immigré est conçu comme constituant, sur le plan économique, une concurrence déloyale à l'égard des nationaux parce qu'il offre sa force de travail à un moindre prix, ce qui veut dire qu'il aurait un double effet négatif : il prend les emplois des nationaux et il dégrade les conditions sociales. Ces arguments ont été employés contre les Belges et les Italiens à la fin du XIXe siècle. Ils sont revenus il y a quelques années, au sein même de l'Union européenne, à propos du "plombier polonais". Mais il va de soi que la figure de l'immigré aujourd'hui n'est pas assumée par l'Européen, mais le Maghrébin. Troisièmement, l'immigré est perçu comme ethniquement (culturellement, religieusement, moralement) inassimilable. On a beau lui donner la nationalité française, cela n'en fait pas un vrai Français, mais un Français d'origine étrangère, un corps extérieur, hétérogène à la nation, doté d'une citoyenneté de second rang (susceptible d'être révocable !)

Ces trois dimensions constituent la matrice idéologique des arguments qui stigmatisent l'immigration, mais aussi des fantasmes et des passions qui leur sont associés. Or cette matrice idéologique ne concerne pas exclusivement l'extrême droite, qui en fait bien entendu l'une des ressources principales de son discours, mais aussi certains courants politiques républicains. Le fait qu'aujourd'hui des arguments, habituellement utilisés par l'extrême droite, soient repris par certains partis de la droite républicaine n'est pas une grande surprise lorsqu'on se rappelle des conditions de la naissance du problème de l'immigration sous la Troisième République.

On voit donc comment, dès le départ, les termes du problème de l'immigration relèvent d'une construction idéologique, nullement de la constatation d'un état de fait, qui accrédite la mise en place de mesures à la fois législatives et politico-policières. Prendre la construction idéologique pour la réalité, c'est faire passer l'aveuglement pour de la clairvoyance et donner licence à tous les fantasmes et à toutes les peurs. La peur de l'immigré est parfois d'autant plus forte qu'il y en a moins, voire qu'il n'y en a pas du tout. On connaît bien ce phénomène qui opère également dans le cas de l'antisémitisme qui n'est d'ailleurs pas sans rapport avec celui de l'immigration.

Dans quelle société voulons-nous vivre ? Je le disais antérieurement, la peur, la xénophobie, l'hostilité à l'égard de celui qui est différent engendrent des sentiments et des passions qui corrompent profondément une société en lui faisant perdre le sens de la vertu civique et même celui d'humanité. Il est contraire aux faits et à la raison de penser que le rejet de l'immigré est compatible avec l'amitié entre les citoyens. Quand la peur se déclenche, quand elle s'étend, on ne sait jusqu'où elle peut aller. Le groupe social dangereux n'est pas immuable, il varie en fonction des circonstances et peut bien tomber sur un autre groupe social également fragile ou sans moyens de se défendre. Avant les immigrés, c'était la classe laborieuse, sans droits et surexploitée, qui était considérée comme dangereuse. Il est illusoire que l'on puisse composer l'amitié et l'hostilité. L'hostilité envahira tout l'espace social par extensions successives.

Je ne dis pas cela pour réclamer l'ouverture des frontières, l'accueil sans limite de "toute la misère du monde". Je le dis pour empêcher que des fantasmes ne viennent masquer la réalité des faits et pour permettre la recherche de solutions véritables qui tiennent compte des drames que vivent certaines populations. Je posais la question à l'instant de savoir dans quelle société nous voulons vivre, mais cette question ne peut être séparée d'une autre : dans quel monde voulons-nous vivre ?

D'abord l'idée d'une fermeture complète des frontières n'est ni possible, ni souhaitable. Comment imaginer qu'un enfermement sur soi-même autour d'une identité fantasmée pourrait protéger la France contre les dangers qui viendraient de l'extérieur et pourrait lui permettre de retrouver sa grandeur dans le monde ? Le résultat serait exactement inverse. Qu'on se souvienne de l'histoire de l'Espagne au sortir de son Siècle d'Or. Celle-ci s'était refermée sur elle-même pour protéger sa grandeur. Le résultat fut un déclin de quatre siècles qui la fit passer du statut de première puissance du monde à celui de pays sous-développé à la mort de Franco. Est-ce cela que l'on veut ? Le déclin serait même aujourd'hui plus rapide à l'âge de la mondialisation. Mais dire cela, ce n'est pas plaider pour l'abolition des frontières. Soutenir une abolition des frontières serait tomber dans une illusion symétrique de la précédente. Un monde sans frontières serait un désert peuplé d'individus interchangeables. Un cauchemar. Mais les frontières ne sont pas des murs qui doivent nous séparer et nous enfermer, ce sont des lieux d'identification (linguistique, juridique, politique, etc.) mais aussi de passage et de rencontre.

Il faut donc changer notre vision du monde et dire que le destin d'un peuple ou d'une nation ne peut se concevoir isolément, comme séparé de ce qui l'environne. Comment pourrions-nous être heureux au milieu de populations qui vivent dans la souffrance et la désespérance ? La citoyenneté politique, liée à un territoire national, c'est-à-dire à des frontières historiques déterminées ne doit pas oublier la citoyenneté cosmopolitique, la seule citoyenneté qui soit naturelle et par laquelle nos destins individuels ou nationaux s'inscrivent dans le destin commun de l'humanité. Ce souci de l'inscription de notre destin dans celui de l'humanité, de notre pays dans celui de la terre, n'est pas une grande illusion, une vision utopiste du monde. C'est au contraire le réalisme le plus radical qui l'appelle. Plus rien de ce qui nous concerne ne peut être directement ou indirectement isolé de ce qui se passe dans le monde. Considéré ainsi, ce qu'on a appelé le "problème" de l'immigration peut prendre une tout autre signification.

1/6/2011, Yves Charles Zarka

Source : Le Monde

Dans sa tribune publiée dans le journal Le Monde de ce mercredi, le ministre de l'Intérieur, Claude Guéant, estime qu'il faut maîtriser l'immigration en France et prône, au-delà de l'intégration, l'assimilation des étrangers qui veulent s'y établir.

Le monde connaît un bouleversement économique, social et culturel sans précédent, une mutation du rapport au temps, à l'espace, mais aussi à la communauté nationale. Si nous savons à quoi ressemblait la France d'hier, nous ignorons encore ce qu'elle sera demain. Mais la vraie question est: à quoi voulons-nous qu'elle ressemble ?

La France, disait Michelet, est plus qu'un pays, c'est une idée. Une certaine idée de la liberté, de l'égalité et de la fraternité humaine. La France, c'est aussi une civilisation unique en son genre, fière de son long passé d'efforts, de sacrifice et de dévouement, mais jamais repliée sur elle-même ni fermée à l'avenir.

Loin d'avoir menacé notre identité ou remis en cause notre cohésion nationale, les générations successives d'immigrés qui se sont établis dans notre pays au cours du temps ont toujours su partager notre conception du vivre-ensemble, notre histoire nationale et nos valeurs. Ils y ont même largement contribué.

Aujourd'hui, les Français, comme la plupart des peuples, sont en proie au doute. Ils s'interrogent sur leur avenir, leur place dans le monde. Ils se demandent si les grands principes de leur vie sociale, auxquels ils sont profondément attachés, seront préservés ou voleront en éclats, pour faire place à d'autres systèmes de valeurs, à d'autres références culturelles.

Il est du devoir des responsables politiques de répondre à leurs interrogations, et de leur dire clairement les choix qu'ils leur proposent. Ce serait un grand risque pour notre démocratie que de nier ces interrogations. Ce serait sans aucun doute la meilleure façon d'ouvrir la voie au populisme et à l'extrémisme qui envahissent la vie politique de beaucoup de nos voisins européens.

Notre société a toujours su s'adapter, s'ouvrir, accueillir. Sans rien perdre de son identité. Oui, le modèle français est à l'opposé de la conception communautariste qu'ont choisie certains de nos voisins. C'est le modèle d'une France sereine, unifiée, où chacun, peu importent ses origines ou sa religion, trouve sa place et partage, avec les autres, un même désir de vivre ensemble. Aujourd'hui, ce sont plus de 200 000 étrangers qui arrivent en France chaque année en toute légalité. A ces personnes, je veux dire que l'obtention de leur titre de séjour n'est pas une fin. Bien au contraire. Ce n'est que le début de la construction d'une histoire commune.

La France doit offrir à ceux à qui elle ouvre les bras les conditions d'une intégration, voire d'une assimilation réussie. L'apprentissage de la langue française, de l'histoire de France, des règles du vivre-ensemble qui sont les nôtres et plus largement de tout ce qui fait notre identité, sont des conditions indispensables à cette intégration qui, avec le temps, débouche sur une assimilation réussie, que j'appelle de mes vœux.

Cette réussite dépend, bien entendu, de la volonté des migrants eux-mêmes, mais aussi de nous. Il est, en effet, de notre responsabilité de nous assurer que ces nouveaux arrivants seront bien en mesure de construire la vie qu'ils sont venus chercher dans notre pays.

Les difficultés sociales rencontrées par nombre de personnes immigrées ou issues de l'immigration témoignent malheureusement de ce que notre politique d'intégration n'est pas aussi réussie qu'on se plaît souvent à le dire.

Les exemples ne manquent pas: problèmes de réussite scolaire, risque supplémentaire de tomber dans la précarité socio-économique, sans parler du chômage qui frappe particulièrement les étrangers provenant de pays hors de l'Union européenne. Plus de 23 % d'entre eux ne trouvent pas d'emploi.

La France est un pays ouvert, mais elle n'a pas vocation à accueillir des étrangers pour en faire des chômeurs. A cet égard, je pense qu'il est urgent d'adapter notre politique en matière d'immigration du travail à la réalité économique et sociale de notre pays. Si ce dernier point me paraît essentiel pour définir la politique migratoire qui doit être la nôtre, je voudrais insister également sur un sentiment sans doute plus subjectif, mais tout aussi primordial à mes yeux : la fierté d'être français ou de vouloir le devenir. La France doit être fière de donner leur chance à ces nouveaux venus et ceux-ci doivent être fiers d'être accueillis sur le territoire français.

Cela ne signifie pas que l'on demande à ces personnes de renoncer à leur culture, à leur passé, à leurs souvenirs, ni à l'attachement qu'ils ont pour leur pays d'origine. Mais cela implique d'adopter notre façon de vivre et nos valeurs cardinales.

Je parle d'intégration pour ceux qui ne projettent pas de rester en France, pour ceux qui gardent enfoui en eux-mêmes le rêve de retourner, un jour, sur la terre de leurs ancêtres. Je parle d'assimilation pour les autres, pour ceux qui arrivent dans notre pays avec la volonté de s'y établir durablement, d'y voir grandir leurs enfants, leurs petits-enfants.

S'assimiler, c'est aller plus loin, c'est épouser notre culture, c'est participer pleinement aux formes essentielles de la vie sociale et culturelle française. C'est se fondre dans un destin collectif. L'assimilation n'est pas la négation de la différence. Elle est simplement l'invitation à se sentir bien dans notre nation.

J'ai bien conscience qu'en faisant part de ces réflexions, j'exprime un vrai choix politique, puisque c'est un choix de société. C'est le choix de la France que nous voulons pour demain.

Et cette France de demain, je ne peux l'imaginer que comme un lieu d'harmonie entre tous ceux qui y vivent, un lieu débarrassé des crispations et des inquiétudes qu'entraîne immanquablement une immigration non maîtrisée.

Claude Guéant, ministre de l'intérieur, de l'outre-mer, des collectivités territoriales et de l'immigration

1/6/2011

Source : Le Monde

Bariza Khiari, la première sénatrice d'origine musulmane de France (PS), parle de sa participation au Forum de Fès «Une âme pour la mondialisation» organisé en marge de la 17e édition du Festival des Musiques sacrées. Elle évoque aussi son combat pour une société française plus juste.

Le Matin : Vous participez souvent à des conférences sur le soufisme. D'où vient cet intérêt pour cette discipline ?

BARIZA Khiari : C'est plus qu'un intérêt, c'est du vécu. Je chemine avec beaucoup d'humilité dans cette voie enracinée dans la tradition prophétique. Cette voie d'initiation et d'éveil se transmet depuis le Prophète de maître en maître. De nos jours, dans un environnement opaque, dans cette pollution ambiante des esprits, nous avons plus que jamais besoin de donner du sens à ce que nous entreprenons. Le soufisme est un ''axe'' qui nous permet de nous recentrer intérieurement et mieux faire face aux sollicitations qui nous tiraillent à la surface des choses. Le soufisme s'inscrit toujours dans son temps, il est perpétué par un ''maître vivant''. Aujourd'hui, le maître de la confrérie est Sidi Hamza, ce fabuleux révélateur de l'âme. Cette voie soufie, dont la réalité se trouve au fond des êtres, dispose d'un patrimoine culturel prestigieux : littéraire, poétique, philosophique, musical, iconographique et bien évidemment spirituel. C'est la voie de la transmission par excellence et Faouzi Skalli, à l'initiative des deux festivals de Fès, tente de faire revivre pour le plus grand plaisir d'un public de plus en plus nombreux quelques traces de lumière comme ''La plainte du roseau'' de Jalal Eddine Rumi, ''La passion'' de Hallaj, ''Le traité de l'amour'' d'Ibn Arabi, ''La conférence des oiseaux'' de Attar, ''Le diwan'' de Cheikh Al Alawi, ''Les sapiences'' d'Ibn'Ata'Allah, ''Le livre des Haltes'' de l'Emir Abdelkader et bien d'autres œuvres de soufis contemporains…

Le Maroc, qui sait bien faire vivre les diversités, est plus que jamais en responsabilité pour faire connaître et surtout reconnaître cet héritage qui s'ancre dans un Islam spirituel, libre et responsable. Par la transmission de ce prodigieux héritage spirituel à travers la culture, il s'agit de tenter d'approcher la grande question métaphysique du mystère de l'existence.

Est-ce que le soufisme, ''discipline de l'Islam contestée'' notamment par les Wahhabites, peut rapprocher aujourd'hui les différentes cultures ?

Le soufisme n'est pas une discipline de l'Islam, il en est le cœur vivant. Quant à la question sur le rapprochement des différentes cultures et religions, je ne vais pas m'appesantir sur les raisons qui font que pour l'Occident, l'Islam est devenu une idéologie à combattre alors que c'est une spiritualité. Il faut opérer une ''déconstruction'' de ces idées. La voie soufie, qui est la sagesse et l'amour incarnés dans le corps de l'Islam, très loin des dogmatismes et autres fanatismes, peut bien évidemment concourir au rapprochement des cultures et religions, car comme le disait simplement Mohamed Ikqbal, éminent soufi et homme d'Etat pakistanais : «Tout ce qui monte… converge».

Quel est l'objet de votre intervention au Forum de Fès ?

Je vais évoquer une double question : la création d'un espace régional et la refondation de l'Union pour la Méditerranée au regard des nouveaux défis de la région. Je ne me résigne pas à l'absence d'un espace régional maghrébin qui dispose de potentialités énormes d'une part, et je plaiderai, d'autre part, pour la relance de l'Union pour la Méditerranée sur de nouvelles bases car le destin des deux rives est lié.

Vous dites souvent que vous êtes citoyenne française laïque, tout en revendiquant votre origine arabo-musulmane. Comment vous arrivez à vivre avec ces identités multiples ?

Il n'y a rien d'incompatible entre mon ancrage politique et mon héritage spirituel et historique. Au contraire. La citoyenneté permet d'appartenir à la cité et d'y jouer un rôle. La citoyenneté et la laïcité dessinent une matrice politique indifférente aux religions et aux origines.

Dans les faits, il est vrai que les discriminations liées aux origines existent : discrimination concernant l'emploi, le logement, les loisirs... Et les faits sont têtus. Faut-il pour autant en déduire que le modèle républicain est caduc et que la société française est xénophobe ? Non, certainement pas. Il suffit de regarder les superbes réussites de personnes venues d'ailleurs et reconnues grâce à leur seule mérite et également l'importance des mariages mixtes pour se convaincre que la société française n'est pas xénophobe.
En revanche, la société française est ''malade''. ''Malade'' à cause d'un chômage massif et persistant, ''malade'' à cause d'un pouvoir d'achat en berne. Pour la première fois depuis longtemps, les parents se disent que la vie sera plus difficile pour leurs enfants que pour eux. Ce sentiment de déclassement, largement partagé, traduit bien le grand malaise social de la France. Et comme toujours, l'étranger devient un bouc émissaire commode. Les médias tiennent un rôle considérable dans cette ''fabrique'' de préjugés. Par exemple, quand une dispute conjugale vire au drame, il s'agit d'une tragédie personnelle. Mais si cette dispute met en scène des personnes d'origine ou de sensibilité musulmane, certains médias, relayés par l'extrême-droite, en déduisent immédiatement que l'Islam est incompatible avec les principes d'égalité homme-femme et, par conséquent, avec la démocratie. Il faut travailler pour montrer des modèles positifs d'identification. Il y a encore peu de temps, ''la figure de l'étranger était le juif''. Aujourd'hui, ''la figure de l'étranger est le musulman''. Il est devenu l'ennemi intérieur uniquement pour un enjeu électoraliste. Mais dans leur très grande majorité, les citoyens ne sont pas dupes de cette manipulation et c'est rassurant.

Est-ce que la première sénatrice musulmane de France du Parti socialiste que vous êtes se sent stigmatisée par le débat sur l'Islam, la burqa, les mosquées et l'identité nationale ?

Je ne me reconnais pas dans l'expression de «sénatrice musulmane ». Je suis représentante de la nation et non d'une confession. En revanche, j'assume pleinement et avec sérénité mon histoire et ma spiritualité. J'ai un rapport très serein avec ce que je suis et d'où je viens et cela me protège. Je me définis comme Française, citoyenne française en fidélité avec la tradition qui m'a portée. Et cette identité singulière me rend sans doute vigilante à certaines questions. Ma conscience républicaine a évidemment été heurtée par la séquence burqa/hallal/minarets/identité nationale, véritable instrumentalisation politique de la religion. Cette instrumentalisation alimente malheureusement l'islamophobie et l'intégrisme. La diabolisation de l'Islam et de l'immigration est une impasse, j'ai donc pris la parole pour ceux qui ne l'ont pas.

Le combat de Bariza

Du haut de son engagement, la sénatrice décrit son combat comme suit : « La droite, depuis 10 ans, s'emploie à «racialiser» les problèmes des Français. Comme le pouvoir ne veut pas se confronter à la question sociale, il doit détourner l'attention de l'opinion. Cette stratégie est dangereuse pour notre cohésion sociale. Mon combat aujourd'hui est très simple : faire gagner la gauche. Elle reconnaît l'importance de la question sociale et propose des politiques pour répondre aux difficultés des français. La gauche sait que son devoir est de bâtir une société plus juste. Evidemment, la mondialisation et la ‘'financiarisation'' de l'économie réduisent les marges de manœuvre.

1/6/2011, Rachida Bami

Source : Le Matin

L’Ecole de Gouver nance et d’Economie de Rabat et son Centre de Recherche sur l’Afrique et la Méditerranée organisent une conférence ouverte au public le jeudi 9 juin à 18h30 sur le thème…Suite

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